description phonologique du parler guyanais

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OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TIDHNIQUE OUTRE-lVIER CENTRE ORSTOlVl DE C.AYHJNE -e:- S) IENCES l:][J1\()AJ1'llS LINGUISTIQUE Description Phonologique du Parler -=:-=-=-=- ffi IO :M. FAUQUENOY O.R.S.T.O.:M. lV.ai - 1967

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OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

ET TIDHNIQUE OUTRE-lVIER

CENTRE ORSTOlVl DE C.AYHJNE

-e:-

S)IENCES l:][J1\()AJ1'llS

LINGUISTIQUE

Description Phonologique

du

Parler G~is

-=:-=-=-=-

ffi IO

:M. FAUQUENOY

O.R.S.T.O.:M.

lV.ai - 1967

,r1

..

t

r1

1

~1

... ..

PREFACE

L'ensemble de la phonologie présentée ici a été conçu entre

les années 1964 et 1965 avec l'aide des deux info:r::nateurs

mentionnés dans l'introduction. Ce travail était requis pour

satisfaire aux exigences de scolarité de la première année du

Doctorat de Troisième cycle de Linguistique (IDOLE PRATIQUE DES

HAUTES E'TUDES ; Directeur: A. lV.ARTINET).

Au cours d'un séjour ultérieur de 14 mois en Guyane Fran­

çaise, l'auteur a eu l'occasion de vérifier et de compléter au­près de nombreux informateurs les hypothèses et conclusions

initiales. Ces recherches linguistiques, 2ff8ctuée~.: au 00urS

d' enqUE~tes sociol.ogiy'ues - dml..., le cadre de;;;; Travaux de

l ' Oli'FICE .JE LA IJ<DIi8RCHE SCIENTD'I:2UB Er T.EDHNI.,!UE OUTRE-lVJER ­

ont permis d'obtenir des données nouvelles sur le comportement

sociologique des créoles+ en rapport 8.vec leur 13.!lgUe.

+C ' Atr . ,reole : Le terme doit e e P:ClS dan::.; .le ..:,ens de metis et pour

distinf,uer le noir .ilé aux: Antilles de celui Yl2 8n Afri'd.ue, nais

non COrnrIfuJe l'appella"tion des blancs nés aux dllciermes colonies.

4" 53"

LÉGENDE

Echelle: 1/2000000o 10 20 40 60 80km 2" "

,B RES L

53'

=-I+---::--F----''''''----...s.;:llor-----~-----__l.5°

ATLANTIQUE

z

en

GUYANE

41------~.--------+-:>.,---

3r--------;----T-----='r-----'"':----=----+--f-------,I-----l--------l~

5" -.----{f-~~--+_..,........;::_____\_-_4c_-~--

L

DEOORll'TION PRONOLUGIi~UE

IV

PARLER GUYANAIS

(Rapport de 1ère Année de Doctorat de 3ème Cycle de Linguistique)

Par lV.argueri te FAUQUENOY

ECOLE PRATIQUE DES HAUTES ElUJ)ES

(E.P.R.E. )

VISJ. Section

Directeur : André lVJARTINEr

l'lai 1965

..

"

-3-

INTROruCTION

Située sur la cÔte nord-est de l'AIrérique du Sud, entre le 2°

et le 5° de latitude nord, la Guyans Française couvre environ

90.000 kIrf pour une population globale de 35.000 habitants.

Le parler guyanais est compris à travers tout le pays (avec

une proportion variable de termes africains et indiens selon les

régions et les contacts), mais parlé principalement sur le lit­

toral et le long des voies de pénétration. A Cayerme, la capi­

tale, le créole dubit l'influence grandis _ante du français et

tous sont bilingues: actuellement, les enfants et les adoles­

cents ne connaissent plus 6uère les expressions "archaïques"

utilisées par les aillés et adoptent des forme:;:; .trançaises

(emp~ts lexicaux). Le guyanais est proscrit à la maison et àl'école (son usage entraille des sanctions), mais conservé lors

des rencontres avec des camarades. Ile plus en plus l'emploi du

créole ei.3t influencé par des considérations sociales, les faroill es

bourgeoises mettant 11.YJ. point d' honneur à ne parler que français.

Indice social, il se dég:rade jusqu'à devenir jargon populaire.

N'ayant ni littérature ni sTaIl.il'Iaire et ne d'écrivant pas, le guya­

nais tend à disparaître au 1Jrofi t de la langue officielle (il en

va de même des parlers antillais) •

Cette étude a été faite à partir de contes et de dolos (prover­

bes) enregistrés sur bandes magnétiques (environ 10 heures

d'enregistrement). Ce corpus (trdduit p.JI' un infornateur) a é té le

point de départ de notre enquête. il nom a fourni un peu plus de

550 mots de vocabulaire, sans compter une liste de 300 termes

(culinaires, botaniques, zoolobriques, folkloriques ou généraux)

obtenus par questionnaires. Enfin, l'ensemble de l'infonration a

-4-

été vérifié avec le concours d'un second infonrateur dont les con­

naissances plus étendues ont permis de compléter notre lexique

jUfqu'aux: environs de 1100 mots.

Le sujet I, Régine, âgée de 27 ans, née à Cayenne,.n'a .parlé

le gu;yanais qu'à partir de 16 ans.. Arrivée en F:mnce en Sep­

tembre 1962 pour y poursuivre des études d'asioüstante sociale,

et ayant vécu darlli un foyer de jeunes Antillaises, son usage du

créole est très forteIL.ent marqué par des influences françaises

et antillaises.

Le sujet 2, Raoul, âgé de 24 ans, né à Cayenne a parlé le

créole depuis l'enfance et a révélé un vocabulaire plus riche

et plus archaïque. ArTivé en France en CCtobre 1960 pour pour­

suivre des études supérieures de langues, il est resté en con­

tac t pen:œ.nent avec des groupes de Guyanais.

Le système articulatoire du guyanais présente beaucoup de

points COILIIJUIlS avec celui tu français, mais le système phono­

logique est parfaiteillent distinct : existence de phonèmes

incomlUs du français et absence de Jistinctions connues en

français.

La description qui suit se veut essentiellement synchro­

nique et fera donc abstraction des phénomènes d'évolution

phonétique.

1.- LES PHONElVJES-c::-e:-e:-=-=-e:::-.:-=

A) Les consormes-------

Le phonèIœ / p /

a) établissement des traits -pertinents

L' identité phonologique de ce phonème ressort des rap­

prochements suivants : en position initiale, intervocalique et

finaJ.e :

rD - p / b :. pi "plus" (superlatif) - bi "morceau" ; pati "partir" ­

bati "champ cultivé"+; p!à~(ë) "parquet", "sol" - blâs(i) "laver le

linge" ; rapé "usé" - mbé "rabais" ; (ba)byé "gronder" ; (do)pyé

"cou-de-pied" ; (lal)âp "lampe" - (~ëz)à'b "gingembre" ; (lal)èp

"lèpre" - (f)èb "faible".

20 - p / f : pè "peur" - fè "faire" ; suplé "s'il vous pla!t" ­

suflé "souffler" ; dip(i) "depuis" - dif(é) "feu" ; (r)ip "copeau' ­

(b) if' ''buffle''.

3° - p / m : palè "parole" - rœlb "malheur" ; paré "prêt" - naré

"attacher" ; dipë "pain" - dime "deIIRin" ; (las)up "soupe" -'fi

(cuh)um "plonger" (onomatopée).

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalise corrme une occlusive bilabiale, sourde,

non nasale et non aspirée ; en position analogue, il ne se dis­

tingue pas du / p / français mais s'articule avec un peu moins

de fer.meté.

+= Abattis terrain défr~bé pour la culture.

-6-

Le phonème 1 b 1a) établissement des traits pertinents

L' identité phonologique de ce phonème ressort de certains

rapprochements indiqués ci-dessus à propos de 1 p / et de ceux:

qui suivent

1° - b 1 v : bit "banc" - ~ "vent" ; (m)abi "boisson"+- (l)aviv . ,

"vie" ; (g)ob "travail l1- (n)ùv "neuf" ; (f)èb "faible" -

(kul)èv "couleuvre".

" ..,2° - b 1 ID : bèt "chose" - mèt "maître" ; bo "baiser" - mo "je",

"moi" ; (f)ube" se ficher de " - (r)urœ "bouger" ; (~)~b "jambe" .

(d)âin "jeu de dames".

b) phonétiQue articulatoire

Ce phonème se réali::>e comne une occlusive bilabiale, sonore,

non nasale; en position identique, il ne 3e distingue pas de

son correspondant français.

Le phonème / f 1a) établissement des trai ts pertinents

L' identité phonologique de ce phonème ressort de certains

rapprochements indiqués ci-dessus à propos de / p / et de ceux:

qui suivent

1° - f / v : fè Ilfaire" !"'" vè "ver de terre" ; frè "frère" - vrè

"vrai" ; fromi "fourmi" - vromi "vomir" ; (d)ifé "feu" - (S')ivév, v" ( ) (II ....... )"cheveu" sef "ohef" - sev "chevre" ; b if "buffle" - zas iv

"gencive".

2° - fit : fèt "fête" tèt "tête" ; fi "vieux" (ter.me familier,v

équivalent de "ami") - ti "petit" ; fu "four à cuire" - tu(zu)

"toujours" ; dii'é "feu" dité "thé" ; (s)uf "souffle" - (t)ut

"tout" ; (b)if "buffle" - (pit)it "enfant".

+ = Préparation créole à base de jus de fruit.

..

,

-7-

b) phonétiqus articulatoire

Ce phonème se réalise comme une fricative labiodentale,

sourde ; en position identique, il ne se distingue pas de son

correspondant français •

Le phonème / v 1a) établissement des traits pertinents

L'identité phonologique de ce phonème ressort de certains

rapprochements indiqués ci-dessus à propos de 1 b / et de 1 f /

ainsi que de ceux qui suivent :

v 1 d va(lé) "avaler" - da "nourrice" ; v~( dé) "vendre" ­

mi "dent" âva "devant" - "ad8. "dans" ; (~)av "cbanvre" - (s)ad

"cendre".

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalise comme une fricative labiodentale sonore,

de la même manière que le 1 v / français.

Le phonème / t 1a) établissement des traits pertinents

L'identité phonologique de / t 1 ressort de certains rap­

prochements indiqués ci-dessus à propos de 1 f 1 ainsi lJ,.ue de

ceux: qui suivent :

ro - t 1 d : ta "beaucoup" - Ja "nourTice" ; -ta "temps" - as:"dent" ; té "particule dU passé" - dé "exclarratif" ; ti "petit" ­

di "dire" ; (p)oté "porter" - (m)odé "mordre" ; (v)at "ventre"

(s)ad "cendre" ;

2° - t / n : té "particule du passé" - né "naître" ; tèt "tête" ­

nèt "chauve" ; (r)été "rester" - (s)éné "séné" ; (b)èt "chose" -

-8-

(y)èn "nourrice" ; (b)ut "morceau" - (m)un "gens".

3° - t / s : ta "beaucoup" - sa "ce" ; tawa "cagneux" - sawa(ku)1 •

"sorte de canard sauvage" ; to "tu", "toi" - so "saut" (chute

d'eau interrompa.nt le cours d'un fleuve) ; toti "tortue" - soti

"sortir" ; (m)eté "mettre" - (f)esé "battre" ; (p)oté "porter" ­

(r)osé "soulever" ; œt "chat" - (la)œs "chasse" ; lit "lit" ­

(ze )lis "hélice".

b) phoné tique articulatoire

Ce phonème se réalise comme une occlusive apico-dentale

sourde, articulée d'une manière moins ferrœ 'lue son correspon­

dant français, nais fortement p3latalisé devant / i /.

Le phonème / d /

a) établissement des traits pertinents

L' identité phonologique de / d / ressort de certains rap­

prochements indi'lués ci-dessus à propos de / v / et de / t /

ainsi 'lue de ceux qui suivent:

1° - d / n : duri "riz""- nuri "nourrir" ; dam "jeu de dames"

naIn "âme" ; Ioda "odeur" - lono "honneur" ; (s)â:d "cendre" ­

(n)a.n "âne".

2° - d / z : dâ "dent" - zà(mi) "a.Iùi" ; do "dos" - zo(zo)

"oiseau" ; (l)idé "idée" - (d)izé "oeuf" ; (r)edi "tirer"

(s)ezi "saisir", "comprend.re" ; (t )ëd "teindre" - (k)êz "'luinze"

rid llride" - (si)riz "cerise".

b) phonétiqus articulatoire

Ce phonème se réalise COlllIIle illle occlusive apico-dentale sonore,

de m~me articulation que le / d / français et non nasale.

-9-

Le phonème 1 s 1a) établissement des traits pertinents

L'identité phonologi'd.ue de ce phonème ressort de certains

rapprochements indiqués ci-dessus à propos de 1 t 1 ainsi que

de ceux. qui suivent

1 ++ l "-ro - s 1 z so "chute dl eau" - zo(zo) "oiseau" ; sot "sot"

zot "vous" sèl "simple", "unique" - zèl "aile" ; (m)oso

"beaucoup" - (z)oz6 "oiseau" ; (p)asé "passer" - (r)azé "raser"

(zel)is "hélice" - (sir)iz "cerise" ; (l)as "fatigcé" - (k)az

"maison" •

..J' +., + J 120 - sis : so "barrage" - ~o "chaud" ; sapo( ti) "fruit" - sapo

, .., , ..."chapeau" ; kase "casser" - kase "cachet" ; dus "doux" - dus

"douche" ; (p)is "puisque" - (b)i~ "biche".

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalise comme une fricative sifflante, sourde,

continue, articulée comme le /sl français avec la pointe de la

langue abaissée derrière les dents inférieures ; dans le cas

dl emprunt au français de mots commençant par 1 s 1 + C, ce

phonème déterminera une syllabe supplémentaire : estilo "stylo".

Le phonème / z 1a) établissement des traits pertinents

l' identité de ce phonème ressort de certains rapprochements

indiqués ci-dessus à propos de / d / et de 1 s / ainsi que de

ceux qui suivent :

z / ~ : za(pa) "amorce" - ~a "déjà" ; zuk(uyâyâ:) "luciole" ­v

zuk "jusque" ; dizé "oeuf" - dize(syo) "digestion" ; kaz "IŒÙson" -

(ba)~ "affaire" ; (k)ëz "quinze" - (s)ëf "singe".

+= Variété de fruits.

++ = S9.ut.

-10-

b) phoné tique articulatoire

Ce phonème se réalise comme me fricative sifflante, sonore,

continue, articulée comme le / z / français ..

Le phonème / s1a) établissement des t~its pertinents

L'identité phonologiLlue de ce phonème ressort des rapprochements

indiqués ci-dessus à propos de / s / ainsi que de ceux qui suivent

s/ z : ~ "choux" - ~u "jour" ; rra~o(m) "poisson"+- ~è

"téméraire" ; ca)rra~ "acCOlLpagné de" - rrËZé "rranger" ; (lagra)tis

"sorte de lézard" - tiZ "tige" ; la~ "distendu", "lâche" - laZ

"âge".

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalise comme une fricative chuintante, sourde,

continue, et s'articule comme le / t 1 français.

Le phonème / ~ 1a) établissement des traits pertinents

L'identité de ce phonème ressort des rapprochements indiqués

ci-dessus à propos de / z / et de / ~ /.

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalise corrme une fricative chuintante, sonore,

dont l'articulation est identique à celle du / 'i 1 français.

Le phonème / ~ 1a) établissement des traits pertinents

L'identité phonologique de ce phonème ressort des rapproohe­

ments suivants :

+ = Variété de _

-ll-

lO - c/ ~ ; ~è "coeur" - ~o(dyè) "foum.eau" ; ~u "fesse" ­

'tm.(vaJ.) "cheval" ; (b)~é "baquet", ":ravir" - (~)aSé "chercher" ;

(p)a2Sé "paquet" - (r)a~ "arracher" ; ~ "mtch" - ~ "narche".

2° - c/ t ; ~u "fesse" - tu(lulu) "?ersonnage costUIIÉ durant le

carnaval" ; ~a(lam) "prendre son élan" - ta "beaucoup" ; ~i(:ra)"rœmroj­

fère de la lem]' J e des rongeurs" - pati "partir" ; (pin)~é

"rrarécage" - (k)oté "chez".

3° - ~ / g: ~al(am) "prendre son élan" - €;al "flirt", "fi.anDée" ;

~ol(olà) "brouet clair" - g~l "gueule" ; (p)aeé "paquet" - (r)a€;é

"herbe".

Ces commutations et l'impossibilité de rencontrer / ~ / pré­

cédé ou suivi d'une autre consonne permet de poser l'existence

d'un seul phonème et non pas la combinaison de deux phonèmes

(t + s) ; la fré'luence de ce phonème est cependant :rare pour

l'ensemble du vocabulaire.

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalise comme une affri.'luée (ou mi-occlusive)

palatale sourde.

c) phonétique comparée

Ce phonème est en variante libre avec It/, dans la plupart""des cas. Ainsi 'gëbwa "sorcellerie" pourra. être prononcé têbwa ;

~

pinoeé "pinotière" : pinoté ; ~ololà "brouet clair" : tololô etc .•• ,~ ~ .

sans changement de sens. Faut-il attribuer ces faits à un phéno-

mène d'évolution phonéti'lue pas encore entièrement. réalisé ?

Le phonème / g1a) établissement des traits pertinents

L' identité phonologique de ce phonème rewort de certains rap-

-12-

prochements indiqués ci-dessus à propos de 1 ci 1 et de ceux qui

suivent :

.., ~ .., " \0ro - g 1 z gab "diable" - za "déjà" ; gâ(mèt) "fenme affm.nchie"

~à(siv) "gencive" ; (b)ogé "dieu" - (l)'Mé "allonger".

'lJ " ltI20 - g 1 d : ga(l) "flirt" - da "nourrice" ; go(koti) "accroupi" -

do "dos" ; (bro~ "dieu" - (n)ë)dé "inonder".

La possibilité de cOLmuter 1 g1 avec 1 d 1 et 1 ~ 1 aussi

bien à l' initiale qu'à l'intervocalique (la commutation à la finale

ne peut être réalisée par absence de 1 g1 en cette positian), ne

permet pas de décider à elle seule en faveur d'un phonème unique

cependan"t nous avons observé une corrélation de sonorité et

l'existence de commutations entre 1 ~ 1 et 1 g1 ; d'autre part

la langue ne connaît pas de succession de consonnes en dehors des

combinaisons: occlusives + 1 r 1 ou 1 l 1.

Nous pouvons donc admettre qu'il s'agit bien ici d'un phonème

unique et non d'un groupe de phonèmes.

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalise corrrrne le partenaire

à dire conme une affriquée palatale.

vsonore de 1 c 1 c'est

c) phoné tique comparée

Ce phonème est en variante libre avec 1dl dans la plupart desv

cas. Ainsi gal "flirt" pourra être prononcé : daJ.. ; gokoti..."accroupi" dokoti; bô~ "dieu" : bo~ ; etc ..• , sans changement

vde sens.

Le problème apparaît ici identique à celui posé par la sourd.e

correspondante 151.

-I3-

Le phonème / k /

a) établissement des traits pertinents

L'identité phonologique de ce phonème ressort des rap­

prochements suivants

IO - k / g : ka~ "cachet" - ga~ "abîmer" ; kaya( -kaya) "déchi­

queter" - gaya "en bonne santé" ; kâkà llmédisance ll - gâg8."feuille médicinale", "grand'mère" ; kOko IIpoissonll+- gogo

"fessell ; (m)aka(k) Il singe11+- (b)aga(z) "chose ll ; (f)ika lise

porterll - (s)iga(lé) IIsomnoler" ; tik "tique" - tig "tigrell ;Sâ'k IIcrabe"+- (m)ag llmanguell.

2° - k / t : ké "avec ll - té IIparticule du passé" ; ki 1I1eq118lll

ti "petitll ; (n)ika "saut de côté ll - (p)ita "plus tardll ; kok

IIC cqll - zot IIVOUS fl ; ~Ok: "choc" - rot lIautre".

'"3° - k / c : kuë'a llnaif" - ~ubum "plonger" ; ki IIqui ll - ci(làt), ... , ....

"culotte ll ; ko II COrpS" - co "coeur" ku "comme" - cu IIfesse" ;

(sum)aké "argent" - (b)aeé "baquet" ; (s)ak "sacll - (m)aù llnatch".

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalise comme une occlusive dorsale sourde de

réalisation plus ou moins profonde selon la nature de la voyelle

qui suit: ainsi devant / i / et les autres voyelles antérieures

il se réalise comne une postpalatale et devant /a / et les voyelles

postérieures il se réalise comme une vélaire.

c) phonétique comparée

Nous avons noté un cas unique de palatalisation de ce phonème- 1.

Llak' 0 J "queue", nais peut-être est-ce tout simplement Ck + y) où.

l.YJ Si intercale entre une consonne et une voyelle autre que / i /.. 'ce tenue est une variante très Iare du mot babituel laco IIqueuell

et serait en voie de dispari tion.

+= Variété de _

-14-

Le phonème 1 g 1a) établissement des traits pertinents

L' identité phonologique de ce phonème ressort de certains

rapprochements indiqués ci-dessus à propos de / k / ainsi que de

ceux qui suivent:

1° - g / d : ga( dé) "regarder" - da "nourrice" ; gro(grO) "sorte

de mille pattes" - dro(mi) "dormir" ; (k)agu "malade" - (m)adu

"boisson" ; (m)èg "maigre" - (l)èd "laid".

2° - g / ~ : ga(mèl) "gamelle" - b,(mèt) "femme affranchie"

go(g6) "fesse" - go(koti) "accroupi" ; (r)al-é "herbe" - (bl)agé

"plaisanter".

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalise comme le partenaire sonore de 1 k /

et connaît des articulations plus ou moins profondes selon

qu'il se trouve devant des voyelles d'arrière ou des voyelles

d'avant; il n'est jarrais palatalisé et nous n'avons pas ren­

contré de suite Cg + y j.

Le phonème / m /

a) établissement des traits pertinents

L' identité phonologique de / m / ressort de rapprochements

déjà indiqués ci-dessus à propos de / p / et de / b / ainsi que

de ceux qui suivent

m / n : mé "voici" - né "naître" ; mèt "naître" - nèt

"chauve" ; me(né) "amener" - né "nez" ; mi "jeune mars", "mar"ni(ka) "saut de côté" ; (fr)orœ "fenner" - (s)on~ "sonner" ;

(~):ilnè "chemin" - (k)ine ( •••kini) "il était une fois" ; (n)am

"âme" - (n)an "âne" ; (~ub)um "plonger' - (m)un "gens".

b) phonétique articulatoire

Le phonème / m / se réalise conme une occlusive bilabiale,

nasale, généralement sonore ; il ne se distingue pas de son

correspondant français.

Le phonème / n /

a) éta:>lisse::nell.t des "t"_"aits pertinents

L' identité phonologique de ce phonème ressort de rapproche­

ments faits ci-dessus à propos de / ID / et plus m.ut, à propos

de / t / et de / d / ainsi Clue de ceux: ClU' on va trouver

ci-dessous à propos de / n /.w

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalise conme une occlusive apico-dentale,

nasale, généralement sonore c OIIlID.e en français.

Le phonème / :g. /

a) établissement àes trciit~ertinents

L' identité phonoJ,ogiCl1..B d.e ce phonàrne ressort des rap­

prochements suivants:

lO - n / n : nam. "ignE:'!1.e il- Dam "ame ll

; pené "peignern - mené'v "il "OJ

"mener" ; (s) e:eë Il saignerll.' (:3) er.9 "o.' ',0_' :l :'a pC::'ohe

avec une senne) ; (s)~.n. "grair de beauté" (m)in "mine".~

2° - n / y : nèt "liBne"+- yèm. "rrarraine" (m)a.nOk "mmioc"~ ~ ~

(t)ayOv "fécule" ; (s)iB- "grain de beauté" - (!3iv)iy "cheville".

3° - f) / g : uam "igname" - ~(èt) "ferrme affranchie" ; (b)e~~

"baigner" -'é~e l'indien" i sin "grain de beauté" - / (zéro).iJ

+= Variété de __

-l5-

..

-I6-

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalise comme le partenaire nasal de l' ordre

des palatales orales 1 t 1 et 1 d 1 qui sont des variantes libresy '"

de 1 clet 1 g 1. Al' initiale et à l'intervocalique, un

relâchement peut se produire et le 1 :e 1 deviendra [r.+y}.

c) phonétique comparée

Ces deux réalisations (1 !} 1 - (n + YJ) ne commutent pas entre

elles; elles ne sont que des variantes individuelles d' un méine

phonème. Tous les mots que nous avons relevés sont susceptibles

de présenter ce relâchement : ainsi rranok, rrane, nana, pa"le~ • ~ V

\

pourront se prononcer rr:anyok, mmye, nyama., panye o.. ; si le

relâchement se poursuit, le l:3on ryj persistera. seul : tel est le. ,~.." "..

cas pour nam nyam yam et pour nene nyenye yeye ; les troisy ~ ~

formes coexistent parfois chez la même personne.

Le phonème / l 1a) établissement des traits pertinents

L'identité phonologique de ce phonème ressort des rapIlToche­

ments suivants

1° - l 1 r : lelé "bâtonnet à punch" - relé "appeler" ; lë(bé)

"cbagTinll - re "rein" ; lu "lourd" - ru(me:) "remuer" ; palé

"parler" - paré "prêt" ; (redik)i'.ü "ridicule" - (s)ür "sûr.

2° - 1 1 d : la(ba) "là-bas" - da "nourrice" ; lé "vouloir"

dé "deux" ; li "lui" - di "dire" ; (r)elé "appeler" - edé "aider"

(z)il "fie'; - (r)id "ride".

3° -1/ n : lé "vouloir" - né "nattre" ; lë(bé) "cbagTin d'amour" ­

nê "nez" ; lu "lourd" - nu "nous" (beb)elé "costume d' intérieur" ­

(s)ené "séné" ; (fim)èl "femelle" - (y)èn "nourrice" (porteuse lors

du baptême).

-TI-

b) phonétiqua ~clliatODre

Ce phonème se réalise COID!Ile me latérale apico-dentale, non

nasale, généralement sonore corrme son correspondant français.

Le phonème 1 r 1a) établissement des traits pertinents

L ' identité ph"'ilC~_U2':LQ.us de ca phonè'::le ressort suffi~nt des

rapprochements e:~'fe'J-:~~5s ci-dessus à propos de / l 1.

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalisG comme une fricative uvulaire articulée

avec une énergi..e faible dans une énonciation naturelle ; par.fois,

et principalement chez les jeunes, il y a insistance articulatoire

sur le 1 r / dans un désir de distinguer le guyanais des autres

créoles antillais tels le rrartj.niquais qui OIllet ou prononce peu

les / r 1.

c) phané tiq ue comparée

Le phonème /Y.'I cannait une variante libre de réalisation

roulée en position im;ervocaliQue ; ainsi des mots comme rI!3.I'ègoNé"moustiQue" 1 paré ltprôt ll ~ trolo16 "tourmenter" pOurTant se

présenter avec une e.rtir;ulati.on roulée sur le / ri..

B) Les Vnyelles _. la ~es Voyelles orales

Le phonème / i Ja) établissemeEt des traits pertinents

L'identité phonologique de ce phonème ressort des rapproche­

ments suivants : en posi.t"ion mitiale, interconsonnantique et

finale:

1° - i 1 é i "il" - edé "aider" rivé "arriver" - revé "r@Ver" .,

-rB-

di "dire" - dé "particule exclamative" ; ki "lecru.el" - ké "avec".

2° - i / u : i "il" - u "vous" ; kité "abandonner" - ku.té

"écouter" ; li "lui" - lu "lourd" ; pi "plus" (superlatif) - pu

"pour" •

3° .... i sous la fo:rme [yJ/ ë : ya lices" - ca(lam) "prendre son

élan" ; (k)ayé "cahierIJ - (p )à6é "paquet" ; rray "maille" - nié"rratch" •

4° - i sous la forme [y] / n cf. rapprocheElent indiqués plus

haut à propos de / n /.

b) phonétique articulatoire

Le phonème / i / se réalise tantôt comme lme voyelle an­

térieure non arrondie dé fermeture maxima tantôt comme une

semi-voyelle.

c) phonétique comparée

Ces deux sons semblent être les réalisations d' lm même pho­

nème, car[ i Jn'apparaît jamais devant une autre voyelle, mais

seulement entre consonnes alors que[y' se présente aussi bien

après consonne suivi d'une voyelle ( C + y + V ) cru'à

l'intervocalicrue ( V + y + V ) et d..1ns les pùsitians suiV"'.:.•l1tes

V + y + C : maypuri "tapir", ayma.:ra "poisson"+;

C + V + y : tapuy "chaloupe", papay "fruit"+; sutriy IJcitrouiJ..le";

soley "soleil".

Contre cette :bypothèse, il est possible de commuter [ i) et [yJ

en position finale : rai "haïr" - ray "rail" ; péi "pays" ­

pey "paye IJ. Dait-on alors considérer i et y comme deux

unités phonologiques distinctes?

+ = Sorte de __

-I9-

d) distribution phonologique

il semble que les possibilités de conmutation de [ iJ et de

Ly) en position finale ne soient pas probantes car les seuls

mots que nous avons pu trouver sont ne tterœnt d'origine française

et ont gardé une prononciation française. il est donc plus

opportun de poser l'existence ct' un seul phonème 1 i 1 comportant

une variante combinatoire ( Y) réalisée co:mrœ une fricative

palatale sonore. Si par ;;;3es liraits distinctifs f y.; se place avec

les voyelles, il "fo~'lctionne" le plus souvent corrme une consonne.

Nous verrons plus loin à propos de 1 u 1 et de ~ w'J un même type

de relations d l où parallélisme entre les deux paires.

Le phonème 1 u 1a) établissement des traits pertinents

L' identité phonologique de ce phonème ressort de certains mp­

prochements indiqués ci-dessus à propos de 1 i 1 ainsi que de ceux

qui suivent:

u / 0 : u "vous" - o(kô) "oiseau"+; du(ri) "riz" - do(i6)

"proverbe" ; (t)ululu "personnage masqué" - (c )01010 "brouet clair"

su "ivre" - so "chute d' eau", "saut".

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalise tanteJt corrme une voyelle plus ou moins

profonde, arrondie et de fermeture rraxima, tantôt comne la

semi-voyelle ( wJ .

c' phonétique comparée

Le sonL wJ représente la réalisation du phonème lu Ilon:quecelui-ci précède une voyelle : par exe~le à l' initiaJ..e absolue

, +, +dans les mots wom "homme" ; wapa "arbre" ; wasey "graine d' arbre" ;

w~y "oeil" . wè "voir" • ou après consonne dans les mots" .

+ = Variété de _

-20-

katwéy "sarigue" ; zétwal "étoile" ; puswiv "poursuivre"

bweté "bo!ter" ; :ma:regwe "moustique".

il existe aussi à l'intervocalique dans les l;"ots : patawa

"sorte de fruit" ; tawe "peau tanée" ; sawaku "sorte de canard

sauvage" ••• funs ces trois positions, le son Lw j "fonctionne"

COIIJme une consonne, mais l' impossibilité de conmuter 1 u 1 et

Cwj n' autorise pas à poser l'existence de deux: phonèmes distincts

( wJ appam!t donc conme une variante de 1 u 1.Un problème se pose pour le son ( ü 1: il appara!t dans les mots

Csili'] "certain" ; [kofitür] "confiture" (sükJ "sucre" mais sans

commutation possible avec 1 i 1 et avec 1 u 1 sauf un cas:

estatü "statue" - tatu "tatou". Son identité phonologique n ' é tant

pas établie, il semble préférable de le considérer comme une

variante de 1 u / n'af'fectant qu'un nombre restreint de mots et

pax emprunt direct au français; dans tous les autres cas où il

s' agit de rendre un son t ü Jfrançais, le gu;yanais l' adapte à son

s,ystème phonologique en choisissant entre 1 i / et 1 ul :~~ "juge" ; mir "mur" ; gil~t "culotte" ; ~um "écume" ; toti

"tortue" ; mizu "mesure" •••• :Eh outre le sone w1- conna!t une

réalisa.tion particulière devant les finales de syllabes en - i t

que nous noterons ( YiJ: [~'\1itJ"cuit", CzWit) "huitre", (la.nWit]"nuit", C~t) "agréable" •••• là encore, il faut admettre une

variante contextuelle. Ce n'est pas tant la présence du 1 i / qui

la détermine puisque l'on; connait (zwf] "ouï:s d: poisson" ete LwiJ''Louis'', mais bien celle du gr'oupe phonique l-it j , détenninant

une syllabe fermée.

Le phonème 1 é 1a) établissement des traits distinctifs

L' identité phonologique de ce phonème ressort de certains

rapprochements faits ci-dessus à propos de 1 i / et de ceux: qui

suivent :

-21-

- é / è : pé "négation du futur" - pè "peur" ; té "particule

du passé" - tè "terTe" ; sué "sueur" - (a)suè "soir" ; (v)eyé

"surveiller" - (d)eyè "derTière" ; (d)izé "oeuf" - (m)isè

"misère" ; (b)éf "boeuf" - (~)èf "chef".

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalise COIlJIlJ.8 une voyelle antérieure rétractée,

de deuxième degré d'ouverture ( aperture interrrédiaire entre celle

de / i / et celle de / è /'

c) phoné tique comparée

Le sone é) n'apparaît en position initiale 2t in'terconson­

nanticrue que dans le cas de syllabe ouverte : [étiJ "plaît - il ?"

( ékièJ "trouver", "dénicher" ; [étènJ "é teindre" ; (lévé )

"soulever" ••.. Partout ailleurs en syllabe ferrrée, le sone è]lui

est substitué; une seule exception a été mise en évidence dans le

mot(b~fJ "boeuf", nais c orrme nous n'avons pas trouvé d'autres

exemples semblables, nous ne pouvons pas conclure à une distinction

pertinente.

d) distribution phonologique

Iles faits qui précèdent, nous devons conclure à une neutralisa­

tion des phonèmes / é / et / è / dans toutes les positions autres

que la finale. Le choix de l'un ou de l'autre étant déterminé par

l'environnement phonique, ils sont en distribution complémeniaire :

/ é / en syllabe ouverte, / è / en syllabe fermée.

Le son [~J : peut - on admettre l'existence d'un phonème ?

Ce son apparaît dans les mots : ( f~J"punch-tafia très fort"

il peut COIDImlter avec / é / : (f~J "punch-tafia" - (di)fé "feu" et

avec /rf/ [f~] -~~(ciU"faucille'" nais nous ne pouvons postulerson identité phonologique sur un seul exemple d'autant qu'il

paraît être un emprunt au français. ::Eh effet, le mot [fa) fait

--22-

penser à la brCUure causée par une boisson très forte en alcool

et peut ~tre alors la forme abrégée d l une expression telle que

"c'est un feu!" ; IIEis l'introduction en créole serait récente

car le terme traditionnel pour traduira "feu" est difé.

,Le phonème 1 0 1

a) établissement des traits pertinents

L' identité phonologique de ce phonème ressort de certains

rapprochements faits ci-dessus à propos de 1 u 1 ainsi que de ceux:

qui suivent

'''. +'" ' ,1° - 0 1 0 : oko "oiseau" - obo "pres de" ; pov "pauvre" - nov, ... ' "-

"neuf" so "chute d'eau" - so Il soeur" ; mé Il jell , "moi" - (la)m.o

"mort"

2° - ~ 1 é : ok~ "oiseau"+- eklo lldénicherll ; (t)olo(rrâ') "fécule" +­(r)elé "appeler" ; té' "tu", "toi" - té "particule du passé".

b) phonétique articulatoire

Le phonème 1 bise réalise comme une voyelle d'arrière arrondie

de deuxième degré d'ouverture (aperture intermédiaire entre celle du

1 u 1 et celle du 1 d1) comme son correspondant français.

c) phoné tique comparée

La distinction lél et 10/ ne semble vraiment sûre qu'à la

finale absolue ; en syllabe ferrrée : 1 oise substitue à 1 61 en

règle générale.

d) distribution phonologique

On peut donc admettre sur la base de ce qui précède, l'existence

d'une neutralisation quasi géné:ralisée entre 1 Clet 1 01.

+= Variété de _

-23-

Le phonème / è /

a) établissement des traits pertinents

L' identité phonologique de ce phonème ressort de certains

rapprochements établis ci-dessus à propos de / é 1 ainsi que de

ceux qui suivent:

ro - è / a : ès "est-ce que ?" - as(i) "s'asseoir" ; bèt "chose" ­

bat(i) "champ cultivé" ; (f)èt "f@te" - (s')at "chat" ; tè "terTe" ­

ta "beaucoup" ; bwè "boire" - bwa "bois" ; pè "peur" - pa

"négation" •

2° - è / 6 : fè "faire" - fo "fort".....

nèt "chauve" - not "note".

s.fèt "f@te" - fot "faute"

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalise comme une voyelle antérieure rétractée de

troisième degré d'ouverture ( aperture inte:médiaire entre celle

de 1 é / et celle de 1 a /).

c) phonétique comparée

Le son / è 1 ni apparatt à 11 initiale 'lue dans cert.a.ins cas

particuliers: es "est-ce que ?" ; estilo "stylo" ; esport "sport"

estil "style" ; estatü "statue" ; espésimèn "spécimen" ••.• Nous

nous sommes déjà expliquée de ce phénomène, plus haut, à propos de

1 s / : il semble s'agir dl une adaptation des emprunts français au

système phonologique du guyanais qui ne cormatt pas sur le plan

syntagmati'lue de succession: / s 1 + C.

d) distribution phonologiy.ue

En ce tlui concerne la neutralisation / è 1 - 1 é / en syllabe

ferrrée, se reporter à ce qui en a été dit plus haut à propos de

/ é 1.

-24-

Le phonème / 0 /a) établissement des traits pertinents

L' identité phonologique de ce phonème ressort de certains

rapprochements faits ci-dessus à propos de / cf / et de / 'è /ainsi que de ceux: qui suivent

- .~ / a ob~ "près de Il - a "ceci" ; sol "parquet", llsole"

( )V~ té" "" dé .• ....sa]. "salle" na zo" meralre" - za" Jall ; so "soeur" - sa

"ceci".

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalise cormne une voyelle d' arrière arrondie de

troisième degré d' ouverture ( aperture intermédiaire entre celle de

/ é / et celle de / a ;), comme son correspondant français.

c) phonétique comparée

Le son(oJ n'apparaît que très rarement à l' initiale et dans des

conditions particulières que détermine le contexte phonique : ainsi

[Ôbô): on peut penser que c' est le / ~ / de la deuxième syllabe

qui détermine l'ouverture de la voyelle initiale.

d) distribution phonologique

On peut poser dans le cas de ['~b~J une variante contextuelle

et ajouter cet exemple à ce que nous avons dit plw haut de la

neutmlisation / cf / - / ~ / à propos de / ~ /.

Le son [Qi] : peut - on admettre l'existence dl un phonème ?

Ce son appara.!t dans les mots: [oer1I1beure" ; (floe:r]

Ilfleur" ; il ne peut ni commuter avec / è / ni commuter avec~

/ 0 /, son identité phonologique ni est donc pas prouvée. Les mots

où il apparaît sont français et emp:nmtés sans aucune trans­

formation; cependant, ils remplacent progressivement les tennes

traditionnels : b'ucé IIbouquet", flè "fleur" et l~ "heure". D:m.s

-25-

tous les autres cas où il s ' agit de rendre des mots français

comportant le son [ce1 ' nous trouvons à sa place les sons

( , ] ( , ] ( ... ) kul' v , v..e , e ou 0 : 0 "couleur" ; sive "cheveu" ; gol"'''' èg ,"gueule" ; co "coeur" ; av "aveugle"; dibe "beurre" ...• Nous

ne pouvons donc parler de phonème car il n'est pas intégré dans

le système (pas de commutation) ; il apparaît toujours avec le

mot emprunté sans autre extension.

Le phonème 1 a !a) établissement des traits pertinents

L' identité phonologique de ce phonème ressort des rapproche­

ments indiqués ci-dessus à propos de ! è / et de ! ~ !.

b) phoné tig ue articulatoire

Ce phonème se réalise comme une voyelle de grande ouverture,

sans arrondissement, de profondeur moyenne.

c) phoné tique comparée

Ce phonème connaît des variantes libres individuelles qui

détenninent des réalisations plus antérieures 0" plus postérieures

du zœme phonème; en d'autres termes, les possibilités d'expansion

du champ phonétique de / a ! sont assez grandes.

-26-

II. Les Voyelles œsa.les

Le phonème 1 e1a) établisoement des traits pertinents

L' identité phonologique de ce phonème ressort des rap­

prochements qui suivent:

1° - ê 1 é : s(re; "signe d'approbation" {é(dé))"aider ;

z'è(zë) "sortilège" -tfzé(liSÙ "hélice" ; (m)aJ.ë "malin" - (v)alé

"avaler" ; (p )lë "plein" - (gob )lé "verre".

2° - ~ 1 è : e(rê) "signe d'approbation" - ès "est-ce que ?"

lëz "linge" - lèv "lèvre" ; ft'''faim'' - fè "faire" ; la.mê":main" - lamè "mer" ; 'B.ye "rien" - ayè "hier".

3° - ~ 1 ~ : ë "hein!" - a. "signe d'impératif' avant un verbe"__ .- '" -AJ...." ,

Kaka. "brui.t" - cece "oiseau".

4° - ë 1 0' : le(hé) "chagrin d'amour" - lo(zé) "étendre" fé'"ev

"faim" - fo "fond".

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalise comme le phonème analogue du f:rançais

"vin", c'est à dire COIIlIIle un 1 è 1 nasaJ..

c) phonétique comparée

A une nasalité pertinente que nous avons présentée dans les

paires ci-dessus, s'ajoute une nasalisation contextuelle qui nI est

pas distinctive LbEt&-ê) "baj€,11er" ;[p~~~J "peigner" ...

..

-27-

Le phonème / a /a) établissement des tmits pertinents

L'identité phonologique de ce phonème ressort de certains

rapprochements faits ci-dessus à propos de / ~ / ainsi que deceux qui suivent:

ro - a / a : â "IIJanlue d'impératif avant un verbe" - a "ceci",

"ce" ; Ka "quand" - (fi)ka "se porter" ; ût "temps" - ta"beaucoup" ; (fe)ya "fainéant" - ya "ces".

2° - a / '0 : da'(bwa) "bois" - do(gwé) "plat salé" -ca' "banc" ­

bo "bon" ; gf3. "gant" - gôtné) "gonfler".

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalise comme une nasal.e de grande aperture

(le plus grand degré d'ouverture) et de profondeur moyenne.

c) phonétique comparée

A une nasaJ..ité pertinente qui ne relève pas de l'entourage

phon.iclue, on observe une nasalisation contextuelle dans les mots

tels que (dam) "jeu de dames" ; [ ~J "femme" ; [nffi:n.] "~,, ;[nan) "âne" •••• dont on ne saurait dire si elle est pertinente

et qui ne suffit pas à poser un phonème nasal.

Le phonème / '0 /a) établissement des tmits pertinents

L'identité phonologique de ce phonème ressort des rapproche­

ments indiqués ci-dessus à propos de / e/ et de / a/ ainsi que

de ceux qui suivent :

ro - ô' / cf : gë(flé) "gonfler" {gO(blé)] "verre" ; koté "compter -r,:." ,) - r ( ) Ad' •r-oté_"chez" ; bo "bonu - bo "embrasser"; p oso "po~sson" -

(m)0s6 "beaucoup".

20 - (5 / 6 : ur "long" - 10 "or" - ,fo "fond" - fo "fort".

-28-

b) phonétique articulatoire

Ce phonème se réalise c OImIle une voyelle nasale postérieure

c'est-à-dire COJIJDie son correspondant français.

c) phonétique comparéeA côté d'une nasa.lité pertinente on observe dans les mots tels

que : [s~eJ "sonner" ; [drOini.) "dormir" ; [vromi] "vomir" desphénomènes de nasalisa:tion das à l' influence de l'entourage pho­

nique et 'lui n' ont pas valeur pertinente.

11.- DEFlN1T1ON et CLASSNViENT des PHONEI.VJ:&)

Nous n'envisagerons plus ici que les t:mits pertinents des

phonèmes du parler guyanais tels qu'ils se sont dégagés

précédemment à propos de chacun d'eux, et nous définirons ces

phonèmes en fonction de leurs TRAITS pertinents propres avant

de les classer. Supposant établie en bloc la distinction des

consonnes et des voyelles, nous les envisagerons donc séparément.

A) Les Consonnes. -

1 pl: sourd. ( p/b ), bilabial ( pif, pit ... ), non nasal ( p/m ) ;1 b l ': sonore ( p/b ), bilabial ( b/v ), non nasal ( b/m ) ;

f ml: bilabial ( nv'n ), nasal ( nib ) ;1 fi: sourd ( f/v ), labiodental. ( f/p, fit ... ) ;1 vi: sonore ( vif ), labiodental ( v/b, v/d••• ) ;

/ t 1 : sourd ( t/d ), apicodentaJ. ( t/p, tIf' ... ) occlusif ( t/s ),

non nasal. ( tin ) ;

/ dl: sonore (d/t), apicodenta.l (d/b, d/v••• ) occlusif (d/z)

.non nasal (a/n) ;1 ni: apicodental ( n/m ), nasal. ( n/d ) ;

1 l / : apicodental ( 1/r ), latéral ( l/d ), non nasal. ( lin )

1 si: sourd ( s/z ), sifflant ( s/~, s/t ) ;

1 z / : sonore ( zia), sifflant ( z/t, z/d ) ;~ ~ . ~/ si: sourd ( ~/z ), chuintant ( ~s, S;k ••• ) ;

1 ~ 1 : sonore ( ~/~ ), chuintant ( ~/z, tlg ••• ) ;

/ ~ 1 : sourd. ( ~/g ), palatal. ( ~/k ), occlusif ( ~/~) ;

/ g1 : sonore (€I~ ), palatal. ( g;g ), occlusif ( ~;) ;

1 ni: palatal. ( n/n ), nasal ( rlg )"{J -d VI

-30-

1 k 1 : sourd ( k/g ), vélaire ( kit, kit •.• ) ;

1 g 1 : sonore ( g/k ), vélaire ( g/d, g/g •.. ) ;

1 r 1 vibrant ( riz, rIZ, rid .•• ), uvulaire ( r/l ).

( 1 ~ 1 ) : sourd ( Yè ), palaial ( y't ), occlusif ( ys )( 1 dl) : sonore ( dIt ), palatal ( d/d ), occlusif ( d/Z )•

..., ~oJ '>1 "

il faudrait ajouter à cette liste le [ y J consonnantique qui

se réalise comme une palaiale, non nasale ( Yin) et le [w)consonnantique qui se réalise comme une bilabiale, non nasale

( w/m ).

Tableau des consonnes

Considérant la corrélation de sonorité pertinente, nous

rangerons ensemble dans une série sonore tous les phonèmes pos­

sédant-cette caractéristique, soit: b, v, d, z, ~, g, d, g, en les..OppOS3nt à une série sourde comprenant: p, f, t, s, ~, è!, t, k.

'"A ces consomles orales, nous opposerons une série de nasalès : m,n, n,. :r:a.ns une quatrième classe, nous envisagerons la latérale 1

et enfin nous parlerons de la fricative r dans une dernière classe.

D'autre part, nous distinguerons les classes suivantes

a) les bilabiales : p, b, m,b) les labiodentales f, v,

c) les apicodentales : t, d, n, l,

d) les sifflantes : s, z,e) les chuintantes : ~ "d .... *s, z, c, g,

f) les palatales : ( t, d )~ ...

g) les vélaires : k, g,

h) les uvulaires : r

-)1-

Le tableau qui se dégagera sem à double entree, rrais d'une

part les séries seront exclusives entre elles, d'autre part lesordres seront exclusifs entre eux :

,

féries //

/ CI.l CI.l0> 0>

1 ~ ~CI.l

CI.l CI.l 0>ta1 0> 0> j 021

~$:l $:l § 0> CI.l 0>

/ ~ ~ ~0> ,~.~

~0 0

~ 'S ~,1'n .~

ai ai §,

!~ ~ cd r-I

Classes ~,.q '0>

/ .a H CI.l 0 Pl ~1

....~(~) ksourdes p f t s s

b d "" 'fi (~)sonores v z z g

nasales ID n n'f:'

latérale l

fricative r

-32-

Mlls on peut aussi considérer que la corrélation de sonorité

n'est pas seule pertinente en guyanais et que l'existence des

phonèmes / c/ et / g/ nécessite une opposition de frica tives

à occlusives ; nous aurons alors le tableau suivant, mieuxaàapté au système guyanais :

./Séries

co coCI) ID

CI) ~ '@CD coID

~~

g CI) co

.~ro ~ ~ .~~

0 0.r-t 0 cd cd §;;:1 .g .r-t ra! ~Classes ,0 M §' ~ l>

oJ

(t)sourdes p t c k.qJ

occlusivest 'tI

(d)sonores b d g g.J

..,}

sourdes f s sfricatives

'"sonores v z z

nasales ID n nv

latérale l

vibrante r

semi.-cone.onnes !'"'wl [yJL _

-33-

B) Les Voyelles. -

/ 1 / : aperture rnjnjrra. ( i/è, é, a ), non arrondi ( i/u ) ;

/ u / : aperture mjniua ( u/c, 0, a ), arTondi ( u/i ) ;/ é / : aperture de 2e degré ( é/i ; é/è, a ), non arrondi ( é/c/)/ é' / : aperture de 2e degré ( a/u, 0;0" a ) postérieur ( olé ) ;/ è / : aperture de )e degré ( è/a, è/é, i ) non arrondi ( è/o'),

non nasal ( è/e ) ;

/ b / : aperture de 3e degré ( o/a, ~/6, u ), postérieur ( ~/è ),non nasal ( o/ê ) ;

/ a / : aperture de 4e degré ( a/d, ô, u, ; a/è, é, i ), neutre

quant à l'arrondissement et la profondeur, non nasal. ( a/a)/ 'è' / : nasal. ( 'è'/è ), femé ( à/a ), antérieur non arrondi ( e/o ) ;/0/ : nasal ( o'/~ ), ferné ( a/a), postérieur - arrondi ( O!e~ )/ ?f / : nasal. ( âIa ), ouvert ( g:;ê; 0 ), neutre de profondeur.

1'ableau des voyelles

Nous envisagerons de grouper les voyelles selon deux classes

l ._, dt t· "," , d' ' les o.J.~es une par :~, u, e, 0, e, 0, a, rangees ap:res eur

degré d'aperture et leur point d'articulation, les nasales d'autre

part. Nous consignerons également dans le tableau les sons [ü. ][e]et <[oe Jn:ais entre parentihèses car non intégrés dans le sy~tème vocalique ;

a) voyelles orales

( var. y )

(avan1;)

i (ü) u ( variante w ) roé (~) "0 2°è (œ)

~

0 )0

--- (a.:rTi.ère)a 4°

b) voyelles nasales

,...,e -o

-34-

III. - COMBINAISONS de PHONEMES

Nous envisagerons ici les conditions d'apparition des phonèmes

dans l' énoncé, l'unité sémantique étant prise pour base :

L'initiale. -

Le groupe initial. peut être réduit à une simple voyelle, orale ou

nasale : ~upa "case en feuillage tressé", 8.gu "crème de naïs",

eklo "dénicher", égë "indien", izé "usé" ..• lVais la fréquence des

mots débutant par une voyelle est très faible pour l'ensemble du

vocabulaire et bien souvent, le créole prépose une consonne lors­

qu'il st agit de rendre un mot français comnençant par une voyelle

zuti "outil", "ortie" ; zèrb "herbe" ; zâini "ami", lodo "odeur" ;tJ

lamu "amour" ; lez "âge" ...

Nous avons montré précédemment une dénarehe inverse dans le

passage au guyanais de mots français débutant par le groupe

phonique /e/ + C : dans tous ces cas le /s/ détennine une syllabe

initiale "ès•.• ".

L' initiale du mot peut être égulement une semi-consonne [ y Jou [wJ suivie d'une voyelle: waséy "graine de bois", yèg

"aigre". Les combinaisons [yi] et [ wu] ne sont pas courantes.

Plus généralement le groupe initial comprend C + V : mulodb

"pastèque", kalêbé "pièce d'étoffe" -; tululu "nasque de carnaval" ••.•

En principe, n'importe quelle consonne sera suivie de n'importe

quelle voyelle, nais certaines associations sont plus fréquentes que

d'autres. Nous avons noté trois cas de consonnes suivies de deux:

voyelles : kaoka "tais-toi", piay "sorcellerie", rai "baïr", rrais

ces combinaisons semblent l'exception ; beaucoup plus fréquente est

la succession: C + V + C (wou yJ + V.

+ = V€tement indien

-35-

Le groupe ini.tiaJ. peut comporter deux: consonnes dans le cas de

C +1 ou r : krukru "panier", frend. "fourmi", pli~ "éplucher~••• ou

encore dans le cas de / s / + C : stébekwé "rester bouche bée" ••••

La fi.na.le. -

Elle peut comprendre toutes les consOlIDes à l'exception de

/ 'V/ " +g : mun "gens",bikit"narinade de gitteau fri t ll , bakov "banane",

"salfuk", "chaudron".... rrais se sont surtout les voyelles qui

l'emportent sur les cansormes pour la fréquence d'apparition en

cette position : briga "se battre", fala "flirter", kikivi

lIoiseau"~ Toutes les voyelles sont attestées dans cette position

(on y trouve aussi le [" yJ c onsormantique) •

Les groupes internes. -

Les combinaisons qui apparaissent dans cette position ne sont

pas différentes de celles que l'on trouve à l' initiale :

- C + V : kamugé "danse créole", - CC + V : suplé "s'il vous

plaît" , - V + C rw ou yi + V : tawa "cagneux", - C + V V + C :1.. .J

kaoka "tais-toi" •

La forme canonique. -

De l'examen de toutes ces possibilités de combinaisons, il

résulte la forrmil.e géné:rale suivants: CVCVCV qui souffre

certaines exceptions que nous avons notées plus haut.

Le guyanais présente en outre la caractéristique de redoubler

les syllabes identiquement : gogo "fesse" ; tvlulu "naeque de+

carnaval" ; kikivi "oiseau" ; lélé "bâtonnet à punch" •••• et plus

géné:ralement de pré senter en deuxième syllabe la voyelle de

l' initiale : mu~i "arbre"+; zapa "amorc'l3" ; palaviré llgiffle" •.••

+ = Variété de

JO'

..

"

-36-

Ce phénomène est typique des langues dites "primitives" ainsi que

des parlers africains et sa. fréquence est très grande.

Au niveau de la syllabe, on constate enfin une fréquence plus

grande de syllabes o\\Vertes que de syllabes fennées.

Au niveau de l'énoncé global, étant donné la IlJ.I'eté des mots

commençant par une voyelle, on observe en gu;yana.is moins de

liaisons qu'en :français•

4mo~JQ1::7 .~

-37-

IV.- PHONOLOGIE DE LA HffiASE-e-e:--e::-=-=-==-=--=:-=-=-=-

:Eh guyanais les contours nélodiques qui sont utilisés à des fins

distinctives sont les mêmes qu'en français. Ainsi un énoncé comme

lapê gril zorè "lapin grandes oreilles", peut être une affir.mation

ou une question selon le caractère de son intonation.

Le guyanais ne connaît donc ni accent ni ton distinctifs

propres. On observe cependant une intonation mélodique expressive

due en partie à la succession CVCVCV qui caractérise le parler en

question.

On peut, de plus, noter deux autres faits d'intonation qui

confèrent également au guyanais son accent particulier:

rO) Le cbangement brusque de hauteur dt une syllabe à l tautre :

.....,..E/'Ex: : to pa gê ;:rz Q' "tu nt as pas raison" ;1·

4 4"je sais"; ~è " j'ai vu" ; ~ nniSé marëgwê "Ce n'est pas

-1 -1-

monsieur moustiquè t' ••

2°) Allongement fréquent de la durée d'une syllabe :

Ex: : li: di: "il a dit" mé: .....mo za.nu.: "voici mes amis".

ANALYSE DE TEXTE

,.

-39-

1. TRANSCRIPTIQ[iJ HiONETIQUE

2 3 3 2}2 2 l/I().,+ ka + œ + bô + dé + fè + f""'am.}I .....

2 l 1232222 lIl~1 k::rt\Ji111 Gl.-+ ké + lei + œ + bo + dé + fè + fâm.'llv

4 2 3 2 3 2 2 II \2 2 \2tut +~+ ka + krè 1 Q.. + ké + kotl.èt 1 wuOm 1 bo + dé +..,

2 l 3 2 212 l k 3 j2 2 •l 4 2 \fè + fàm-y1 né. + ~+ pasa. + rœm 1 ku.té + bè1:4/1 10 + bo+

3 212 2 lI, l 3 3 212 2 3 \ 2dé. + fini + fè + wuOm ï li + pm. + sJ + kuto 1 li + luvri +..,

2212 k2tl l 2\2 2 2)3 1142 2'3lèstOna + wuOna 1 li + tiré + sb + k6tlèt 1 épi.1 li + nétél /

1 3 2.1 313 2 2 rI 1 2 2 312~ + su + koté / / pâ.~ + ta. + bo + dé + té + ka + :ru:rrOmê +

'Il'

2 112 3 12 213 2 2~2 2Dl l 3lèst6na +~w / kÔpè + ~e+ vini + pasé Il li + wè. +

3 ~ l 2 , 3 3, 9 4 2 4_ 2 1l Il3la~a Il li + vé + yé. + bo + ~,. 1 li + pra. + ku.ri 1 é.pi. 1

4 t,.. 2 113 2 2 13 2 2 2 1 3, 3yup. 1 li +~ + kotlèta. 1 ✠+ sb + ~aL Il bô + dé. +v

4 1l l 4 l '2 2 213 3 ,2 l , 4 2vo.lé 1 Dé. + zo-w. + so.vé. 1 mut6éa + f!P38.. 1 kupyâ Il li +

~ 3, 4 3 2 2. 2' i 3 \ 3 2 3 2.. 2t,I_voyé. + ad + là + mê + diva Il li + rèdi + lato + ~eaIl

\1

l il3 3 13 2 3 212 4' 2 2 1 2 3sèl.IrR. 1 èyë + a + té + ka + kuri + tèlIzà + vit 1 ki + so +

212 212 2 2 13 2 II 4 3} 2 2lato + rété 1 a + la + IIi + bô + dé Il 10 + bo + dé + wè 1

~ ~ v

2 2 2 2 3 2 2.3 4 l S 4ki + ~e + à + té + lwoe + ké + kotlèta. 1 a + su + gO! 1

3 2 2 II 2 3 212 2 2t2 2 2 2 3li + rété + ~ Il ka + réfiéMi 1 ka + go.dé + lato + ~éà. 1

'If

3 2 3' l 1\ 4 3 1 3 3 2 2 l 2a + s'àl..â.tOO' Il épi. + li. + rosé + so + zépol. Il 4.. + ké +

-40-

,.

4 212 3 3 12 2 1l 1 l l 4wun + latt + Sye + b~ + dé + fè + t:am Il fam'I di Il pèv. +

~ ~

l 2 2 2 3 III 4 3 ~2 3nu + ké + zot 1I~. nèg 1 wuùin + wépoo. 1 pa. + krié + kt +

2 I~ 3 23 2 4 lsa 1 fèm/I nu + k~ta + zot + kâ:mèm Il

,

f

'.ll. TRANs:TIITPTlrn PHONOLOGIQUE

r B~' ,A kosa. ode fe fam •••••v,

Krik •••••• KI'ak:,

- A ké kisa BOdé fè fam ?v ," , " "'"' ,- Tut mun ka krè a ke kotlet wom Bode .L'è fam ! •••v

- Thé, a pa sa mèm. •••• Kuté bèt-a. :

, -.1 /L~ BÔ!Jé t'ini f'è wom, li pra so kutb, li luvri lestonak

.... l "" .....wom-a, li tiré so kotlèt, epi, li meté-l asu. koté. Fada

ta B~dé té ka rufro~lestonak wbm-a K'âpè syevini pasé :v

li wè la~-a, li veyé Bddé, li pm kuri, epi, 'ryup", li

rapé kotlèt-a., à~ s~ g61. Bédé volé, né, zà savé,v ,.., v 1

:rv~usé-a gaya ku pya. Li voyé sb lamê divâ:'; li redi latü\1~ "-"""', "'" l'VIsye-a •••• Se1.J:r:a, sye-a té ka kuri telna vit ki so laSc

...... "- ,"- .\o!_- -reté a lamé Bo~. Lo Bodé wè ki l:;,ye-a té lwe ké kotlèt-a., v'~ v V ~'·v-

a so gol, li reté la, ka refiesi, ka gadé lato sye-a a~ "'" /1 7' V

DO lame, epi, :li rosé 60 zepol ••.•

A ké un l~cf ~eBodé fè fam !.... v.\.

- Fam di : Pcv nu ké zot, e nèg !"., ., ~ '" """''' ~"- Wom repod : pa krie kosa, fam, nu kota zot ka mem•.•.••

-4I-

"lI"

~2-

III. TRAUJOTION

C'est ainsi que Dieu créa la FeIIlllle •••••

- Comment Dieu créa-t-il la FeIIlIlle ?

- Tout le monde croit que c'est avec la côte de l'HOIIlIIle que

Dieu créa la Fenme !

- IV:a.i.s pas du tout ! :Eboutez plutÔt :

Lorsque Dieu etlt achevé la création de l'Homme, il prit SCJIl.

couteau, lui ouvri.t l'abdomen, prit la cÔte de l'Homne et ladéposa à cÔté de lui... Pendant que Dieu reÎenrait le ventre

de l' Homme, le Chien vint à passer. il vit la viande,

SUIVeilla le Bon Dieu, prit son élan et "VaJP" il attrapa lacÔtelette dans sa gueule •••. Dieu sursauta, nais vous

savez, ce 1v'lonsieur est vif' comme l'éclair, il lança sa main en

avant et saisit le Chien par la queue. Seulement, le Chien

courait si vitel que sa queue resta dans la nain du Bon Dieu.

Quand Dieu vit que le Chien était dé jà loin avec la cÔte­

lette dans sa. gu.eule, il resta là à réfléchir et à considé­

rer la queue du chien dans sa !Iain, puis il haussa les

épaules ••••• C'est avec une queue de chien que Dieu créa la

Femme •••.••

La Femme dit: Pauvres Îemmnes que nous scm:nes !

L'Homme de répondre : ne vous lamentez pas ainsi, Îemmes, nous

vous aimons IIB1.gré tout ••••••

Préface

SOMMAIRE

••••••••• " •••••••• Cl ••••••••••••• " ••••••• " ••••

Pages

l

In.tI'od\lC tiOll " Il ••• Cl ••••••••••••••• 3

Les Consonnes •••••••• 0 •••••••••••••••••• 00 •••••••••• 5

Les voyelles orales

Les voyelles naœJ.es

•••••••••••••••• CI ••••••••••••••••

•••••• OOOO ••••• G •••• O ••••••• O •••

17

26

D3finition et classement des consormes 29

Tableau des consonnes ............................... 30

Définition ,et classEQe'Ot des voyelles ................. 33

Tableau des voyelles ................................ 33

-CoilibiDaisons de phonèmes •••••• Cl ...... 34

La. "fome canOnique ... .....

.,., , " . 31

AnalySe de texte" ... ............ . . 39