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Charles Diehl 1859 – 1944 L’ART RUSSE AVANT PIERRE LE GRAND Compte-rendu de l’ouvrage de Louis Réau 1923 Article paru dans le Journal des savants, année 21, 1923. LA BIBLIOTHÈQUE RUSSE ET SLAVE LITTÉRATURE RUSSE

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  • Charles Diehl1859 1944

    LART RUSSE AVANT PIERRE LE GRANDCompte-rendu de louvrage de Louis Rau

    1923

    Article paru dans le Journal des savants, anne 21, 1923.

    LA BIBLIOTHQUE RUSSE ET SLAVE LITTRATURE RUSSE

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    Rau, LArt russe, des origines Pierre le Grand. Un vol. in-8, 387 p., 104planches hors texte. Paris, Laurens, 1921.

    Lhistoire de lart russe est peu connue en France. Le seulouvrage densemble qui, avant le rcent livre de M. Rau,ait t crit en franais sur ce sujet, celui de Viollet-le-Duc,est assez ancien dj il date de 1877 et, malgr lintrtquil offre, il est gt par un dfaut grave : cest un livre thse, o le dsir de ramener la Russie aux traditions anti-ques de son art national, a amen lauteur fausser, plusou moins inconsciemment, le caractre vritable de cet art.Par ailleurs, les dcouvertes nombreuses de monumentsfaites en Russie depuis quelque vingt ans, les travaux im-portants et souvent remarquables que, durant la mme p-riode, les savants russes ont consacrs aux antiquits deleur pays, la cration de muses dart russe, tels que la ga-lerie Tretiakov, Moscou, ou le muse Alexandre-III, P-trograd, la formation de riches collections prives, particu-lirement consacres lart russe, telles que la collectionOstrooukhov, Moscou, ont en quelque manire renouve-l, par lapport ltude de matriaux jusqualors inconnus,lhistoire de lart russe. Il suffira de rappeler ici, titredexemple, comment la remise au jour de vastes ensemblesde fresques novgorodiennes ou moscovites a modifi radi-calement les ides jusque-l admises sur lancienne pein-ture russe, comment la dcouverte et ltude si longtemps

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    nglige des icones a t, comme la dit justement M. Rau, un des vnements les plus importants que lhistoire delart ait enregistrs dans ces dernires annes (p. 8).Le livre de M. Rau, LArt russe, des origines Pierre le

    Grand, vient donc tout fait propos pour nous rvlerlhistoire dun art peu prs inconnu en Occident. Plus quepersonne, M. Rau tait qualifi pour crire ce livre. Unlong sjour en Russie, o il fut le premier directeur delInstitut franais de Ptrograd, lui a permis dtudier surplace la plupart des monuments quil avait nous prsen-ter. Grce sa connaissance de la langue russe, il a pu,pour la premire fois, utiliser et faire connatre au lecteurfranais les travaux nombreux que les savants russes ontconsacrs ltude de leur art national. Par la sret et lanouveaut de linformation, louvrage de M. Rau est donctout fait digne dattention ; il ne lest pas moins par lesqualits de la mthode, par lintrt de la prsentation, parla richesse et le choix heureux de lillustration. M. Rau asu faire sentir, fort heureusement, la pittoresque varitdes uvres de lart russe : il a su, par une attentive et mi-nutieuse enqute, en dgager les caractres significatifs, et,entre tant dinfluences diverses qui ont contribu le for-mer, dmler ce quil y a en lui doriginal et de spcifique-ment national. Sur plus dun point, on le verra, les conclu-sions de M. Rau diffrent des ides gnralement admi-ses : et ce nest pas le moindre intrt de son livre, que lafaon trs personnelle dont il a su rsoudre les problmesdlicats quil rencontrait sur sa route. Par tout cela,louvrage de M. Rau, est fort intressant, et prcieux da-

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    vantage encore par tout ce quil nous apprend1. Lauteurvient de le complter par un second volume consacr lhistoire de LArt russe, de Pierre le Grand nos jours2. Onse bornera, dans le prsent article, lanalyse du premierde ces deux ouvrages.

    I

    On sest demand souvent sil y a vraiment un art russe,et si cet art nest pas plutt, dans sa priode ancienne, unreflet de lart byzantin, et dans sa priode moderne, un re-flet de lart franais. Il est certain que, dans peu de pays, onconstate une aussi grande proportion de matres trangers,que peu darts ont subi plus fortement linfluence des civi-lisations trangres. Cest Byzance qui, la fin du Ve sicle,a apport la Russie, avec la foi chrtienne, les premierslments dducation artistique : des architectes grecs ontbti, des peintres grecs ont dcor, depuis la fin du Xe siclejusquau dbut du XVe sicle, les glises de Kief, de Vladi-mir, de Novgorod, et au-dessus des remparts du Kreml deMoscou se dressent encore, la fin du XVe sicle et laubedu XVIe, les coupoles dor empruntes aux modles byzan-tins. LOccident, dautre part, a de bonne heure fait sentirson action dans la Russie lointaine. Ds le XIIe sicle, lesmarchands de Novgorod entretenaient des relations decommerce aussi bien avec Constantinople quavec les villes

    1 Il convient de signaler, entre autres services que rend ce livre, la biblio-

    graphie abondante et prcise quon y trouve, et le prcieux lexiquedarchologie et diconographie russe qui laccompagne.

    2 Paris, 1922, I vol. in-8, 291 pages, 72 planches hors texte.

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    de la Ligue hansatique, et les influences germaniques semlaient, dans lart novgorodien, linfluence puissante deByzance. Plus tard, les matres italiens levrent les cath-drales, les palais et les tours de ce Kreml de Moscou, otant de voyageurs mal informs se plaisent admirer lechef-duvre de lart russo-asiatique. Cest par lUkraine,qui lavait reu de la Pologne, que le style baroque italiensest introduit dans les glises moscovites de la fin du XVIIe

    sicle, et partir de Pierre le Grand enfin, les influencestrangres semblent devenir absolument prpondrantes.Cest des architectes italiens et franais que Saint-Ptersbourg doit les plus beaux de ses monuments : le Pa-lais dhiver et le Palais de marbre, lAcadmie des Beaux-Arts et la cathdrale Saint-Isaac ; et la plus remarquabledes uvres de sculpture que renferme la capitale russe, lastatue questre de Pierre le Grand, est due au ciseau deFalconet. Au XVIIIe sicle, les peintres trangers affluentaux bords de la Nva : Tocqu, Le Prince, Roslin, Madasne,Vige-Lebrun, bien dautres ; beaucoup de peintres russesdu XIXe sicle sont dorigine incontestablement trangre,et vers le mme temps, Moscou comme Ptersbourg,des architectes allemands btissent le Grand Palais duKreml et le muse de lErmitage.Il semble donc quil reste bien peu de chose inscrire

    lactif de lart russe proprement dit. Et pareillement M.Rau ne fait nulle difficult le reconnatre cet art russe,si on le compare lart italien ou lart franais, apparatnettement infrieur. Cest un art incomplet : jusquau XVIIIe

    sicle la Russie a compltement ignor la sculpture. Cestun art sans continuit, o de brusques et normes lacunessparent quelques brillantes priodes dpanouissement, o

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    il est rare quon rencontre plus dun centre artistique unemme poque, o un flambeau steint quand lautresallume (p. 16). Cest un art sans rayonnement, qui ja-mais na fait sentir son action au dehors. Et cest un artenfin toujours en retard sur le reste de lEurope, et qui,domin par ses antiques traditions byzantines, sest, depuisle XIIIe sicle, toujours laiss distancer. Le moyen ge,crit M. Rau, se prolonge en Russie jusquau XVIIIe sicle. lpoque o Rubens et Rembrandt portent la peinturemoderne son apoge, les peintres dicones en sont encore copier la dtrempe des poncis byzantins (p. 17).Tout cela est vrai, et M. Rau lanalyse trs finement. Et

    malgr tout cela, cet art russe a su donner sa note originaleet personnelle. De bonne heure, ses architectes cest,dit M. Rau, dans le domaine de larchitecture et de lartdcoratif que la Russie a donn toute la mesure de son g-nie (p. 22) ont transform les formes byzantines pourles adapter aux exigences dun climat plus rude. Plus tard, ces formes byzantines, ils ont su en substituer dautres, etsinspirant des modles que leur offrait larchitecture na-tionale en bois, ils ont, partir du dbut du XVIe sicle,imit ces formes dans larchitecture en pierre, et bti cesglises en pyramide, qui marquent laffranchissement delarchitecture russe et lui ont donn, pour un sicle, un ca-ractre vraiment national. Ce sont, dans le livre de M. R-au, quelques-uns des chapitres les plus neufs et les plusintressants que ceux o il raconte cette grande rvolution,o lart russe, une fois au moins, a su puiser ses inspira-tions au riche trsor du fonds national. Cette architecturenouvelle, dit M. Rau, qui a produit Moscou les admira-bles glises de Kolomenskoe, dOstrovo, de Vasili Blajen-

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    no, aurait cr encore bien dautres merveilles sans le d-sastreux veto prononc au milieu du XVIIIe sicle, par unclerg aveuglment traditionaliste, contre les glises en py-ramide (p. 362). Il nimporte. Si accessible quil ait t auxinfluences trangres, lart russe a su, dans certains de sesmonuments, crer des aspects originaux et, des lmentshtrognes mme quil a reus dAsie et dEurope, il a sutirer des harmonies imprvues. Il slve trs haut danslarchitecture et dans lart dcoratif, o les insuffisances dela forme et de la pauvret de lexcution sont rachetes parun sens exquis des proportions et de la couleur. Un paysqui a donn au monde des chefs-duvre darchitecturetels que Saint-Dmitri, de Vladimir, Vasili Blajenno, deMoscou, le couvent Smolny et lAmiraut de Ptrograd, deschefs-duvre de peinture comme les fresques et les iconesde Novgorod, mrite assurment une place dans lhistoirede lart europen (p. 24-35).

    II

    Si lon essaie de dterminer, entre les origines et letemps de Pierre le Grand, les poques principales de lartrusse, on constate aisment que, au cours de cette longuepriode historique, quatre centres artistiques, quatre foyerssuccessifs apparaissent dans limmensit de la plaine russe.Cest dabord le littoral de la Crime, o, sous linfluencedes colonies grecques du Pont-Euxin et grce aux importa-tions hellniques, nat cet art grco-scythe, dont les chefs-duvre, retrouvs dans les tombeaux de la Russie mri-dionale, sont lune des plus merveilleuses richesses du mu-

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    se de lErmitage. Plus tard, partir du XIe sicle, le long dela grande voie de commerce et de civilisation quon appe-lait la route du pays des Variagues au pays des Grecs et quimenait de la Baltique, par la Neva, le lac Ladoga, le Volk-hov, le lac Ilmen, le Dniepr, jusquaux rives de la MerNoire, lart byzantin cra, Kief et Novgorod, des mo-numents o la Russie apparat, bien des gards, commeune simple province artistique de Byzance. Mais, ds le XIe

    sicle, dans la rgion qui stend entre le cours suprieurde la Volga et lOka, dautres capitales naissent, plus ou-vertes aux influences asiatiques : cest Souzdal, cest Vla-dimir, et cest Moscou enfin, qui devient au milieu du XVe

    sicle, aprs la prise de Constantinople par les Turcs, lamtropole de lorthodoxie, et apparat, pour deux sicles,comme le centre politique et artistique de la Russie. Et en-fin, avec Pierre le Grand, Saint-Ptersbourg prend la direc-tion de la vie artistique. De cet art ptersbourgeois il ny apoint parler ici, et pareillement on laissera de ct lartgrco-scythe de la Russie mridionale, qui, si intressantquil soit, se rattache lart grec antique plutt qu celuide la Russie. Cest la conversion au christianisme de Vla-dimir, grand prince de Kief, en 988, qui marque, dit M. R-au lui-mme, le vritable point de dpart de lart russe (p. 27). Cest l un point de vue plus juste que celui qui,pour des raisons plus spcieuses que solides, veut rattacher lart russe les bijoux et les vases grecs retrouvs dans lesKourganes de la Crime. Il ne suffit point que des objetsdart aient t dcouverts sur le territoire dun pays, pourquils prennent lgitimement place dans lhistoire de lartde ce pays, et je doute que personne ait jamais lide, dansune histoire de lart franais, dadmettre les alignements de

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    Carnac, les bas-reliefs de larc de Saint-Remy ou les vasesdu trsor de Bernay. Franchissons donc sans scrupule lapriode pleine dombre qui spare la fin de la civilisationgrco-scythe du commencement de la civilisation byzan-tine en Russie. Cest alors, Kief dabord, puis Novgorod,que vraiment lart russe apparat.M. Rau a expos un peu trop longuement mon gr,

    car ces choses sont trs connues et peut-tre pas indispen-sables rappeler lvolution de lart byzantin, depuis lesorigines jusquau XVe sicle et lexpansion de cet art aussibien en Occident qu travers tout lOrient. Il et suffipeut-tre de sen tenir la Russie, dont M. Rau raconte,avec un dtail assez inutile, les plus anciennes relationsavec Byzance, avant de nous prsenter les monuments osatteste la splendeur de Kief au XIe sicle. On connat cesmonuments, Sainte-Sophie, ses mosaques et les fresques sicurieuses qui dcorent les escaliers des tribunes, Saint-Michel au toit dor, Saint-Cyrille, et lon sait tout ce quilsdoivent, dans larchitecture comme dans la dcoration, auxmodles byzantins, ce point quun savant russe, Konda-kof, a pu crire que la cathdrale de Kief est moins un mo-nument de lart russe quun monument de lart byzantin enRussie. On a pourtant, en ces derniers temps, contest cettedpendance o lart russe naissant se trouverait lgardde Byzance. Dans son livre sur LArt de la vieille Russieukrainienne (Kharkov, 1919), Schmidt sest efforc de d-montrer que, par le plan et la dcoration, les glises de Kiefet de Tchernigov sont troitement apparentes celles duCaucase, de la Gorgie et de lArmnie. Je ne conteste pasque le plan de Sainte-Sophie de Kief, semble rappeler da-vantage celui de lglise de Mokvi, en Abkhazie, que celui

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    de Sainte-Sophie de Constantinople, et je nignore pas quilest fort la mode aujourdhui de refuser, avec Strzygowski,toute influence la grande ville impriale pour faire hon-neur lArmnie de toutes les nouveauts et de toutes lescrations3. Mais il me parat, comme M. Rau, que toutecette argumentation sappuie sur des faits assez malcontrls et sur des hypothses fort discutables, et jestime,au moins en ce qui touche les mosaques et les fresques deSainte-Sophie de Kief, quelles sont incontestablementluvre dartistes grecs, venus selon toute vraisemblancede la capitale byzantine mme.

    * * *

    Ds le commencement du XIIe sicle, aprs un sicle en-viron de splendeur, Kief tait en dcadence et une autreville devenait la capitale de la civilisation russe. CtaitNovgorod, Sa Seigneurie Novgorod le Grand , commelappelaient firement ses habitants ; sa prosprit, dont leXIV

    e sicle marque lapoge, devait durer sans clipse du XIe

    jusquau XVIe sicle. On a observ dj que ses relations decommerce la mettaient en rapport aussi bien avec Constan-tinople, par la route des Variagues, quavec lOccident, parlintermdiaire des villes hansatiques de la Baltique. Danscette puissante et riche cit, quun voyageur franais duXIV

    e sicle appelait une merveilleusement grant ville , etdont lorgueil clate dans ce dicton fameux : Qui pourraitrsister Dieu et Novgorod le Grand ? , il tait invita-ble quun important mouvement dart dut se produire.

    3 Cf. pour Kief, Strzygowski, Die Baukunst der Armenier und Europa, p. 721,

    848.

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    Dassez nombreuses glises, construites au XIe, au XIIe et auXIV

    e sicle, subsistent en effet Novgorod et dans les envi-rons, et, dans plusieurs dentre elles, on a, en ces derniresannes, vers 1910-1911, dcouvert de remarquables fres-ques du XIVe et du XVe sicle, qui mritent une place im-portante dans lhistoire de lart byzantin.Assurment larchitecture novgorodienne na, en cinq

    sicles, produit aucun chef-duvre comparable telleglise clbre de Souzdal ou de Moscou ; elle nest pointcependant indigne dattention, par la libert plus grandequelle apporte imiter les modles byzantins, par lessaiquelle fit de la coupole adapte aux conditions du climat.Mais la peinture a eu, Novgorod, un dveloppement plusremarquable, et dautant plus intressant quon y observela mme volution qui, entre le XIIe et le XVe sicle, trans-forma lart byzantin. Il nest point ncessaire ici desarrter longuement aux plus anciennes de ces fresques,celles qui dcorent Sainte-Sophie de Novgorod et le mo-nastre Mirojski, prs de Pskof (milieu du XIIe sicle), oucelles, plus importantes, qui couvrent les murailles de Sta-raa Ladoga et de Nereditsa (fin du XIIe sicle) : elles se bor-nent rpter, sans aucune prtention loriginalit, desmodles invents Constantinople ; elles constituent, se-lon le mot de M. Rau, une varit provinciale de lartbyzantin, robuste, mais rustique (p. 172). Les peinturesdu XIVe et du XVe sicle offrent un bien autre intrt. lglise de la Dormition, Volotovo (1363), Saint-Thodore Stratilate de Novgorod (vers 1370), lglise dela Transfiguration, Novgorod (1378), celle du Sauveur,de Kovalvo (1380), au monastre de Thraponte enfin(1500), de longues sries de fresques prcieuses ont t re-

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    trouves, qui prouvent avec une incomparable nettet, legrand rle et la prodigieuse expansion de lart byzantin lpoque des Palologues.Toutes ces fresques russes du XIVe sicle ont t en effet,

    sil en faut croire les chroniqueurs, luvre de matres by-zantins, en particulier de ce Thophane le Grec, qui tra-vailla vers 1380 Novgorod et Moscou et qui merveillales contemporains par la sret de son talent et la libertde son art. Il est incontestable quon retrouve dans cespeintures les aspects divers que prsentent les ouvragesbyzantins de ce temps ; dans les plus anciennes, la manirepittoresque, presque impressionniste, quon observe lamtropole de Mistra ou dans les glises serbes, telles queGracanica ; dans les plus rcentes, lart savant des matrescrtois de la fin du XIVe sicle, apportant de Byzance desinterprtations nouvelles et des modles nouveaux4. Cestaux leons de Thophane que se forma Andr Roublev, quidcora, au dbut du XVe sicle, la cathdrale de lAssomp-tion, Moscou, lglise de la Dormition, Vladimir, et dontune icone clbre, conserve au monastre de la Trinit,prs de Moscou, atteste le talent plein de naturel, de vie, desouplesse et de grce. Et de cette mme cole, o lon re-trouve le style de la Peribleptos de Mistra, un dernier chef-duvre se rencontre dans un coin perdu du gouverne-ment de Novgorod, dans lglise du monastre de Thra-ponte.Cest assurment lensemble de fresques le plus remar-

    quable que nous ait lgu lancienne peinture russe. Il futexcut en lan 1500, par un artiste nomm matre Denis,que ses contemporains semblent avoir plac sur le mme

    4 Cf. Millet, Recherches sur liconographie de lvangile, 632-633, 680-682.

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    rang quAndr Roublev. On a compar parfois, en Russie,le peintre novgorodien aux grands primitifs italiens, etvoqu, propos de son uvre, le souvenir des fresquesillustres de lArena de Padoue. Il y a l quelque exagrationsans doute. Les peintures de matre Denis, malgr leur r-elle valeur, ont moins dexpression et de mouvement queles fresques byzantines mme du XIVe sicle. Mais la cou-leur en est charmante, fine, lgre, et rappelle le beau colo-ris nuanc et savant des matres de Mistra. Et aussi bien,liconographie est-elle toute byzantine, attestant la longueinfluence quexercrent sur lart russe les modles crspar les Grecs, et qui fit si longtemps de cet art comme unprolongement de lart byzantin.

    * * *

    Mais le trait le plus caractristique de lcole de Novgo-rod, cest la grande place quy tint, au XIVe et au XVe sicle,la peinture dicones.Ltude des icones russes est une science toute neuve

    encore, o beaucoup de problmes nont point trouv leursolution dfinitive. Cest depuis vingt ans peine quon arepris intrt ces prcieux ouvrages, et on discute fortpour savoir o se forma lart exquis qui fleurit Novgorod,du XIVe au XVIe sicle. Selon Kondakof et Likhatchev, lesorigines en seraient tout italiennes. Et il est certain en ef-fet, que la conqute de lOrient par les Latins au commen-cement du XIIIe sicle eut pour rsultat de mettre en contactplus troit le monde byzantin et lOccident. On sait quelleplace tenaient les Vnitiens et les Gnois dans lempire desPalologues, et par ailleurs ltude de lart serbe du XIVe

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    sicle suffit montrer quel point linfluence de lItalie symla celle de lart byzantin5. LItalie semble de mme, auXIII

    e et au XIVe sicle, avoir fort attir les artistes grecs et enparticulier les Crtois, ns dans un pays qui tait une pos-session vnitienne. Dans les ateliers vnitiens o ils fr-quentaient, les matres orientaux apportaient les thmesbyzantins que les Italiens imitaient, et eux-mmes, aucontact de lOccident, modifiaient leurs propres procds.Ainsi se serait constitue une cole italo-crtoise qui, versla fin du XIVe sicle et au dbut du XVe, aurait port jus-quen Russie le secret de son art raffin, minutieux et pr-cis, de sa technique savante, aux couches menues, aux fi-nes hachures parallles et minces, de son coloris intense etclatant6. Si sduisante que soit cette hypothse, il faut re-gretter, avec Analof, quelle manque un peu des donneshistoriques qui lui assureraient une base solide. Et sansnier que lart byzantin du XIVe sicle ait pu tre touchparfois par la grce italienne et surtout siennoise, on suivraplus volontiers lopinion des savants qui rattachent troi-tement Byzance la peinture dicones novgorodienne. Lestraits nouveaux quon y constate, et quun examen un peusuperficiel avait fait dabord reconnatre comme italiens, serencontrent dans les monuments de la dernire renaissancebyzantine : cest la mme iconographie, plus complexe etplus riche, cest la mme recherche du pathtique et dudramatique, cest le mme got du coloris impressionniste. Si lon veut comprendre, dit M. Rau. les fresques deSaint-Thodore Stratilate ou du monastre de Thraponte,

    5 Cf. Millet, Lancien Art serbe.6 Cf. Millet, Recherches sur liconographie de lvangile, o la thorie est fort

    bien expose et discute, p. 661-666 et p, 679-682.

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    ce nest pas lArena de Padoue quil faut se reporter, maisaux mosaques de Kahri-djami et aux fresques de Mistra (p. 193), et ltroite parent quon remarque entre les u-vres byzantines et slaves du XIVe sicle et celles des primi-tifs italiens rsulte moins sans doute de lexpansion de lartitalien Byzance que de lexpansion de lart byzantin enItalie.Quoi quil en soit, par leurs hautes qualits, simplicit

    limpide de la composition, idalisme des expressions, sensdu rythme, noblesse du style, clat du coloris frais etjoyeux, les uvres qua produites au XIVe et au XVe siclelcole des peintres dicones de Novgorod mritent le plusgrand intrt. La plus remarquable, dentre elles, la seuleaussi qui ne soit point anonyme, est cette icone dj citequAndr Roublev peignit en 1408 pour le monastre de laTrinit. On a justement vant cette vision de beautidale , la grce et labandon des poses, la souplesse deslignes. En fait on y retrouve le style de la Peribleptos deMistra ; Roublev, si fort quil dpasse les peintres grecs duXV

    e et du XVIe sicle, imite visiblement les fresques byzan-tines du XIVe. ct de ce chef-duvre, si fameux que, unsicle et demi plus tard, un concile proposait encore Rou-blev comme modle aux artistes de lpoque, on pourraitciter bien dautres icones de qualit rare, o la beaut desproportions et leurythmie des lignes sallient au pathti-que le plus mouvant. Pourtant, ds le dbut du XVIe sicle,des germes de dcadence apparaissent : les proportionssallongent, le style se fait plus manir, la recherche dupittoresque rserve une place plus grandissante au dcor etau paysage. Ces tendances se remarquent surtout danslcole Stroganof, dont les peintres continurent, entre

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    1550 et 1620, les traditions de lcole de Novgorod et dontles uvres ont t longtemps clbres avec excs. Lcoleancienne de Novgorod, celle du XIVe et du XVe sicle, mriteune bien autre attention. Le hasard a voulu, crit M. R-au, que les deux plus grands peintres de cette cole, Rou-blev et Denis, ne soient plus reprsents, lun que par uneicone, lautre que par une dcoration murale (p. 183).Mais dans les uvres de cette cole, dans cette peinturedicones surtout qui est un des plus beaux fleurons delart russe (p. 136) , une chose surtout est intressante :cest quon y retrouve comme un dernier et magnifique re-flet de lart byzantin qui linspira.

    III

    Pendant que se dveloppait la Russie de Kief et de Nov-gorod, une autre Russie plus orientale naissait au cours duXII

    e sicle. Dans la rgion forestire de la haute Volga, desprinces issus de la famille souveraine kivienne coloni-saient le pays qui a pris le nom de Grande Russie. Des vil-les sy fondaient par leurs soins, Souzdal, Iaroslavl, Vladi-mir, et dans ces cits nouvelles slevaient des glises etdes palais. Mais tandis que la Russie de Kief et de Novgo-rod subissait profondment linfluence de Byzance, la Rus-sie de la Volga, spare des Balkans par des forts presqueimpntrables, regardait vers lAsie ; par lintermdiairedes Bulgares de la moyenne Volga, elle tait en relationsavec lArmnie, avec la Perse ; des alliances de famille larapprochaient de la Gorgie. De cette orientation nouvellelart devait porter la marque. Les princes souzdaliens du

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    XIIe et du XIIIe sicle ont t de grands btisseurs. Mais les

    glises quils ont fait construire, lglise de lIntercessionde la Vierge sur la Nerl (1165), dont M. Rau crit que cest une des crations les plus parfaites du gnie russe (p.219) , lglise Saint-Georges dIouriev-Polski (1230),dautres encore, telles que llgante glise de Saint-Dmitride Vladimir (1198) diffrent profondment des glises ki-viennes. De proportions beaucoup plus petites, elles sontbties en pierre ; et surtout leurs faades extrieures sontrecouvertes dune magnifique broderie de bas-reliefs, o semlent, dans le plus pittoresque dsordre, les entrelacsgomtriques et les animaux fantastiques, les sujets reli-gieux et les thmes profanes. Par le choix des motifscomme par la technique, qui. au lieu de modeler les formesen haut relief, les grave sur la pierre et semble les poser surelle comme une dentelle, toute cette dcoration est troi-tement apparente lOrient. Il ne faut point se laisserabuser par certaines ressemblances assez frappantesquoffrent les glises souzdaliennes avec les glises roma-nes : elles sexpliquent plus vraisemblablement parlimitation des mmes modles. Si lon cherche le proto-type des glises de Vladimir et de Souzdal. il faut regardersurtout vers ces glises en pierre, toutes dcores desculptures, que cra lart de la Gorgie et de lArmnie.Linvasion tatare, au commencement du XIIIe sicle, ruina

    pour prs de trois cents ans la prosprit de la Russie de laVolga. Ce nest qu la fin du XVe sicle que, sous Ivan leGrand, elle secoua dfinitivement le joug tranger. Moscoutait alors devenue la capitale des princes russes. Mais,pendant ce long sommeil qui avait accompagn la domina-tion tatare, lart russe avait tout dsappris. Quand les sou-

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    verains de la Moscovie voulurent parer leur ville ddificesnouveaux, ils durent ncessairement sadresser destrangers. Or, en cette fin du XVe sicle, la Renaissance ita-lienne tait lapoge de sa splendeur : linfluence de lartitalien se faisait sentir puissamment dans toute lEuropeorientale, en Hongrie, en Bohme, en Pologne : cest desarchitectes italiens que sadressa tout naturellement legrand prince moscovite, quand il voulut reconstruire ma-gnifiquement les glises et les palais du Kreml. De Bologne,lui vint Ridolfo Fioravanti, surnomm Aristote, cause deluniversalit de ses connaissances ; de Milan, il appelaPietro Antonio Solario. Ce sont eux qui difirent les troiscathdrales du Kreml, le palais facettes (Granovitaia Pa-lata) et lenceinte fortifie qui entoure la rsidence destsars. Assurment, dans le milieu o ils travaillaient, cestrangers ne purent compltement abandonner les tradi-tions de larchitecture russe : les cathdrales du Kreml,avec leurs coupoles dor, rappellent la silhouette des glisesbyzantines et drivent visiblement de la cathdrale de Vla-dimir. Mais, pour les constructions civiles, o ne les en-chanait pas le canon byzantin, les architectes italiens re-trouvrent toute leur libert. La faade bossages du palais facettes rappelle les palais de lItalie septentrionale,comme les courtines crneles du Kreml rappellent le ch-teau des Sforza Milan. Ainsi, aux bords lointains de laMoskva, sintroduisaient la technique et le style delarchitecture lombarde au temps de Ludovic le More.

    * * *

    Moscou allait tre dsormais, pour deux sicles, le centre

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    politique et artistique de la Russie. lcole des matrestrangers, les constructeurs russes avaient refait leur du-cation technique ; ils pouvaient tenter maintenant de volerde leurs propres ailes. De 1530 1650, larchitecture mos-covite essaya rsolument de saffranchir des influencestrangres et de trouver dans les monuments de lart indi-gne et populaire les lments dun art national. Le XVIe

    sicle et la premire moiti du XVIIe marquent ainsi peut-tre la priode la plus originale de lhistoire de lart russe,et ce nest pas le moindre intrt du livre de M. Raudavoir bien fait comprendre la rvolution qui rendit alorscet art vraiment crateur.Dans la primitive Russie, comme dans la Scandinavie an-

    cienne, les difices, glises, maisons, palais, taient tousconstruits en bois ; et durant des sicles, lesprit conserva-teur des paysans et le traditionalisme de larchitecture reli-gieuse ont fidlement maintenu les formes de cette archi-tecture en bois. Les monuments les plus anciens en ontnaturellement disparu ; mais les glises en bois du XVIIe etdu XVIIIe sicle qui subsistent dans la Russie du Nord nousont gard lexacte image de cet art vraiment national, demme que le modle du palais de Kolomenskoe, reconstruitau XVIIe sicle et dtruit sous Catherine II, nous permetdentrevoir ce qutait larchitecture civile en bois7. Ilstait donc, au cours des sicles, lentement cr un art po-pulaire, qui ne devait rien aux influences trangres, un artrusse, pittoresque et logique tout ensemble, dont les formessadaptaient admirablement aux ncessits des matriauxet du climat. Le trait le plus caractristique en tait le cou-ronnement en pyramide. Cest ce parti que larchitecture

    7 Voir, dans le livre de M. Rau, les planches 63 et 64.

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    moscovite adopta au commencement du XVIe sicle pour lesubstituer la coupole byzantine ; et en transportant dansla construction en pierre les formes de larchitecture enbois, elle sut tre la fois originale et cratrice. On sestlongtemps obstin, crit M. Rau, expliquer le bulbe descoupoles par limitation des mosques persanes, les clo-chers en pyramide, par la forme des tentes mongoles, et lesglises tages par lexemple des pagodes hindoues (p.254) : en ralit, toutes ces formes procdent delarchitecture en bois, de cet art populaire, sorti du fondmme de la race, et auquel la Russie moscovite doit quel-ques-uns de ses plus curieux monuments.Entre ces difices, dont les uns sont pyramide conique,

    dont les autres montrent la pyramide centrale cantonnede coupoles bulbeuses ou dautres pyramides, le plus re-marquable sans doute et le plus caractristique est lglisede Vasili Blajenno Moscou. Elle fut construite en 1554,par le tsar Ivan le Terrible, en souvenir de la prise de Ka-zan (1552), et le monument qui commmora la dlivrancedu joug tatar est en effet par excellence un monument na-tional. Les architectes en furent des Russes ; les formes es-sentielles drivent de larchitecture en bois, et si trangequen soit lensemble, il reste pittoresque et harmonieux.Quiconque a vu, lextrmit de la Place rouge, sous leshauts remparts du Kreml, monter dans le ciel les huit cou-poles, ingales et diverses, que domine la pyramide cen-trale, et dont les formes singulires se rehaussent duneclatante dcoration polychrome, ne saurait oublier cetteglise clbre qui, dans lhistoire de lart russe, mrite uneplace exceptionnelle ; comme ses surs plus simples, lesglises de Kolomensko ou dOstrovo (1532 et 1550), elle

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    atteste clairement lindpendance que lart russe avaitconquise aussi bien lgard de la tradition byzantine quede linfluence italienne. Viollet-le-Duc jadis, dautres sa-vants aprs lui plus rcemment, ont fait honneur cepen-dant de ces nouveauts limitation des monuments delInde. Ce nest point lavis de M. Rau. Une connaissanceplus approfondie de larchitecture en bois de la Russie duNord aurait dispens, dit-il, du soin de rechercher des ori-gines aussi lointaines. La source de la nouvelle architecturemoscovite est en Russie mme (p. 279). Il semble que ladmonstration que M. Rau a faite de sa thse est aussi so-lide quelle est intressante. Assurment et lui-mme lereconnat il y a dans cette architecture moscovite desmotifs emprunts lOrient, comme il y en a quelle doit la Renaissance italienne : mais ce nest l, selonlexpression de M. Rau, quune riche draperie jete surdes difices dont la structure est intimement russe (p.280).

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    Mais ds le milieu de XVIIe sicle, la Russie moscovitesoccidentalisait : le rgne du tsar Alexis Mikhalovitch, lepre de Pierre le Grand, marque cet gard, au moins au-tant que celui de son fils, le dbut dune re nouvelle. Parla diplomatie autant que par le commerce, la Moscovielointaine entre alors en rapport avec les tats dOccident.Les trangers, Anglais, Franais, Hollandais, pntrent enRussie par la route, nouvellement ouverte, dArkhangelsket de la Dvina. Dautres trangers, Allemands et Hollan-dais, sinstallent Moscou mme, et ct de la capitale

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    moscovite se fonde la Nmetskaa sloboda (le faubourg destrangers), qui bientt modlera la ville russe son image.Enfin la runion de lUkraine la Russie met Moscou encontact avec la Pologne, et par l, le style baroque polono-italien simpose aux architectes russes de la fin du XVIIe

    sicle. Cen est fait dsormais de linfluence byzantine ; lapeinture dicones en dcadence fait place la peinture deportrait malgr la rsistance de lglise orthodoxe ; les ar-tistes trangers sont bien accueillis par les tsars et installspar eux lOroujeinaa Palata de Moscou. Un art de transi-tion apparat, o se heurtent encore des influences contra-dictoires, mais qui dj annonce lapproche des tempsnouveaux. Et assurment on ny rencontre rien de com-parable ni la peinture novgorodienne du XIVe sicle ni larchitecture moscovite du XVIe : mais cest un fait impor-tant que dsormais lart russe se rattache directement lart europen.Toutefois le style baroque moscovite nest pas une sim-

    ple copie du baroque allemand ou italien. Ici encore, souslinfluence de larchitecture en bois de lUkraine, il a sufaire uvre cratrice : les glises tages, dont lglise deFili (1693) offre le type le plus harmonieux, sont des mo-numents dont, dit M. Rau, on ne trouverait lquivalentdans aucun autre pays dEurope (p. 314). Et en face de cestyle trop fleuri et trop riche, qui domine dans la capitale,la province construit des monuments o saffirme moinslinfluence trangre. Les vastes et magnifiques glises deIaroslavl, avec les cinq coupoles qui les couronnent et lesclochers en pyramide qui les flanquent, avec les carreauxde faence qui encadrent leurs porches et leurs fentres etles cycles de fresques innombrables qui dcorent lintrieur

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    des difices ; le Kreml de Rostov, avec ses cinq glisesadosses au rempart ; la belle cathdrale de Borisoglebskavec la suite infinie de ses peintures aux vives couleurs ; lemonastre Voskresenski dOuglitch gardent en plein XVIIe

    sicle un aspect mdival, o subsiste quelque chose de latradition byzantine, de mme que, dans leurs fresques, qui sont pour ainsi dire le chant du cygne de la peinturerusse ancienne (p. 346), on retrouve encore les derniersreflets dun grand style . Et pareillement, dans les orfvre-ries mailles, dans les bois ouvrs, dans les broderies de cetemps, on sent toujours la persistance dune esthtiqueorientale, sensible la richesse de la matire et aux presti-ges de la couleur. Il se peut, comme laffirme M. Rau, quilft grand temps pour cette Russie attarde et moyengeusede se transformer au contact de lEurope et que, avec ousans Pierre le Grand, cette transformation ft invitable.Les monuments dIaroslavl et de Rostov, demeurs plus fi-dles la tradition ancienne, sont, mon gr, autrementintressants et pittoresques que les glises bties vers lemme temps dans le style baroque tranger. Je nai gardede mconnatre lincontestable originalit des glises inspi-res de larchitecture en bois : mais les glises de Kief et deNovgorod, de Souzdal et de Vladimir, et celle du Kreml deMoscou mme, si russes malgr la nationalit de leurs ar-chitectes italiens, me semblent, avec les fresques et lesicones de lcole de Novgorod, ce que lart russe, avantPierre le Grand, a produit de plus remarquable, ce qui, dansle beau livre de M. Rau, nous intresse le plus puissam-ment.

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    Texte tabli par la Bibliothque russe et slave ; dpo-s sur le site de la Bibliothque le 15 fvrier 2015.

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