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ÉDITIONS N°3/2012 Juillet-septembre Parution trimestrielle – ISSN 0768-9187 Revue de réflexion biblique EN L’ATT ENDANT Servir 3-2012 23/07/12 10:08 Page1

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É D I T I O N S

N°3/2012 Juillet-septembreParution trimestrielle – ISSN 0768-9187

Revue de réflexion biblique

E N L ’ A T T E N D A N T

Servir 3-2012 23/07/12 10:08 Page1

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Thème du prochain numéro

(4-2012) :

« Missiologie »

Dossier : « Pour le bien de tous »Les dons de l’Esprit 2Jacques NUSSBAUMER

L’expérience de la plénitude du St-Esprit 7Eric WAECHTER

Reconnaitre et exercer ses dons 9Daniel MATTIOLI

Le don des langues 12Reynald KOZYCKI

Le don de guérison 16Pierre COLEMAN

Le don de prophétie 18Henry BRYANT

Les dons : un regard pluriel 20Marie Christine FAVE

Parcours de vie 25Marie Christine FAVE

CEIE – L’engagement du Cap 29Philippe MONNERY

Paru en librairie 31

Assises du Réseau FEF 33

ENCARTCongrès annuel 2012 I

YATAL, l’écouter pour y croire III

Bientôt le FEU à Clermont IV

In memoriam : Etienne Dufour V

ASMAF – Nouvelles missionnaires VI

PHOTOSPages 5, 6, 10, 12, 16 et 20 : © 123RF

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Albert EINSTEIN aurait dit : « Tout le mondea du génie ; mais si vous évaluez un pois-son d’après sa capacité à grimper auxarbres, il passera toute sa vie à se croirebête. »

Ce numéro de notre revue jette un regardsur le domaine important des dons que leSeigneur accorde à ses enfants. C’est un sujetqui concerne tous les chrétiens, intéressant,passionnant même, mais qu’il faut aborderavec prudence dans le contexte actuel. Enécrivant cela, je ne pense pas aux tensionsqui ont pu agiter différentes familles d’Églisesau XXe siècle, au point de dresser les unescontre les autres. Je songe plutôt à l’espritdu siècle qui incite fortement à tout rame-ner à soi.

Si je suis cette pente, je ne parlerai et ne mepréoccuperai que de mon don, de mes dons.Mais, là, je m’égarerais loin de la visionbiblique qui pose le principe que, quelles quesoient les capacités qu’il nous est donnéd’exercer, elles sont toujours et avant toutses dons, ceux qu’un seul et même Esprit

distribue à chacun en particulier comme ille décide.

Si le don, avant d’être mien, est d’abord sien,il possède également une troisième dimen-sion incontournable : dans son exercice aufil du temps, ce que j’ai trop tendance àconsidérer comme mon don doit surtout êtrenôtre. C’est ce que souligne le titre de cenuméro, « Pour le bien de tous », l’une destraductions possibles de l’expression aussirendue par pour l’uti l i té commune(1 Co 12.7).

L’apôtre Pierre, en parfaite harmonie avecPaul, abonde dans ce sens : Que chacunmette au service des autres le don qu’il a reçude la grâce ; vous serez ainsi de bons inten-dants de la grâce si diverse de Dieu(1 P 4.10). Dieu donne. Ses dons, je doisles faire miens – les discerner,les accepter, les exercer. Mais,ensuite, il est indispensable deveiller à ce que ces cadeauxdeviennent et restent desmanifestations de la grâce duSeigneur pour tous. ROBERT SOUZA

Du génie, par grâce

« Servir en L’attendant »Revue éditée par les Communautés etAssemblées Evangéliques de France

DIRECTEUR DE LA PUBLICATIONMarcel Reutenauer

REDACTION « Servir en L’attendant »2 rue des Magasins, 67000 STRASBOURGTél : 03.88.22.58.01/03.88.36.09.40E-mail : [email protected]

Comité de rédactionMarie-Christine Fave Reynald KozyckiFrançoise Lombet François-Jean MartinMarcel Reutenauer Robert Souza

ADMINISTRATION, ABONNEMENTSEditions CAEF3 bis, rue Casimir Périer - 38000 GRENOBLETél. 04 76 42 85 56 et fax : 09 57 03 39 76E-mail : [email protected]

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IntroductionLes dons de l’Esprit : Voilà un

sujet qui a alimenté bien des polé-miques, jusqu’à susciter hostilité etdivisions entre et au sein même desÉglises. On l’associe souvent audéveloppement des mouvementspentecôtistes et charismatiques qui,en mettant l’accent sur les dons duSaint-Esprit, a pu être diversementperçu comme un mouvement deRéveil ou, à l’inverse, comme unedéviance conduisant à des débor-dements incontrôlés et une théolo-gie fantaisiste. L’époque est à un cer-tain apaisement, après que des voixse furent levées dans les différents« camps » pour mettre en gardecontre les excès de part et d’autre(pratiques bibliquement peu infor-mées, jugements caricaturaux etblessants…). Exégètes et théolo-giens ont entamé un dialogue plus

irénique, même si une diversitéd’appréciation subsiste selon lessensibilités et les interprétations destextes bibliques.

Un cadre pour réfléchiraux dons spirituels

Le sujet a une grande impor-tance, car c’est bien sous la conduitede l’Esprit que les chrétiens sontappelés à vivre (Rm 8.14 ; Ga 5.16).Que ce soit dans la discrétion dessoupirs qui accompagnent la prière(Rm 8.26) ou l’éclatante puissanceque manifeste une résurrection, latroisième personne de la Trinité apour mission de glorifier le Fils(Jn 16.14) et de « manifester la pré-sence active de Dieu dans le monde,et en particulier dans l’Église »1. Il

JACQUES

NUSSBAUMER

Les dons de l’Esprit : premiers

repérages

1 Wayne GRUDEM, Théologie Systématique, Charols,Excelsis, 2010, p.699

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est particulièrement Celui qui régénère,fortifie, purifie, illumine, révèle, atteste,conduit… Rappelons-nous que le Saint-Esprit est une personne qui ne se confondpas avec ses diverses manifestations, maisen est la source. Il peut encore être utilede mentionner que le Saint-Esprit est lui-même donné, envoyé pour habiter dansle croyant régénéré et dans l’Église(Rm 5.5 ; 8.9 ; 1 Co 2.12). Dans leNouveau Testament, les dons spirituelsprésupposent en général le don del’Esprit, même si Paul (1 Co 13) etJésus lui-même (Mt 7.22-23) laissententendre que ce qui pourrait apparaîtrecomme un « don spirituel » chez quel-qu’un n’est pas une marque incontestablede la présence ou de la plénitude del’Esprit.

Les dons de l’Esprit : de quoi parle-t-on ?

Lorsqu’on évoque les dons de l’Esprit,plusieurs textes bibliques s’imposentgénéralement à l’étude : Rm 12.3-8,1 Co 12, 1 P 4.10 et Ép 4.7-16 sont lesplus cités. On y trouve plusieurs expres-sions qui rendent l’idée de don spirituel.Notons d’ailleurs que l’expression don spi-rituel n’apparaît telle quelle qu’enRomains 1.11, et il faut d’emblée pré-ciser qu’elle ne désigne pas ce que l’onappelle aujourd’hui les « dons spiri-tuels ». Il nous faut donc clarifier ce donton parle…

Sylvain ROMEROWSKI2 observe que, enfrançais (comme en anglais et en alle-mand), le terme don peut avoir deux sensassez différents : il peut désigner le donau sens du cadeau que l’on reçoit, ou ledon dont on est doué, se référant plu-tôt à une aptitude qui serait alors don-

née par Dieu à une personne.S. ROMEROWSKI remarque que les exégèteset théologiens se sont souvent concen-trés sur la question du « don dont on estdoué », alors qu’en grec le terme cha-risma n’a pas ce sens, même s’il ne l’ex-clut pas. Pour lui, les textes invoqués netraitent pas explicitement et premièrementdes capacités que l’Esprit donne auxcroyants, mais plutôt des cadeaux, àsavoir les dons donnés que sont la pro-phétie, les guérisons, la libéralité, etc. Bref,les dons sont les activités3 que suscitel’Esprit au bénéfice du peuple de Dieupour lui permettre d’accomplir sa mis-sion jusqu’au retour de Christ. L’apôtrePaul s’adressait à des Corinthiens secroyant (à tort) très spirituels, remplis desagesse et de connaissance, et quiavaient précisément besoin de reconnaîtrele caractère gratuit de ces cadeaux quel’Esprit faisait à l’Église. Ainsi, sans nierque l’Esprit puisse donner des capacitésparticulières qu’il convient de mettre enœuvre, l’insistance de Paul sur le cadeaului-même renvoie d’abord à la grandegénérosité de Dieu envers son Église. Lequalificatif spirituel relève bien de lasource divine, et non des qualités de celuiqui reçoit le don.

La grande diversité desdons

Ensuite, les divers textes mettent enlumière la (très) grande diversité des donsque l’Esprit fait à l’Église. Les listes quel’on trouve ne se recoupent pas tout àfait, et ces dons sont de natures très dif-

2 Sylvain ROMEROWSKI, « Les « charismata » du Nouveau Testament :Aptitudes ou ministères ? » ThEv vol. 1, n°1, 2002, pp. 15-38 ; dumême auteur, « dons spirituels », in Dictionnaire de ThéologieBiblique, Cléon d’Andran, Excelsis, 2006, pp.521-534.3 Sans toujours distinguer l’activité elle-même et le résultat obtenu.

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férentes. Une étude scrupuleuse du textene permet pas d’établir de liste norma-tive des dons spirituels. La diversité desdons mentionnés peut être repérée selonplusieurs axes : leur caractère « miracu-leux »4 ou pas, leur permanence variabledans la vie du croyant ou de l’Église5,leur expression publique ou privée, ouencore, dans la perspective des « dons-aptitude », leur intensité en fonction dutravail dont ils font l’objet, de la foi miseen œuvre… Et surtout de la volonté duSaint-Esprit. GRUDEM note aussi uneforme de continuité entre les dons spi-rituels et ce que vivent ordinairement lescroyants : il arrive souvent qu’ils soientconduits à prier pour quelqu’un sansavoir reçu préalablement d’informationparticulière.

D’ailleurs, il faut bien l’admettre, cer-tains dons restent mystérieux ! La réa-lité que désignent les paroles de connais-sance est débattue : s’agit-il d’unerévélation divine et immédiate d’unesituation particulière, ou d’une capacitéà comprendre le sens d’un texte de l’É-criture, qui implique aussi son étudesérieuse ? Le parler en langues relève-t-il de la capacité à parler des languesétrangères (inconnues de celui qui parle),ou d’une langue des anges, ou encored’une forme de « langage » qui n’est pasune langue (au sens de la linguistique)tout en exprimant une réalité ressentieou perçue6 ? Sans être obstinémentfermé à l’intervention du « miraculeux »,il n’est pas toujours sûr que ce qui est pra-tiqué aujourd’hui en référence à ces donscorresponde réellement à ce que Paulobservait ou expérimentait dans soncontexte…

La dimension humainedes dons spirituels

Les textes mettant l’accent sur l’acti-vité divine plus que sur les capacitéshumaines, les modalités de cette actionrestent variables. L’Esprit peut, bien sûr,se servir des capacités naturelles pour lesmettre au service du Royaume.Romains 12.3 suggère d’ailleurs de ne pasavoir de prétentions excessives. Unequalité pédagogique peut être fructueusepour un ministère d’enseignement, maisle Seigneur peut aussi utiliser un orateurmoins talentueux. Il semble que, dans cedomaine, l’apôtre Paul n’excellait pas for-cément (1 Co 2.1-4)… Nous avons punous-mêmes entendre de remarquablesorateurs dont l’enseignement manquaitd’équilibre biblique. Nous sommes inci-tés à nous attacher premièrement aucontenu de ce qui est dit et, sans les mépri-ser, à ne pas surévaluer les qualités rhé-toriques. Ainsi, l’articulation entre lesaspects humains et l’activité de l’Espritpeut être variable. Quelles capacitésrequ ie r t l e don de l ibé ra l i t é ?Probablement quelques ressources, maisne suffit-il pas d’une bonne dispositiond’esprit, conforme à l’Évangile ? Que cesoit dans la discrétion d’une relation pri-vée (encouragement) ou une interven-tion « en chaire », toutes sont des cadeauxqui relèvent de l’action du même Esprit(1 Co 12.4s).

POUR LE BIEN DE TOUS

4 Il faut entendre ici le terme miraculeux comme relevant d’une « acti-vité divine moins ordinaire par laquelle Dieu se rend témoignage à lui-même et suscite l’admiration et l’étonnement chez les gens » (WayneGrudem, op.cit., p.380). Les dons mentionnés en 1 Co 12 le sont tous. 5 L’apostolat au sens fort était permanent dans la vie de Paul, maistemporaire dans l’Histoire de l’Église.6 Pour quelques précisions sur les discussions menées sur ces diversdébats, voir par exemple Sylvain ROMEROWSKI, « Dons spirituels », op.cit. ;voir aussi D.A. CARSON, Showing the Spirit, Grand Rapids, Baker Books,1987.

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À qui sont donnés lesdons ?

Dans l’ensemble des textes, on peutaussi observer que les dons spirituels peu-vent être considérés sous l’angle deschrétiens qui en bénéficient, mais ausside celui qui les met à disposition de l’É-glise : le don spirituel est un cadeau par-tagé ! Ainsi, dans plusieurs textes, Paulfait allusion à son ministère d’apôtrecomme un don7. Paul invite Timothée àne pas négliger (1 Tm 4.14), et même àraviver (2 Tm 1.6), le don reçu, qui peutêtre compris comme son ministère8.Anciens, responsables de services, ouchrétiens à l’œuvre dans l’Église, consi-dérons-nous notre charge ou notre acti-vité comme un don venant de Dieu, oucomme un produit de notre propre géné-rosité ? Dans la liste d’Éphésiens 4, ce nesont ni les capacités ni même les activi-tés qui constituent le don de Dieu, maisles personnes elles-mêmes. Dieu a donnédes apôtres, prophètes, évangélistes etpasteurs-enseignants9 à l’Église ! Alors,tout est don ! Les dons spirituels sont desdons pour ceux qui les partagent comme

pour ceux qui en bénéficient, les premiersétant eux-mêmes un don !

Donnés pour l’édificationDonnés pour l’édification, c’est bien

l’objet des textes qui parlent de la diver-sité des dons, en fait, des « cadeaux àl’Église » ! L’Esprit donne pour le bien del’Église10… On peut noter deux dimen-sions à cet objectif : une notion de gra-tuité, parce que faire du bien est dansla nature de Dieu, et un aspect plus inten-tionnel. Il s’agit de permettre au corps defonctionner et de grandir dans l’unité etla connaissance de Christ (Ép 4.12-16),mais aussi de donner à chaque membredu corps ce dont il a besoin pour son acti-vité propre (v.12). Dans ce texte, leministère est celui de chaque croyant !Ainsi, considérant l’objectif collectif que

7 Rm 1.5 ; 15.15-16 ; Ép 3.2, 7 ; Col 1.25.8 Sylvain ROMEROWSKI, « Les charismata du Nouveau Testament… »,op.cit, pp.23-249 Le texte original peut laisser penser que les deux termes, pasteurset enseignants désignent une même réalité qui les associe.10 Les textes repérés parlent principalement de l’activité à destinationde l’Église, même si ces dons spirituels peuvent avoir un impact au-delà, dans le témoignage de l’Église.

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Dieu poursuit par les dons spirituels, cer-taines questions seront reformulées. Il estimportant de mettre nos « dons-capaci-tés » au service des autres (1 P 4.10) etde les travailler. Mais il est égalementimportant de considérer ce que nous fai-sons déjà, ou pouvons faire, sans « capa-cités » particulières, comme un don queDieu fait à l’Église ! Dois-je chercher l’É-glise locale où je peux mettre en œuvremes dons, ou me mettre à l’œuvre dansl’Église locale, selon ses besoins ? Il nefaudrait pas trop vite opposer les deuxoptions, mais il est biblique de ne pasmépriser ce qui peut être donné (parl’Esprit !) de précieux à l’Église sans com-pétence particulière. Inversement, plutôtque de se lamenter en Église sur les donsqui paraissent manquer, on pourraitréfléchir à ce que Dieu a donné à l’É-glise et y discerner une direction pourmobiliser, encourager, former lesmembres… Il est nécessaire de veiller àla bonne articulation entre l’épanouis-sement personnel et l’épanouissementcollectif. D’ailleurs, si l’expression deces dons relève prioritairement de l’Égliselocale, peut-être notre congrégationalismeviscéral nous fait-il oublier que certainsdons la dépassent, et peuvent s’exerceren réseau, sur un territoire ou au seind’une famille d’Églises…

Hiérarchie des dons ?Cadeaux de Dieu pour l’Église, il est

enfin nécessaire de rappeler que lesdons spirituels ne sont pas des indicateursde la maturité spirituelle du croyant. Paulinsiste sur l’importance égale de chaquedon pour la vie de l’Église, à l’image ducorps qui a besoin de chaque membre.En même temps, il invite aussi à recher-cher les dons les meilleurs (1 Co 12.31)…

Or, il semble que deux critères soient àconsidérer : c’est d’abord l’amour donné(à cultiver !) à chaque croyant quiconfère une valeur à tout don spirituelpour celui qui le partage (1 Co 13).Deuxièmement, les dons les meilleurs cor-respondent à ceux qui sont le plus utilesà l’édification des autres (1 Co 14.12, 26).Certains cadeaux qui favorisent la piétépersonnelle sont moins essentiels queceux qui contribuent à la construction del’Église. Or, en matière de vie d’Église,les ministères de la Parole ont un rôlestructurant, sans être opposés aux autresqui expriment la dimension concrète dela réalité proclamée et enseignée.

Si le don est bien cadeau de l’Esprit,soyons reconnaissants ! Et désirons lemeilleur pour le corps de Christ !

J.N.

POUR LE BIEN DE TOUS

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Que signifie au juste la plé-nitude de l’Esprit saint etquels sont les signes sen-

sibles qui l’accompagnent ? End’autres termes : quelles sont lescaractéristiques de la vie du croyantrempli de l’Esprit de Dieu ?

En Joël 3, le prophète annoncela venue d’une époque où Dieurépandra son Esprit sur tous ceuxqui invoqueront son nom1 (v.5).Cette effusion se produira sur toutêtre, quels que soient son âge, sacondition sociale, son origine eth-nique2 et son sexe. L’oracle de l’É-ternel précise que cette effusion del’Esprit sera accompagnée de signes

extraordinaires : les récipiendairesdu Saint-Esprit exerceront une acti-vité prophétique (v.1 : songes etrévélation). À la lecture de ce textede l’Ancien Testament, nous pour-rions affirmer que pour tout croyant,l’habitation du Saint-Esprit se mani-feste par un signe visible extraor-dinaire que nous appelons cou-

ERIC WAECHTER

Peut-on connaître ici-bas le bonheur parfait ? Non, bien sûr !Le croyant est lucide sur le bonheur tout relatif qu’il peut reti-rer de son existence terrestre. Mais son espérance vivante lepousse à attendre le monde à venir dans lequel il connaîtra lebonheur parfaitement et durablement.

Peut-on alors connaître dès maintenant la plénitude du Saint-Esprit ? Si le bonheur parfait est un bien durable espéré, l’É-criture insiste à plusieurs reprises sur la plénitude du Saint-Espritcomme une réalité possible pour le croyant dans son existenceprésente : « … laissez-vous constamment remplir par l’Esprit »(Ép 5.18b).

1 L’étude de l’expression du verset 5, « Invoquerle nom du Seigneur », démontre qu’elle corres-pond théologiquement à l’expérience de la nou-velle naissance.2 Des non-Juifs pouvaient faire partie de lacatégorie des serviteurs et servantes du v.2.Ainsi l’oracle indique que l’effusion de l’Esprit deDieu pourra même toucher des hommes et desfemmes en dehors du peuple d’Israël.

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L’expérience dela plénitude du Saint-Esprit

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ramment charismatique.Quelques siècles plus tard, lors de la

Pentecôte à Jérusalem, Pierre annonce àses auditeurs que la prophétie de Joël esten train de s’accomplir sous leurs yeux(Ac 2.16). En effet, le Saint-Esprit était des-cendu sur tous les disciples réunis àJérusalem : ils furent tous remplis du Saint-Esprit [expérience de plénitude] et com-mencèrent à parler des langues diffé-rentes. Là encore, nous pourrions formulerla même conclusion : appliquée à la viedu croyant, la plénitude du Saint-Espritse manifeste d’une autre manière surna-turelle telle que le parler en langue.

Tirons-nous les bonnes conclusions ?Pas si sûr, car nulle part ailleurs l’Écriturene formalise et ne confirme l’activité cha-rismatique comme une expérience nor-mative et usuelle de la plénitude duSaint-Esprit dans la vie du croyant.

Selon l’Écriture, les signes « universels »de la plénitude de l’Esprit sont d’abordappelés à se manifester ailleurs… dans labanalité de notre quotidien.

Revenons à notre texte d’Éphésiens5.18 : Ne vous enivrez pas de vin – celavous conduirait à une vie de désordre –,mais laissez-vous constamment remplir parl’Esprit. Ivresse du vin et plénitude del’Esprit sont utilisées pour signifier des dif-férences fondamentales et en mêmetemps des similitudes. La seule méditationde l’opposition vin/Esprit induit les signesvisibles de la plénitude du Saint-Esprit. Lesdeux représentent un pouvoir extérieur quiinfluence la marche de l’homme (au sensmoral comme au sens propre !), les deuxinspirent des cantiques, les deux égaient(pour qui a le vin joyeux !), les deux don-nent du courage. Mais si l’ivresse mèneà la débauche, la plénitude de l’Espritmène à une vie qui glorifie le Seigneurdans deux domaines que Paul détaille dansle contexte immédiat de son exhortation

du v.18. D’abord dans la vie commu-nautaire de l’Église : en tout temps, unesprit disposé à la louange et à la recon-naissance envers Dieu pour s’encouragermutuellement (v.19-20). Ensuite, la plé-nitude de l’Esprit se manifeste dans la rela-tion épouse-époux (un époux aimantson épouse comme Christ aime l’Église,une épouse soumise à son époux, v.22-23), puis parents-enfants (des parentsqui éduquent leurs enfants selon la volontédu Seigneur, v.4) et enfin employé-employeur (respect de son supérieur hié-rarchique et travail irréprochable, 6.4).Aucune sphère relationnelle n’échappe auxeffets de la plénitude de l’Esprit. En fait,l’homme « nouveau » des chapitres 4 à6 de l’épître est un homme rempli del’Esprit, contrairement au vieil hommeesclave de son péché.

Si nous devions mentionner quelquesexemples de la vie courante où les signesde plénitude se manifestent, nous pour-rions dire qu’un parent qui contient sacolère lorsque ses enfants l’irritent et lepoussent à bout manifeste quelque chosequi ne lui est pas naturel : il résiste à lacolère, signe de la plénitude de l’Esprit.Un chrétien qui accomplit avec sérieux ethonnêteté son ouvrage professionnelmanifeste des signes extérieurs qui reflè-tent la plénitude de l’Esprit. Aimer l’Église,vivre avec reconnaissance et louange leculte dominical, veiller à sa manière devivre… autant de moments dans le quo-tidien de la vie du croyant où la plénitudede l’Esprit se manifeste.

Finalement, l’expérience de la plénitudeest à notre portée chaque jour dans lamesure où nous laissons l’Esprit de Dieufaire mûrir en nous ses fruits (amour, joie,paix, patience, amabilité, bonté, fidélité,douceur, et maîtrise de soi selon Ga 5.22)qui caractérisent la vie nouvelle en Christ.

E.W.

POUR LE BIEN DE TOUS PO

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Après avoir reçu du Créateur, par la lecturedes Écritures, la prière et l’écoute de l’Espritsaint, la certitude que Dieu équipe ses

enfants de dons pour la construction de sonroyaume, le chrétien passe aux deux étapes sui-vantes : découverte et exercice de ses dons.

Découvrir ses donsDans une première phase, on peut profiter du

questionnaire de Schwarz. Il s’agit de cent quatre-vingts questions auxquelles on répond instincti-vement ; un autre questionnaire, plus petit, est prisen charge par quelqu’un de notre entourage quinous connaît bien.

Ensuite, pour affiner, on peut continuer en fran-chissant six étapes.

1. PrierCela permet de ne pas camper sur des acquis :ne pas rester uniquement sur une pratique desdons que nous exerçons depuis longtemps, maischercher si Dieu nous a accordé d’autres dons.Nous pouvons aussi prier pour recevoir un don.Cependant, cette prière devrait être limitée dansle temps : n’en faisons pas une revendicationdevant Dieu.

2. Se rendre disponibleDieu accorde des dons en vue du service, pourle bien de l’autre (1 P 4.10). Nous pouvonsdemander aux anciens de notre assemblée de

Le chrétien doit d’abordpasser par l’acceptation dufait que, créé par Dieu, il areçu une vie « riched’œuvres bonnes àpratiquer » (Ép 2.10). Dese considérer capable oudoué ne pousse pas àl’orgueil, mais plutôt à lareconnaissance. En effet,puisque tout vient deDieu… où est la raison dese vanter (1 Co 4.7) ? Àl’inverse, ne pas accueilliravec sérieux les dons queDieu fait, cela peut êtreune forme de faussehumilité.

DANIEL MATTIOLI

Reconnaître et

exercer ses dons

POUR LE BIEN DE TOUS

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nous faire part des besoins de l’Égliseet de leurs propositions de service.

3. Acquérir des connaissancesSi on ignore l’existence et la valeur desdifférents dons, il est difficile dedécouvrir ceux que Dieu nous aconfiés. Il convient à la fois d’exami-ner personnellement les textesbibliques qui s’y rapportent, de lire deslivres sur le sujet, éventuellement desuivre une formation et de prendrecontact avec les personnes qui ont desdons.

4. Développer la joie comme moti-vationServir est aussi un plaisir. Quand leservice correspond aux dons, celaconduit aussi à l’épanouissement eton éprouve de la satisfaction. Être àl’écoute de ce paramètre peut nousaider à voir si nous sommes « faits »pour un service ou pas.

5. Faire de nombreux essaisLes qualifications se confirment, le plussouvent, par les résultats que génèrentplusieurs essais. L’exercice des donsspirituels doit être suivi de résultats.Le soi-disant évangéliste qui neconduit pas d’homme à la conversionn’est pas un évangéliste, il est sim-plement un témoin. Un enseignant quien a le don réussit à fournir explica-tions et pistes de réflexion de manièrecaptivante.

6. Se soucier de l’avis des autresCe critère est essentiel et constitue ungarde-fou indispensable. Si je suis seulà me croire doué pour un ministère,je peux me tromper ; mon don néces-site d’être reconnu par les chrétiens

qui m’entourent et me connaissent.Une des premières démarches pourappliquer cette étape est de rencon-trer le collège des anciens qui connaîtles besoins de l’assemblée et qui m’apeut être déjà observé dans l’action.

Développer ses dons• Pour la personne qui vient de décou-

vrir un don, il sera utile d’une part desuivre une formation solide et d’autrepart de chercher un formateur douédans ce domaine là. Qu’elle n’hésitepas à faire de nombreux essais pourprogresser. Le don d’enseignement estun bon exemple : quelqu’un peut avoirce don, mais à cause de l’inexpérience,parce qu’il se sent intimidé devant ungrand public, il se peut qu’il perde sesmoyens. Les opportunités répétéespeuvent lui permettre de dépasserl’obstacle de la timidité et d’être librede développer son don.

• Pour celui qui exerce son don depuisun certain temps, je donnerais deuxconseils : - Être en constante formation.

Pourquoi ne pas suivre un séminaire

POUR LE BIEN DE TOUS

« C’EST EN

FORGEANT

QU’ON

DEVIENT

FORGERON »

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tous les deux ans par exemple ?C’est comme une piqûre de rappel.

- Être en constante « redevabilité ».Dans la prédication par exemple, onpeut donner le droit à une personne(style formateur) de nous faire unretour, même si nous avons desannées d’expérience.

Une évolution au cours del’existence ?

Des dons peuvent apparaître pendantnotre vie :

Le don de sagesse est étroitement liéà l’expérience, à la maturité. Un facteurâge est aussi à considérer. En ce qui meconcerne, à 20 ans, j’étais doué avec lesadolescents. Aujourd’hui, je me sensmoins doué. En fait, c’est l’applicationdes dons qui peut se faire dans un autrecadre.

Des dons peuvent ne pas rester toutenotre vie :

À la lumière de l’expérience, j’ai l’im-pression que Dieu peut reprendre desdons dans des contextes où il n’y en aplus besoin ou parce qu’il voudrait quequelqu’un d’autre fasse un service. Parexemple, j’ai joué de la guitare quandj’étais jeune pasteur. Puis l’Église s’estmodifiée et des jeunes sont venus. Ilsavaient le même don que moi. J’aiaccepté de céder ma place. Le don n’apas disparu. Cependant, Dieu m’a ôtél’ardent désir de jouer : ce n’était pluspour moi quelque chose d’important.

Exercer ses donsDans le Nouveau Testament, toutes

les affirmations importantes concernantles dons font référence à l’édification duCorps (1 Co 14.2-5 ; Ép 4.12). Ils sontdonc destinés à faire du bien aux autres,

en priorité dans le cadre de la commu-nauté. Ils peuvent s’exercer hors de l’É-glise, mais en accord avec et sous l’au-torité de l’Église.

Comment les Églises fonctionnent-ellesdans leurs propositions de services ?Devant un besoin, une Église naissantene se demande pas : Qui a le don pource service ? Elle s’interroge davantageainsi : Qui est disponible ? Qui veutprendre en charge ce service ? Une Égliseplus établie peut adopter une autrelogique : servir selon les dons de chacun.La bonne volonté ne suffit pas.J’encouragerais une Église à rentrerdans un processus où elle passe d’un ser-vice selon les bonnes volontés à un ser-vice selon les dons. Il faut néanmoinsveiller à se donner le temps de la tran-sition et agir avec sensibilité. D.M.

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POUR LE BIEN DE TOUS

Signe initial de laréception de l’Esprit ?

Le parler en langues a été le signeévident de la réception de l’Esprità la Pentecôte : Et ils furent tousremplis du Saint-Esprit, et se mirentà parler en d’autres langues (Ac 2.4).Le « tous » s’applique aux 120réunis dans la « chambre haute ».Rien n’est dit, en revanche, sur unéventuel signe de réception del’Esprit concernant les 3000 conver-tis.

Comme Jésus l’avait annoncé,l’Évangile se répand par étapes, deJérusalem à la Judée, à laSamarie… (Ac 1.8) Après le rôle cléde Pierre à Jérusalem en Actes 2,l’Esprit est donné aussi auxSamaritains qui ont cru, par l’in-termédiaire de Pierre (8.17) ; on ne

S’il est un sujet qui divise, c’est bien laglossolalie ou le don des langues.Malgré un certain apaisement lié à unemeilleure connaissance mutuelle entreévangéliques, la lecture que chacunfait des textes clés reste profondémentmarquée par les formations oudéformations reçues tout au long denotre parcours spirituel. Le dialogueest difficile. Il peut être utile, jel’espère, de se pencher sur cettequestion dans l’écoute et le respect denos frèrescharismatiques etpentecôtistes, et– surtout – de la Parolede Dieu.

REYNALD KOZYCKI

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parle pas, toutefois, de manifestationvisible. La 3e étape se déroule à Césaréeavec le centenier romain. Pierre prêchel’Évangile et l’Esprit est répandu commeà la Pentecôte, avec un parler en langues(10.46)1. Le dernier « parler en langues »se déroule à Éphèse, cette fois avec Paul(19.6).

De trois cas explicites sur les 30 annéesdécrites dans les Actes, pouvons-nous endéduire que tous doivent parler enlangues comme signe de la réception del’Esprit ?

Cette généralisation est faite par nosfrères pentecôtistes2. De nombreux autrescas de réception de l’Esprit ne men-tionnent aucun signe visible en dehorsde la foi ou de la repentance : les 3000à la Pentecôte, la conversion de Paul(Ac 9) ; sur les trois voyages missionnairesde Paul, un seul cas de parler en languesest rapporté ; les épîtres, beaucoup plus« normatives » que les Actes, donnentcomme unique condition de réceptionde l’Esprit, la foi sans signe particulier3.Les Corinthiens, malgré l’immaturitécriante de plusieurs, avaient tous reçu le« baptême de l’Esprit » en vue de leurintégration dans le « Corps »4. Rienn’affirme que tous parlaient ou ont parléen langues, sans quoi la question « Tousparlent-ils en langues ? » n’aurait pas desens5. Nous pouvons en conclure qu’iln’est pas nécessaire de rechercher unsigne visible à la réception de l’Esprit6.Le parler en langues a été un signe incon-testable de la réception de l’Esprit auxtrois ou quatre grandes étapes de l’avan-cée de l’Évangile, mais ce n’est plus lecas après.

Parler en langues« naturel »

Le psychiatre Alphonse Maeder s’estpenché plus globalement sur ce phéno-mène et le lie avec l’affectivité et l’in-fantilité7. En psychologie, le mot « glos-solalie » évoque des troubles sévères dulangage8. Certains thérapeutes utilisentcette glossolalie comme une « tech-nique » assez proche de la sophrologie

1 C’est très probablement dans ce sens que Pierre a reçu les« clefs du royaume » selon Mt 16.19 en annonçant l’Évangile lors deces étapes clés.2 Voir par exemple Jean-Claude Boutinon, « Charismes », Dictionnairede Théologie Pratique, Excelsis, 2011 ; Philippe Emirian, La glosso-lalie, RdF, 1990 ; La confession de foi des ADD (www.addfrance.com).Même les articles des encyclopédies Universalis et Britannica (qui sontd’ailleurs quasiment les mêmes), en citant les 4 références des Actesvues ci-dessus, glissent vers une possible généralisation à tous les « pre-miers chrétiens » (mais il est précisé : « Paul a toutefois conseillé d’userde ce don avec modération »).3 Voir par exemple Rm 8.9-16 ; 1 Co 6.11-19 ; Ga 3.1-14 ; 4.6 ; 2Tm 1.7 ; Tt 3.5. Dans les Actes, plusieurs disciples ont été remplis del’Esprit sans aucun lien avec le parler en langues (Ac 4.8, 31 ; 6.3, 5 ;7.55 ; 9.17 ; 11.24 ; 13.9, 52…). 4 Même un exégète pentecôtiste de renom reconnait sans difficulté quele seul texte des épîtres qui aborde le « baptême de l’Esprit » situe cetteexpérience à la conversion et non comme une deuxième expériencesuivie d’un parler en langues : voir Gordon Fee, The First Epistle tothe Corinthians, Eerdmans, 1987, p. 605. En commentant le baptêmede l’Esprit en 1 Co 12.13, il écrit : « Which is not a special experiencein the Spirit beyond conversion, but on their common reception of theSpirit ».5 1 Co 12.306 Nous ne nous arrêtons pas sur Mc 16.15-18, où Jésus envoie sesdisciples prêcher la Bonne Nouvelle. Il promet que des signes accom-pagneront cette proclamation : Ils chasseront les démons ; ils parle-ront de nouvelles langues, ils saisiront des serpents, s’ils boivent quelquebreuvage mortel, il ne leur fera point de mal… Il est évident que Jésusn’a pas promis que chacun de ces signes doit accompagner l’annoncede l’Évangile. Nous connaissons peu de personnes qui testent des breu-vages mortels pour démontrer leur foi ! Ce sont surtout les apôtres duChrist qui useront de tous ces signes sans les garantir nécessairementà tous les âges.7 La langue d’un aliéné. Analyse d’un cas de glossolalie, A. Kündig,1910, p. 216, cité dans l’article de Mireille Cifali, À propos de la glos-solalie d’Élise Muller, et des linguistes, psychologues, qui s’y intéres-sèrent (mireillecifali.ch).8 Selon l’encyclopédie Vulgaris-medical.com, la glossolalie est un troubledu langage (du point de vue sémantique) qu’il est possible d’obser-ver chez certains patients souffrant de maladies mentales telles qu’undélire, une paranoïa ou une mégalomanie.

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ou de l’autohypnose afin d’apaiser lepatient9. Elle est assez courante dans lescultures portées vers la transe, l’hypnose,les phénomènes paranormaux… Elle estprésente dans les états d’intense effer-vescence religieuse selon l’encyclopédieBritannica10. Même si je pense que Dieupeut accorder encore aujourd’hui uneglossolalie authentique et « spirituelle »à ses enfants, certaines pratiques actuelles« évangéliques » relèvent plus du « par-ler en langues naturel » que d’un véri-table don de l’Esprit.

Chez les CorinthiensIl est notoire qu’une seule épître

aborde cette question explicitement. Laculture grecque se prêtait à certainsdébordements, notamment par les incan-tations souvent incompréhensibles des« prophétesses » appelées pythie etsibylle11. Platon pensait que les « révé-lations divines » s’expriment par des phé-nomènes étranges : « Aucun homme dansson bon sens n’atteint à une divinationinspirée »12. Sans vouloir éliminer ce don,Paul veut le remettre à sa place (le der-nier dans les listes de dons), plus utiledans le cadre d’un usage privé13.

En revanche, la prophétie, compré-hensible dans l’assemblée, édifie et ins-truit, alors que le don des langues édi-fie la personne qui le pratique : Celui quiparle en langue ne parle pas auxhumains, mais à Dieu, car personne nele comprend, et c’est en esprit qu’il ditdes mystères. Celui qui parle en prophète,au contraire, parle aux humains : ilconstruit, il encourage, il réconforte.Celui qui parle en langue se construit lui-même ; celui qui parle en prophèteconstruit l’Église (1 Co 14.2-5). De cet

extrait, j’en déduis que la glossolalie uti-lise une langue spontanée et inintelligible(personne ne le comprend) pour louerDieu ; elle peut être interprétée lorsd’un culte, si une autre personne détientce don. À la Pentecôte, en revanche, laglossolalie utilise une langue étrangèreet intelligible14.

Aux v. 20-25, Paul cite Ésaïe et faitappel à un peu de bon sens. Il expliqueque le parler en langues devient un signenégatif pour les non-croyants à cause ducôté incohérent de cette pratique : desimples auditeurs ou des non-croyants,ne diront-ils pas que vous êtes fous ? Enrevanche la prophétie peut interpeller lecroyant et le non-croyant.

Les langues ont-ellescessé ?

Après le 1er siècle, ce don semble dis-paraitre, à quelques exceptions près

POUR LE BIEN DE TOUS

9 L’émission Paroles sans frontières de France Culture du 28/5/97, consa-crée à la glossolalie, rappelait aussi la dimension « universelle » (endehors même du christianisme) de cette pratique. On peut aussi consul-ter les conclusions d’Henri Blocher, La doctrine du péché et de la rédemp-tion, Vaux-sur-Seine, 1983, p 316. Le psychiatre Basil Jackman expli-quait qu’avant d’être lui-même chrétien, il faisait souvent parler despersonnes non chrétiennes en langues, par hypnose (cité dans R. Shallis,Le don de parler diverses langues, Éditions du CCBP, 1982, p. 258). 10 “usually produced during states of intense religious excitement”(Tongues, Gift of, Encyclopaedia Britannica).11 Voir par exemple l’article « Oracle grec » sur Wikipédia.12 Platon, Le Timée, Bibliothèque numérique du Québec, vol. 8, p.156. Voir aussi Frédéric Godet, La première épître de Paul auxCorinthiens, 1886, Édition numérique Soleil d’Orient, 2008, p. 479(Introduction aux chapitres 12-14) ; Robert Somerville, La premièreépître de Paul aux Corinthiens, Edifac, 2005, Tome 2, p. 112.13 Même Gordon Fee va dans ce sens dans son commentaire.14 On peut citer Origène, Calvin, Hodge, Shallis… qui voient la glos-solalie uniquement comme une « langue étrangère ». Godet, Morris,Fee, Thieselton… y voit une langue inintelligible. Pour une approchequi combine les deux, voir Somerville, James Boyer… Je penche aussipour cette dernière approche. Voir la bonne synthèse sur ce débat faitepar Robert Somerville, La première épître de Paul aux Corinthiens,Édifac, 2005, Tome 2, p. 150-153.

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comme le Montanisme au 2e siècle,quelques jansénistes au 17e, le prophé-tisme des camisards au 18e, l’Églisecatholique apostolique ou « irvingiens »au 19e, malgré les affirmations un peuexagérées de certains auteurs commeDonald Gee qui pensent le voir tout aulong de l’histoire15. Néanmoins, au débutdu 20e, ce don resurgit tel un raz-de-marée.

Pour contreba-lancer l’ampleur exa-gérée prise par leparler en languesdans certains cou-rants évangéliques,plusieurs commen-tateurs de la Bibleaffirment catégori-quement que cer-tains dons comme laglossolalie cesserontselon 1 Co 13 : Lesprophéties prendrontfin, les langues ces-seront… quand ce qui est parfait seravenu (v.10-12). Ils prétendent que ce« parfait » indique l’ère où le NouveauTestament serait fini d’être rédigé. Ils pen-sent donc que toute glossolalie actuellen’est qu’une contrefaçon ou une dévia-tion dangereuse. Ce texte affirme plutôtque les dons ne cesseront pas avant letemps où l’on connaîtra comme nousavons été connus (v.12), c’est-à-dire, lorsdu retour de Christ.

ConclusionJe pense que Dieu peut, dans sa sou-

veraineté, accorder, aujourd’hui encore,un parler en langues inintelligible dansdes moments d’intimité avec lui, voire

aussi une glossolalie intelligible pourinterpeller une personne dans une autrelangue. En revanche, vouloir l’imposerà tous produira des déviances et descontrefaçons. Les dons sont des cadeauxde Dieu distribués comme il le veut pourl’édification de son Église. Si nousdevons aspirer à certains dons, ce sontaux meilleurs : Passionnez-vous pour les

meilleurs dons de grâce (1 Co 12.31NBS) ainsi qu’à l’amour décrit dans lechapitre qui suit16.

R.K.

15 « Les dons spirituels n’ont jamais cessé. Irénée, Tertullien, JeanChrysostome, Augustin font tous allusion à ces dons [...] les Vaudoiset les Albigeois [...] les Jansénistes, les premiers Quakers... » DonaldGee, Les dons spirituels, Valence 1932, p 12 ; voir aussi William DeArteaga, Quenching the Spirit, Charisma House, 1996, p. 67-85. Pourtantune étude plus attentive ne va pas dans ce sens. Pour Chrysostome(Homélie 34 ; 29:1), Augustin (Dix homélies sur 1 Jean ; Homélie 167),le don des langues avait cessé (cité notamment par Robert Gromacki,The Modern Tongues Movement, Philadelphia, 1967).16 Voir aussi Amar Djaballah « Dons spirituels », Grand Dictionnairede la Bible, Excelsis, 2004 ; A. Kuen, Dons pour le service, Emmaüs,1982 ; Ministères dans l’Église, 1983 ; J.I. Packer, Keep in Step withthe Spirit, Revell, 1984 ; S. Romerowski, « Les “charismata” du NouveauTestament », Théologie Évangélique vol. 1, n° 1, 2002, p. 15-38 ; « Lesdons spirituels », Dictionnaire de théologie biblique, Excelsis, 2006 ;A. Thiselton, The First Epistle to the Corinthians, NIGTC, Eerdmans2000.

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POUR LE BIEN DE TOUS

Le don de guérison

En quoi consiste ce don ?

« Les dons de guérisons » (v. 9, 28) pour-rait certes signifier « des cadeaux [litt. grâces]de guérisons », mais, par analogie avec lesautres ministères mentionnés dans 1 Co 12,l’expression semble signifier l’activité, voire l’ap-titude, à opérer des guérisons plutôt que le pri-vilège d’en bénéficier. À mon avis, également,compte tenu de la proximité dans le contextedu don des miracles et des nombreux récits,surtout dans le NT, de guérisons miracu-leuses, le double pluriel (« dons de guérisons »,v. 28) se rapporte aux nombreuses guérisonsopérées par une même personne plutôt qu’àla diversité ou la gravité des maladies guériespar des personnes aux dons différents.

Ce don était-ilprésent dans toutesles Églises ?Il n’est mentionné dans aucuneautre épître. Jacques 5.14s invitele croyant malade à solliciter laprière des anciens de l’Église –

dont rien n’indique qu’ils aient reçu un donde guérison. Alors que Jacques s’adresse à descroyants en divers lieux (Jc 1.1), il ne soufflepas un mot de ce don. Ce fait peut suggérerque ce don n’était pas accordé à toutes lesÉglises. Il prouve aussi que l’action de Dieudans le domaine de la maladie ne se limite nul-lement à l’exercice de ce don. En effet, toutau long de l’histoire de l’Église, et encoreaujourd’hui, on a enregistré ici et là des gué-risons miraculeuses en réponse à la prière, sansqu’il y soit question de l’exercice d’un don.

Le don de guérison était-il destiné à perdurer au-delà de la périodeapostolique ?

Selon l’interprétation « cessation-niste », le don d’opérer des miracles et le dondes guérisons fonctionnaient certes comme uneexpression de la compassion divine (Mt 14.14),mais surtout à des périodes précises commeune attestation par Dieu de l’authenticité deses porte-paroles attitrés, Moïse (Ex 4.1-9) etles prophètes (1 R 17.25), puis le Messie

« Le don des guérisons » (1 Co 12.9, 28, 30) est abondamment attestédans les évangiles et les Actes, mais il ne figure de façon explicite nullepart ailleurs dans les épîtres, même s’il y est question de signes, deprodiges et de miracles (Rm 15.19 ; 2 Co 12.12 ; Hé 2.4). Ceci expliquepourquoi des interprètes également attachés à la Parole de Dieu ont desavis différents à son sujet…

PIERRE COLEMAN

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(Jn 20.30s) et les apôtres (Ac 5.12 ;2 Co 12.12 ; Hé 2.3s), témoins officiels desa résurrection (Ac 1.21s). Même exercéspar d’autres membres de l’Église (commele suggère 1 Co 12), ces dons attestaientl’unique rôle des apôtres, car ils leuravaient été transmis par imposition desmains des apôtres (Ac 19.6 ; Rm 1.11 ;1 Tm 4.14 ; 2 Tm 1.6). L’absence d’ins-tructions ou de promesses dans les épîtresà propos de l’exercice du don des guéri-sons indiquerait qu’il était destiné à ces-ser à la fin de la période apostolique.

Selon l’interprétation « continua-tionniste », aucun passage n’annonce lacessation de ce don. De plus, les dons mira-culeux (dont le don des guérisons) signa-laient l’inauguration du règne de Dieu pro-mis par les prophètes de l’AT (Es 35.5s ;Mt 11.2-5), prémices de la guérison totaleet définitive acquise par l’œuvre expiatoirede Christ qui deviendra effective lors dela résurrection accompagnant son retour(1 Co 15.22s, 42). Par conséquent, mêmesi le besoin d’attester les apôtres n’existeplus, Dieu peut manifester son règne,exprimer sa compassion et accréditer l’an-nonce de l’Évangile en continuant à accor-der des miracles, et – pourquoi pas ? –même le don de les accomplir.

Le témoignage de l’histoirede l’Église etde l’expérience actuelle

Selon certains, l’exercice d’un don deguérison a été, et est encore, associé à desindividus ou à des groupes à l’ortho-doxie biblique suspecte et possédant ledon… d’exploiter pour leurs propres gloireet enrichissement la crédulité des foules.Il leur est reproché d’annoncer un Évan-gile non biblique (où les miracles primentle message de la croix) ; de répandre unedoctrine non biblique à propos de la

maladie (toujours due au péché du malade)et de la guérison (toujours offerte à celuiqui croit) ; d’employer des méthodes nonbibliques (conditionnement psychologiquedes foules) ; d’obtenir des résultats nonbibliques (guérisons uniquement fonc-tionnelles, plutôt qu’organiques, caracté-risées par la disparition souvent temporairede symptômes plutôt que par des réta-blissements durables) ; de citer des témoi-gnages non confirmés par la professionmédicale, même chrétienne, dont onrefuse le regard ; et même de causer indi-rectement la mort de malades qu’uneintervention médicale aurait pu sauver.

D’autres relèvent le témoignage dePères de l’Église comme Justin, Irénée,Tertullien et Origène selon lesquels Dieua continué au-delà de la période aposto-lique à accorder des dons miraculeux, dontle don des guérisons. Certains estimentaussi que l’on a vu et voit encore, ici oulà, un ministère de guérison exercé hum-blement et à la gloire de Dieu et qui nemérite aucun des reproches mentionnés ci-dessus. Dans ce cas, quelle bénédictionpour les malades, surtout dans les pays oùla médecine moderne est inexistante outrop chère pour les pauvres ! Et quelledémonstration de la puissance de celui quipeut faire… infiniment au-delà de tout ceque nous demandons ou pensons(Ép 3.20) !

Que conclure ?Qu’une incertitude à propos de la per-

manence de ce don dans l’Église ou unefausse doctrine ou pratique regrettableobservée dans ce domaine ne nous empê-chent jamais de prier avec foi, et avec ins-tance, pour que Dieu guérisse des malades,avec ou sans la médecine, selon sa volontésouveraine, et pour sa seule gloire !

P.C.

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Les mots grecs traduits par pro-phétie, prophétiser et pro-phète se trouvent 196 fois

dans le Nouveau Testament, ce quimontre l’importance de ce ministère.Contrairement à la signification dumot de nos jours, la prophétiebiblique n’est pas seulement une pré-diction, mais l’annonce de tout leconseil de Dieu.

Le prophète est avant tout, oudevrait être, le porte-parole de Dieu,et la prophétie, tout son message. Lesgrands prophètes de l’AncienTestament donnaient certes quelquesprédictions, mais ils communiquaientsurtout les avertissements de Dieu,ses conseils, la révélation de sa pen-sée et de sa volonté. Les écrivainsdu Nouveau Testament semblentfaire une distinction entre le don desprophètes et celui de la prophétie.Dieu a donné des apôtres et des pro-phètes pour être le fondement de l’É-glise (Ép 4.11 ; 2.20), don néces-sairement limité à certains individus(1 Co 12.28-29).

Par contre, Paul écri t auxCorinthiens que tous peuvent aspi-rer à prophétiser (1 Co 14.12, 31 et39). Il est peut-être important denoter que, dans le texte original duchapitre 14, Paul n’emploie jamais

le mot « don », mais utilise toujoursle verbe « prophétiser » (par exemple,14.1, 12, 39 : aspirez à prophétiser).Dans ce chapitre, le contexte suggèrefortement que prophétiser est lacapacité que Dieu donne à un indi-vidu de prêcher et de faire appliquerla Parole de Dieu, tout le conseil deDieu (Ac 20.27).

Comment s’opère ce ministère ?Il s’agit de « la manifestation del’Esprit » donnée à un individu pourédifier, exhorter, consoler et ins-truire l’Église (1 Co 12.7, 14.3 et 31).Ainsi nous lisons dans les Actes queJude et Silas qui étaient eux-mêmesprophètes… exhortèrent ( lescroyants) et les fortifièrent par plu-s ieurs d i scours (Ac 15 .32) .Prophétiser, c’est annoncer le mes-sage que le Saint-Esprit met sur lecœur d’une personne, soit par révé-lation directe soit par des penséesque le Seigneur évoque à traversl’étude de sa Parole ou une expé-rience. Pour l’Église du premiersiècle qui n’avait pas encore leNouveau Testament, la prophétiejouait peut-être un rôle plus impor-tant de révélation qu’aujourd’hui.Une réalité importante nous diffé-rencie de l’Église du temps desapôtres. Nous possédons la Parolede Dieu dans sa totalité. Il n’est donc

POUR LE BIEN DE TOUS

HENRY BRYANT

Le don de prophétie

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pas question d’ajouter quoi que ce soit,par une prophétie quelconque, à cetteParole qui nous donne tout ce dont nousavons besoin.

Les conseils de Paul aux Corinthiensfont penser que le terme prophétiser ren-voie à une forme « d’exhortation inspi-rée » – dans une prise de parole publiqueou lors d’un moment de prière – sansavoir la prétention d’être sans erreur. Pourcette raison, l’apôtre exhorte lesCorinthiens à vérifier le contenu dumessage : Pour ce qui est des pro-phètes, que deux ou trois parlent, et queles autres jugent (1 Co 14.29). Le chré-tien a la responsabilité importante, faceaux tromperies subtiles de l’ennemi,d’éprouver les esprits, pour savoir s’ilssont de Dieu, car plusieurs faux prophètessont venus dans le monde (1 Jn 4.1).

Le besoin de l’Église n’a pas changé.Elle a toujours besoin de prophètes/pré-dicateurs qui, sous la conduite de l’Espritde Dieu, annoncent la Parole de Dieupour édifier, exhorter et instruire afin quel’homme de Dieu soit accompli et propreà toute bonne œuvre (2 Tm 3.17).

Deux injonctions bibliques concernantce don de prophétie et son emploi sontd’actualité aujourd’hui :

1. Que celui qui a ce don l’exerceconformément à notre foi commune(Rm 12.5). C’est une grave erreur defaire passer nos propres idées pour unerévélation divine, avec des déclarationstelles que « Voilà une parole duSeigneur… » Mieux vaut dire, ensuivant l’exemple de Paul : j’irai… sic’est la volonté du Seigneur et j’es-père… si le Seigneur le permet…(1 Co 4.19 et 16.7)

2. Pour ceux qui écoutent, nous lisons :Ne méprisez pas les prophéties. Maisexaminez toutes choses ; retenez cequi est bon ; abstenez-vous de touteespèce de mal (1 Th 5.20-22).

H.B.

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■ « La prophétie n’est pas un phénomène uni-forme ayant toujours les mêmes caracté-ristiques. Par prophétie, le N.T. peut dési-gner toute une palette d’activités, endégradé, avec des passerelles entre elles ».

■ « La prophétie à la manière d’Agabusconcerne des personnes particulières et descirconstances particulières. Il s’agit d’ap-porter une révélation qui n’intéresse qu’ungroupe de personnes restreint dans leurscirconstances particulières à un momentdonné. Contrairement à la prophétie apos-tolique, elle n’est pas à inclure dans lecanon biblique (les prophéties d’Agabusne sont reprises par Luc qu’à titre d’élé-ments informatifs dans son récit) ».

■ « On peut donc penser que la prophétieecclésiale consiste avant tout en l’apportd’une parole qui applique l’enseignementapostolique ou scripturaire à la situationparticulière des auditeurs avec un à-proposet une pertinence accrue. Le prophète estalors quelqu’un qui a une sagesse particu-lière, une compréhension de l’Écriture, uneintelligence des situations concrètes, etune bonne part d’intuition qui lui per-mettent de discerner comment appliquerl’Écriture aux situations concrètes de l’exis-tence, quelle ligne de conduite adopterpour faire la volonté de Dieu dans tellesituation, quel chemin emprunter pourdépasser des situations bloquées, ouencore qui lui permettent de trouver laparole qui va aider au bon moment, qui vaencourager, relever la personne abattue,ou motiver les gens à l’obéissance à Dieu ».

Extraits de l’article Prophétisme, par Sylvain ROMEROWSKI

(Grand Dictionnaire de la Bible)

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POUR LE BIEN DE TOUS

MARIE CHRISTINE

FAVE

Les dons : un regard pluriel

Une liste ?Le Nouveau Testament pré-

sente 5 listes1 de dons. Dans cespassages, l’objectif ne semble pasde dresser une liste, mais de rele-ver certains principes : les donssont des cadeaux de la grâce deDieu pour le bien de tous et ils sontvariés. Ces points reviennentpresque tous dans chacun destextes, même si ces derniers ontleurs spécificités. Romains 12insiste davantage sur un emploicorrect des capacités et met engarde par rapport à la prétention.1 Corinthiens 12 se situe dans uncontexte où l’apôtre Paul réajusteune conception trop centrée surl’extraordinaire avec des risques,là aussi, d’envie ou d’orgueil.Quant à Éphésiens 4, ici Paul necite pas des dons, mais les per-sonnes qui les ont reçus. De plus,malgré le « à chacun » du v.7, iln’inclut pas tous les dons, maisceux dont les fonctions concernentla conduite spirituelle de l’assem-blée. On retrouve en partie cesmêmes personnes/dons dans1 Corinthiens 12 où Paul met en

priorité ces dons dans un ordreassez similaire.

Ces énumérations témoignenten fait de la diversité des dons, desservices et des mises en œuvre,comme l’affirme Paul (1 Co 12.4).L’idée est bien présente égale-ment dans les autres textes, soitdirectement soit au travers de lanotion du corps.

De plus, aucune de ces listesn’est identique à une autre, ce quilaisse penser qu’elles ne sont pasexhaustives. Si on tient compte desdates supposées de rédaction desépîtres, elles deviennent de plus enplus courtes avec les années. Ladernière (1 P 4.11) ne fournitque 2 catégories : parole et service.

Il semble donc que le NouveauTestament ne présente pas une listeformelle et officielle des dons.Nous allons dans la suite exami-ner ces divers dons en distin-guant principalement, commedans 1 Pierre 4, ceux en relationavec la parole puis avec le service2.

1 1 Co 12.7 à 10 et 27 à 30 ; Rm 12.3 à 8 ;Ép 4.11 à 13 et 1 P 4.10 à 11.2 Une distinction qu’on peut déjà voir en Actes6, versets 2 à 4.

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Parler

La prophétie

Le don de prophétie ou de prophèteest le seul mentionné dans les 4 passages(début et fin de 1 Co 12 ; Rm 12 ; Ép4). Nous ne dévelop-perons pas le sujet icipuisqu’il fait l’objetd’un article à part.

L’enseignement

Il apparaît danspresque toutes leslistes, ce qui montres o n i m p o r t a n c eaujourd’hui et peut-être encore plus dansl’Église des débuts.En effet, acheter unmanuscrit n’était pro-bablement pas à laportée de chacun3.

L’ e n s e i g n a n texplique la Parole de Dieu. Cela sous-entend une bonne connaissance et com-préhension de celle-ci, et donc du tempsconsacré à l’étude. Un investissement estnécessaire : que celui qui enseigne s’at-tache à l’enseignement (Rm 12.7). Le déficonsiste ensuite à transmettre un mes-sage de façon accessible selon les diverspublics. L’enseignant sait s’adapter auniveau de ses auditeurs tout en abordantles vérités issues du texte biblique. Il saitdégager les grands principes du sujettraité, faire une synthèse de ce qui estessentiel à retenir. « C’était clair, on sui-vait facilement », comme on entendparfois. Néanmoins, on constate que tousles enseignants ne sont pas tout publicni toutes circonstances. Certains « pas-

sent mieux » avec une tranche d’âge oudans un milieu. « Et lorsqu’un de mesmoniteurs d’école du dimanche m’araconté l’histoire du déluge, explique RobPARSONS, j’ai eu parfois l’impressiond’avoir les pieds mouillés »4. Un profes-seur d’Institut biblique n’aurait peut-

être pas eu le même impact sur cegroupe d’enfants. En effet, au don d’en-seignement se rajoutent le profil, le tem-pérament et l’expérience de la per-sonne.

Quelle différence entre le don d’en-seignement dans la Bible et celui prati-qué dans la vie courante ? Les deuxrequièrent pour leur application desconnaissances, voire une formation, dutravail, de la pédagogie et dans une cer-taine mesure de la créativité. Mais l’en-

3 Une estimation, citée dans « Tyndale New Testament Commentaries :1 Corinthians », évalue à un an de salaire le prix pour se procurer unévangile en papyrus, et à 8 ans de paye d’un ouvrier qualifié pour unNouveau Testament.4 Rob PARSONS : « Ce que j’aurais aimé apprendre plus tôt »

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seignant biblique dépend de Dieu poursaisir le sens et la portée de ce qu’il étu-die. La prière fait alors partie de sa pré-paration. De plus, il ne communique pasun simple savoir, mais une parole vivanteet efficace. Il demande à Dieu que lescœurs soient touchés et les vies trans-formées.

L’exhortation

Romains 12 mentionne à la fois la pro-phétie, l’enseignement et l’exhortation,ce qui laisse supposer une différence entreles trois. D’après les commentaires, le motgrec dans Romains 12.8 possède unéventail assez large de significationsallant de l’encouragement à l’exhortationou au réconfort. À titre d’exemple, le sur-nom Barnabas est traduit : fils de conso-lation, fils d’exhortation ou fils d’en-couragement selon les versions. Barnabasa su prendre Paul à ses côtés malgré lapeur ressentie à Jérusalem, puis Marc,malgré l’échec précédent de ce der-nier5.

Ce don s’applique en public lorsd’une prise de parole, mais bien souventen privé quand il s’agit de soutenir celuiqui faiblit ou qui traverse des difficultés.L’idée de reprendre quelqu’un n’est pasexclue. Nous sommes tous appelés àpleurer avec ceux qui p leurent(Rm 12.15). Toutefois, dans la pratique,on constate que certains arrivent avecleurs gros sabots tandis que d’autres« savent s’y prendre ». Ces ouvriers deconsolation, d’encouragement, laissentparfois une parole qui fait écho chez celuiqui l’entend et le soutient maintenant etdemain.

Une parole de sagesse, deconnaissance

Ces dons n’apparaissent qu’une fois(1 Co 12.8) et sans commentaire. Toutle monde ne les comprend pas de lamême manière. Certains interprètent laparole de connaissance comme unerévélation de Dieu concernant une situa-tion, une personne. Les mots que Paulemploie ne sont pas spécifiques auvocabulaire religieux. Il ne les décritpas, alors qu’il détaille longuement la pro-phétie. Certains y voient une raisonforte de les considérer dans le sens cou-rant de sagesse et de connaissance.

Ces dons semblent ponctuels puisqu’ilest question d’une parole et non d’un donde sagesse ou de connaissance. La déci-sion prise par les apôtres suite aux mur-mures des hellénistes6 en constitue peut-être un exemple. On peut voir uneapplication de ce don quand, lors d’uneréunion, on débat d’un sujet. Puis quel-qu’un exprime un conseil, un avis quiapporte une solution et qui fait souventl’unanimité, tous les participants recon-naissant le bien-fondé de ce point de vue.

L’évangéliste

Parler de Dieu semble naturel chez cer-taines personnes. Je pense par exempleà Coralie : elle croise une dame âgée quilui demande de l’aide dans la rue pourattacher sa capuche (il pleut). Quelquesphrases et la voilà partie dans une dis-cussion autour de Dieu. Sa préoccupa-tion pour les non-chrétiens se perçoit dansses prières, ses conversations. Un fardeaupour les non-croyants, une facilité pourtémoigner de sa foi et pour interpeller

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5 Barnabas : voir Actes 4.36 ; 9.27 ; 15.396 Actes 6, versets 1 à 4

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l’auditeur sont souvent le lot de l’évan-géliste. Il ose remettre en question, invi-ter la personne à se tourner vers Christ.Dans la Bible, nous trouvons l’exemplede « Philippe l’évangéliste »7 et bien sûrde Paul.

Le pasteurIl est mentionné une seule fois (Ép

4.10) et il est associé au terme d’ensei-gnant. Les deux veillent sur l’Église enl’édifiant par la Parole et en prenant soinde ses membres. On peut observer ceuxqui ont un don pastoral : les gens vien-nent spontanément vers eux pour fairepart de leurs soucis, leurs craintes… Cespasteurs écoutent avec patience,conseillent, prient et souvent portent cespersonnes. Ils ont un cœur de berger etune sensibilité pour ceux qui peinent.

L’apôtreEt Dieu a établi dans l’Église premiè-

rement des apôtres… (1 Co 12.28). Éphé-siens 4.11 les place aussi en premierdans la liste des personnes/dons. Le sensrestreint du terme apôtre concerne essen-tiellement les 11 disciples, Paul et Barnabas,Jacques8. L’expression est parfois élargieaujourd’hui en prenant la significatio,nd’envoyés. Elle désigne alors des mis-sionnaires qui arrivent dans une zone oùl’Évangile est inconnu et qui implantentdes Églises. Qu’on opte ou pas pourcette terminologie, ce ministère requiert unprofil particulier : celui de pionnier.

ServirLe service

Jésus-Christ nous a laissé un exemplefort en lavant les pieds de ses disciples.Nous sommes tous appelés à servir,

mais celui qui a un don de servicemontre souvent des capacités au niveaupratique qui le rend assez efficace danscertains domaines. Il perçoit les besoins,notamment matériels, logistiques, et selève naturellement pour y répondre.Dans l’Ancien Testament, Dieu a rempliBetsaleel de sagesse, d’intelligence et decompétence pour toutes sortes d’ou-vrages9.

La miséricorde (Rm 12.8)

Le don de secourir (1 Co 12.28)

Ce don s’exprime auprès des néces-siteux, des personnes en souffrance,avec un cœur touché par la misère duprochain. Là encore, une sensibilité seraflagrante. Romains 12 recommanded’exercer ce don « avec joie ».

La libéralitéCe don apparaît uniquement en

Romains 12 avec le conseil de la prati-quer avec largesse, généros i té .Littéralement, c’est « le répartissant »,c’est-à-dire celui qui répartit, qui partage.Il s’agit probablement d’une personne quia à cœur de donner pour l’œuvre de Dieuet qui le fait avec sagesse. Celui qui contri-bue ainsi financièrement pour un projetparticipe à sa réalisation.

Une aptitude à présider, àdiriger

Romains 12.8 mentionne celui quipréside avec un terme signifiant « se tenirdevant ». L’application peut aller de la pré-sidence d’un culte à la direction d’uneœuvre en passant par l’animation d’une

7 Actes 21.88 Les 11 disciples : Ac 1.26 ; Paul et Barnabas : Ga 1.1 et Ac 14.4 ;Jacques : Ga 1.199 Voir Exode 35.31

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réunion. Dans un culte, présider et prê-cher ne correspondent pas au même don.Animer une réunion en favorisant l’ex-pression des idées et des avis tout engérant l’ordre du jour et le timing : c’està la fois un art et un travail de prépara-tion.

Pour l’aptitude à diriger, le mot en1 Corinthiens 12 est littéralement « gou-vernement » et correspond à l’activitéd’un homme de barre d’un navire10. Ladirection d’un projet ou d’une œuvre faitappel à un sens de l’organisation, de laprise de décision, de la capacité degérer les obstacles et de travailler enéquipe, sans oublier une vision déve-loppée et entretenue dans la dépendancede Dieu. Néhémie, par exemple, faitpreuve de beaucoup de ces capacitésdans la reconstruction de la muraille deJérusalem.

L’hospitalité (1 P 4.9)

Elle n’est pas présente dans les diffé-rentes énumérations. Certains en tiennentcompte parce qu’elle précède immé-diatement la mini-liste des versets 10 et11. Mais juste avant, au v.8, Pierreencourage à avoir un amour constant lesuns pour les autres. Exhorter à l’hospi-talité peut être compris comme uneapplication de cet amour. Néanmoins,reconnaissons que certains exercentdavantage l’hospitalité que d’autres.Non seulement, ils apprécient d’inviter,mais encore ils savent mettre leurs hôtesà l’aise.

Autres Dons Dons dits « miraculeux »

Des dons de guérisons, de miracles,de parler en langues, de les interpréter

ainsi que le discernement des esprits sontcités en 1 Corinthiens 12. Les 4 premierssont abordés dans un autre article.Quant au dernier, l’étude demanderaitaussi de la place et ne sera pas effectuéeici.

La foi« Il s’agit, non pas de la foi qui sauve,

mais d’une confiance dans le Seigneurqui pousse à l’action… C’est peut-êtrel’œuvre de l’Esprit par laquelle il donneà un membre de l’assemblée la convic-tion que Dieu va agir et pourvoir dansun projet quelconque… »11

Dons artistiquesAbsents des différentes listes, mais pas

nécessairement du Nouveau Testament,ils sont bien représentés dans nos Égliseset dans l’Ancien Testament. Betsaleel etOholiab étaient remplis « d’habiletépour exécuter tous les ouvrages desculpture et d’art… »12

Une grandediversité

Dieu, dans sa grâce et sa sagesse, dis-tribue des dons variés et complémen-taires. Les capacités se combinent dansun assortiment adapté pour chacun. Etcette différence existe non seulement dansles dons reçus, mais aussi dans les mul-tiples manières et occasions de les utili-ser.

MC.F.

POUR LE BIEN DE TOUS

10 « Tyndale New Testament Commentaries : 1 Corinthians »11 Henry Bryant (Commentaire Biblique : 1 Corinthiens)12 Voir Col 3.16 pour le Nouveau Testament et Ex 35.35 pour l’AncienTestament

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ParcoursdécouverteComment ont-ils trouvé cesdons que Dieu leur aconfiés ?

La pratique« Je me suis converti à l’âge de 17 ans

et j’ai passé mon BAFA2 l’année suivante,explique Mayeul. J’ai appris à servir leSeigneur au travers de la jeunesse, puis plustard dans l’Église. Dieu m’a mis en situationd’utiliser mes dons. »

« C’est en forgeant qu’on devient forge-ron, rappelle Paul, qui reconnaît surtout sesdons en relation avec le ministère de la Parole.Pendant mes études universitaires, les res-ponsables d’Agape Campus ont demandé àtrois étudiants (dont moi) de préparer un mes-sage. J’ai eu, par la suite, l’occasion d’ap-porter d’autres prédications à Agape et je mesentais à l’aise. Puis je suis arrivé à Lyon dansune Église qui laissait de la place aux jeuneset on m’a fait confiance. » David a lui aussidécouvert ses dons en se mettant en route,au travail : « J’ai alors relevé des domainesoù je me sentais à l’aise et où il y avait une

Ils ont accepté de nous fairepart en quelques mots de leuritinéraire (version recherche etexercice des dons). Priscille etMicaël DUFOUR (Marseille),Éva et Mayeul (Marseille),Gilles PILLOUD (Grenoble) etPaul (Cavaillon) viennent determiner la formation duR.E.F.1 Philippe MONNERY,David et Hanna SOMMER,Bruno et Dominique LICCIARDI

sont engagés respectivementdans des assemblées CAEF àSaint-Étienne, Barr etMoulins. Ils pensent avoiridentifié, au moins en grandepartie, les dons etcapacités reçusde la part deDieu.

MARIE CHRISTINE

FAVE

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Parcours de vie

1 REF : « Responsables en formation » ; programme de for-mation des CAEF.2 BAFA : Brevet d’Aptitude aux Fonctions d’Animateur

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certaine efficacité. »Éva, de son côté, s’estinvestie dans plusieurs services, tout enétant prête à revenir en arrière si l’essaine s’avérait pas concluant. Elle s’estrécemment engagée dans la décorationde la salle pour divers évènements : « Jeme suis rendu compte qu’il y avait unbesoin et je m’y suis mise. La découvertede ce don artistique est arrivée sur le ter-rain, notamment avec les retours enten-dus. » Pour Philippe, sa recherche s’estbasée essentiellement sur la pratique enrépondant aux divers besoins et sur leretour d’autres personnes.

Les retoursÉva et Philippe les ont mentionnés.

Ce sont ces réflexions des uns ou desautres en nous observant qui nous ontencouragés à continuer ou à nous orien-ter vers d’autres activités. Pour Mayeul,c’était « le retour des personnes avec quije travaillais ». Pour Hanna, c’est plutôtDavid qui l’a tantôt poussée en avant,tantôt freinée. « Un conjoint attentif estvraiment une aide pour découvrir sesdons », constate Hanna. Pour Micaël, c’estentre autres le retour d’un ancien et despersonnes de l’assemblée : « J’avais eul’occasion de conduire des temps d’en-seignement au groupe de jeunes. Je nesavais pas si c’était mon don, mais cettequestion me travaillait. Je suis allé voirun ancien en lui expliquant : j’ai ledésir de me former et de servir leSeigneur dans les temps d’enseigne-ment ou de présidence. Il m’a lancé. »

Quant à Paul, il a reçu des retours audébut dans le cadre de la formationd’Agape. Cependant, « très rapidement,je n’ai plus eu assez de retours, confie-t-il. Dans l’église, j’en ai cherché aussi.On ressent ce besoin quand on estdébutant. C’est une sorte de validation.

Ces réflexions sont utiles pour s’améliorer.Même si j’ai eu quelques discussionsinformelles et rapides sur le parking, jeme demandais : suis-je à la hauteur ? Cemanque de retour était un peu déstabi-lisant. »

Regards intérieursDominique s’est elle aussi posé une

question, mais d’un autre genre : « Si jen’avais aucune contrainte, aucun obstacle,qu’est-ce que j’aurais à cœur de faire ? »Sa réponse fut : « Aider les chrétiens àgrandir, accompagner ceux qui sont bles-sés, ceux qui n’avancent pas. Je me suisrendu compte que j’avais un cœur de ber-ger. Et comme le travail pastoral ne peutpas se faire sans la prière, l’intercessiona pris plus de place dans ma vie. »

Quand Bruno pense au don d’ensei-gnement qu’il exerce depuis plusieursannées, il se souvient de ses années uni-versitaires et de sa curiosité dans larecherche : « Elle s’est en fait déplacéedu domaine scientifique à celui de l’étudede la Bible. J’aime me poser des ques-tions, chercher des réponses et les expo-ser. Et surtout, j’ai un amour pour laParole de Dieu et maintenant aussi unecertaine connaissance des Écritures.Dans un sens, enseigner la Bible est venuassez naturellement – et, en plus, je suisprofesseur de métier ! » De son côté,Mayeul note comme facteur pour décou-vrir ses dons « le goût et la motivation ».Priscille exprime également son goûtpour l’enseignement des petits enfants.« Quand on exerce ses dons, conclutMicaël, on prend plaisir à ce qu’on fait. »

Le questionnaire du livre deSCHWARZ3

« Il a balisé ma découverte des dons,affirme Mayeul. Je l’ai rempli 3 fois en

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10 ans ». Éva, quant à elle, a fait ce ques-tionnaire alors qu’elle était encore aulycée. « C’est une démarche pertinente,assure-t-elle. Cela m’a beaucoup encou-ragée. Les résultats montraient 2 donspotentiels, dont un au niveau du chantque j’ai pu rapidement exercer. Onattend souvent d’être mûr pour servir etrechercher ses dons ; c’est une erreur. Lapratique des dons n’est pas synonymede maturité. »

Gilles jouait depuis longtemps de lamusique : « Je ne l’avais pas référencéen tant que don. Le questionnaire m’apermis de mettre des noms sur mes capa-cités ». Pour Priscille, Micaël et Philippe,le questionnaire a en fait apporté uneconfirmation par rapport à ce qu’ils fai-saient déjà.

Polyvalence ?« Encore maintenant, j’ai un peu de

mal à identifier tous mes dons avec cer-titude, reconnaît Mayeul. En effet, c’estun peu dur de trouver ses dons quandon en a potentiellement plusieurs. Jepense toutefois que c’est en train de sepréciser. »

ParcoursprioritaireDécouvrir ses dons :qu’est-ce que celachange ?

« Cela m’a permis d’une part d’êtreattentif à mes capacités pour ne pas lesnégliger, et d’autre part de travaillerpour les améliorer, et aussi de ne pasavoir peur quand une activité se rap-prochait de mes dons », explique Gilles.

Dominique connaît ses dons depuis2 ans environ et cela a changé ses prio-rités : « Quand je n’ai pas le temps detout faire, je sais ce que je dois privilé-gier. Quand quelqu’un appelle à l’aide,je sais que c’est ma place. Avant, j’au-rais peut-être raisonné ainsi : j’ai d’autreschoses à faire. Identifier ses dons permetde remettre les choses dans l’ordre etd’être disponible pour les priorités. »

ParcoursprogressionComment développent-ilsleurs dons ?

Certains suivent (ou ont suivi) une for-mation appropriée à un don particulier :Dominique avec FJA4 dans le domainede la relation d’aide ; Bruno avec descours par correspondance de la Facultéde Vaux-sur-Seine ; Priscille avec une mis-sionnaire de l’AEE5 et sa mère : « Quandje me suis convertie, j’ai appris envoyant faire ma mère à l’école dudimanche. Certaines formations m’ontensuite bien aidé : ce sont des clés ».Micaël a repris des cours de guitare :« C’est en pratiquant qu’on développeses dons, affirme-t-il. Et comme on n’at-teint jamais le top niveau, il faut se for-mer en permanence ».

Paul se situe aussi dans une démarchede formation continue. Il a eu l’occasionde relire les notes de sa première prédi-cation. « J’ai progressé, constate-t-il,mais j’ai passé du temps pour cela ».

3 « Découvrez vos dons », Christian A. Schwarz, Éditions Empreinte,142 pages4 FJA : Famille, je t’aime5 AEE : Association pour l’évangélisation des enfants

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Bruno, de son côté, n’hésite pas à s’équi-per pour ses préparations d’étude enachetant des commentaires et des livresde théologie.

Parcoursmodifié ?Observent-ils uneévolution de leurs donsau cours de leur vie ?

Des nouveaux dons ?« J’ai d’abord vu le don d’évangéliste,

confie Philippe. Je suis maintenant entrain de développer d’autres dons.Comme on est peu nombreux dans l’É-glise, je me retrouve souvent en positionde nouveauté. En faisant, je me dis : j’aipeut-être aussi ce don. »

« Il y a quelques mois, je n’auraisjamais mentionné l’évangélisation dansmes dons, ajoute Mayeul, et pourtant,Dieu m’a mis à cœur l’annonce de l’É-vangile. Je n’oublie pas non plus uneprière que j’ai adressée à Dieu il y a 3 ans.Je lui ai dit : j’aimerais être utilisé par Toipour mener quelqu’un au Seigneur. Etj’ai eu l’occasion de conduire plusieursjeunes au Seigneur ainsi qu’un adulterécemment. J’ai été surpris par leSeigneur. »

Une nouvelle utilisation ?« J’ai été amené à me servir des

mêmes dons différemment selon lescontextes, reconnaît David. En ce quiconcerne la coordination, j’ai utilisé cedon dans un cadre assez techniquequand je dirigeais un orphelinat auTchad. Maintenant dans un ministère pas-

toral, il s’applique de manière moins for-melle et dans un domaine relationnel. »Quant à Hanna, elle expérimente unenouvelle approche dans l’exercice de l’unde ses dons : « Autrefois, j’ai travailléparmi les enfants avec ce que j’ai apprisdans ma profession. Maintenant, c’estcomme si le Saint-Esprit me formait pouravoir un contact plus profond avec lesenfants et me demandait de me laisserguider par Dieu. »

Servir avec sesdons : oui, maispas uniquement

Nous nous sentons plus à l’aise et nousaccomplissons mieux notre service quandil correspond à nos dons. Toutefois,dans les domaines où il n’a pas beaucoupde facilités, David fait ce constat : « Dieum’utilise quand je m’investis. Je suis alorstémoin de ce que Dieu est en train d’ac-complir. Et j’éprouve plus de surprise etd’émerveillement que lorsque je fonc-tionne avec mes capacités. Mais celademande de la dépendance par rapportà Dieu et de la persévérance ».

Enfin, ne restons pas dans la passivitési nous n’avons pas encore découvert nosdons, comme le soulignent Gilles etDominique : « Si je ne m’étais pas jetéà l’eau, je n’aurais pas développé mesdons. Il y a une action volontaire à unmoment. » « Pendant 20 ans, je me suisengagée dans beaucoup d’activités oùj’étais à l’aise sans pour autant connaîtremes dons. Je n’ai pas attendu de décou-vrir mes dons pour servir ».

Propos recueillis par Marie Christine FAVE

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Dans la continuité desgrands textes du mou-vement de Lausanne,

L’engagement du Cap réaf-firme avec force la nécessité de« rendre témoignage à Jésus-Christ et à tout son enseigne-ment, dans toutes les nations,mais aussi dans toutes lessphères de la société et dansle monde des idées. »2

La première partie est uneconfession de foi qui nousrappelle que l’évangélisations’ancre dans notre amour pourDieu lui-même, Père, Fils etSaint-Esprit. Elle est une consé-quence directe de notre amourpour sa Parole, pour le monde,pour l’Évangile, pour l’Égliseet pour la mission.

Si nous aimons Dieu, notrecœur désire qu’il soit glorifié etque des hommes et des femmessoient réconciliés avec lui.

La seconde partieest un appel à l’actiontiré directement desdiscussions du congrès.Il trace les grandeslignes pour l’évangéli-sation du 21e siècleafin d’encourager etde stimuler la réflexiondes chrétiens du monde entierpour l’évangélisation.

Dans la brève revue sui-vante, nous reprenons les sixgrands axes de cet appel à l’ac-tion en présentant les points lesplus pertinents pour notrecontexte français.

I. Témoigner de lavérité du Christdans un monde plu-raliste et globaliséEn tant que chrétiens,nous suivons Jésus-Christ qui est la vérité.La vérité est doncautant liée à sa vie

qu’à son message. Nousdevons non seulement pro-clamer la vérité de l’Évan-gile, mais aussi vivre la véritéen étant le reflet de Christ parnotre amour.

Face à un monde relativiste,nous devons encourager, équi-

1 L’engagement du Cap est disponible en consultation libre sur le site du mouve-ment de Lausanne : http://www.lausanne.org/fr/tous-les-documents/engagement-du-cap.html. Le Groupe Lausanne France, en lien avec le CNEF et les éditions BLFEurope, met également à la disposition du public francophone une version papier :L’engagement du CAP (2011), Marpent, BLF Europe, 114p. Enfin l’ensemble desvidéos du congrès du CAP sont disponibles en anglais au lien suivant : http://www.lau-sanne.org/en/multimedia/videos/ct2010-session-videos.html .2 Extrait de la préface par Doug BIRDSALL et Lindsay BROWN. L’engagement du CAP(2011), Marpent, BLF Europe, p.11

Évangéliser aujourd’huiRubrique de la Commission d’Évangélisation et d’Implantation d’Eglises (CEIE) des CAEF

C.E.I.E.

L’engagement du Cap :un document précieux pour stimuler notreévangélisation !

Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même. (2 Co 5.19)

En octobre 2010, 4200 responsables évangéliques de 198 pays se sont retrouvés à Cape Townen Afrique du Sud à l’occasion du troisième Congrès de Lausanne pour l’évangélisationdu monde. Ce qui fut sans doute l’un des rassemblements les plus représentatifs de l’É-glise universelle a permis de déboucher sur un document d’une maturité exceptionnelle :L’engagement du Cap1.

PHILIPPE

MONNERY

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per les chrétiens et prier pourceux qui défendent la vérité deChrist dans les hautes sphères.

Chacun de nous devraitégalement être équipé et cher-cher à défendre la vérité là oùDieu le place, en particulierdans le monde du travail.

Nous devrions aussi cher-cher à pénétrer les sphères quiinfluencent la vérité comme lesméd ia s ou l e s sphè re spubliques. Enfin, nous devonsencourager l’utilisation de tousles moyens à notre disposition,comme les arts ou les nou-velles technologies, pour quela vérité de Christ soit procla-mée.

II. Établir la paix duChrist dans notre mondedivisé et brisé

Christ a fait la paix, il a nousa donné le ministère de laréconciliation. En tant quechrétiens, nous sommes appe-lés à être des ouvriers de paixpour réconcilier les hommesavec Dieu, pour réconcilier leshommes entre eux et pourprendre soin de la créationsouffrante.

Si l’Évangile est avant toutl’annonce de la bonne nou-velle, celui-ci doit aussi nouspousser à témoigner de notreamour pour Christ en relevantles défis de notre temps : lapauvreté (grandissante dansnotre pays), la prostitution, leSida…

Le fait que Christ ait brisél’inimitié entre Juifs et non-Juifs doit aussi nous pousserà l’évangélisation de ce peuple(dont nous avons l’une des

plus grandes communautésen France).

III. Vivre l’amour duChrist auprès de ceux quiprofessent d’autres reli-gions

L’amour du Christ doit nouspousser à aller vers les per-sonnes d’autres religions. Nousdevons chercher les relationsavec elles en reconnaissantque ces personnes sont aussi« nos prochains ».

La violence qui peut êtremanifestée par des personnesd’autres religions ne devraitpas nous pousser au ressenti-ment, mais nous rappeler quel’Évangile nous appelle à souf-frir pour Christ.

En France, nous devrionsêtre particulièrement attentifsaux diasporas étrangères quiont souvent un accès plus dif-ficile à l’Évangile dans leurpays d’origine, et profiter denotre contexte laïc pour lesatteindre avec davantage defacilité.

IV. Discerner la volontédu Christ pour l’évangéli-sation du monde

Le congrès du Cap a iden-tifié comme priorités pourl’évangélisation mondiale lespeuples non atteints, les po-pulations de culture orale, lesgrandes villes et les enfants. Cesréalités peuvent sembler étran-gères à notre contexte français,pourtant nous constatons queles migrations ont amené deplus en plus de personnes is-sues de peuples non atteints etd’apprenants oraux dans notre

pays. Nous devrions voir la mainsouveraine de Dieu dans cesmouvements de populationet profiter de la facilité qu’offrele contexte français pour an-noncer l’Évangile à ces po-pulations.

Enfin, l’engagement duCap rappelle que, la prioritépour l’évangélisation, c’estaussi des responsables chré-tiens à l’image de Christ et uneassiduité retrouvée dans laprière. Que Dieu nous donned’être à l’image de notre Maîtrepour annoncer son Évangileavec succès.

V. Appeler l’Église duChrist à revenir à l’humi-lité, l’intégrité et la sim-plicité

L’Église doit marcher à lamanière de la nouvelle huma-nité de Dieu. Quand notreconduite ne se distingue pasde celle des non-chrétiens,notre message est discrédité.Nous devrions donc rechercherune conduite irréprochable etmarcher dans l’amour en reje-tant l’idolâtrie des dérivessexuelles, marcher dans l’hu-milité en rejetant l’idolâtriedu pouvoir, marcher dans l’in-tégrité en rejetant l’idolâtrie dusuccès, marcher dans la sim-plicité en rejetant l’idolâtrie dutoujours plus.

A l o r s q u e l e m o n d es’éloigne toujours plus de l’É-vangile, un style de vie radi-cal à l’image de Christ vien-dra authentifier notre messageet faciliter sa proclamation.Nous sommes appelés à êtresel et lumière.

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La méditation biblique à l’ère dunumériqueDOMINIQUE ANGERS, EDITIONS FAREL ET GBU, 2012, 64PAGES, 5,00 €

Dans ce livret de lecture agréable,l’auteur développe un vif plaidoyerpour que les chrétiens du 21ème siècleveillent à ne pas abandonner l’un descœurs de la vie chrétienne : la mé-ditation biblique. Cette question sepose avec une nouvelle acuité àl’ère du numérique. Une brève ana-lyse identifie les avantages et les in-

convénients, les facilités et les pièges de la gé-néralisation d’internet, des smartphones et destablettes numériques. Dans la deuxième partie del’ouvrage, l’auteur donne des conseils pour uneméditation enrichie et volontairement choisie. Unquestionnaire pour l’utilisation du livret en groupeest téléchargeable… sur le net bien sûr !

M.R.

Qu’est-ce que l’Évangile ?GREG GILBERT, EDITIONS CLE, 2012, 120 PAGES, 11,00 €

Que répondriez-vous à la question po-sée par le titre de ce livre ? Votre dé-finition est-elle pleinement biblique ?L’auteur décline d’abord différentesconceptions actuelles de l’Évangile. Puisil parcourt systématiquement les Écri-tures pour démontrer que la structurecentrale de l’Évangile est composéede quatre thèmes principaux : Dieu,l’homme, Christ, notre réponse.Ce livre veut aider les chrétiens à réaliser l’importancede l’Évangile et tout ce que Jésus, Sauveur et Sei-gneur a accompli pour chacun. Il veut aussi mo-biliser les croyants pour la diffusion de la Bonne

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VI. Être partenaires dans lecorps du Christ pour l’unitédans la mission

Enfin, l’engagement du Cap en-courage à redécouvrir l’unité de l’É-glise et le partenariat dans l’évan-gélisation. Nos divisions nous ontsouvent poussés à nous définir parnos frontières et elles ont affaibli consi-dérablement notre témoignage.Nous devons nous efforcer deconserver l’unité que donne l’Espriten nous définissant à partir ducentre qu’est l’Évangile.

Nous devons également recon-naître l’importance de développerdes partenariats multiculturels, despartenariats générationnels et despartenariats hommes-femmes dansl’évangélisation.

Enfin, nous ne devrions pas op-poser évangélisation et enseignementdes Églises, ces deux tâches relevantdu même mandat missionnaire : faitesde toutes les nations des discipleset enseignez-leur à observer tout ceque je vous ai prescrit.

Pour aller plus loin…L’engagement du Cap est un

texte riche, qui gagnerait à êtreétudié dans nos Églises et pris encompte dans nos réflexions concer-nant l’évangélisation. Son décou-

page facilite l’étudeen groupe et per-met de se concen-trer sur les pointssouhaités. Que sa lecture nousencourage à ac-complir les com-mandements de

notre Seigneur de nous aimer da-vantage les uns les autres et defaire de toutes les nations des dis-ciples ! P.M.

Paruen librairieLa rédaction de « Servir » ne cautionne pas obli-gatoirement toutes les affirmations et positionsprésentées dans les ouvrages répertoriés. Certainsouvrages peuvent toutefois présenter un intérêtpour l’étude et nous faisons alors mention de nosréserves.

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Nouvelle et les équiper pour com-muniquer la Bonne Nouvelle avecclarté et assurance.Ce livre sera très utile à toutepersonne à la recherche d’uneprésentation de l’Évangile à lafois claire et ancrée dans les Écri-tures.

M.R.

L’Évangile, notrefondementCOLLECTIF SOUS LA DIRECTION DE

DONALD A. CARSON ET TIMOTHY KEL-LER, EDITIONS CLE, 2012, 96 PAGES,7,90 €

Cet ouvrage est le premierd’une série de 4 volumes. Lessuivants ont pour thème : l’É-

vangile et l’Écriture– L’Évangile et l’His-toire – L’Évangile etle peuple de Dieu.Le présent volume –qui a constitué lethème d’un sémi-naire organisé parl’IBG en mai 2012 –

intègre la brochure introductive,qui définit ce qu’est « Un mi-nistère centré sur l’Évangile » ;un des documents fondateurs,intitulé « Une vision théologiquedu ministère » ; et la brochuredécrivant « Le grand projet deDieu pour l’humanité ».

Ces ouvrages cherchent à re-mettre à l’honneur une foi ba-sée exclusivement sur les pro-messes reçues par la grâce seule,au moyen de la foi seule, en Christseul à l’heure où certaines dé-rives sacrifient au consumé-risme et au show. A lire par toutresponsable ou futur responsabled’Église !

M.R.

L’Église commecommunion et commeinstitutionUne lecture de l’ecclésiologiedu cardinal Congar à partirde la tradition des Églises deprofessantsALAIN NISUS, LES EDITIONS DU CERF,2012, 508 PAGES, 45,00 €

Il n’est pas courant derecenser la publicationd’une thèse de doctoratdans nos colonnes.Celle-ci revêt un intérêtparticulier. D’abord l’au-teur est bien connu desÉglises évangéliquesfrançaises par son ensei-gnement à la Faculté Évangé-lique de Théologie de Vaux-sur-Seine comme « systématicien ».Ensuite le sujet de l’ecclésiolo-gie (ou « étude sur l’Église »)est abordé de façon originale.En partant de l’œuvre de l’undes plus brillants théologienscatholiques du XXe siècle, YvesCongar, tête pensante duconcile de Vatican II, AlainNisus nous entraine dans unelongue méditation sur le mys-tère de l’Église, à la fois « Corpsmystique » du Christ, mani-festant sa vie et la communiondes enfants de Dieu, et enmême temps sur sa dimensiontrès humaine, très institution-nelle. L’évolution de la penséede Congar constitue la struc-ture du l ivre : 1) AvantVatican II ; 2) Après le concile,et 3) Aux prises avec la tradi-tion des Églises de professants.

Tout groupe d’Églises a souventla fâcheuse tendance à se consi-dérer comme le commence-ment et la fin de tout, et donc

à caricaturer les autres façonsde voir. Nous sommes aux anti-podes de cette approche. AlainNisus, plus qu’aucun autreauteur évangélique à maconnaissance, a pris le temps delire, étudier et comprendre lathéologie catholique sur cesujet délicat de l’Église. Il faitressortir le changement pro-

fond qui s’est opérédepuis la théologie dela Contre-Réforme etsa vision de l’Églisecomme institutionvisible, société parfaite,société de comman-dement et d’obéis-sance (p. 36). Vatican IIse s itue dans une

dimension plus humble, et plusspirituelle. Toutefois, le fosséreste assez important entre lavision évangélique des Églisesde professants et celle de l’É-glise catholique, mais l’auteursait faire ressortir clairement lesdifférences, et en même temps,relever quelques fragilités évan-géliques, notamment uncongrégationalisme trop indé-pendantiste conduisant àl’émiettement.

Tout en étant clair et très concis,il ne s’agit pas d’un livre de vul-garisation. Il faudra relire plu-sieurs phrases au moins deux fois,mais on en ressort avec une vi-sion renouvelée du Corps deChrist qui dépasse évidemmentsa propre chapelle.

R.K.

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Multiplier les leaders

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Une nouvelle génération se lève : un défi pour tous ! Conférences et Ateliers

Martin SandersMartin est co-auteur avec Alain Stamp de l’ouvrage Multiplier les leaders paru en 2011 aux éditions BLF. Professeur et directeur de l’école doctorale, il enseigne le «mentorat» à l’Alliance Theological Seminary de New-York (USA). Après des années d’expérience pastorale, il forme aujourd’hui des leaders, des pasteurs et des missionnaires dans plus de trente pays.

Raphaël Anzenberger Raphaël a étudié la question de la multiplica-tion des leaders dans le contexte français lors de ses travaux de recherche pour la rédaction d’une thèse de doctorat (Doctor of Ministry) soutenue en novembre 2011 à Columbia International University (USA). Il est secrétaire général de France-Evangélisation et directeur d’un centre de formation pour implanteurs d’Eglises en Touraine (37).

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CALENDRIERS

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