de la salle de traite au robot · robot, 64 % des élevages dépassent ces moyennes régionales...

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Depuis l’apparition du premier robot de traite en France en 1992, ce n’est que depuis 2008 qu’il connait un développement soutenu (gra- phique 1). En Bretagne, depuis 2 années consé- cutives, une installation de traite neuve sur 2 est un robot de traite. Des différences interdé- partementales persistent. En 2013, 614 exploi- tations, soit près de 5% des fermes laitières bretonnes, sont équipées d’au moins un robot 43 fermes enquêtées en Bretagne Durant l’hiver 2013-2014, 43 élevages bretons ayant 2 à 6 ans d’expérience avec le robot ont été enquêtés. Afin d’identi- fier l’impact généré par l’installation de ce système de traite automatisé l’étude visait à comparer les principaux résultats des exploitations avant et après l’arrivée du robot. L’année de référence avant robot correspond à l’année comptable précédant la mise en place du robot (entre 2005 et 2010). Celle après robot est l’année comptable disponible lors de l’enquête (entre 2011 et 2013). Cependant pour la qualité du lait, les 12 mois avant et après l’installation du robot ont été comparés. L’analyse a porté sur trois domaines: La technique : modification du système fourrager, évolution de la production laitière, qualité du lait, santé du troupeau L’économie : investissement et annuités, évolution de la marge brute, maintenance Le travail : organisation d’une journée type, réflexion avant la mise en route, motivation à l’achat Des élevages de grandes dimensions avec un système de production plus intensif Les exploitations enquêtées sont représentatives des exploitations équipées de robot(s) adhérentes à BCELO et Eilyps (tableau 1). Elles sont de plus grandes tailles que l’exploitation bretonne et moins spécialisées avec une part de culture de vente supérieure. Comme pour le reste de la région Bretagne, 57 % de l’échantillon détient un autre atelier animal. Le sys- tème de production est plus intensif, sur l’animal et les surfaces fourragères, que la moyenne des exploitations bretonnes. 58 % des élevages sont équipés en robot Lely, 38 % en Delaval et 5% en autres marques (Boumatic et Christensen). Le nombre moyen de vache traite par stalle est de 58 vaches, 17 élevages en ont moins de 55 et 13 plus de 65. Mars 2014 De la salle de traite au robot quels impacts pour l’exploitation laitière ? Graphique 1 : nombre de nouvelles exploitations s’équipant de robot(s) depuis 2005 par département (CROCIT, bilan d’activités de 2005 à 2013) 22 31 27 30 49 64 20 37 28 13 12 18 15 28 13 13 32 37 13 11 9 21 16 19 0 20 40 60 80 100 120 140 160 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 22 29 35 56 Moyenne échantillon Moyenne BCELO et Eilyps Elevage avec robot Moyenne BCELO et Eilyps Tout élevage SAU 123 116 82 % de cultures de vente 43 42 31.5 Lait vendu (litres) 645 000 570 350 412 590 Nombre de vaches laitières 80 71 56 Litres de lait livrés/vache 8207 8121 7460 Quantité de concentré/vache 1610 1500 1109

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Page 1: De la salle de traite au robot · robot, 64 % des élevages dépassent ces moyennes régionales (graphique 5). Sans pouvoir expliquer finement l’origine de cette dégradation, plusieurs

Depuis l’apparition du premier robot de traite

en France en 1992, ce n’est que depuis 2008

qu’il connait un développement soutenu (gra-

phique 1). En Bretagne, depuis 2 années consé-

cutives, une installation de traite neuve sur 2

est un robot de traite. Des différences interdé-

partementales persistent. En 2013, 614 exploi-

tations, soit près de 5% des fermes laitières

bretonnes, sont équipées d’au moins un robot

43 fermes enquêtées en Bretagne Durant l’hiver 2013-2014, 43 élevages bretons ayant 2 à 6 ans d’expérience avec le robot ont été enquêtés. Afin d’identi-fier l’impact généré par l’installation de ce système de traite automatisé l’étude visait à comparer les principaux résultats des exploitations avant et après l’arrivée du robot. L’année de référence avant robot correspond à l’année comptable précédant la mise en place du robot (entre 2005 et 2010). Celle après robot est l’année comptable disponible lors de l’enquête (entre 2011 et 2013). Cependant pour la qualité du lait, les 12 mois avant et après l’installation du robot ont été comparés. L’analyse a porté sur trois domaines:• La technique : modification du système fourrager, évolution de la production laitière, qualité du lait, santé du troupeau• L’économie : investissement et annuités, évolution de la marge brute, maintenance • Le travail : organisation d’une journée type, réflexion avant la mise en route, motivation à l’achat

Des élevages de grandes dimensions avec un système de production plus intensifLes exploitations enquêtées sont représentatives des exploitations équipées de robot(s) adhérentes à BCELO et Eilyps (tableau 1). Elles sont de plus grandes tailles que l’exploitation bretonne et moins spécialisées avec une part de culture de vente supérieure. Comme pour le reste de la région Bretagne, 57 % de l’échantillon détient un autre atelier animal. Le sys-tème de production est plus intensif, sur l’animal et les surfaces fourragères, que la moyenne des exploitations bretonnes.58 % des élevages sont équipés en robot Lely, 38 % en Delaval et 5% en autres marques (Boumatic et Christensen). Le nombre moyen de vache traite par stalle est de 58 vaches, 17 élevages en ont moins de 55 et 13 plus de 65.

Mars 2014

De la salle de traite au robotquels impacts pour l’exploitation laitière ?

Graphique 1 : nombre de nouvelles exploitations s’équipant de robot(s) depuis 2005 par département

(CROCIT, bilan d’activités de 2005 à 2013)

22 31 27 30

49 64 20

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2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

22 29 35 56

Moyenne échantillon

Moyenne BCELO et Eilyps Elevage avec robot

Moyenne BCELO et Eilyps Tout élevage

SAU 123 116 82

% de cultures de vente 43 42 31.5

Lait vendu (litres) 645 000 570 350 412 590

Nombre de vaches laitières 80 71 56

Litres de lait livrés/vache 8207 8121 7460

Quantité de concentré/vache 1610 1500 1109

Page 2: De la salle de traite au robot · robot, 64 % des élevages dépassent ces moyennes régionales (graphique 5). Sans pouvoir expliquer finement l’origine de cette dégradation, plusieurs

Chambres d’agriculture de Bretagne • De la salle de traite au robot • novembre 2014

Des investissements non négligeablesL’achat du robot, options comprises, s’élève en moyenne à 137 000 € pour 1 stalle neuve et de 242 000 € pour 2. Le prix dépend de la négo-ciation engagée avec le vendeur. Au prix du robot s’ajoute l’installa-tion électrique, des dépenses de plomberie et de maçonnerie liées à l’implantation du robot dans le bâtiment. Pour l’échantillon enquêté ces travaux annexes représenteraient en moyenne 10 800 €. Ce montant est variable et dépend de la part d’auto-construction ainsi que des niveaux de modification à opérer dans le bâtiment existant. Par exemple, les travaux supplémentaires liés à l’installation du robot lors de la construction d’un bâtiment neuf de 60 places se porte à 24 000 € (tableau 3).

De plus, l’achat du robot a souvent été couplé à des investissements conséquents en bâtiment. 10 élevages ont construit un bâtiment neuf. L’installation de logettes a concerné 12 élevages et près de la moitié s’est équipée de racleurs auto-matiques. En moyenne, 147 000 € supplémentaire ont été dépensés. Tout additionné, les 43 élevages ont dépensé de 135 000 € à 750 000 € lors de la mise en place du robot. Ce n’est pas sans conséquence sur le poids des dépenses financières, qui augmentent de 9300 €/UTH familial.

Une motivation commune Le travail dans 3 contextes d’achat du robotLe manque de main d’œuvre et la charge de travail sont les premières motivations évoquées par les éleveurs (graphique 2).

Cependant, 3 profils d’exploitation se distinguent (tableau 2). 7 élevages (profil A) se sont fortement agrandis. De plus, le litrage vendu par UTH a augmenté : + 83 200 litres. La mise en place du robot s’est réalisée dans un contexte d’installation et de projet de croissance de l’exploitation. 12 élevages (profil C) se sont aussi développés mais ils sont caractérisés par une baisse de main d’œuvre et une forte hausse de productivité (+ 91 500 litres de lait vendu/UTH). L’exemple type de ce groupe est l’installation d’un robot de traite lors du départ en retraite d’un associé dans un GAEC. Enfin, 16 élevages (profil B) sont restés dans les mêmes dimensions d’avant robot. Pour ces derniers, le robot a uniquement répondu au besoin de changer le matériel de traite et d’alléger le travail de l’atelier lait.

Tableau 3 : détails des coûts pour implanter le robot dans un bâtiment neuf

Terrassement 3000

Maçonnerie 5500

Electricité et plomberie 9000

Tubulaires en circulation contrôlée dont 2 boxs de tri

6500

TOTAL 24 000

Evolution A B CEffectifs 7 16 12

Evolution nombre VL + 45 0 + 10

Evolution SAU + 57 + 1,7 +8,5

Evolution main d’œuvre + 0,9 0 - 0,6

Evolution lait vendu + 384 200 + 49 300 + 121 000

Evolution lait vendu/UTHt + 83 200 + 16 200 + 91 500

Installationagrandissement

Baisse de MOagrandissement

Structure stable

Graphique 2 : motivations lors du passage au robot

Tableau 2 : Evolution structurelle des élevages enquêtés suite à la mise en place du robot, résultats moyen pour 3 profils d’exploitation

2

7

11

1

7

14

2

11

2

10

5

15

8

0 5 10 15 20

Travail

Projet

Envie d'investir (situation éco)

Attrait pour l'outil, les options

Reprise d'exploitation / installation

Evolution matériel ou bâtiment

Organisation du travail / souplesse

Conditions de travail / santé

Problème de MO / Temps disponible

Raison 1 Autre raison

Le besoin de changer le matériel de traite a initié la réflexion du robot de traite.

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Chambres d’agriculture de Bretagne • Pôle herbivores • mars 2014

Plus de lait par vache, mais des coûts alimentaire en hausse

L’augmentation de lait de 547 litres en moyenne s’explique pour moitié par l’augmentation de concentré et pour moitié par la génétique et les conditions de logement. L’effet de la fréquence de traite ne s’avère pas être le facteur déterminant. 11 élevages ont augmenté leur niveau de production de plus de 1000 litres par vache. Ces exploitations sont caractérisées par d’importants investissements en bâtiment, un niveau de lait avant robot relativement faible, une forte augmentation de concentrés et un effet génétique plus marqué lié au 5.3 années d’écart entre les deux années de références. (tableau 5).

Un système alimentaire qui s’intensifieAvant la mise en place du robot, ces exploitations avaient un système alimentaire déjà intensif. Le robot a amplifié cette tendance. Le système ali-mentaire n’a pas été complètement revisité. Le chargement est resté identique, le pourcentage de maïs dans la SFP a légèrement augmenté et 225 kg de concentrés supplémentaires ont été distribués. Le coût fourrager est resté stable suite à la mise en place du robot. Le concentré coûte en moyenne 22 € supplémentaire par tonne achetée. En moyenne, une hausse de 10 €/1000l sur les concentrés est observée. Elle est liée à la fois aux quantités et au type de concen-trés distribués. (Tableau 4).

Tableau 4 = Evolution des caractéristiques techniques du système alimentaire moyen des 43 élevages enquêtés

Données moyenneEvolutionavant

robotaprès robot

Litres lait produits par vache 7774 8321 + 547

Kg de concentrés/vache 1385 1610 + 225

Concentré g/l lait 179 193 + 14

Prix moyen du concentré (€/t) 332* 354 + 22

Chargement 1.7 1.8 + 0.1

% maïs dans la SFP 43 49 + 6

Nombre d’élevage fermant le silo 10 2 - 8

Nombre d’élevage pratiquant l’affourragement en vert

5 13 + 8

Coût fourrager €/1000 l 25 27 + 2

Coût concentré €/1000 l 59* 69 10

* correction de l’effet conjoncture sur le coût de concentré l’année avant robot

4

15 20

7 12

17

7

0

5

10

15

20

25

0 < 10 [10-20] > 20

nom

bre

d'él

evag

e

ares pâturés par vache

avant robot après robot

Tableau 5 = Evolution moyenne du système selon l’évolution du niveau de lait produit par vache

EffectifLait/VL (robot)

Evo qqt concentré

Ecart année Evo % maïsEvo ares pât/VL

Lait/VL (salle de

traite)

Ampleur travaux �

Diminue 7 7778 -111 4.7 5.1 -10 8432 147 000

[0;500] 9 8340 130 4.1 5.6 -10 8099 83 500

[500;1000] 11 8585 290 3.8 1.3 -12 7820 155 330

>1000 11 8600 363 5.3 10 -9 7120 237 000

1/3 des élevages enquêtés pratiquent l’affouragement en vert

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Chambres d’agriculture de Bretagne • De la salle de traite au robot • novembre 2014

La maîtrise du coût alimentaire est une voie importante d’optimisation des résultats économiques en système robotisé. Les écarts entre les élevages se creusent. En effet, 46 €/1000l de coût alimentaire séparent le ¼ économe et dépensier (graphique 4). Pour 645 000 litres de lait vendus, cela représente près de 30 000 € de charges supplémentaires. La mai-trise des quantités de concentrés distribués est le premier facteur d’optimisation. La part de pâturage et le lait produit par vache sont équivalents dans ces deux groupes (12 ares pâturés par vache et 8400 litres produits par vache). Le ¼ économe pâture peu mais valorise efficacement ses surfaces en herbe.

Graphique 4 : Coût alimentaire vache en €/1000l dans l’échantillon enquêté

Des frais d’élevages qui restent stablesAvec 107 €/vache, les frais vétérinaires des exploitations enquêtées sont proches de la moyenne BCELO et Eilyps (102 €/VL, campagne 2012-2013). En prenant en compte l’évolution de la conjoncture (entre l’année avant et après robot), ces frais restent stables suite à l’achat du robot : - 0.1€/1000l et + 1.4 €/VL. Il en est de même pour les frais de reproduc-tion : aucune évolution ramenée aux 1000 litres et une légère augmentation de 10 €/vache. Le robot de traite n’a pas eu d’impacts sur les frais d’élevage.

13 élevages citent la qualité du lait comme principale difficulté64 % des exploitations enquêtées sont affectées par une hausse conséquente de la lipolyse. Le pourcentage d’élevages qui dépasse le seuil de pénalité passe de 11 à 44 % après la mise en place du robot. Avant robot, 7% des élevages se situaient au-dessus de la moyenne des laboratoires interprofessionnels (URCIL et Lillab). L’année suivant l’installation du robot, 64 % des élevages dépassent ces moyennes régionales (graphique 5). Sans pouvoir expliquer finement l’origine de cette dégradation, plusieurs facteurs peuvent être suspectés : des intervalles de traite raccourcis, le refroidissement trop rapide d’une faible quantité de lait, la distance entre le robot et le tank ainsi que la présence de coudes dans le lactoduc.

20 27

33

52

69

85

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

1/4 inférieur moyenne 1/4 supérieur

fourrages concentrés

0,20

0,40

0,60

0,80

1,00

1,20

1,40

0,20 0,30 0,40 0,50 0,60 0,70 0,80 0,90 1,00 moy

enne

des

12

moi

s ap

rès

robo

t (m

Eq/1

0000

gMG

)

moyenne des 12 mois avant robot (mEq/10000gMG)

Ligne de non évolution :Les points situés au-dessus

correspondent aux élevages avec dégradation de la lipolyse

moyenne laboratoires de 2006 à 2010

moyenne Laboratoiresde 2011 à 2013

Le niveau leucocytaire des élevages enquêtés est passé en moyenne de 207 000 à 230 000 unités en moyenne. Avant robot, 22% des éle-vages se situaient au-dessus de la moyenne des laboratoires interprofessionnels (URCIL et Lillab). L’année suivant l’installation du robot, 45 % des élevages dépassent ces moyennes régionales. Un quart des exploitations est touché par une augmentation significative des cellules. Partir d’une bonne situation cellulaire favorise de bons résultats avec le robot. Seulement 35 % des fermes ont anticipé la réforme de vache à risque « préférant garder un maximum de vaches si elles ne s’adaptent pas au robot ». Le taux de réforme a d’ailleurs peu évolué en moyenne. Cependant, la qualité du lait prend plus d’importance dans les critères de réformes. Les problèmes de boiteries, la conformation des mamelles et la vitesse de traite sont de nouveaux critères apparus post robot.

Graphique 5 : Evolution des résultats moyen de lipolyse entre l’année avant et après l’installation du robot.

(Chaque point représente un élevage). Le positionnement des éleveurs a été comparé aux données du Lillab et de l’Urcil.

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Chambres d’agriculture de Bretagne • De la salle de traite au robot • novembre 2014

Les exploitations qui dégagent une meilleure marge brute lait cumulent à la fois des facteurs techniques, structurels et historiques. Elles sont plus spécialisées, maîtrisent mieux les charges opérationnelles et avaient déjà de meil-leurs résultats en salle de traite (tableau 6). c

Les frais de maintenance (hors produits de lavage) s’élèvent en moyenne à 5800 €/stalle, soit 11,4 €/1000 litres avec de grandes disparités (4000€/stalle pour le 1/3 inférieur et 7800€/stalle pour le 1/3 supé-rieur). Certaines charges exceptionnelles expliquent des coûts élevés mais ni l’âge du robot ni le litrage par stalle n’expliquent les écarts. En salle de traite, il faut compter de 2 à 4 €/1000l de coûts de maintenance annuel. Cette charge supplémentaire en robot doit être connue et intégrée lors du chiffrage du projet.

Marge brute, frais de maintenance : « Il faut pouvoir assurer financièrement »

La marge brute lait baisse en moyenne de 31 €/1000l, alors que le prix du lait a augmenté de 7€/1000l. 13 élevages ayant une hausse du prix du lait de 8 % voient leur marge brute baissée de 18 % (graphique 6). La hausse du coût alimentaire semble être le facteur déterminant. La baisse de marge brute est plus marquée lorsque l’évolution du litrage par vache ne suit pas cette hausse de concentré.

Graphique 6 = Positionnement des élevages selon l’évolution (en %) de la marge brute lait et du prix entre les 2 années de références

-15

-10

-5

0

5

10

15

20

-50 -40 -30 -20 -10 0 10 20 30

Evolution de la marge brute

Baisse de la MBlait et hausse duprix du lait pour

13 élevages

Baisse de la MBlait et hausse duprix du lait pour

12 élevages

Hausse de la MBlait et hausse duprix du lait pour6 élevages

Evo

prix

lait

Evo MB lait

Tableau 6 = Données moyennes techniques et structurelles des élevages selon leur marge brute lait avec robot (les résultats concernent les années 2012 et 2013) *€/1 000 l

1/4 inférieur Moyenne 1/4 supérieur

Marge brute lait (robot) * 169 205 250

Marge brute lait (salle de traite)* 206 236 273 Bon résultat en salle de traite

Prix du lait * 319 326 334

Part de la marge brute lait % 53 65 78 Elevage spécialisé

Coût de concentré * 70 67 54Maîtrise des charges opérationnelles

Frais vétérinaires * 13,5 12 9

Lait produit par vache (litres) 8289 8236 7720 Lait/VL plus faible

Nombre de vaches/stalle 55 58 59

Temps d’observation des vaches (min/j/VL)

1,1 1,5 1,6Temps d’observation plus important

La maîtrise du coût alimentaire est le 1er facteur d’optimisation

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Chambres d’agriculture de Bretagne • De la salle de traite au robot • novembre 2014

L’organisation du travail change avec le robotUne organisation annuelle peu modifiée mais des remplacements plus délicatsConcernant la prise de vacances, elle reste identique pour 86 % des élevages. Cependant, 28 % des élevages prennent plus ou de plus longs weekends. Une nouvelle organisation pour les remplacements doit être mise en place. En GAEC, les remplacements entre associés s’organisent très bien. La gestion est plus délicate dans les exploitations unipersonnelles ou entre conjoints. Seulement 20 % des éleveurs enquêtés font appel au service de remplacement et dans la majorité des cas ils associent un voisin, un membre de la famille en tant que responsable des alarmes du robot. Les services de remplacement commencent à avoir du personnel formé mais la gestion des alarmes, notamment la nuit, pose problème.

Du temps gagné depuis l’abandon de la salle de traite sous dimensionnée

Exemple d’une journée type pour une exploitation à 1 UTH avec 47 vaches traites au robot

7h30 à 8h

Logiciel robot 5 min

Pousser les vaches retard ≈ 5 min

Nettoyer les abords robot 10 min

Nettoyer les logettes rapidement + pousser les refus 20 min

8h à 9h

Préparer l’alimentation pour la CUMA 20 min

Soigner les génisses 30 min

Enlever les refus 10 min

Veaux (aide des parents)

9h30 à 9h50Logiciel robot 10 min

Nettoyer les logettes 10 min

13h à 13h15Logiciel robot 5 min

Pousser les refus 10 min

17h à 18h max

Logiciel robot 5 min

Pousser les vaches retard 5 min

Nettoyer les abords robot 10 min

Logettes rapidement + pousser refus 10 min

Interventions sur les vaches variable

Avec le robot, 3.8 minutes/vache/j. ont été gagnées sur le temps de traite et l’observation des animaux. Les deux systèmes de traite ont été comparés à partir de la description d’une journée type sans problèmes particuliers. Pour un troupeau de 50 laitières, cela représente 3 heures de gain de temps. Le temps gagné dépend de l’équipement avant robot. En effet, les éleveurs enquê-tés passaient en moyenne plus de 5 heures par jour à traire avec des équipements sous dimensionnés et vieillissants. Avec une salle de traite calibrée pour traire en 1h à 1h30 les gains de temps avec robot sont plus limités. De plus, la main d’œuvre bénévole était plus présente en salle de traite qu’avec le robot. 15 éle-veurs estiment avoir gagné en sou-plesse horaire plus qu’en temps de travail. Les autres ont gagné du temps et le reportent majoritaire-ment sur la vie personnelle.

Avec le robot, « vachement plus de plaisir »

Graphique 7 : Principale difficulté citée par les éleveurs de l’échantillon depuis la mise en place du robot

2

3

3

3

6

11

13

0 2 4 6 8 10 12 14

saturation stalle

gestion des alarmes et pannes

coûts de fonctionnement et d'entretien

remplacements

conduite du troupeau

pas de difficultés

qualité du lait

nombre d'élevage

Une note de satisfaction de 15/20 a été attribuée en moyenne à la situation avec robot. 90 % des éleveurs en sont très satisfaits. 11 élevages estiment ne pas avoir rencontré de difficultés particulières (graphique 7). Cependant, 4 éleveurs ne réinstalleraient pas le robot si c’était à refaire, dont 2 réfléchissent à repasser en salle de traite. Le « sentiment de n’avoir jamais fini avec le robot », les problèmes de qualité de lait et de remplacements expliquent en partie ce mécontentement. Pour autant, les 39 éleveurs satisfaits ne « s’attendaient pas à tout ça, à toute la liberté que ça leur a apporté » et « le robot a relancé l’intérêt pour les vaches » Un éleveur a même ajouté « qu’il n’y aurait plus de vaches si le robot n’avait pas comblé leurs attentes ».

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Chambres d’agriculture de Bretagne • De la salle de traite au robot • novembre 2014

Nos conseils et ceux des éleveurs enquêtés pour une installation réussiePositionnement du robot :• Bien réfléchir à la circulation des vaches (alimentation/couchage/abreuvement/traite) que l’on souhaite mettre en place

en période hivernale et surtout au pâturage• Prévoir un box de tri en sortie du robot avec un système de contention• Multiplier les visites, comprendre les astuces, essayer d’anticiper les problèmes

Alimentation :• Calibrer un nouveau système fourrager selon les évolutions d’effectifs et de pratiques• Pâturer efficacement même si la surface reste faible• Maîtriser la quantité de concentrés distribués

Santé des animaux, qualité du lait, conduite du troupeau• Partir d’une situation saine en cellules• Ne pas hésiter à réformer les vaches à risque avant la mise en place du robot• Limiter les facteurs de risques pour la lipolyse (intervalles de traite, le refroidissement trop rapide du lait, distance entre

le robot et le tank ainsi que la présence de coudes dans le lactoduc)• Réaliser des actions préventives sur les boiteries, notamment si les animaux restent plus en bâtiment (parages, raclage

plus fréquent)• S’aménager des temps spécifiques pour observer les animaux

Frais de maintenance • Bien étudier le contrat de maintenance avec l’équipementier : type de contrat ; montant pour l’entretien, les interventions

exceptionnelles et la prise en charge des pannes et pièces à changer ; durée de garantie …

Travail :• Bien repenser l’organisation du travail entre les associés : qui fera quoi après la mise en place du robot ?• Être conscient que le robot nécessite toujours une personne disponible • Anticiper le fonctionnement des remplacements• Si le matériel de traite était performant avant robot (moins d’1h30 par traite), ne pas s’attendre à gagner beaucoup de

temps mais plus une souplesse horaire• Une stalle saturée permet moins de souplesse (gestion des alarmes, des vaches en retard)

Gestion de l’exploitation• Prendre son temps et bien mûrir son projet • Anticiper la compatibilité du robot avec les projets de l’exploitation à plus long terme : évolution du nombre de vaches

et saturation du robot, capacité à réinvestir• Réaliser un chiffrage du projet robot : prendre en compte le coût des travaux annexes, intégrer l’investissement dans le

plan de financement de l’exploitation …

Synthèse de l’impact économique dans l’échantillon enquêté

Investissements €/1000l vendu

achat du robot 32

implantation du robot 2

Total investissements (amortissement sur 10 ans) 34

Repères d’évolution économique €/1000l vendu

Coût de concentré (hors conjoncture) + 10

coût fourrager + 2

frais vétérinaire et reproduction (hors conjoncture) aucune

frais de maintenance (hors produits) + 8

eau/électricité + 2.1**résultats issus de la ferme expérimentale de Derval (comparaison avec une salle de traite épi 2*5 avec compteur volumétrique)

Ce tableau donne des repères indicatifs d’évolution des différents coûts issus des résultats de l’enquête. Il illustre des change-ments moyens, cependant chaque système reste à étudier au cas par cas.

Page 8: De la salle de traite au robot · robot, 64 % des élevages dépassent ces moyennes régionales (graphique 5). Sans pouvoir expliquer finement l’origine de cette dégradation, plusieurs

Chambres d’agriculture de Bretagne • De la salle de traite au robot • novembre 2014

RemerciementsMerci aux éleveurs pour leur participation à ce projet

AuteurMarion Fleuret, chambre d’agriculture de Bretagne

[email protected]

ContactsMathieu Merlhe, Sébastien Guiocheau et Julien Françoisdes

Chambres d’agriculture de Bretagne

Avec la participation financière de

MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE,

DE L'AGROALIMENTAIREET DE LA FORÊT