de meilleures connaissances en consommation de substances … › toxicomanie › fileadmin ›...
TRANSCRIPT
De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour
mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé
mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives
Par
Nellie Fillion
Essai sous la supervision de Pre Magali Dufour présenté dans le cadre de la
Maitrise en Intervention en Toxicomanie
Université de Sherbrooke
Faculté de médecine et des sciences de la santé
28 février 2019
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers (ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des SPA. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie, Université de Sherbrooke.
ii
RÉSUMÉ
Les personnes présentant des troubles de santé mentale et de consommation de
substances psychoactives, communément appelés troubles concomitants, présentent de
nombreux enjeux cliniques, autant au point de vu médicale que psychosociale. Malgré ce
constat, les programmes de formation en sciences infirmières ainsi que les différentes
instances qui offrent de la formation continue outillent peu les cliniciennes pour la prise
en charge adéquate de cette clientèle.
Dès lors, via la consultation de la littérature scientifique, cet essai offre un module de
formation portant sur les multiples effets de l’alcool chez les personnes présentant un
problème de santé mentale. Ce module de formation est destiné spécifiquement aux
infirmiers(ères) travaillant en santé mentale.
Vous retrouverez, dans ce module, une histoire de cas qui permettra de faciliter
l’intégration des différents concepts abordés tout au long de cette formation. Les concepts
abordés sont; l’intoxication, le surdosage, les conséquences de l’intoxication chronique,
le sevrage, la dépendance, les impacts de la consommation sur le trouble de santé mentale
et finalement les interactions entre la consommation et la médication.
À la fin de cet essai synthèse, différentes recommandations sont suggérées afin
d’améliorer la formation ainsi que les connaissances du personnel infirmier en termes de
troubles concomitants. Finalement, les retombées possibles de cet essai sont présentées.
Mots clés : formation infirmière, alcool, intoxication, sevrage, troubles concomitants.
Key words: nursing education, alcohol, intoxication, withdrawal, concomitant disorders.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
iii
TABLE DES MATIÈRES
RÉSUMÉ ............................................................................................................................ ii
TABLE DES MATIÈRES ................................................................................................. iii
REMERCIEMENTS ........................................................................................................... v
1. INTRODUCTION ........................................................................................................ 1
2. CONTEXTE ................................................................................................................. 3
2.1 Constats en lien avec la pratique infirmière .............................................................. 3
2.2. Constats en lien avec le contexte de travail ............................................................. 4
4. CAPSULE DE FORMATION SUR L’ALCOOL ........................................................ 9
4.1. Histoire de cas de Monsieur Tremblay .................................................................... 9
4.2. Quel est le portrait de la consommation d’alcool de Monsieur Tremblay? ........... 12
4.3. Quels éléments importants dois-je connaitre par rapport à la molécule d’alcool? 14
4.3.1. Mécanisme d’action ........................................................................................ 14
4.3.2. Pharmacocinétique .......................................................................................... 15
4.4. Est-ce que Monsieur Tremblay présente des signes d’intoxication à l’alcool? ..... 16
4.4.1. Concept d’intoxication .................................................................................... 16
4.4.2. Critères diagnostiques de l’intoxication .......................................................... 17
4.4.3. Les éléments de surveillance et la prise en charge de l’intoxication .............. 19
4.5. Les conséquences à long terme d’une intoxication chronique à l’alcool ............... 24
4.6. Est-ce que Monsieur Tremblay présente un risque de sevrage? ............................ 26
4.6.1. Concept de sevrage ......................................................................................... 26
4.6.2. Critères diagnostiques du sevrage ................................................................... 27
4.6.3. Stades du sevrage ............................................................................................ 28
4.6.4. Éléments d’évaluation lors du sevrage ........................................................... 29
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
iv
4.6.5. Liens avec l’histoire de cas ............................................................................. 30
4.7. Est-ce que Monsieur Tremblay est dépendant à l’alcool? ..................................... 33
4.7.1. Concept de dépendance ................................................................................... 33
4.7.2. Critères diagnostiques du trouble d’usage à l’alcool ...................................... 33
4.7.3. Lien avec l’histoire de cas ............................................................................... 35
4.8. Quels sont les impacts de la consommation d’alcool sur le trouble de santé mentale
de Monsieur Tremblay ? ............................................................................................... 36
4.9. Quels sont les interactions possibles entre la consommation d’alcool et la
médication? ................................................................................................................... 38
4.10. Principes de base en relation thérapeutique à adopter avec la clientèle atteinte de
troubles concomitants ................................................................................................... 40
4.11. Conclusion du module de formation .................................................................... 41
5. DISCUSSION ............................................................................................................. 41
5.1. Forces de l’essai ..................................................................................................... 41
5.2. Limites de l’essai ................................................................................................... 42
5.3. Recommandations .................................................................................................. 42
5.4. Retombées .............................................................................................................. 44
6. CONCLUSION ........................................................................................................... 44
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES .......................................................................... 46
ANNEXE A ...................................................................................................................... 54
ANNEXE B ...................................................................................................................... 56
ANNEXE C ...................................................................................................................... 57
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
v
REMERCIEMENTS
J’aimerais tout d’abord remercier ma directrice d’essai, Pre Magali Dufour, pour sa
compréhension, sa grande ouverture à s’adapter à mes besoins et préoccupations, sa
disponibilité et ses encouragements.
Je veux en second lieu remercier ma famille, mes amis et collègues de travail. Ma
mère, Gaétane Fillion, pour son soutien, ses encouragements et sa grande confiance en
moi. Elle est celle qui a toujours cru que je passerais à travers ce parcours même quand
moi je n’y croyais plus. En second temps, mon fils Loïk, qui a vu le jour pendant ce
processus d’étude et qui a été une source d’inspiration pour me surpasser, ne jamais
abandonner et surtout lui démontrer que tout est possible quand on y met les efforts. Mon
ex-conjoint et le père de mon fils, Jean-Bernard Audet qui a été très compréhensif,
disponible et soutenant tout au long de mes études. Ma précieuse amie, Amélie Bédard
qui m’a hébergée à chacune des fins de semaine passées à Montréal et qui m’a
encouragée sans cesse.
Je veux également apporter une attention particulière à mes ami(e)s et collègues de la
Maitrise. Sans vous, sans toi Mélanie, cela aurait été des plus ardus. Avec mon plus grand
plaisir, des amitiés se sont créés. Amitiés qui demeureront malgré la fin de ce long
parcours. Je me rappelle qu’il ne faut surtout pas sous-estimer l’importance de l’entraide,
l’écoute et le support de nos pairs.
En terminant, je tiens à remercier tout le corps professoral qui a rendu cette maitrise
enrichissante et oh combien intéressante. Merci à tous!
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
1
1. INTRODUCTION
Selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), annuellement, plus d’une personne
sur cinq présente un trouble de la santé mentale, notamment la dépression qui s'avère être
le diagnostic le plus fréquent (ISQ, 2010). En 2013, près de 6,7 millions de canadiens
étaient aux prises avec un diagnostic de la santé mentale (CSMC, 2013). Au Québec, le
commissaire à la santé et au bien-être notait qu’en 2016-2017, 11% des gens qui ont
consulté les services d’urgence en santé mentale y étaient pour un trouble grave de santé
mentale, 37% pour un trouble modéré, 31 % pour un trouble léger (Gouvernement du
Québec, 2017). Peu importe le sexe, l’âge, l’origine ethnique, toute personne est à risque
de développer un trouble de la santé mentale au cours de sa vie ou encore d'être touchée
indirectement par le diagnostic d’un proche. Les troubles de la santé mentale atteignent
des taux tels que l’Organisation Mondiale de la Santé prévoit que d’ici 2030, ces troubles
représenteront la principale cause de morbidité dans les pays industrialisés (OMS, 2011).
Les gens qui sont atteints d’un trouble de la santé mentale au cours de leur vie,
représentent l’une des populations les plus vulnérables et à risque de développer d’autres
problématiques en lien avec leur trouble de santé mentale, notamment des troubles de
consommation de substance psychoactive1 (SPA)). De fait, plus de 50% des gens qui
consultent les services de dépendance ont également un diagnostic de trouble de la santé
mentale (Fleury, et coll., 2012) et ses chiffres atteignent des pourcentages allant jusqu’à
60% lorsque nous parlons d’une personne atteinte d’un trouble de la santé mentale grave
(troubles du spectre de la schizophrénie, maladie affective bipolaire) (Rieger et coll.,
1 Une substance psychoactive s’entend d’une substance qui, lorsqu’elle est ingérée ou administrée, altère les processus mentaux,
comme les fonctions cognitives ou l’affect. Cette désignation de même que son équivalent de psychotrope sont termes les plus neutres et descriptifs qui puissent s’appliquer à toute la catégorie des substances, licites ou non, qui présentent un intérêt pour les politiques de
contrôle des drogues (OMS, 2018).
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
2
1990; RachBeisel, et coll., 1999; Mercier, et coll., 1997). Selon les recherches, plusieurs
enjeux sont associés à la population présentant des troubles concomitants (santé mentale
et problème de consommation), entre autres, l’inobservance ou l’abandon du traitement
pharmacologique, l’utilisation accrue des services de soins de santé et services sociaux, le
risque de rechute et d’hospitalisations, l’exacerbation du trouble mentale, le risque de
suicide, les problèmes judiciaires, le risque d'itinérance ou d’instabilité résidentielle, les
problèmes familiaux et conflits interpersonnels, l’augmentation du risque de violence, le
risque de contracter une ITSS et le chômage ou l’instabilité au travail (McGinty, et coll.,
2013 ; Schmidt, et coll., 2011 ; Varcarolis, et coll., 2010 ; O’Brien, et coll., 2009). C’est
donc devant la multitude d’enjeux et de défis que représente cette clientèle, sans négliger
qu’il s’agit d’un grave problème de santé au Canada, qu’il importe que les cliniciens
œuvrant au sein des services de santé et de services sociaux soient suffisamment formés
pour accompagner les personnes aux prises avec un problème de comorbidité.
En 2009, le Centre canadien de lutte contre les toxicomanies (CCLT) mettait de
l’avant l’importance que les troubles de santé mentale et de la toxicomanie soient traités
dans un même continuum, de façon intégrée afin de rendre plus efficient les soins de
santé prodigués à cette clientèle (ACESI, 2015). Pour ce faire, il est primordial que
l’infirmière, qui est la seule habilitée au Québec, outre le médecin à évaluer « la condition
physique et mentale d’une personne symptomatique » (OIIQ, 2009, p. 5), soit impliquée
dans le traitement et la prise en charge des clients atteints de troubles concomitants. De
plus, avec ces quelques 74 000 professionnels en 2016-2017, la profession infirmière est
la plus représentée dans tous les domaines des soins de santé au Québec (OIIQ, 2017).
C’est donc de dire que l’infirmière est l’une des portes d’entrée dans nos soins de santé et
la plus susceptible de rencontrer une clientèle présentant un trouble concomitant.
Rappelons-nous que les infirmières jouent également un rôle crucial auprès de la clientèle
atteinte de troubles concomitants (National Academy of Science, 2006) notamment en ce
qui a trait à l’éducation, l’évaluation, le suivi, l’accompagnement, le traitement et la
référence (Costello, et coll., 2015).
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
3
2. CONTEXTE
2.1 Constats en lien avec la pratique infirmière
La pratique de la profession infirmière a beaucoup évoluée au cours des années en se
modernisant et en établissant des actes à part entière et ce, dans tous les champs de
pratique confondus. Si nous nous concentrons davantage par rapport au domaine de la
santé mentale, la pertinence du rôle des infirmières et la particularité de leur contribution
ont été confirmées par les activités qui leur ont été réservées dans le cadre de la Loi 90,
adoptée en juin 2002. Selon la loi 90;
« L’infirmière en santé mentale intervient selon une perspective
globale de la personne au regard de sa situation de santé.
L’infirmière détient l’expertise pour évaluer la condition de santé
physique et mentale d’une personne. De plus, elle possède une
expertise spécifique pour surveiller l’état de la santé de cette
personne et gérer des activités cliniques requises en cas de trouble
mental lors d’un épisode de soins, que ce soit en milieu
hospitalier, ambulatoire et communautaire. »
(Gouvernement du Québec, 2005)
De plus, le Québec a adopté en 2009 la Loi modifiant le Code des professions et
d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations
humaines (Loi 21). Ce renouveau des lois professionnelles au sein de la profession
infirmière a contribué à un réaménagement considérable tant au niveau de la pratique
qu’au niveau de la collaboration et du leadership. Ces tâches officiellement attribuées à
l’infirmière2 commandent donc le développement de nouvelles connaissances et
2 À noter que l'utilisation du genre féminin a été adoptée afin de faciliter la lecture et n'a aucune intention discriminatoire.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
4
compétences au niveau de l’évaluation ainsi qu’en approche thérapeutique et
interdisciplinaire.
Cela dit, malgré la reconnaissance de l’importance de leur rôle dans le domaine de la
santé mentale, le temps accordé à la formation des infirmières, tant au niveau collégial
qu’universitaire, ne fait que décroitre depuis 1980. Rappelons-nous que dans les années
60, « le domaine des soins infirmiers psychiatriques était à l’avant-garde au Québec »
(OIIQ, 2009, p. 10) et depuis, cela n’a fait que diminuer afin d’offrir une formation plus
intégrée. En effet, après révision des programmes de formation en sciences infirmières
des différentes universités québécoises, autant au niveau de la formation initiale
qu’intégrée, nous observons une diminution importante de la place accordée à la
formation théorique en santé mentale, qui représente l’équivalent de 30hrs à 60hrs de
cours théorique et entre zéro et 45 heures accordées à la portion pratique (stage). Le
nombre de crédits accordés à la santé mentale a aussi passé de 15 crédits (225 heures)
dans les années 1980 à environ 6 (90 heures) crédits aujourd’hui (OIIQ, 2009).
Alors que la formation diminue, plusieurs experts soulignent l’importance de
l’expertise infirmière en santé mentale notamment afin d’analyser l’interrelation du
trouble mental avec la consommation de substance psychoactive et de mieux comprendre
les interactions entre ces problématiques (OIIQ, 2009). Dès lors, les infirmières doivent
posséder toutes les compétences permettant de faire ses évaluations supplémentaires,
évaluations souvent complexes, afin d’ajuster au besoin, les traitements proposés par le
corps médical (OIIQ, 2009). Cela dit, les infirmières sont-elles suffisamment formées
pour assumer ce rôle et ces fonctions ?
2.2. Constats en lien avec le contexte de travail
Je travaille comme infirmière clinicienne à l’équipe de Suivi Intensif du CIUSSS de
l’Estrie CHUS Hôtel-Dieu depuis 2012. Les équipes de Suivi Intensif, communément
appelées modèle PACT (Program of Assertive Communité Treatment), sont des équipes
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
5
interdisciplinaires, de traitement et de réadaptation, offrant des services intégrés dans la
communauté à une clientèle adulte aux prises avec des troubles de santé mentale graves
et persistants présentant une condition fragile, instable et souvent désaffiliés des services
(Bond, et coll., 2001 ; Bond, et coll., 2015). Par services intégrés, nous entendons la
dispensation d’une multitude de services (socioprofessionnel, dépendance, santé mentale,
santé physique, service social, psychoéducation, réadaptation, infirmier, etc) au sein
d’une même équipe. Selon le Plan d’Action en Santé Mentale 2015-2020 (Gouvernement
du Québec, 2015) les équipes de Suivi Intensif se positionnent dans un continuum de
services avec les équipes de Suivi d’Intensité Variable (SIV) ainsi que les équipes de
Suivi de Base Non Intensif (SBNI). Les clients aux prises avec une problématique de
santé mentale grave peuvent transiter d’un service à un autre afin de recevoir l’intensité
de soutien dont ils ont besoin et ce au moment opportun (Gouvernement du Québec,
2015). Bien que le modèle des équipes de suivi intensif ait démarré au Wisconsin dans les
années 1970, ce n’est qu’en 1990 que le développement de ce type de programme a vu le
jour au Québec (Institut universitaire en santé mentale Douglas, 2002). Il s’agit du
modèle de suivi en communauté le plus étudié et le plus imité au monde (Test, 1998 ;
Bond, et coll., 2001 ; Bond, et coll., 2015) puisqu’il permet de réduire grandement les
coûts associés à l’utilisation des services de soins de santé et services sociaux et de
réduire le nombre d’hospitalisation. De plus, ce modèle semble favoriser la stabilité
résidentielle, l’engagement des clients dans leur traitement et permet d’augmenter la
qualité de vie des usagers (Bond, et coll., 2001 ; Salyers, et coll., 2011 ; Sono, et coll.,
2012).
Ayant un réel intérêt pour les troubles concomitants depuis le début de ma pratique
comme infirmière, certains constats m’ont apparus très importants. Débutons par nommer
le manque de formation du personnel infirmier afin de bien évaluer, intervenir et assurer
le suivi auprès de la clientèle ayant des troubles concomitants. Ce constat étant très
alarmant considérant que 72% de notre clientèle au suivi intensif du CIUSSS de l’Estrie
CHUS est atteinte de troubles concomitants (Desbiens-Tremblay, 2017). Deuxièmement,
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
6
nous sommes confrontés tous les jours à de nombreux enjeux parmi lesquels il faut
composer avec l’inobservance au traitement, les pratiques à risque d’ITSS, les risques
associés au contexte de sevrage, les risques de violence/agressivité ou encore les
problèmes judiciaires des patients (McGinty, et coll., 2013 ; Schmidt, et coll., 2011 ;
Varcarolis, et coll., 2010 ; O’Brien, et coll., 2009). Troisièmement, nous constatons
l’absence d’offre de formation continue par rapport aux troubles concomitants propre aux
sciences infirmières. De fait, une consultation des différents sites Internet des ordres
professionnels (ordre des infirmières et infirmiers du Québec, OIIQ), des associations
(Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC), de l’association des
intervenants en dépendance du Québec (AIDQ)) et organismes spécialisés en dépendance
(l’Institut national en santé publique du Québec (INSPQ), le Centre de toxicomanie et de
santé mentale (CAMH), Centre d’Expertise et de Collaboration en Troubles
Concomitants (CECTC)) permet de constater qu’il n’existe pas actuellement de formation
sur les troubles concomitants développés pour la pratique infirmière.
Rappelons-nous que l’infirmière a également l’obligation de poursuivre sa formation
continue afin de répondre aux besoins de la clientèle rencontrée lors de sa pratique (OIIQ,
2016). Elle a comme devoir de mettre en place les interventions suffisantes pour aller
chercher les connaissances manquantes que ce soit via de la formation continue, via de la
supervision clinique ou encore d’autres stratégies (OIIQ, 2012). C’est donc en partant de
ses constats et dans l’objectif de répondre à un besoin réel soulevé par mes collègues que
s’est construit l’idée de cet essai où l’objectif sera de développer un module de formation
pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients
consommant des substances psychoactives.
3. MÉTHODOLOGIE
Afin d’identifier le besoin prioritaire qui guiderait le sujet pour la mise en place du
module de formation, dix participants œuvrant dans le domaine de la santé mentale et
rencontrant des clients consommant des SPA ont été consulté via un questionnaire
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
7
(Annexe A) de cinq questions à choix de réponses. Il s’agissait tous de professionnels de
différents milieux; un psychiatre, six infirmiers(ères) cliniciens(ennes) œuvrant dans des
milieux de travail variés auprès d’une clientèle en santé mentale, une professeure à
l’université en sciences infirmières, une chargée de cours en sciences infirmières et
finalement une assistante infirmière chef.
Le besoin de formation prioritaire ayant obtenu le plus haut pourcentage de résultat
sur 5 est la reconnaissance des signes, symptômes et risques liés aux concepts
d’intoxication et de sevrage suite à la consommation de substances psychoactives. Afin
de permettre à un nombre important d'infirmières déjà surchargées de travail de
bénéficier de cette formation, un module de formation de 3hrs, pouvant être donné en
ligne ou de façon magistrale a été réfléchi. Bien entendu, il est impossible de couvrir
l’ensemble des signes, symptômes et risques liés aux concepts de sevrage et
d’intoxication pour tous les types de substances psychoactives. Dès lors, seul l’alcool sera
abordé dans ce module puisqu’il s’agit de la SPA la plus consommée à travers le monde.
Ce module pourrait être suivi de d’autres modules s’adressant aux autres classes de
substances psychoactives.
Le module de formation qui suit se veut le résultat de la consultation de plusieurs
écrits scientifiques afin de venir documenter, appuyer et expliquer les sujets de formation.
Une recherche documentaire a été effectuée à la bibliothèque du Carrefour de
l’Université de Sherbrooke. Les banques de données « Medline » et « PsycINFO » ont été
utilisées pour la recherche documentaire. Plusieurs mots clés ont été utilisés autant en
anglais qu’en français : substance psychoactive, alcool, intoxication, sevrage,
pharmacocinétique, trouble de la santé mentale, symptômes, mécanisme d’action, trouble
concomitant, infirmière, rôle. L’opérateur booléen « AND » a été utilisé afin de relier les
mots entres eux.
Afin de monter le module de formation que vous retrouverez dans les prochaines
pages, différentes sources bibliographiques ont été consulté afin de recenser les
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
8
meilleures pratiques en andragogie et en formation continue. Ce qui ressort
principalement des ouvrages consultés est l’importance que l’apprenant ait une
motivation intrinsèque à apprendre, que la formation soit basée sur des expériences
cliniques afin de favoriser un schème de référence, que l’apprenant puisse utiliser les
connaissances déjà acquises afin de construire de nouvelles compétences et finalement
favoriser l’utilisation de cas clinique pour faciliter l’intégration et les échanges (Knowles,
et coll., 2015; McCraken, 2015; Merriam, 2001; Kennedy, 2017). Dès lors, le module de
formation débutera par la présentation de l’histoire de cas de Monsieur Tremblay. Cela
permettra de rendre plus concret les différents thèmes et concepts qui seront abordés tout
en favorisant le raisonnement clinique basé sur l’approche même en sciences infirmières.
Par la suite, différentes questions en lien avec l’histoire de cas seront soulevées, questions
auxquelles la théorie sera intégrée et appliquée à l’histoire de cas pour favoriser
l’apprentissage. Les principaux concepts abordés à travers les différentes questions seront
le portrait de consommation, les éléments importants à connaitre par rapport à la SPA
(l’alcool), l’intoxication, le surdosage, les conséquences à long terme de l’intoxication
chronique, le sevrage, la dépendance, les impacts de la consommation sur le trouble de la
santé mentale, les interactions possibles entre la consommation de SPA et la médication
et finalement les principes de base en relation thérapeutique avec la clientèle atteinte de
troubles concomitants.
Le présent module de formation est adapté en fonction des Standards de pratique de
l’infirmière dans le domaine de la santé mentale (Ordre des infirmières, infirmiers du
Québec, 2016). Les principales compétences de l’infirmière qui seront utilisées dans ce
module sont d’« évaluer la condition de santé physique et mentale d’une personne
symptomatique, d’effectuer la surveillance clinique des personnes présentant des risques
incluant le monitorage, effectuer le suivi infirmier des personnes présentant des
problèmes de santé complexes et travailler en collaboration interdisciplinaire» (OIIQ,
2016, p.13).
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
9
4. CAPSULE DE FORMATION SUR L’ALCOOL
4.1. Histoire de cas de Monsieur Tremblay
Vous travaillez comme infirmière clinicienne en santé mentale adulte à l’Équipe de
Suivi Ambulatoire du CLSC. Monsieur Tremblay, 58 ans, atteint d’un trouble bipolaire
de type II, vous a été référé suite à la demande de son psychiatre, Dr Gagnon, pour le
suivi de l’état de santé mentale et différents aspects socio-professionnels. Monsieur
Tremblay demeure seul dans sa maison et est veuf. Il n’a pas de réseau de soutien et ses
enfants ne lui parlent plus depuis de nombreuses années. Il est connu pour les diagnostics
suivants; maladie affective bipolaire de type II et reflux gastro-œsophagien, tous traités.
Sa liste de médication est la suivante :
Lithium 600mg PO Bid AM et HS
Quétiapine XR 200mg PO Die HS
Flurazépam 15mg PO Die HS PRN
Ranitidine 150mg PO Die AM, 30 minutes avant le repas
Jusqu’à maintenant, vous avez rencontré Monsieur Tremblay à une reprise à votre
bureau au CLSC pour l’ouverture de son dossier et vous présenter. Normalement, il aurait
dû se présenter la semaine dernière mais vous n’avez reçu aucune nouvelle de sa part,
bien que vous ayez tenté de le joindre. Ayant la latitude d’aller visiter Monsieur en
communauté, vous décidez de vous présenter à son domicile afin de vous assurer de son
état. Vous avisez votre supérieure au préalable et demander à ce qu’un de vos collègues
soit disponible au besoin advenant une problématique. Lorsque vous arrivez à son
domicile, vous observez la présence de plusieurs caisses de bière à l’extérieure sur le
balcon. Surpris de votre visite, Monsieur Tremblay est tout de même réceptif à votre
venue. Vous lui expliquez que vous étiez inquiète considérant qu’il ne s’est pas présenté à
son rendez-vous et que vous n’avez reçu aucune nouvelle. Dès lors, vous avez décidé de
venir à sa rencontre. Vous remarquez que Monsieur marche avec une canne, qu’il
présente une démarche chancelante et une forte odeur d’haleine éthylique. Après
questionnement, il vous explique qu’il ne s’est pas présenté à votre rendez-vous la
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
10
semaine dernière car il a dû se faire opérer d’urgence pour une fracture à la hanche droite.
Il a été hospitalisé depuis. Monsieur Tremblay vous invite à entrer lorsque vous lui
proposez de prendre le temps de bien comprendre la situation. Lorsque vous vous
installez à la table de la salle à manger, vous observez la présence de plusieurs bouteilles
de spiritueux (Brandy 40% et Cognac 40%) ainsi que de nombreuses bouteilles de bière
(Molson Export 5%). Hésitant, Monsieur Tremblay vous raconte qu’il s’est fracturé la
hanche le lendemain d’une soirée bien arrosée, soit l’anniversaire du décès de sa
conjointe. Il a décidé de s’étendre en après-midi puisqu’il ne se sentait pas très bien. Il
n’avait pas dormi de la nuit, présentait des nausées, des vomissements ainsi que de
l’hypersudation. Quand il s’est levé, Monsieur Tremblay nomme qu’il se rappelle peu de
la situation mais croit avoir eu des tremblements et a fait une chute dans les escaliers.
Cela lui a pris un bon moment avant de « reprendre ses esprits ». Quand il a repris
connaissance, incapable de se lever, Monsieur Tremblay a téléphoné à l’ambulance.
Heureusement, il avait son téléphone cellulaire dans ses poches. Bien que souriant,
Monsieur Tremblay présente une humeur triste et un affect émoussé. Ses vêtements sont
défraichis et sales. Il est bien orienté dans les 3 sphères (temps, personne, espace).
Le connaissant peu, vous lui proposez de poursuivre le questionnaire d’évaluation
que vous aviez entamé lors de la première rencontre. Vous le questionnez entre autres par
rapport à ses habitudes de vie (sommeil, appétit, élimination, médication, exercice
physique). Ce dernier affirme avoir peu d’appétit depuis de nombreuses années, il mange
généralement 2 repas par jour, principalement constitués de repas déjà préparés ou des «
grignotines ». Son sommeil est parsemé de réveils fréquents malgré la prise régulière du
Flurazépam 15mg PO HS PRN. Au niveau de l’élimination, Monsieur Tremblay
confirme n’avoir aucune problématique. Il se dit observant à la médication outre quelques
petits oublis qui sont très rares selon ses dires. Il ne fait aucune activité physique mise à
part de la marche pour aller faire ses courses. Pendant votre questionnaire, vous observez
que Monsieur Tremblay présente un discours légèrement bredouillant, des propos
adéquats avec un débit verbal ralenti. Il présente de légers tremblements au niveau des
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
11
mains. Vous le questionnez davantage par rapport à sa consommation d’alcool et
Monsieur vous informe qu’il consomme sur une base régulière de la bière et des
spiritueux (6 à 8 bouteilles de bière de 341 mL par jour et 1 à 2 verres de spiritueux de 86
mL par jour) depuis les 10 dernières années, suite au décès de sa femme qui est partie
rapidement après avoir reçu un diagnostic de cancer colorectal. Ce décès est survenu
quelques années avant la retraite de Monsieur et a bouleversé ses plans notamment ceux
de voyager avec sa femme. Monsieur a travaillé toute sa vie comme pompier (28 ans de
service) et prévoyait prendre sa retraite à l’âge de 50 ans. Monsieur Tremblay a fait un
épisode dépressif caractérisé (anciennement appelé épisode dépressif) suite au décès de sa
femme et depuis, l’humeur triste perdure. Il n’est pas retourné travailler depuis et
bénéficie actuellement de sa retraite. Ses enfants, 2 garçons de 33 et 29 ans et une fille de
30 ans, ne lui parlent plus depuis le décès de leur mère puisqu’ils considèrent leur père
comme un « alcoolique » et un « bon à rien ». Vous le questionnez davantage à savoir
comment il perçoit sa consommation d’alcool ainsi que quels sont les bénéfices et les
conséquences qu’il vit par rapport à cette consommation. Monsieur Tremblay débute par
vous dire que selon lui, sa consommation d’alcool est « ben correcte » et ne pose « aucun
problème ». De plus, sa consommation d’alcool permet de meubler son quotidien et
d’oublier la douleur que la perte de sa femme lui a occasionné considérant que « plus
personne ne vient le voir ». En le questionnant davantage, il admet avoir perdu son
permis de conduire après s’être fait prendre dans un barrage routier en état d’ébriété, lui
qui était un fervent amateur de motocyclette. Il a dû payer une amende et a perdu son
permis de conduire. Vous décidez de le questionner davantage par rapport à l’historique
de sa consommation afin de faire le portrait de celle-ci et de bien comprendre la
problématique. Vous le questionnez par rapport à;
Portrait de la consommation d’alcool au cours de sa vie.
A-t-il déjà tenté de contrôler/arrêter sa consommation d’alcool (épisode
d’abstinence) dans la dernière année ainsi qu’au cours des 10 dernières années.
Historique d’amnésie, délirium, convulsion, symptôme de sevrage, surdosage,
personnel.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
12
Aspects psychosociaux; impacts de la consommation sur ses relations sociales, sa
capacité à accomplir ses différents rôles sociaux, aspect financier, etc.
Historique familial des problèmes de santé mentale.
(Antai-Otong, et coll., 2016)
Monsieur Tremblay vous raconte que de l’âge adulte jusqu’au décès de sa femme, il
avait l’habitude de consommer 2-3 consommations standards par semaine et parfois plus
mais seulement lors d’évènements. Il n’avait jamais tenté d’arrêter sa consommation dans
les 10 dernières années sauf à une reprise dans la dernière année. Moment où, il a
présenté des tremblements, des nausées, de l’hypersudation et croit avoir eu un épisode
de convulsions alors qu’il aurait perdu connaissance. Bien qu’il soit très isolé, qu’il n’ait
plus de contacts avec ses enfants ni sa famille élargie, il n’a aucun problème à maintenir
ses engagements financiers. Aucun membre de sa famille n’est connu pour une
problématique de santé mentale.
C’est donc à partir de cette vignette clinique que la théorie sera intégrée au contenu
plus clinique. Dès lors, le module de formation sera présenté sous forme de questions.
Questions que l’infirmière rencontrant ce type de client devrait se poser afin de procéder
à l’évaluation complète du client et d’assurer la prise en charge adéquate.
4.2. Quel est le portrait de la consommation d’alcool de Monsieur Tremblay?
Quand une infirmière rencontre un client, peu importe le milieu de pratique, elle
devrait toujours questionner les habitudes de consommation (alcool, tabac, drogue,
médicament, café, boissons énergisantes) afin de faire des liens et d’émettre des
hypothèses diagnostiques pouvant avoir un impact sur la santé de la personne (Jarvis,
2009). De plus, lorsque le client nomme consommer une substance en particulier,
l’infirmière devrait établir un portrait de la consommation afin de mieux cerner les
risques associés à cette consommation en plus d’établir le niveau de risques associés à
celle-ci (CCLT, 2009).
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
13
Au Canada, tous les produits alcoolisés ont sur leur étiquette l’indication de la
concentration d’alcool. Ce pourcentage est exprimé en millilitres d’alcool par 100
millilitres de boisson (%/v/v) (Léonard et coll., 2002). Les standards de consommation
d’alcool pour chacun des produits alcoolisés sont ainsi délimités, une bière de 341mL
(12oz) à 5% équivaut à un verre de vin de 142mL (5oz) à 12% ainsi qu’à un verre de vin
fortifié de 85mL (3oz) à 20% et 43mL (1.5oz) de spiritueux à 40% d’alcool (CCDUS,
2018). De plus, afin de réduire au maximum les risques de vivre des complications liées à
la consommation d’alcool et afin d’avoir une consommation modérée, les femmes ne
devraient pas excéder plus de 2 consommations standards par jour et un maximum de 10
consommations par semaine (CCDUS, 2018). Pour les hommes les chiffres grimpent à 3
consommations standards par jour et 15 consommations par semaine (CCDUS, 2018).
Considérant que M Tremblay consomme 6 à 8 bières de 341mL et de 1 à 2 verres de
86mL de spiritueux, ce qui en langage standard de 43 ml veut dire 2 à 4 consommations,
nous pouvons considérer qu’il consomme au total, dans une journée, l’équivalent de 8 à
12 consommations standards par jour. À la lumière du nombre de consommations
standards consommées quotidiennement par Monsieur Tremblay, ce dernier se situe dans
une consommation problématique puisqu’il dépasse 16 consommations par semaine et 4
consommations par épisode de consommation (CCLT, 2011; CCDUS, 2018). De plus, il
a une consommation chronique depuis plus de 10 ans, il est atteint d’un trouble de la
santé mentale et il vit plusieurs impacts négatifs (arrêt de travail, rupture du lien avec ses
enfants, perte de son permis de conduire, etc) en raison de sa consommation (CCLT,
2011; CCDUS, 2018).
À RETENIR
Les standards de consommation : 12oz (341mL) de bière (5%) = 5oz (142mL)
de vin (12%) = 3oz (85mL) de vin fortifié (20%) = 1.5oz (43mL) de spiritueux
(40%)
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
14
4.3. Quels éléments importants dois-je connaitre par rapport à la molécule
d’alcool?
Rappelons-nous que l’alcool représente un ensemble de substances qui ont des
propriétés communes mais qui ont des structures chimiques différentes. L’alcool que
nous consommons est l’alcool éthylique, soit l’éthanol (Léonard, et coll., 2002). Prise en
petite quantité, l’alcool produit un effet relaxant, de détente. Lorsque prise en grand
quantité, cela produit plutôt un effet dépresseur important, entraînant la perturbation de
l’état d’éveil pouvant aller jusqu’à causer la mort (Varcarolis, et coll., 2010).
4.3.1. Mécanisme d’action
Dépresseur du système nerveux central, l’éthanol agit principalement en favorisant la
transmission synaptique dans les synapses Gaba-ergiques et en renforçant l’action
inhibitrice de l’acide gamma-aminobutyrique (GABA) sur les récepteurs GABA-a
(Léonard, et coll., 2002). Le GABA est le principal neurotransmetteur inhibiteur, ce qui
permet de diminuer l’activité neuronale. C’est donc ce qui expliquerait l’effet
anxiolytique et dépresseur de l’éthanol.
Bien que l’alcool ait un impact important sur plusieurs autres neurotransmetteurs, il
importe de s’attarder également au système glutaminergique soit la liaison du glutamate
(neurotransmetteur excitateur) aux récepteurs N-méthyl-D-aspartate (NMDA) (Mayford,
et coll., 2012). La consommation aiguë d’éthanol inhibe l’activation des récepteurs
NMDA « en empêchant l’ouverture des canaux calciques normalement induite par le
glutamate » (Léonard, et coll., 2002, p. 231) ce qui cause donc une diminution de
l’excitation neuronale. Cela dit, lors d’un épisode de consommation importante ou encore
lors d’une consommation chronique d’alcool, les récepteurs NMDA deviennent
hypersensibles au glutamate. Cette hypersensibilisation conduirait à un effet
neurotoxique, ou plutôt à une mort cellulaire qui pourrait également conduire à une
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
15
altération membranaire et l’apparition de foyers épileptiques, d’où la présence d’épisode
de convulsion chez certaines personnes en état de sevrage à l’alcool (Brust, 2007).
4.3.2. Pharmacocinétique
(Nelson, et coll., 2011 ; Léonard, et coll., 2002 ; Spence et coll., 1983 ; Goullé, 1999)
Le temps accordé au processus d’absorption va être influencé par plusieurs facteurs ;
l’état de jeun, la présence de nourriture dans l’estomac, le pourcentage d’alcool contenu
dans les boissons ingérées, la prise concomitante de médication ou d’autres SPA, les
différentes affectations médicales propre à l’individu, la quantité ou la durée de l’épisode
de consommation, les variations individuelles, etc (Nelson, et coll., 2011). Ce processus
d’absorption se produit tout au long de la période de consommation et peut même se
poursuivre jusqu’à deux heures après l’arrêt de la consommation.
Deux autres mécanismes contribuent également à la biotransformation de l’éthanol
soit les catalases et le système d’oxydation de fonction mixte, communément appelé
microsomal ethanol oxidizing system (MEOS) (Léonard, et coll., 2002). Les catalases
Alcool
(ingestion)
•L'alcool est rapidement absorbée au niveau du tractus gastro-intestinale dès les premières gorgées ingérées;
• l'estomac (80-95%)
• l'intestin grêle (5-20%)
Circulation sanguine
(distribution)
•Une fois arrivé dans la circulation sanguine, l'alcool sera mélangé au sang et oxygéné au niveau du coeur qui atteindra différents organes (cerveau, poumon, foie) pour produire différents effets (anxiolitique, dépression, etc.)
Foie
(métabolisme)
•Une fois arrivé dans le foie, l'alcool est par la suite métabolisé (90-95%);
•Transformé en acétaldéhyde par l'alcool déshydrogénase (ADH)
•Puis transformé en acide acétique par l'acétaldéhyde déshydrogénase (ALDH)
Circulationsanguine
(excrétion)
•De retour dans la circulation sanguine, l'acide acétique;
• sera oxydé en eau et gaz carbonique qui seront excrétés par les poumons (haleine éthylique) et les reins (diurèse)
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
16
étant peu utilisées, nous aborderons seulement la biotransformation par le MEOS,
processus qui a comme fonction de « protéger l’organisme contre les agents extérieurs »
(Léonard, et coll., 2002, p. 235). Ce système utilise des protéines membranaires, soit les
cytochromes p450. Cytochromes également utilisés dans la biotransformation de
plusieurs médicaments. Il importe donc d’y accorder ici une certaine importance puisque
cela peut contribuer à plusieurs interactions médicamenteuses lorsqu’il y a une prise
concomitante avec l’alcool (Weathermom et coll., 1999).
À RETENIR
L’alcool est un dépresseur du système nerveux central.
Agit principalement sur le GABA (principal neurotransmetteur inhibiteur) et le
système glutaminergique (neurotransmetteur excitateur).
Lors de l’ingestion d’alcool, celui-ci est principalement absorbé a/n gastro-
intestinale, envoyé dans la circulation sanguine ou il affecte différents organes
puis métabolisé par le foie et excrété par les reins et les poumons.
4.4. Est-ce que Monsieur Tremblay présente des signes d’intoxication à l’alcool?
4.4.1. Concept d’intoxication
Tout d’abord, le concept d’intoxication se veut le résultat de l’action qu’exerce une
substance psychoactive sur l’organisme et l’ensemble des problèmes qui en découlent
(Herron, et coll., 2015); atteintes cognitives, atteintes des fonctions psychologiques et
physiques, perturbation de l’état de conscience, perturbation de l’humeur, etc (OMS,
2018). Au même titre que pour le processus d’absorption, les effets de l’intoxication
peuvent être très variables d’un individu à un autre et ce en fonction de la substance
consommée, la quantité, la voie de consommation, la durée d’utilisation, l’addition avec
d’autres substances et toutes les caractéristiques biopsychosociales et culturelles propres
à l’individu consommateur. Quatre niveaux d’intoxication sont possibles; léger, modéré,
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
17
grave, mortel et deux modes d’intoxication peuvent être observés; l’intoxication aiguë et
l’intoxication chronique. L’intoxication aiguë fait référence à une ingestion récente et
occasionnelle d’une SPA. L’intoxication chronique fait quant à elle référence à une
consommation prolongée, répétée et régulière d’un psychotrope. Elle se développe donc
avec le temps et nécessitera généralement des doses plus importantes de SPA pour
atteindre l’effet recherché puisqu’il y aura l’apparition des phénomènes de dépendance et
de tolérance3 (Léonard, et coll., 2002; Varcarolis, et coll., 2010). Il importe que les
infirmières évaluent à la fois l’intoxication aiguë afin d’agir rapidement tout en tenant
compte que la présence d’une intoxication chronique nécessitera de référer le client et de
s’assurer d’évaluer les impacts de celle-ci sur la santé de la personne. Les deux types
d’intoxication seront présentés plus en détail ici-bas.
4.4.2. Critères diagnostiques de l’intoxication
Lorsque nous abordons les signes et symptômes de l’intoxication aiguë à l’éthanol, la
sévérité des symptômes va fluctuer en fonction d’une multitude de facteurs. Pour bien
évaluer l’état du client et établir des impressions diagnostiques, il est très important que
l’infirmière ait les critères du DSM-5 (APA, 2013) en tête. De plus, ce langage commun
facilite la collaboration interdisciplinaire (OIIQ, 2016).
3 « État d’hyporéactivité de l’organisme se traduisant par une diminution de la réponse au psychotrope et par la capacité à supporter,
sans manifester de symptômes d’intoxication, des doses jugées élevées pour le novice. Elle se manifeste donc par une diminution de
l’efficacité et de la toxicité du psychotrope » (Léonard, et coll., 2002, p. 8).
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
18
A. Ingestion récente d’alcool.
B. Changements comportementaux ou psychologiques problématiques,
cliniquement significatifs (p. ex. comportement sexuel ou agressif
inapproprié, labilité de l’humeur, altération du jugement) qui se sont
développés pendant ou peu après l’ingestion d’alcool.
C. Au moins un des signes ou symptômes suivants se développent pendant ou
peu après la consommation d’alcool :
1. Discours bredouillant.
2. Incoordination motrice.
3. Démarche ébrieuse.
4. Nystagmus.
5. Altération de l’attention ou de la mémoire.
6. Stupeur ou coma.
D. Les symptômes ne sont pas dus à une autre affection médicale et ne sont
pas mieux expliqués par un autre trouble mental, dont une intoxication par
une autre substance.
Pour qu’un diagnostic d’intoxication soit posé, tous les critères (A-B-C-D) doivent
être présents, cependant la codification du diagnostic sera différente en fonction ou non
de la présence d’un trouble d’usage lié à l’usage d’alcool (APA, 2015). Dans le cas de
Monsieur Tremblay, si vous aviez questionné ce dernier sur sa dernière consommation
d’alcool, il vous aurait répondu avoir tout juste terminé de prendre un verre de cognac
quelques minutes avant votre arrivée (critère A). Vous aviez également noté une
démarche chancelante ainsi qu’un discours bredouillant (critère C) et vous savez qu’il ne
consomme aucune autre substance psychoactive (critère D). Finalement, vous n’avez noté
aucun changement comportemental ou psychologique problématique (critère B) lors de
votre rencontre. Cela dit, il aurait été intéressant d’évaluer davantage cet aspect pour
affirmer ou infirmier la présence de tous les critères diagnostiques pour un état
d’intoxication.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
19
À RETENIR
Concept d’intoxication : le résultat de l’action qu’exerce une SPA sur
l’organisme et les problèmes qui en découlent.
Les critères diagnostiques de l’intoxication (voir l’encadré ci-haut).
4.4.3. Les éléments de surveillance et la prise en charge de l’intoxication
4.4.3.1. Intoxication aigue
Lorsque nous nous retrouvons devant un client intoxiqué à l’alcool, la connaissance
des signes et symptômes est primordiale afin de bien évaluer la sévérité de l’état pour
assurer la continuité et la prise en charge du client. Rappelez-vous que l’état
d’intoxication est très variable d’un individu à un autre et ce en fonction d’une multitude
de facteurs propres au client, à l’environnement ainsi qu’à la substance elle-même.
Dans un premier temps, il importe de prendre les signes vitaux complets afin de
valider l’atteinte bulbaire. Si tel était le cas, une diminution des résultats des signes vitaux
(tension artérielle, rythme respiratoire, rythme cardiaque, température) seraient observés
et nécessiterait une orientation immédiate vers les services d’urgence (Varcarolis, et al.,
2010). Entre temps, l’infirmière doit assurer le maintien des fonctions vitales en attendant
les services d’urgence;
Ventiler le client en faisant le bouche à bouche ou en lui administrant de
l’oxygène s’il y a dépression respiratoire.
Assurer le maintien d’un rythme cardiaque dans les valeurs normales en
assurant le massage cardiaque en l’absence de pouls.
Administrer une solution saline advenant la présence d’une tension artérielle
sous les valeurs de la normale.
Positionner le client en position Trendelenburg pour assurer la perfusion des
organes vitaux.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
20
Couvrir le client en hypothermie.
(Pechlaner, et coll., 2000; Varcarolis, et coll., 2010)
Dans un deuxième temps, validez si le client présente des nausées et des
vomissements. Ces symptômes, causés par l’irritation gastrique (Macmath, 1990),
peuvent parfois entrainer de l’hématémèse. Il est important que l’infirmière rencontrant
un client présentant de l’hématémèse se questionne par rapport à;
Quelles peuvent être les causes des saignements?
Y-a-t-il eu un trauma?
Le client est-il connu pour des problèmes de coagulation ou prend-t-il une
médication pour éclaircir son sang?
Encore une fois, il est primordial d’orienter le client vers un service d’urgence pour
qu’une évaluation plus approfondie soit effectuée afin de statuer sur la source des
saignements et que le client puisse recevoir les traitements nécessaires (OIIQ, 2016). En
prenant en compte le taux d’alcoolémie et d’intoxication de la personne, il est important
de s’assurer que la personne est en mesure d’expulser le contenu gastrique par elle-même
et que les voies respiratoires ne sont pas obstruées. Une intoxication trop importante,
pourrait avoir pour conséquence une aspiration des vomissements au niveau des poumons
pouvant causer la mort par l’obstruction des voies respiratoires (Leonard, et coll., 2002).
Par la suite, il est important que l’infirmière valide le moment de la dernière
consommation et si la personne était à jeun lors de cette première consommation. De fait,
la prise d’alcool à jeun peut provoquer une hypoglycémie causée par l’inhibition de la
gluconéogenèse. Si tel est le cas, il faut surveiller les signes et symptômes de
l’hypoglycémie; tremblements, palpitations, anxiété, agitation, hypersudation, troubles de
la concentration, changement d’humeur, faim, nausées/vomissements, etc (Yale, et coll.,
2018). Puisque l’hypoglycémie peut conduire à un état comateux, l’infirmière se doit de
traiter l’hypoglycémie selon le protocole de soins en vigueur dans son milieu de travail.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
21
En tout temps, l’infirmière devrait surveiller les fonctions d’élimination et s’assurer
de surveiller les signes et symptômes de la déshydratation. L’alcool inhibe la sécrétion de
la vasopressine (hormone antidiurétique), hormone qui a pour effet de réduire la quantité
d’urine produite. Par contre, lors de la consommation d’alcool, son inhibition augmente la
diurèse ce qui peut causer une déshydratation. De plus, l’ingestion importante de liquide
peut entraîner une hyponatrémie ce qui pourrait causer une défaillance cardiaque et/ou
causer un œdème cérébral (Pechlaner, et coll., 2000).
Par ailleurs, il est également très important de s’assurer que la personne intoxiquée
est dans un lieu physique sécuritaire. De fait, est-ce que la personne est en mesure de
marcher et de comprendre son environnement (ex : aller prendre une marche sans
manteau alors qu’il fait -30C à l’extérieure). Vous devez aussi questionner le client sur
ses intentions vis-à-vis sa consommation. Considérant qu’elle est déjà intoxiquée, la
personne a-t-elle l’intention de poursuivre celle-ci ? Si tel est le cas, l’état du client peut
se détériorer rapidement. Vous ou un collègue devrez donc retourner évaluer le client en
cours de journée ou encore de s’assurer que ce dernier ait un proche pour veiller sur lui
(OIIQ, 2016). Si un proche est disponible, vous avez un rôle d’éducation à faire auprès de
cette personne en lui donnant les signes/symptômes à surveiller tout en demeurant
disponible pour intervenir rapidement si l’état de la personne se détériore (OIIQ, 2016).
Dans certains hôpitaux, des lits de « dégrisement » sont offerts ce qui peut être une option
intéressante pour assurer la sécurité de l’individu.
Finalement, dans certains cas, les personnes intoxiquées à l’alcool peuvent présenter
une réaction excessive après avoir consommé une quantité minime d’alcool. Les clients
peuvent dans ce cas présenter de la confusion, de la désorientation, des hallucinations, de
l’hyperactivité, de l’impulsivité et de l’agressivité. Les clients présentant de tels
symptômes peuvent être effrayés et se doivent d’être rassurés. Vous devriez tout d’abord
adopter une attitude calme, un ton de voix doux, tenter d’entrer en relation avec le client
et le rassurer (Varcarolis, et coll., 2010). Si le client est confus, évitez de trop le
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
22
questionner afin de ne pas l’effrayer davantage. Devant de tels symptômes et dépendant
le contexte d’intervention, assurez-vous que le client ne demeure pas seul et qu’il soit en
sécurité.
À RETENIR
Éléments de surveillance de l’intoxication : signes vitaux,
nausées/vomissements, hypoglycémie, fonctions d’élimination, état de
conscience, risque de chute, prise de risque, comportements agressifs, etc.
4.4.3.2. Surdosage
Dans le cas d’une forte intoxication à l’alcool, nous parlons de surdosage. Le
surdosage à l’alcool se produit lorsqu’un individu a consommé de grandes quantités
d’alcool en peu de temps. Dans ce cas, le taux d’alcoolémie atteint un taux important
rapidement ce qui peut entraîner de graves conséquences. Les signes et symptômes
généralement observés seront; une absence de réponse aux stimuli, la peau moite et
froide, une difficulté respiratoire et/ou une tachypnée (10 respirations/minute), une
bradycardie ( 50 battements/minute), de la stupeur, une hypothermie, de l’incontinence
urinaire, une incoordination importante des mouvements, une perte de conscience, une
cyanose péribuccale et/ou au niveau des ongles et finalement des vomissements répétés
(Léonard, et coll., 2002; Varcarolis, et coll., 2010).
Dans la situation de Monsieur Tremblay, imaginons que vous retournez le voir
quelques jours plus tard afin de poursuivre la prise de contact considérant qu’il ne peut se
déplacer à votre bureau. De plus, le psychiatre de Monsieur a demandé certains bilans
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
23
sanguins suite à votre discussion avec lui concernant vos inquiétudes vis-à-vis sa
consommation d’alcool (à noter qu’un consentement avait été obtenu auprès de Monsieur
Tremblay au préalable). À votre arrivée, ce dernier présente de l’ataxie, un discours
bredouillant une peau moite et froide. Les résultats des prélèvements sanguins révèlent un
taux d’éthanolémie de 0.43 mg %. Dès lors, vous comprenez que Monsieur présente une
grande tolérance à l’alcool associée aux nombreuses années de consommation.
Normalement un résultat entre 0.3 et 0.4 mg % représente une intoxication très grave et
dépassée 0.4 mg %, il y aurait coma ou encore mort (Varcarolis, et coll., 2010; Pagana, et
coll., 2000). Cela dit, l’état actuel de Monsieur demeure inquiétant et vous ne pouvez le
laisser dans cet état, seul à la maison. Vous évaluez tout d’abord ses signes vitaux afin de
déceler la chute de ceux-ci (TA : 110/70, Pls : 62, RR : 12, T 36.2, Sat : 96%). Par la
suite, vous évaluez la présence de signes/symptômes cités ci-haut (aucun sauf ceux
objectivés à l’arrivée) et demander à Monsieur s’il a consommé d’autres
substances/médicaments (non). Il est important d’évaluer la consommation concomitante
de SPA et/ou médicaments car cela pourrait venir justifier/aggraver l’état de Monsieur.
Plus votre évaluation avance, plus vous observez que Monsieur Tremblay a de la
difficulté à rester éveillé, il réagit peu aux stimuli (seulement lorsque vous haussez le ton
très fort) et il a eu une incontinence urinaire. Rapidement vous appelez les services
d’urgence et donnez un rapport clair et complet de l’état du client en plus de nommer vos
impressions diagnostiques (OIIQ, 2016). Jusqu’à l’arrivée des services d’urgence, vous
vous assurez que les fonctions cardio-respiratoires de Monsieur Tremblay demeurent
intactes. Vous vous assurez de dégager les voies respiratoires et le couvrez pour éviter
l’installation d’une hypothermie.
À RETENIR
Concept de surdosage : ingestion d’une grande quantité d’alcool en peu de
temps.
Éléments de surveillance du surdosage : signes vitaux, état de conscience,
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
24
stupeur, hypothermie, incontinence urinaire, incoordination des mouvements,
vomissements, signes d’hypoventilation.
Éthanolémie :
o 0.05mg-0.10mg : intoxication légère (changement de l’humeur, jugement
altéré, incoordination motrice)
o 0.20mg-0.30mg: intoxication modérée (confusion, stupeur, ataxie,
labilité émotive)
o 0.40mg : intoxication sévère (coma)
o 0.50mg : intoxication grave (mort causée par la dépression respiratoire)
4.5. Les conséquences à long terme d’une intoxication chronique à l’alcool
Constat bien connu, la prise régulière, en quantité importante d’alcool affecte
plusieurs systèmes et organes causant divers troubles (CCDUS, 2018). Voici les
principaux relevés;
Système affecté Signes/symptômes Causes
Système gastro-
intestinaux
Perturbation de l’absorption des
nutriments
Œsophagite
Varices œsophagiennes
Gastrite
Entérite
Cancer
Inflammation, érosion,
irritation intestinale
Irritation chronique
Œsophagite
Inflammation chronique
Système
hépatique
Stéatose hépatique
Hépatite
Cirrhose
Hypertension portale
Cancer hépatique
Impacts sur le processus de
coagulation
Dépôt de graisse
Inflammation constante
Destruction des cellules
Fibrose
Tissus cicatriciels
Altération de la production
plaquettaire
Système
cardiovasculaire
Arythmies cardiaques
Hypertrophie cardiaque
Insuffisance cardiaque
Hypertension artérielle
Irritation du myocarde
Fibrose du muscle
cardiaque
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
25
Système
endocrinien et
métabolique
Hyperglycémie/hypoglycémie
Pancréatite
Hyperuricémie
Troubles hormonaux
Rétention hydrique
Perturbations de la
glycémie
Inflammation
Augmentation de l’acide
urique
Débalancements
hormonaux
Système
neurologique
Ataxie cérébelleuse alcoolique
Syndrome de Marchiafava-
Bignami
Polynévrite
Syndrome de Wernicke
Psychose de Korsakoff
Amnésie
Polyneuropathies alcooliques
Traumatisme crânien
Épilepsie
Dysfonctions cérébrales
Carence vitamine B1
Lésions neurologiques
Démyélinisation
Destruction neuronale
Chutes répétées causées par
les pertes d’équilibre et/ou
convulsions
(Léonard, et coll., 2002; Stockwell, 1989; Varcarolis, et coll., 2010; Goodwin, et coll.,
1997; McIntosh, et coll., 2004)
Dans le cas de Monsieur Tremblay, la consommation chronique d’alcool le met à
risque de développer différentes problématiques au niveau de son état de santé physique.
Comme infirmière, toujours dans un esprit de collaboration interdisciplinaire avec les
professionnels impliqués au dossier, il importe de recueillir la présence ou non de
signes/symptômes pouvant laisser croire à une atteinte hépatique, cardiaque,
endocrinienne et neurologique (OIIQ, 2016). Il serait donc pertinent de faire le lien avec
son omnipraticien afin de valider si des épreuves diagnostiques ont été faites dans les
dernières années ou encore de valider le tout au dossier médical de Monsieur. Vous
rechercherez donc :
un bilan sérologique hépatique
un bilan sérologique lipidique
le dosage des enzymes/marqueurs cardiaques
un ECG
le dosage du glucose sérique et d’une hémoglobine glyquée
le dosage d’acide urique
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
26
le dosage hormonal
un bilan sérologique nutritionnel
la passation d’examen neurologique
la passation d’examen gastro-intestinale (colonoscopie, gastroscopie, etc.)
À RETENIR
L’ingestion chronique d’alcool affecte une multitude de systèmes; hépatique,
métabolique, cardiovasculaire, gastro-intestinal, neurologique, endocrinien.
L’infirmière doit s’assurer de faire le lien avec les différents suivi/bilans
médicaux et autres professionnels de la santé impliqués au dossier
4.6. Est-ce que Monsieur Tremblay présente un risque de sevrage?
4.6.1. Concept de sevrage
Le sevrage se veut l’arrêt complet ou la diminution de la consommation d’une
substance psychoactive lorsqu’il y a généralement une consommation régulière, répétée
et abusive d’un psychotrope. Les symptômes de sevrage sont causés par la réadaptation
du système nerveux en l’absence de l’effet de la SPA et peuvent se présenter sous
différentes formes dont des symptômes physiques, des symptômes neurologiques et des
symptômes psychologiques (OMS, 2018). La nature, la sévérité, la durée et le début des
symptômes peuvent être variable en fonction de la substance psychoactive elle-même, de
la quantité consommée, de la voie de consommation utilisée, de la durée de
consommation ainsi que des caractéristiques personnelles (biologiques, psychologiques,
socioculturelles) de l’individu consommateur (Léonard, et coll., 2002; Varcarolis, et coll.,
2010). De façon générale, « les symptômes de sevrage tendent à être à l’opposé des effets
normalement produits par le psychotrope » (Léonard, et coll., 2002, p. 119) et plus la
substance a une grande rapidité d’action, plus le syndrome de sevrage s’installera
rapidement et vice versa.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
27
4.6.2. Critères diagnostiques du sevrage
Tout comme les critères diagnostiques de l’intoxication, les critères diagnostiques du
sevrage à l’alcool selon le DSM-5 (American Psychiatric Association, 2015) demeurent
des éléments importants à connaître par l’infirmière si elle veut assurer une prise en
charge adéquate et ainsi que de favoriser l’adoption d’un langage commun avec les
différents professionnels impliqués (OIIQ, 2016). Pour le diagnostic de sevrage, tous les
critères (A-B-C-D) doivent être présents en plus de spécifier s’il y a perturbations des
perceptions.
A. Arrêt (ou réduction) d’un usage d’alcool qui a été massif et prolongé.
B. Au moins deux des manifestations suivantes se développent de quelques
heures à quelques jours après l’arrêt (ou la réduction) d’un usage d’alcool
décrit dans le critère A :
1. Hyperactivité neurovégétative (p. ex. transpiration ou fréquence cardiaque
supérieure à 100 battements/minute).
2. Augmentation du tremblement des mains.
3. Insomnie.
4. Nausées ou vomissements.
5. Hallucinations ou illusions transitoires visuelles, tactiles ou auditives.
6. Agitation psychomotrice.
7. Anxiété.
8. Crises convulsives généralisées tonicloniques.
C. Les signes ou symptômes du critère B causent une souffrance cliniquement
significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans
d’autres domaines importants.
D. Les signes ou symptômes ne sont pas dus à une autre affection médicale, et ne
sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental, dont une intoxication ou
un sevrage d’une autre substance.
Spécifier si : Avec perturbations des perceptions : Cette spécification s’applique
dans le rare cas où le sujet présente des hallucinations (habituellement visuelles
ou tactiles sans altération de l’appréciation de la réalité, ou des illusions auditives,
visuelles ou tactiles en l’absence d’un état confusionnel (délirium).
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
28
4.6.3. Stades du sevrage
Généralement, le syndrome de sevrage va apparaitre dans les 6 à 24 heures suivant la
dernière ingestion ou réduction de la prise d’alcool. La phase aiguë sera atteinte après 24
à 48 heures et peut durer jusqu’à 7 jours (Brands, et coll., 1998; Varcarolis, et coll.,
2010). Le sevrage à l’alcool peut se présenter sous quatre niveaux de sévérité;
(Paré, et coll., 2007; Varcarolis, et coll., 2010; Beauchamp, et coll., 2000; McIntosh,
et coll., 2004; Al-Sanouri, et coll., 2005; Léonard, et coll., 2002; Bayard, et coll. 2004;
Mirijello, et coll., 2015)
1er stade
(léger)
•Apparait dans les 6 à 12 hrs après l'arrêt ou la diminution de la consommation.
•Symptômes: trémulations (principalement au niveau des mains), de l’anxiété, de l’agitation, des nausées, des vomissements, des céphalées, de la diaphorèse et une augmentation des résultats des signes vitaux.
•Causés par l'hypercativité du système nerveux autonome (SNA).
2e stade
(modéré)
•Apparait dans les 12 à 24 hrs après l'arrêt ou la diminution de la consommation.
•Symptômes: les symptômes du stade 1 seront présents mais généralement à une intensité plus élevée, des hallucinations (visuelles, tactiles ou auditives), de la confusion et des illusions.
3e stade
(modéré avec convulsion)
•Apparait dans les 24 à 48 hrs après l'arrêt ou la diminution de la consommation.
•Symptômes: les symptômes du 1er stade, des convulsions généralement unique, mais parfois multiples, durant moins de quinze minutes et de type tonico-clonique.
•Les convulsions sont causées par Les convulsions une hyperexcitation neuronale causée par la diminution de l’effet inhibiteur du GABA et l’hyperstimulation du glutamate.
4e stade
(grave délirium tremens)
•Apparait dans les 48 à 72 hrs après l'arrêt ou la diminution de la consommation.
•Symptômes: les symptômes du 1er stade, de la confusion, des délires (délirium tremens), une désorientation spatio-temporelle, des distorsions perceptuelles, une altération de l’état de conscience, de l’agressivité, de l’insomnie, de l’anorexie, une altération importante des signes vitaux (hyperthermie au-delà de 39°C), de l’incontinence, des convulsions (idem au stade 3) et le coma.
•Causés par l’hyperactivité du système nerveux autonome.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
29
4.6.4. Éléments d’évaluation lors du sevrage
Lorsque nous nous retrouvons devant un client en état de sevrage à l’alcool ou ayant
le souhait d’arrêter de consommer, plusieurs aspects sont importants à évaluer afin
d’orienter adéquatement ce dernier. Tout d’abord, il faut évaluer si le client présente une
consommation à risque soit, plus de 9 (homme) et 6 (femme) consommations standards
par jour, à raison de 3 fois et plus par semaine et ce depuis un mois et plus (Rouillard, et
coll., 1999). Dans un second temps, il faut repérer la présence de facteurs prédicteurs de
complications du sevrage à l’alcool;
Le portrait de consommation des 14 derniers jours : 12 consommations et +/jour
dans les 14 derniers jours
Les tentatives d’abstinence/sevrage antérieures : risqué si 4 traitements antérieurs
échoués
La condition médicale actuelle
Antécédents de convulsions ou de délirium tremens
L’âge supérieure de 65 ans
Un historique d’abus depuis plus de 10 ans
La présence d’un trouble concomitant de santé mentale
L’usage concomitant de d’autres dépresseur du système nerveux central
(Rouillard, et coll., 1999).
Par la suite, afin de bien évaluer la présence ou non de symptôme de sevrage à
l’alcool, l’échelle Clinical Institute Withdrawal Assessment for Alcohol (CIWA-Ar) est
l’outils le plus utilisé et recommandé par les cliniciens (Paré, et coll., 2007; Knight, et
coll., 2017). Vous trouverez une copie du CIWA-Ar à l’Annexe B. Se composant de dix
questions axées sur les signes et symptômes du sevrage, les clients doivent quantifier la
présence ou non des signes et symptômes nommés sur une échelle de zéro (absent) à sept
(grave) (Sullivan, et coll., 1989). Seule la dernière question a un pointage de zéro (léger)
à quatre (grave). Les différents signes et symptômes questionnés sont les suivants; les
nausées et vomissements, les trémulations, les sueurs paroxystiques, l’anxiété́, l’agitation,
les troubles tactiles, les troubles auditifs, les troubles visuels, les céphalées et finalement
l’orientation (temps, personne, lieu) (Bayard, et coll., 2004; Paré, et coll., 2007; Sullivan,
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
30
et coll., 1989). Le pointage maximal pouvant être obtenu est de 67, démontrant un risque
élevé de développer un syndrome de sevrage grave à l’alcool. Selon Rouillard et coll.,
1999, les résultats peuvent être interprétés de la façon suivante;
Un résultat inférieur ou égal à 9 correspond à un syndrome de sevrage de l’alcool
léger, ne nécessitant pas de traitements médicaux.
Un résultat entre 10 et 19 sur l’échelle correspond à un syndrome de sevrage à
l’alcool modéré, nécessitant un suivi médical.
Un résultat entre 20 et 24 sur l’échelle correspond à un syndrome de sevrage à
l’alcool modéré/grave, un risque de convulsions et/ou de delirium tremens
Un résultat supérieur à 25 est considéré comme grave et présentant un risque de
délirium tremens imminent.
À RETENIR
Éléments importants à évaluer lors du sevrage : présence d’une consommation à
risque, la présence de facteurs prédicteurs de complication et la présence ou non
de symptôme de sevrage à l’aide du CIWA-Ar.
4.6.5. Liens avec l’histoire de cas
En référence à l’histoire de cas de Monsieur Tremblay, ce dernier nous a informé que
sa chute avait eu lieu le lendemain d’une consommation importante d’alcool. Cela dit,
vous devriez vous poser les questions suivantes afin de bien évaluer la situation;
Quelle était l’heure de la dernière prise d’alcool avant sa chute?
Avait-il réduit/arrêter/modifier sa consommation habituelle avant sa chute?
Est-ce que Monsieur Tremblay avait pris le Flurazépam prescrit en PRN la veille
de sa chute?
En questionnant Monsieur, ce dernier vous confirme qu’il avait pris davantage
d’alcool qu’à l’habitude (15-20 consommations standards) dans un court laps de temps
(6hrs). Sa dernière consommation remontait à 14hrs la veille de sa chute et sa chute aurait
eu lieu peu de temps avant l’heure du souper, en fin d’après-midi. De plus, il vous
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
31
informe que non, il n’avait pas pris le Flurazépam puisqu’il est tombé endormi vers 15h
et ne s’est réveillé que vers 8h le lendemain matin. Le Flurazépam, aurait pu avoir un «
effet protecteur » en augmentant le seuil de convulsion, malgré les risques associés à
l’effet synergique
Dès lors, vous comprenez que Monsieur a probablement vécu des symptômes de
sevrage d’un niveau de sévérité 3. Vous êtes en mesure d’avancer cette hypothèse,
considérant que ce dernier consomme de façon hebdomadaire l’équivalent de 8 à 12
consommations standards par jour et ce depuis une dizaine d’années (facteurs
prédicteurs). Il y a donc une hypersensibilisation des récepteurs glutaminergiques qui
s’est installée et il est possiblement à risque d’avoir des épisodes de convulsion s’il y a
diminution ou arrêt de la consommation, tel que suspecté lors de sa tentative d’arrêt dans
la dernière année (facteur prédicteur). De plus, il vous a mentionné précédemment avoir
eu des tremblements, des nausées, des vomissements ainsi que de l’hypersudation
(symptômes du stade 1) précédant la chute dans les escaliers.
Votre jugement clinique prend ici tout son sens afin d’orienter/soutenir adéquatement
Monsieur. Vous devriez tout d’abord évaluer s’il a le souhait ou non de modifier sa
consommation. (OIIQ, 2016). Si son souhait est d’amorcer des changements ou encore
d’arrêter complètement celle-ci, il est tout d’abord primordial de lui nommer clairement
les risques encourus s’il fait l’arrêt/la modification de celle-ci seul à domicile sans
supervision médicale ou avec l’aide d’un professionnel de la santé. Dans un second
temps, validez ses motivations derrière ce changement afin de l’accompagner
adéquatement et le lui rappelez au besoin pour l’encourager dans ce processus (ANA, et
coll., 2014; Antai-Otong, et coll., 2016). Par la suite, avec l’accord de Monsieur, il faudra
le référer en collaboration avec son psychiatre ou omnipraticien vers un centre hospitalier
ou vers un centre de réadaptation en dépendance (CRD) où il y aura une prise en charge
médicale (OIIQ, 2016).
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
32
À l’inverse, si son souhait est de poursuivre sa consommation, débutez par nommer
clairement à Monsieur les risques encourus à moyen/long terme du
maintien/augmentation de sa consommation en plus de lui nommer ceux encourus
advenant un arrêt complet ou une diminution trop rapide. Pour ce faire, vous pourriez
utiliser le tableau 1 du guide à l’intention des infirmiers(ères) mis sur pieds par Éduc-
Alcool en 2012, disponible en ligne (voir référence bibliographie à cet effet). Cela
pourrait susciter une réflexion et amener une prise de position chez Monsieur Tremblay
afin d’apporter des modifications à sa consommation. Rappelons-nous que l’un des
principaux rôles infirmiers vise à prodiguer de l’éducation à la santé aux clients afin de
favoriser le développement de compétences pour une meilleure prise en charge de leur
problématique et autonomie au niveau de leur santé (OIIQ, 2016; ACESI, 2015). De plus,
même si Monsieur ne présente pas de désir réel de changer, il serait intéressant d’adopter
une approche de type entretien motivationnelle afin d’insuffler la motivation et de
l’engager vers un changement (Miller, et coll., 2013; Lecompte, et coll., 2004). Ainsi,
dans une optique d’approche de réduction des méfaits, il serait intéressant ici de faire un
plan avec Monsieur pour l’accompagner dans une réduction graduelle de sa
consommation afin de réduire au maximum les risques qu’il subisse des conséquences de
sa consommation d’alcool. Par exemple, vous pourriez lui suggérer de réduire d’une
consommation par jour pendant 1 semaine, puis de réduire à nouveau d’une autre
consommation la semaine suivante et ainsi de suite. De plus, avec son accord, vous
devriez vous assurer de référer Monsieur Tremblay soit au CRD, soit à une ressource
communautaire pour qu’il reçoive le soutien nécessaire vis-à-vis son trouble d’usage
(OIIQ, 2016).
À RETENIR
Concept de sevrage : arrêt complet ou diminution de la consommation d’une
SPA lorsqu’il a généralement une consommation régulière, répétée et abusive.
Critères diagnostiques du sevrage : voir l’encadré ci-haut.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
33
Stades du sevrage : apparaissent généralement dans les 6 à 24 heures suivant la
dernière ingestion ou réduction de la prise d’alcool. La phase aiguë sera atteinte
après 24-48hrs et peut durer jusqu’à 7 jours. Peut se présenter sous quatre
niveaux de sévérité (Léger, Modéré, Modéré avec convulsion, Grave avec
délirium tremens).
Prise en charge du client : évaluer les intentions du client vis-à-vis sa
consommation, le soutenir dans ce processus décisionnel, faire de l’éducation à
la santé par rapport aux risques encourus du maintien/de l’augmentation ainsi
que de l’arrêt drastique, le référer pour assurer la prise en charge et le soutien
adéquat.
4.7. Est-ce que Monsieur Tremblay est dépendant à l’alcool?
4.7.1. Concept de dépendance
Le concept de dépendance se veut, « l’état d’adaptation résultant de l’usage
périodique ou continu d’une ou de plusieurs substances nuisibles pour l’organisme qui
créent des besoins physiques ou psychologiques » (Léonard, et coll., 2002, p. 8). Afin de
mieux comprendre ce que représentent les besoins physiques et psychologiques, nous
décortiquerons les critères diagnostiques du trouble d’usage à l’alcool du DSM-5 (APA,
2015) qui regroupe les concepts d’abus et de dépendance, antérieurement séparés dans le
DSM-IV (APA, 1996).
4.7.2. Critères diagnostiques du trouble d’usage à l’alcool
Les critères diagnostiques du trouble d’usage à l’alcool selon le DSM-5 (APA, 2015)
demeurent des éléments importants à connaître par l’infirmière si elle veut assurer une
prise en charge adéquate et ainsi que de favoriser l’adoption d’un langage commun avec
les différents professionnels impliqués (OIIQ, 2016).
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
34
A. Mode d’usage problématique de l’alcool conduisant à une altération du
fonctionnement ou une souffrance cliniquement significative, caractérisé par la
présence d’au moins deux des manifestations suivantes, au cours d’une période de 12
mois :
1. L’alcool est souvent consommé en quantité plus importante ou pendant une
période plus prolongée que prévu.
2. Il y a un désir persistant, ou des efforts infructueux, pour diminuer ou contrôler
la consommation d’alcool.
3. Beaucoup de temps est passé à des activités nécessaires pour obtenir de l’alcool,
à utiliser de l’alcool ou à récupérer de ses effets.
4. Envie impérieuse « craving », fort désir ou besoin pressant de consommer de
l’alcool.
5. Consommation répétée d’alcool conduisant à l’incapacité de remplir des
obligations majeures, au travail, à l’école ou à la maison.
6. Consommation continue d’alcool malgré des problèmes interpersonnels ou
sociaux, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets de l’alcool.
7. Des activités sociales, professionnelles ou de loisirs importants sont
abandonnées ou réduites à cause de l’usage de l’alcool.
8. Consommation répétée d’alcool dans des situations où cela peut être
physiquement dangereux.
9. L’usage de l’alcool est poursuivi bien que la personne sache avoir un problème
psychologique ou physique persistant ou récurrent susceptible d’avoir été causé ou
exacerbé par l’alcool.
10. Tolérance, définie par l’un des symptômes suivants :
a. Besoin de quantités notablement plus fortes d’alcool pour obtenir une
intoxication ou l’effet désiré.
b. Effet notablement diminué en cas de l’usage continu de la même quantité
d’alcool.
11. Sevrage caractérisé par l’une ou l’autre des manifestations suivantes :
a. Syndrome de sevrage caractéristique de l’alcool
b. L’alcool (ou une substance très proche, telle qu’une benzodiazépine) est pris
pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage.
Spécifier si :
En rémission précoce : Après que tous les critères du trouble de l’usage de l’alcool aient
été préalablement remplis, plus aucun ne l’a été pendant au moins 3 mois mais pendant
moins de 12 mois (à l’exception du critère A4, Envie impérieuse « craving », fort désir
ou besoin pressant de consommer de l’alcool, qui peut être rempli).
En rémission prolongée : Après que tous les critères du trouble de l’usage de l’alcool
aient été préalablement remplis, plus aucun ne l’a été à aucun moment pendant au moins
12 mois (à l’exception du critère A4, Envie impérieuse « craving », fort désir ou besoin
pressant de consommer de l’alcool », qui peut être rempli).
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
35
Spécifier si :
En environnement protégé : Cette spécification supplémentaire est utilisée si le sujet est
dans un environnement où l’accès à l’alcool est limité.
Léger : Présence de 2-3 symptômes.
Moyen : Présence de 4-5 symptômes.
Grave : Présence de 6 symptômes ou plus.
4.7.3. Lien avec l’histoire de cas
Bien que vous n’ayez pas nécessairement tous les éléments pour bien évaluer la
présence ou non des critères diagnostiques d’un trouble d’usage à l’alcool, nous pourrions
avancer l’hypothèse diagnostique que Monsieur Tremblay présente un trouble d’usage à
l’alcool grave puisqu’il présente au moins 6 symptômes. Nous savons que cela fait plus
de 10 ans que Monsieur consomme (critère A-1), qu’il a tenté d’arrêter sa consommation
à une reprise dans la dernière année (critère A-2), qu’il passe la majeure partie de son
temps à consommer (critère A-3), qu’il présente une envie impérieuse de consommer
(critère A-4), qu’il poursuit sa consommation malgré les conflits avec ses enfants (critère
A-6) et qu’il y a le phénomène de tolérance d’installé (critère A-10-b).
Dès lors, devant ce constat, il serait très important que vous fassiez part de vos
impressions diagnostiques pour que l’omnipraticien ou le psychiatre au dossier émette un
diagnostic officiel. En plus de favoriser les orientations pharmacologiques à préconiser
pour le traitement du trouble de santé mentale, cela permettrait de faciliter l’accès aux
services de 2e ou 3e ligne pour le traitement de son trouble d’usage, si tel est le souhait de
Monsieur Tremblay.
À RETENIR
Concept de dépendance : l’état d’adaptation résultant de l’usage périodique ou
continu d’une ou de plusieurs substances nuisibles pour l’organisme qui créent
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
36
des besoins physiques ou psychologiques
Critères diagnostiques du trouble d’usage: voir l’encadré ci-haut.
Important de référer au CRD pour que Monsieur reçoive du support.
4.8. Quels sont les impacts de la consommation d’alcool sur le trouble de santé
mentale de Monsieur Tremblay ?
Dans la mise en situation de Monsieur Tremblay, vous observez que ce dernier
présente une humeur triste. Vous devriez vous questionner sur la présence ou non d’un
épisode dépressif caractérisé lié au trouble bipolaire. De plus, considérant que l’alcool est
un dépresseur, est-ce que l’état dépressif de Monsieur Tremblay est le résultat de sa
consommation d’éthanol ou est-ce un épisode de dépression caractérisé franc ?
L’infirmière qui est habilitée à évaluer l’état de santé mentale devrait prendre le temps
d’évaluer la présence ou non des critères diagnostics d’un épisode de dépression
caractérisé selon le Manuel diagnostique et statistique de Santé Mentale de l’Association
Américaine de Psychiatrie-DSM-5, paru en 2013. Il est très important que l’infirmière ait
ses critères en tête pour bien évaluer l’état du client et établir des impressions
diagnostiques. De plus, cela facilite la collaboration interdisciplinaire en adoptant un
langage commun (OIIQ, 2016).
A. Au moins cinq des symptômes suivants sont présents pendant une même période
d’une durée de 2 semaines et représentent un changement par rapport au
fonctionnement antérieur ; au moins un des symptômes est soit (1) une humeur
dépressive, soit (2) une perte d’intérêt ou de plaisir.
N.B. : Ne pas inclure des symptômes qui sont manifestement imputables à une
affection médicale.
1. Humeur dépressive présente quasiment toute la journée, presque tous les jours,
signalée par la personne (p. ex. se sent triste, vide ou sans espoir) ou observée
par les autres (p. ex. pleure). (N.B. : Éventuellement irritabilité chez l’enfant et
l’adolescent.)
2. Diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour toutes ou presque toutes les
activités quasiment toute la journée, presque tous les jours (signalée par la
personne ou observée par les autres).
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
37
3. Perte ou gain de poids significatif en l’absence de régime (p. ex. modification
du poids corporel excédant 5 % en un mois) ou diminution ou augmentation de
l’appétit presque tous les jours. (N.B. : Chez l’enfant, prendre en compte
l’absence de prise de poids attendue)
4. Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours.
5. Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (constaté par
les autres, non limité à un sentiment subjectif de fébrilité ou de ralentissement
intérieur).
6. Fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours.
7. Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui
peut être délirante) presque tous les jours (pas seulement se reprocher ou se
sentir coupable d’être malade).
8. Diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision presque
tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres).
9. Pensées de mort récurrentes (pas seulement la peur de mourir), idées
suicidaires récurrentes sans plan précis, tentative de suicide ou plan précis pour
se suicider.
B. Les symptômes induisent une détresse cliniquement significative ou une altération
du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.
C. Les symptômes ne sont pas imputables aux effets physiologiques directs d’une
substance ou d’une autre affection médicale.
N.B. : Les critères A à C définissent un épisode dépressif caractérisé.
N.B. : Les réponses à une perte significative (p. ex. deuil, ruine, pertes au cours d’une
catastrophe naturelle, maladie grave ou handicap) peuvent comprendre des sentiments
de tristesse intense, des ruminations à propos de la perte, une insomnie, un manque
d’appétit et une perte de poids, symptômes inclus dans le critère A et évoquant un
épisode dépressif. Bien que ces symptômes puissent être compréhensibles ou jugés
appropriés en regard de la perte, la présence d’un épisode dépressif caractérisé, en plus
de la réponse normale à une perte importante, doit être considérée attentivement. Cette
décision fait appel au jugement clinique qui tiendra compte des antécédents de la
personne et des normes culturelles de l’expression de la souffrance dans un contexte de
perte 1
Une fois l’évaluation complète de l’état de santé mentale effectuée, en plus de
valider ou non la présence de ses critères diagnostiques tout en tenant en compte
l’histoire de vie du client, l’infirmière devrait faire le lien avec le psychiatre traitant au
dossier afin de rapporter ses observations. Ainsi après une discussion clinique, le
psychiatre et l’infirmière pourrait juger l’importance que le psychiatre revoit le client
pour approfondir cette évaluation et ajuster le traitement au besoin (OIIQ, 2016).
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
38
À RETENIR
L’infirmière devrait toujours avoir en tête les risques/impacts possibles de la
consommation de SPA sur le trouble de santé mentale afin de poser un regard
critique vis-à-vis l’état de santé mentale du client.
4.9. Quels sont les interactions possibles entre la consommation d’alcool et la
médication?
Afin de bien évaluer les interactions possibles entre la consommation d’alcool et la
médication de Monsieur Tremblay, il importe de se rappeler la pharmacocinétique de
l’alcool vu au point 4.3.2.
En référence à l’histoire de cas de Monsieur Tremblay, sachant que le foie de ce
dernier est principalement occupé à métaboliser l’alcool consommé, quel est l’impact de
cette consommation quotidienne sur la prise de la médication ? Quelles sont les
interactions possibles entre la médication et la consommation d’éthanol ? Sachant que
certains des médicaments que Monsieur Tremblay prend sont excrétés au niveau des
reins, quels sont les risques en lien avec le lithium ?
Monsieur Tremblay prend du Flurazépam qui est une benzodiazépine, utilisée pour
traiter l’insomnie. La prise concomitante d’alcool et du Flurazépam peut avoir plusieurs
effets négatifs. De fait, la prise d’une benzodiazépine augmente l’absorption de l’alcool et
diminue le métabolisme hépatique des benzodiazépines. Du coup, l’effet dépresseur de
chacune des substances est augmenté puisque ces deux substances demeurent plus
longtemps dans la circulation sanguine (Lénoard, et coll., 2002 ; Goullé, et coll., 2015).
De plus, Monsieur Tremblay prend de la Ranitidine qui agit comme antihistaminique
H2. Ce médicament diminue la production/sécrétion d’acide gastrique, ce qui se traduit,
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
39
lors de la consommation d’alcool, par une augmentation de l’alcoolémie puisque la
dégradation de l’éthanol par l’inhibition de l’ADH est fortement réduite (Léonard, et
coll., 2002 ; Goullé, et coll., 2015). Du coup, cette interaction se traduira par une
augmentation de la durée de l’intoxication puisque l’alcool demeurera plus longtemps
dans la circulation sans être métabolisé.
Monsieur Tremblay prend également de la Quétiapine qui est un antipsychotique
atypique, antagoniste des récepteurs sérotoninergiques 5HT2-A, dopaminergiques D2 et
histaminiques (Lenhe, 2010). Tout comme l’alcool, ce médicament a un effet dépresseur
au niveau du système nerveux central et donc pris en concomitance avec l’alcool, cela
produira une synergie en augmentant l’effet dépresseur de chacune des substances
(Varcarolis, et coll., 2010).
Finalement, Monsieur Tremblay prend du Lithium, qui agit comme stabilisateur de
l’humeur en ayant un mécanisme d’action encore peu compris. La prise concomitante
avec l’alcool aurait comme effet de perturber les cycles de sommeil en ayant des effets
opposés sur le cycle circadien en ayant un impact sur la qualité et la durée du sommeil
(Nascimento, et coll., 2015). Cet élément pourrait d’ailleurs peut-être expliquer les réveils
fréquents dont il se plaint.
En résumé, nous comprenons que la prise concomitante de ces substances doit être
adressée considérant l’effet synergique qu’elles produisent ce qui augmente le risque de
vivre des conséquences importantes. De plus, les médicaments que Monsieur Tremblay
prend sont métabolisés par le foie qui est actuellement surutilisé afin de métaboliser
l’alcool ingurgité. Il y a donc un risque d’intoxication accru considérant que les
médicaments demeurent plus longtemps en circulation avant d’être métabolisé. Notons
également qu’il pourrait subir une décompensation de son état de santé mentale liée au
débalancement de la lithémie causé par les modifications du métabolisme du lithium. Il
serait important de valider auprès de Monsieur si les différents médecins prescripteurs
sont au fait de sa consommation d’alcool afin que ceux-ci adaptent la médication en
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
40
fonction des risques que celle-ci représente. Une fois cette information validée, vous
devriez vous assurer de faire le lien avec eux pour assurer la révision du dossier
pharmacologique (OIIQ, 2016). Vous pourriez également demander l’opinion du
pharmacien de la pharmacie communautaire avec laquelle Monsieur fait affaire, cela vous
permettrait d’orienter vos discussions cliniques avec les médecins.
À RETENIR
La prise concomitante d’alcool et de médication présente une multitude
d’interactions possibles.
Il importe que l’infirmière soit à l’affut de celles-ci et réfère aux prescripteurs ou
à la pharmacie communautaire impliquée au dossier afin de s’assurer que le
client vive le moins d’effets négatifs.
4.10. Principes de base en relation thérapeutique à adopter avec la clientèle
atteinte de troubles concomitants
La clientèle atteinte de troubles concomitants présente une multitude d’enjeux et de
défis qui peuvent parfois être perçu comme une montagne difficile à surmonter. Comme
infirmière, il importe d’être à l’écoute de ses propres perceptions et présomptions vis-à-
vis cette clientèle. Il sera ainsi plus facile d’accueillir la personne avec empathie dans ses
difficultés et besoins. Trois étapes simples peuvent être utilisées pour se défaire de ses
propres jugements de valeur ; 1) les reconnaître, 2) identifier d’où vient ce jugement de
valeur, 3) se construire une façon alternative de percevoir la situation/le comportement du
client en lien avec son histoire de vie (Varcarolis, et coll., 2010). Vous devez également
utiliser des techniques de communication efficaces afin d’encourager la personne à se
livrer et à identifier ses besoins, ses buts, ses aspirations. L’infirmière doit adopter une
attitude empathique, teintée de respect, basée sur l’empowerment, encourageant
l’adoption de comportements clés vis-à-vis la prise en charge de sa santé et croire au
potentiel de ses clients (Varcarolis, et coll., 2010).
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
41
4.11. Conclusion du module de formation
Afin de conclure le module de formation, rappelons-nous l’importance que
l’infirmière travaillant en santé mentale et rencontrant une clientèle consommant des SPA
ait une bonne connaissance des différents concepts (intoxication, sevrage, dépendance,
tolérance) en plus de connaitre les signes, symptômes et prise en charge de chacune des
SPA. La connaissance de ses différents éléments permet de porter un jugement clinique
vis-à-vis l’histoire de vie de la personne, d’assurer une prise en charge adéquate, de
favoriser la collaboration avec les différents cliniciens impliqués au dossier et ce tout en
accompagnant le client dans son processus de rétablissement. De plus, il est primordial
pour l’infirmière de connaître les différents partenaires et acteurs du milieu hospitalier et
communautaire, tant au niveau de la santé mentale que de la dépendance afin de pouvoir
référer les clients pour assurer les meilleurs soins.
5. DISCUSSION
5.1. Forces de l’essai
Débutons par nommer la rigueur utilisée pour monter ce module de formation. Il
s’agit d’un module basé sur les données probantes, les meilleures pratiques et la
littérature scientifique en lien avec la consommation d’alcool. De plus, l’unicité de ce
type de formation permet d’offrir un produit de type « clé en main » pouvant être utilisé
et adapté en fonction des besoins et du milieu de travail du public cible. Jusqu’à
maintenant, aucune instance n’offre ce type de formation, soit une formation parlant des
troubles concomitants qui est vraiment adaptée en fonction des connaissances,
compétences et en lien avec le champ d’expertise de la profession infirmière. Finalement,
le module de formation est bien illustré à l’aide de l’histoire de cas de Monsieur
Tremblay qui permet de rendre la théorie beaucoup plus digeste, simple à appliquer à
l’aspect clinique et susciter la réflexion critique.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
42
5.2. Limites de l’essai
Malheureusement dans le cadre et les limites que nous impose la rédaction d’un essai
synthèse, il n’aura pas été possible de faire valider le contenu présenté. Bien que les
commentaires de certains collègues infirmiers ont été obtenus pour adapter et modifier
certains aspects du module de formation, il n’a pas été possible de présenter l’ensemble
du module de formation à un groupe témoin afin d’obtenir leurs commentaires quant à la
pertinence et leur appréciation. De plus, le contenu présenté a dû être synthétisé afin de
répondre aux limites que nous impose la rédaction d’un essai et donc, il se peut que
certaines connaissances, informations n’aient pas été suffisamment explicités dépendant
le niveau de connaissances aux préalables du public cible. Pour cette raison, plusieurs
textes, ouvrages bibliographiques sont offerts à l’Annexe C pour la mise à jour ou encore
pour pousser davantage les connaissances des participants.
5.3. Recommandations
Considérant que ;
Selon la littérature
Il importe d’avoir accès à des soins de santé intégrés et de qualité en troubles
concomitants.
Il importe que les infirmiers(ères) soient suffisamment formés pour bien
accompagner la clientèle atteinte de troubles concomitants.
Selon les cliniciens et les constats de ma pratique professionnelle
Que les programmes de formation en sciences infirmières accordent peu de temps
d’enseignement et de pratique en troubles concomitanst.
Que les intervenants n’ont pas accès à de le formation continue en troubles
concomitants.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
43
Les risques et enjeux auxquels les cliniciens sont exposés avec cette clientèle.
Nous recommandons dans un premier temps, que tel que stipulé dans le rapport du
Comité d’experts sur la pratique infirmière en santé mentale et en soins psychiatriques
émis par l’OIIQ en octobre 2009, qu’il serait souhaitable que la direction des différentes
universités se penche sur la problématique afin de rehausser les contenus et le niveau de
formation en sciences infirmières propre à la santé mentale et aux troubles concomitants,
entre autres en augmentant le nombre d’heure alloué à l’enseignement et la pratique
(stage). La santé mentale et la consommation de substance psychoactive devrait faire
partie du programme de formation régulier.
Dans un second temps, nous recommandons que le personnel infirmier ait accès à
des activités de formation continue régulière afin de rehausser, parfaire leurs
connaissances et qu’il y ait la mise à jour de leur savoir. De plus, cela favoriserait un
sentiment de compétence et donc une meilleure offre de service et prise en charge de la
clientèle.
Dans un troisième temps, afin de rendre cette formation complète, nous
recommandons d’ajouter d’autres modules abordant les autres SPA ; les dépresseurs, les
stimulants, les opioïdes, les hallucinogènes et les perturbateurs. Dans chacun des modules
nous pourrions y retrouver les concepts d’intoxication et de sevrage incluant leurs signes,
symptômes et prise en charge tout étant sensible à l’interrelation avec le trouble de santé
mentale.
Finalement, nous recommandons que ce type de formation soit inclus dans les
journées de formation obligatoires à l’embauche du personnel infirmier, autant
clinicienne que technicienne, œuvrant en santé mentale dans les différents CIUSSS du
Québec. Ainsi, cela permettrait d’uniformiser/accroître les connaissances des infirmières
et d’offrir une meilleure prise en charge de la clientèle atteinte de troubles concomitants.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
44
5.4. Retombées
Suite au dépôt de cet essai, il serait tout d’abord intéressant de faire valider le module
de formation auprès d’un groupe témoin. Des ajustements pourraient être faits en fonction
des commentaires obtenus. Une fois cela fait, le module de formation pourrait par la suite
être présenté à l’OIIQ afin de leur proposer d’offrir cette formation dans leur plateforme
en ligne de formation continue. Bien entendu, il faudrait monter une capsule vidéo
regroupant l’entièreté des informations cités ci-haut pour rendre le tout accessible à un
maximum d’infirmières provenant de partout au Québec. Cet ajout au contenu de
formation continue en ligne serait un bel atout pour l’OIIQ et permettrait certainement le
rehaussement de la qualité des soins des infirmiers(ères) qui auront bénéficiés de cette
formation.
6. CONCLUSION
En conclusion, je trouve tout d’abord important, même alarmant de constater à quel
point les troubles concomitants sont mis de côté dans le cursus d’étude en sciences
infirmières au détriment de d’autres domaines de la santé. En concordance avec les
statistiques mises de l’avant par l’OMS en 2011, les problèmes de santé mentale
demeurent une problématique criante à laquelle toutes les infirmières seront confrontées
un jour ou l’autre dans leur pratique et ce peu importe leur domaine de travail. D’un point
de vu plus pragmatique, cet essai aura permis après des heures innombrables de lecture,
de venir documenter le manque dans le parcours d’étude en sciences infirmières en plus
de documenter quel serait le besoin initial de formation des infirmières en terme de
troubles concomitants. Bien qu’il aurait été intéressant de pouvoir offrir un cours
complet, regroupant tous les thèmes importants par rapport aux troubles concomitants, cet
essai aura permis de monter un module de formation sur l’alcool, qui pourrait être suivi
de d’autres modules, conçus de la même façon par rapport à d’autres substances
psychoactives. À mon avis, le cannabis et les opioïdes devraient être les deux prochaines
substances abordées considérant leur popularité dans les médias actuellement.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
45
D’un point de vu plus personnel, cet essai m’aura permis de venir appuyer les
manques au niveau de la formation en sciences infirmières que je m’efforce de nommer
haut et fort dès que j’en ai l’occasion. J’aimerais que les choses changent, j’aimerais que
mes collègues et que les futures infirmières soient bien outillées pour accompagner cette
clientèle puisque je sais ce que c’est de se sentir dépourvu devant les nombreux enjeux
auxquels nous sommes confrontés. Dès lors, j’ai le souhait de présenter cette formation à
mes collègues ainsi qu’au réseau de pratique en santé mentale de mon établissement. Par
la suite, si les commentaires sont positifs, je compte bien présenter le tout à l’OIIQ afin
de permettre à toutes les infirmières qui en auront le souhait, de rehausser leurs
connaissances dans ce domaine.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
46
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Al-Sanouri, I. Dikin, M. et Soubani, A.O. (2005). Critical Care Aspects of Alcohol
Abuse. Southern Medical Journal, 372-381.
American Psychiatric Association (APA) (1996). DSM-IV : manuel diagnostique et
statistique des troubles mentaux. Paris, Masson.
American Psychiatric Association (APA) (2015). Dsm-5 - manuel diagnostique et
statistique des troubles mentaux. Traduit de Crocq, M-A.,Guelfi, J.D. Consulté
le 1 décembre 2018, https://ebookcentral.proquest.com/lib/usherbrookemgh-
ebooks/reader.action?docID=4337396
American Nurses Association (ANA), American Psychiatric Nurses Association
(APNA), International Society of Psychiatric-Mental Health Nurses (ISPN)
(2014). Psychiatric-mental health nursing: Scope and Standards of practice (2e
éd). Silver Spring, American Nurses Association.
Antai-Otong, D., Theis, K., Patrick, D. D. (2016). Dual Diagnosis. Coexisting Substance
Use Disorders and Psychiatric Disorders. Nursing Clinics of North America, 51,
237–247.
Association canadienne des écoles en sciences infirmières (ACESI). (2015). Compétences
en santé mentale et en toxicomanies pour accéder à la pratique dans le cadre de
la formation de premier cycle en sciences infirmières au Canada. Consulté le 1er
novembre 2018, https://www.casn.ca/wp-content/uploads/2015/11/Mental-health-
Competencies_EN_FINAL-Jan-18-2017.pdf
Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC). (2013). Reconnaître les
signes et symptômes d’intoxication et de sevrage afin de soutenir les clients à
risque. Consulté le 2 décembre 2018, https://www.cna-aiic.ca/-/media/cna/page-
content/pdf-fr/addictions-webinar-dec2014_f.pdf
Bayard, M., McIntyre, J., Hill, K. et Woodside J. (2004). Alcohol withdrawal syndrome.
American Family Physician, 69(6), 443-1450.
Beauchamp, R. et Duchesne, M.C. (2000). Pharmacothérapie de l’alcoolisme : sevrage et
traitement de maintien. Québec Pharmacie, 47, 578-590.
Bond, G.R., Drake, R.E., Mueser, K.T., Latimer, E. (2001). Assertive community
treatment for people with severe mental illness: critical ingredients and impact on
patients. Dis Manage Health Outcomes, 9, 141-159.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
47
Bond, G.R. et Drake, R.E. (2015). The critical ingredients of assertive community
treatment. World Psychiatry. 14(2), 240-242.
Centre canadien de lutte contre les toxicomanies (CCLT). (2011). L’alcool et la santé au
Canada: résumé des données probantes et directives de consommation à faible
risque. Consulté le 22 novembre 2018, http://educalcool.qc.ca/wp-
content/uploads/2013/05/NCAFR-Document-scientifique.pdf
Brands, B., Sproule, B. et Marshman, J. (1998). Section 3: Some key drugs: ethyl alcohol.
Dans: Drugs and Drug Abuse. 3e éd. Toronto. Addiction Research Foundation,
262-281.
Brust, J.C.M. (2007). Aspects neurobiologiques de l’addiction. France. Elsevier Masson,
563p.
Canadian Federation of Mental Health Nurses (CFMHN). (2014). Canadian standards
for psychiatric mental health nursing (4e éd.). Consulté le 14 janvier 2019,
http://cfmhn.ca/professionalPractices?f=7458545122100118.pdf&n=212922-
CFMHN-standards-rv-3a.pdf&inline=yes
Centre canadien de lutte contre les toxicomanies (CCLT). (2009). Toxicomanie au
Canada : troubles concomitants. Consulté le 6 décembre 2018,
http://www.ccsa.ca/Resource%20Library/ccsa-011812-2010.pdf
Centre canadien sur les dépendances et l’usage des substances (CCDUS). (2018). Alcool.
Consulté le 10 janvier 2019,
http://www.ccdus.ca/Fra/topics/alcohol/Pages/default.aspx
Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). (2013). La nécessité́ d’investir dans
la santé mentale au Canada. Consulté le 28 novembre 2018,
https://www.mentalhealthcommission.ca/sites/default/files/2017-
03/la%20nesessite%20dinvestir%20dans%20la%20sante%20mentale%20au%20c
anada.pdf
Costello, M., et Thompson, S. (2015). Original Article: Preventing Opioid Misuse and
Potential Abuse: The Nurse’s Role in Patient Education. Pain Management
Nursing, 16, 515–519.
Desbiens-Tremblay, A. (2017). Bilan depuis la mise en place de l’équipe de Suivi Intensif
du CIUSSS de l’Estrie. Sherbrooke, CHUS Hôtel-Dieu.
Éduc-Alcool. (2018). Guide pour les infirmières et infirmiers. Consulté le 10 novembre
2018, http://educalcool.qc.ca/alcool-et-vous/sante/guide-pour-les-infirmieres-et
les-infirmiers/#.W_G9nC17R8c
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
48
Fleury, M.J., Perreault, M., Grenier, G. (2012). L'intégration des services pour les
troubles concomitants de santé mentale et de toxicomanie. Dans : Landry, M.,
Brochu, S., Patenaude, C. L'intégration des services en toxicomanie. Québec,
Presses de l'Université Laval, 9-33.
Goodwin, D.W. et Gabrielli, W.F. (1997). Chapitre 12 : Alcohol : clinical aspects.
Dans : Substance Abuse. A comprehensive Textbook sous la directiom de J.H.
Lowinson, P. Ruiz, R.B. Millman et J.G. Langrod, 3e éd. Baltimore, Williams and
Willkins, 142-148.
Goullé, J.P. (1999). Alcoolémie aspects médico-légaux. Paris. Ann Toxicol Anal, 54-66.
Goullé, J-P. et Guerbet, M. (2015). Éthanol : pharmacocinétique, métabolisme et
méthodes analytiques. Consulté le 3 décembre 2018,
https://www.researchgate.net/publication/274645483_Ethanol_pharmacocinetiq
ue_metabolisme_et_methodes_analytiques#pf9
Gouvernement du Québec (2015). Faire ensemble et autrement-Plan d’action en santé
mentale 2015-2020. Consulté le 18 octobre 2018,
http://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2015/15-914-04W.pdf
Gouvernement du Québec (2005). Office des professions du Québec (OPQ) :
Modernisation de la pratique professionnelle en santé mentale et en relations
humaines : rapport du Comité d’expert. Consulté le 22 septembre 2018,
https://www.opq.gouv.qc.ca/fileadmin/documents/Systeme_professionnel/13_Rap
port%20Trudeau-Sante-ment.pdf
Gouvernement du Québec. (2017). Commissaire à la santé et au bien-être; utilisation des
urgences en santé mentale et santé physique au Québec. Consulté le 2 décembre
2018,
https://www.csbe.gouv.qc.ca/fileadmin/www/2017/Urgences/CSBE_Rappor
t_Urgences_2017.pdf
Herron, A. et Brenan, T.K. (2015). The ASAM Essentials of Addiction Medicine (2e éd).
Philadelphia, Wolters Kluwer Health.
Institut de la statistique du Québec (2010). Étude sur la santé mentale et le bien-être des
adultes québécois : une synthèse pour soutenir l’action. Enquête sur la santé
dans les collectivités canadiennes (cycle 1.2). Consulté le 24 octobre 2018,
http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/sante/etat-sante/mentale/sante-mentale-
action.pdf
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
49
Institut universitaire en santé mentale Douglas. (2016). Suivi Intensif (SI), CNESM.
Consulté le 27 novembre 2018, http://www.douglas.qc.ca/section/suivi-
intensif-si-349
Jarvis, C. (2009). L’examen clinique et l’évaluation de la santé. Beauchemin : Chenelière
éducation, 929p.
Kennedy, S. (2017). Designing and Teaching Online Courses in Nursing. New York,
NY: Springer Publishing Company.
Knight, E., Lappalainen, L. (2017). Clinical Institute Withdrawal Assessment for
Alcohol–Revised might be an unreliable tool in the management of alcohol
withdrawal. Canadian Family Physician, 63 (9), 691-695.
Knowles, M.S., Holton, E.F., Swanson, R.A. (2015). The adult learner: The definitive
classic in adult education and human resource development (8e éd). New York,
NY:Routledge.
Lecompte, T. Leclerc, C. (2006). Manuel de réadaptation psychiatrique. Québec : Les
Presses de l’Université du Québec, 461p.
Lenhe, R.A. (2010). Pharmacology for nursing care. Philadelphie. Saunders Elsevier. 7e
éd. 1362p.
Léonard, L. et Ben Amar, M. (2002). Les psychotropes-Pharmacologie et toxicomanie.
Les presses de l’Université de Montréal. 894p.
Macmath, T.L. (1990). Alcohol and gastrointestinal bleeding. Emergency Medicine
Clinics of North America, 8, 859-872.
Mayford, M., Siegelbaum, S.A., Kandel, E.R. (2012). Synapses and memory storage.
Cold Spring Harb Perspect Biol 4.
McCraken, R. (2015). Case based teaching and learning for the 21st century. Faringdon,
Oxfordshire, England: Libri Publishing.
McGinty, E.E., Baker, S.P., Steinwachs, D.M., Daumit, G. (2013). Injury risk and
severity in a sample of Maryland residents with serious mental illness. Injury
Prevention, 19(1), 32-37.
McIntosh, C. et Chick, J. (2004). Alcohol and the nervous system. Consulté le 11
décembre 2018,
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1765664/pdf/v075piii16.pdf
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
50
Mercier, C. et Beaucage, B. (1997). Toxicomanie et problèmes sévères de santé mentale:
recension des écrits et état de situation pour le Québec. Montréal : Comité
permanent de lutte à la toxicomanie.
Merriam,S.B. (2001). Andragogy and self-directed learning: Pillars of adult learning
theory. New Directions for Adult and Continuing Education, 89, 3-13.
Mirijello, A., D’Angelo, C., Ferrulli, A., Vassallo, G., Antonelli, M., Caputo, F., Leggio,
L., Gasbarrini, A., Addolorato, G., (2015). Identification and Management of
Alcohol Withdrawal Syndrome. Drugs, 75 (4), 353–365.
Miller, R.W. et Rollnick, S. (2013). L’entretien motivationnel – Aider la personne à
engager le changement. Paris, Inter Éditions.
Nahas, G. et Trouve, R. (1988). Toxicomanie : pharmacodépendance. Paris : Masson.
148 p.
Nascimento, N. F., Carlson, K. N., Amaral, D. N., Logan, R. W., Seggio, J. A. (2015).
Alcohol and lithium have opposing effects on the period and phase of the
behavioral free-running activity rhythm. Alcohol, 49, 367–376.
National Academy of Science (2006). Improving the Quality of Health Care for Mental
and Substance-Use Conditions, Consulté le 3 février 2019,
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK19830/
Nelson, L.S., Lewin, N.A., Howland, M.A., Hoffman, R.S., Goldfrank, L.R.,
Flomenbaum, N.E. (2011). Goldfrank’s Toxicologic Emergencies. New York:
McGraw Hill Professional (9e éd), 1968 p.
O'Brien, A., Fahmy, R., Singh, S.P. (2009). Disengagement from mental health services a
literature review. Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology, 44, 558-568.
Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ). (2009). La pratique infirmière en
santé mentale, Une contribution essentielle à consolider. Consulté le 22 octobre
2018,https://www.oiiq.org/documents/20147/237836/251_rapport_octobre2009_v
f.pdf
Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. (2012). Amélioration continue de sa
compétence professionnelle en quatre étapes. Consulté le 22 novembre 2018,
https://www.oiiq.org/sites/default/files/0386_AmeliorationContinue.pdf
Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (2016). Standards de pratique de
l’infirmière dans le domaine de la santé mentale. Consulter le 23 novembre
2018, https://www.oiiq.org/documents/20147/237836/4462_doc.pdf
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
51
Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (2017). Rapport statistique sur l’effectif
infirmier 2016-2017, le Québec et ses régions. Consulté le 30 novembre 2018,
https://www.oiiq.org/documents/20147/1456160/Rapport_statistique_2016-
2017.pdf
Organisation mondiale de la Santé (OMS). (2011). Charge mondiale des troubles
mentaux et nécessité́ d’une réponse globale coordonnée du secteur de la santé et
des secteurs sociaux au niveau des pays. Rapport du secrétariat, 129e session.
Consulté le 24 novembre2018,
http://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/24252/B130_9-
fr.pdf?sequence=1&isAllowed=y
Organisation mondiale de la Santé (2018). Consommation d’alcool. Consulté le 12
novembre 2018, http://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/alcohol
Organisation mondiale de la Santé (2018). Prise en charge de l’abus de substances
psychoactives. Consulté le 22 septembre 2018,
http://www.who.int/substance_abuse/terminology/psychoactive_substances/fr/
Organisation mondiale de la Santé (2018). Syndrome de sevrage. Consulté le 6 novembre
2018, http://www.who.int/substance_abuse/terminology/withdrawal/fr/
Pagana, K.D. et Pagana, T.J. (2000). L’infirmière et les examens paracliniques. Maloine.
5éd. 530p.
Paré, C. Fortier, J. (2007). Le traitement du syndrome de sevrage de l’alcool.
Pharmactuel, 40 (1), 25-32.
Pechlaner, C., Joannidis, M., Wiedermann, C. (2000). Chapitre 5: Acute alcohol
intoxication. Dans : Handbook of Alcoholism. Boca Raton. CRC Press. 49-64.
RachBeisel, J., Scott, J., Dixon, L. (1999). Co-occurring severe mental illness and
substance use disorders: A review of recent research. Psychiatric Services,
50(11), 1427-1434.
Regier, D.A., Farmer, M.E., Rae, D.S., Locke, B.Z., Keith, S.J.; Judd, L.L., Goodwin,
F.K. (1990). Comorbidity of mental disorders with alcohol and other drug
abuse. Journal of the American Medical Association.
Rouillard, P., Tremblay, J., Boivin, M.D. (1999). NiD-ÉM, Niveau de désintoxication :
Évaluation par les intervenants médicaux. Consulté le 21 décembre 2018,
https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/pls/public/gscw031?owa_no_site=4242&owa_no
_fiche=55
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
52
Salyers, M. P., Rollins, A. L., Clendenning, D., McGuire, A. B., Kim, E. (2011). Impact
of illness management and recovery programs on hospital and emergency room
use by medicaid enrollees. Psychiatric Services, 62, 509–515.
Santé Canada (2002). Meilleures pratiques – Troubles concomitants de santé mentale et
d’alcoolisme et de toxicomanie. Consulté le 15 octobre 2018, http://www.hc-
sc.gc.ca/hc-ps/pubs/adp-apd/bp_disorder-mp_concomitants/index-fra.php#tphp
Schmidt, L.M., Hesse, M., Lykke, J. (2011). The impact of substance use disorders on the
course of schizophrenia-A 15-year follow-up study: Dual diagnosis over 15 years.
Schizophrenia Research, 130(1–3), 228-233.
Sono, T., Oshima, I., Ito, J., Nishio, M., Suzuki, Y., Horiuchi, K., Niekawa, N., Ogawa,
M., Tsukada, K. (2012). Family support in assertive community treatment: an
analysis of client outcomes. Community Mental Health Journal, 48, 463–470.
Spence, A.P. Mason, E.B. (1983). Anatomie et physiologie: une approche intégrée.
Montréal. Éditions du Renouveau Pédagogique, 855p.
Stockwell, L.I. (1989). Chapitre 11: Nutritional aspects of alcohol. Dans: Human
Metabolism of Alcohol, Volume 1: Pharmacokinetics, Medicolegal Aspects and
General Interest. CRC Press, 187-195.
Sullivan, J.T., Sykora, K., Schneiderman, J., Naranjo, C.A., Sellers, E.M. (1989).
Assessment of alcohol withdrawal: the revised Clinical Institute Withdrawal
Assessment for Alcohol scale (CIWA-Ar). Br J Addict, 84(11), 1353-1357.
Test, M.A. (1998). Modèles de traitement dans la communauté́ pour adultes ayant des
maladies mentales graves et persistantes. Santé mentale au Québec, 23(2), 119-
147.
Varcarolis, E. M., Benner Carson, V., Shoemaker, N. C. (2010). Foundations of
Psychiatric Mental Health Nursing. St-Louis, MO: Saunders Elsevier. (6e éd.).
842p.
Vuadens, P. et Bogousslavsky, J. (1998). Complications neurologiques liés à l’alcool.
Consulté le 22 novembre 2018,
https://www.researchgate.net/publication/265943969_Complications_neurologiqu
_es_liees_a_l'alcool
Weathermom, R. et Crabb, D.W. (1999). Alcohol and medication interactions. Alcohol
Research and Health, 23, 40-54.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
53
Yale, J. Paty, B. Senior-A. P. (2018). 2018 Clinical practice Guidelines, Hypoglycemia;
Diabetes Canada Clinical Practice Guidelines Expert Committee. Canadian
Journal of Diabetes, 42, S104-S108.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
54
ANNEXE A
Questionnaire d’évaluation pour cibler les besoins de formation des infirmiers (ères)
travaillant en santé mentale et rencontrant une clientèle consommant des substances
psychoactives
1. Pouvez-vous m’indiquer le niveau d’importance que chacun des besoins de
formation pour les infirmiers(ères) œuvrant en santé mentale mentionnés ci-
dessous représente sur une échelle de 1 à 5?
Pas du tout Un peu Moyennement Très important Obligatoire
Important
1 2 3 4 5
A) Connaitre les effets ainsi que les interactions des substances
psychoactives versus les effets de la médication pour les troubles
de santé mentale. ______
B) Reconnaitre les signes, symptômes et risques liés aux concepts
d’intoxication et de sevrage suite à la consommation de substances
psychoactives. ______
C) Détecter et évaluer la consommation de substances psychoactives
pour assurer une meilleure prise en charge. ______
D) Comprendre l’influence de la consommation sur les symptômes de
leur problème de santé mentale. ______
E) Connaitre et appliquer les meilleures pratiques pour travailler
auprès de la clientèle atteinte de trouble de la santé mentale et
consommant des substances psychoactives. ______
F) Avez-vous d’autres idées de besoins de formation qui vous vienne
en tête?
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
55
2. Selon vous, quels sont les 3 thématiques prioritaires à enseigner aux futurs
infirmiers-infirmières (mettre la lettre correspondant aux choix énoncés ci-haut, le
choix #1 étant le plus important selon vous) ?
Choix #1 : _____________
Choix #2 : _____________
Choix #3 : _____________
3. D’après vous, combien d’heures de formation devrait être consacré à la spécificité
des usagers de substances psychoactives?
A) Une demi-journée
B) Une journée
C) 2 journées
D) Autres choix?
4. Selon vous, quel serait le meilleur format à utiliser pour faciliter la formation des
infirmiers(ères)? (ex : formation de type magistrale, formation en ligne, capsule
d’informations en ligne, etc.) ?
__________________________________________________________________
5. Autres commentaires et suggestions :
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
56
ANNEXE B
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse
57
ANNEXE C
Références pour augmenter vos connaissances
Centre canadien de lutte contre les toxicomanies (CCLT). (2011). L’alcool et la santé au
Canada: résumé des données probantes et directives de consommation à faible
risque. Consulté le 22 novembre 2018, http://educalcool.qc.ca/wp-
content/uploads/2013/05/NCAFR-Document-scientifique.pdf
Éduc-Alcool. (2018). Guide pour les infirmières et infirmiers. Consulté le 10 novembre
2018, http://educalcool.qc.ca/alcool-et-vous/sante/guide-pour-les-infirmieres-et
les-infirmiers/#.W_G9nC17R8c
Léonard, L. et Ben Amar, M. (2002). Les psychotropes-Pharmacologie et toxicomanie.
Les presses de l’Université de Montréal. 894p.
Nelson, L.S., Lewin, N.A., Howland, M.A., Hoffman, R.S., Goldfrank, L.R.,
Flomenbaum, N.E. (2011). Goldfrank’s Toxicologic Emergencies. New York:
McGraw Hill Professional (9e éd), 1968 p.
Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (2016). Standards de pratique de
l’infirmière dans le domaine de la santé mentale. Consulter le 23 novembre
2018, https://www.oiiq.org/documents/20147/237836/4462_doc.pdf
Rouillard, P., Tremblay, J., Boivin, M.D. (1999). NiD-ÉM, Niveau de désintoxication:
Évaluation par les intervenants médicaux. Consulté le 21 décembre 2018,
https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/pls/public/gscw031?owa_no_site=4242&owa_no
_fiche=55
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Fillion, N. (2019). De meilleures connaissances en consommation de substances psychoactives pour mieux intervenir: module de formation pour les infirmiers(ères) travaillant en santé mentale et rencontrant des clients consommant des substances psychoactives. Essai synthèse