journal des mines. - annales.org · ques-unes sont plein es de gryphi tes jaunâtres toute grandeur...

10
8o ..ANN ONCES. gifle , au caractère, aux moeurs , et aux maladies des habitans. La troisième traite , avec beaucoup de détails, de l'écono- mie rurale et forestière. La quatrième fait connaître l'industrie et l'emploi éco- nomique des substances minérales, végétales et animales. Enfin la cinquième concerne le commerce. Ce travail est précédé d'une liste de soixante-dix ou- vrages relatifs aux Pyrénées , où dans lesquels il est parlé de ces montagnes. JOURNAL DES MINES. Aia1211- N°. 200. A..OUT 1813. AVERTISSEMENT. Toutes les person nes qui ont participé jusqu'à présent, ou qui voudraient participer pa r la suite, au Joumal des Mines, soit par leur correspondance, soit. par l'envoi de Mémoires et Ouvrages relatifs à la Mi néral ope et aux diverses Sciences qui se rapportent à l'Art des Mines, et qui tendent à son per- fectionnement, sont invitées à faire parvenir leurs Lettres et Métienres , sous le couvert de M. le Comte LIUMOND Conseiller d'Etat , Directeur-général des Mines, à M. GILLET.. LAU MONT, Inspecteur-général (les Mines. Cet Inspecteur est articulièrement chargé, avec M. TREMERY Ingénieur des Iines , du travail à présenter à M. le Directeur-général, sur le choix des Mémoires, soit scientifiques , soit administra- tifs, qui doivent entrer dans la composition du Journal des Mines; et sur tout ce qui concerne la publication de cet Ouvrage. OBSERVATION S GÉOLOGIQUES Sur la -presqu'île de Saint- Hospice, aux environs de Nice , dép. artement des Alpes Mafitimes ; Par A. Risso , Membre-Associé de plusieurs Académies et Sociétés savantes. Je n'ai de ces collines basses de l'Apennin perlicielle qu'a pu m'en donner un voyage mais je suis persuadé qu'elles recèlent le opérations de la mer. CUVIER , Rech. sur les Ossem. foss. que la connaissance su- fait pour d'autres objets; vrai secret des dernières Disc. prélimin., p. 14. . D cr haut du col de Mon talban , à l'orient de la ville de Nice , on voit se détacher de la der- Volume 34, no. 200. F Objet.

Upload: vominh

Post on 19-Sep-2018

214 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

8o ..ANN ONCES.

gifle , au caractère, aux moeurs , et aux maladies des

habitans.

La troisième traite , avec beaucoup de détails, de l'écono-

mie rurale et forestière.

La quatrième fait connaître l'industrie et l'emploi éco-

nomique des substances minérales, végétales et animales.Enfin la cinquième concerne le commerce.

Ce travail est précédé d'une liste de soixante-dix ou-vrages relatifs aux Pyrénées , où dans lesquels il est parlé

de ces montagnes.

JOURNAL DES MINES.Aia1211-

N°. 200. A..OUT 1813.AVERTISSEMENT.

Toutes les person nes qui ont participé jusqu'à présent, ouqui voudraient participer pa r la suite, au Joumal des Mines,soit par leur correspondance, soit. par l'envoi de Mémoireset Ouvrages relatifs à la Mi néral ope et aux diverses Sciencesqui se rapportent à l'Art des Mines, et qui tendent à son per-fectionnement, sont invitées à faire parvenir leurs Lettreset Métienres , sous le couvert de M. le Comte LIUMONDConseiller d'Etat , Directeur-général des Mines, à M. GILLET..LAU MONT, Inspecteur-général (les Mines. Cet Inspecteur est

articulièrement chargé, avec M. TREMERY Ingénieur desIines , du travail à présenter à M. le Directeur-général, sur

le choix des Mémoires, soit scientifiques , soit administra-tifs, qui doivent entrer dans la composition du Journaldes Mines; et sur tout ce qui concerne la publication decet Ouvrage.

OBSERVATION S GÉOLOGIQUESSur la -presqu'île de Saint- Hospice, aux

environs de Nice , dép. artement des AlpesMafitimes ;

Par A. Risso , Membre-Associé de plusieurs Académieset Sociétés savantes.

Je n'ai de ces collines basses de l'Apenninperlicielle qu'a pu m'en donner un voyagemais je suis persuadé qu'elles recèlent leopérations de la mer.

CUVIER , Rech. sur les Ossem. foss.

que la connaissance su-fait pour d'autres objets;vrai secret des dernières

Disc. prélimin., p. 14.

. D cr haut du col de Mon talban , à l'orient dela ville de Nice , on voit se détacher de la der-

Volume 34, no. 200. F

Objet.

Aspect dela ',tes-qu'ile.

OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES

nière chaîne des montagnes Subalpines, quiservent de bordure septentrionale à la Medi-.terranée, une portion de terre, qui, se prolon-geant dans la ruer, se divise à son sommet en.deux pointes , dont une , prenant la directionde l'Est- Sud Est, sert à former le golfe deSaint-Hospice' et l'autre, en se courbant versle Sud Sud - Ouest , fait partie de la baie de

Ville-Franche.Cette presqu'île très-intéressante pour la

géologie, recèle une immense quantité d'ani-

maux marins fossiles que je me propose detfaireconnaître dans ce Mémoire; mais je vais donner.

aciparavantun aperçu général de tout le canton,-tel qu'il se présente à l'observateur placé sur le'monticule situé au milieu de la Péninsule.

Ce sommet est élevé au-dessus du niveauactuel de- la mer d'environ 6o mètres ; il est

,connu dans le- pays sous le nom de cap Ferrat,et-domine la partie la plus intéressante de la.

presqu'île.Au Nord, le terrain qui tient à la grande

terre s'abaisse insensiblement à 5o mètres plus

bas que le capFerrat; il est planté de vignes

viers , et d'autres arbres fruitiers , et il s'étend

assez 'considérablement de l'Est à l'Ouest, mais

en s'affaissant peu à peu du côté de la baie de

Ville-Franche. Au pied de cette riche pente se

fait dans un petit espace horizental assez bien

tiré , élevé d'environ 40 mètres, le point de par-

tage. des eaux pluviales vers l'une et l'autre

baie.A une médiocre distance da cap Ferrat , tou-

jours en remontant vers le Nord, lé sol se relève

SUR LÀ PRESQU'ÎLE DE SAINT-HOSPICE. 83et prend la forme d'un monticule isolé peuexhaussé , mais cependant plus haut que tecap Ferrat dont il coupe la vue ; il est bien.garni (l'oliviers et de caroubiers. Plus loin , ettoujours en avançant vers le septentrion , suc-cède un vallon plus creux, qui, étendu de l'Ouestà ,l'Est entre les deux baies de Ville-Franche etde Saint-Hospice, est borné au Nord par la.dernière et la plus basse chaîne des montagnesSubalpines. A l'Est- Nord-Est de la baie deSaint-Hospice, ce vallon se termine par uneagréable plaine dite du Beaulieu, élevée desixà huit mètres au dessus de la mer, et cou-verte de jardins d'orangers, de cédratiers et delimoniers.

A l'Est, si l'on suit le contour du golfe deSaint-Hospice, on atteint toujours , sur le mêmeplan et à la même élévation de six à huit mètres,l'anse dite de Saint-Jean, où se fait la pêchedes thons et autres espèces de scombres ; lapente de la côte qui borde cette anse est mé-nagée de manière 'à former une sorte d'amphi-théâtre de l'Ouest-Nord-Ouest .par le Sud auSud-Sud-Est.

C'est à peu près du pied de ce coteau, et versle milieu du. bord oriental de la grande pres-qu'île, que part dans l'Est-Sud-Est, mais à unniveau plus bas, une pointe nommée Saint-Hospice , qui forme le côté Sad de la baiede même nom. Outre l'anse de Saint-Jean, ily en a une moins grande plus avant dans l'Est,et on en, distingue deux autres sur le bord mé-ridional; par la manière dont ces quatre cri-ques se correspondent toute la pointe vue de

F

Descrip-tion de lacôte de labaie deVille-Fran-che.

84 OBSERVATIONS .01:'OLOGIQUES

.la crête de la hauteur prend la figure de zig-zags.

Au Sud du cap Ferrat s'élève du sein deseaux un plateau passablement étendu , forméd'un calcaire compacte rempli de fissuresdans lequel croissent Pophris jaune ( op,hrislutea), le romarin officinal ( romarbzus offici-nalis), et quelques myrtes rabougris. Plus

ii,

au md encore le terrain se relève et formeun tertre isolé de la même nature, qui seprolonge vers la baie de Ville-Franche, au pointoù est 'établi le fanal.

Du ca p Ferrat on découvre aussi An tibe ,Ville-Franche Esa, la Turbie, Monaco, MentonVentimille , et jusqu'à la Bordighiera. Un capavancé dérobe le restant de la côte ; mais, lors-que-le teins le permet, l'oeil est dédommagé parla vue très-distincte de la Corse.

En quittant ce sommet d'un aspect si ,agréa-ble les environs vont nous intéresser sous unnouveau point de vue. Vers le commencementde la Péninsule, du Côté- de la baie de Ville-Franche, dans l'endroit appelé Deux-Rubset sous un sol propre à la culture, s'annoncentvers l'escarpement du bord de la mer, d'épaissescouches , tantôt perpendiculaires , tantôt hori-zontales , d'un calcaire marneux bleuâtre,passant au. gris-verdâtre par l'action de l'airtendre , qui se laisse entamer facilement avecle couteau, happe faiblement à la langue , dontla Cassure est terreuse , presque ,écailleuse, lespièces séparées à bords aigus, et l'odeur argi-leuse. Ce calcaire se durcit à l'air , mais enmême teins se fendille et tombe en éclat.

SUR LA PRESQU'ÎLE DE SAINT-HOSHICE. 85En approchant de la pointe sur laquelle se

trouve le débris d'une ancienne batterie, cettesubstance devient plus dure et contient moinsde part ies.argileuses , ses couches s'inclinen t in-sensiblement , et plongent dans la mer : quel-ques-unes sont plein es de gryphi tes jaunâtrestoute grandeur et de forme variée ; d'autressont parsemées de pyrites ferrugineuses, et tra-versées en tous sens par des filets de chaux car-bonatée lamellaire d'un beau blanc, accompa-gnés de superbes cristaux en rhomboïdes.

Ce qui a droit de frapper vraiment l'obser-vateur, c'est que les gryphites qui cbmposent'cet immense amas semblent, par la manièredont elles sont régulièrement placées , êtreencore attachées au banc sur lequel elles vi-vaient. Si on les enlève, on est étonné de trouverplusieurs de ces coquilles 'remplies d'une ma-tière plus dure, plus compacte, faisant un feutrès-vif au briquet, et peu d'effervescence avec'les acides, très-différente du rocher de, calcairemarneux, auquel elles adhèrent ; d'antres aucon traire ne présentent à l'intérieur que la subs-tance dans laquelle elles sont contenues.

Au-delà de cette pointe , la mer s'avance pourformer une anse qui porte le-nom de grosueit.Dans le pourtour de cette anse, au milieu descouches tourmentées de calcaire marneux quile formaient, on trouve des espèces de filonsirréguliers remplis d'une marne grisâtre , aumilieu de laquelle sont des térébratules , et degros tuyaux de vers marins qu'on ne. connaîtpas vivans en Eurepe.

Une excavation faite dans cette partie de laF3

88 OBSERVATIONS G-à)EOGIQU ES

Phasianelle rouge.Nérite verte.Natice p,rêlot.Bulime tronqué.Haliotide ormier.Fissurelle treillis.Patelle vulgaire.Patelle bleue.P. ceil de bouc.P. portugaise.Oscabrion fasciculaire.Lucine circinaire.Telline variée.Donace crépue.Bucarde sourdon.B. rustique.B. oblong.IVIactré pellucide.Arche de Nog.

Moule commune.M. barbue.Pétoncle velu.Lime écailleuse.Peigne varié.P. gigantesque.P. de Saint-Jacques.P.Spondyle gdérope.S. royal.Huître plissée.Anomie pelure d'oignon.Vénus verruquese.Came sessile.

Pitasianella rubra , s. n.Nerita viridis , Bos.Natica glaucina , Rois.Bu/bruis truncatus , s. n..1Ialiotis tuberculata , Lin.Fissurella graeca , Lam.Patella valgata , Lin.Patella caerulea , Bos.P. cypria, Lin.P. iusitanica , Bos.Chiton fascicularis , Lin.Lucina. circinaria, Bos.Tellina variegata ,Dozzax iras. Lin.Cardium edule , Lin.C. rusticum , Bos.C. oblongum , ici._M-act,a pellucida. , Bos.Arca Noe , Lin.

Mytilus aedulis , Rois.M. barbatus , id.Petonculas pilosus-, id.Lima squanzosa , id.Pecten vitrius , id.P. maximus , id.P. Jacobaeus id.P. glaber, , id.Spondylus gaederopus , id.S. regius , Bos.Ostrea plicatula , Frein.Anomia ephipplunt , Lin.Venus verracosa , id.Cama sessilis , Bos.

CYRRHIPi,'DES.

Anatife lisse. Anotija laevis , Lin.

SUR LA PRESQU'ILE DE SAINT-II0S-picE.

ANNLIDES.

Dental/uni eut:cals , L.Serpula vermicularis , M.

CRUSTACE.S.

Cancer pialfrons , Lat,Maïa squireado , Fab.Pagurus bernardus , id.

RADIAIRES.Echinus esculentus , Lin.

POLYPES.

Coralianz rubrum , Lam.Oculliaa hirtella ,Astrea favosa , id.Fascica. crzespitosa, id.Caryophilia cyathus, id.Favosita perforata , id.

On n'hésitera point à considérer ces êtrescomme fossiles, si l'on fait attention que laplupart d'entre eux sont recouverts d'un. sablemarin , agglutinés par un ciment argileux. Lacouche inférieure qui les renferme., parait êtrel'ancien fond. de mer sur lequel vivaient plu-sieurs de ces animaux, puisqu'on trouve au-jourd'hui les mêmes espèces dans les mêmescirconstances 'al; ec le- même sable, sûr plu-sieurs points de notre côte ; ce qui nous pôrteà croire que la mer a séjourné pendant unteins assez 'considérable à ce niveau, et quece dépôt de fossiles n'est .pas accidentel

Dentale antule.Serpule vermiculaire.

Crabe front épineux.Maie squinado.Pagure bernard.

Oursin comestible.

Corail rouge.Ocu li ne .11,;rissée.Atrée à cellule.Fascicule en-touffe.Caryophilie gobelet.Favosite perforée.

1

A. barbue. A. barbata , id.A. lactée. A. lactea , Bos.A. transparente. A. pella , id.

90 OBSERVATIONS GIOLOGIQUES

car il fallait an moins plusieurs années auxgrandes espèces pour prendre tout leur ac-croissement , et se multiplier en si grande abon-dance. La couche supérieure, au contraire, pré-sente beaucoup de débris de fossiles , dont lesanalogues ne vivent aujourd'hui que dans lesmoyennes et grandes profondeurs ; ce qui at-testerait dans ce dernier cas un vrai transportdans ce local par l'effet des vagues de la mer,ou à la suite de quelque catastrophe.

40. La formation du calcaire marneux à gry-phites , d'un bleu plus foncé que celui quiest situé sur les bords actuels de la mer , versle commencement de la Péninsule , se trouveimmédiatement au-dessous du dépôt des co-quilles analogues à celles de nos côtes. La pre-mière couche de ce calcaire marneux esttrès-tendre. et fort facile à enlever, les autresplacées en dessous ont plus de neuf mètres d'é-paisseur, elles forment un massif très-dur ettrès-compacte que la poudre seule peut fairesauter ; on trouve dans leur milieu quelquesp, rites ferrugineuses cristallisées , dont plu-sieurs, en se décomposant, ont coloré en jauned'ocre différens blocs de cette masse.

5°. Enfin, à dix-sept mètres environ de pro-fondeur, jaillit une eau limpide, potable, con-tenant à peu près les mêmes élemens de cellesque j'ai analysées dans les environs de Nice.Le niveau des eaux salées se trouve encore àtrois mètres au-dessous.

En suivant le contour du bord de la merl'on arrive peu à près dans une anse beaucoupplus spacieuse que celle de Grosueil , et qu'ou

SUR LA PRESQU'ÎLE DE SAINT-HOSPICE. 9 1.

nomme Lou greind passable. Le petit sentierqu'on suit pour y arriver est bordé de lentisque(pistacia lentiscits) , d'aphyllantes (apbyl-Jantes monspeliensis), et de chênes verts.Surl'escarpement de la mer se manifeste le mêmesystème calcaire marneux à gryphites , conte-nant de gros tuyaux d'annelides inconnus dansla mer actuelle. C'est dans ces bancs dont l'in-clinaison est du Sud-Est à l'Est , qu'on voit lesdernières traces des nautilites , et autres ani-maux perdus qu'on rencontre dans ce terrain.

.Les vagues agissant continuellement sur ccrocher, détachent ces petrilications ;les arron-dissent, les mêlent -avec les coquilles marinesactuelles , et les dépouilles des mollusques ter-restres entraînées par les eaux pluviales. Letout se dépose avec le sable , les galets, et l'ar-gile du rivage dans les creux que présentent les

,couches anciennes., et forme de nouveaux dé-pôts qui SeTOTIt peut-être pour les races futuresdes sujets énigmatiques de méditation.

Au-dessus dê, cette anse on en trouve uneplus petite noMmee aussi passable, vers la-quelle les batelnix abordent ordinairement. Icise termine le système calcaire marneux à grv-phites , .pie nous suivons depuis le fond dela. haie, et c'est là qu'il s'adosse sur un cal-caire compacte blanc à grain fin , qui forme laplus grande partie du reste de la presqu'île.

Ce calcaire, qui est la plus ancienne forma-tion de cette butte, se relève en monticule pourformer le cap Ferrat, sur lequel on .a établi uncymophore. Ses couches, vers la baie de Ville-Franche, sont dirigées de l'Est à l'Ouest,

Descrip-tion de lacôte mr:ri-dionale.

92 OBSERVATIONSOLOGIQUES

s'approchent de la position horizontale, ce quia valu à cet endroit le nom de Feira plana,Pierre plane.

En continuant à s'avancer vers le Sud-Ouestà travers les cistes ( cistus monspeliensis), etles euphorbes ( eupidirbia dendroides),voit que le sommet de ce calcaire compacteforme des espèces d'aiguilles ou de crêtes, quiprésentent un peu l'aspect des grandes massesprimitives ; toutes ces pointes s'abaissent in-sensiblement, et se cachent dans la mer vers lephare placé à la pointe occidentale de la Pénin-sule.

De cette pointe l'on se dirige vers l'Est, onvoit se développer Un grand plateau incliné sousun angle de 4o degrés environ, cornposé d'unepierre coquillière ou lumachelle grossière, quiest adossée sur le calcaire compacte. Les cou-ches inférieures de ce dépôt ont un peu plusd'un mètre de puissance , se dirigent presquedu Nord au Sud ; elles sont d'un blanc dechair, et fourmillent de débris de corps ma-rins, tels que peignes, huîtres, lepas , pointes4'oursins, et divers polypiers dans le plus grandétat de trituration ; néanmoins ces débris ontconservé leurs couleurs , et plusieurs (l'entreeux m'ont paru être les analogues de'quelquescoquilles de nos côtes : je regarde cette luma-chelle comme formée sous les mêmes circons-tances, mais à une époque antérieure à cellede .1a couche dè sable remplie de mollusquesvivans , qui a été observée dans le puits del'anse de G-rosueil , dont il a été fait mentionci-dessus. Les portions de ces couches qui sont

SUR LA PRESQU'ÎLE DE SAINT-HOSPICE. 93

baignées par les flots, passent au brun- rougeâtre,et renferment encore plus de fossiles; quelques-unes se trouvent traversées par des espèces defilons de brèches rougeâtres semblables à cellesdu château de Nice, qui contiennent des-osse-mens fossiles. Les bancs supérieurs sont plusépais, blanchâtres; leurs fragmens sont brillonset sonores , ne présentent aucune trace d'êtresorganisés , et sont traversés en certains en-droits par da spath calcaire en lames d'un beaublanc. On trouve quelquefois des fragmens deces I u machelles couverts de longues cannelures,qui les rendent semblables au calcaire madré-porique, en place du cap Martin , décrit parM. Farijas de Saint-Fond.

Après avoir traversé ce plateau, l'on arrive- à la plus petite langue de terre, qui du pied

du cap Ferrat s'avance en amphithéâtre dansl'Est-Sud-Est pour aller former la pointe deSaint-Hospice ; la différence considérable deson niveau beaucoup plus abaissé, l'aspect dusol et la disposition des couches , annoncentau premier coup d'oeil que cet appendice de lapresqu'île est un terrain d'une formation diffé-rente de celui qu'on vient de parcourir.

La petite anse que l'on remarque au commen-cement de cette langue de terre, est connue dansle pays sous le nom de bouyou: Le terrain quil'entoure est un calcaire marneux, d'une cou-leur moins foncée que Celui dont j'ai eu occasionde parler ci-dessus , et qui renferme différentesespèces d'ammonites. La bordure ,Sud-Est decette anse est ornée d'anthyllis (anthylfis barbaAvis) , de stahéline (stalielina dubia), et de

if

94 OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES

pins d'Alep. Presque au niveau de l'eau s'étendun grand banc rempli de geyphites et de quel-ques ammonites à demi- rorq.,-,ees par les vagues,et qui servent de retraite aux balanes vivant ac-tuellement sur CQS bords.

.Au-delà de cette anse le sol se relève insen-

siblement, et lbrme un petit promontoire qui serattache à un antre un peu plus élevé , où il.existe une chapelle dédiée à Saint-Hospice,

qui habitait ce técueil vers le sixième siècle.Toute cette pointe est formée d'un calcaire

marneux , peu différent de celui de Deux-Rubs , mais d'une couleur grisâtre ou jaunâ-tre, plus abondant en particules argileuseset pénétré de gros tuyaux d'animaux marinsqui paraissent avoir vécu dans cet endroit, ainsique leur réunion et leur position portent à lefaire croire. On y voit aussi quelques pyritesdu spath calcaire blanc , et beaucoup de débrisdes coquillages que les flots ont disposés enbancs horizontaux.

Des dispositions que conservent les couchesdu calcaire marneux de ces deux promon-toires , vers la partie méridionale et l'hori-zon tale ;quelques - unes seulement s'inclinentà peu. près vers l'Ouest, du côté de l'enfonce-ment de l'endroit dit les Forchettes% Sur la der-nière pointe qui se trouve élevée an-dessus duniveau de la mer de 43 mètres , proche lesruines de l'ancien fort de Saint- Hospice , quele maréchal de Bervvich fit sauter au commen-cement de 1700, existe un petit ravin , qui, sedirigeant du Sud au Nord , traverse les cou-ches du terrain. Il est 'facile de voir que ces

SUR LA PRESQU'ÎLE DE SAINT-HOSPICE. 95couches' sans perdre de leur parallélismes'inclinent et se brisent pour suivre la pentede ce même ravin jusqu'à son embouchure dansla baie de Saint-Hospice.

En côtoyant cette partie de la presqu'île, Descrip.

que la mer du golfe de Saint-Hospice dessinedut6oil

en zi(gzag , l'on voit que tout le système qui te

compose ce contour est du même calcaire mar-de St.-

neux de la baie de Ville-Franche, ses couchesHospice.m

sont abruptes, escarpées, et presque perpen-diculaires à. l'horizon. Elles sont coupées parune infinité de fissures qui les subdivisent entranches , la plupart sont pleines d'une ar-gile marneuse chforité,e , renfermant des téré-bratules , des nautilites , des arches , desammonites , etc. Vers le milieu de ce golfese trouvent de grosses huîtres passées à l'étatsiliceux, rongées et détruites per les vaguesde la mer , elles sont mêlées avec d'autresfossiles également brisés, en parties si ténues,qu'on ne peut reconnaître à quelles espèces d'a-nimaux ils ont, pu appartenir.

En approchant vers l'endroit où la Péninsulese joint à la chaîne qui tient à la grande terre,tout le terrain n'est qu'un amas immense denummulites disposés en forme de bancs , età peine liés par du calcaire marneux grossier,où se trouvent également .des débris d'orbu-lites , .de planulites , et des peignes qui com-mencent à s'approcher par leur forme de ceuxqui vivent aujourd'hui dans notre mer.

Lorsque je cherchais à me rendre raison des cond.-phénomènes que présente cette presqu'île, je siQ"s.

96 OBSERVATIONS Gi3OLOGIQUÉS

me disais souvent 3 que prétendre expliquer lasuccession des couches qui recouvrent la sur-face .du globe par une cause unique , ce seraitcomme si l'on voulait , dans l'histoire des na-tions , attribuer à un seul personnage tout cequi serait arrivé sous le même nom. Je croisdonc pouvoir distinguer trois époques princi-pales dans la formation de la presqu'île deSaint-Hospice.

La première est celle de la déposition -ducalcaire compacte à grain fin, qui sert de baseà tous les autres systèmes , et dans lequelne rencontre presque jamais des corps organi-sés. Ce calcaire, quoique le plus ancien , estcelui qui a le moins souffert de dérangementdans sa stratification., et qui est le moins altérépar l'action de l'air.

- Dans la seconde époque l'Océan change denature , .ou du moins dépose des roches

différentes,et nourrit une immense quantité decorps organisés dont on ne connaît plus lesanalogues vivans , mais qui présentent unesuccession dans leur apparition. On trouved'abord le calcaire marneux à gryphiJes 3 en-suite la marne chloritée qui enveloppe ce grandamas de bélemnites , d'ammOnites , etc. , et puisle calcaire grossier renfermant des nummulitesdes peignes , des orbulites , etc. Le calcaire àgryphites qui sur nos montagnes s'élève à plus

2000 mètres , .a éprouvé ,de violentes catas-trophes , attestées par le désordre et le boule-versement de sa stratification. Celui qui ren-ferme les bélemnites et les nummulites , pré-sente au contraire une stratification régulière

et

SUR LA PRESQUILE DE SAINT-HOSPICE. 97et peu inclinée, qui annonce qu'il a été déposépar,une eau .calme et tranquille (1).

Enfin nous voyons dans la troisième' 'époqueles traces d'une mer, qui nourrissait des êtressemblables à ceux qui vivent actuellementdans la Méditerranée , et qui semblent avoirformé deux ordres de dépôts particuliers, d'a-bord la lumachelle de la pointe méridionale dela presqu'île , ensuite l'amas de sable calcairede Grosueil.

Ces dépôts, qui par la nature de leurs co-qui] les , semblent se rapprocher si fort de nous,ne pourraient-il pas appartenir aux tems histo-riques'? En effet, les auteurs grecs nous parlentd'une époque où la Méditerranée n'était qu'uneimmense vallée renfermant un lac vaste et pro-fond, uniquement nourri par les fleuves quis'y versaient naturellement. Strabon affirmequ'originairement l'Euxin ne débouchait pasdu côté de Byzance, mais que dans la suite seseaux réunies à celles de la mer Caspienne, firentune violente irruption par la Propontide e t l'Hel-lespont , et se dégorgèrent dans le vallon mé-diterranéen. Diodore de Sicile a recueilli desnotions précieuses sur la -rupture des cyanéeset c'est dans ces tems reculés qu'il place le dé-luge de la Samothrace. L'immense quantitéd'eau de l'Euxin qui dégorgea par le Bos-phore de Thrace et de l'Hellespont dans la

(i) On -voit sur le nouveau cl2emin de Rome, sur le colde Montalban , et au château de Nice , des couches ré-gulières de. cette même xnarne chloritée à béleMnites.

Volume 34, n°. 200.

98OBS.ERVATIONS GÉOLOGIQUES , etc.

Méditerranée, retenue du côté de l'Océan parl'Isthme de Calpé , dut augmenter considéra-blement le niveau de cette mer, et peut l'avoirélevé à une cinquantaine, de mètres au-dessusdu point où nous le .voyons de nos jours.

CATALOGUE

99

DES

HUIT COLLECTIONSQui composent le Musée minéralogique de

M. ET. DE DRÉE (I) ;

Extrait par M. G/LLET-LAUMONT , Inspecteur-général auCorps 'impérial des Mines.

DEPuIs long-temps il n'a été publié en France,concernant les collections minéralogiques ,qu'un très-petit nombre de catalogues raison-nés , qui méritent de trouver une place distin-guée dans les bibliothèques.

Celui du cabinet de d'Avila (2) , composé en1767, fat accueilli avec tout l'intérêt qu'exci-tait son. auteur , le célèbre Romé-de-l'Isle,qu'on peut regarder comme le premier miné-ralogiste qui air vraiment l'ait connaîtrecristallographie.

Le même savant publia, en1773'

la des-cription de sa propre collection (3) , dans la-

Un vol. in-4°. avec 12 planches en taille-douce. AParis, chez Potéy, , Libraire, rue du Bac, n°. 46.

Catalogue systématique du cabinet de M. d'Avila3 vol. in-80., fig. , chez briasson , à Paris.

Description méthodique d'une collection de minérauxdu cabinet de M. D. Pi. D. L., vol. , fig. Romé-de-.

G2