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REPUBLIQUE DE GUINEE --------------------- TRAVAIL-JUSTICE-SOLIDARITE Banque Centrale de la République de Guinée Direction Générale des Etudes et des Statistiques Direction des Etudes et de la Recherche (DER) Déterminants de l’inflation en Guinée Ahmed Tidiane DIALLO Makan DOUMBOUYA Septembre 2012

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REPUBLIQUE DE GUINEE ---------------------

TRAVAIL-JUSTICE-SOLIDARITE

Banque Centrale de la République de Guinée

Direction Générale des Etudes et des Statistiques

Direction des Etudes et de la Recherche (DER)

Déterminants de l’inflation en Guinée

Ahmed Tidiane DIALLO Makan DOUMBOUYA

Septembre 2012

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Déterminants de l’inflation en Guinée

Ahmed Tidiane DIALLO1 Makan DOUMBOUYA

1 Nous remercions Elhadj Abdoulaye DIALLO, Directeur Général des Etudes et des Statistiques et tous les

collègues de la DER pour leurs implications à toutes les étapes de réalisation de cette étude. Nous adressons nos vifs remerciements à l’équipe de lecture composée de Dr. Mangafodé TOURE Directeur Général de la BICIGUI, M. Abdoul Aziz WANN, Représentant Résident du FMI à Conakry et Dr. Joachim LAMAH, Directeur National de la Prévision et des Etudes Economiques, pour leurs conseils et recommandations pertinents. Les limites et insuffisances de ce travail n’incombent nullement à la BCRG encore moins aux personnes citées ci-dessus mais aux seuls auteurs.

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Tables des matières

Résumé ............................................................................................................................................ 3

Introduction ..................................................................................................................................... 4

I-Revue de la littérature .................................................................................................................. 6

I-1-Littérature théorique.............................................................................................................. 6

I-2 Littérature empirique ............................................................................................................. 8

II-Dynamique de quelques agrégats monétaires ........................................................................... 10

III-Cadre méthodologique ............................................................................................................. 12

III-1-Spécification du modèle ................................................................................................... 12

III-2-Données ............................................................................................................................ 16

III-3-Interprétation des résultats de l’estimation....................................................................... 16

Conclusions et recommandations ................................................................................................. 19

Bibliographie................................................................................................................................. 21

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Résumé

L’objectif de cette étude est d’identifier les déterminants de l’inflation en Guinée, à

l’aide d’un modèle vectoriel à correction d’erreur. Les variables explicatives retenues

sont les créances nettes de la BCRG sur l’Etat, les créances sur le secteur privé, le taux de

change effectif réel et le prix du carburant à la pompe.

Les estimations portant sur des données trimestrielles de l'indice des prix à la

consommation de mars 2000 à juin 2012 montrent que l’effet d’un choc sur l’inflation

s’estompe au bout de 4 trimestres et demi. A long terme, les créances nettes de la BCRG

sur le Trésor, le taux de change effectif réel et le prix du carburant à la pompe

influencent significativement l’inflation. A court terme, seul le taux de change effectif

réel a un impact significatif sur le niveau des prix. Une progression de 10 points de

pourcentage du taux de change effectif réel entraîne une baisse de 1,2 point de

pourcentage de l’IHPC durant le deuxième trimestre suivant. En revanche, les résultats

montrent que les créances sur le secteur privé n’affectent pas de façon significative

l’inflation à court et à long termes. Ce qui pourrait s’expliquer par l’insuffisance des

crédits accordés par les banques au secteur privé par rapport à la demande exprimée.

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Introduction

L’inflation, définie comme une hausse généralisée des prix, est au cœur des politiques

économiques qui visent à la fois la stabilité macroéconomique et une croissance forte et

durable. L'inflation se manifeste par des signaux qui peuvent provenir de plusieurs

directions : relèvement des coûts de la main d’œuvre, amélioration anormale du rapport

d’échange par un renchérissement des exportations relativement aux importations,

accélération de la vitesse de circulation de la monnaie, etc. Elle se caractérise par son

intensité et sa durée. Lorsqu’elle devient durable, elle réduit le pouvoir d’achat des

ménages et les revenus faibles sont plus affectés.

L’inflation décourage l’épargne et l’investissement, appauvrit les prêteurs par la

détérioration des taux d’intérêts réels. Elle fausse les calculs qui commandent l’emprunt

et l’investissement par l’introduction des distorsions dans les bilans des entreprises.

En Guinée, la dernière décennie se trouve marquée par de fortes tentions inflationnistes

où le taux moyen annuel atteint 15,1%, avec un écart type de 10,5%. En glissement

annuel, ce taux s'établit à plus de 20%, atteignant des pics en juin 2005 (40,6%) et en

mars 2007 (39,1%). Cette situation qui se traduit par une baisse considérable du pouvoir

d’achat des populations déclenche des mouvements sociaux d'une ampleur sans

précédent en 2006 et en 2007. Après un repli entre 2007 et 2008, l'inflation repart pour

atteindre 20,8% en décembre 2010.

En dépit de la mise en œuvre d’une politique monétaire restrictive et d'une politique de

change active accompagnées de mesures budgétaires rigoureuses au cours de 2011 et le

premier semestre 2012, le niveau des prix, bien qu’en baisse notable, demeure encore

élevé. Cela amène à se poser la question sur la nature et les caractéristiques des

principaux facteurs qui expliquent la hausse continue et généralisée des prix en Guinée.

Cette question est importante à un double points de vue: (i) comme la plupart des

Banques Centrales, l’objectif principal de la politique monétaire de la BCRG est la

stabilité des prix; (ii) le niveau de l'inflation est devenue l'argument principal des

revendications au sein du mouvement syndical et fait l'objet de sévères critiques au

niveau de la société civile et de la classe politique. A cet égard, comprendre les causes

de l’inflation et être à même d'anticiper ses comportements constituent un des défis

majeurs de la Banque centrale.

La présente étude qui s’inscrit dans ce cadre propose un modèle vectoriel à correction

d’erreur (VEC) pour identifier les déterminants significatifs de l’inflation en Guinée et

prévoir sa tendance à des horizons de court terme.

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Le travail est structuré en trois parties. La revue de littérature sur les déterminants de

l’inflation est présentée dans la première section. Une brève analyse de l’évolution de

quelques agrégats monétaires est abordée dans la deuxième. La troisième section

présente la méthodologie, les résultats et les discussions.

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I-Revue de la littérature

I-1-Littérature théorique

La littérature économique sur l’inflation est riche et variée. Elle comprend la

modélisation théorique de l’inflation et les méthodes de prévision utilisées. La

littérature sur les causes distingue généralement trois courants pour expliquer

l’inflation. Il s’agit des courants monétariste, keynésien et néoclassique,.

Partant de la théorie quantitative de la demande de monnaie, les monétaristes

considèrent l’inflation comme un phénomène purement monétaire (Friedman, 1963).

Pour eux, la vitesse de circulation de la monnaie est constante et la production est

déterminée par les facteurs de production. Cette hypothèse implique que toute

variation de prix résulte d’une variation de la masse monétaire. De ce point de vue, un

accroissement de l’offre de monnaie entraîne une augmentation du niveau général des

prix. L’inflation est ainsi expliquée par une création excessive de monnaie.

En revanche, les keynésiens et les néo-keynésiens soutiennent que la monnaie peut être

utilisée pour doper la production. Ils supposent que, dans une situation de sous-emploi,

une offre plus élevée de monnaie peut relancer l’économie à travers la demande. Même

si cette situation peut créer de l’inflation, elle permet de lutter contre le chômage.

Les néoclassiques, quant à eux, considèrent que la monnaie n’influence pas la sphère

réelle, même à court terme, contrairement aux monétaristes. Pour eux, la hausse non

proportionnelle de la masse monétaire à celle des richesses est la cause de l’inflation.

Dans leur analyse, ils insistent sur le rôle des anticipations d’inflation.

La théorie des anticipations adaptatives stipule que l’inflation dépend de la demande

globale et des anticipations sur les prix. Elle suppose que l’inflation est déterminée par

les prix historiques et donc par la demande excessive précédente. Selon cette théorie, la

demande excessive dépend de la croissance de la masse monétaire. En conséquence, la

croissance monétaire excessive, historique et présente, est la principale cause de

l’inflation. Les partisans de cette théorie écartent entièrement les facteurs liés aux coûts

de production et dans une large mesure les facteurs budgétaires comme source

d’inflation. Ils considèrent que l’impact de ces facteurs sur l’inflation n’est pas durable

et que l’incompatibilité de l’inflation et du chômage est de court terme. Pour eux, à long

terme, la croissance de la masse monétaire n’aura d’impact que sur le taux d’inflation.

Dans le cadre de la théorie des anticipations rationnelles, l’inflation est considérée

comme la conséquence des politiques budgétaires et monétaires inadéquates. La

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dynamique de l’inflation s’arrêterait d’elle-même et les agents économiques

anticiperaient correctement lorsque ces politiques inadéquates cesseront.

En plus des trois courants indiqués ci-dessus, l’approche structuraliste peut être

énumérée. Elle considère que l’inflation est inévitable dans une économie qui connaît

des changements structurels provoqués par la croissance rapide (Olivera (1964), Argy

(1970), Urquidi et Thorp (1973) et Wachter (1976))2. En effet, lorsqu’il y a croissance

économique en situation de plein emploi, le coût du travail augmente rapidement et

l’inflation s’accélère à hauteur de la répercussion par les entreprises de cette hausse des

coûts sur leurs prix. Les causes de l’inflation ne se trouvent donc pas dans les politiques

monétaires ou fiscales mais dans les changements de structures économiques des pays.

Plusieurs études sur l’inflation incorporent d’autres facteurs explicatifs du phénomène.

Il s’agit notamment de la hausse des salaires nominaux, de la variation du taux de

change, de l’inflation passée, de l’inflation mondiale, de l’ouverture économique etc. Par

exemple, une dépréciation de la monnaie nationale peut induire une hausse des prix

par le canal des importations de produits tels que les produits alimentaires et le pétrole.

De même, l’accumulation des réserves de change peut nourrir une augmentation de

l’offre de monnaie (Calvo, 1994)3.

Dans les pays développés, ce sont la rigidité sur le marché du travail, les évolutions du

coût de la main d’œuvre et les prix des actifs financiers qui sont les principales sources

d’inflation (Dlamini et al. 2001). Tandis que dans les pays en développement, ces

facteurs sont moins influents. Dans ces pays, les causes de l’inflation doivent être

recherchées dans les problèmes fondamentaux de développement économique et dans

les caractéristiques structurelles du système de production (Sunkel (1991,1993))4.Les

marchés de biens et de services se caractérisent par une structure monopolistique et

oligopolistique ; les prix des biens sont rigides à la baisse notamment ceux des prix des

biens non alimentaires. Les structures de production dans l’agriculture et le commerce

extérieur ainsi que le secteur étatique sont caractérisés par des rigidités institutionnelles

qui induisent une pression sur les prix et qui se transforment en un processus

inflationniste généralisé par le biais d’autres mécanismes que les structuralistes

qualifient de mécanismes de propagation. Pour les Structuralistes Wachter (1976) et

Mehra (1991), l’offre excessive de monnaie est une condition nécessaire de la hausse des

prix mais pas une condition suffisante.

2Cités par Thouraya Boujelbène Dammak et Younès Boujelbène (2008) 3Cité par Thierry APOTEKER, Stéphane COLLIAC et Andrianasy A. DJISTERA (2008) 4 Cité par Thouraya Boujelbène Dammak et Younès Boujelbène

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A la suite de la littérature théorique, les déterminants de l’inflation ont fait l’objet de

plusieurs travaux empiriques.

I-2 Littérature empirique

Dans le cadre des travaux empiriques sur les déterminants de l’inflation, on peut

remonter aux années 90 pour citer l’étude de Dugay (1994) sur le mécanisme de

transmission de la politique monétaire au Canada. L’auteur utilise un modèle qui décrit

le processus d’ajustement des prix où l’inflation est mesurée par l’IPC hors alimentaire

et énergie – faisant appel à une version relativement simple d’une courbe de Phillips

dotée d’anticipations adaptatives. Le modèle retenu qui intègre plusieurs variables

économiques (taux de change, taux effectif de l’impôt indirect, taux de variation du prix

relatif du pétrole et l’écart de production) parvient à expliquer fidèlement les variations

du taux d’inflation au Canada sur les vingt dernières années. Elle révèle en particulier

qu’un relèvement d’un point de pourcentage des impôts indirects provoque une hausse

de 0,4% du taux d’inflation, sauf si celle-ci est compensée par une augmentation de 0,7

point de pourcentage de l’écart cumulatif entre l’offre et la demande pendant une

année. En outre une dépréciation réelle entraîne une hausse passagère du taux

d’inflation en raison de ses effets secondaires sur les salaires et les anticipations.

Après leur célèbre article de 1999 sur la capacité prévisionnelle de la courbe de Phillips

sur un horizon de 12 mois, en utilisant le taux de chômage et 167 autres indicateurs

économiques, Stock et Watson (2001)5introduisent l’information financière dans les

prévisions de l’inflation aux Etats-Unis. Il s’agit des prix de certains actifs financiers qui

constituent une classe d’indicateurs potentiels de par leurs signes précurseurs : taux

d’intérêt, taux de change, prix des commodités, prix d’actifs côtés en bourse... Ils

concluent que les principales variables explicatives de l’inflation aux Etats-Unis sont les

taux d’intérêts, l’écart des taux (courbe des taux selon la structure des taux par terme),

le rendement des actions, les taux de dividendes et les taux de change. Ces deux auteurs

considèrent des données sur la période 1959 – 1999 provenant de 38 indicateurs de sept

pays développés dont les Etats-Unis, le Canada, la France, et le Japon. A partir de leurs

travaux, ils concluent que les prix des actifs financiers sont utiles pour faire de bonnes

prévisions de l’inflation dans ces pays.

Biau et Sobczak (2001) proposent un modèle de prévision de l’inflation pour la France.

Les variables explicatives retenues dans leurs travaux sont l’inflation importée, la

fiscalité indirecte, et des variables de tension sur les marchés de biens et du travail.

5 Cité par Myriam Moisan

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En traitant des déterminants de l’inflation pour le Burkina Faso, Zonon (2003) utilise un

modèle à correction d’erreur incluant la masse monétaire, les prix extérieurs, le taux de

change, l’écart de production et le revenu par tête. Il conclut que le volume de la

monnaie en circulation a une influence sur l’inflation comme le soutiennent les

monétaristes et qu’à court terme, l’impact de 1% d’augmentation de la masse monétaire

sur l’inflation est similaire à celui du prix des importations. Dans les deux cas,

l’inflation augmente de 0,3%. Il montre, cependant, qu’à long terme, l’impact des prix

des importations sur l’inflation est plus important que celui de la masse monétaire. Les

résultats concluent également qu’une augmentation de 1% du revenu réel entraine une

baisse de 3,91% de l’inflation à court terme et de 2,98% à long terme.

A l’aide d’un modèle à correction d’erreur, Bah et Diallo (2003) montrent que les

principaux déterminants de l’inflation en Guinée sont le taux de change, la masse

monétaire, le taux d’intérêt créditeur et une variable qui capte la période de soudure.

Dans le but d’analyser la dynamique de l’inflation en Guinée, Sylla et alii.(2007)

proposent un modèle VAR qui intègrent plusieurs variables économiques. L’étude

conclut que la production réelle, la masse monétaire, le déficit budgétaire public, le taux

de change et les prix à l’étranger sont les principaux facteurs explicatifs de l’inflation en

Guinée.

En abordant les déterminants de l’inflation, N’diaye et Badji (2008) utilisent un modèle

à correction d’erreur et l’approche par les fonctions de consommation, pour apprécier

l’effet d’un choc sur une fonction de consommation sur le niveau des prix au Sénégal.

Les résultats de l’étude montrent que les fonctions « alimentation », « logement » et

« habillement » seraient celles qui influencent le plus le niveau général des prix à la

consommation. A long terme, une hausse de 10% des fonctions « alimentation »

entrainerait une augmentation de 4,2% du niveau général des Prix à la Consommation

(IHPC). Un accroissement de même ampleur des prix du logement et de l’habillement

entrainerait respectivement une augmentation de 2,1% et de 1% de l’inflation. Dans le

court terme, la vitesse d’ajustement de l’IHPC à la suite d’un choc sur un trimestre

serait de l’ordre 7,7%.

Dembo (2010) propose un modèle de prévision de l’inflation dans les pays de

l’UEMOA. Dans son étude, il a retenu un modèle autorégressif à retards échelonnés

(ARDL), mettant en relation l'inflation avec ses valeurs passées et d'autres variables

explicatives. Il ressort des résultats de l’étude que la valeur future de l'inflation dans les

pays de l'UEMOA dépend essentiellement de ses valeurs passées, de l'inflation

importée et du niveau de la production vivrière. Auparavant, Dembo et Houlpatin

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(2007) évaluèrent le lien entre l’évolution des variables monétaires et l’inflation à

travers un modèle économétrique de type VAR. Ils conclurent que l'inflation dans

l'Union demeure sensible à l'évolution de la masse monétaire. Tandis qu’à l’aide d’un

modèle tiré d’une maquette multisectorielle, Doé et Diallo (1997) montrent que, tant à

court terme qu'à long terme, le principal déterminant de l'inflation dans l'UEMOA est

l'inflation importée.

Dans son livre "Monnaie, change et inflation en Guinée" paru chez Harmattan, Touré

(2010) effectue plusieurs régressions pour tester les causalités entre les facteurs de la

demande (consommations, investissements, exportations), la monnaie, les impôts et

l’inflation en Guinée. Il conclut qu’en dehors des impôts, ces facteurs sont les sources

principales d’inflation en Guinée.

II-Dynamique de quelques agrégats monétaires

Après l'année 2002, les agrégats macroéconomiques de la Guinée ont connu des

évolutions contrastées suite à des facteurs à la fois internes et externes. Dans le domaine

monétaire, l'endettement du Trésor atteint des niveaux insoutenables dans les livres de

la Banque Centrale, à cause notamment de l’absence de concours extérieurs et des

déficits chroniques des finances publiques. En effet, le stock des créances nettes de la

BCRG sur l’Etat passe de GNF 252,5 milliards en décembre 2000 à GNF 3 701,5 milliards

en juin 2012, après avoir atteint GNF 6 455,7 milliards en décembre 2011. Cet

endettement fait exploser la masse monétaire dont le niveau passe de GNF 585,4

milliards à fin décembre 2000 à GNF 11 204,1 milliards à fin juin 2012. La croissance du

financement monétaire du déficit budgétaire de l’Etat affecte également les avoirs

extérieurs nets de la Banque Centrale qui se sont fortement réduits. Il est apparu que

lorsque les avances à l’Etat augmentent, les avoirs extérieurs nets de la BCRG

diminuent. A l’intérieur de la période mars 2003 - décembre 2008, les avoirs extérieurs

nets de la BCRG sont négatifs sur plusieurs mois successifs. Ces périodes correspondent

souvent au moment où la Banque achète une bonne partie des devises au marché

parallèle pour faire face aux dépenses courantes de l'Etat, notamment les paiements de

la dette extérieure. La forte pression de la demande exercée sur le marché des devises

couplée aux incertitudes liées au tarissement des avoirs extérieurs de la BCRG induisent

un rythme de dépréciation considérable du franc guinéen. Le dollar qui s'échangeait en

moyenne à GNF 1 773 en janvier 2000 avait atteint GNF 7 076,7 en décembre 2011

avant de s’établir au tour de GNF 7 000 en juin 2012. L'écart entre le taux de change

officiel et celui du marché parallèle se creuse pour se situer le plus souvent à plus 20%.

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Sur la période d'observation, l’inflation a eu la même tendance que les agrégats

monétaires avec des évolutions comprenant plusieurs phases :

mars 2000 - décembre 2002 où la masse monétaire s’est accrue modérément et

l’inflation est contenue à un chiffre. Cette période correspond au moment où le

stock des créances nettes de la BCRG sur l’Etat sont modestes (GNF 246,3

milliards en moyenne par mois) et conforme aux statuts de la Banque ;

décembre 2003 - mars 2007 avec une accélération du rythme de croissance de la

masse monétaire qui se fixe à GNF 3 552,9 milliards en mars 2007, l’inflation en

glissement annuel culmine en juin 2005 et en mars 2007 à des pics jamais atteints

dans l'histoire monétaire du pays (40,6% et 39,1% respectivement) et le stock des

avances de la BCRG au Trésor progresse de GNF 458,9 milliards à GNF 1 925,9

milliards sur la période ;

mars 2007 - décembre 2009, l’inflation en glissement baisse sensiblement de

36,7% à 7,9%, alors qu'au même moment la masse monétaire progresse de 67,3%

du fait d’une hausse du stock des créances nettes de la BCRG sur l’Etat de 79,1% ;

à partir de 2010, le stock des avances de la BCRG sur le Trésor double pour

passer de GNF 3 448,7 milliards à fin 2009 à GNF 6 455,74 à fin 2010 avant d’être

ramené à GNF 3 701,5 milliards à fin juin 2012, La masse monétaire qui était de

GNF 5 945,1 milliards à fin 2009, s’établie à GNF 10 366,4 milliards à fin 2010,

puis à GNF 11 204,1 milliards à fin juin 2012, soit une hausse de 88,5%.

L’inflation s'accélère de nouveau et se fixe à 23,5% en juin 2011 avant d’amorcer

une tendance à la baisse pour se fixer à 16% en juin 2012, à cause notamment du

ralentissement de la demande mondiale.

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III-Cadre méthodologique

III-1-Spécification du modèle

Le modèle retenu dans cette étude est inspiré des modèles utilisés par Zonon (2003) et

Annick (2008) et adapté pour tenir compte de l’objectif de l’étude.

L’indice harmonisé des prix à la consommation ( , pris en logarithme, est supposé

dépendre des prix des biens échangeables ( et des prix des biens non échangeables

( , tel que traduit dans la relation suivante :

où .

De même, les prix des biens échangeables dépendent à leur tour du taux de change (

et des prix extérieurs ( . En faisant l’hypothèse supplémentaire de la parité de

pouvoir d’achat, ces prix peuvent s’écrire sous la forme suivante :

En outre, le taux de change effectif réel étant fonction du taux de change nominal et de

l’indice des prix des pays partenaires, les prix des biens échangeables peuvent s’écrire

de la façon suivante :

Les prix des biens non échangeables dépendent des conditions d’équilibre du marché

monétaire. Par conséquent, ils sont fonction de l’offre de monnaie ( ) et de la demande

de monnaie ( ).

avec .

L’offre de monnaie dépend de ses contreparties qui sont les avoirs intérieurs nets (

et les avoirs extérieurs nets ( ).

Les avoirs intérieurs nets représentent généralement plus de 70% de la masse

monétaire, ce qui traduit leur importance dans le processus de création monétaire. En

outre, en supposant que l’effet des avoirs extérieurs nets peut être capté par le canal du

taux de change effectif réel, l’offre de monnaie peut s’écrire en fonction des avoirs

intérieurs nets. En prenant en compte le fait que les avoirs intérieurs nets dépendent des

créances nettes de la BCRG sur l’Etat et des créances du système bancaire sur le secteur

privé, on a la relation suivante :

.

Par ailleurs, la demande de monnaie est déterminée en fonction du revenu réel des

agents économiques. A cet effet, elle peut s’écrire :

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Les équations (5), (6) et (7) peuvent être intégrées dans l’équation (4) pour obtenir la

relation suivante :

Toutefois, l’absence de données trimestrielles sur le PIB a conduit à l’exclure dans la

relation (8).

En outre, plusieurs économistes s’accordent à dire que les prix des produits pétroliers

constituent l’un des déterminants importants de l’inflation, notamment dans les pays

non producteurs de pétrole. En Guinée, les hausses significatives du prix du carburant à

la pompe sont généralement suivies par des augmentations des prix des biens à la

consommation. A cet égard, le prix du carburant à la pompe (PCARB) est intégré dans

l’équation (1) en vue d’évaluer son impact sur le niveau général des prix à la

consommation.

La relation (1) devient :

ou encore,

L’équation (10) est équivalente à la relation suivante :

Dans cette relation, le taux de change effectif réel est calculé au certain.

L’impact attendu d’une hausse des créances nettes de la BCRG sur l’Etat, des créances

sur le secteur privé et des prix du carburant à la pompe sur l’indice harmonisé des prix

à la consommation est positif. En effet, une augmentation des créances nettes de la

BCRG sur l’Etat et des créances sur le secteur privé entraîne une augmentation de la

demande globale qui induit, toute chose étant égale par ailleurs, une hausse des prix.

De même, une hausse des prix du carburant à la pompe, par le biais du relèvement des

prix des transports, se traduirait par une hausse supplémentaire des prix.

Par contre, le signe attendu de l’impact d’une augmentation du taux de change effectif

réel sur le niveau général des prix est négatif. Autrement dit, une hausse du taux de

change effectif réel conduit à la baisse des prix des produits importés. Puisque l’indice

des prix des biens importés représente environ 40% du niveau général des prix, cette

situation induit la baisse de l’indice harmonisé des prix à la consommation.

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Dans cette étude, la modélisation retenue est un modèle à correction d’erreur.

L’équation (11) prend ainsi la forme générale suivante :

L’opérateur désigne la variation entre deux dates d’une variable donnée. Le vecteur

est l’ensemble des variables explicatives de l’indice harmonisé des prix à la

consommation. Il est constitué des créances nettes de la BCRG sur l’Etat, des créances

sur le secteur privé, du taux de change effectif réel et du prix du carburant à la pompe.

Le coefficient représente la force de rappel vers l’équilibre de long terme. Il doit être

négatif et significatif. Les coefficients et représentent les coefficients de long terme

du modèle. Les coefficients de court terme sont représentés par et .

La première étape de la modélisation adoptée consiste à procéder aux tests de racine

unitaire des séries pour éviter des régressions fallacieuses. Les tests retenus sont

l’analyse graphique des séries, l’examen de leurs corrélogrammes, les tests de Dickey-

Fuller Augmenté (ADF) et de Phillips et Perron (PP).

Le graphique suivant fait ressortir une tendance globale à la hausse de l’indice

harmonisé des prix à la consommation, des créances nettes de la BCRG sur l’Etat, des

créances sur le secteur privé et du prix du carburant à la pompe ainsi qu’une tendance à

la baisse du taux de change effectif réel.

En outre, les corrélogrammes indiquent que les autocorrélations de toutes les séries

examinées sont significatives et décroissantes. Cela laisse présager le caractère non

stationnaire des variables.

Graphique 1: Evolution de quelques indicateurs macroéconomiques

Source : Calculs des auteurs à partir des données de la BCRG et de l’INS

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Les résultats des tests de Dickey-Fuller Augmenté et de Phillips et Perron présentés

dans le tableau ci-dessus concluent que toutes les séries sont intégrées d’ordre 1 au seuil

de 5%.

Tableau 1 : Résultats des tests de stationnarité

Variables

En niveau En différence première

ADF PP ADF PP

LIHPC -3,425 -2,038 -5,500* -5,532*

(-3,548) (-3,518) (-2.933) (-2.933) LCRBCRG -3,130 -3,195 -7,346* -8,522* (-3,518) (-3,518) (-3,521) (-3,521) LCRSPRIV -2,835 -2,170 -5,468* -5,545* (-3,530) (-3,530) (-2,939) (-2,939) LPCARB -2,394 -2,474 -6,131* -6,131*

(-3,518) (-3,518) (-1,612) (-1,949) LTCER -0,981 -1,064 -7,714* -7,630*

(-1,949) (-1,949) (-1,949) (-1,612)

Note : Les nombres entre parenthèses sont les valeurs critiques à 5%. * indique le rejet de l’hypothèse nulle à ce seuil.

Source : Calculs des auteurs à partir des données de la BCRG et de l’INS

Toutes les variables étant intégrées d’ordre (1), il convient de s’assurer de l’existence

d’au moins une relation de cointégration entre les séries. Pour tester la cointégration, la

méthode multivariée de Johansen est utilisée. Selon la statistique de la trace, il existe

une seule relation de cointégration entre les quatre variables au seuil de 5%. Le modèle

à correction d’erreur est ainsi utilisé pour déterminer les effets à court et long termes

des variables explicatives sur l’indice harmonisé des prix à la consommation. Ces effets

sont estimés ici par la méthode de maximum de vraisemblance.

La procédure de Johansen repose notamment sur l’hypothèse selon laquelle les termes

d’erreurs suivent des processus gaussiens, de moyenne nulle et de variance constante.

Les tests diagnostics sur les résidus montrent que la spécification retenue est

globalement satisfaisante. En effet, le test du multiplicateur de Lagrange de Breusch-

Godfrey indique que les résidus ne sont pas autocorrélés au seuil de 5%. Ce résultat est

confirmé par le test de Ljung-Box. Le test de White permet de conclure que les résidus

sont homoscédastiques au seuil de 5%. De même, le test de Jarque-Bera montre que les

résidus d’estimation sont normaux et le test de Ramsey ne rejette pas l’hypothèse de

stabilité des paramètres.

En outre, le coefficient du terme de correction d’erreur (force de rappel, -0,244) est

négatif et significatif au seuil de 5% et son module est inférieur à 1. Ce qui permet de

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conclure que la relation de long terme est stable, autrement dit un choc à court terme

s’ajuste à long terme. Ces résultats conduisent ainsi à accepter l’existence d’un

mécanisme à correction d’erreur.

III-2-Données

Les données utilisées dans cette étude sont les données trimestrielles de l’indice

harmonisé des prix à la consommation (IHPC), les créances nettes de la BCRG sur l’Etat,

les créances sur le secteur privé, le taux de change effectif réel et le prix du carburant à

la pompe. Elles proviennent de la BCRG et de l’Institut National de la Statistique (INS)

et couvrent la période de mars 2000 à juin 2012. L’IHPC pris en compte est celui des fins

de périodes des trimestres considérés. De même, les créances nettes de la BCRG sur

l’Etat, les créances sur le secteur privé et le prix du carburant sont des données de fin de

périodes.

III-3-Interprétation des résultats de l’estimation

Le coefficient associé à la force de rappel indique que 24,4% du déséquilibre entre

l’indice harmonisé des prix à la consommation à court et à long termes se corrige au

cours du trimestre suivant. Autrement dit, 24,4% des effets d’un choc intervenu durant

un trimestre donné sont résorbés au cours du trimestre qui suit. Avec ce niveau, toute

chose étant égale par ailleurs, il faut environ un délai de 4,2 trimestres ou plus

largement dans 5 trimestres, pour que soit résorbé entièrement l’effet d’un choc observé

sur l’IHPC au cours d’un trimestre.

L’analyse des résultats fait également ressortir qu’à long terme les créances nettes de la

Banque Centrale sur le Trésor public influencent positivement et significativement le

niveau général des prix à la consommation au seuil de 5%. Une augmentation d’un

point de pourcentage de ces créances entraine une hausse de 0,22 point de pourcentage

de l’indice harmonisé des prix à la consommation. Par contre, leur impact à court terme

n’est pas significatif. Une piste d’explication serait le fait qu’une bonne partie des

créances de la BCRG sur le Trésor public est destinée au paiement des fournisseurs de

l’Etat et aux remboursements des bons du Trésor. En effet, l’Etat s’endette le plus

souvent auprès de la BCRG pour payer ses fournisseurs et rembourser sa dette envers le

système bancaire privé et les compagnies d’assurance. A court terme, les montants sont

payés par chèque ou virement de comptes à comptes, ce qui peut limiter l’effet de ces

créances sur le niveau des prix.

Les résultats indiquent en revanche que les créances sur le secteur privé n’affectent pas

significativement l’inflation à court et à long termes. Ces résultats peuvent s’expliquer

par le fait que les crédits accordés par les banques au secteur privé sont insuffisants par

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rapport à la demande, de telle sorte que la quantité de crédits octroyés n’est pas

inflationniste.

L’effet du taux de change effectif réel sur l’IHPC est négatif et significatif à court et à

long termes au seuil de 5%. En effet, à court terme, une progression de 1% du taux de

change effectif réel entraîne une baisse de 0,12 point de pourcentage de l’IHPC durant le

deuxième trimestre suivant. A long terme, une hausse de 1 point de pourcentage du

taux de change effectif réel induit une baisse de 0,13 point de pourcentage de l’IHPC.

Par ailleurs, il ressort que l’effet du prix du carburant à la pompe n’est pas significatif à

court terme dans le modèle retenu. Ce résultat peut s’expliquer par le décalage entre les

annonces des augmentations et le moment où les entreprises répercutent les

augmentations dans leurs prix à la consommation. Il serait également dû à l’écoulement

dans un premier temps des stocks des entreprises et aux mesures d’accompagnement

de la hausse du prix du carburant, notamment les subventions sur certains produits de

première nécessité. Cependant, il apparaît significatif et positif dans la dynamique de

long terme. Une hausse de 10 points de pourcentage du prix du carburant à la pompe se

traduit par une augmentation d’environ 4,2 points de pourcentage de l’IHPC à long

terme (au seuil de 5%).

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Tableau 2 : Résultats de l’estimation

Paramètres estimés

Relation de long terme

LCRBCRG 0,22 (7,79) LCRSPRIV 0,12 (1,74) LTCER -0,13 (-2,23) LPCARB 0,42 6,19 Constante 0,16

Coefficient de correction d’erreur -0.22

Relation de court terme D(LIHPC(-1)) -0.06 -0.28 D(LIHPC(-2)) -0.13 -0.60 D(LCRBCRG(-1)) -0.04 -1.75 D(LCRBCRG(-2)) -0.03 -1.14 D(LCRSPRIV (-1)) -0.03 -0.49 D(LCRSPRIV (-2)) -0.04 -0.63 D(LTCER(-1)) 0.00 0.09 D(LTCER(-2)) -0.12 -2.65 D(LPCARB (-1)) -0.02 -0.35 D(LPCARB (-2)) -0.05 -1.10 Constante 0.06

R2 4.15 Nombre d’observations 47

Source : Calculs des auteurs à partir des données de la BCRG et de l’INS

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Conclusions et recommandations

L’objectif de cette étude a été d’identifier les déterminants de l’inflation en Guinée. Il

ressort de l’analyse des résultats que l’effet d’un choc sur l’inflation n’est pas transitoire

et s’estompe au bout de 4 trimestres et demi.

Les résultats indiquent qu’à long terme, les créances nettes de la BCRG sur le Trésor, le

taux de change effectif réel et le prix du carburant à la pompe influencent

significativement l’inflation. Une augmentation d’un point de pourcentage des créances

nettes de la BCRG entraine à long terme une hausse de 0,22 point de pourcentage de

l’indice harmonisé des prix à la consommation. De même, une hausse de 1 point de

pourcentage du prix du carburant à la pompe se traduit par une augmentation

d’environ 0,42 point de pourcentage de l’IHPC à long terme (au seuil de 5%). Par

contre, une hausse de 1 point de pourcentage du taux de change effectif réel induit à

long terme une baisse de 0,13 point de pourcentage de l’IHPC, traduisant ainsi le poids

important des biens importés dans la consommation des ménages.

A court terme, seul le taux de change effectif réel a un impact significatif sur le niveau

des prix. Une progression de 1% du taux de change effectif réel entraîne une baisse de

0,12 point de pourcentage de l’IHPC durant le deuxième trimestre suivant.

Enfin, les résultats montrent que les créances sur le secteur privé n’affectent pas de

façon significative l’inflation à court et à long termes, ce qui peut s’expliquer par

l’insuffisance des crédits accordés par les banques au secteur privé par rapport à sa

demande.

Au vu de ces résultats, la Banque Centrale devra poursuivre la rigueur dans la mise en

œuvre de la politique monétaire en redynamisant ses instruments de marché et en

renforçant son indépendance vis-à-vis des autorités publiques.

Quant au Gouvernement, il devra continuer à renforcer la gestion des finances

publiques, notamment en rationalisant les dépenses, en mobilisant plus de ressources et

en fonctionnant sur base caisse. Il apparaît également nécessaire de consolider les

réserves de change de la Banque Centrale, en vue de lui permettre de poursuivre ses

interventions sur le marché interbancaire des changes.

Des efforts devront aussi être conjugués pour rendre le prix du carburant stable aussi

longtemps que possible, en faisant une réforme de la fiscalité et en diversifiant les

sources d’approvisionnement.

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Par ailleurs, les banques commerciales devront être encouragées à octroyer plus de

crédits aux secteurs porteurs de croissance afin d’élever le niveau de la production et de

réduire le niveau des prix.

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