dialogue sur l’Église

Dialoguesurl’Égliseaveclethéologiendetroispapes

Titreoriginal

Selfie.DialogosullaChiesa.Conilteologoditrepapi

©2014,EdizioniCantagalliS.r.l.–Siena

ISBN:978-88-6879-072-1

Traduitdel’ItalienparIsabelleCousturié

TousdroitsréservéspourlaFranceetlespaysfrancophones

©2016,GroupeArtègeÉditionsArtège

10,rueMercœur-75011Paris9,espaceMéditerranée-66000Perpignan

www.editionsartege.fr.

ISBN:978-2-360-40376-9ISBNepub:978-2-360-40685-2

http://www.editionsartege.fr

Ces pages ne sont pas disponibles à la pré-visualisation.

personnes demême sexe signifie semer la confusion. Cela nefait qu’affaiblir le mariage : il existe d’autres voies pourrespecterpleinementlesdroitsdespersonnes.Etpuis,danslesdébatsquel’onfaitaujourd’hui,ledroitdesenfantsn’estmêmepasconsidéré,cequiestextrêmementgrave.

Maisledébatestplusgénéral:tropdechrétiensont pris parti pour une foi idéologisée, onttransformé, dit-on, leurs justes batailles pour lavérité en contradictions dialectiques. Ils n’ont pasgagné et leurs batailles sont devenues stériles ethaineuses.

Le déni de la vérité est quelque chose d’intolérable,toujours!Souscetaspect,latoléranceestcoupable.Jepenseàmon pays, où l’on permet non seulement l’euthanasie,mais lapropagandede l’euthanasie.Lavéritédoitêtrerappelée,cequicomptec’est la façondedire.Les responsablesecclésiastiquesaussi peuvent se tromper, et je me demande si, sur de gravesquestions,unebrèvedéclaration,bienincisive,neseraitpasplusefficace que la lecture d’un long texte à la télévision. Lesdiscours, on peut les publier dans les journaux, les distribuerauxgens.Jepenseaussiquelerespectdel’interlocuteurestunaspect essentiel du témoignage. L’erreur n’est pasnécessairementunpéché:onpeutêtredebonnefoi.Doncceuxquinepensentpascommenousnesauraientêtretraitéscommedesmalfaiteurs.On parle tant de dialogue,mais en fait on nedialoguepasdutout.Ceuxquinepensentpascommenousnesont pas tous des ennemis. La grande encyclique EcclesiamsuamdubienheureuxPaulVIfêteses50ans.Ontrouvededans

l’essentieldecequiestditdanscedomaine,onpeuts’enservircomme guide. Je pense aux discussions rapportées dans lesjournauxitaliens,oùl’onparledes«catholiquesenpolitique»:le langage doit être rigoureux, c’est important, car la grandemajorité des hommes politiques sont des personnes baptisées,ellessontdonccatholiques;lesmettredecôtésousprétextequeleurs idées sont discutables est incorrect et sourced’éloignement,dedésaffection,dedivisions.

L’expression « valeurs non négociables »souffre-t-elleaussidecetteambiguïté?

L’expressionn’estpastrèsheureuse.Elleestd’ailleurstroputilisée et pas toujours de manière correcte par les hommespolitiques, d’un côté comme de l’autre. Cela veut-il dire qu’ilexistedesvaleursimportantesnégociables?Lesmensongesquiont été dits sur les problèmes économiques, créant chez lesjeunes un chômage terrible, l’état désastreux du Sud, puisquel’on parle de l’Italie, étaient-ils négociables ? Le drame desmigrants sur leurs bateaux de fortune, est-il une valeurnégociable ? N’est-ce pas la vie de l’homme qui est en jeu ?Beaucoup ont cru que les biens qui n’entraient pas dans ladéfinition des valeurs non négociables étaient des bienssecondaires.Larègleestlebiencommunquiimpliquelerespectdesdroitsdespersonnesetcomporteaussidesurgences.Nousn’avonspasledroitd’êtreindifférentsfaceàceuxquisubissentguerre, pauvreté, exclusion. Il y a eu un très grave défaut decommunication. J’ai été très frappé par le discours du papeFrançoisauxchômeursdeSardaigne.Letravaildonneladignitéaux hommes, a-t-il réaffirmé. Les gens pleuraient, c’était lelangagequ’ilsattendaient.

IlestfauxdedirequelepapeFrançoisnégligeledroitàlavie, il suffit de prêter attention à ce qu’il dit avec insistancequand il parle du synode sur la famille, en faisant allusion àPaulVI,àJean-PaulII.

On entend souvent dire sur ce pape qu’il est« trop populiste, trop de gauche…»En Italie, oncatalogueencorelesgensselonqu’ilssontdedroiteoudegauche,celaa-t-ilunsens?

Ilfaudraitréfléchirausensquiestdonnéàlagaucheetàladroite : cela correspond certainement à des différences desensibilité, mais le contenu de l’une et de l’autre a beaucoupchangé au fil de ces deux derniers siècles. La gauche actuelledéfend un individualisme radical, opposé à la traditionsocialiste. Quant aux accusations portées contre le pape, ellesviennent selon moi d’une méconnaissance des affirmationscontenuesdepuistoujoursdansladoctrinesocialedel’Église:ce pape a le mérite de les dire de manière claire en lesaccompagnantd’analysespertinentesdelasituation.

Intellectuellement, la femme a des qualités spirituellesextraordinaires : l’attention qu’elle porte à autrui est unecaractéristique plus féminine que masculine. L’homme voitsurtout le groupe, le nombre, alors que la femme a un sensintimede lapersonne.Elle ade l’intuition.On levoitdans lapoésie,dansl’art,danslamystique.Lesgrandessaintesontdesgrâces liées à leur féminité. L’affection, la compassion,s’inclineraveccharitédevantchaquefaiblesse,sontdesqualitésquiluisontpropres.Etelleaenpluslegranddon,leprivilège,de transmettre la vie, avec l’aide de son époux, une aideréciproque.Onne soulignera jamais assez le devoir desmaris.Ces paris de l’humanité, peu de couples le vivent bien.Mais,dans les choses humaines, ce qui est « rare » est souvent lanormalité.Les couples qui vivent bien ces paris de l’humanitésont peut-être un peu rares,mais dans les choses humaines cequiest«rare»estsouventsynonymede«normal».Àcausedupéché, nous sommes toujours en dessous de notre vraienormalité, une normalité pleinement humaine, car l’humanitéaujourd’huicommedepuistoujours,doitluttercontrelepéché.

L’ŒCUMÉNISME

UneÉgliseduChristpeut-elleexisterséparéedel’Églisecatholique?

Pour commencer, soulignons une différence importante :l’œcuménismeetledialogueinterreligieuxnesontpaslamêmechose. Il ne peut y avoir d’œcuménisme entre musulmans,hindous, bouddhistes, seulement entre les disciples du Christdont les deux éléments de référence sont : le baptême et laprofessionde foi, c’est-à-dire reconnaître que Jésus est leFilsdeDieuetnoussesdisciples.Jésusafondél’Église,illavoulaitparfaitement unie. Relisons le chapitre XVII de l’évangile desaintJean : au fondde laquestionœcuménique il y a le sensd’unefautecommise.Cesensestjuste,bon,puisquefondésurle fait que les chrétiens vivent désunis et nourrissent leursdivisions.Mais cette situation va contre la volonté du Christ.Notre premier devoir de chrétiens est donc de retrouver lescheminsdecetteunité,encommençantparunirnosesprits.Laprière pour l’unité est un grand don de Dieu à notre époque.Chez les catholiques, onest convaincuque l’ÉgliseduChrist,avectoussesmoyenspourgagnerlesalut,subsistedansl’Églisecatholique,mais il existebeaucoupd’élémentsdenotreÉglisedans les autres communautés chrétiennes qui, d’elles-mêmes,tendentverscetteunité.Parexemple,enparticipantàunevraieeucharistie làoù l’occasionseprésente.LaprièreduSeigneur,la parole deDieu, est une bonne base commune pour avancerversunecommunionintégrale.

Commentrecoudrecetteunité, vuquepour lescatholiques ilnesauraityavoird’ÉgliseduChristen dehors de l’Église catholique, et que les triavinculadontparlait leConcile– foi, sacrementsethiérarchie – sont des liens fondamentaux pourapparteniràl’Église?

Iln’yapasdedifférenceentrelemondeorthodoxeetnoussurcestroisélémentsdefond.Seuleexception,surleprimatdePierre,comprisdifféremment.Lesorthodoxesont,commenous,sept sacrements qui sont des éléments de communion, d’unité.Tantdedivisionssonteneffetdenaturehistoriqueetculturelle.Il fautvoir les chosesàpartirde lavolontéduChristdenousvoir unis, considérer ce qui unit comme quelque chosed’essentiel.Lesdivisionsentrechrétienssontungrandscandaleet nuisent terriblement à la mission chrétienne. Nous sommesinvitésànepassemerletroubleetàfaireensemblecequiestennotrepouvoir.

LepapeFrançoisditque«l’œcuménismeestuncheminincontournabledel’évangélisation».

C’estaussicequedisaitleConcile:ils’agitdeseprésenter,de professer et de faire ensemble notre possible. Regardez lemonde des missions : jusqu’à une certaine époque, missionscatholiquesetprotestantes se«volaient» lesâmesentreelles,alorsqu’aujourd’huions’efforcedetémoignerdecequiunit,etnombreuses sont les œuvres œcuméniques qui naissent de lavolontécommunedemarcherdanslespasduChrist.Lacharité,l’aideauxpauvresetauxmalades,sontdesgestesœcuméniques,

PAULVI

PaulVIfutlegrandpapeduConcile.J’yétais,d’abordtoutseul comme théologien privé, puis à la dernière séance, auxcôtésdu cardinalCharles Journet, lié au souverainpontife paruneamitiécommuneavecJacquesMaritain.Jemesouviensd’ungestedetrèsgrandedélicatessedupape:jelogeaisavecCharlesJournet, à la maison des Gardes Suisses. Souvent, le cardinalquittait les réunionsavant la fin,pourallerse recueillirauprèsduSaint-Sacrement.Moi je restais jusqu’au bout.Un jour, unévêqueoriental semit àparler desdivorcés remariés en tenantdes propos radicaux qui allaient dans le sens d’une ouverturetotale : sur lemodèle desÉglises orthodoxesqui autorisent lerecours à un secondmariage. Immédiatement, la pressediffusal’informationenluidonnantbeaucoupderelief.Trèstroubléparla nouvelle, le cardinal Journet sortit de sa réserve et préparapourlelendemainuneréponsenettepourexpliquerlapositionde l’Église catholique. Le soir même, alors qu’il venait deregagnersesappartements,onsonnaàsaporte:iltrouvasurlepaillasson une très belle corbeille de fruits, accompagnée deremerciements du pape. Paul VI était comme ça. Il étaitaffectueux, avait un vrai sens de l’amitié, comme lemontre laquantité de lettres échangées avec ses amis d’enfance. Je suismembredel’institutPaulVIdeBrescia,quiapubliétantdesesécrits…maisilresteencorebeaucoupdelettresinédites.

QuellefutsonempreintesurleConcile?

Toutd’abordilaprisladécisiondelepoursuivre,alorsquecelan’étaitabsolumentpasévidentàlamortdeJeanXXIII.Et

puis sa première encyclique Ecclesiam suam est pour moil’expressiondel’essencemêmeduConcile,untextedegrandevaleur,toujoursd’actualité,surl’importancedudialogue,quinevaenaucunefaçonàl’encontredel’évangélisation.Maistoutessesencycliquesfurentdegrandsbeauxdocuments:Mysteriumfidei sur l’eucharistie, Populorum progressio sur ledéveloppement,etEvangeliinuntiandidontlepapeFrançoisditn’avoir jamais rien lu de plus clair sur la question del’évangélisation.

Les médias pourtant dépeignaient Paul VIcommeunhommehésitant,triste.

Etcen’estpasvrai.Aucontraire,unefoisqu’ilprenaitunedécision, il s’y tenait fermement, même s’il allait contrel’opiniongénérale.Enmêmetemps,ilrespectaittoutlemonde,voire aussi la liberté d’expression desminorités, et ne prenaitjamaisparti.Sajusticeaunesignificationfondamentale,car leplus souvent, c’est lamajorité qui réduit au silence toutes lesautresopinions.

Pensonsàsesgestesœcuméniques : ilavouluinstituer lesdiversdicastères,toujoursenactivité,pourledialogueentreleschrétiens, avec les Juifs, les membres des religions nonchrétiennes,lesnoncroyants.JerevoissonvoyageàJérusalem,son étreinte avec Athénagoras : il avait le don de marquerl’histoiredegestessymboliques. Je levoisencore,à laclôtureduConcile, en pleine cérémonie, courir saluerMaritain – quiavait beaucoup souffert de critiques, venant aussid’ecclésiastiques,pourdesraisonsthéologiquesetpolitiques–et lui remettre enmainspropres le textedumessagedespèresconciliaires aux intellectuels. Je me souviens du jour

anniversaire d’un vieux concile, celui de Ferrare-Florence, auXVe siècle, scellant l’union entre l’Église deRome et l’Églised’Orient,signée,maisjamaisratifiée.Lepapedel’époqueavaitprétenduquelepatriarchedeConstantinopleluibaiselespieds,ce que le patriarche refusa de faire. PaulVI, à cette occasion,dansungestede réconciliation, s’inclina et baisa lespiedsdumétropolited’Orient,Méliton,commepourpanserlesplaiesdel’offense subie. Un geste de grande finesse. Cela dit, il nemanquait pas de courage dans les initiatives qui, croyait-on,pouvaientchoquerlesfrèresséparés,commelaproclamationdeMarie«Mèredel’Église».Quandilavaitcomprisqu’unechoseétait juste,aprèsmoult réflexion,consultationsetprières, ilnelaissait plus aucune hésitation l’arrêter. Nous savons touscommentaétéaccueilliel’encycliqueHumanaevitaeàsasortie.Elle fut très critiquée, prenant au dépourvu tant d’épiscopats.L’évêquequi,plusquetouslesautres,compritsasignificationetsahauteportéefutKarolWojtyła.

En revanche, nous le disions tout à l’heure,peines et funestes prévisions assombrirent lesdernièresannéesdePaulVI.

Avoiroffertsavieenéchangedecelled’AldoMorofutuntrèshauttémoignagedesapart.Ilavéculacrisepostconciliaire,lesannées68,etlesannéesdeplomb.Undesesamisévêques,quipassaitsesétésavecluiàCastelGandolfo,meracontaitquetous les jours, à la fin de la journée, il récitait le chapelet,ajoutantàchaquefoisunedizainedepluspourdeuxpeinesquile tourmentaient : le catéchisme hollandais et la rébellion deLefebvre.

Auniveaupopulaire, iln’apas toutàfaitétécompriset le

on doit les aider à vivre pleinement le christianisme. Mais lepapen’ajamaisapprouvélemariagehomosexuel,quin’estpasunvraimariage,mêmesi cescouplespeuvent avoirdesdroits,par exemple dans les histoires d’héritage. Et puis, dans cedomaine,onnesauraitsous-estimerunfaitextrêmementgrave:lanon-considérationdudroitdesenfantsàavoirunpèreetunemère.

SCANDALE

La réponse aux scandales provoqués par deschrétiens, par des religieux, est toujours celle dubon sens : l’Église est faite d’hommes et leshommespeuventsetromper.Iln’estpasnécessaired’êtremoraliste,de tropexigerdesfaibles,etnousle sommes tous ; il est difficile d’être totalementsatisfaitdecegenrederéponse.Nedevrait-onpasattendre quelque chose de plus d’un hommed’Église?

Eneffetlepapeneselimitepasàparlerdescandale!Quelleréponsedonneràtoutcequivientd’éclateretafaitsimalauxgens,simalàl’Église?Laréponse,onlatrouvedansnotrefoi.Jésusl’avaitditqu’ilyauraitdesscandales,maisilavaitajouté:malheuràceluiparquilescandalearrive,etsaparoleallaitloin.Comment interpréter cette phrase ? L’Église, nous l’avons dit,est sainte,mais sesmembres sont des pécheurs.Queveut direcela?Êtrenésaveclepéchéoriginelquiest,oui,ôtégrâceaubaptême,maislesacrementn’effacepastoutledésordrequifaitpartie de la nature humaine. Il reste encore une disposition aupéché, une facilité à pécher et le péché lui-même, quand nouscomptonsuniquementsurnotrepetitepersonne.Jenesuispaslecréateurdemoi-même,etcen’estpasmoiquifaisdemoiunsaint!Ànousdevivrelemystèredelagrâce:c’estellequinousinspirelebien.Sansviedeprière,sansdemandedegrâce,nouscouronstouslerisquedepéchésbienplusgraves.Noussommes

des pécheurs, mais aussi des missionnaires, et notre missionconsisteàproclamerlarésurrectiondeJésus,l’amouretlajoiedeDieu.Nousavonsbeauêtredesvasesd’argile, très fragiles,commeleditsaintPaul,noussommesaussidesmissionnaires.L’annoncechrétiennedoitpasserpar laparole,maisavant toutpar le témoignage. «Notre époque seméfie desmaîtres,maiselle les accepte s’ils sont aussides témoins»,déclarePaulVIdansEvangeliinuntiandi,etilaraison.Plusnosresponsabilitéssontgrandesauseindel’Église,pluscedevoirestgrand.Sanstémoignage, il ne reste plus que le contre-témoignage, et lescandalearrive.

Celaarriveplussouventcesdernierstemps.

Non, pas si sûr. Il faut connaître l’histoire. Je pense auxépoques terribles traversées par l’Église, quand lamoralité duclergé était au plus bas. Des siècles avant la réforme, lesinterventionsdesainteCatherineetSavonaroledénonçaientdéjàcela.Jeneparlepasuniquementdespéchésdenaturesexuelle:quand on s’adonne au péché dans un domaine, il est facileensuite de céder aux tentations du péché dans d’autresdomaines. La simonie n’était pas considérée comme une fautemoins grave que la luxure : acheter et vendre des charges quisont une mission, provenant de Dieu, ne sont pas en soi desactesdepouvoiroud’honneur!Aujourd’huinoussommesplussensibles à ces questions, car l’Église s’est affranchie desconditionnements dumonde, prêche d’une voix plus forte (dumoins dans nos pays, car ailleurs, de fortes persécutionsl’obligentàsetaire).Cettesévéritéenversl’Égliseapeut-êtredubon.Lesnoncroyants,euxaussi,ontl’intuitiondesonmystère.Lesgensontraisond’êtreexigeants,mais j’ajoutequ’ilyaun

deremarquespurementthéoriquessontgrands.

Maisdans lecasdusynodesur la famille, il étaitpourtantquestion d’un problème pastoral très grave pour toutes lesparoisses du monde, avec de lourdes retombées sur toute lasociétéetlavisionmêmedel’homme.Danslesgrandesvilles,lamoitiédescouplesmariésdivorce,unegrandepartienesemariemêmepas…l’Églisedoit répondre, en réfléchissant,discutant,prenant des résolutions, lesquelles sont ensuite soumises auSaint-Père.Àluirevientlederniermot.

Unebelleoccasionalorspourvoirsilepapeestseuloupas.

L’Église, dans l’ensemble, le suit, apprécie ses façons defaire et comprend d’où elles viennent : son caractère, saformation,l’appartenanceàunpeupleetàunpaysd’AmériqueLatine, où il est confronté quotidiennement à la pauvreté ; unesprit missionnaire humble, proche des gens. Ses parolescorrespondentàlasensibilitémoderne,etilyadesaspectsdelaprésence de l’Église qui doivent changer par rapport à lamentalitécommune.Nejamaischercheràsuivrelemonde,sousprétextequelemondeestcontrel’Église,nousditsaintJean,etl’histoirenouslemontretouslesjours,maisavoirlasensibilitédecomprendrelesgens,etserappelerquel’Églisen’appartientpasaumonde,maisestàl’intérieurdumondepoursonsalut.

François ne cesse de rappeler que la premièreannoncedoitêtrecelledeJésus,qu’ilestpossibledelerencontreretqu’ilestprésentaujourd’hui.Est-ce

bien cela que l’Église vise, dans sa grandemajorité?

Uneintuitiontrèsjuste.Toutleprogrammedesonpontificatet de l’évangélisation repose dessus.Nous avons peut-être crutropvite que l’annoncede l’Évangile, faite au commencement,se transmettait automatiquement, de génération en génération,par la famille. Aujourd’hui, même les catholiques les plusconvaincus,lesplusgénéreuxetlesplusengagés,seheurtentàleurspropresenfants, indifférentsà la foiouqui ignorent toutd’elle,prêtsàjugeretàvivreselonlamentalitédumilieuquilesentoure. C’est un problème d’éducation dramatique. Seul letémoignage peut faire quelque chose, imposer ne sert à rien.L’encycliqueEcclesiamsuam, écriteparPaulVI ilya50ans,résume très bien l’esprit du Concile et montre l’importancecapitale du dialogue. Pour défendre la vérité on doit une foispour toutes renoncer aux moyens politiques et à la violence,soustoutesleursformes,etàl’obéissancecommeseuletuniquerecours. Certes, l’obéissance est une noble valeur, quand ils’agit d’obéir à Dieu et d’agir en son nom, mais on doitapprendreànepasrecourirqu’auxlois,à«annoncer»entenantcomptedesparcoursspirituelsetintellectuelsdechacun.Quelemondeactuelperçoivedavantagelafoicommeunfaitpersonnelest une grâce, car cela suppose que celle-ci est une rencontreavecJésus-Christetnonlasoumissionàdesrègles,àuncodedeconduite,dictantlesmanièresdevivreetdepenser.

AlorspourquoitantdegensnerencontrentplusJésus, malgré les témoins, malgré les échangeshumbles et aimants ? Quelles erreurs avons-nous

commisesdansnotremanièredel’annoncer?

Toutd’abordjeneparleraispasd’erreurs.Lacrisedelafoiest une réalité qui s’inscrit dans la modernité. Prévautaujourd’hui une vision de l’hommepurement individualiste, jedirais presque absolutisée, détachée de son passé, de laresponsabilitévécuedansl’instant:jeveuxêtrelibredefaireceque je veux, maintenant et tout de suite, sans liens. Cetteconception nuit à l’esprit de communion, au partage entre leshommes,conduitl’individuàlasolitudeetaurelativisme.

Alorscommentchangercela,etannoncerJésusdemanièreàcequenotreparolelefasserencontreraumonde?

Ceparadoxeatoujoursexisté!Lepaperappellesouventceprincipe essentiel : «Quandnous annonçons leChrist à notreprochain, nous ne sommes pas les premiers à le faire, l’EspritSaintadéjàparléàsoncœur.»Unrappelfortpourleschrétienssur le sens de la primauté radicale de la grâce de Dieu.L’Évangile ne possède ni ne divulgue une idéologie ou unedoctrine philosophique, mais l’annonce de Dieu fait hommepour notre salut et notre bonheur. C’est pourquoi Françoisinsiste aussi beaucoup sur l’importance de la prière. LorsqueJésuss’estmisàparleràsescontemporains,beaucoupnel’ontpascru:lecœurdoits’ouvriràlalumièreintérieuredel’Esprit,maisilpeutaussiserefermer.C’estledramedelaliberté.Etcedrame a toujours existé. Aux premiers siècles, la grandeprédication chrétienne a toujours été entravée par lamentalitédominante,etpasseulementpar lespersécutions.JepenseauxréactionsquesaintPauldevantl’aréopaged’Athènes,suscitaen

de communication, la Toile, sont les rois des outils. Parexemple,onbouleverseleslangages:maisalors,plusbesoindenos belles langues. Nous perdons une richesse énorme, noslangues portent en elles unemémoire d’idées et de sentimentsextraordinaire. C’est jeter par la fenêtre tout notre passé pourcouriraprèsunprogrèsquin’a jamais, jamais, su respecter lesattentesdel’homme.

PourtantDieu n’aime pasmoins notre époquequecellesquinousprécèdent. Ilavaitdit :«C’estunsoutienàlaconfianceetaucourage.»

Toutàfait,chaqueépoqueapportesonlotdedifficultésquidemandentdeseffortsdefidélitéetd’imagination.L’histoireenaconnudescatastrophes.Toutlemondealedevoirdeprotégerlestrésorsinestimablesdupassé,delesfairefructifier.Chaquechangement apporte toujours quelque chose de positif,mais ilfautouvrir lesyeuxpourlevoir.Aujourd’hui, ladécouvertedel’autre, au niveau universel, ouvre toutes les portes dumonde,donneaccèsàdesréalitésjusqu’iciinexplorées,négligées.C’estungrosprogrès,unbelatout.

Etpuislabeautéestprésenteailleurs,parexempledanslespromessesde la technique.Lesdécouvertesde la sciencenousrévèlent de plus en plus la beauté de la création. Mais pourpercevoircesnouveautés,ilestindispensabledenepasperdrelegoût et l’horizon d’une éducation classique, soit une culturegénérale, pas seulement morcelée selon des domaines biendistincts, où émergent de brillants génies, mais sectorisés etignorantl’intégralitédel’homme.

L’hommesemorcellelui-même,sesectorise,au

niveaumédical,psychologique,pratique.

Jevois lesdiscussionsouvertessur lamanièredefabriquerles enfants ou de les détruire, la dérive eugénique qui passecomme un droit, l’oubli d’une vie simple, belle, parce quesimple.Chaqueépoque,chaquecivilisation,aeusesproblèmesetconnudessouffrances,maislesplusgrandesontsulesvivreavec confiance et espoir. Se sentir des créatures permetd’avancer sereinement. Aujourd’hui on prétend pouvoir toutgérerettoutlemonde,avecuneagressivitéquemêmelemystèrede la vie humaine ne fait pas reculer. L’homme est plusmalheureux,renduarideetseul.Lapremièredesbeautésest lanaissanced’un enfant.L’hommene se créepas et ne se recréepas tout seul : notre espérance réside dans ce don de beauté.Dieu a choisi de semanifester de cette façon. L’incarnation achangé la perception que l’homme a de lui-même. Perdre ceregard serait une catastrophe humaine incalculable, mais nousavons la certitude que cela n’arrivera pas. Ce don estirréversible.

ANNEXE

Denombreuxsujetsdéveloppésdanscelivres’inspirentdel’ecclésiologie de Charles Journet, grand maître du cardinalCottier, toutparticulièrement lorsqu’ils’agitderelire l’histoireà la lumière de la foi. En pleine crise de l’espérance, commecellequenousvivons,sapenséenoussembleaujourd’huid’unegrandeactualité.

VoiciuntextequeGeorgesCottierapubliédanslaRivistaspagnoladiTeologia,delafacultéSaint-Damase,enseptembre2012.

Humaine raison, Éditions Lethielleux, groupe Parole etSilence,2011.

–Denombreuxarticles

MonicaMondo,turinoise,catholiqueromaine,licenciéeenlettres classiques, vit et travaille à Rome, mère de famille deprofession. Elle a écrit pour divers journaux et magazines,travaillé pour la radio et la télévision comme auteur etanimatrice,apubliédeuxromans :Saràbella lavita et IlmionomeèKhalid,touslesdeuxpubliésauxéditionsMarietti.

1.Jesouligne.

TABLEDESMATIÈRES

Introduction

Athéisme

Bioéthique

Concile

Lesfemmes

L’œcuménisme

Tradition

Lediable

PaulVI

Jean-PaulII

Pédophilie

Scandale

Lerested’Israël

Lepape

Apparitions

Beauté

Annexe

Leprogrèsdel’ÉglisedansletempsIntroduction

UnetensionpermanenteTensionasymptotiqueL’actionsanctificatrice

PouvoirsspirituelsdesapôtresÉglisesainteKénoseetadoptionfiliale

Laloisuprêmedel’incarnationLoidedécantation

Achevéd’imprimerparXXXXXX,enXXXXX2016N°d’imprimeur:

Dépôtlégal:XXXXXXX2016

ImpriméenFrance

dialogue sur l’Église

Documents