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372 RECHERCHES ScrA la nature d'une Substance métallique, vendue depuis peu à Londres , comme un nouveau métal, sous le nom de Palladium. Par R. I c A R D CHENNE,VIX, de la Société royale de Londres. Extrait des Transactions philosophiques, traduit par 19 Cit. TONNELLIER. J'Ain?nls, le 29 avril i8o3 , par une note (i) imprimée , adressée à M. Knox, qu'une subs- tance. annoncée comme un nouveau métal, était à vendre chez M. Forster, Gerard-Street Sato , à Londres. Cette manière inusitée de publier une . découverte aussi importante, sans nommer aucune personne digne de foi , autre (s)n Palladium, noUveltle espèce d'argent, substance que - ss plusieurs qualités particulières rangent dans là classe des ss niétaux parfaits. 1.. Elle se dissout dans l'acide nitrique » pur ; sa dissolution est d'un rouge sombre. 2.. Elle est J3 précipitée par le sulfate de fer, à l'état métallique, ainsi » que l'or l'est dans l'acide nitro-muriatique. 3.. La disso- ri évaporée , laisse pour résidu un oxyde rouge so- 7) lubie dans l'acide muriatique , et dans les autres acides. 4.. Elle est précipitée par le mercure , et par tous les au- D?', tees métaux, excepté L'or, le platine et l'argent. 50. Sa » gravité spécifique lorsqu'elle à. été simplement forgée DD est 11,3 , et 11,8 par la compression. 6.. Au feu , elle » perd de son éclat et tourne au bleu ; chauffée plus forte- » suent , elle reprend son brillant métallique comme tous SUR LA NATtrit.t; etc.' 373 que le vendeur , me parut peii propre à inspirer de la confiance; ce fut donc avec l'intention de découvrir la f'raude', car j'en soupçonnais une, que je me procurai un échantillon de cette subs- tance , sur laquelle j'ai tenté quelques expé,- riences , qui m'en ont faitconnaitre la nature et les propriétés. Je M'aperçus bientôt que les effets produits sur cette substance, par diffé-- rens réactifs que j'employai , ne pouvaient se rapporter en totalité à aucun des métaux con- nus. Je retournai sur-le-champ chez M. For-- ster, et j'achetai la totalité des échantillons qui lui restaient. Je n'ai pu me procurer aucune connaissance sur l'état dans lequel cette subs- tance pouvait exister dans la nature, et je n'ai rien découvert qui pût donner lieu à aucune conjecture qui eût la moindre probabilité. Cette substance avait été travaillée par l'art. Elle avait passé au laminoir, et était -en laines minces. Les plus grandes avaient trois pouces de long et six lignes de large ; elles pesaient en- viron 25 grains, et coûtaient une guinée; les au- tres lames étaient plus petites à raison du prix. Soumis au traitement employé pour donner le poli au platine , le palladiuni était difficile à distinguer de ce dernier métal. Les lames .n'en étaient pas fort élastiques , mais très-flexibles ; on pouvait facilement les courber en différens sb les autres métaux parfaits. 7.. Le plus grand feu de l'Orge » ne la fond que difficilement. 8°. Mais , si on la touche , lorsqu'elle est chaude, avec un petit morceau de soufre, elle' coule aussi facilement que le zinc. » Cette substance se vend en échantillons du prix de cinq schellings , d'une demi-guinée et d'une guinée cc. A a. 3 Caractères physiques.

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372

RECHERCHESScrA la nature d'une Substance métallique,

vendue depuis peu à Londres , comme unnouveau métal, sous le nom de Palladium.

Par R. I c A R D CHENNE,VIX, de la Société royalede Londres.

Extrait des Transactions philosophiques, traduit par 19Cit. TONNELLIER.

J'Ain?nls, le 29 avril i8o3 , par une note (i)imprimée , adressée à M. Knox, qu'une subs-tance. annoncée comme un nouveau métal,était à vendre chez M. Forster, Gerard-StreetSato , à Londres. Cette manière inusitée depublier une . découverte aussi importante, sansnommer aucune personne digne de foi , autre

(s)n Palladium, noUveltle espèce d'argent, substance que -

ss plusieurs qualités particulières rangent dans là classe desss niétaux parfaits. 1.. Elle se dissout dans l'acide nitrique» pur ; sa dissolution est d'un rouge sombre. 2.. Elle estJ3 précipitée par le sulfate de fer, à l'état métallique, ainsi» que l'or l'est dans l'acide nitro-muriatique. 3.. La disso-ri évaporée , laisse pour résidu un oxyde rouge so-7) lubie dans l'acide muriatique , et dans les autres acides.

4.. Elle est précipitée par le mercure , et par tous les au-D?', tees métaux, excepté L'or, le platine et l'argent. 50. Sa» gravité spécifique lorsqu'elle à. été simplement forgéeDD est 11,3 , et 11,8 par la compression. 6.. Au feu , elle» perd de son éclat et tourne au bleu ; chauffée plus forte-» suent , elle reprend son brillant métallique comme tous

SUR LA NATtrit.t; etc.' 373

que le vendeur , me parut peii propre à inspirerde la confiance; ce fut donc avec l'intention dedécouvrir la f'raude', car j'en soupçonnais une,que je me procurai un échantillon de cette subs-tance , sur laquelle j'ai tenté quelques expé,-riences , qui m'en ont faitconnaitre la nature etles propriétés. Je M'aperçus bientôt que leseffets produits sur cette substance, par diffé--rens réactifs que j'employai , ne pouvaient serapporter en totalité à aucun des métaux con-nus. Je retournai sur-le-champ chez M. For--ster, et j'achetai la totalité des échantillons quilui restaient. Je n'ai pu me procurer aucuneconnaissance sur l'état dans lequel cette subs-tance pouvait exister dans la nature, et je n'airien découvert qui pût donner lieu à aucuneconjecture qui eût la moindre probabilité.

Cette substance avait été travaillée par l'art.Elle avait passé au laminoir, et était -en lainesminces. Les plus grandes avaient trois poucesde long et six lignes de large ; elles pesaient en-viron 25 grains, et coûtaient une guinée; les au-tres lames étaient plus petites à raison du prix.

Soumis au traitement employé pour donnerle poli au platine , le palladiuni était difficileà distinguer de ce dernier métal. Les lames .n'enétaient pas fort élastiques , mais très-flexibles ;on pouvait facilement les courber en différens

sb les autres métaux parfaits. 7.. Le plus grand feu de l'Orge» ne la fond que difficilement. 8°. Mais , si on la touche ,

lorsqu'elle est chaude, avec un petit morceau de soufre,elle' coule aussi facilement que le zinc.» Cette substance se vend en échantillons du prix de cinqschellings , d'une demi-guinée et d'une guinée cc.

A a. 3

Caractèresphysiques.

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374 SIT,R LA NATUREsens , sans les rompre. Je leur trouvai une gra-vité spécifique qui différait assez de celle- con-signée dans la note imprimée ; elle variait sui-vant les échantillons; dans les uns, elle n'étaitpas au-dessus de 10,972; dans d'autres , elleallait jusqu'à 11,482.

Électricité. Les effets de. l'électricité galvanique ont étéGalvanis- les mêmes que, pour l'or et l'argent. Le palla-

dium ne S'oxyde point ; il dégage de l'oxyg-ènetout le teins qu'il fait partie du cercle galva-,nique.

Une lame de cette substance ayant été expo-sée à la flamme du chalumeau, le côté qui n'é-tait pas soumis à l'action immédiate de la flam-me, est devenu bleu ; mais la température à la-quelle cette couleur_ a été produite, surpassaitcelle à laquelle l'acier commence à perdre lateinte qu'il a reçue à la plus basse chaleur.

J'exposai le palladium dans un vaisseau cou-vert, à un degré de chaleur plus considérableque celui qui peut fondre l'or. L'oxydation. n'eutpas lieu. Et quoique le morceau fiât extrême-ment mince, il n'éprouva aucune fusion, pasmême sur les bords, non plus que sur les an-gles. Ayant augmenté considérablement la cha-)leur, j'eus un bouton fondu ; mais je ne peuxassigner le degré de chaleur auquel je l'ai ob-tenu.

Le bouton avait perdu un peu de son poidsabsolu , mais , sa gravité spécifique était aug-mentée; de 10,972 *qu'elle était, elle s'éleva à11,871 ..11 était d'un blanc _grisâtre. Sa duretéétait bien supérieure à celle du fer ouvré. Parla lime , il acquit la couleur et le brillant duplatine. Il était malléable à un haut degré: Sa

Caractèreschimiques.

D'UNE SUBSTANCE 1,1'dTALLIQUE. 375cassure était fibreuse à stries divergentes quiparaissaient comme composées de cristaux ;surface tin bouton métallique, vue à la loupeparaissait cristallisée.

Lepalladiam se combine très-facilement avec Fonte parlf.le soufre. J'en ai exposé une certaine quantité e sou reà une Violente chaleur sans pouvoir le fondre ,à une température élevée je jetai un peu desoufre dessus , et il entra sur-le-champ en fu-sion. , et resta dans cet état jusqu'à ce que larougeur du creuset e-eit cessé d'être visible à lalumière du jour. L'augmentation de poids sur-venue au bouton sulfuré, ne me permit pas d'es-timer avec exactitude la quantité de soufre quiest entrée en combinaison. J'avais une si petitequantité de palladium à ma disposition, queje crus prudent de la mettre en. réserve pourdes recherches plus importantes. Le sulfure depalladium est beaucoup plus blanc que le pal-ladium pur, et très-cassant.

Fondu dans un creuset avec du charbon, ettenu en fusion pendant quinze minutes, le pal-ladium'n'a acquis aucunes propriétés différen-tes de celles dent j'ai déjà fait mention en par-lant de l'effet de la chaleur sur cette substance..D'où l'on peut conclure qu'il n'y a aucune af-finité entre le charbon et le palladium.

Je mis parties égales de palladium et d'or dansun creuset, pour essayer en former un alliage.Le mixte se troura acculer' tellement peser moinsque la somme des quantités employées;. ainsi lesproportions , dans cet alliage , sont très-incertaines. La couleur de cet alliage est grise ; sadureté à-peu-près égale à celle du fer travaillé.4e l'ai soumis au martelage et je l'ai trouvé

A a 4

Fonte parle charbon.

a..vecrens mé-taux.

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r;

376 SUR LA NATUREmoins ductile que chaque métal séparément ;il finit par s'écrouir à la fin , et se cassa parl'effet des percussions réitérées. .Sa fracture està gros grains, et offre des indices. de cristalli-sation.. Sa gravité spécifique était 11,079.

Parties égales de platine et de palladium en-trèrent en fusion à une chaleur qui n'était pasbeaucoup supérieure à celle qui est capable defondre le palladium seul. Cet alliage ressembleau premier en couleur et en dureté , mais il est-beaucenip moins ductile. Sa gravité spécifiqueétait 15,141.

Le palladium allié avec un poids égal d'ar-gent, donne un bouton de même couleur queles alliage S précédens ; plus dur que l'argentmais inferieur au fer ouvré sous ce rapport; sasurfiice .polie a beaucoup d'analogie avec celledu platine, mais elle est plus blanche. Sa gra-vité spécifique s'est trouvée 11,29o.

L'alliage du palladium et du cuivre est uneteinte jaune que l'on ne remarque pas dans lesalliages précédens. Il est plus cassant ; il sur-passe en dureté le 'fer ouvré, et prend sous lalime une couleur plombée. Sa gravité est 10,392.

Le plomb augmente la fusibilité du palla-dium. Un alliage formé de ces deux métaux,dans des proportions que je n'ai pu déterminer,est rie couleur grise; sa cassure est à petits grains,.sa dureté supérieure à celle de tous les autresalliages, et sa fragilité extrême. Sa gravité spé-cifique .est 12,00. .

Le palladiuM allié par parties égales à l'é-tain, donne un bouton grisâtre, inférieur endureté au fer ouvré, et très-fragile. Sa cassure

D'UNE SUBSTANCE MÉTALLIQUE. 377est en partie compacte et en partie grenue, àgrains fins. Sa gravité spécifique a été 8,175.

Uni au bismuth par parties égales, le palla-dium donne un bouton encore plus fragile, etpresque aussi dur que l'acier. Sa couleur estgrise mais réduit en poudre, la couleur sefonce. Sa gravité spécifique est 12,587.

Le fer allié au palladium, tend beaucoup àdiminuer la gravité spécifique de ce dernier,et le rend cassant. L'arsenic en augmente la

, et le rend extrêmement fragile.C'est d'après les essais que nous venons de

rapporter, qu'a été formé le tableau suivant (1),où se trouvent indiquées les différences entre lagravité spécifique vraie , et celle donnée par lecalcul, des alliages du palladium avec plusieurssubstances métalliques.

Je soumis dix grains de palladium à l'action Action des

de la potasse en fusion pendant une demi- alkal'

(1) J'ai suivi , pour les gravités spécifiques des différensmétaux , la table qui a été imprimée dans le Système deChimie de M. Thompson , un des meilleurs livres élémen-taires qu'il y ait..

Métaux. Proportion.Gravité spé-cifique don-née par ce

calcul.

Gravité spé-cifique vraie.

Différence.

Inconnue . Inconnue. 11,079. Inconnue.Platine. .

fi Argent. .Parties égales.Parties égales.

17)24"10,996.

15,141.11,290. .

2,100.+ 0,294-

Cuivre. . Parties égales. 10,176. . 10,392. + 0,216.Plomb. . Parties égales. Inconnue. 12,000. Inconnue.Étain. . . Parties égales. 9,340. 81175' 1,165.Bismuth . Parties égales. io,652. . 12,587. + ,Q35.

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378 SUR LA NATUREheure. Cette substance perdit son éclat ; sonpoids fut diminué de deux grains et demi; ellefondit avec la potasse.

L'action de la soude sur le palladium ne pa-raît pas avoir été aussi énergique.

L'ammoniaque mis en digestion sur le palla-dium, pendant quelques jours , prit une teintelégèrement bleuâtre, et retint une petite por-tion d'oxyde du' métal en dissolution. Danstous ces cas, l'action de l'alkali est aidée parle contact de l'air atmosphérique , dont l'oxy-gène se combine avec le métal, àla faveur del'affinité qu'a l'oxyde du palladium pour Pal-kali.

Action des Les différens échantillons de palladium, quiacides. ont servi aux expériences, ne se sont pas mon-tres également sensibles à l'action des acides; engénéral , ceux qui avaient plus de gravité spéci-fique, ont été les moins attaqués. Voici , ensomme totale , les diverses manières dont lepalladium se comporte avec les acides qui ledissolven t.

L'acide sulfurique bouilli sur le palladium ,acquiert une belle couleur rouge, et dissoutune partie du métal. L'action de cet acide n'estpas très -forte. On ne peut point le regardercomme un bon dissolvant de cette substance.

L'acide nitrique agit avec beaucoup plus deviolence sur le palladium ; il l'oxyde un peuplus difficilement que l'argent ; la dissolutionde l'oxyde est d'une .couleur rouge extrême-

. ment agréable. Si on mêle à l'acide nitrique-un peu de gaz nitreux , l'action devient plusrapide.

L'acide muriatique qu'on fait bouillir sur le

b'UNE SUBSTANCE METALLIQUE. 379palladium, pendant un tems considérableagit dessus et prend une belle couleur rouge.

Le vrai dissolvant du palladiurn , c'est l'acidenitro -muriatique , qui l'attaque avec une vio-lence extrême , et donne une belle dissolutionrouge.

Les alkalis et les terres précipitent le p. Nature des

dium de toutes ses dissolutions par les acides. précipités.

La plupart de ces précipités sont d'une bellecouleur orangée. Ils sont en partie redissouspar de l'alkali. La liqueur qui surnage le pré-cipité formé par l'ammoniaque , est quelque-fois d'une belle couleur bleue verdâtre. Lessulfates , nitrates et muriates de potasse oud'ammoniaque produisent un précipité orangédans les sels de palladium , comme dans ceux deplatine , hirsque la _dissolution n'est pas tropdélayée. Les précipités obtenus du nitrate depalladium , sont en général d'une couleurorangée très-chargée. Tous les métaux, exceptél'or, le platine et l'argent, opèrent des préci-pités très-abondans dans les solutions de pal-ladium. Le muriate récent d'étain, produit unprécipité de couleur orangée sombre, tirantsurie brun, dans les sels neutres de palladium,et c'est un réactif extrêmement sensible. Le stil--fa te de fer précipite le palladium à l'état mé-tallique, et si l'expérience réussit bien , le pré-cipité est à-peu-près égal en poids au palladizalzqui a été employé. Le prussiate de potasse donneun précipité couleur d'olive , et l'eau saturéede gaz hydrogène sulfuré , en donne une de,couleur brune foncée. Les acides fluoriquearsenique , phosphorique , oxalique, tartan-que , citrique , et quelques autres acides, ainsi,

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38o SUR LA NATUREque les sels qui en sont composés, précipitentle palladium de quelques-unes de ses dissolu-tions, et forment différentes combinaisons aveccette substance.

Tels sont les principaux caractères que j'aitrouvés dans le palladium , en l'examinant sousle rapport unique d'un simple corps métallique.Si l'on excepte ce qui regarde la gravité spéci-fique, je n'ai reconnu aucune erreur touchantles autres qualités .de cette substance , dans lanote imprimée qui en annonçait la découverte.

idDifficuraltéD'après les essais que nous' venons de rap-e ppor-te, lepalla_ porter , il serait difficile de décider à quelle

durn aux espèce métallique simple ou alliée doit être rap-»létauxconnus. porté le palladium. Nous ne pouvons pas sup-

poser que l'or ou le platine entrent dans sa com-position , car il est attaqué en partie par lesacides sulfurique et munatique , et il est en-tièrement soluble clans l'acide nitrique. L'ar-gent est exclus parles effets que produit, dansces dissolutions , l'acide muriatique ; le plombest exclus par ceux que produit l'acide sulfu-rique dans le même cas. L'étain l'antimoine,le bismuth et le tellure , laissent un résidu in-soluble dans l'acide nitrique. On ne peut trou-ver de traces d'aucuns des métaux acidifiables.Le fer fut recherché avec un soin particulier ,mais ce fut inutilement. En un mot, la précipi-tation , par les métaux-, semble exclure tousceux qui sont plus facilement oxydables quele mercure. Et nous ne pourrions supposer laprésencé de celui-ci, puisque le cuivre qui aservi à précipiter le palladium , n'est nulle-Ment blanchi.

La similitude frappante de la plupart des

D'UNE, SUBSTANCE 1VdTALLIQUE. 38/précipités du palladium avec ceux du platine,m'engagea à multiplier les expériences compa-ratives, et j'observai constamment ces faits con-tradictoires. La gravité spécifique , la facilitéde fondre, l'affinité pour le soufre, la précipi-tation parle sulfate de fer et par le prussiate depotasse , et tous les autres effets produits,purent se concilier avec les caractères connusdu platine. Je ne pouvais du moins supposerla présence de ce dernier métal, 'sans admettreque ses proprités. chimiques et physiques fus-sent totalement changées ou masquées d'unemanière étrange. , qui montrait l'iusuffisa..ncedes réactifs employés en chimie.

Le tellure est le plus brillant des métaux.Pour produire un alliage qui eût la gravité spé-cifique du palladium ( en supposant pour lemoment dans une gravité spécifiqueégale à la gravité moyenne donnée par le cal-cul ) , il faudrait deux parties de tellure et unede platine ; et il n'est pas probable qu'une pa-reille quantité de tellure prit exister dans unemasse, sans qu'on pût la reconnaître. M. Ber-thollet cite des anomalies très - extraordinai-res auxquelles sont sujettes les affinités chi-miques; et M. Hatchett en a reconnu de nonmoins frappantes dans les propriétés des allia-ges. Je pense que nous ne serons plus étonnés dece que ces chimistes nous ont appris, quandnous saurons que lepalladium n'est pas, commeon n'a pas craint de l'annoncer, un métal nou-veau sui generis mais un alliage de platine ;et que la substance qui masque si étrangementles propriétés les plus caractéristiques du pla-tine, en perdant le plus grand nombre des sien-nes propres, est le mercure.

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382 SUR LA NATUREJ'avoue que ce n'est pas par l'analyse que j'ai

été conduit à ce résultat : c'est par la voie de lasynthèse que je me suis assuré de la nature dupalladium. J'en avais formé, avant que d'a-voir un. moyen sûr de reconnaître les principesqui entrent dans sa composition.

En réfléchissant sur les différentes modifica-Moyens.propreà tion.s qu'éprouvent les substances que l'on com-mun, le bine les unes avec les autres , et sur les varia-palladium.

tions auxquelles sont soumises les lois des affi-nités par l'intervention de nouveaux corps, jeconçus l'idée d'essayer si par l'affinité du pla-tine avec quelque métal facile à réduire , il nepouvait pas arriver que la réduction des deuxmétaux eût lieu par le sulfate de fer,, quoi-qu'elle ne pût s'effectuer par le môme moyensur chaque métal isolé. Le plus propre à cetteexpérience, était, sans contredit, le mercure,.comme le plus facile à réduire après l'or, leplatine, et l'argent. Je versai un peu de dissolu-tion de sulfate de fer sur un sel de platine etsur un sel de mercure. La précipitation n'eutpoint lieu. Je réunis les deux liqueurs , et il seforma instantanément un précipité parfaite-ment semblable à celui que le sulfate de feravait formé avec le palladium. Je-recueillis leprécipité, je l'exposai à une forte chaleur ; etaprès plusieurs essais, yobtin.s un bouton mé-tallique , que. l'on ne peut plus distinguer dupalladium. C'est certainement un des faits lesplus extraordinaires que l'union de deux mé-taux puisse leur faire perdre à chacun leurspropriétés individuelles, au point qu'aucun nepuisse se reconnaître immédiatement par lesniéthodes usitées. Rien ne peut produire un

D'UNI" SUBSTANCE 1\11TALLIQUE. 383pareil effet , si ce n'est une affinité d'un. ordresupérieur. Mais , 'pour placer les métaux dansles Circonstances les plus favorables, afin quecette affinité exerce toute son influence , et.opère leur réunion, on est obligé de laisser decôté les méthodes. ordinaires. Parmi un grandnombre de celles que j'ai essayées, quelques-unes n'ont pas réussi ; aucune n'a eu de succèsuniformes: J'ai donc formé lepalladiumen unis-sant immédiatement le platine et le mercure.Et pour ne rien oinettre de ce qui peut répandrequelqu'intérêt sur cette opération je décriraitoutes les, méthodes que j'ai employées, tantcelles qui m'ont réussi, que celles qui ont étéen défaut.

Expériences synthétiques.

Exp. 1. Ce ne fut qt.'après plusieurs essaisrépétés, que je réussis à former le pAlattium.Plusieurs fois j'obtins mi bouton complétementfondu, dont la gravité spécifique était un peuplus de 13 , qui n'était point aussi fusible parl'intermède du soufre que l'est le palladium,ni aussi soluble dans l'acide nitrique, et dontle poids absolu surpassait celui du platine quiavait été employé. Quoique cette substance nefat pas du platine , je ne peux pas dire que cefût du palladium. L'essai qui réussit le mieuxfut accompagné des circonstances suivantes : jefis dissoudre leo grains de platine dans de l'aci-de nitro-muriatique, j'y mis ensuite 200 grainsd'oxyde rouge de mercure par l'acide nitrique;mais cette quantité n'étant' point suffisantepour saturer l'excès d'acide. je continuai d'eu

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384 SUR LA NATURE.ajouter de nouvelles doses jusqu'à saturation.D'un autre côté je préparai une petite quantitéde sulfate de fer, que je versai dans un matrasà long col. Je versai alors .ein mélange dé, dis-solution de platine et de mercure dans unedissolution de sulfate de fer, et je chauffai letout sur un bain de sable. En moins d'une demi-heure, il se forma un précipité abundant ;

du matras se trouva revêtu d'une cou-che mince métallique. Je filtrai la liqueur quej'avais auparavant pesée ; le précipité, aprèsavoir été mis en digestion avec l'acide muria-tique , fut bien. lavé et séché. Lorsque j'eus re-cueilli tout ce que je pouvais, il resta 1.2 grainssurie filtre, qui, ajoutés à 264 grains que j'a-vais déjà retirés , font en tout 276 grains. Laliqueur contenait encore une portion de mer-cure, et environ 8 grains de platine. Ainsi les276 grains étaient composés de 92 grains deplatine, et de 184 de mercure. D'où il paraît,que leo grains de platine suffisent pour préci-piter environ 200 grains de mercure par lemoyen du sulfate de fer. Les 264 grains re-cueillis sur le filtre, furent exposés à une cha-leur rouge Médiocre , et furent réduits à 144.Les 12 grains restés sur le filtre , furent réduitsà 7, ainsi la totalité formait 151 grains. Lasubstance était sous forme d'une poudre fine,et avait .l'éclat métallique. Elle fut mise dansun creuset avec du charbon de bois, et fondue.Le bouton obtenu pesait 128 grains ,et avec laquantité restée sur le filtre , il aurait pesé 135grains. Sur ces 135 grains , il y en avait 92 deplatine ; par conséquent le bouton métalliqueétait composé de deux parties de platine et

d'une

D'UNE SUBSTANCE MÉTALLIQUE. 385d'une de mercure. Sa gravité spécifique était11,2; il était entièrement soluble dans l'acide-nitrique ; il fondit aisément par le moyen dusoufre ; il fut précipité par le sulfate de fer ;en un mot , il ressemblait parfaitement aupalladium.

Exp. 2. En suivant une autre méthode pourformer lepalladium par la voie humide, je misdu fer métallique dans une dissolution mélan-gée.de platine et de mercure. Les deux métauxfurent précipités , "et le précipité obtenu, futsoumis au même traitement que dans le pre-mier cas ; le succès ne fut pas aussi complet.Le fer peut précipiter le platine et le mercureséparément ; niais le sulfate de fer ne peut enfaire autant qu'à la faveur de l'affinité du pla-tine et du mercure. Leur union est aidée parson action, dont les effets sont très-probable-ment simultanés. La combinaison des métauxs'opère. au Moment où ils arrivent à l'état mé-tallique , si l'on peut parler ainsi , et dans unpoint fixe de saturation. L'union des deux mé-taux est donc moins intime dans l'expérienceprésente , et le bouton qui résulte de la: fontedu précipité est beaucoup plus dense.

Exp. 3. Le même procédé a été répété en seservant de zinc au lieu de fer ; le résultat n'apas été pittS satisfaisant.

Exp. 4. J'ai versé, un pu de mercure dansune, dissolution de platine ; j'ai chauffé le toutpendant quelque teins. Il se forma un précipité;mais en fondant ce dernier pour en retirer un:bouton métallique, je n'obtins pas le palla-dium.

Exp. 5. J'ai dissous des quantités de platineVolume 14. B

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386 SUR LA NATUREet de mercure, égales à celles de l'expérience i,dans de l'acide nitro-muriatique , et j'ai faitévaporer ces dissolutions ; ensuite volati-lisé autant que j'ai pu de mercure au degré delachaleur rouge.; à la lin de l'opération, j'ai ob-tenu précisément ma quantité première de pla-tine, réduite à l'état métallique ; mais il ne restaaucune partie de mercure en combinaison avecce métal.

Exp. 6. et 7. Les mêmes quantités de platineet de mercure , dissoutes *dans l'acide nitro-muriatique , furent précipitées par le phosphated'ammoniaque, et la liqueur fut évaporée. Lerésidu, qui était à l'état vitreux fat exposé àune chaleur violente dans un creuset avec ducharbon. J'ai obtenu un bouton à la fonte, quipesait plus que la quantité de platine employée,et dont la gravité spécifique était 14,5. D'aprèsla facilité connue qu'a le phosphure de platinepour entrer en fusion, j'essayai de le combinerdirectement avec le mercure, mais ce fut sanssuccès.

Exp 8. Je préciPitai une dissolution de pla-tine e de mercure , par le moyen du courantde gaz hydrogène sulfuré ; et j'opérai la ré-duction de la poudre insoluble qui s'était for-mée. Après plusieurs tentatives, dans lesquellesj'obtins des boutons métalliques , dont les gra-,vites spécifiques étaient 14,3 et 14,5 je formaiune pièce du poidg de ii grains , dont la gra-vité spécifique était 11,5. C'était du palladium;mais je ne peux assurer que l'excès de poids soitune partie du précipité qui a été perdue.

Exp. 9. J'ai mêlé une dissôlution de muriatede platine avec le prussiate de mercure, et j'ai

D' UNE SUBSTANCE MÉTALLIQUE. ,.387

obtenu un précipité léger. La liqueur fut érvapo-rée , et le résidu total fut exposé à une violentechaleur. L'expérience ne réussit point. Elle n'apas été répétée autant de fois que les autres ;mais j'ai quelques raisons de penser qu'on pour-rait la refaire avec succès ; car j'ai obtenu, unefois seulement, une petite quantité de grainstrès-finsyqui étaient solubles dans l'acide ni-trique.

Exp. io. J'ai chauffé un peu de platine pu-rifié , réduit en poudre très-fine , avec dixfois son poids de mercure , et j'ai agité le toutlong-teins ensemble. Le résultat a été un amal-game de platine, lequel exposé à une violentechaleur, perdit tout le mercure qui y était con-

tenu. Le poids du platine ne reçut aucuneau amentat10/1.

Exp. ii. La meilleure manière de formerl'amalgame de platine , est celle prescrite parle comte Mussin Puskin. Je fis dissoudre dansl'acide nitro-rnuriatique une quantité connuede platine. Je précipitai par l'ammoniaque , etje fis évaporer la liqueur. Le résidu fut agitépendant long-tems avec une grande quantitéde mercure, et je l'exposai à une violente cha-leur. Plusieurs essais n'ont eu aucun succès ;quelques-uns m'ont donné un bouton , dont lagravité spécifique s'est trouvée de 13,2. J'aicomplètement réussi une fois : de 3o grains deplatine, traités comme ci-dessus , j'ai obtenuun bouton qui pesait f33,5, et qui à une gravitéspécifique, 11,736, réunissait toutes les proprié-tés du palladium.

Exp. 1 2 . J'ai fondu ensemble, clans un creu-set avec du charbon, ioo grains de platine,

b 2,

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388 SUR LA NATURE2oo de mercure sulfuré, ioo de chaux, et 4aode borax calciné ; j'ai obtenu un bouton quipesait plus que le platine , et dont la gravitéspécifique était .15,7. Il n'itait point soluble.dans l'acide nitrique , mais il se combinait avecle soufre à une chaleur rouge.

Exp. 13. Dans quelques expériences que j'ai.faites, j'ai trouvé que le fourneau dans lequelj'ai formé ces alliages, était capable de fondrele platine sans le secours d'autre fondant que'le borax calciné. J'ai donc poussé leo grainsde platine à une forte chaleur, et quand j'aijugé que le feu avait atteint son plus grand de-gré d'activité , j'ai versé du mercure sur le pla-tine , à travers un long tube de terre qui abou-tissait au creuset ; j'ai retiré aussitôt l'appareildu feu. Les métaux ne s'étaient point unis sen-siblement ; le platine n'avait point augmentéen poids.

Exp. 14. J'ai mis ioo grains de platine dansun tube de terre, et j'ai placé le tube horizon-talement dans la partie supérieure du four-neau. A une des extrémités était une retorte quicontenait 2 livres et demie de mercure. Quand letube fut échauffé au degré extrême de chaleur,

mercure qui était en ébullition. , passa sur lasurface du platine à cette 'température. L'ex-périence dura une heure et demie ; les métauxne parurent point s'être combinés.

Exp. 15. M. Pepys eut la complaisance d'es-sayer une forte pile galvanique qui est en sapossession, pour connaître si elle pourrait ai-der à la formation du palladium. Un fil deplatine fut plongé dans un bassin rempli de.xnercure, et fut disposé de manière à faire partie

D'UNE SUBSTANCE MÉTALLIQUE. 389d'un cercle galvanique. Le fil fut presque fon-du ; mais il ne parut. pas qu'il se soit forméaucune combinaison entre les deux métaux.Cette expérience ne peut être d'un grand poids ;mais en examinant les petits globules de pla-tine, ils ne me parurent pas avoir acquis lespropriétés qui caractérisent le palladium.

Telles sont les expériences par lesquelles j'aitenté de composer du palladium. Elles sontfondées sur deux principes , l'affinité prédis-posante, et l'assimilation. Dans le premier cas,je me suis proposé de présenter aux métaux quientrent dans la composition , une substance ,qui à raison de son affinité pour quelque mens-truc nécessaire à leur dissolution, et de leurpropre tendance à se combiner dans des pro-portions 'fixes , pât fàvoriser leur réunion en.une masse insoluble. Dans l'autre cas, j'ai tâ-ché d'assimiler les propriétés de chacune desdeux parties composantes, et de les placer dansles circonstances les plus favorables à la com-binaison , en les rendant plus semblables entreelles. L'expérience i est fondée sur le premierprincipe ; l'expérience 8 sur le seconde

Dans plusieurs des expériences on je n'ai puformer du palladium , j'ai obtenu un boutonmétallique qui n'était pas de platine ; et quandje l'ai pu, le bouton pesait toujours plus que laquantité de platine employée. En répétant lesexpériences 1, , 4, 6 , 8 , ni et 12 , j'ai rare-ment manqué d'obtenir une semblable -subs-tande. Cet effet n'a eu lieu dans aucune expé-rience, lorsque le mercure n'avait pas été, pen-dant long-teins, broyé avec le platine , et les au-tres métaux sont purement accessoires pour

B b 3.

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390 SUR LA NATUREprovoquer la combinaison et la précipitation..L'uniformité des résultats, dans les différensprocédés que nous venons de décrire , fontsuffisamment connaître si ce qui a été obtenuest véritablement du palladium ou la subs-tance dont nous venons de faire mention. Laprincipalé propriété qui distingue cette der-nière substance du platine , d'est sa densité. Iln'est pas rare de l'obtenir avec une gravité spé-cifique 13 ; très-souvent on l'obtient à 15 et 17.Dans les premières expériences, j'ai soupçonnéque cette légèreté' était diZe à quelques bullesd'air ; mais d.es fusions -réitérées et des essaiscomparatifs sur le platine, m'ont bientôt con-

. vaincu du contraire. L'augmentation de poidsque le platine ne manque pas d'acquérir, prouveque ce métal est entré en combinaison avec quel-que substance pesante ; et dans le fait, le résul-tat de ces opérations est un alliage qui tient lemilieu entre le platine pur et ce qu'on appellepalladium. Il est conséquemment sujet à unnombre infini de variations. Les premiers effetsque le mercure produit sur le platine, sont dele rendre plus fusible, et de diminuer sa gra-vité spécifique. La propriété la plus récentequ'on lui ait reconnue, c'est la facilité avec la-quelle il se combine avec le soufre, et se dis-sout dans l'acide nitrique. Ce n'est pas toute-.fois lorsque la gravité spécifique est au-dessousde 12 , ou au plus 12,5 , qu'il a acquis cettepropriété. Tous ces effets sont proportionnés àl'augmentation de poids qui se fait remarquerclans le platine.

II n'est pas difficile de combiner une petitequantité de mercure avec le platine ; mais

D'UNE SUBSTANCE MTALLIQUE. 391t

quand il s'agit de résoudre complètement le pro-blème , et de former avec ces deux métaux, mialliage qui ait une gravité spécifique qui ne s'é-lève pas au-dessus de 11,3 , et qui soit en même-tems soluble dans l'acide nitrique , la chosen'est pas facile à exécuter. Le grand nombredes expériences que j'ai tentées sans réussir,me font penser que l'auteur du palladium a par-devers lui quelque méthode moins sujette autâtonnement que toutes celles dont j'ai faitmention.. Je ne doute pas qu'a 'force de persé-vérance nous ne découvrions son secret ; maisn'ayant pas pour l'instant le loisir de me livrerà de pareilles recherches, je me borne à éta-blir le fait, et à faire connaître les procédésque j'ai employés.

Ayant acquis la certitude que le mercureétait un des principes constituans du palla-dium , je fis quelques autres expériences pour'décomposer ce mixte elles n'ont pas eu toutle succès que j'aurais désiré ; et Malgré le grandnombre de méthodes employées sans succèspour former le palladium, on peut espérerqu'on en trouvera quelques-unes pour le dé-composer : j'ai trouvé que les procédés inversesde ceux qui n'avaient point réussi à donner lepalladium, étaient insuffisans pour opérer sa.décomposition_

Expériences analytiques.Ezp. 1, 2 et 3. L'inverse des expériences

.synthétiques , , 2 , 3 , a été pratiqué sans au-cun résultat satisfaisant.

Exp. 4. L'inverse de l'expérience 4 a été sanssuccès. Je mis un peu de mercure dans une-

B b 4

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392 SUR LA NATUREdissolution de palladium, et je les laissai en-semble pendant quelque tems. Le précipité quieut lieu était du palladium, en tout semblableà celui qui avait servi pour l'opération.

Exp. 5. j'ai exposé différens morceaux depalladium à une très-forte chaleur pendantdeux heures. Il y eut dans quelques-uns dimi-nution de poids absolu, et augmentation degravité spécifique ; dans d'autres aucun de ces,effets n'eut lieu. Les essais que j'ai tentés ontété la plupart de cette dernière espèce.

Exp. 6. La coupellation n'a pas été d'unegrande ressource pour analyser le palladium ;la chaleur qu'il faut employer à cette opérationest si grande, que j e ne crois pas pouveir comptersur les résultats d'une expérience de cette na-ture; il est extrêmement difficile de ,détacheravec exactitude le bouton métallique de dessusla coupelle.

Exp. 7. J'ai brûlé du palladium par le moyendu gaz oxygène. La combustion a dégagé unefumée blanche, qui se déposa sur les parois du.récipient où était contenu le gaz. Cette fumée.était du ,palladium et non du mercure, quel'opération aurait séparé de l'alliage..

Ea,p. 8. -Un morceau de palladium queM. Davy a eu la bonté d'exposer en ma pré-sence, à l'action d'une forte batterie galvani-que, appartenant à ,la Société royale, a brûléavec une lumière très-vive , et en répandantune fumée blanche qui n'était point -11011. plusdu mercure séparé par l'opération.

Il n'est aucunes propriétés de ce composé quime .paraissent aussi surprenantes que celle quise manifeste dans ces expériences. C'est une

D'UNE SUBSTANCE MITAELIQUE. 393preuve frappante du peu de fondement qu'al'opinion de plusieurs savans , qui supposentque la rapidité avec laquelle une combinaisons'opère, est la juste mesure de la force d'affi-nité. Nous ne connaissons entre les corps att-énue affinité qui soit plus puissante que paraitl'être celle du platine net du mercure. Les obs-tacles qu'on est obligé de vaincre pour fixer cedernier métal en sont la preuve; et l'on éprouveune peine extrême pour opérer' cette combinai-son dans toute sa plénitude et dans toute son.'étendue. La différence qui existe entre le coin-posé et, ses élémens , lorsqu'ils sont purementMélangés , en dissolution ou autrement ,peut être mieux sentie ; qu'en comparant le ré-sultat de la cinquième expérience synthétique,avec la difficulté 'qu'oppose le mercure pour:être chassé du composé.

Je dois observer ici que toutes les expérien-ces analytiques' et plusieurs autres, ont été faitescomparativement sur le palladium que j'avaisacheté, et sur celui que j'ai composé. Mais ;quoique j'eusse moi-même combiné le mercureavec le platine, et que je susse que ce métalétait contenu dans le résultat obtenu , je n'aijamais pu réussir à le séparer. Aucune dessu bstanees décrites dans le premier paragraphe,comme moyenne entre le platine et le palla-dium, ne laisse échapper la moindre quantitédu mercure qui lui est combiné 5 je n'ai jus-qu'ici trouvé aucun moyen pour y réussir.

Le nom depalladium porte dans notre espritl'idée d'une chose absolue , qui n'est point sus-ceptible de diverses- nuances. Il en est cepen-dant une infinité dans les alliages , et particu-

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394 SUR LA NATURElièrement dans celui du platine et du mercure.Le même nom rappelle à notre mémoire, unemisérable fraude dirigée contre la science ;mérite bien d'être à jamais proscrit. Je donneà ce composé le nom d'alliage ; il diffère eneffet de l'amalgame, d'après l'idée généraleattachée à ce mot. Le nom que j'ai adopté con-vient parfaitement aux notions que nous avonssur la nature de cette substance.

Les faits que j'ai rapportés dans cet écritparaîtront au premier abord des faits sans exem-ples en chimie, et n'auront peut-être pas l'as-sentiment de tous ceux qui les liront. Le vrai.philosophe, cependant, ne doit pas se :trouverhumilié d'être forcé de revenir sur ce qu'ilcroyait savoir ; il doit s'estimer heureux qu'onl'ait mis dans le cas d'étendre ses connaissances ;il ne niera pas un fait en cherchant à le com-battre , soit par des faits qui ne peuvent luiêtre comparés , soit par des opinions déjà for-.niées que ce fait semble détruire. Une pareilleconduite éleverait une barrière insurmontablecontre le progrès des sciences ; ce serait mettreses propres sentimens à la place de la nature,et se consumer en vains efforts pour mesurer,à l'aide de l'imagination, ce sur quoi elle nepeut avoir de prise.

Mais ne bornons pas à un cas particulier lesfaits et les principes que lieus venons d'exposer;donnons-leur toute l'extension dont ils sontsusceptibles, et voyons si l'on peut trouver dansla nature quelque chose qui puisse s'appliquerau. sujet que nous traitons.

La première preuve que l'on peut alléguerpour combattre la présence du platine dans le

D'UNE SUBSTANCE MITALLIQUE. 395palladium , est le peu de densité que l'on areconnue dans l'alliage qui porte ce nom. Onne peut disconvenir, en effet, qu'il ne soit très-. extraordinaire qu'un métal, dont la gravité spé-cifique est au moins 22 (M. Chabaneau l'a ditde 24 ) , combiné avec un autre, dont la gra-vité spécifique est à-peu-pfès i4, donne unemasse , dont la gravité spécifique est 10,972 ,un peu plus que moitié de celle que donne lecalcul, et moindre que celle de chacun desprincipes composans. Dans le Mémoire deM. Hatchette , .sur les alliages d'or , que jecite toujours avec plaisir, on trouve quelquescas extraordinaire% des anomalies que subit lagravité spécifique ;et qui font que tantêt elleest supérieure à la gravité spécifique moyennedonnée par le calcul, et tantêt elle lui est in-férieure. On n'a point revoqué en doute les ex-périences de ce savant ; et on ne peut mettreen question l'exactitude avec laquelle l'auteurles a répétées. Une fois le principe de la diffé-ence entre la gravit l'i spécifique vraie, et celledite moyenne que anne le calcul, étant ad-mis qui oserait mettre des bernes aux opéra-tions de la nature , et marquer le point où leprincipe cesse d'être applicable ?

Nous avons 'sous les yeux journellement unexemple non moins extraordinaire des irrégu-larités qu'admet la gravité spécifique ; il estvrai, qu'étant pris dans les substances gazeu-ses , il a moins attiré notre attention. Mais,comme on n'a aucune raison de suspecter en lamoindre chose lés expériences faites avec leplus grand soin sur ce sujet , on ne peut se re-fuser ici à leur évidence. La densité du gaz

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396 SUR LA NATUREoxygène est à celle de l'eau comme i est à 4o;et la densité du gaz hydrogène comme i à 9792.La densité moyenne des quantités de gaz oxy-gène et de gaz hydrogène, qui constituent l'eau,est à celle de Peau comme 1 est à 2098 , ou end'autres termes , l'eau est 2o98 fois plus pe-sante que la densi?!.$ moyenne de ses élémensà l'état de gaz; mais l'eau liquide n'est que 1200fois plus pesante que l'eau réduite en vapeurs.Donc il y aune variation en , de 898, ou à-peu-près moitié entre la densité de l'eau et sesprincipes élémentaires , quand l'une et l'autresont à l'état de gaz. Ce fait toutefois ne regardeque les corps qui restent clrs le même état desolidité , de liquidité ou dé fluidité. L'anoma-lie devient bien plus grande , lorsqu'on consi-dère les corps qui passent de l'un de ces états àl'autre. Nous devons compter pour quelquechose un pareil changement, lorsqu'il s'agit del'alliage du mercure avec le platine; car le pre-mier métal, de liquide qu'il est , devient solideaussitôt qu'il entré dans la nouvelle combi-naison. .

Un préjugé plus fort, s'élevera peut-êtrecontre la fixation d'une substance aussi vola-tile que le mercure. Il est certain, que les tra-vaux des alchimistesont jeté du ridicule surun pareil sujet , regardé coMme faisant partiede la recherche de la pierre philosophale. Lessavans ont renoncé depuis Ion g-teins à une pa-reille idée ; et il n'est pas probable (pie dés ex-périences entreprises, d'après les vrais principesde la philosophie, aient eu pour objet la .fixa-tion du mercure dans le cas dont il s'agit. Ce-pendant la même cause qui nous porte à regarder

D'UNE SUBSTANCE idTALLIQUE. 397ce projet comme chimérique , pourrait nousdisposer à l'admettre lorsqu'il serait accompli.Tous les chimistes connaissent fort bien que desemblables fixations de substances volatiles nesont pas rares. Si un métal qui contient dusoufre, ou de l'arsenic, ou de l'antimoine, estbien grillé, une grande partie de ces corps vo-latiles est enlevée' ; mais si une chaleur capablede les fondre est subitement appliquée, la massese réunit de manière qu'aucune particule nes'échappe. M. Hatchette a opéré une- combi-naison artificielle d'or .et d'arsenic , de laquelleil n'a pu retirer ce dernier métal, quelque de-gré de chaleur qu'il ait employé. Cependantl'arsenic , quoique moins fusible , n'est pasbeaucoup moins volatil que le mercure. J'ajou-terai ici un cas qui convient encore mieux ausujet qui nous occupe; c'est la combinaison del'arsenic et du platine qui n'est pas rompue parla chaleur fondante. L'eau nous fournit unnouvel exemple de ce fait. L'état de liquiditéou de fluidité que prennent deux substancesgazeuses pour produire de l'eau, au moyen dela déperdition du calorique , ne choque pointnotre esprit, parce que nous -y sommes accou-tumés. Nous ne pouvons pas dire Combien decalorique le mercure doit perdre pour s'unirau platine, ou jusqu'à ,quel point la présencede ce dernier métal peut contribuer à chasserle calorique du premier. Nous savons fort bienqu'à une certaine température , il nous est im-possible de séparer les dernières portions d'oxy--gène des oxydes de fer et de manganèse, si l'onn'a recours un corps combustible propre àopérer la réduction. Dans la méthode ordinaire

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398 SUR LA NATUREdont on fait usage pour la réduction des oxydesmétalliques, l'oxygène est entouré d'une quan-tité de calorique beaucoup plus considérableque celle qui est nécessaire pour le convertiren gaz. Toute fixation d'une substance volatilea de l'analogie avec la question présente ; etceux dont les esprits sont, pour ainsi dire, effa-rouchés par la nouveauté du fait, doivent pe-tit à petit se familiariser avec la nécessité indis-pensable oii ils sont de l'admettre.

Mais on pourrait m'objecter , que dans lescas du fer et du manganèse, l'oxygène est com-biné avec un corps combustible , et qu'il y estretenu par une affinité décidée et très-éner-gique. Il n'y a pas de raison de supposer qu'unepareille affinité ne puisse exister dans les mé-taux. Nous avons été forcés de la reconnaîtreparmi les terres , dans un petit nombre de cas.Les recherches profondes et pleines de saga-cité de M. Bertholet, nous ont appris plusieursfaits nouveaux, qui semblent promettre desprogrès rapides à la science. Je demanderai lapermission d'ajouter un petit nombre d'exem-ples empruntés de la classe des corps auxquelsse rapporte le sujet de ce présent Mémoire, etje ferai voir que les métaux obéissent à la loigénérale de l'attraction mutuelle.

Expériences qui prouvent l'affinité desmétaux.

Exp. 1. J'ai 'dissout ioo grains d'argent dansl'acide nitrique, et je les ai précipités par lemuriate de platine. Le précipité bien lavé etbien desséché, avait une couleur de paille assezéclatante ; il pesait 147 grains. Réduit dans un

D'UNE SUBSTANCE 11TALLIQUE. 399creuset avec du charbon, il donna un boutonqui pesait 121 grains , et dont la gravité spé-cifique était 11,6. La différence du poids, entreles ioo grains d'argent qui ont été employés, etces 121 grains , est diie à 21 grains de pla-tine qui se sont précipités à la longue. avecl'argent, par l'effet d'une affinité pour ce métal.L'acide nitrique agit sur cet alliage; une grandepartie du platine est dissoute à la longue avecl'argent ; il n'est pas fort aisé de les séparer parles méthodes ordinaires.

Exp. 2. J'ai dissout ioo grains d'argent dansl'acide nitrique : j'ai ajouté environ 1200 grainsde mercure. J'ai versé le tout dans une disso-lution de sulfate de fer, et j'ai obtenu un pré-cipité très-abondant. Lavé et desséché, il pe-sait 939 grains ; c'était un amalgame parfait ; ily avait saturation mutuelle. La gravité spéci-fique était 13,2. Le tout ayant été exposé à lachaleur, le mercure se sépara.

. Exp. 3. J'ai dissous i oo grains d'or dans l'acidenitro-muriatique , et j'ai ajouté environ 1200grains de mercure. Le sulfate de fer, versé dansla dissolution, a donné un précipité qui pesait874 grains. Il était sous la forme d'une bellepoudre bleue, n'ayant point l'aspect d'un amal-game, quoiqu'entièrement métallique. Je n'ai.pu estimer la gravité spécifique ; la chaleur sé-para le mercure.

Les réactifs dont j'ai fait usage dans les expériences suivantes , étaient le muriate d'étainrécemment fuit, le sulfate de fer. Pour rendreplus frappant le tableau des anomalies que pré-sentent les précipités qui ont lieu dans les dis-solutions mixtes des métaux , j'ai cru nécessaire

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40e) SUR LA NATURE

de faire connaître l'action de ces sels sur la-

dissolution de chaque métal séparé.Le muriate récent d'étain donne avec la dis-

solution. de l'or , le précipité , connu sous lenom de pourpre de Cassius. Avec le platine,la couleur de la liqueur est plus exaltée. Avecle mercure , il y a réduction totale. Avec lecuivre, il y a une réduction de l'oxyde noir àao pour 100 d'oxygène, à l'oxyde jaune à 11,5

'pour ioo d'oxygène. Avec l'acide arsenique, ré-cluction à l'état d'oxyde blanc. Il n'y a aucuneréduction avec l'argent, le plomb, l'antimoine ;le sulfate de fer ne réduit aucune dissolution.métallique, excepté celles d'or et d'argent.

Les dissolutions mixtes de plusieurs métaux,exposées à l'action du muriate d'étain ,et à celledu sulfate de fer, ont donné les résultats suivans.

Exp. 4 5, 6, 7 et 8. Le muriate d'étain misdans une dissolution mixte d'or et de mercure,précipite les deux métaux ensemble ; et 'il n'y apas la moindre trace de pourpre. Les dissolu-tions d'or et d'antimoine, ainsi que celle d'oret d'acide arsenique, se comportent de la mêmemanière. Les dissolutions d'or et de cuivre, Celled'or et de plomb , donnent des résultats sem-blables à ceux que donne chaque métal séparé.

Exp. 9, 10 , 11 , 12, 13. Avec une dissolu-tion de platine et d'acide arsenique , le muriated'étain ne donne aucun précipité ; niais la cou-leur est plus relevée que si le platine avait étéseul dans la dissolution. Ce même réactif donneau bout de quelque teins un précipité dans ladissolution de platine et d'antimoine ; l'effet estretardé par l'excès d'acide dans la dissolutionde l'antimoine. Le platine et le cuivre, ainsi

que

D'UNE SUBSTANCE 1\1TA1t.LIQUE. 4°/que le platine et le plomb, éprouvent les mê-mes effets que s'ils étaient clissons séparément.Dans les dissolutions de platine et d'argent ,ces deux métaux sont précipités ensemble parle sulfate de fer.

Ex_p. 14., 15, 16. Le mercure et le cuivre,le mercure et le plomb ainsi que le mercureet l'arsenic, sont précipités à l'état métalliquepar le muriate d'étain.

Il suit évidemment de ces expériences,10. Que l'or a une affinité pour le mercure,

pour l'antimoine et pour l'arsenic.2°. Que le platine a une affinité pour l'ar-

gent, pour le.mercure et pour l'antimoine, etque la présence de Earsenic exerce une certaineinfluence sur,' ce métal.

, 30. Q ue 'l'argent a de:reffinité pour le Mercure.40. Que le mercure ade l'affinité pour le 'cui-

vre, pour le plomb et pour l'arsenic.Je ne. donne pas cette suite d'expériences

comme un système d'affinités métalliques, maisbien comme un, Petit nombre, de faits propres àprouver Ce que l'ai avance. Je prévois que beau-coup d'autres faits pourront se présenter; niaismon intention n'est pas d'approfondir ici le su-jet dont il s'agit. L'importance générale du prin-cipe, sa grande influence qui peut s'étendre surtoute la chimie, semblent commander des re-cherches multipliées ; les expériences propres àéclaircir la question, sont très-délicates de leurnature ; elles exigent des soins particuliers, carelles ne réussissent pas toujours, à moins d'unconcours de circonstances favorables.

Lorsque l'on soumet à l'action du muriated'étain des dissolutions mélangées de trois nié-

Volume 14. C c

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402 SUR LA NATUREtaux et plus, ainsi qu'à celle du sulfate de fer,leurs actions réciproques se montrent sous unpoint de vue tout à la fois plus frappant et pluscompliqué.

.Expériences sur le platine.

Je vais décrire présentement quelques-unesdes expériences que j'ai eu occasion de, faire surle platine , au milieu des recherches que j'ai fai-tes pour reconnaître le prétendu nouveau mé-tal. On connaît fort peu jusqu'ici les oxydes etles sels du platine ; et quoique je n'aie pas euencore beaucoup de tems.pour étendre bien loin

les recherches que j'ai tentées sur ce sujet, mesexpériences pourront servir à établir quelquespoints intéressans.

J'ai dissous une certaine quantité de platinepurifié (i) dans de l'acide nitro-muriatique , etje l'ai précipitée par la chaux. Une grande par-tie- du platine est restée dans la liqueur, quoi-

que j'aie employé un excès de la terre. J'ai re-dissous le précipité dans l'acide nitrique, et j'aiévaporé jusqu'à siccité. Le résultat était un sous-nitrate de platine. j'ai alors exposé la masse dans

un creuset, à une chaleur capable de séparer toutl'acide ; l'oxyde est resté seul. Quand il à étéchauffé au rouge, à un degré de chaleur quiétait insuffisant pour fendre l'argent, l'oxydese trouva réduit, et parut avec le brillant mé-tallique. Le poids des différens produits dans les

(i) J'ai toujours entendu par platine purifié, le platineréduit à. uné chaleur douce , du sel obtenu en mêlant unedissolution concentrée (le muriate d'ammoniaque, dans 11114i

dissolution concentrée de platine.

D'UNE SUBSTANCE MÉTALLIQUE. 403

expériences ci-dessus citées, m'a donné les pro-portions suivantes d'oxyde, et de sous-nitratede platine.

L'oxyde jaune de platine est composé,Platine 87Oxygène. /3

iooLe sous-nitrate de platine est composé,

Platine, environ 89Acide nitrique et eau. . .

100Mais dans la réduction de cet oxyde de pla-

tine, il devient d'une couleur verte, et restedans cet état pendant quelque tems. Le nitratede platine devient quelquefois d'un. vert pâlesur les bords, quand on évapore jusqu'à siccité;etl'ammoniaque prend une couleur verte quandil précipite l'oxyde de platine, comme nousavons vu plus particulièrement avec le palla-diunz. C'est donc un second oxyde de platine.Il contient 7pour lao d'oxygène.

J'ai dissous une quantité Connue de platinedans l'acide nitro-muriatique ; j'ai chassé l'acidenitrique, en versant dans une suffisante quan-tité d'acide muriatique , j'ai évaporé jusqu'àsiccité. Cette expérience m'a fait connaître quele muriate insoluble de platine était composéainsi qu'il suit :

Oxyde jaune de platine. .Acide muriatique et eau.

100J'ai ensuite chassé l'acide muriatique par

l'acide sulfurique, et j'ai évaporé de nouveauC c

70. . 30

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D'UNE SUBSTANCE MÉTALLIQUE.

ce qu'elles sont dans les tables qu'on a publiées.Le petitnombre d'acides que j'ai eu occasion d'es-sayer, m'ontfait connaître que l'oxyde de platineétait attiré dans l'ordre qui suit, par les acidessulfurique, oxalique , muriatique , phosphori-que, fluorique , arsenique, tartarique , citrique,benzoïque, nitrique, acétique et boracique.

Que l'acide sulfurique attire l'oxyde de pla-tine plus fortement que le muriatique, c'est unargument sans réponse, contre l'opinion quePlusieurs savans soutiennent depuis long- tems ,et qu'ils n 'ont point encore abandonnée. L'acidemuriatique, suivant cette opinion, contribue àla dissolution de l'or et du platine dans l'acidenitro-muriatique , de la même manière que l'a-cide sulfurique est supposé faciliter la décom-position de l'eau pendant la dissolution du ferpar cet acide étendu d'eau. L'affinité de l'acidemuriatique , pour l'oxyde d'or et de platine, aété regardé comme une cause qui dispose l'acidenitrique à être décomposé par ces métaux. Maisil est évident qu'il y a ici quelques autres cau-ses; car l'acide sulfurique qui a une plus forteaffinité polir l'oxyde de platine, que n'en a l'a-cide muriatique , n-e contribue en rien à la dé-composition de l'acide nitrique par l'or et parle platine.

CONCLUS.ION.La substance dont il est parlé dans ce Mémoire,

doit nous convaincre combien il est dangereux de bâ-tir une théorie avant d'avoir recueilli un nombre defaits suffisant, et dé donner lès résultats d'un petitnombre d'observations ,comme des loix générales dela nature. Si les théories sont en général très-utile&pour rallier les connaissances, et leur servir pour ainsi

404 SUR LA NATUREjusqu'à siccité. J'ai trouvé que le' sulfate inso-luble de platine était composé de la sorte :

Oxyde de platine ..... . 54,5Acide et eau 45,5

100,0Le muriate d'étain est le réactif le plus Sen-

sible que l'on puisse employer pour le platine.Une dissolution de ce dernier métal, lalimpidité de l'eau, au point de ne pouvoir ledistinguer de ce liquide , prend une couleurrouge éclatante ,lorsqu'on verse quelque goutted'une dissolution récente de muriate d'étain.S'il y entre du mercure, la couleur est plus fon-cée..Le muriate récent d'étain , mis dans une dis-solution de muriate formé par l'oxyde' rouge demercure, le change en muriate dans lequel l'a:-cide est moins oxygéné ; mais peu de teins aprèsle mercure estrécluit àl'état métallique; c'estponi-celaqUe l'alliage de platine et de mercure, donnetoujOurs:-#Trécipité plus foncé en couleur quele platine', a-v'ec le muriate d'étain.

Nue platine, ni le mercure ne sont précipitéspar l'acide prussique, non plus que par les prus-siates. Mais, si 'l'on met dans le prussiate demercure du sulfate , du nitrate, ou du muriatede platiné', il se fOrine sur-le-champ un préci-pité de couleur orangée. Dans quelques cas, unedissolution mixte de platiné et de mercure.,donne un précipité semblable à Celui par l'acidepru.ssique seul'. -

Le platine est un des métaux qui sont préci-pités par l'hydrogène sulfuré sans le secoursd'une double affinité.

Les affinités du platine diffèrent beaucoup de

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4°6 SUR LA NATUREdire d'enseigne., elles sont aussi quelquefois préjudi-ciables, parce qu'elles font naître dans l'esprit desidées prématurées, dont on a d'autant plus de peine à,se défaire, qu'on les a admises sans examiner aupara-vant si elles avaient vérité et convenance. Nous réfor-mons facilement nos jugemens d'aprèsles faits ; l'évi-dence fondée sur l'expérience est également couvain- .

cante pour toutes personnes. Mais les théories qui nesont pas fondées sur le calcul, et qui se bornent à in-terpréter une série de faits, sont les créatures del'imagination, et sont gouvernées par les impressionsdifférentes que ressent chaque individu. La nature ritde nos spéculations, et quoique de tems. en teins nousrecevions des leçons qui nous font sentir la faiblesse denos connaissances, nous cherchons à nous dédomma-ger en étendant nos vues, et en faisant des effortspour approcher des plus près de l'éternelle et im-muable vérité.

Les affinités des métaux, les uns pour les antres,ont sur la chimie une influence très-étendue. Elles fontnaitre des doutes par rapport aux découvertes à ve-nir, et à l'égard des connaissances que l'on croit avoir.Certainement le palladium diffère autant des élémensqui le composent> et des autres métaux , que chacunde ces mêmes .élérnens diffère l'un de l'autre. Depuisquinze et vingt ans, on a découvert de nouvelles subs-tances terreuses et métalliques. Les noms qui rappè-lent ces découvertes sont respectés ; les expériencessont décisives. Si nous leur refusions notre assenti-ment, aucune proposition ne serait plus stable en chi-mie. Les auteurs de ces découvertes n'ont pu déciderpositivement si toutes ces substances sont simples enelles-mêmes , ou si elles le sont seulement, par rapportà nous, c'est-à-dire, non décomposées ; si les décou-vertes à venir leur prouvaient qu'ils se sont trompés enles prenant pour des substances vraiment simples, celane détruirait en rien le mérite de leurs découvertes.Cette remarque ne se borne pas aux découvertes ma-

D'UNE SUBSTANCE MtiTALLIQUE. 407dernes. Elle a une juste application aux terres et auxmétaux que nous connaissons depuis long tems.

Quant à ce qui regarde les substances métalliques,nous avons vu combien peu l'on doit faire de fond surla gravité spécifique. Une anomalie contraire à ce quise passe dans le platine et sur le mercure, a lieu pourd'autres métaux ; ils peuvent tout aussi bien acquérirune gravité spécifique supérieure à la gravité moyen-ne, qu'ils peuvent en acquérir une moindre. Ils peu-vent, étant unis ensemble, paraître composer unemasse homogène en apparence, même d'après le té-moignage des réactifs qu'emploie la chimie. Une despropriétés qui rend les métaux si précieux, c'est deservir à la fabrication d'une foule d'instrumens né-cessaire-à-à nos besoins ; les métaux cassans ne sontqu'au second rang pour leur utilité, ils servent toutau plus à donner aux métaux ductiles quelques qua-lités qui les rendent plus propres aux usages écono-miques. Il. arrive souvent que deux métaux ductilesdeviennent cassans , étant alliés ensemble ; nous n'a-vons pas de cas où l'inverse ait lieu, au moins à undegré marqué. Il n'est pas hors de vraisemblance quenous puissions un jour simplifier beaucoup dans lessubstances métalliques fragiles ; et même dès à pré-sent, peut-être avons-nous assez de données pourranger les métaux dans un ordre tel qu'il puisse pré-senter ensemble tous ceux qui réunissent le plusgrand nombre de caractères semblables.

Nous pouvons observer un semblable rapproche-ment dans le nickel et dans le cobalt, qui partici-pent beaucoup des propriétés du cuivre et du fer. Ona regardé , pendant long - tems , ces deux métauxcomme des. mélanges, et les doutes des anciens chi-mistes, qui craignaient de prononcer sur leur nature,sont peut-être mieux fondés que l'assertion des mo-dernes, qui les ont déclarés corps simples. Soumis auxmêmes réactifs, ils forment des composés insolublesavec les mêmes acides , et également solubles avec

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4o8 SUR LA NATURE, etc.d'antres substances. Il y a tout au plus une ou deuxqualités qui nous font considérer ces deux métauxcomme distincts entre eux. Le palladium a au moinscinq ou six caractères aussi fortement prononcés queceux de tout métal quelconque, qui le distinguent non-seulement de chacun des métaux qui entrent dans sacomposition, mais encore de tous les autres métauxconnus.

Ces rapprochemens sont encore plus frappans dansles pierres. Un des principaux caractères de ces subs-tances , c'est leur tendance à entrer en des combinai-sons salines, dans lesquelles elles reçoivent de nou-velles propriétés, et remplissent de nouvelles fonc-tions. Si nous les rangeons d'après cette tendance gé-nérale, nous 'aurons l'ordre suivant.: baryte et stron-tiane ; chaux et magnésie ; glucine et alumine ; zir-cone et silice. Et si nous les considérons deux à deuxdans cet ordre, qui est l'ordre naturel, nous réuni-rons précisément celles qui diffèrent par le plus petitnombre de caractères chimiques.

On peut pousser plus loin cette idée ; mais il fautattendre le résultat de l'expérience ; un vaste champest ouvert aux recherches. Dans les teins obscurs de lachimie y l'objet de cette s,cience était de rivaliser avecla nature. Les substances ,que les adeptes étaient oc-cupés alors 4 créer, étaient généralerrfent regardéescomme simples.. A. une époque où les lumières se sontaccrues, nous avons étendu nos

recherches'et nous

avons multiplié le nombre des él émeus. La dernièretâche que nous aurons à remplir, sera celle d'en sim-plifier le nombre, et par une étude plus sérieuse cte,

nature, de montrer que tout ce que nous voyonset que nous admirons, a été fait avec une petite clamptitésle matières primitives.

JOURNAL DES MINES.

N°. 84. FRUCTIDOR AN II,

NOTICESUR des Ichtyolites nzouchelés de mercure

sullu. ré , trouvés dans le departement du..Mont-Tonnerre.

Par le Cit. BEURARD Agent du Gouvernement.

DEVANT craindre que ce que j'ai dit dans lesobservations générales qui précèdent quelques-uns de mes Rapports, insérés dans le Journaldes Mines , pluviôse an 6, page

322'ait faitnaître des doutes sur l'authenticité d'un fait rap-porté par plusieurs auteurs , avait été

trouvé autrefb is , dans les environs de Muns-terappel , des dépouilles et empreintes de pois-,ons , mouchetées de mercure sulfuré ; je mecrois obligé aujourd'hui d'annoncer que la con-tinuation de mes recherches m'en a enfin pro-curé.

Je les ai rencontrées dans les flancs d'unemontagne stratifiée, dont un coté porte le nomde Spreit, et l'opposé celui d'Himmelsberg; saforme est celle d'un promontoire ou cap, quis'avance entre deux vallons étroits vers un

, troisième plus large , et se confond avec unedes chaînes du Mont-Tonnerre./ Volume 14. D cl