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PARIS 1,15¤ DIMANCHE 7 FÉVRIER 2010 www.leparisien.fr N°-1 jaune noir ILE-DE-FRANCE 1,20 N° 20345 BIS DIMANCHE 7 FÉVRIER 2010 www.leparisien.fr Publicité L’escroq u erie à 1 milliard d ’eu ros IMMOBILIER. Plus de deux mille personnes à travers la France auraient été victimes de la société Apollonia. Celle-ci leur proposait d’acheter des appartements pour obtenir des avantages fiscaux. Mais l’opération s’est révélée une gigantesque arnaque et la justice s’intéresse désormais au rôle de plusieurs banques. PAGES 2 ET 3 En s’inclinant (3-0) hier au Parc des Princes contre Lorient, le PSG a subi sa quatrième défaite d’affilée. Les hommes de Kombouaré ont livré un piètre spectacle devant des supporteurs particulièrement remontés. PAGES 14 ET 15 Le PSG touche le fond Le PSG touche le fond L’appel d’une mère qui va mourir PAGE 8 (AFP/ALAIN JOCARD.) POLITIQUE Marine Le Pen en campagne PAGE 4 RUGBY/SIX NATIONS Les Bleus à la conquête de l’Ecosse PAGES 18 ET 19 TECHNOLOGIE Les nouveaux robots sont parmi nous PAGES 6 ET 7 (DR.) (PHOTOPQR/« LA VOIX DU NORD ».) (LP/JEAN-BAPTISTE QUENTIN.) IDF upbybg

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Page 1: DIMANCHE7FÉVRIER2010 N°-1 L’escroquerie àDIMANCHE 7 ...€¦ · Paris. Une cellule qui, dans un cour-rierd’avril2009,s’inquiétaitdes«ap-pels alarmants » émanant de plu-sieurs

PARIS

1,15¤

DIMANCHE 7 FÉVRIER 2010 www.leparisien.fr N°-1

jaune noir

ILE-DE-FRANCE

1,20 €

N° 20345 BISDIMANCHE 7 FÉVRIER 2010 www.leparisien.fr Publicité

L’escroq u erie à1 milliard d ’eu rosIMMOBILIER. Plus de deux mille personnes à travers la France auraient été victimes de la société Apollonia. Celle-ci leur proposait d’acheter des appartements pour obtenir des avantages fiscaux. Mais l’opération s’est révélée une gigantesque arnaque et la justice s’intéresse désormais au rôle de plusieurs banques. PAGES 2 ET 3

En s’inclinant (3-0) hier au Parc des Princes contre Lorient, le PSG a subi sa quatrième défaite d’affilée. Les hommes de Kombouaré ont livré un piètre spectacle devant des supporteurs particulièrement remontés. PAGES 14 ET 15

Le PSG touche le fondLe PSG touche le fond

L’appel d’une mère qui va mourirPAGE 8(A

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POLITIQUE

Marine Le Penen campagne PAGE 4

RUGBY/SIX NATIONS

Les Bleusà la conquêtede l’Ecosse PAGES 18 ET 19

TECHNOLOGIE

Les nouveauxrobotssontparminous PAGES 6 ET 7

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02 LE FAIT DU JOUR DIMANCHE 7 FÉVRIER 2010

roviseur à la retraite, ClaudeMichel est un homme d’appa-P rence jovial avec une pointe

d’accent méridional. Mais, lorsqu’ilplonge dans la poche de sa veste,c’est pour en sortir un médicamentcontre les douleurs d’estomac. De-puis des années, l’affaire Apolloniaaccapare son quotidien.

Comment, en 2003, avez-vousinvesti dans l’immobiliervia la société Apollonia ?CLAUDE MICHEL. Les commer-ciaux qui m’ont contacté ont appli-qué le même schéma qu’avec tousles autres. Je me souviens de cer-taines phrases : « Vous ne déboursezpas un centime », « On s’occupe detout ». J’étais impressionné par leursérieux. Je me souviens même que lejour où ils m’ont appelé pour me dire« Nous avons une bonne nouvelle,votre dossier est accepté », je me suisdit que j’avais gagné le gros lot. Au-jourd’hui, il me manque 85 000 �

par an pour rembourser mes dettes.

Pourquoi avoir fondéune association de victimes ?Quand vous vous rendez compte del’arnaque, vous êtes détruit. Vousvous dites que vous êtes un pigeon,un idiot. Je me suis aperçu qu’il yavait beaucoup d’autres pigeons. Ons’est rassemblés, pour lutter et dépo-

errière l’affaire Apollonia et lesinvestigations visant les fonda-D teurs de la société, les notaires

et certaines banques présuméescomplices, se trouvent de très nom-breuses victimes. Elles sont au-jourd’hui évaluées à plus de 2 000.Mais au-delà du chiffre se cachentbien souvent des drames parfois irré-parables. « Des tragédies absolues »,comme le répètent les différentsmembres de l’association des vic-times d’Apollonia, qui s’est consti-tuée en 2007 pour regrouper toutesles plaintes dispersées aux quatrecoins de la France.

A tel point que l’association a mis enplace une cellule d’aide et d’écoutevia l’Institut d’accompagnement psy-chologique et de ressources (IAPR) àParis. Une cellule qui, dans un cour-rier d’avril 2009, s’inquiétait des « ap-pels alarmants » émanant de plu-sieurs victimes. Voici quelquesexemples relayés par l’associationdes victimes.

� Il rouvre un cabinet dentaire à70 ans. Lorsqu’il a investi dans leprojet proposé par Apollonia, cedentiste de la Côte d’Azur comptaits’assurer un complément de retraite.Il espérait aussi laisser un patri-moine à ses enfants. Aujourd’hui, il a

n leur a vendu la « bonneaffaire », le « placement depère de famille ». Ils sontaujourd’hui ruinés et en-O dettés sur plusieurs géné-

rations. « Ils », ce sont les victimes del’affaire Apollonia, une gigantesquearnaque au placement immobilierévaluée à 1 milliard d’euros que sonten train de décortiquer deux jugesd’instruction marseillais. Le principeétait séduisant : proposer aux clientsde capitaliser pour leur retraite enleur faisant acheter des biens immo-biliers neufs qui s’autofinançaientpar l’argent des loyers. Le tout en dé-fiscalisant.

La complicité des banques

« Ce n’est pas une escroquerie tradi-tionnelle, c’est un système organisé,une machine créée dans le but d’en-detter les gens avec, au bout, des per-sonnes peu scrupuleuses qui se fontde l’argent sur le dos des investis-seurs » , prévient d ’embléeMe Jacques Gobert, l’avocat qui dé-fend l’association des victimes. « Desfamilles sont plongées dans des tra-gédies absolues », souffle-t-il.L’an dernier, les enquêteurs de la po-lice judiciaire de Marseille se sont at-

� 2 000 victimes. Selon leséléments du dossier d’instructionet l’association des victimesd’Apollonia, environ2 000 personnes auraient étévictimes de l’arnaque auxplacements immobiliers.� 1 milliard d’euros. C’est lemontant estimé de l’escroquerie.� 90 % de professions libéralesauraient été victimes del’escroquerie : des dentistes, desmédecins, des chercheurs répartisdans toute la France.� 3 millions d’euros. Tel estl’endettement moyen desinvestisseurs qui auraient étéabusés par Apollonia. Beaucoupont tout perdu, tout vendu, mais ilreste toujours les traites à payer.� Trois notaires desBouches-du-Rhône sont mis enexamen depuis la mi-janvier pourleur participation présumée àl’escroquerie. Ils sont soupçonnésd’avoir joué les « hommes deconfiance » auprès desinvestisseurs et des banques.

LE FAIT DU JOUR02 DIMANCHE 7 FÉVRIER 2010LE FAIT DU JOUR

« L’argent de toute une vie s’est envolé »CLAUDE MICHEL� 63 ans, président de l’association des victimes d’Apollonia

des banques. Tout le monde s’est dit :c’est sérieux, c’est carré.Comment vit-onavec de telles dettes ?C’est écrasant. On ne pense qu’à ça,le jour, la nuit. Beaucoup ont vécul’humiliation des saisies par deshuissiers. D’autres ont vendu tousleurs biens, nous sommes tous fi-chés à la Banque de France. Pourbeaucoup, c’est l’argent de toute unevie de travail qui s’est envolé.

PROPOS RECUEILL IS PAR DA.D .

De nombreusesvictimes sous le choc

Apollonia : une arnaque detaqués au premier cercle de l’ar-naque, des investigations qui ontabouti aux mises en examen de JeanBadache, l’homme fort d’Apollonia,ses proches ainsi que des commer-ciaux de la société. Mais la procé-dure s’est accélérée ces dernières se-maines. Trois notaires desBouches-du-Rhône ont à leur tourété mis en examen et incarcéré auxBaumettes. L’enquête ne va pas s’ar-rêter là.Avec les policiers de Marseille, lesenquêteurs de la Division nationaledes investigations financières(DNIF) — cosaisis du dossier — s’in-téressent au comportement de plu-sieurs banques, notamment le Cré-dit mutuel, le Crédit agricole et leCrédit immobilier de France. « Leurresponsabilité est engagée », assèneMe Jacques Gobert. Des banquesqui auraient prêté des millions d’eu-ros dans des conditions souvent obs-cures et au mépris parfois des règlesles plus élémentaires de la profes-sion. Deux juges marseillais décide-ront bientôt si l’affaire Apolloniapeut se transformer en scandalebancaire.

DAMIEN DELSENY

ENQUÊTE. Des notaires, mais aussi de grandes banques sont mis en cause dans une gigantesque escroquerieau placement immobilier. De nouvelles mises en examen sont attendues dans les prochaines semaines.

CLÉS

L’ACTU pages 2 à 11. 24 HEURES EN ILE-DE-FRANCE pages 12 et 13. LE SPORT pages 14 à 22. LE SPORT HIPPIQUEpages 23 à 26. MÉTÉO page 27. MON DIMANCHE pages 28 à 38. JEUX, LOTO, KENO, OXO, EURO MILLIONS page 39.

ser plainte bien sûr, mais aussi parceque cela nous permet d’échanger, dese remonter le moral. Certainsd’entre nous sont endettés à hauteurde 200 000 � par an. Chacund’entre nous a besoin de se sentiraidé.En voulez-vousaux responsables d’Apollonia ?Evidemment, mais pas seulement.Toutes les victimes sont tombéesdans le panneau parce que derrièreApollonia il y avait des notaires et

PARIS, LE 25 JANVIER. Claude Michel, une des victimes, a créé une associationpour lutter et porter plainte contre Apollonia. (LP/OLIVIER LEJEUNE.)["Quand vous vous

rendez comptede l’arnaque,vous êtes détruit

dû interrompre cette retraite pour seremettre au travail. Etranglé par lesdettes, ce praticien de 70 ans amême dû emprunter à nouveau del’argent à ses enfants afin de financerla réouverture d’un cabinet dentaireet le rachat du matériel nécessaire.

� Sa maison hypothéquée, elletente de se suicider. Un couple dechercheurs victimes d’Apollonia voitun beau jour débouler un huissier àson domicile. Ils découvrent alorsqu’une d’hypothèque a été lancéesur leur habitation principale, à lademande expresse d’une banque. In-quiets, l’homme et la femme se ren-dent chez leur avocat pour tenter decomprendre ce qui se passe.Confrontée à une incompréhensiontotale, en sortant du cabinet de l’avo-cat, la femme tente de mettre fin àses jours en se jetant sous un ca-mion. Fort heureusement, son mariévite le pire en la retenant au derniermoment.

�Malaise cardiaque devant l’huis-sier. Le dossier figure en bonneplace sur la pile des victimes d’Appo-lonia. Il concerne un homme d’unpeu plus de 40 ans, médecin, connupour pratiquer régulièrement des ac-tivités sportives et, selon son dossier,il « n’a jamais fumé ». Un jour, unhuissier se présente chez lui pour luisignifier les conséquences de ces in-vestissements via Appolonia. Il faitun malaise cardiaque soudain, sousl’effet du stress. « Aujourd’hui, il estinvalide à 44 ans », souffle unmembre de l’association.

DA.D .

[La celluled’aide et d’écoutes’inquiète d’appelsalarmants

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DIMANCHE 7 FÉVRIER 2010 LE FAIT DU JOUR 03

e système mis en place autourde la société de placements im-Lmobiliers Apollonia reposait

sur son fondateur, ses commerciaux,les notaires et les banques. Voici lesprincipaux mécanismes et acteursde l’escroquerie mise au jour parl’enquête judiciaire.

1 Le principegénéral

Des commerciaux prennent contactavec des clients en leur proposantd’investir dans des projets immobi-liers neufs aux quatre coins de laFrance. Les clients doivent acheterdes appartements en empruntant del’argent aux banques. En contrepar-tie, on leur garantit que les revenuslocatifs de ces appartements couvri-ront le remboursement de leur prêt.Mais entre des prêts faramineux etdes appartements surévalués au mo-ment de leur construction, les inves-tisseurs se sont tous retrouvés avecdes mensualités dépassant très lar-gement les revenus procurés par lesloyers. Résultat, un endettementmoyen de 3 millions d’euros parclient.

2 Le rôle de lafamille Badache

La maison mère de l’escroquerie estune société familiale. Apollonia, so-ciété de conseil immobilier et finan-cier, était en effet dirigée par Jean Ba-dache et sa femme Viviane. Leur filsBenjamin était officiellement lePDG de la structure. Lors de sa miseen examen il a expliqué qu’Appolo-nia avait un rôle d’« agence immobi-lière ».

’affaire Apollonia pourrait biendéboucher sur un nouveauL scandale bancaire. L’enquête

menée depuis plusieurs mois surcette société de placements immobi-liers a révélé des bizarreries qui sus-citent la curiosité de la justice. Dansle collimateur des magistrats figurentnotamment le Crédit mutuel, le Cré-dit agricole et le Crédit immobilierde France. Dans les prochaines se-maines, plusieurs hauts respon-sables de ces banques devraient de-voir fournir des explications sur leursrelations avec Apollonia.

Comment se fait-il par exemple queces banques aient validé, sans faire lamoindre difficulté, des demandes deprêts dépassant souvent le milliond’euros ceci sans jamais rencontrerphysiquement l’emprunteur ?La pratique exige que toute offre deprêt soit envoyée par courrier par labanque directement à l’emprunteurqui doit ensuite l’examiner avant dela renvoyer dûment signée en res-

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03DIMANCHE 7 FÉVRIER 2010 LE FAIT DU JOUR

plus d’un milliard d’euros

Les mécanismeset les acteurs de l’escroquerie

notaire qui arrivait en retard. Avec lerecul, on se dit que tout ça devait êtreprogrammé », relate aujourd’hui unevictime.

4 Des notairespeu scrupuleux

Les commerciaux d’Apollonia n’au-raient sans doute pas pu escroquerdes milliers de personnes. Des no-taires pas trop regardants sur la léga-lité de leurs actions étaient néces-saires. Trois sont actuellement misen examen et incarcérés.Selon le dossier d’instruction : cer-tains actes ont été rédigés et signésdans un hôtel parisien, à l’aéroportde Toulouse, dans une cafétéria deTarbes ou, pire, dans une chambred’hôpital de Briançon. Sauf que toutacte notarié doit être signé dansl’étude d’un notaire « aux heuresd’ouverture ».En garde à vue, un notaire a étéconfronté à un acte signé de sa mainsoi-disant rédigé dans son étuded’Aix-en-Provence. Or, le client, mé-decin, se trouvait ce jour-là à Paris.Après avoir nié, le notaire a dûavouer. Selon un proche de l’en-quête, les notaires auraient empochédes millions d’euros en participantau système Apollonia. Les avocatsdes trois notaires mis en examen dé-noncent de leur côté leur placementen détention et ont déjà demandéleur remise en liberté.

DAMIEN DELSENY

Un « manuel de l’embrouille »ans les années 1990, les policiers qui travaillaient sur les affairespolitico-financières dans l’Essonne avaient découvert un « manuel deD corruption ». Cette fois, dans le dossier Apollonia, les enquêteurs ont

débusqué ce qu’ils appellent le « manuel de l’embrouille ».Il s’agit de documents internes à la société Apollonia, qui fournissent desinstructions précises aux commerciaux. Outre des consignes générales sur lamarche à suivre, figurent des réponses toutes faites à apporter aux clientset les attitudes à adopter en fonction des situations. « L’un des objectifs quiétaient assignés aux commerciaux était de créer de la frustration chez lesclients qui hésitaient en leur disant par exemple : Vous allez passer à côtéd’une bonne affaire », relate un proche du dossier. DA.D.

Des banques dansle collimateur de la justice

La famille Badache aime l’immobi-lier. Témoins, leur chalet dans la trèschic station helvète de Crans-Mon-tana, évalué à 7 millions d’euros, etun riad à Marrakech au Maroc, sansoublier la demeure familiale de Cas-sis (Bouches-du-Rhône) où ils viventtoujours : 1 300 m2 habitables dansune villa de luxe équipée d’une piècesecrète, façon bunker. Aujourd’hui,la justice s’intéresse à ces biens fami-liaux et a bloqué les comptes ban-caires des Badache en Suisse.

3 Des commerciauxefficaces

Lorsque Apollonia démarre en1999, les commerciaux ne propo-sent « que » l’achat de trois ou quatrebiens immobiliers, mais très viteleurs offres sont plus importantes.« Ils étaient parfaitement rompus àl’exercice, se souvient une victime.Un premier contact était pris par té-léphone. Ils parlaient de capitalisa-tion pour la retraite et de défiscalisa-tion. Ils insistaient si vous refusiez. »Lors du premier rendez-vous, lecommercial exhibe sa voiture, sou-vent une berline de luxe. Une fois leclient ferré grâce au « manuel del’embrouille » (lire encadré), la ma-chine peut se mettre en place.Les commerciaux répètent souventla même phrase : « Ne vous en faitespas, on s’occupe de tout. » A tel pointque certains iront jusqu’à falsifier desrelevés de comptes bancaires trans-mis par leurs clients à destinationdes banques prêteuses. Le jour de lasignature avec le notaire, il y avaitsouvent un ultime numéro de prévu :« Les gens d’Apollonia faisaient vrai-ment très sérieux, jusqu’à tancer le

pectant un délai de réflexion de onzejours, le tout dans l’enveloppe four-nie par la banque.L’enquête judiciaire tend à prouverque des dizaines d’offres de prêts onttransité par Apollonia qui les remet-tait ensuite à l’emprunteur avant deles réexpédier aux banques. Preuvede cette manipulation : l’essentieldes enveloppes contenant les formu-laires de prêts signés était posté de-puis Marseille par Apollonia.La tactique d’Apollonia, basée sur le« on s’occupe de tout », permettaitsurtout de laisser le moins de lati-tude possible à l’emprunteur pourexaminer dans le détail le prêt qu’ilallait consentir. Les enquêteurs ontainsi saisi des piles de demandes at-testant que des dates ont été rajou-tées par d’autres mains que cellesdes emprunteurs. « Les banques nepeuvent pas se défendre en estimantqu’elles ont été flouées. Elles ontprofité du système », estime unesource proche de l’enquête. « N’ou-blions pas que cette affaire est uneboucle : les banques prêtent de l’ar-gent pour que des gens investissentdans des projets immobiliers dontles promoteurs sont des filiales deces mêmes banques. » DA.D .

"Elles ont profité

du systèmeUNE SOURCE PROCHE DE L’ENQUÊTE

LOGNES (SEINE-ET-MARNE), HIER. Apollonia proposait aux clients d’investir dans des projetsimmobiliers comme celui-ci en empruntant de l’argent aux banques. En contrepartie,la société garantissait que les loyers couvriraient le remboursement du prêt. (LP/A. JOURNOIS.)