dans la prise en soins

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IFPEK, Institut de Formation en Pédicurie-podologie, Ergothérapie, Masso-Kinésithérapie 12 rue Jean-Louis Bertrand, 35000 Rennes Hypnose et kinésithérapie Comment optimiser son recours et ses effets dans la prise en soins ? Iléna BARBARE Mémoire d’initiation à la recherche en masso-kinésithérapie Formation en Masso-Kinésithérapie Promotion 2015-2019 Session juin 2019

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Page 1: dans la prise en soins

IFPEK,

Institut de Formation en Pédicurie-podologie, Ergothérapie, Masso-Kinésithérapie

12 rue Jean-Louis Bertrand, 35000 Rennes

Hypnose et kinésithérapie

Comment optimiser son recours et ses effets

dans la prise en soins ?

Iléna BARBARE

Mémoire d’initiation à la recherche en masso-kinésithérapie

Formation en Masso-Kinésithérapie

Promotion 2015-2019 Session juin 2019

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Hypnose et kinésithérapie

Comment optimiser son recours et ses effets

dans la prise en soins ?

Iléna BARBARE

Mémoire d’initiation à la recherche en masso-kinésithérapie

Formation en Masso-Kinésithérapie

Promotion 2015-2019 Session juin 2019

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Remerciements

J’adresse mes sincères remerciements

A Madame L., ma directrice de mémoire, pour son aide, sa disponibilité et son

soutien tout au long de ce travail ;

A Madame M., kinésithérapeute-hypnothérapeute, pour son aide précieuse et

ses conseils dans mes recherches ;

Aux patients ayant participé à cette recherche, pour leur gentillesse et le temps

qu’ils m’ont accordé ;

A Monsieur M., formateur à l’IFMK, pour avoir été présent et pédagogue tout au

long de notre formation ;

A l’ensemble des professionnels de santé rencontrés lors de mes stages, pour

avoir grandement contribué à ma formation et pour m’avoir préparée à la vie

active.

Je tiens également à remercier ma famille, pour son soutien tout au long de mes études

et plus particulièrement sur la dernière ligne droite. Merci aussi de m’avoir aidée pour le

travail fastidieux de la relecture et des corrections.

Un grand merci à Maxime, pour m’avoir supporté pendant ces moments de stress et

pour avoir fait en sorte de « simplifier les choses », en m’apportant son aide, sa patience

et son amour.

Je remercie mes collègues de promotion devenus des amis au fil de ces 4 années, pour

tous les moments passés ensemble.

Je remercie également Chloë, ma binôme, mon amie. De notre première année de

STAPS jusqu’à cette 4ème et dernière année d’études, tu auras été là pour moi. Merci

pour tous ces bons souvenirs, et tous ceux à venir.

Enfin je dédie ce travail à mes parents qui ont toujours cru en moi et qui m’ont toujours

encouragée à persévérer dans mon travail.

Et à toi Damien, notre collègue et ami, parti bien trop tôt. Nous ne t’oublierons jamais.

Page 6: dans la prise en soins

Avant-Propos

L’intérêt que je porte à l’hypnose est très récent et remonte à l’année dernière. Avant

cela, j’avais tendance à être relativement sceptique et à ne pas percevoir les bienfaits

de cette technique. Ayant fait des séances de sophrologie étant plus jeune, j’avais déjà

eu une première approche de la relaxation et de ses différentes modalités. Cependant,

cette expérience ne s’était pas avérée être bénéfique dans la mesure où les pratiques

de la sophrologue en question ne m’avaient pas convenu. Je me suis donc mise en

retrait de ces techniques pendant plusieurs années avant que mon entourage ne s’y

intéresse. Les différents échanges avec mes proches, qui ont suivi leurs formations

d’autohypnose et d’hypnose thérapeutique, m’ont alors permis d’avoir une nouvelle

approche de l’hypnose, suscitant ainsi mon intrigue puis mon intérêt. J’ai ainsi consulté

de la documentation sur l’autohypnose ou écouté des enregistrements sonores de

séances d’hypnose et les ai appliqués pour soulager des douleurs passagères ou pour

m’aider à m’endormir. Les résultats positifs obtenus m’ont alors confortée dans mon

intérêt pour l’hypnose et ont définitivement effacé mon scepticisme.

Page 7: dans la prise en soins

Sommaire

Introduction ................................................................................................................... 1

1. MISE EN PLACE DE LA RECHERCHE ................................................................. 2

1.1. Situation d’appel..............................................................................................2

1.1.1. Expériences professionnelles ...................................................................2

1.1.2. Réflexions personnelles ...........................................................................2

1.2. Contextualisation.............................................................................................3

1.2.1. Historique de l’hypnose ............................................................................3

1.2.2. Formations et pratique de l’hypnose dans le domaine médical.................4

1.2.3. Application de l’hypnose en kinésithérapie ...............................................5

1.2.4. Définition de l’Hypnose Ericksonienne .....................................................7

1.2.5. Recommandations pour la pratique de l’Hypnose Ericksonienne .............8

1.2.6. Hypnose Ericksonienne et représentations mentales ...............................9

1.3. Construction de la problématique ..................................................................10

1.3.1. Emergence du questionnement de recherche ........................................10

1.3.2. Problématisation ....................................................................................10

1.3.3. Problématique ........................................................................................11

1.3.4. Hypothèses ............................................................................................12

1.4. Cadres conceptuels ......................................................................................12

1.4.1. Représentations .....................................................................................12

1.4.2. Relation thérapeutique ...........................................................................15

1.4.3. Place du patient dans le soin .................................................................18

2. METHODOLOGIE ................................................................................................ 20

2.1. Méthodologie de recueil d’informations préalables ........................................20

2.2. Méthodologie de l’outil de recherche : L’entretien ..........................................21

2.1.1. Choix de l’outil de recherche ..................................................................21

2.2.2. Mise en lien avec la problématique ........................................................22

2.2.3. Place du chercheur en entretien.............................................................23

2.2.4. Type d’entretien : L’entretien semi-directif ..............................................24

2.2.5. Conception du guide d’entretien .............................................................25

2.2.6. Ethique de la recherche .........................................................................25

2.3. Méthodologie de l’analyse des données de recherche ..................................26

2.3.1. Retranscription des entretiens ................................................................26

2.3.2. Description du mode d’analyse sélectionné............................................26

2.3.3. Augmenter la qualité de l’analyse ...........................................................28

Page 8: dans la prise en soins

2.4. Cadre de la recherche ...................................................................................29

2.4.1. Présentation du terrain de recherche .....................................................29

2.4.2. Choix de l’échantillon : Critères d’inclusion et d’exclusion ......................29

2.4.3. Modalités de passation des entretiens ...................................................30

3. RESULTATS & ANALYSE ................................................................................... 32

3.1. Mise en place du recueil des données ..........................................................32

3.2. Préparation de l’analyse ................................................................................33

3.2.1. Construction d’une grille d’analyse .........................................................33

3.2.2. Méthode des juges .................................................................................35

3.3. Interprétation des données de recherche ......................................................36

3.4. Réponses à la problématique ........................................................................46

4. DISCUSSION ....................................................................................................... 47

4.1. Critique méthodologique ...............................................................................47

4.2. Confrontation des résultats de la recherche à la littérature ............................50

4.3. Perspectives à donner à la recherche ...........................................................55

Conclusion .................................................................................................................. 56

Bibliographie ............................................................................................................... 57

Table des illustrations ......................................................................................................

ANNEXES .......................................................................................................................

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1

Introduction

L’hypnose, telle qu’elle est appliquée actuellement dans le domaine médical,

reste encore méconnue de la plupart des patients.

Bien que de nombreuses professions médicales, telles que les infirmiers, les sages-

femmes ou encore les pédiatres (BONTOUX et al., 2013), soient formées à l’hypnose,

nous pouvons constater que cette technique thérapeutique n’est pas systématiquement

intégrée aux soins du patient. Les bienfaits qu’il pourrait en tirer dans ces différents

champs médicaux sont pourtant multiples.

Plus spécifiquement à notre future pratique professionnelle, l’intérêt d’utiliser l’hypnose

en kinésithérapie est bien présent (WEBHE and SAFAR, 2015). Cependant, et ce malgré

l’absence de toute contre-indication, la mise en place de cette thérapie complémentaire

dans la rééducation du patient reste encore inhabituelle.

Nous nous sommes donc interrogés sur les moyens d’optimiser son recours dans la

prise en soins. Cet axe de recherche nous paraît nécessaire dans le développement de

notre pratique. En effet, en se formant à l’hypnose, le kinésithérapeute aurait la

possibilité d’acquérir de nouvelles compétences tant techniques que relationnelles. A

travers l’hypnose, il serait ainsi amené à mettre en place un soin, plus adapté à son

patient, optimisant ainsi les effets de cette technique thérapeutique pour le guider du

mieux possible vers sa guérison.

Au travers de ce mémoire, nous verrons donc comment optimiser le recours et les effets

de l’hypnose en kinésithérapie.

Pour cela, nous présenterons dans un premier temps, le contexte dans lequel s’inscrit

notre recherche qui nous permettra, par la suite, de problématiser notre travail. Cette

partie visera à proposer un axe plus spécifique d’optimisation de la pratique de

l’hypnose. A partir de la problématique établie, nous définirons ainsi les concepts sous-

jacents à notre recherche avant d’expliciter la méthodologie suivie. Dans un second

temps, les résultats obtenus et leur analyse apporteront les éléments de réponse à notre

travail. Enfin, nous reviendrons sur les limites de ce mémoire au travers de la discussion.

Nous proposerons alors une critique méthodologique, une confrontation des résultats de

la recherche aux données de la littérature mais également une mise en perspectives de

nos résultats.

Page 10: dans la prise en soins

2

1. MISE EN PLACE DE LA RECHERCHE

1.1. Situation d’appel

1.1.1. Expériences professionnelles

Au cours de nos études de kinésithérapie, nous avons pu avoir une approche plus

scientifique et plus médicale de certaines thérapies complémentaires, dont fait partie

l’hypnose.

Sur différents terrains de stage, nous avons ainsi pu rencontrer et échanger avec des

kinésithérapeutes pratiquant l’hypnose thérapeutique durant des soins de rééducation

ou encore en unité palliative.

Par ailleurs, nous avons eu l’opportunité d’aller au congrès des Journées Francophones

de la Kinésithérapie à Paris en 2017 où P. PREVOST a présenté une conférence sur

l’hypnose et l’induction thérapeutique. Les différents résultats d’études scientifiques qu’il

nous a présentés, mais également ses expériences et son ressenti sur l’hypnose

thérapeutique en tant que kinésithérapeute-hypnothérapeute m’ont davantage

encouragée à m’intéresser à l’application de l’hypnose en kinésithérapie et à une

éventuelle application dans ma future pratique professionnelle.

1.1.2. Réflexions personnelles

En tant que kinésithérapeutes en devenir, nous accordons un intérêt particulier à

développer un traitement adapté à chaque patient. Les différentes situations auxquelles

nous avons pu être confrontés lors de notre formation ou de notre vie quotidienne nous

ont initiés à l’intérêt de considérer un individu dans sa globalité, et non de se focaliser

d’emblée sur ses problèmes personnels ou sa pathologie par exemple.

Par ailleurs, dès le début de nos études, nous sommes encouragés à suivre le modèle

biopsychosocial au cours des soins en tenant ainsi compte des différentes composantes

sociales, émotionnelles, psychologiques, culturelles… de chaque patient. Rapidement,

nous avons pu constater que le traitement était global et que nous devions également

porter un intérêt au ressenti du patient. En hypnose, ces éléments sont centraux et

justifient que cette technique thérapeutique soit introduite dans le soin.

D’autre part, face aux différents enjeux des réformes du système de santé, il semble

nécessaire de développer de nouvelles techniques médicales moins onéreuses, plus

naturelles, plus accessibles et surtout plus adaptées à chaque patient. Encore une fois,

l’application de l’hypnose thérapeutique dans le soin trouve dans ces faits une véritable

justification et un réel intérêt.

Page 11: dans la prise en soins

3

Enfin, les bienfaits de suivre le modèle biopsychosocial et de chercher à développer des

techniques plus adaptées à chaque individu ne seraient pas aussi significatifs sans

l’implication et l’adhésion du patient au soin. Il est, avant toute chose, reconnu en tant

qu’individu et est sollicité physiquement ou psychologiquement de manière à encourager

sa motivation et à lui témoigner de son rôle important dans le soin. A travers l’hypnose,

le patient devient capable d’agir pour sa propre santé, donc acteur de sa prise en soins.

Nous verrons donc par la suite quelle est la place du patient pratiquant l’hypnose et quels

seraient les moyens possibles à mettre en place afin d’optimiser les effets de cette

technique mais aussi son recours dans le soin.

1.2. Contextualisation

1.2.1. Historique de l’hypnose

Le recours à l’hypnose dans le soin est très ancien. L’hypnose, ou des techniques

associées, étaient déjà utilisées durant l’Antiquité (PEYROUSE, 2000). Au fil des siècles,

la pratique de l’hypnose s’amenuise. A titre d’exemple, au travers des périodes telles

que l’Inquisition, cette pratique était associée à de la sorcellerie et était de ce fait

interdite. Il faudra attendre le XVIIIème siècle pour retrouver un véritable regain de

l’intérêt envers l’hypnose tant par les scientifiques que par le public. C’est à cette époque

que naît l’hypnose dite « de spectacle » identifiable par ses caractéristiques dirigiste et

autoritaire.

Successivement, des médecins, des religieux, des savants, des scientifiques vont

étudier les effets de l’hypnose. Au XIXème siècle, des médecins et des chirurgiens se

saisissent de cet outil, alors peu connu, notamment pour ses effets anesthésiants. Les

recherches menées à cette époque par A. LIEBAULT (1823-1904) et H. BERNHEIM

(1837-1919) visent à démontrer les bienfaits de l’hypnose tant sur le plan physique que

psychologique. Ses applications thérapeutiques deviennent alors très variées,

particulièrement l’analgésie qui donnera dès lors à l’hypnose sa légitimité dans le

domaine chirurgical. Il faudra attendre le XXème siècle et ses progrès en neurosciences

apportés par I. PAVLOV (1849-1936) pour affirmer scientifiquement les effets de

l’hypnose (DUFOUR et PREVOST, 2016).

L’année 1918 est marquée par la création de la forme d’hypnose la plus appliquée dans

le domaine médical de nos jours. M. ERICKSON (1901-1980) est alors un jeune homme

de 17 ans atteint d’une forme grave de poliomyélite. Selon le diagnostic établi par les

médecins, il ne remarchera probablement jamais. Restant alité, il décide de mobiliser

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4

ses ressources et capacités mentales pour s’imaginer en train de bouger et se focaliser

sur le mouvement. Il retrouve peu à peu des sensations puis la mobilité au niveau de la

main. Au fur et à mesure de sa rééducation, l’ensemble des territoires musculaires est

de nouveau fonctionnel et au bout d’un an, il peut de nouveau marcher à l’aide d’une

canne. Devenu par la suite psychiatre et psychologue, il se sert de son expérience

personnelle pour mettre en place une nouvelle forme d’hypnose : l’Hypnose

Ericksonienne.

Bien que les bienfaits de l’hypnose thérapeutique soient reconnus depuis 1955 par la

British Medical Association et depuis 1958 par l’American Medical Association, il faudra

attendre 2013 pour que l’Académie Nationale de Médecine (ANM) française valide

officiellement le recours médical à l’hypnose comme thérapie complémentaire.

(BONTOUX et al., 2013).

Même s’il existe plusieurs formes d’hypnose thérapeutique utilisées dans le domaine

médical telles que l’hypnose directe ou encore l’hypnose conversationnelle, l’Hypnose

Ericksonienne est aujourd’hui la plus utilisée. Nous y reviendrons plus tard.

1.2.2. Formations et pratique de l’hypnose dans le domaine médical

Du fait de ses multiples domaines d’application (WEBHE et SAFAR, 2015), de

nombreuses professions médicales et paramédicales ont recours à l’hypnose comme

thérapie complémentaire. Les formations, congrès ou séminaires proposés aux

professionnels de santé mais aussi aux particuliers sont nombreux à travers toute la

France. Selon le rapport de l’ANM, « il est difficile d’estimer le nombre de pratiquants de

l’hypnose thérapeutique en France » (BONTOUX et al., 2013). Le rapport dissocie le

nombre d’élèves formés à l’hypnose thérapeutique, qu’ils soient professionnels de santé

ou non. En effet, il n’est pas exigé d’être professionnel de santé pour devenir

hypnothérapeute.

Ce rapport indique également la proportion de chaque profession de santé représentée

dans les formations dispensées par l’Institut Français de l’Hypnose (IFH). Ainsi, parmi

les 508 professionnels de santé formés par l’IFH, la répartition est la suivante :

Page 13: dans la prise en soins

5

Figure 1 : Répartition des professionnels de santé formés à l'hypnose par l'IFH (source : BONTOUX et al., 2013)

Les différentes études menées sur les bienfaits de l’hypnose thérapeutique concluant

sur des résultats positifs (WEBHE et SAFAR, 2015) ainsi que le nombre croissant de

formations accessibles au milieu médical justifient le fait qu’il y a davantage de

professionnels de santé à se former à l’hypnose thérapeutique et à y avoir recours dans

leur pratique. La plupart de ces professionnels de santé exerce en libéral. Cependant,

de plus en plus de centres de soins ou de rééducation ainsi que des hôpitaux proposent

à leurs patients l’hypnose comme thérapie complémentaire dans leur traitement

(MAMANE, 2017). De plus, en 2012, plus de la moitié des centres anti-douleur de

France proposaient l’hypnose comme moyen thérapeutique (CHICHE, 2012).

1.2.3. Application de l’hypnose en kinésithérapie

La profession de kinésithérapeute n’échappe pas à cette évolution et la pratique de

l’hypnose au cours des soins s’est démocratisée. Elle est proposée aux patients dans le

traitement de nombreuses pathologies appartenant aux domaines de compétences du

kinésithérapeute. En effet, une revue de littérature a recensé les résultats positifs de

plusieurs études contrôlées randomisées sur les bienfaits de l’hypnothérapie dans le

traitement de multiples pathologies démontrant ainsi son efficacité et ses nombreux

bienfaits. D’après WEBHE et SAFAR (2015), le kinésithérapeute peut donc proposer à

son patient d’intégrer l’hypnose thérapeutique à son traitement si celui-ci présente :

Page 14: dans la prise en soins

6

- « Des douleurs aigües ou chroniques,

- Une lombalgie chronique,

- De l’arthrose associée à des douleurs ostéo-articulaires,

- Des douleurs temporo-mandibulaires,

- Des douleurs liées à une fracture,

- Un syndrome douloureux régional complexe,

- Une fibromyalgie,

- Des douleurs du membre fantôme,

- Des douleurs liées à des brûlures.

- … »

Par ailleurs, l’hypnose permettrait de faire diminuer la perception douloureuse et

l’anxiété, provoquant de ce fait une baisse de la consommation médicamenteuse. Elle

permettrait aussi des mobilisations plus fréquentes de l’appareil locomoteur et une

diminution de l’appréhension des séances chez les patients les plus douloureux ou

anxieux. On constate dès lors que la participation aux séances ainsi que la collaboration

du patient en sont améliorées. Ces résultats sont confirmés entre autres par les études

scientifiques de M-E. FAYMONVILLE, réalisées au CHU de Liège en 1992 et celle de

THE LANCET menée à Boston en 2000 (CHICHE, 2012). A travers cette dernière étude,

on constate également une nette diminution de la durée des interventions (les objectifs

étant atteints plus rapidement) et de la fréquence des complications avec moins de

récidives observées. Ainsi, l’utilisation de l’hypnose thérapeutique permettrait par la

même occasion de diminuer les coûts hospitaliers.

Enfin, le recours à l’hypnose thérapeutique dans le soin kinésithérapique serait un

véritable moyen d’instaurer une bonne relation thérapeutique avec le patient basée sur

l’échange et la confiance, améliorant de ce fait la communication et l’implication du

patient dans sa rééducation (BELLET, 1993).

Il est néanmoins nécessaire de rappeler que l’hypnose thérapeutique, bien qu’ayant

prouvé ses bienfaits, n’est pas une thérapie de première intention. Il s’agit bien d’une

thérapie complémentaire qui comme son nom l’indique est proposée pour

« compléter les moyens de la médecine, ne devant être préconisé[e] que dans

les cas où [son] utilité est plausible, et au terme d’une démarche médicale où les

moyens thérapeutiques éprouvés, s’il en existe, sont jugés insuffisants, contre-

indiqués, mal tolérés, ou encore sont récusés, pour une pathologie bénigne, par

un patient dûment informé des avantages et inconvénients réciproques »

(BONTOUX et al., 2013).

En résumé, lors d’une rééducation médicale et plus particulièrement kinésithérapique, le

traitement appliqué doit associer techniques spécifiques et hypnose thérapeutique.

Page 15: dans la prise en soins

7

Pour terminer, la prise en soins kinésithérapique actuelle ne se limite plus au plan

physique. Le kinésithérapeute doit désormais également traiter le patient sur les plans

psychologiques et sociaux en tenant compte de son individualité. De par ses différents

principes, l’Hypnose Ericksonienne est la forme d’hypnose thérapeutique qui correspond

le mieux à cette finalité.

1.2.4. Définition de l’Hypnose Ericksonienne

Pour AIM et KAHN (2012), « l’hypnose désigne à la fois un état de conscience, une

forme de relation particulière, mais aussi la technique pour y parvenir, et les formes de

thérapies qui en découlent. »

L’Hypnose Ericksonienne, largement utilisée dans le domaine médical, fait partie de ces

thérapies. Elle résulte de l’observation puis de la théorisation des techniques

thérapeutiques, utilisées par M. ERICKSON en son temps, réalisées par ses

successeurs tels que E. ROSSI ou l’école de Palo Alto (BIOY et MICHAUX, 2017). On

parle également d’approche Ericksonienne.

Cette forme d’hypnose se veut humaniste. Elle permet de soigner le patient dans sa

globalité en privilégiant le recours au modèle biopsychosocial et en instaurant une

alliance thérapeutique entre le thérapeute et le patient par une forme d’hypnose

davantage « permissive ». M. ERICKSON lui-même définit l’hypnose comme un type de

relation. Par ailleurs, elle accepte entièrement le patient sans le juger. Selon lui,

« les thérapeutes qui souhaitent aider leurs patients ne doivent jamais mépriser,

condamner, ou rejeter le moindre aspect de la conduite du patient […]. Le

comportement du patient fait partie du problème […], il constitue l'environnement

personnel au sein duquel la thérapie doit prendre son effet. » (ERICKSON, 1980).

D’autre part, l’Hypnose Ericksonienne a la particularité de regrouper des principes très

importants afin d’optimiser la thérapie.

Parmi eux, on remarque qu’une attention particulière est accordée à la communication

et à son individualisation face au patient. En effet, au niveau des techniques

hypnotiques, l’hypnothérapeute adapte son langage mais aussi son style d’élocution et

d’approche en fonction du patient. Il s’appuie sur des métaphores et suggestions

indirectes construites en adéquation avec le patient, son vécu, ses représentations…

pour le laisser accéder à ses propres ressources. On parle alors de « synchronisation

au patient » (VIROT et BERNARD, 2018).

De plus, la priorité est donnée à la satisfaction des besoins du patient. Ainsi, chaque

patient est considéré comme unique et nécessite une approche individuelle et spécifique

de son problème. Pour ERICKSON (1980), la thérapie résulte d'un travail intérieur du

comportement du patient effectué par le patient lui-même. Une réassociation puis une

Page 16: dans la prise en soins

8

réorganisation des idées, des compréhensions et des souvenirs sont induites et sont

nécessaires pour de meilleurs effets de la thérapie. « Pour ERICKSON, le thérapeute

apprend au patient à apprendre à trouver des solutions. Il permet en quelque sorte, au

patient de devenir son propre thérapeute » (MALAREWICZ et GODIN, 2005).

Enfin, la particularité de l’Hypnose Ericksonienne réside dans le rôle donné au patient

dans ce soin. En effet, C. VIROT et F. BERNARD insistent bien sur le fait que l’hypnose

ne se fait pas auprès du patient mais bien avec lui, ce qui définit le côté actif du patient.

Selon MALAREWICZ et GODIN (2005), « ERICKSON considérait que le sujet lui-même

effectue sa propre thérapie. Le thérapeute ne fait que l’aider en apportant un cadre

favorable ». Ils rajoutent qu’au cours de l’Hypnose Ericksonienne « le travail du

thérapeute va consister à refuser la passivité du patient pour l’amener et le maintenir

dans une collaboration active ».

On comprend dès lors que l’Hypnose Ericksonienne constitue un apprentissage auprès

du patient qui le réinvestit, à son tour dans sa rééducation en utilisant ses propres

ressources (MALAREWICZ et GODIN, 2005). Le thérapeute fait uniquement figure de

guide et encourage son patient dans sa démarche active afin qu’il obtienne des résultats

valables et les plus durables possibles. De part ces caractéristiques, M. ERICKSON était

précurseur du concept du soin centré sur le patient qui tient une place importante dans

le système de santé actuel.

1.2.5. Recommandations pour la pratique de l’Hypnose Ericksonienne

Dans leur ouvrage, les docteurs VIROT et BERNARD soulignent les prérequis au

bon déroulement des séances d’hypnose. Pour espérer bénéficier de ses bienfaits, « la

motivation du patient, la coopération du patient et la confiance du patient dans le

thérapeute » (VIROT et BERNARD, 2018) sont des éléments essentiels qui constituent

le fondement de l’hypnose thérapeutique. Son implication influerait également sur la

durée de la phase d’hypnose. M. ERICKSON rajoute que « sans la coopération complète

du patient, les résultats thérapeutiques peuvent être retardés, déformés, limités ou

même empêchés » (ERICKSON, 1980).

Par ailleurs, pour aller plus loin dans la rééducation, l’Hypnose Ericksonienne encourage

la pratique de l’autohypnose. Cette pratique permet au patient, une fois le processus

hypnotique bien assimilé, de s’induire seul dans un état hypnotique. D’autre part, « elle

permet de reproduire ce qui a été expérimenté en « hétéro-hypnose » sous la conduite

du thérapeute » (VIROT, 2014) en réutilisant et en réexploitant par lui-même, les

différentes techniques apprises en séances.

Page 17: dans la prise en soins

9

Le patient, qui a appris à connaître ce qui lui convient le mieux, personnalise sa séance

d’autohypnose en choisissant la communication, les inductions et les suggestions

hypnotiques les plus efficaces pour atteindre son objectif prédéterminé.

Figure 2 : Objectifs de la pratique de l'autohypnose (source : VIROT, 2014)

De par la pratique de l’autohypnose, le patient gagne ainsi en autonomie dans son

processus de guérison. Sur le plan rééducatif, les bienfaits en seront ainsi amplifiés et

obtenus plus rapidement.

Autrefois considéré comme passif dans le processus de soin, le patient est désormais

entièrement intégré à sa rééducation. En effet, à travers la mise en place de l’hypnose

thérapeutique dans sa rééducation, il est inconditionnellement acteur de ses soins.

1.2.6. Hypnose Ericksonienne et représentations mentales

Sous Hypnose Ericksonienne, le thérapeute va alors utiliser les émotions, les

souvenirs, mais encore la mémoire du patient comme base de travail. Il va établir «

l’architecture globale du souvenir » tandis que le patient, aidé des suggestions

hypnotiques du thérapeute va « étoffer les détails » (CONWAY et BEKERIAN, 1987). On

peut donc dire que le thérapeute va simplement servir de guide au patient qui va être

disposé, grâce aux suggestions hypnotiques, à mobiliser ses capacités et ses

compétences, à revivre un souvenir, une expérience, ou encore un mouvement positif

inscrit dans sa mémoire, mais aussi à influer sur sa propre représentation mentale. Le

thérapeute ne va donc pas avoir une action directe mais il va contribuer à la stimulation

mentale de son patient pour faire évoluer ses représentations. En outre, la pathologie à

laquelle le patient est confronté résulte en partie « d’apprentissage négatif et de

limitations acquises » stockés dans sa mémoire (ERICKSON, 1980).

Page 18: dans la prise en soins

10

Le recours à l’hypnose en rééducation permettrait ainsi d’activer chez le patient ce qu’on

appelle la dynamique hypnotique : face aux différentes difficultés qu’il rencontre, le

patient serait désormais capable de retrouver, grâce aux inductions hypnotiques, ses

capacités physiques et mentales mais surtout de répondre lui-même de manière adaptée

aux difficultés qu’il rencontre. M. ERICKSON rajoute que pour lutter contre les effets

induits de la pathologie, le travail sur la mémoire et les souvenirs du patient sont les

fondements du traitement hypnotique.

En conclusion, bien que le patient tienne un rôle important dans le soin par hypnose

thérapeutique, le rôle du thérapeute et son importance ne doivent pas être négligés.

1.3. Construction de la problématique

1.3.1. Emergence du questionnement de recherche

L’hypnose et ses bienfaits ont été, à de nombreuses reprises, traités dans la

littérature scientifique. Il ne s’agissait donc pas de suivre le même axe d’étude au travers

de ce mémoire. C’est pourquoi il a paru pertinent d’étudier un nouvel axe de recherche :

celui du patient. En outre, cibler les recherches sur son expérience au cours de sa

rééducation avec des séances d’hypnose semble particulièrement intéressant dans la

mesure où l’on pourrait, au terme de ce travail, recueillir un aperçu de son ressenti sur

cette technique thérapeutique. C’est cet aspect subjectif qui a motivé l’orientation du

questionnement de recherche.

Ainsi, l’intérêt de cet axe de recherche est double. Il propose d’étudier l’hypnose sous

un nouvel angle, celui du ressenti du patient, et ce à travers le prisme des sciences

sociales.

1.3.2. Problématisation

Après avoir décidé d’axer la recherche sur l’hypnose vécue par le patient, avec toutes

les modalités subjectives que ce travail représente, il était nécessaire de faire le lien

avec la kinésithérapie.

De nombreuses études viennent confirmer les bienfaits de l’hypnose en kinésithérapie

et son intérêt à être utilisée dans la rééducation. Cependant, il persiste chez certains

patients une forme de scepticisme qui nuit ou empêche son recours dans les soins. Une

des raisons que nous pourrions évoquer à cette appréhension serait qu’ils présentent

des représentations parfois inexactes sur l’hypnose. En effet, leurs connaissances ne

Page 19: dans la prise en soins

11

sont pas toujours actualisées et certains patients ne considèrent pas l’hypnose comme

une technique médicale. Pour remédier à cet obstacle, il semble donc essentiel de mieux

expliquer aux patients ce qu’est l’hypnose et quels sont les bienfaits que cette technique

pourrait apporter à leur rééducation. A travers cette clarification, le kinésithérapeute-

hypnothérapeute encouragerait ainsi ses patients à avoir recours à l’hypnose dans leur

prise en soins, faisant évoluer par la suite leurs représentations.

Plusieurs questionnements ont alors émergé :

➢ Comment ces représentations évoluent-elles au cours des séances ?

➢ Quel est le rôle du kinésithérapeute-hypnothérapeute dans ce processus ?

Pour tenter de répondre à ces questions, il semble indispensable de donner la parole

aux patients tant leurs retours d’expériences sur cette pratique thérapeutique présente

un intérêt évident pour mieux comprendre le processus d’évolution de leurs

représentations.

C’est pourquoi il a été décidé pour ce travail de recherche d’interroger les patients sur

leur ressenti quant à la pratique même de l’hypnose au cours de leur prise en soins afin

de déterminer le rôle du kinésithérapeute-hypnothérapeute dans ce processus.

1.3.3. Problématique

La problématique définie est donc la suivante :

Selon le patient, quelles spécificités de la pratique du kinésithérapeute-

hypnothérapeute contribuent à faire évoluer ses représentations sur l’hypnose ?

Nous verrons dans la suite de ce travail comment les discours des patients permettent

d’aborder l’évolution de leurs représentations sur l’hypnose mais aussi les traces et les

spécificités de l’activité du kinésithérapeute-hypnothérapeute.

Par ailleurs, en cherchant à apporter une réponse à notre problématique, nous pourrions

éventuellement dégager d’autres conclusions intéressantes. Ce qui nous amène à nous

poser ces sous-questions :

➢ Est-ce que d’autres éléments du soin d’hypnose, hormis la pratique du

kinésithérapeute-hypnothérapeute, contribuent à l’évolution des représentations

du patient ?

➢ Existe-t-il un lien entre l’évolution des représentations du patient sur l’hypnose et

l’efficacité de cette technique ?

Page 20: dans la prise en soins

12

1.3.4. Hypothèses

A partir de la problématique définie ci-dessus, nous avons également émis plusieurs

hypothèses :

- Hypothèse 1 :

L’idée que se fait le patient de l’hypnose est susceptible d’avoir un impact sur

ses bienfaits ou tout simplement son recours dans le soin.

- Hypothèse 2 :

Identifier au préalable les représentations que le patient s’est construit autour de

l’hypnose et les prendre en compte au cours du soin permettrait de les faire

évoluer, optimisant ainsi les effets de ce soin.

- Hypothèse 3 :

La principale hypothèse est que, du fait de sa pratique, le thérapeute joue un rôle

important dans l’évolution des représentations du patient.

La formulation de ces hypothèses illustre nos premiers éléments de réponses à la

problématique et aux questionnements initiaux. Nous verrons à l’issue de ce travail si

nous pouvons les confirmer ou non.

1.4. Cadres conceptuels

1.4.1. Représentations

1.4.1.1. Définitions

Le concept de représentation sociale est introduit pour la première fois en 1898 par

E. DURKHEIM. La définition qui en est alors donnée est que « la représentation impose

à l’individu des manières de penser et d’agir, et se matérialise dans les institutions

sociales au moyen de règles sociales, morales, juridiques » (DURKHEIM, 1898). De

plus, DORTIER (2015) souligne le fait que jusqu’à la moitié du XXème siècle la

psychologie sociale parlait « d’attitudes, de préjugés et de stéréotypes » avant de

s’élargir au terme plus général et moins péjoratif des « représentations ».

Page 21: dans la prise en soins

13

Plusieurs psychologues sociaux de cette époque ont alors donné leur propre définition :

- Ainsi selon MOSCOVICI (1961), « les représentations sont des formes de savoirs

naïfs, destinées à organiser les conduites et orienter les communications » ;

- Pour JODELET (1989), « la représentation sociale est une forme de

connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et

concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social » ;

- Enfin, selon ABRIC (2001), « la représentation sociale est le produit et le

processus d’une activité mentale par laquelle un individu ou un groupe,

reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une signification

spécifique ». Une de ses fonctions serait aussi de « justifier nos choix et

attitudes ».

D’un point de vue sociologique, GOTMAN (2005) parle quant à elle d’un système de

représentations qui est composé de « pensées construites » et de pratiques sociales

présentées comme des « faits expériencés ». Dans cette définition, les « pensées

construites » correspondent à un ensemble organisé de représentations basées sur des

« interprétations … qui [deviennent], pour ceux qui y adhèrent, la réalité elle -même ».

Ce système d’initiation de représentations est ensuite renforcé en second lieu par les

« faits expériencés » où « la représentation articulée à son contexte expérientiel l’inscrit

dans un réseau de significations » (GOTMAN, 2005). Ce processus a pour effet de

renforcer l’importance de la représentation et sa place dans la mentalisation du sujet.

Enfin , pour le sociologue AIT ABDELMALEK (2001), la représentation « incarne la

pensée » et serait « cette connaissance personnelle que chaque individu se constitue

au travers de ses expériences, des informations, savoirs et modèles de pensée qu’il

reçoit et qu’il retransmet par la suite par la tradition, l’éducation, la communication sociale

pour en faire « une connaissance socialement élaborée et partagée. » » selon les termes

de MOSCOVICI. La représentation peut donc être également individuelle.

Le système de représentations serait donc à la fois un processus psychologique et

sociologique complexe conscient, puisque partagé et exprimé, mais aussi inconscient

dans la mesure où il influencerait les comportements et les opinions d’un individu ou

d’un groupe d’individus.

Page 22: dans la prise en soins

14

1.4.1.2. Représentations et Hypnose

Les représentations tiennent une place importante dans la mise en place de

l’hypnose thérapeutique dans le projet de soin d’un patient.

En effet, des études menées en 1982 par N. SPANOS, psychologue connu pour ses

travaux sur l’hypnose, ont démontré que « dans notre culture les individus disposent de

représentations de l’hypnose et les mobilisent pour produire et/ou interpréter les

évènements auxquels ils sont confrontés » (LAURENS, 2017). Cependant, d’autres

recherches menées par MICHAUX, psychothérapeute et directeur de l’Institut Français

d’Hypnose, indiquent que ces représentations seraient surtout un obstacle dans le soin

par hypnose (2005). Selon lui, l’hypnose s’appuie sur deux types de connaissances :

- Les connaissances scientifiques, qui viennent de plus en plus en confirmer les

bienfaits ;

- Et les connaissances sociales qui, quant à elles, tendent malgré cela à réfuter

voir à rejeter ces connaissances scientifiques.

L’impact négatif que peuvent avoir les représentations du patient dans le soin par

hypnose justifie alors que le thérapeute accorde de l’importance à l’identification de ces

représentations. En outre, « la représentation sociale de l’hypnose influence fortement

sa connaissance et sa pratique et contraint l’hypnothérapeute à en tenir compte afin

d’appréhender de façon plus pertinente ses réactions comme celles de ses patients »

(SITBON et BIOY, 2005). Le thérapeute tiendra donc un rôle important et devra s’adapter

face aux représentations de ses patients car « il est plus intéressant de reconnaître ces

croyances et de savoir en situer l’origine et éventuellement de diminuer la pression que

cette représentation exerce sur la personne plutôt que de la renforcer » (MICHAUX,

2005).

Ainsi, nous comprenons l’intérêt d’étudier les représentations du patient sur l’hypnose.

Pour cela, LAURENS (2017) souligne que le discours d’un patient est « porteur d’un

ensemble de représentations sociales ». L’exploration puis l’interprétation de ses

représentations a donc pour finalité de potentialiser et d’améliorer le soin par l’hypnose,

en faisant éventuellement évoluer ces représentations si ces dernières étaient

négatives.

Par ailleurs, le processus de construction des représentations est qualifié de dynamique,

puisqu’en constante évolution.

Page 23: dans la prise en soins

15

Ainsi, pour tenter de faire évoluer ces représentations, nous devons nous intéresser et

intervenir dans chacun des domaines qui participent à l’élaboration des représentations

du patient :

Figure 3 : Composantes de la construction d'une représentation

Pour terminer, AIT ABDELMALEK (2001) souligne que « les représentations sociales

sont le produit des actions et des relations humaines » mais nous pouvons également

suggérer qu’elles influent sur ces relations dont fait partie la relation de soin.

1.4.2. Relation thérapeutique

Selon FORMARIER (2007), les représentations, tant du thérapeute que du patient,

conditionnent leurs attentes en matière de soin et de ce fait, la relation thérapeutique qui

sera instaurée. Ce type de relation a la particularité de survenir dans un contexte de

maladie, de vulnérabilité. Le patient peut donc être dans l’attente, le besoin ou bien au

contraire, dans la résignation. La relation thérapeutique instaurée avec le patient vise

donc à personnaliser le soin en « [portant] de l’intérêt à son histoire, à sa vision des

choses, à ce qu’il vit au sein de l’établissement, à ses doutes, ses peurs comme ses

espoirs » et de veiller au « … respect de [ses] croyances » (BENOIT, 2017) avant de

pouvoir prétendre à l’apprentissage de techniques et à l’apport d’informations

thérapeutiques.

De ce fait, la relation thérapeutique vise tout d’abord à instaurer une alliance

thérapeutique entre le patient et le thérapeute à travers :

- « L’existence d’un lien relationnel conséquent ;

- Une collaboration qui repose sur une motivation commune ;

- Une relation de confiance » (BENOIT, 2017).

Page 24: dans la prise en soins

16

De plus, BENOIT (2017) indique que « la relation passe par le partage, par la

communication établie sur la confiance », mettant ainsi l’accent sur l’importance de la

communication dans la relation thérapeutique. Il peut être utile d’ajouter que cette

communication est « dès les premiers contacts, constituée par les représentations et les

croyances mutuelles des interlocuteurs sur les enjeux et les objectifs du dialogue »

(BLANCHET, 2010).

Selon la définition de MARC et PICARD (2015), « La communication interpersonnelle,

appelée aussi comportementale, se définit par l’échange de messages et de codes entre

deux individus ». Elle est donc à mettre en lien avec la relation thérapeutique, l’une et

l’autre étant interdépendantes. Cette association semble nécessaire en hypnose

thérapeutique pour que les effets de cette technique soient optimaux. Des étudiants de

l’école de Palo Alto qui ont, pendant plusieurs années, assisté à des séances données

par M. ERICKSON viennent confirmer cette hypothèse. En effet, l’hypnose instaurée par

M. ERICKSON accorde un grand intérêt à ces éléments et selon eux il « réussit parce

qu’il entretient de bonnes relations avec les patients. Et s’il a de bonnes relations c’est

parce qu’il a de bons outils de communication. » (AIM et KAHN, 2012). De plus, selon

ANGELI-LOCKERT (2007), « le thérapeute … met les « formes » grâce à une

communication d’influence très travaillée et précise, pour que son patient aille ou il

souhaite : vers la guérison ». La communication instaurée vise donc à augmenter

l’adhésion et la participation du patient dans sa rééducation (MICHAUX et al., 2007).

Les thérapies brèves, dont fait partie l’hypnose, sont donc « basées sur des techniques

de communication visant toutes à améliorer la relation pour mobiliser les ressources

personnelles du patient. » (AIM et KAHN, 2012).

Page 25: dans la prise en soins

17

Figure 4 : La relation thérapeutique

Dans cette relation interpersonnelle introduite par le soin, le thérapeute va ainsi induire

chez son patient des modifications. Elle serait en fait une forme de « relation

pédagogique […] qui consisterait en une transmission d’un « savoir soigner » qui doit

devenir un « savoir se soigner […] et à instaurer comme telle dès son origine »

(BARRIER, 2014). Selon ce principe, l’autonomie du patient est sollicitée.

Appliquée plus spécifiquement à l’hypnose, cette relation thérapeutique induit également

une relation d’aide entre le soignant et le soigné. En effet, d’après BIOY et MICHAUX

(2017), « l’hypnose s’inscrit avant tout dans une relation d’aide » où le thérapeute

apporte le soutien nécessaire à son patient afin qu’il puisse gagner en efficacité et en

bienfaits dans ses séances d’hypnose mais aussi dans sa rééducation. Par ailleurs, la

communication interpersonnelle appliquée en hypnose confirme l’idée de relation d’aide

puisqu’elle présente la particularité d’encourager, faciliter et soutenir le plus possible

l’expression du patient. Elle participe ainsi à la mise en place d’une forme de

« partenariat [qui] est placé au premier plan dans la relation de soin » (VINAS, 2017).

Page 26: dans la prise en soins

18

1.4.3. Place du patient dans le soin

Cette nouvelle forme de relation thérapeutique suit une approche biopsychosociale

du patient et le reconnaît comme pensant-agissant dans sa prise en soins. Elle induit de

ce fait une reconfiguration du système de soins qui devient davantage centré sur le

patient précisant ainsi son rôle dans sa rééducation.

PIERRON (2007) souligne le fait que « pendant longtemps le patient [n’a pas été] perçu

et conçu comme un acteur de soin ». Cette idée est reprise et approfondie par VINAS

(2017) : Dans son travail de recherche, elle rappelle les deux principaux modèles

historiques de la relation thérapeutique. Pour commencer, elle décrit le modèle

paternaliste où « le médecin est le seul à détenir le savoir ; il prend les décisions, en

respectant le principe de bienfaisance, pour le patient qui lui accorde sa confiance ». Ce

modèle a largement été suivi de l’Antiquité à la moitié de XXème siècle. A partir de cette

époque, une tendance sociétale valorisant l’autonomie du patient se développe. La

relation thérapeutique est alors qualifiée d’autonomiste. Ici, « le patient prend les

décisions concernant sa santé, [et] le médecin a un rôle de consultant, de prestataire de

service », ce qui transforme fondamentalement le système de santé. Le patient est alors

« devenu plus responsable et autonome face à ses soins [et tient] une place beaucoup

plus importante dans sa prise en charge thérapeutique. » Ce modèle prédomine encore

de nos jours.

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette évolution dans le modèle de soin. Pour

PALAZZOLO (1999), l’une d’entre elles serait que les patients souhaitent avoir plus

d’informations et d’explications sur leur maladie, le traitement et l’évolution probable de

leur état de santé. Ils sont donc de plus en plus impliqués dans leur rééducation. Le

patient n’est donc plus « un spectateur passif des décisions prises par les médecins : il

s’informe et devient un acteur du système de soins. ».

Par ailleurs, la chronicisation de certaines maladies joue aussi un rôle dans cette

évolution. Le patient chronique se trouve au centre de ses décisions thérapeutiques. De

plus, dans cette situation, la relation thérapeutique évolue : le patient étant parfois

expert, la place du thérapeute dans la prise en soins de son patient en est

modifiée. Selon GHADI et NAIDITCH (2000), « pour ces malades d’un type nouveau,

l’enjeu n’est plus de guérir mais de pouvoir aménager au mieux leur mode de vie pour

en améliorer la qualité. Ils apparaissent alors au moins aussi bien placés que les

médecins pour connaître leurs besoins et pour choisir entre plusieurs alternatives

thérapeutiques ».

Enfin, les différentes réformes de santé telles que la loi Santé promulguée le 4 mars

2002 relative aux droits des patients, ont grandement contribué à cette évolution. Elles

Page 27: dans la prise en soins

19

élargissent les droits des patients et les encouragent ainsi à s’investir davantage dans

leurs choix thérapeutiques et à s’orienter sur des techniques médicales plus adaptées à

leurs besoins. Cette loi place donc le patient au cœur du système de santé en le rendant

actif.

Comme témoin de cette nouvelle conception du soin, « l’expérience patient » peut être

abordée. D’après VINAS (2017), « l’expérience patient positive peut être définie comme

sa satisfaction concernant la personnalisation des soins, la qualité des relations, la

réactivité des professionnels à répondre à ses attentes ». Par cette définition, la notion

d’individualisation des soins est explicitée. En partant du principe que chaque patient,

chaque maladie, chaque histoire, chaque « expérience », sont singuliers, « il s’agit

maintenant de promouvoir une gestion individuelle de la santé, et donc une

responsabilisation accrue de l’individu face à sa santé (GHADI et NAIDITCH, 2000).

Mettre en place une rééducation différenciée et adaptée au patient mènerait donc à sa

responsabilisation. En effet, un patient concerné et engagé dans son soin, agirait de

manière plus responsable et serait davantage acteur de sa santé (VINAS, 2017). Tous

ces éléments concourent donc à encourager et à augmenter l’autonomie du patient dans

ses soins.

Au cours des soins d’hypnose thérapeutique, il s’agit donc pour le thérapeute de

s’adapter et de trouver les techniques correspondant le mieux à son patient afin

d’optimiser le soin d’hypnose et ses effets sur la rééducation.

Page 28: dans la prise en soins

20

2. METHODOLOGIE

« Expliciter la démarche, c’est justifier et légitimer la scientificité de son travail »

(CARDON, 2010)

2.1. Méthodologie de recueil d’informations préalables

La méthodologie adoptée pour cette partie du travail a été de croiser différentes

méthodes de recherche : théorique, enquête de terrain et expérientielle.

Pour commencer, les premières informations ont été obtenues de manière théorique en

consultant plusieurs bases de données afin de traiter divers types de documents (livres,

articles, mémoires, revues de littérature, études…). Ce procédé a permis de recueillir

des informations de validité, de fiabilité et de pertinence différentes et de les croiser par

la suite afin de déterminer lesquelles étaient les plus appropriées en vue de notre

recherche. Pour étayer le contexte du mémoire, les catalogues du CRPD, de Askoria et

de la BU de santé de Rennes 1 mais également les bases de données CAIRN et

Cochrane ont été respectivement consultés. Pour ce travail, les bases de données

Pubmed ou PEDro n’étaient pas nécessairement adaptées mais elles ont permis de

trouver des revues de littérature ou des études pouvant appuyer les idées déjà

introduites mais aussi de fournir des données scientifiques validées et actuelles.

Par ailleurs, afin de donner une légitimité empirique à la littérature scientifique, il

paraissait essentiel de réaliser une enquête de terrain en rencontrant des professionnels

de santé. Les échanges que nous avons pu avoir sur leur pratique en tant

qu’hypnothérapeutes mais aussi les informations recueillies, plus proches de la réalité

de terrain du fait de leurs expériences et de leurs connaissances, ont été d’une grande

utilité dans la première partie de ce travail.

Pour réellement établir un lien entre l’hypnose thérapeutique et la kinésithérapie, les

recherches de contact se sont limitées à des kinésithérapeutes pratiquant l’hypnose

durant leurs soins. Ainsi, plusieurs rencontres ont eu lieu avec 3 professionnelles

répondant à ce critère et exerçant dans différents centres de rééducation. Ces échanges

ont renforcé l’intérêt porté au thème du mémoire et ont grandement contribué au choix

de l’axe de recherche.

Page 29: dans la prise en soins

21

Concernant l’expérientiel, il semblait difficile de réaliser un mémoire de recherche sur

l’hypnose sans l’avoir expérimenté moi-même au cours d’une séance. La séance, alors

réalisée auprès d’un hypnothérapeute, s’est divisée en deux temps :

- un premier temps où nous avons pu échanger sur les principes de l’hypnose et

identifier mes propres représentations sur l’hypnose.

- un second temps où j’ai pu expérimenter les effets de l’hypnose, notamment

antalgiques.

Avant d’entreprendre ce travail de recherche, j’ai donc pu m’interroger sur mes

représentations, ce qui garantit une certaine objectivité.

Enfin, les ressources humaines d’Emergences, un institut de formation et de recherche

en hypnose et communication thérapeutique, ont été contactées pour leur proposer mon

aide en tant que bénévole lors d’un congrès qui a eu lieu du 14 au 16 juin 2018 à Saint-

Malo. Cette démarche m’a permis, sur la journée du samedi 16 juin, d’assister à

plusieurs conférences sur différents thèmes en lien avec l’hypnose et d’échanger avec

des professionnels de santé notamment sur la place du patient dans le soin par hypnose

thérapeutique.

2.2. Méthodologie de l’outil de recherche : L’entretien

2.1.1. Choix de l’outil de recherche

Pour ce mémoire, le travail de recherche s’est déroulé sous la forme d’enquête.

Selon CARDON (2010), « l’intérêt des enquêtes qualitatives est de gagner en

profondeur, de restituer les logiques des conduites et des discours de manière plus

approfondie […] et de rendre compte de la complexité du réel » ce qui correspond aux

objectifs de la problématique choisie. Par ailleurs, la recherche par enquêtes suit bien

« une démarche scientifique, méthodologique qui consiste à s’interroger sur l’origine et

le sens d’un fait social particulier » (CARDON, 2010).

Le recueil des données durant les enquêtes se faisant soit par entretien soit par

questionnaire, il a fallu sélectionner un outil. Face au petit nombre de patients et en vue

de la problématique, il paraissait ainsi plus pertinent d’opter pour l’entretien.

La recherche par entretien est une méthode qualitative. C’est « un outil à la fois de

recherche et de production d’information » (BLANCHET et al., 2010). Tout d’abord de

recherche, puisqu’en effet il permet de collecter des informations et de recueillir des

témoignages afin de répondre à la problématique de recherche. Puis de production

d’information puisque les données obtenues à l’oral constituent la base de travail pour

l’analyse.

Page 30: dans la prise en soins

22

Plus précisément, il s’agit d’un « (…) dispositif par lequel une personne A favorise la

production d’un discours d’une personne B pour obtenir des informations inscrites dans

la biographie de B » (LABOV et FANSHEL, 1977). Ici, « le terme biographie souligne le

caractère vécu de l’information recueillie par opposition à une information recueillie en

direct sur un évènement, au moment même de l’évènement, et qui serait restituée sans

avoir été préalablement assimilée et subjectivée » (BLANCHET et al., 2010).

Dans la mesure où « les entretiens permettent de faire émerger les articulations logiques

qui relient tous les éléments , ainsi que la place de ces éléments dans les contextes

sociaux dans lesquels ils sont produits » (GOTMAN, 2005), nous comprenons

parfaitement son recours dans la recherche mise en place en vue de la problématique

définie.

2.2.2. Mise en lien avec la problématique

De par la formulation de la problématique, le modèle suivi est dit

« phénoménologique » : en proposant d’étudier les représentations personnelles du

patient, la démarche de recherche met l’accent sur son expérience vécue.

Or, l’entretien « se révèle [être] un outil indispensable et irremplaçable pour accéder aux

informations subjectives des individus, à leur biographie, à leurs représentations

personnelles sur tel ou tel problème » et « constitue l’un des meilleurs moyens pour

accéder aux représentations subjectives » (CHAHRAOUI, 2013). Dans la même idée,

l’entretien va encourager chez le patient la production d’un discours « porteur d’un

ensemble de représentations sociales » (BLANCHET et al., 2010) et « est l’instrument

privilégié de l’exploration des faits dont la parole est le vecteur principal » (GOTMAN,

2005). Rappelons que ce que GOTMAN appelle « les faits » concernent plus

explicitement les systèmes de représentations composés de pensées construites de

faits expériencés à travers les pratiques sociales. Ainsi, « de manière générale,

l’entretien permet de mettre au jour des représentations (individuelles, sociales), des

comportements, et des pratiques » (CARDON, 2010).

Plusieurs auteurs s’accordent donc à dire que l’entretien est l’outil de recherche le plus

adapté pour avoir accès au raisonnement personnel et subjectif des patients en les

encourageant à exprimer leurs représentations. Nous comprenons dès lors son recours

dans ce travail de recherche.

Pour terminer, « l’analyse des représentations sociales se prête à cette méthode de

recherche, particulièrement quand ces recherches ont trait à l’étude des opinions, des

attitudes, de façon à pouvoir, par la suite, les relier entre elles et leur conférer un sens

plus général » (AIT ABDELMALEK, 2001).

Page 31: dans la prise en soins

23

Rappelons que dans son intitulé, la problématique propose d’étudier la place que le

patient accorde à la pratique du thérapeute dans l’évolution de ses représentations sur

l’hypnose pour éventuellement, à l’issue de l’analyse, pouvoir mettre en avant des idées

d’améliorations de la part du thérapeute pour optimiser ce soin. Ainsi, « les entretiens

individuels menés sur des patients contribuent, en exprimant leurs représentations et

leurs attentes, à améliorer la qualité du service » (BENOIT, 2017).

2.2.3. Place du chercheur en entretien

La place que le chercheur occupe durant l’entretien est d’une importance cruciale.

En effet, pour venir compléter les informations ci-dessus, l’entretien « mobilise un certain

nombre d’attitudes, de mouvements psychiques, d’affects, de représentations, de

comportements – tant chez le clinicien que chez le sujet lui-même […] qui sont aussi

importants que la conversation elle-même et qui orientent l’entretien, parfois à l’insu des

protagonistes » (CHAHRAOUI, 2013). Nous comprenons donc que le chercheur tient

également un rôle dans les échanges mais aussi dans la manière dont va se dérouler

l’entretien, ce qui bien entendu, aura une incidence sur le recueil des données et donc

sur les résultats.

Le discours produit lors d’un entretien étant considéré « comme une séquence verbale

dans laquelle un sujet fournit à quelqu’un d’autre sa représentation et sa position à

l’égard des faits » (BLANCHET et al., 2010), il est donc soumis à l’interprétation

subjective de celui qui le reçoit. En effet, dans cette recherche, l’objectif de l’entretien

est d’amener le patient à verbaliser ses propres représentations selon les thèmes

évoqués mais c’est bien l’interprétation subjective du chercheur, façonnée aussi en

fonction de ses propres représentations et croyances, qui influencera la conduite et le

déroulement de l’entretien. Il faut donc veiller à la posture adoptée durant les entretiens

pour éviter au maximum les répercussions des interventions et interprétations

subjectives du chercheur dans les résultats de recherche.

D’autre part, « l’entretien de recherche vise la production par B d’un discours continu sur

un thème donné, ce qui n’est possible que si A s’abstient de poser ses questions »

(BLANCHET et al., 2010) ce qui conditionnera le type d’entretien.

Page 32: dans la prise en soins

24

2.2.4. Type d’entretien : L’entretien semi-directif

L’objectif de l’entretien est tout d’abord de répondre aux hypothèses de recherche

mais aussi d’obtenir des données permettant de répondre, après analyse, à la

problématique prédéfinie. L’objectif est donc « non thérapeutique , ni diagnostique, mais

il vise à l’accroissement des connaissances dans un domaine particulier choisi par le

chercheur » (CHAHRAOUI, 2013). D’où la nécessité de déterminer en amont, les

thèmes et sous-thèmes qui seront abordés lors de l’entretien. Le style de conduite mené

lors de l’entretien est donc de l’ordre du semi-directif.

Ce type d’entretien est composé d’une partie dite « directive », puisque le choix du

thème est imposé au patient, et d’une partie dite « non directive » dans la mesure où le

contenu et l’évolution de l’entretien mais également les différentes réorientations et

interventions du chercheur ne sont pas prévues à l’avance. Ainsi, le degré de liberté

laissé au patient durant l’entretien est intermédiaire puis qu’il est guidé, par différentes

interventions du chercheur, à s’exprimer librement mais dans un thème/sous-thème

défini.

Dans ce type d’entretien, l’objectif du chercheur est de mettre en place une dynamique

conversationnelle qui vise à « déclencher une dynamique de conversation plus riche

que la simple réponse aux questions, tout en restant dans le thème » (KAUFMANN,

2008). De plus, la communication adoptée est non linéaire et permet des réorientations

lorsque l’échange avec le patient s’écarte trop du thème de l’entretien. Pour cela, le

chercheur dispose de techniques d’interventions (ex : relance, reformulation…) qui selon

BLANCHET (2010) « guident de manière implicite le discours du sujet vers la réponse

aux hypothèses du clinicien non formulées au patient ».

Les avantages qu’offre ce type d’entretien sont multiples. Il permet en tant que chercheur

de recueillir des données visant à une meilleure représentation du ressenti du patient en

lui offrant une liberté d’expression qui ne serait pas possible dans l’entretien directif. De

plus, en opposition avec l’entretien libre où les informations recueillies ne sont pas

toujours toutes de qualité et significatives pour la question de recherche, le temps de

recueil est plus court facilitant ainsi la retranscription et le traitement des données

obtenues (GOTMAN, 2005). Par ailleurs, la possibilité pour le chercheur d’intervenir et

de réorienter le patient sur la problématique permet de garder un contrôle relatif sur

l’entretien et augmente ainsi la qualité et la pertinence des informations recueillies dans

la mesure où elles sont davantage en lien avec le thème initial de l’entretien. Les

données alors recueillies contribueront à une analyse d’autant plus qualitative.

Page 33: dans la prise en soins

25

Le résultat de ce type d’entretien est la production d’un discours non linéaire du patient

ponctué d’interventions du chercheur qui du fait de la liberté d’expression qui lui est

laissée reflétera davantage ses représentations.

2.2.5. Conception du guide d’entretien

Avant de réaliser un entretien semi-directif, la méthode prescrit de réaliser un guide

d’entretien. Ce travail préliminaire vise à déterminer une trame à suivre au cours de

l’entretien et à justifier de la logique interne des éléments présents. L’objectif étant de

faciliter et fluidifier la communication, il s’agit d’établir un plan précis et détaillé.

Pour ce travail, un guide sous forme de tableau a donc été réalisé (Cf ANNEXE 1). Les

thèmes et sous-thèmes définis y sont hiérarchisés, des plus généraux au plus précis. Un

intérêt particulier a été porté à la cohérence de l’enchaînement des thèmes abordés, le

risque étant, dans le cas contraire, une rupture de l’attention du patient. Pour faciliter les

interventions du chercheur, quelques questions y sont même directement formulées.

En amont du premier entretien de recherche, il a été intéressant de tester le guide

d’entretien sur une personne ne faisant pas parti de l’étude pour s’assurer de la

compréhension et cohérence des questions. De plus, cette phase d’entraînement a

permis de mieux gérer la durée de l’entretien et de le rendre plus fluide mais aussi d’être

plus spontané dans la manière de poser les questions ou de rediriger le patient. Ce test

a également contribué à améliorer la qualité des entretiens réalisés auprès des patients

en déclenchant une bonne dynamique de communication basée sur des questions

ouvertes, reformulations, écoute active…

2.2.6. Ethique de la recherche

Pour respecter le code éthique de la recherche impliquant des patients (QUINTIN,

2017), nous devons répondre à certaines prérogatives.

Pour commencer, cette recherche s’inscrit au sein d’une Procédure Interne d’Ethique

dans la Recherche Etudiante définie par l’IFPEK dont nous nous engageons par écrit à

respecter les règles. Dans notre cas, ce travail renvoie au domaine des sciences

humaines et sociales et s’inscrit en dehors de la loi Jardé. Il n’est donc pas soumis à une

consultation du Comité de Protection des Personnes (CPP). Il a néanmoins été demandé

au patient de remplir un formulaire de consentement nous donnant l’autorisation de

l’enregistrer durant l’entretien et d’exploiter les données recueillies. Le patient a

également été averti du caractère anonyme du partage de ces données au sein du

mémoire et du fait que comme tout professionnel de santé, nous sommes soumis au

secret médical.

Page 34: dans la prise en soins

26

Au niveau du déroulé de l’entretien, une attention particulière a été accordée au contenu,

au choix des questions et des interventions afin de ne pas heurter le patient, de ne pas

lui nuire ou lui porter préjudice. De plus, « l’éthique [s’appuie] aussi sur une attitude

générale du chercheur qui doit être respectueuse, neutre, empathique, bienfaisante,

juste, équitable et aussi rigoureuse sur le plan scientifique » (CHAHRAOUI, 2013). Nous

avons donc veillé à adopter une attitude adéquate sur l’ensemble des entretiens.

Dans la mesure où la kinésithérapeute-hypnothérapeute en charge des patients a

souhaité avoir un retour sur les séances menées et qu’elle lira le mémoire à l’issu de ce

travail, il a semblé judicieux de lui transmettre la retranscription des entretiens. Pour cela,

l’accord de chacun des patients a été donné.

2.3. Méthodologie de l’analyse des données de recherche

2.3.1. Retranscription des entretiens

Par souci d’optimisation de la retranscription, nous avons fait le choix d’enregistrer

uniquement la partie détaillée dans le guide d’entretien. Les entretiens menés ont ainsi

fourni un certain nombre d’informations qualitatives qu’il a fallu analyser de manière

méthodique. A partir des retranscriptions, la méthode d’analyse de contenu a pu être

réalisée.

La retranscription est donc d’une importance cruciale et est, de ce fait, soumise à

quelques règles. Pour commencer, l’anonymat des patients est préservé. Les prénoms

des thérapeutes dont parlent les patients ont été modifiés. De plus, la retranscription met

en évidence les particularités orales : périodes de silence, hésitations, rires…, de

manière à ce que l’entretien retranscrit soit le plus proche de la réalité.

Par ailleurs, effectuer les retranscriptions a permis de faire un premier repérage du

contenu des entretiens en identifiant les premières idées fortes qui ressortaient mais

aussi en repérant les thèmes et sous-thèmes qui allaient pouvoir être définis pour

l’analyse.

2.3.2. Description du mode d’analyse sélectionné

L’objectif de l’analyse étant de « faire parler le texte » et de « sélectionner et [d’]

extraire les données susceptibles de permettre la confrontation des hypothèses au fait

» (GOTMAN 2005), nous nous devons de sélectionner un mode d’analyse en adéquation

avec la problématique.

Page 35: dans la prise en soins

27

A l’issue de la retranscription et au vu du verbal déjà riche en informations, nous avons

volontairement écarté l’analyse du non verbal et du paraverbal. Ainsi nous avons pu

nous concentrer sur un seul mode d’analyse.

Nous avons donc choisi de réaliser l’analyse des données en suivant les principes de

l’analyse thématique. Sa particularité est de « découper transversalement le corpus.

L’unité de découpage est le thème qui représente un fragment de discours. Chaque

thème est défini par une grille d’analyse élaborée empiriquement. Le mode de

découpage est stable d’un entretien à l’autre » (GOTMAN, 2005). Elle se caractérise

donc par une démarche structuraliste de catégorisation où la première étape est de faire

un inventaire en isolant les éléments de chaque entretien. Puis, dans un second temps,

ces éléments sont soumis à une classification organisée par thèmes et sous-thèmes. «

Classer des éléments en catégories impose de rechercher ce que chacun d’eux a de

commun avec d’autres. C’est la partie commune entre eux qui permet leur regroupement

» (BARDIN, 2007). En effet, cette classification permet de dégager des éléments

pertinents dans les discours des patients pour ensuite les mettre en lien et répondre ainsi

à la problématique. La récurrence des thèmes et des sous-thèmes dans l’ensemble des

entretiens est un critère qualitatif puisqu’il signifie que la classification a été établie sur

un ensemble et non sur un seul entretien. L’objectif est de rechercher une « unité de

sens dans chaque entretien qui correspond à des thèmes et sous-thèmes » (CARDON,

2010) et contribue à créer une cohérence thématique inter-entretiens. Bien que des

thèmes et sous-thèmes soient définis, il n’y a pas de hiérarchie établie dans l’analyse

des données car « l’ensemble des thèmes d’analyse sert de support à l’analyse des

discours produits » (CARDON, 2010). Chaque thème est donc analysé de la même

manière et avec la même importance.

Cependant, cette classification a été critiquée car trop soumise à la subjectivité du

chercheur. En effet, « dans tous les cas, on observe que l’information extraite par A n’est

pas identique à l’information donnée par B. L’opération d’extraction suppose une activité

de A d’analyse et d’interprétation » (BLANCHET et al., 2010).

Page 36: dans la prise en soins

28

2.3.3. Augmenter la qualité de l’analyse

Ainsi, pour que notre analyse soit la plus qualitative possible, il faut veiller à sa

pertinence, à sa validité et à sa fiabilité.

Selon ROEGIERS et DE KETELE (2009), ces trois notions sont définies comme suit :

-« La pertinence est le caractère plus ou moins approprié, qui s’inscrit dans la ligne de

l’objectif visé ».

➔ Pour cela, l’information produite par l’analyse doit être suffisante, accessible et

en adéquation avec la problématique posée.

-« La validité est le degré d’adéquation entre ce que l’on veut faire (évaluer ou recueillir

de l’information) et ce que l’on fait réellement ».

➔ En définissant, les objectifs de la problématique en amont puis en les comparant

avec les résultats obtenus, nous pouvons juger de la validité de notre

méthodologie, particulièrement celle adoptée pour l’analyse.

-« La fiabilité est une qualité qui consiste à trouver les mêmes résultats, soit chez des

personnes différentes, soit chez une même personne à des moments différents, soit par

une nouvelle personne, par rapport à un protocole défini, etc.».

➔ Différentes techniques existent pour renforcer cette fiabilité notamment pour la

catégorisation de l’analyse thématique. Nous en décrirons une par la suite.

Ensuite, dans la mesure où l’analyse conditionne l’interprétation des résultats, le respect

de ces notions s’applique également à la construction de la grille d’analyse. Dans ce

procédé, il est donc important de veiller au respect de différents critères qui selon AIT

ABDELMALEK (2001) « peuvent servir à estimer la qualité de l’énoncé d’une

catégorie » :

➢ Critère d’exclusion mutuelle (ou critère d’univocité) : un élément d’information ne

peut entrer que dans une seule catégorie à la fois.

➢ Critère d’homogénéité : même niveau d’analyse pour l’organisation d’une

catégorie.

➢ Critère de pertinence : reflète la relation de pertinence entre les hypothèses de

recherche et la détermination des catégories.

➢ Critère de productivité : permet de produire du sens à l’issue de l’étude à partir

du codage.

D’autre part, face à la subjectivité de la classification de l’analyse thématique, le «

chercheur doit toujours être en éveil et maintenir une distance critique par rapport aux

propos tenus » (DORTIER 2015).

Page 37: dans la prise en soins

29

2.4. Cadre de la recherche

Pour obtenir un échantillon de patients correspondant à la recherche menée, différents

centres de rééducation en Bretagne ont été contactés pour être terrain de recherche. En

effet, dans chacun de ces centres, l’hypnose thérapeutique fait partie des traitements

proposés au patient. N’ayant pas eu de réponse de l’un d’entre eux, les recherches n’ont

eu lieu que sur un seul centre de rééducation. Le mode d’accès aux patients a donc été

indirect et s’est fait via une institution. Utiliser des relais institutionnels pour obtenir les

sujets fournissant les données nécessaires à la recherche a été plus pratique et a

permis, dans le cas de ce mémoire, de mieux répondre à la problématique. Par ailleurs,

la demande étant à l’initiative du chercheur, il a fallu justifier auprès du centre de

rééducation de l’intérêt et de la méthodologie de la démarche suivie dans la mesure où

l’intérêt de la recherche n’est immédiat ni pour le patient ni pour le thérapeute.

2.4.1. Présentation du terrain de recherche

Le recueil des données de recherche s’est donc réalisé en Bretagne, dans un centre

spécialisé dans la rééducation et la réadaptation de patients présentant des pathologies

neurologiques ou traumatiques. L’hypnose y est utilisée depuis environ 9 ans par les

kinésithérapeutes ou les psychologues. Jusqu’en 2017, il y avait 2 kinésithérapeutes

formées à l’hypnose ; désormais une seule kinésithérapeute assure les soins d’hypnose

auprès des patients. Une salle spéciale est prévue à cet effet.

En kinésithérapie, l’hypnose y est pratiquée comme thérapie complémentaire lorsqu’une

douleur persiste ou lorsque le patient présente d’importantes limitations articulaires par

exemple. En fonction des besoins du patient ou de son avancée dans sa rééducation,

les séances d’hypnose sont hebdomadaires ou bi-mensuelles. La décision de la

proposer au patient dans sa prise en soins est pluriprofessionnelle et est soumise à la

prescription du médecin. La demande peut aussi émaner des autres kinésithérapeutes

ou professionnels de santé, ou du patient lui-même. Les patients sont avertis à leur

admission des différents traitements proposés au centre dont fait partie l’hypnose.

2.4.2. Choix de l’échantillon : Critères d’inclusion et d’exclusion

« Définir la population, c’est sélectionner les catégories de personnes que l’on veut

interroger et à quel titre ; déterminer les acteurs dont on estime qu’ils sont en position de

produire des réponses aux questions que l’on se pose » (GOTMAN, 2005).

Page 38: dans la prise en soins

30

Le choix de l’échantillon sur lequel les recherches ont été menées a été d’une

importance cruciale dans la mesure où il a conditionné les réponses à la problématique

de ce travail.

Les critères d’inclusion à la recherche étaient donc les suivants :

- Patient adulte ayant une prise en soins complète ou partielle au centre de

rééducation (Hospitalisation Complète ou Hospitalisation de Jour) ;

- Patient bénéficiant ou ayant bénéficié de soin d’hypnose thérapeutique avec un

kinésithérapeute-hypnothérapeute du centre ;

- Patient pratiquant l’autohypnose ;

→ Indicateur de l’implication du patient et de l’évolution de sa représentation de

l’hypnose.

- Patient acceptant de participer à la recherche.

Les critères d’exclusion étaient les suivants :

- Patient ayant eu moins de 4 séances d’hypnose thérapeutique ;

→ Recul insuffisant pour aborder l’évolution de leurs représentations.

- Patient pour lesquels le kinésithérapeute-hypnothérapeute a stoppé les séances

d’hypnose, quelques qu’en soient les raisons ;

- Patient présentant un éventuel handicap qui limiterait sa communication verbale.

En ce qui concerne les pathologies dont sont atteints les patients, aucun critère

particulier n’a été défini puisque l’étude se concentre sur les représentations du patient

sur l'hypnose et non sur les effets obtenus dans le traitement de diverses pathologies.

2.4.3. Modalités de passation des entretiens

En amont des entretiens, nous avons tout d’abord sollicité le cadre de rééducation

afin d’obtenir son accord pour réaliser notre recherche auprès de patients du centre.

De plus, plusieurs auteurs soulignent l’importance de « bien prendre en compte la

situation sociale de la personne interrogée et le contexte social » (CARDON, 2010) en

insistant sur le fait qu’

« il est fondamental que le clinicien ait, d’une part, une connaissance des

organisations psychiques normales et pathologiques, et qu’il prenne en compte,

d’autre part, le fait que la personnalité pathologique mobilise et oriente [la

rencontre] de façon spécifique » (CHAHRAOUI, 2013).

Nous avons donc demandé l’autorisation de consulter les dossiers médicaux des

patients inclus dans la recherche.

Page 39: dans la prise en soins

31

D’autres part, afin de limiter les biais possibles, la méthodologie prescrit de suivre un

déroulement commun à l’ensemble des entretiens. Nous avons donc veillé au respect

de cette recommandation lors de nos rencontres avec les patients.

Figure 5 : Déroulement de la rencontre avec le patient

Page 40: dans la prise en soins

32

3. RESULTATS & ANALYSE

3.1. Mise en place du recueil des données

Le processus de recueil des données s’est déroulé en plusieurs étapes.

Nous nous sommes tout d’abord concertés avec la kinésithérapeute-hypnothérapeute

du centre pour sélectionner les patients répondant aux critères d’inclusion et pouvant

donc être intégrés dans la recherche. Sur la période à laquelle ce travail a été effectué,

peu de patients avaient des séances d’hypnose dans leur rééducation et peu d’entre eux

répondaient aux critères.

Nous avons ensuite consulté les dossiers médicaux des patients sélectionnés. Des

informations sur leur contexte personnel, social ou encore professionnel mais aussi sur

l’histoire de leur pathologie et de leur prise en soins ont ainsi pu être récoltées puis

répertoriées (Cf ANNEXE 2).

Suite à un problème de santé, un des patients n’a pas pu participer à la recherche. Le

recueil de données s’est donc réalisé auprès de 3 patients

De plus, un pré-entretien a été réalisé auprès de la kinésithérapeute-hypnothérapeute

du centre afin de s’entraîner notamment au niveau des interventions mais aussi dans le

but d’avoir un retour et des conseils pour améliorer la posture à adopter pendant les

entretiens avec les patients. L’objectif était d’apprendre à se positionner en tant que

« chercheur » et à ne pas prendre parti ou orienter les réponses du patient interrogé.

Cet entretien n’a pas été analysé.

Figure 6 : Processus de recueil des données de recherche

4 patients sélectionnés

> consultation des dossiers médicaux

3 entretiens programmés

3 entretiens menés(durées : entre 27 et 36 min)

+ 1 pré- entretien auprès du thérapeute

Page 41: dans la prise en soins

33

3.2. Préparation de l’analyse

3.2.1. Construction d’une grille d’analyse

L’analyse thématique des données de recherche s’est, elle aussi, déroulée en

plusieurs étapes.

Pour commencer, puisque les informations recueillies « ne peuvent être comprises

qu’en référence au sujet lui- même » (CHAHRAOUI, 2013), chaque entretien a été

analysé séparément. La lecture des trois retranscriptions d’entretiens et l’identification

des différents thèmes et sous-thèmes développés ont conduit à la construction d’une

grille d’analyse unique pour l’ensemble des entretiens :

THEMES Sous-thèmes

Mise en place de l'hypnose dans la

prise en soins

Présentation des patients (Cf ANNEXE 2)

Motifs du recours à l'hypnose

Evolution des représentations du

patient sur l'hypnose

Connaissances et ressenti sur l'hypnose AVANT le début des

séances

Ressenti ACTUEL par rapport à l'hypnose

Raisons de l'évolution des représentations

Place et pratique du thérapeute

Relation avec le thérapeute

Qualités du thérapeute

Aide du thérapeute

Individualisation du soin

Effets de la pratique de l'hypnose

dans la rééducation

Bénéfices de l'hypnose

Autonomie du patient

Lien avec la rééducation

Tableau 1 : Grille d'analyse

Notons que les thèmes et sous-thèmes définis dans la grille d’analyse ne correspondent

pas nécessairement à ceux définis dans le guide d’entretien.

La mise en place de cet outil permet d’étudier les entretiens de manière structurelle :

l’analyse s’est faite entretien par entretien puis thème par thème. En effet, la grille

d’analyse élaborée met en évidence les thèmes principaux et secondaires bien qu’il n’y

ait pas de hiérarchisation dans l’analyse des données. L’objectif est de décomposer au

maximum l’information en gardant une certaine logique.

Dans un second temps, nous avons donc effectué la catégorisation des données

obtenues lors des entretiens en fonction des thèmes et sous-thèmes définis par la grille

d’analyse (Cf ANNEXE 3). Ces données sont désignées par le terme « indicateur ».

Page 42: dans la prise en soins

34

Tableau 2 : Extrait du tableau de catégorisation des données de recherche (Annexe 3)

Puis, en regroupant les résultats de la catégorisation des 3 entretiens, nous avons pu

initier l’analyse thématique croisée qui correspond à une interprétation, à une

classification et à un dénombrement des indicateurs.

Tableau 3 : Extrait du tableau d'analyse thématique croisée (Annexe 4)

D’autre part, pour faciliter le traitement des données, les grilles d’analyses ont été

réalisées sous forme de tableau avec le logiciel Excel. Cette mise en forme facilite

l’analyse des différences, divergences, et convergences entre les discours des patients

puisque « l’observation de la succession des propositions met en évidence des relations,

des modes de raisonnement » (BARDIN, 2007) pour permettre par la suite de dégager

une tendance entre les 3 entretiens.

Page 43: dans la prise en soins

35

Figure 7 : Récapitulatif de l'analyse des résultats

3.2.2. Méthode des juges

Lors de l’analyse des données, la catégorisation est soumise au choix d’interprétation

du chercheur. Elle constitue pourtant un élément prépondérant puisqu’elle conditionne

par la suite l’analyse puis l’interprétation des résultats. Il est donc intéressant d’avoir un

avis extérieur sur la catégorisation réalisée.

La méthode des juges a ainsi été adoptée afin de renforcer la fiabilité de la

catégorisation. Cette technique vise à « expérimenter la pertinence des catégories

retenues a priori en les confrontant au jugement d’autres personnes » (AIT

ABDELMALEK, 2001). L’objectif de cette méthode des juges est qu’« à l’issue de

l’expérimentation, les codeurs [aboutissent] à des résultats similaires. Ceci voudra dire

que les catégories retenues ne sont pas équivoques, et que le classement des

informations ne devrait pas poser de difficultés majeures » (AIT ABDELMALEK, 2001).

Ainsi, en couplant l’interprétation, on limite l’aspect subjectif de la catégorisation.

Pour ce travail, l’avis d’un camarade a été sollicité. Ce couplage d’interprétations des

données permet d’avoir un autre regard sur l’analyse réalisée et d’effectuer quelques

modifications si besoin, augmentant ainsi la qualité de ce mémoire de recherche.

Page 44: dans la prise en soins

36

3.3. Interprétation des données de recherche

L’analyse approfondie des tableaux de catégorisation et d’analyse thématique croisée

(Cf ANNEXES 3 et 4) correspond en réalité à une interprétation des données de

recherche. En outre, la classification, la catégorisation puis l’interprétation des

indicateurs réalisées lors de cette analyse ont permis de leur donner du sens et de fournir

des éléments de réponse à la problématique posée. Pour CARDON (2010), l’analyse

des données recueillies lors des entretiens permet de « repérer les comportements

sociaux et les représentations » ce qui correspond également aux objectifs posés.

Nous verrons donc dans cette partie comment l’analyse et la mise en relation des

indicateurs entre eux, selon les différents thèmes et sous-thèmes définis par la grille

d’analyse, nous ont permis d’initier une réponse à notre problématique.

Pour commencer, nous nous sommes intéressés à la mise en place de l’hypnose dans

la rééducation du patient.

Malgré le fait que leur pathologie, leur âge ou leur contexte social soient différents (Cf

ANNEXE 2), les patients s’accordent sur les motifs du recours à l’hypnose durant leurs

soins. Ainsi, l’hypnose est utilisée pour « avoir moins mal » (Cf ANNEXE 5, l.78),

« enlever cette douleur » (Cf ANNEXE 6, l.40) ou bien « pour la gestion des douleurs »

(Cf ANNEXE 7, ll.4-6). Deux patients voient également dans l’hypnose une alternative à

la prise de médicaments en exprimant leur volonté de vouloir « un peu laisser les

médicaments de côté » (Cf ANNEXE 7, l.10). Enfin, pour une patiente l’hypnose dans le

soin serait également un moyen pour « [l’] aider à travailler » (Cf ANNEXE 5, l.5)

Figure 8 : Composantes thématiques des motifs du recours à l'hypnose

Page 45: dans la prise en soins

37

Ensuite, nous nous sommes penchés sur l’évolution des représentations du patient sur

l’hypnose.

Avant le début des séances d’hypnose, l’ensemble des patients savait que cette

technique était appliquée dans le domaine médical, notamment pendant les opérations.

Ils avaient également quelques connaissances générales notamment sur la réceptivité

ou l’état d’esprit qu’il faut avoir pour favoriser la réussite des séances d’hypnose.

Cependant, deux d’entre eux présentaient des a priori et se disaient « sceptiques » (Cf

ANNEXE 5, l.131 et ANNEXE 6, l.8 et l.23 ). Pour eux, l’hypnose se référait à des

anciennes techniques avec le pendule ou bien à ce qu’on peut voir actuellement à la

télévision et ils ne « [voyaient] pas quelque chose qui pourrait aboutir et enlever

réellement les douleurs » (Cf ANNEXE 6, l.10). La dernière patiente n’avait, quant à elle,

pas d’ a priori et avait déjà pratiqué l’autohypnose durant sa grossesse.

Après plusieurs séances et parfois à distance de leur traitement, nous constatons que

pour les deux patients sceptiques, leur ressenti sur l’hypnose a changé : « je suis ravie »

(Cf ANNEXE 5, l.390), « je trouvais ça vraiment très très bien » (Cf ANNEXE 6, l.135).

Nous avons donc interrogé ces patients sur ce qui, selon eux, avait permis de faire

évoluer leurs représentations. Ce qui ressort majoritairement de l’analyse des données

est que les patients perçoivent désormais des effets positifs du recours à l’hypnose dans

leur rééducation. Pour les patients, « c’est le fait de se rendre compte que ça fonctionne

qui a permis l’évolution » (Cf ANNEXE 6, ll.154-155). De plus, ils ont acquis de nouvelles

connaissances et se sont rendu compte « qu’il y avait plusieurs formes d’hypnose » (Cf

ANNEXE 5, ll.168-169) et « que ce n’était pas comme ce qu’on pouvait voir à la télé »

(Cf ANNEXE 6, ll.57-58).

Après les séances, les représentations des patients ont donc évolué leur permettant

ainsi d’avoir un intérêt pour la pratique de l’hypnose durant leur prise en soins : « ça m’a

vraiment tout de suite intéressée » (Cf ANNEXE 5, ll.9-10), « c’était vraiment

intéressant » (Cf ANNEXE 6, l.59).

Figure 9 : Composantes thématiques des raisons de l'évolution des représentations

Page 46: dans la prise en soins

38

Nous allons maintenant nous intéresser plus particulièrement à la place que tient le

kinésithérapeute-hypnothérapeute dans l’évolution des représentations du patient sur

l’hypnose. Pour rappel, nous étions partis avec l’hypothèse que sa pratique contribuait

à cette évolution. Nous pourrions donc faire le lien avec le paragraphe précédent en se

demandant par quels moyens le thérapeute participerait à l’induction des effets positifs

perçus par le patient.

Tout d’abord, les patients évoquent à l’unanimité une relation très forte avec leur

thérapeute, qui va parfois jusqu’à devenir pour une patiente, une « relation amicale » (Cf

ANNEXE 5, l.12) Pour le second, il s’agit davantage d’une « relation de confiance » (Cf

ANNEXE 6, ll.188-189). Ces caractéristiques de la relation thérapeutique établie

permettent donc d’instaurer une alliance thérapeutique et un cadre de soin propices au

bon déroulement et bénéfices des séances d’hypnose : « ça fonctionne très bien avec

Yaëlle* et je suis contente que ce soit elle et pas quelqu’un d’autre » (Cf ANNEXE 7,

ll.287-288). Cela induit également que la communication interpersonnelle en est

améliorée. Deux patientes parlent ainsi d’ « échanges » : « on a beaucoup parlé,

beaucoup échangé. Suite à ça, elle est rentrée dans ma vie » (Cf ANNEXE 5, ll.23-24),

« le courant passe bien, du coup je suis réceptive à ce qu’elle me propose et elle écoute

aussi ce que je dis, donc il y a de l’échange » (Cf ANNEXE 7, ll.239-240).

Enfin nous pouvons terminer sur un fait intéressant : le seul patient masculin interrogé

aborde l’intérêt d’avoir une thérapeute en évoquant une « approche différente avec une

femme » (Cf ANNEXE 6, ll.245-246). Selon lui, « on a toujours une réserve avec un

homme, on met peut-être une barrière » (Cf ANNEXE 6, l.248) et il ne « [sait] même pas

si ça aurait fonctionné avec un homme » (Cf ANNEXE 6, ll.195-196) du fait de ne pas

réussir à se détendre ou à se confier. Ce point pourrait être à approfondir dans un autre

travail.

Pour continuer, la relation thérapeutique ainsi que la communication interpersonnelle

sont renforcées grâce à des qualités spécifiques.

Pour commencer, tous les patients soulignent les qualités communicationnelles de leur

thérapeute. En effet, ils évoquent sa « voix posée » (Cf ANNEXE 5, l.54), sa « voix très

calme » (Cf ANNEXE 6, l.), « très douce » (Cf ANNEXE 6, ll.194-195) mais aussi sa

capacité à « parler doucement » (Cf ANNEXE 7, l.269). Un patient rajoute que pour lui,

cette qualité est « très importante » (Cf ANNEXE 6, ll.194-195). De plus, une patiente

insiste sur le fait que sa thérapeute « arrive toujours à trouver les bons mots » (Cf

ANNEXE 5, ll.54-55) et qu’ « elle est… dans la qualité de ses mots qu’elle choisit » (Cf

ANNEXE 5, l.52). Ainsi, tant sur le plan vocal que lexical, les qualités

Page 47: dans la prise en soins

39

communicationnelles du thérapeute semblent venir enrichir et encourager la

communication interpersonnelle mise en place dans le soin.

La relation thérapeutique serait renforcée, quant à elle, par les qualités personnelles,

professionnelles et relationnelles du thérapeute. Du point de vue personnel, les qualités

sur lesquelles les patients semblent s’accorder seraient la faculté du thérapeute à être

« très calme, très détendu » (Cf ANNEXE 6, ll.198-199), « posé » (Cf ANNEXE 7, l.269)

de manière à ce que « tout se [fasse] dans la douceur et la plénitude » (Cf ANNEXE 5,

ll.92-93). Du point de vue professionnel, les qualités du thérapeute, qui pourraient par

ailleurs se mesurer par sa faculté à être patient et à l’écoute, font également l’unanimité.

Les patients évoquent une thérapeute « professionnelle » (Cf ANNEXE 6, l.187),

« attentive aux douleurs » (Cf ANNEXE 7, ll.262-265) et « à l’écoute » (Cf ANNEXE 7,

l.293). Enfin, d’un point de vue relationnel, les qualités du thérapeute seraient sa

bienveillance, son respect et son absence de jugement envers les patients et ce qu’ils

pourraient lui confier : « elle est aussi dans la bienveillance pour moi, elle est dans le

respect de tout ce que je peux lui raconter… Y’a pas de jugement, y’a rien de tout ça »

(Cf ANNEXE 5, ll.100-102).

Cependant, ces qualités ne sont pas inhérentes au thérapeute. Une patiente indique en

effet que « ça aurait pu être avec quelqu’un d’autre… [elle] pense que ça aurait pu

fonctionner. » (Cf ANNEXE 7, ll.287-289). Cet indicateur souligne ainsi le fait que ce sont

davantage les qualités que le thérapeute pourra mettre en application dans sa relation

avec le patient qui sont importantes et non le thérapeute en lui-même.

Figure 10 : Composantes thématiques de la relation avec le thérapeute

Page 48: dans la prise en soins

40

Ensuite, nous pouvons constater que, dans cette relation singulière induite par les

séances d’hypnose, le thérapeute ne tient pas un rôle supérieur. En effet, dans cette

relation, il est désormais question de complémentarité et d’aide de la part du thérapeute.

En ce qui concerne la complémentarité, nous observons à plusieurs reprises l’emploi du

« on » dans chacun des discours des patients ce qui indique un travail et des objectifs

communs : « on est arrivé à faire des séances » (Cf ANNEXE 5, l.25), « on a enfilé des

bandes » (Cf ANNEXE 6, l.43), « on a repris cette idée » (Cf ANNEXE 7, l.147). Les

patients soulignent également le rôle que le thérapeute joue dans leur rééducation :

« grâce à elle, j’arrive à gérer ma douleur en séance de kiné » (Cf ANNEXE 5, ll.15-16),

« elle m’accompagne » (Cf ANNEXE 7, ll.190-191). Par ailleurs, l’idée de

complémentarité est renforcée par la notion de « guide » dont font mention l’ensemble

des patients : « Yaëlle* c’est mon guide » (Cf ANNEXE 5, l.354), « elle guide par sa voix

à venir mettre les bandes » (Cf ANNEXE 6, l.77), « elle me guide sur ce qu’il y a à

travailler » (Cf ANNEXE 7, ll.133-134). On retrouve aussi chez une patiente plusieurs

indicateurs en faveur de l’aide que le thérapeute lui apporte : « je pense qu’elle m’aide

beaucoup dans ma douleur » (Cf ANNEXE 5, ll.20-21), « elle m’aide vraiment par ses

séances à … atténuer les choses » (Cf ANNEXE 5, ll.80-81) ; ce qui indique que ni le

patient ni le thérapeute n’agissent seuls dans la thérapie par l’hypnose mais bien qu’ils

travaillent ensemble avec des objectifs communs.

L’intérêt pour le thérapeute de développer une relation thérapeutique basée sur de tels

fondements serait d’encourager le patient à envisager son rôle dans le soin d’hypnose

comme étant de plus en plus actif et ainsi de lui signifier l’importance qu’il aurait à

davantage s’investir dans sa rééducation.

Figure 11 : Composantes thématiques de l’aide du thérapeute

Page 49: dans la prise en soins

41

Enfin, l’individualisation du soin par le thérapeute permettrait au patient de percevoir

davantage d’effets positifs aux séances d’hypnose. En effet, les patients soulignent tous

le fait que leur thérapeute adapte la séance à leur état du jour et à leurs besoins : « avec

Yaëlle* on parle un peu dans quel état je suis sur le moment » (Cf ANNEXE 5, l.33),

« auparavant, elle m’avait questionné pour savoir qu’est-ce qui pourrait m’aider » (Cf

ANNEXE 6, l.38), « selon les besoins, le ressenti, chaque séance est différente » (Cf

ANNEXE 7, l.121). Avec l’hypnose, les séances sont donc beaucoup plus

individualisées. Il est ainsi possible de répondre à des « demandes spécifiques » (Cf

ANNEXE 7, l.130) et d’instaurer un soin personnalisé notamment au niveau de la

communication ou des techniques mises en place : « elle choisit bien les mots qui me

conviennent » (Cf ANNEXE 5, ll.52-53), « pour moi c’était on va chercher au plus

profond » (Cf ANNEXE 6, l.37), « avec l’hypnose, on travaille sur des points précis, plus

personnels » (Cf ANNEXE 7, ll.159-160). Il est intéressant de constater que le

thérapeute s’adapte également aux croyances du patient ce qui encourage ce dernier à

adhérer à cette technique mais aussi à la pratique du thérapeute : « Je travaille aussi

avec les pierres… elle a voulu que je prenne certaines pierres avec moi pour une séance

pour intégrer ça dans mes séances d’hypnose » ANNEXE 7, ll.290-292).

Figure 12 : Composantes thématiques de l’individualisation du soin

Page 50: dans la prise en soins

42

En résumé, les spécificités de la pratique du kinésithérapeute-hypnothérapeute qui

contribuent à faire évoluer les représentations du patient sur l’hypnose sont :

- La relation thérapeutique singulière dans laquelle s’inscrit le soin d’hypnose ainsi

que les nombreuses qualités du thérapeute qui viennent enrichir et encourager

cette relation ;

- L’aide que le thérapeute apporte au patient en instaurant un soin dans lequel ils

travaillent ensemble et où le patient est ainsi encouragé à devenir acteur de ses

soins ;

- L’individualisation du soin que le thérapeute met en place pour répondre au

mieux aux besoins et aux attentes de son patient.

Figure 13 : Spécificités de la pratique du kinésithérapeute-hypnothérapeute contribuant à l’ évolution des représentations du patient sur l’hypnose

Cependant les représentations des patients évolueraient aussi grâce aux effets directs

de la pratique de l’hypnose dans la rééducation.

En outre, les patients tirent de nombreux bénéfices de la pratique de l’hypnose. Pour

une patiente, « les séances [sont] de plus en plus enrichissantes » (Cf ANNEXE 5, l.25),

l’« ont aidée à être dans une voie peut être meilleure » (Cf ANNEXE 5, ll.210-211), et à

« relativiser sur plein de choses » (Cf ANNEXE 5, ll.192-195). Elle en a tiré de nombreux

enrichissements personnels (humilité, sagesse). Un autre des bénéfices obtenus serait

de se sentir « plus léger, plus détendu » (Cf ANNEXE 5, l.51) et de « vraiment sentir

[son] corps, d’être très détendu » (Cf ANNEXE 6, ll.175-176) au cours des séances. Ceci

serait possible grâce au fait qu’« avec l’hypnose, on est vraiment dans une séance,

beaucoup plus zen, beaucoup plus posée » (Cf ANNEXE 5, ll.149-150) et que « ça fait

un temps pour se poser » (Cf ANNEXE 7, l.47). Le cadre de la prise en soins est ainsi

plus agréable. Par ailleurs, l’hypnose permettrait aussi d’« avoir moins mal » (Cf

ANNEXE 7, l.358) et de diminuer les douleurs : « ça anesthésiait un peu » (Cf ANNEXE

6, l.46), ce qui apporterait des bénéfices directs à la rééducation. Pour une patiente, il

Relation thérapeutique

singulière

Aide du thérapeute

Evolution des représentations du

patient sur l'hypnose

Individualisation du soin

Page 51: dans la prise en soins

43

est même « clair que sans l’hypnose, [elle ne serait] pas dans d’aussi bonnes conditions

pour évoluer vers la guérison » (Cf ANNEXE 5, ll.235-236). Enfin, pour une autre

patiente, l’hypnose serait aussi une alternative à un traitement plus classique et

permettrait « de se poser, d’avoir un moment, de pouvoir discuter avec le soignant,

d’essayer d’explorer d’autres pistes que celle de la douleur » (Cf ANNEXE 7, ll.84-85),

tout en n’ayant pas « l’impression de faire un exercice » (Cf ANNEXE 7, l.187).

Figure 14 : Composantes thématiques des bénéfices de l’hypnose

Une patiente évoque néanmoins le fait que « si ça ne [lui avait] rien apporté, [elle n’en

ferait] plus » (Cf ANNEXE 7, ll.218-219) ce qui induit qu’une pratique optimale du

thérapeute n’est pas le seul facteur qui contribue à faire évoluer les représentations du

patient sur l’hypnose et à susciter son investissement dans le soin.

D’autre part, les représentations des patients pourraient évoluer au travers du fait qu’ils

se rendent compte qu’avec l’hypnose, l’autonomie dans leur soin est encouragée. En

effet, leur discours souligne leur investissement et leurs prises d’initiatives dans leur

rééducation. Tout d’abord, cet investissement s’exprime par l’utilisation prépondérante

du « je » par l’ensemble des patients lorsqu’ils évoquent l’hypnose : « je mets en place »

(Cf ANNEXE 5, ll.266-267), « j’ai réussi » (Cf ANNEXE 6, ll.179-180), « je me mets

vraiment en conditions » (Cf ANNEXE 7, ll.66-67). Une patiente dit même clairement

qu’elle se sent investie dans sa rééducation (Cf ANNEXE 5, l.315) et dit avoir « mis

toutes les chances de [son] côté pour que ça marche » (Cf ANNEXE 5, ll.302-303).

Page 52: dans la prise en soins

44

De plus, plusieurs indicateurs témoignent de leurs prises d’initiatives : « j’ai essayé de

mettre en place quelque chose de différent qu’avec Yaëlle*. C’est le même principe mais

c’est quelque chose qui m’appartient à moi en fait. Et puis ça fonctionne bien. » (Cf

ANNEXE 5, ll.280-282), « j’ai réussi à la reproduire chez moi, tout seul, dans le lit. Ça

fonctionne. » (Cf ANNEXE 6, ll.179-180), « maintenant, quand j’ai mal ou que j’ai froid,

je continue » (Cf ANNEXE 7, ll.222-223). Nous constatons par la même occasion que

les patients ont unanimement compris l’intérêt de pratiquer et de s’investir dans la

pratique de l’hypnose : « chaque jour, je mets en pratique et ça m’aide » (Cf ANNEXE

5, ll.84-85), « Effectivement, une fois qu’on s’habitue, qu’on assimile réellement la

méthode, et bien après ça fonctionne » (Cf ANNEXE 6, ll.32-33), « c’est à force de

répétitions » (ndrl : que c’est acquis) (Cf ANNEXE 7, ll.194-195)

Enfin, un indicateur de cette autonomie développée pourrait être la pratique de

l’autohypnose pratiquée par l’ensemble des patients. A travers ces éléments, le patient

devient donc acteur de sa rééducation.

Figure 15 : Composantes thématiques de l’autonomie du patient

Pour terminer, l’intérêt de l’hypnose serait de pouvoir appliquer les principes et les

techniques enseignés puis assimilés durant la rééducation, avec les autres

professionnels de santé et ce grâce à l’autohypnose. Le patient aurait ainsi un outil pour

participer activement à sa rééducation : « pour chaque séance de kiné, j’essaye de

mettre en place ce que Yaëlle* m’a enseigné » (Cf ANNEXE 5, ll.239-240), « une

auxiliaire de vie qui est trop bourrine… je sais que quand je vais la voir, et bien il faut

que je me prépare avant. » (Cf ANNEXE 7, ll.224-226). Pour un des patients, faire de

l’autohypnose durant ces séances ou ces soins « [aiderait] pour faire… les exercices de

la kiné, de l’ergo. » (Cf ANNEXE 5, l.181), et permettrait de « vraiment bien avancer »

(Cf ANNEXE 5, ll.255-256) et d’« [avoir] des séances de kiné formidables » (Cf ANNEXE

5, ll.261-262). Cependant ce qui ressort du discours des patients est la difficulté à mettre

en place les techniques en dehors des séances d’hypnose : « l’après-midi il y a tellement

Page 53: dans la prise en soins

45

de bruits autour de moi que j’ai du mal à être dans la concentration. » (Cf ANNEXE 5,

ll.244-245), « On se retrouve dans la salle commune, en kiné. Donc il y a du passage, il

y a du bruit et là c’est impossible. » (Cf ANNEXE 6, ll.165-166). Il y aurait donc un cadre

et un moment propices pour mettre en application les principes de l’hypnose et ainsi

espérer en tirer des bienfaits. Néanmoins, pour un des patients interrogés « le but était

de pouvoir le faire pendant les séances de kiné, chose qui a été impossible à faire en

réalité. » (Cf ANNEXE 6, ll.164-165) du fait des manipulations (Cf ANNEXE 6, ll.176-

177).

Figure 16 : Composantes thématiques du lien avec la rééducation

En conclusion, les effets positifs de la pratique de l’hypnose que le patient perçoit dans

sa rééducation contribuent donc, au même titre que la pratique du kinésithérapeute-

hypnothérapeute, à faire évoluer ses représentations. Ces effets positifs sont :

- Les bénéfices que le patient retire de la pratique de l’hypnose tant sur le plan

médical que personnel ;

- L’autonomie que le patient développe, notamment au travers de la pratique de

l’autohypnose, et qui l’encourage à s’investir et à prendre des initiatives,

devenant ainsi acteur de sa rééducation ;

- Le lien que le patient peut établir entre l’hypnose et sa rééducation en pratiquant

l’autohypnose en séances avec d’autres professionnels de santé par exemple.

Figure 17 : Effets positifs de la pratique de l’hypnose contribuant à l’évolution des représentations du patient sur l’hypnose

Bénéfices de l'hypnose

Autonomie du patient

Evolution des représentations du

patient sur l'hypnose

Lien avec la rééducation

Page 54: dans la prise en soins

46

3.4. Réponses à la problématique

Grâce à l’analyse des données de recherche et à leur interprétation, nous pouvons

ainsi répondre à notre problématique.

Tout d’abord, plusieurs spécificités de la pratique du kinésithérapeute-hypnothérapeute

induisent chez le patient une expérience positive du soin d’hypnose et contribuent de ce

fait à une évolution positive de ses représentations. Ces spécificités mises en place par

le thérapeute sont les suivantes :

➢ Une relation thérapeutique singulière ;

➢ Une aide de la part du thérapeute ;

➢ Une forte individualisation du soin.

Cependant, la pratique du kinésithérapeute-hypnothérapeute n’est pas le seul facteur

qui contribue à faire évoluer positivement les représentations du patient.

Effectivement, les effets positifs induits par les soins d’hypnose dans la rééducation

contribuent, au même titre que la pratique optimale du kinésithérapeute-

hypnothérapeute, à faire évoluer les représentations du patient sur l’hypnose. En effet,

du fait des bénéfices obtenus, du développement de son autonomie ou encore de

l’application qu’il peut en faire dans sa rééducation, les représentations du patient sur

l’hypnose sont amenées à évoluer. Cette évolution favorise par ailleurs l’implication du

patient dans le soin d’hypnose thérapeutique, contribuant ainsi à son optimisation.

Figure 18 : Synthèse des résultats

Page 55: dans la prise en soins

47

4. DISCUSSION

4.1. Critique méthodologique

Dans un premier temps, nous pouvons aborder la cohérence interne de notre

recherche en présentant ses points positifs et négatifs.

Tout d’abord, une des qualités de cette recherche est de proposer une approche

originale de l’Hypnose Ericksonienne. En effet, en proposant d’interroger les patients sur

la pratique du thérapeute, l’objectif était d’en déterminer les spécificités élémentaires afin

d’optimiser les bienfaits et le recours à cette technique thérapeutique dans le soin et plus

particulièrement en kinésithérapie. La parole est donc donnée au patient afin qu’il

contribue à l’amélioration du soin par hypnose dans lequel son rôle est

incontestablement actif.

D’autre part, au niveau méthodologique, nous avons accordé un intérêt particulier à

mettre en place un dispositif de recherche adapté à notre problématique et donc à notre

mémoire. Pour déterminer le mode de recueil de données le plus pertinent, de

nombreuses recherches littéraires ont ainsi été effectuées. Par ailleurs, afin de réduire

au maximum l’incertitude des résultats obtenus, cette recherche s’inscrit dans une

démarche clinique déductive dont les principaux objectifs ont été suivis :

Figure 19 : Modélisation de la démarche de recherche suivie

Questionnement initial

Développer une méthodologie de

recherche

Limiter les biais

Obtenir des données proches

de la réalité

Répondre à la problématique

Page 56: dans la prise en soins

48

Pour compléter cette illustration, nous avons veillé à ce que notre démarche respecte

les principes énoncés par GOTMAN (2005) ce qui a permis de suivre la méthodologie la

plus adaptée possible à la recherche :

Figure 20 : Caractéristiques de la méthodologie de recherche (source : GOTMAN(2005))

Par ailleurs, l’analyse suivie est bien qualitative dans la mesure où la grille d’analyse,

réalisée pour la catégorisation des données de recherche, répond aux critères

d’exclusion mutuelle, d’homogénéité, de pertinence et de productivité. De plus, pour

reprendre l’idée de ROEGIERS et DE KETELE (2009), la qualité de notre analyse réside

dans ces trois caractéristiques :

➢ Pertinence : Les résultats obtenus à l’issue de l’analyse ont bien permis

de répondre à notre problématique initiale.

➢ Validité : La méthodologie suivie au cours de la recherche, et plus

spécifiquement de l’analyse, a bien abouti à des résultats en adéquation

avec les objectifs de la problématique.

➢ Fiabilité : Afin de limiter l’aspect subjectif de notre analyse thématique,

la technique de la méthode des juges a été utilisée pour la catégorisation

des données de recherche.

Page 57: dans la prise en soins

49

Cependant, notre recherche présente quelques limites auxquelles nous pouvons

suggérer d’éventuels axes d’amélioration.

Tout d’abord, par souci de temporalité, un seul mode de recueil de données a été utilisé

pour obtenir les données de recherche. Nous aurions pu coupler plusieurs outils tels que

l’entretien et le questionnaire afin d’établir un panel plus large et ainsi renforcer la qualité

de la recherche. Dans ce cas, le mode de recueil serait dit mixte et nécessiterait un

travail non réalisable dans le cadre du mémoire. De plus, une des limites de cette

recherche, qui proposait d’explorer les représentations du patient sur l’hypnose, est que

seul le discours du patient a été analysé. Or, le langage témoigne seulement d’une partie

des représentations. Une suggestion d’amélioration de ce travail pourrait donc être

d’avoir une approche comportementale en supplément.

Par ailleurs, bien que l’entretien soit l’outil le plus adapté pour répondre à notre

problématique, il occasionne un biais majeur. Effectivement, BLANCHET et al. (2010)

soulignent que « la subjectivité du produit informatif généré est une propriété des

entretiens » et ce principalement lorsque le chercheur n’a pas de formations ou

d’expériences en la matière. Ainsi, pour limiter l’aspect subjectif de l’interprétation des

données obtenues, nous avons eu recours à la méthode des juges mais il reste

néanmoins probable que la catégorisation réalisée présente toujours des biais.

Enfin, les résultats présentés sont basés sur l’analyse de seulement 3 entretiens. Cette

recherche pourrait donc être approfondie en recrutant davantage de patients,

éventuellement au sein d’autres centres de rééducation. Bien que ce travail ne puisse

de ce fait aboutir à aucune généralisation scientifique, les résultats obtenus nous

permettent tout de même de dégager une tendance générale et ainsi d’apporter une

réponse à notre problématique.

Page 58: dans la prise en soins

50

4.2. Confrontation des résultats de la recherche à la littérature

Dans un second temps, la confrontation des résultats obtenus aux données de la

littérature nous permet d’évoquer la cohérence externe de notre recherche.

Pour rappel, nous avions initialement formulé des hypothèses. Le travail de recherche

que nous avons mené nous permet aujourd’hui d’y apporter des éléments de réponses :

➔ Nous avons pu constater que deux des trois patients interrogés présentaient

des a priori sur l’hypnose et se décrivaient comme « sceptiques » quant aux

bienfaits que l’hypnose pourrait apporter à leur prise en soins. Ayant exploré

plusieurs solutions pour diminuer leurs douleurs, ils ont finalement accepté

d’intégrer des séances d’hypnose à leur rééducation, ce qui leur a permis,

par la suite, de faire évoluer leurs a priori et leurs représentations sur

l’hypnose. Cette constatation vient donc confirmer l’idée de D. MICHAUX

selon laquelle les représentations initiales du patient peuvent constituer un

obstacle à la mise en place de l’hypnose dans le soin.

➔ L’objectif de l’étude menée par P. ROBIN-QUACH intitulée « Connaître les

représentations du patient pour optimiser le projet éducatif » était de

démontrer que la connaissance des représentations du patient permettait de

définir avec lui un programme de soins individualisé, réduisant ainsi le risque

de prise en soins inefficace. La conclusion de cette étude est que : « la prise

en charge éducative du patient optimale, ne peut être réalisée que « sur

mesure » à chaque patient, dans une relation de collaboration entre les

professionnels de santé et les patients afin de faire évoluer ces

représentations » (ROBIN-QUACH, 2009) ce qui vient nuancer quelque peu

notre hypothèse.

Page 59: dans la prise en soins

51

En effet, grâce à une personnalisation des soins ou encore à une forte

relation thérapeutique, le thérapeute contribue à faire évoluer les

représentations de son patient.

Les résultats obtenus au travers des entretiens viennent appuyer cette idée.

En outre, ces deux facteurs font partie des spécificités de la pratique du

thérapeute qui participent à l’évolution des représentations du patient sur

l’hypnose, qui, nous l’avons vu, contribue quant à elle à l’optimisation des

séances d’hypnose.

Ce qui nous renvoie à notre dernière hypothèse.

➔ Les résultats que nous pouvons tirer de cette recherche viennent corroborer

notre principale hypothèse. Pour rappel, l’intérêt de la problématique était de

définir, plus précisément, quelles spécificités de la pratique du thérapeute

contribuaient à faire évoluer les représentations du patient sur l’hypnose.

Pour répondre à la problématique, nous avons tout d’abord pu constater que la

singularité de la relation thérapeutique dans laquelle s’inscrit le soin d’hypnose ainsi que

les qualités du thérapeute étaient des facteurs favorables à l’évolution des

représentations. En effet, d’après BIOY et MICHAUX (2017), « l’attitude du thérapeute…

possède une influence déterminante sur le succès de la thérapie » de par sa pratique

strictement technique mais également de par la qualité de la relation thérapeutique qu’il

entretient avec son patient. AIM et KAHN (2012) évoquent même l’idée d’ « alliance

thérapeutique » qui renforce l’idée d’un lien fort entre le thérapeute et son patient,

propice à la guérison mais également à l’évolution des représentations. Pour

LLAMBRICH et POUTEAU (2017), ces changements sont possibles et « se réalisent au

mieux dans une relation définissable par certaines qualités ». Selon eux, « cette relation

suppose de la part du soignant de développer de l’empathie, [et d’être] dans le non

jugement » ce qui correspond aux qualités énoncées par les patients interrogés. De plus,

une synthèse d’études réalisée en 2003 et portant sur les liens thérapeute-alliance

thérapeutique indiquerait que les principales qualités que devrait démontrer un

thérapeute pour susciter une solide alliance seraient « d’être souple, honnête,

Page 60: dans la prise en soins

52

respectueux, digne de confiance, chaleureux, intéressant et ouvert » (AIM et KAHN,

2012).

Par ailleurs, une relation thérapeutique optimale favorise l’écoute active qui est aussi

mentionnée par les patients et qui est « définie comme un processus ayant pour objet

d’amener le malade dans un espace serein favorisant la compréhension de ses

représentations sur la maladie, le traitement, ses besoins, ses valeurs, ses ressources

et compétences » (LLAMBRICH et POUTEAU, 2017). Ainsi, cette technique d’écoute

mobiliserait la motivation du malade et l’encouragerait à modifier ses comportements.

BENHAIEM (2012) ajoute qu’une relation de confiance entre le sujet et le thérapeute

serait « nécessaire pour permettre le changement ». D’autres part, AIM et KAHN (2012)

rappelle que les thérapies brèves dont fait partie l’Hypnose Ericksonienne s’inscrivent

dans des « cadres d’intervention souples basés sur des techniques de communication

visant toutes à améliorer la relation pour mobiliser les ressources personnelles du

patient. » En effet, on retrouve dans l’analyse des données recueillies lors des

entretiens, l’intérêt porté par les patients aux qualités communicationnelles de leur

thérapeute. Un autre objectif de cette communication interpersonnelle adaptée serait,

selon VINAS (2017), de permettre « la création d’un véritable partenariat » renforçant

ainsi l’alliance thérapeutique.

Ensuite, l’aide que le thérapeute apporte au patient au cours des séances d’hypnose

participe également à cette évolution. Pour rappel, la relation dans laquelle s’inscrit

l’hypnose est semblable à une relation d’aide (BIOY et MICHAUX, 2017) et doit être

présentée au patient comme telle. De plus, selon BARRIER (2014), le thérapeute

« se trouve dans une position assez similaire à celle de l’enseignant, qui doit

tenter d’apporter des connaissances et de proposer une évolution de conscience

à un public qui n’y est pas nécessairement disposé, ou qui peut se trouver

prisonnier d’affects et d’a priori négatifs qui freinent ou bloquent ses appétences

cognitives ».

La notion d’ « enseignant » employé ici peut renvoyer à celle du « guide » que les

patients ont unanimement employé pour qualifier la place de leur thérapeute dans leur

prise en soins. Ainsi, le rôle du thérapeute serait d’aider son patient à faire évoluer ses

propres représentations en « apportant un cadre favorable » (MALAREWICZ et GODIN,

2005). Ce dernier sera ainsi davantage disposé à acquérir de nouvelles connaissances,

devenant ainsi acteur de son soin. En outre, MICHAUX et al. (2007) soulignent qu’une

des caractéristiques de la pratique de l’Hypnose Ericksonienne est d’avoir délaissé un

fonctionnement autoritaire du soin au profit d’un fonctionnement de type paritaire où le

thérapeute et le patient sont désormais complémentaires et agissent ensemble dans

l’intérêt du patient. A travers cette nouvelle conception du soin, le patient est

Page 61: dans la prise en soins

53

incontestablement encouragé à s’investir au cours des séances, optimisant ainsi les

effets de l’hypnose sur la rééducation.

Enfin, l’évolution des représentations du patient sur l’hypnose est également due à une

importante individualisation du soin dont le principal objectif est de répondre au mieux

aux attentes et besoins du patient. AIM et KAHN (2012) rappellent ainsi que face à

chaque nouvelle situation médicale, la thérapie mise en place doit être individuelle.

Actuellement, ce modèle thérapeutique est de plus en plus spontanément instauré dans

le soin. Cette adaptation traduit, selon BENOIT (2017), la volonté du système de santé

de répondre à une des demandes majeures des patients concernant la personnalisation

de leurs soins. Néanmoins, cette conception du soin n’est pas nouvelle. Elle pourrait être

assimilée au concept de thérapie centrée sur le patient développé par le psychologue

humaniste américain C. ROGERS dans les années 50 et reconnu de nos jours. En effet,

cette approche qui, au même titre que l’Hypnose Ericksonienne, privilégie le recours à

un modèle biopsychosocial, a largement démontré ses bienfaits sur la prise en soins du

patient. D’après VINAS (2017) « le soutien de cette tendance actuelle découle

directement du fait que le statut du patient ait changé » et que ce dernier soit désormais

encouragé à prendre une part active dans sa rééducation. En personnalisant le soin, le

thérapeute favorise l’efficacité de la technique et améliore ainsi l’implication du patient

(VINAS, 2017).

Dans le même temps, cette recherche a permis de répondre à la première sous-question

posée en mettant en évidence d’autres facteurs qui participent à l’évolution des

représentations du patient. Parmi les bénéfices perçus et l’application qu’il peut en faire

dans sa rééducation, l’élément le plus propice à cette évolution serait son

autonomisation développée au travers de l’hypnose et transférable par la suite à sa

rééducation. En effet, grâce à l’individualisation du soin et à la responsabilisation du

patient dans son plan de traitement, il est désormais « mieux placé pour gérer son «

capital santé » [et] acquiert ainsi un certain nombre de droits et une reconnaissance de

sa position centrale » (GHADI et NAIDITCH, 2000). Le patient, qui devient de plus en

plus actif, s’investit alors davantage dans sa rééducation. D’après BARRIER (2014), le

travail mené par le thérapeute auprès de son patient « consiste précisément à le faire

accéder à l’autonomie ». L’objectif du thérapeute serait ainsi de guider son patient afin

qu’il acquière cette faculté dans la mesure où « l’individu a constamment besoin des

autres pour avancer sur le chemin de l’autonomie » (BARRIER 2014). En Hypnose

Ericksonienne, cette autonomisation se traduit par l’apprentissage et l’encouragement à

la pratique de l’autohypnose par le patient.

Page 62: dans la prise en soins

54

Pour terminer, nous avons pu répondre à notre deuxième sous-question en faisant le

lien entre l’évolution des représentations du patient sur l’hypnose et l’efficacité de cette

technique. Plusieurs études présentées par AIM et KAHN (2012) ont permis de

déterminer les facteurs d’efficacité de la thérapie :

Figure 21 : Facteurs d’efficacité de la thérapie (source : AIM et KAHN (2012))

Nous constatons que ce diagramme indique les importants pourcentages d’influence

que tiennent l’implication du patient (40%) et l’alliance thérapeutique développée (30%)

dans l’efficacité de la thérapie mise en place. Or nous avons vu précédemment que ces

éléments contribuaient également à faire évoluer les représentations du patient sur

l’hypnose. Par ailleurs, l’implication du patient, qui peut se mesurer à sa participation et

sa motivation dans sa rééducation, est indissociable d’une bonne alliance thérapeutique.

Pour (AIM et KAHN, 2012) « La qualité de l’alliance thérapeutique est centrale et

fondamentale » puisqu’elle renforce dans un même temps l’implication du patient. Les

résultats seront alors d’autant plus positifs que le sera l’alliance thérapeutique mise en

place.

D’autre part, ce diagramme indique que la confiance en l’efficacité du traitement (15 %)

et la spécificité de l’approche thérapeutique privilégiée (15%) constituent également des

facteurs d’efficacité de la thérapie. Une étude menée en 2005 par B. WAMPOLD montre

même qu’il arrive que la technique ne compte que pour 2 % de l’efficacité… Néanmoins

AIM et KAHN (2012) soulignent que « la confiance en l’efficacité du traitement dépend

là aussi en partie de l’alliance thérapeutique mais également d’une bonne

compréhension de l’approche thérapeutique. » Il sera donc nécessaire pour le

thérapeute d’instaurer une relation thérapeutique optimale avec son patient et de lui

enseigner les principes de l’Hypnose Ericksonienne de manière adaptée et

pédagogique.

Page 63: dans la prise en soins

55

4.3. Perspectives à donner à la recherche

Enfin, nous proposons de terminer cette discussion en évoquant les perspectives

que nous pourrions donner à cette recherche.

Tout d’abord, au regard des données recueillies lors des entretiens et de leur

concordance entre les patients, nous avons pu déterminer les spécificités de la pratique

du thérapeute qui contribuent à faire évoluer les représentations du patient sur l’hypnose.

Par ailleurs, nous avons pu mettre en lien cette évolution avec l’efficacité de cette

thérapie. En identifiant les facteurs propices à ce changement, l’objectif de notre

démarche est de permettre au thérapeute de proposer, par la suite, une prise en soins

davantage en adéquation avec le patient, ses représentations mais aussi ses besoins.

Ainsi, à partir des résultats de notre recherche, il pourrait être intéressant de cibler

davantage les formations d’Hypnose Ericksonienne sur ces spécificités à développer.

De cette manière, l’ensemble des thérapeutes s’accorderaient sur une pratique optimale

de cette technique thérapeutique, permettant ainsi aux patients d’obtenir d’autant plus

de bienfaits. En optimisant les effets de l’hypnose thérapeutique, nous pourrions donc,

dans un même temps, optimiser l’ensemble de la rééducation.

Appliquée plus spécifiquement à la pratique du kinésithérapeute, l’Hypnose

Ericksonienne répond aux nouvelles directives de la profession qui sont de davantage

prendre en considération le contexte biopsychosocial du patient et d’établir avec lui un

soin personnalisé tout en le rendant actif. Nous pourrions donc, à travers cette

recherche, encourager les kinésithérapeutes à se former à cette technique

thérapeutique afin qu’ils puissent la proposer de manière plus systématique à leurs

patients. L’intérêt pour la pratique professionnelle serait d’obtenir un outil supplémentaire

aux nombreuses compétences du kinésithérapeute déjà référencées, en mettant cette

fois-ci le patient au centre de sa rééducation.

Page 64: dans la prise en soins

56

Conclusion

En conclusion, ce mémoire proposait de définir des moyens d’optimiser les effets

et le recours à l’hypnose en kinésithérapie. Plusieurs études viennent confirmer la

légitimité de cette technique thérapeutique dans la prise en soins. Pourtant, l’hypnose

reste encore peu répandue en kinésithérapie. Nous avons donc suggéré que les

représentations personnelles du patient sur l’hypnose tenaient une part importante dans

la mise en place de l’hypnose dans son projet de soins. Un des objectifs du

kinésithérapeute-hypnothérapeute serait alors de l’amener à faire évoluer ses

représentations. De par la problématique proposée, il s’agissait donc de déterminer, plus

précisément, les spécificités de la pratique du kinésithérapeute-hypnothérapeute qui

contribuent à cette évolution.

Pour cela, nous avons pris le parti d’interroger les patients sur leur propre ressenti quant

à la pratique de leur kinésithérapeute-hypnothérapeute. Les données de recherche

obtenues au cours des entretiens puis analysées selon le mode d’analyse thématique

nous ont permis de répondre à nos questionnements de recherche.

Ainsi, les spécificités de la pratique du kinésithérapeute-hypnothérapeute contribuant à

faire évoluer les représentations du patient sur l’hypnose sont la mise en place d’une

relation thérapeutique singulière, d’une relation d’aide et de complémentarité et d’une

forte individualisation du soin. Cependant, les effets positifs induits par les soins

d’hypnose, tel que le développement de l’autonomie du patient, participent également à

faire évoluer ses représentations. C’est cette évolution qui favorise, par la suite,

l’implication du patient dans le soin d’hypnose thérapeutique, contribuant ainsi à son

optimisation.

Nous comprenons alors l’intérêt des résultats obtenus pour notre profession. En effet,

concernant la pratique du kinésithérapeute-hypnothérapeute, nous pouvons évoquer

l’importance de développer un « savoir-être » qui est aussi essentiel que le « savoir-

faire » selon les patients. Par ailleurs, nous observons que le recours à l’hypnose

contribue à rendre le patient acteur de sa prise en soins, ce qui correspond à un des

objectifs principaux du thérapeute.

Pour terminer, ces résultats pourraient être transférables à l’ensemble de nos pratiques

et également aux professions médicales et paramédicales tant sur l’importance de

privilégier le « savoir-être » que sur l’autonomisation du patient. En effet, en

l’encourageant à devenir acteur de sa prise en soins, le soignant optimiserait ainsi

davantage les bienfaits obtenus et participerait, par la même occasion, à l’évolution du

système de santé.

Page 65: dans la prise en soins

57

Bibliographie

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Page 67: dans la prise en soins

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Page 68: dans la prise en soins

Table des illustrations

Figure 1 : Répartition des professionnels de santé formés à l'hypnose par l'IFH ...........5

Figure 2 : Objectifs de la pratique de l'autohypnose (source : VIROT, 2014) .................9

Figure 3 : Composantes de la construction d'une représentation ................................15

Figure 4 : La relation thérapeutique .............................................................................17

Figure 5 : Déroulement de la rencontre avec le patient ...............................................31

Figure 6 : Processus de recueil des données de recherche ........................................32

Figure 7 : Récapitulatif de l'analyse des résultats ........................................................35

Figure 8 : Composantes thématiques des motifs du recours à l'hypnose.....................36

Figure 9 : Composantes thématiques des raisons de l'évolution des représentations..37

Figure 10 : Composantes thématiques de la relation avec le thérapeute .....................39

Figure 11 : Composantes thématiques de l’aide du thérapeute ...................................40

Figure 12 : Composantes thématiques de l’individualisation du soin ...........................41

Figure 13 : Spécificités de la pratique du kinésithérapeute-hypnothérapeute contribuant

à l’ évolution des représentations du patient sur l’hypnose ..........................................42

Figure 14 : Composantes thématiques des bénéfices de l’hypnose ............................43

Figure 15 : Composantes thématiques de l’autonomie du patient................................44

Figure 16 : Composantes thématiques du lien avec la rééducation .............................45

Figure 17 : Effets positifs de la pratique de l’hypnose contribuant à l’évolution des

représentations du patient sur l’hypnose .....................................................................45

Figure 18 : Synthèse des résultats ..............................................................................46

Figure 19 : Modélisation de la démarche de recherche suivie .....................................47

Figure 20 : Caractéristiques de la méthodologie de recherche (source :

GOTMAN(2005)) .........................................................................................................48

Figure 21 : Facteurs d’efficacité de la thérapie (source : AIM et KAHN (2012)) ...........54

Tableau 1 : Grille d'analyse .........................................................................................33

Tableau 2 : Extrait du tableau de catégorisation des données de recherche ...............34

Tableau 3 : Extrait du tableau d'analyse thématique croisée .......................................34

Page 69: dans la prise en soins

ANNEXES

Annexe 1 : Guide d’entretien ......................................................................................... I

Annexe 2 : Tableau de présentation des patients .........................................................III

Annexe 3 : Tableau de catégorisation des données de recherche ............................... IV

Annexe 4 : Tableau d’analyse thématique croisée .................................................... XIV

Annexe 5 : Retranscription Entretien 1 ...................................................................... XVI

Annexe 6 : Retranscription Entretien 2 .................................................................... XXV

Annexe 7 : Retranscription Entretien 3 .................................................................. XXXII

Page 70: dans la prise en soins

I

Annexe 1 : Guide d’entretien ➢ THEME : « évolution de vos représentations sur l’hypnose »

Déroulé de l’entretien Questions Relances

Thème 1 :

EVOLUTION DES

REPRESENTATIONS

→Sous-thème 1 : AVANT l’hospitalisation

- Connaissances sur l’hypnose - Avis personnel - Influences : Antécédents

médicaux et environnement (social et familial)

→Sous-thème 2 : MAINTENANT - Connaissance actualisée - Avis personnel - Modifications au sein de

l’environnement (social et familial, changements)

Comment l’hypnose est-elle rentrée dans votre prise en charge médicale ?

➔ Que saviez-vous de l’hypnose avant d’être hospitalisé ?

➔ Quel était votre ressenti personnel quant à l’hypnose ?

➔ Autour de vous, aviez-vous déjà entendu parler de l’hypnose ?

➔ Qu’avez-vous appris de plus sur l’hypnose durant vos soins ?

➔ Votre avis sur l’hypnose a-t-il changé au cours des soins?

➔ Quelles conséquences cela a eu sur votre entourage ? Vous êtes-vous senti soutenu ?

TRANSITION : Explication à cette évolution

➢ « A ce que vous me dites, j’ai l’impression que vos représentations sur l’hypnose ont évoluées. Qu’elles seraient selon vous, les raisons de cette évolution ? »

→Saviez-vous que l’hypnose était utilisée dans le domaine médical ? →Auriez-vous de vous-même décidé de faire de l’hypnose ? →Ce que vous avez entendu sur l’hypnose ? →Si oui, comment ? Si non, pourquoi ? →Ce que pensent vos proches par rapport à l’hypnose durant le soin ? Si cela vous influence ou vous a influencé ?

Thème 2 :

Laisser le patient exprimer les raisons de son évolution en premier lieu, lui laisser du temps (blancs) pour réfléchir et compléter avant de le rediriger vers les sous-thèmes (la pratique K-H en elle-même).

→ Mais encore ? D’autres raisons… ?

Page 71: dans la prise en soins

II

RAISONS

➢ Sous-thème 1 : Déroulement des soins - Description séance - Ce sur quoi le patient est le

plus sensible/ Ce qu’il aime le plus en séance d’H

➢ Sous-thème 2 : Relation de soin - Relation avec le K -H - Relation avec les autres

professionnels

➔ Pouvez-vous me décrire une séance type ? Les

différents exercices que vous réalisez ? ➔ Quelle technique utilisée par le K-H vous a le

plus plu ? ➔ Qu’est-ce que vous aimez le plus lors de ces

séances ? Cela vous donne t-il l’envie de continuer par vous-même ?

➔ Comment décririez-vous la relation que vous

avez avec le K-H ? ➔ Que ressentez-vous en séance avec le K-H ? ➔ Cette relation est-elle différente de celles que

vous avez avec les autres soignants (MK, médecins…) durant les soins ? Si oui, pourquoi et comment ? Si non, explicitez.

TRANSITION : Conséquences de l’évolution des représentations sur l’hypnose auprès du patient

➢ « Maintenant que vous êtes sensibilisé au recours à l’hypnose durant vos soins, que pourriez-vous me dire des effets, positifs ou négatifs, que cette prise en charge vous a apportée ? »

→Comment se déroulent les séances ? →A l’inverse, y’a-t-il quelque chose qui vous interroge/dérange/interpelle ? →Cela joue-t-il dans le fait que vous aimez les séances ? →Dans quelle mesure est-elle différente ?

Thème 3 :

EFFETS

➢ Sous-thème 1 : En tant que patient

➢ Sous-thème 2 : En tant que personne

➔ Qu’est-ce que l’hypnose vous a apporté au

cours de votre séjour ? (en tant que patient)

➔ Est-ce que vous avez réinvesti l’hypnose au quotidien, dans la vie de tous les jours ? (en tant que personne)

→ Qu’est ce qui a changé dans les représentations de votre soin depuis que vous faites de l’hypnose ?

Page 72: dans la prise en soins

III

Annexe 2 : Tableau de présentation des patients

Caractéristiques

Patient

Age

Situation familiale

Situation

professionnelle

Pathologie/Maladie

Plaintes/ Gênes

Début des soins

d’hypnose

Thérapeute

Madame 1

-

droitière

47 ans

Mariée

- 1 fille

Assistante

maternelle (en arrêt maladie)

Fracture du coude droit avec

neurolyse du nerf ulnaire suite à une chute dans les escaliers.

Peur phobique des escaliers (possible PTSD)

Membre dominant atteint : sous-utilisation au profit de

l’autre

Douleur Fatigue Anxiété Stress

Perte de fonctionnalité

Octobre 2018

- Pratique

l’autohypnose

Yaëlle*

(masseur-kinésithérapeute et hypnothérapeute)

Monsieur 2

-

droitier

31 ans

En couple

- 2 enfants

Militaire dans l’Armée de

Terre depuis 11 ans (en

convalescence pour Accident

de Travail et en reconversion

professionnelle dans l’Armée)

Traumatisme par blaste

(fractures et plaies multiples) des 2 mains lors de l’explosion d’un obus à fragment lors d’un

exercice de déminage

Douleur Perte de

fonctionnalité

Septembre 2017

- Pratique

l’autohypnose

Marie*

(masseur-kinésithérapeute et hypnothérapeute)

Madame 3

-

droitière

34 ans

Séparée

- 1 fille

Conseillère pôle emploi (en arrêt

maladie)

Mononévrite multiple avec

tétraparésie

Douleur Perte

d’autonomie Perte de

fonctionnalité

Septembre 2016

- Pratique

l’autohypnose

Yaëlle* (masseur-kinésithérapeute et

hypnothérapeute)

Page 73: dans la prise en soins

IV

Annexe 3 : Tableau de catégorisation des données de recherche

THEMES Sous-Thèmes Indicateurs ENTRETIEN 1 Indicateurs ENTRETIEN 2 Indicateurs ENTRETIEN 3

Mise en place de

l'hypnose dans la prise en soins

Motifs du recours

à l'hypnose

« par la douleur », « j’étais vraiment dans la « par la douleur », « j’étais vraiment dans la souffrance » (l. 4) « pour ne pas être dans la douleur» (ll.5-6) « avoir moins mal » (l.78) « c’est ma kiné, comme j’étais dans la souffrance, elle m’a dit « bah tiens, il y a Yaëlle* qui fait de l’hypnose, vous voulez que je vous inscrive ? » j’ai dit oui parce que quand on est dans la souffrance, on essaye de faire tout ce qui est possible pour justement pas avoir mal » (ll.173-176) « pour m’aider à travailler » (l.5) antalgique: 5 aide dans la rééducation :1

« Donc j’avais [...] des douleurs permanentes et je ne suis pas plus attiré par tout ce qui est médicamenteux donc l’hypnose était un très bon compromis justement, pour passer les douleurs. Ou du moins les estomper» (ll.4-6) « enlever cette douleur » (l.40) antalgique : 2 alternative aux médicaments :1

« j’ai fait de l’hypnose [...] avec la kiné par rapport aux douleurs, pour la gestion des douleurs » (ll.4-6) « on est revenu vers moi par rapport aux douleurs. » (l.8) « pour l’appréhension des douleurs » (l.65) « Le besoin parce que j’ai toujours mal » (.210) « je voulais un peu laisser les médicaments de côté. » (l.10) « si ça peut calmer les douleurs plutôt que de manger des médicaments, c’est mieux. » (ll.30-31) antalgique: 5 alternative aux médicaments: 2

Page 74: dans la prise en soins

V

Evolution des représentations du patient sur

l'hypnose

Connaissances et ressenti sur

l'hypnose AVANT le début

des séances

« j’avais justement lu une étude, peu de temps avant. Y’a quelqu’un qui s’était fait opérer à cœur ouvert, sous hypnose » (ll. 135-136) « avant de savoir, je pensais que c’était un truc du style, vous savez, un peu comme à la vieille époque, un truc devant les yeux puis hop. Vous savez pour moi c’était ça pour moi l’hypnose. Et je me disais, ça se trouve je vais parler, je vais dire des bêtises, je vais pas me rappeler ce que je vais dire » (ll.120-123) « Un petit peu»(ndrl: d’appréhension) (l.129) « j’étais un peu sceptique de me voir moi-même me mettre en autohypnose, de ressentir moins la douleur. » (ll.131-133) « Je me dit qu’un autre patient, une autre personne, si elle est dans un autre état d’esprit, si elle est… je sais pas, un état d’esprit un peu maussade, pas envie, pas réceptif, tout ça, je pense que ça fonctionnera pas. » (ll.309-311) connaissances scientifiques: 1 a priori : 1 émotions négatives :2 connaissances générales : 1

« J’avais dû lire quelques articles là-dessus sur les opérations ou autres »(l.28) « Je voyais l’hypnose un peu, comme ce qu’on peut voir à la télé et puis pour moi c’était […] Pas réel » (ll.8-9) « ça restait pour moi […] Utopique on pourrait dire, très particulier » (ll. 28-29) « Je voyais pas quelque chose qui pourrait aboutir et m’enlever réellement les douleurs. » (l.10) « je pense que c’est un peu l’idée générale de toute personne qui n’a pas essayé l’hypnose. Et je pense que tout ce qu’on peut voir à la télé y est pour quelque chose […] c’est très drôle quoi à voir Mais y’a pas d’utilité » (ll.98-101) « si je mettais arrêté sur le premier aperçu, je pense que j’aurais gardé l’optique que j’avais au départ, qui était que l’hypnose c’est de la connerie »(ll.155-157) « j’étais un peu sceptique » (l.8) « Juste effectivement très sceptique » (l.23) « je pense aussi qu’il y a une partie « faut le vouloir pour que ça marche » (ll. 15-16) connaissances scientifiques: 1 a priori : 5 émotions négatives : 2 connaissances générales : 1

« Je sais qu’il y avait de l’hypnose qui se faisait pour éviter par exemple les anesthésies pendant les opérations. » (ll. 21-22) « je n’avais pas d’a priori, pas de jugement » (l.45) « Après, moi, l’hypnose on prêche plus ou moins une convaincue » (l.345) « pas grand-chose. A part le fait d’être réceptif ou pas réceptif, que ça peut fonctionner, comme ne pas fonctionner » (ll.15-16) « Oui oui mais pas par rapport aux douleurs. Plus dans tout ce qui était psychologique, éventuellement ; que soins on va dire plus médicaux.» (ndrl : déjà entendu parler d’hypnose ?) (l. 20-21) « J’en avais déjà fait» (l.355)) « Et puis moi je faisais de l’autohypnose quand j’étais maman pour pouvoir m’endormir. » (ll.49-50) connaissances scientifiques: 1 PAS d'a priori: 2 connaissances générales : 2 connaissances pratiques: 2

Ressenti ACTUEL par

rapport à l'hypnose

« j’adore » (l.27) « Moi je suis vraiment ravie quoi » (l.29) « Je suis ravie. » (l.390) émotions positives : 3

« Ah oui totalement » (ndrl :changer d’avis sur l’hypnose) (l.33) « j’étais plus du tout sceptique. Et je trouvais ça vraiment très très bien » (l.135) changement d'avis : 2

« contente d’essayer » (l.26) émotions positives: 1

Page 75: dans la prise en soins

VI

Raisons de l'évolution des

représentations

« quand ça a vraiment fonctionné, je me suis dit « royal » quoi. Les appréhensions que j’avais n’ont pas été du tout fondées. » (ll. 132-133)) « ça me fait un bien fou. » (l.143) « je suis ravie de l’évolution que j’ai dans ma guérison ici » (ll.377-378) « ça m’aide » (l. 30) « je me suis aperçue […] qu’il y avait plusieurs formes d’hypnose » (ll.168-169) effets positifs perçus : 4 nouvelles connaissances : 1 « ça m’a vraiment tout de suite intéressée » (ll.9-10)

« c’est le fait de se rendre compte que ça fonctionne qui a permis l’évolution » (ll.154-155) « je sais que ça marche et les bienfaits que ça peut apporter. » (ll.139-140) « Il y a que du bon à prendre » (ll. 240-241) « j’ai vu que c’était pas comme ce qu’on pouvait voir à la télé, des gens qui font la poule ou quoi. »(ll.57-58) effets positifs perçus: 3 nouvelles connaissances : 1 « c’était vraiment intéressant. Et l’idée me plaisait » (l.59)

Page 76: dans la prise en soins

VII

Place et pratique du thérapeute

Relation avec le thérapeute

« Yaëlle* fait partie des gens avec qui ça a tout de suite collé » (ll.10-11) « parfaite harmonie psychologiquement ou même amicale » ( ll.11-12) « ça devient une relation amicale à force »(l.12) « Cette relation-là elle est … elle est presque amicale en fait. J’aurais pu être amie avec cette personne-là dans la vie de tous les jours en fait » (ll.93-95) « j’ai ressenti ce petit truc envers elle » (l.99) « j’ai vraiment eu un coup de cœur pour cette personne » (l.38) « je trouve ça tellement simple avec elle que je me laisse totalement aller. » (ll.68-69) « elle rentre dans ma vie » (l.13) « on a beaucoup parlé, beaucoup échangé suite à ça, elle est rentrée dans ma vie » (ll.23-24) « on échange sur tout et n’importe quoi » (l.34) relation thérapeutique forte : 7 bonne communication interpersonnelle : 3

« C’était vraiment oui une relation de confiance » (ll.188-189) relation thérapeutique forte : 2 « Totalement. En fait je pense que ça été plus rapide. » (ndrl : le fait que ça compte que Marie soit une femme) (l.253) « je sais même pas si ça aurait fonctionné avec un homme en fait. » (ll.195-196) « Il y a une approche différente avec une femme, enfin pour ma part, qu’avec un homme » (ll. 245-246) « on a toujours une réserve avec un homme, on met peut-être une barrière. » (l.248) «Il aurait peut-être eu du mal à faire tomber les barrières, à faire tomber les masques ou autres pour pouvoir vraiment être détendu et que je me confie. » (ll.249-250)

« c’est agréable d’être avec elle, de faire ce travail-là avec elle » (l.212) « Après ça fonctionne très bien avec Yaëlle* et je suis contente que ce soit elle et pas quelqu’un d’autre » (ll.287-288) « Ça se passe très bien avec elle. » (l.290) « le courant passe bien, du coup je suis réceptive à ce qu’elle me propose et elle écoute aussi ce que je dis, donc il y a de l’échange. » (ll.239-240) relation thérapeutique forte : 4 bonne communication interpersonnelle: 1

Page 77: dans la prise en soins

VIII

Qualités du thérapeute

« Elle est tellement dans la qualité de ses mots, qu’elle choisit » (l.52) « elle arrive toujours à trouver les bons mots » (ll.54-55)) « elle a vraiment su trouver les mots… tout ce qu’il fallait bien ; elle a tout trouvé en fait. » (ll.62-63) « Alors que Yaëlle*, c’est dans la douceur des mots, dans la douceur de … tout. Tout se fait dans la douceur, dans la plénitude en fait » (ll.92-93) « Elle a tellement une voix posée » (l.54) « Yaëlle* c’est une belle personne » (l.15) « Elle est tellement dans la bienveillance » (l.292) « je pense que l’écoute et la bienveillance font parti des points importants. » (ll.295-296) « elle est aussi dans la bienveillance pour moi, elle est dans le respect de tout ce que je peux lui raconter. […]Y’a pas de jugement, y’a rien de tout ça » (ll.100-102) « il faut qu’il y ait une relation amicale qui s’installe. » (l. 286) « Alors déjà, la patience, l’écoute, » (l.285) « Mais je pense vraiment que l’écoute, la patience. Je pense que l’écoute c’est vraiment... Et puis être dans le respect aussi. […] De respecter et de ne pas être dans le jugement. Ça c’est quelque chose pour moi d’important. » (ll.288-291) « elle fait tout pour que ça se passe vraiment bien. » (ll.292-293) communicationnelles (lexicale et vocale) : 5 personnelles : 1 relationnelles (bienveillance, respect, non jugement, confiance): 9 professionnelles (écoute, patience) : 6

« la voix […] de Marie* qui berce. […]Elle avait une voix très douce, je pense que ça a un gros intérêt là-dedans. Ça permet réellement de rentrer dans une phase de transe je dirais. » (ll.67-69) « Elle était très douce, avec une voix très calme, très posée et pour moi je pense que c’était très important » (ll.194-195) « Quelqu’un de très calme, de très détendu » (ll.198-199) « elle est professionnelle » (l.187) « faut vraiment qu’il y ait quelqu’un qui pratique bien la chose pour pouvoir l’expliquer correctement pour pouvoir le faire, pour pouvoir donner l’envie à quelqu’un d’autre de le faire. » (ll.133-136) communicationnelles (lexicale et vocale) : 2 personnelles : 2 professionnelles : 2

« je pense qu’il faut être calme, faut être posé, faut quand même parler doucement.» (l.269) « c’est appréciable parce que Yaëlle* est vraiment super » (l.211) « c’est vraiment l’écoute par rapport aux soins, d’être attentive aux douleurs, de se rendre compte que même si des fois je dis « oui ça va » elle se rend compte que bon ça va moyen quoi, que ça pourrait être mieux. Donc elle est attentive à ça. » (ll.262-265) « elle est à l’écoute » (l.293) communicationnelles (lexicale et vocale) : 1 personnelles : 2 relationnelles : 1 professionnelles (écoute, patience) : 4 « ça aurait pu être avec quelqu’un d’autre […] je pense que ça aurait pu fonctionner» (ll.287-289)

Page 78: dans la prise en soins

IX

Aide du thérapeute

« Yaëlle* c’est mon guide » (l.354) « on est arrivée à faire des séances » (l.25) « Yaëlle* apporte sa pierre à l’édifice » (l.378) « Je pense que sans elle, je ne serais pas aussi confiante sur ma guérison » (ll.386-387) « je me dis que si elle était pas là, je ne pourrais pas forcément acquérir ce que je souhaite encore acquérir » (ll.354-355) « avoir un support sur qui on peut compter, c’est important aussi je pense. » (l.352) « grâce à elle j’arrive à gérer ma douleur en séance de kiné » (ll.15-16) « je pense qu’elle m’aide beaucoup dans ma douleur » (ll.20-21) « Elle m’aide beaucoup à ce niveau-là » (l.88) « elle m’aide vraiment par ses séances à […] atténuer les choses » (ll.80-81) « elle m’aide vraiment » (l.84) « Yaëlle* m’a aidé à ça (l.220) « Grâce à Yaëlle* qui m’enseigne aussi » (l.266) « grâce à Yaëlle* et à son apprentissage ça a été bénéfique pour moi » (ll.388-389) notions de « guide » : 1 complémentarité: 6 notions d'aide: 7

« elle guide par sa voix à venir mettre les bandes » (l.77) « On a enfilé des bandes. » (l.43) notions de « guide » : 1 complémentarité : 1

« elle me guide sur ce qu’il y a à travailler » (ll.133-134) « elle me guide » (l.133) « Je l’ai expliqué et on a repris cette idée. » (l.147) « Elle m’accompagne mais je suis pas à, on va dire, appliquer scolairement. C’est acquis. . » (ll.190-191) « On a mis d’autres choses en place pour les douleurs» (l.40) « on a répété un exercice pour bien l’assimiler. » (l.131) notions de « guide » : 2 complémentarité : 4

Page 79: dans la prise en soins

X

Individualisation du soin

« Avec Yaëlle* on parle un peu dans quel état je suis sur le moment » (l.33) « je lui raconte des choses personnelles de ma vie » (l.67) « elle choisit bien les mots qui me conviennent » (ll.52-53) adapté à l'état du patient et à ses besoins : 1 soin personnalisé : 2

« Auparavant elle m’avait questionné pour savoir qu’est ce qui pourrait m’aider » (l.38) « Et pour moi ça a été des gants de boxe que je visualisais et que je venais enfiler sur mes mains » (ll.40-41) « pour moi c’était on va chercher au plus profond » (l.37) adapté à l'état du patient et à ses besoins :1 soin personnalisé : 2

« Selon les besoins, le ressenti. Chaque séance est différente » (l.121) « Après quand je vais bien, il y a pas besoin, on rentre direct dans le vif du sujet. Mais oui les jours où je suis fatiguée, on fait ça d’abord. » (ll.329-331) « à chaque fois j’ai eu des demandes spécifiques » (l.130) « l’hypnose c’est des séances individuelles. » (l.156) « avec l’hypnose on travaille sur des points précis, plus personnels » (ll.159-160) « Je travaille aussi avec les pierres […] elle a voulu que je prenne certaines pierres avec moi pour une séance pour intégrer ça dans mes séances d’hypnose »(ll.290-292) adapté à l'état du patient et à ses besoins : 3 soin personnalisé: 2 soin adapté aux croyances du patient: 1

Page 80: dans la prise en soins

XI

Effets de la pratique de

l'hypnose dans la rééducation

Bénéfices de l'hypnose

« séances de plus en plus enrichissantes pour moi » (l.25) « c’est enrichissant » (l.29) « je pense que mes séances d’hypnose ont beaucoup aidé, m’ont aidée à être dans une voie peut être meilleure » (ll.210-211) « depuis que je suis ici, de voir tous ces gens en fauteuil roulant, j’ai l’impression d’avoir changé. Je suis beaucoup plus humble, moins attachée aux choses, beaucoup plus… C’est vrai que j’ai beaucoup changé et je pense qu’avoir fait de l’hypnose avec Yaëlle* m’a permis de relativiser sur plein de choses. » (ll.192-195) « Et en fait moi ça m’a apporté […] de la sagesse » (ll.205-206) « je suis beaucoup plus zen, beaucoup plus humble. Moi qui suis très matérialiste, j’ai complètement déconnecté de tout ça. »(ll.207-208) « on se sent plus léger, plus détendu » (l.51) « avec l’hypnose, on est vraiment dans une séance, beaucoup plus zen, beaucoup plus posée » (ll.149-150) « J’étais déjà dedans quoi. Tellement ça m’avait plu, tellement ça m’avait relaxé » (ll.177-178) « j’ai tout de suite senti un bien être, j’ai été tout de suite bien. » (l.309) « ça me fait vraiment du bien. » (l.328) « [mes attentes] ont été plus que comblées » (l.141) « L’hypnose est arrivée à ce moment-là et ça m’a beaucoup aidé » (ll.316-317) « c’est clair que sans l’hypnose, je ne serais pas dans d’aussi bonnes conditions pour évoluer vers la guérison.» (ll.235-236) enrichissements personnels : 6 détente/cadre agréable : 5 effets positifs dans la rééducation : 4

« ça me permet vraiment de sentir mon corps, d’être très détendu. » (ll.175-176) « La détente. C’est très apaisant. » (l.228) « Ça peut aider aussi à évacuer un peu. » (ndrl : le stress) (l.235) « J’ai tendance à être un peu nerveux donc effectivement ça peut être un point sur lequel ça m’a calmé un peu. » (ll.237-238) « Le fait que la douleur s’estompe » (l.221) « Ça anesthésiait un peu. » (l.46) détente/cadre agréable : 4 effets positifs dans la rééducation : 2

« ça fait un temps pour se poser. » (l.47) « ça fait un temps pour se poser aussi. C’est pas désagréable ça. » (l.78) «ça me permet de me calmer et d’avoir moins mal quand il y a des auxiliaires de vie par exemple. (ll.359-360) « De se poser, d’avoir un moment, de pouvoir discuter avec le soignant, d’essayer d’explorer d’autres pistes que celle de la douleur » (ll.84-85) « Réussir à se concentrer, à se canaliser, à quand même gérer les douleurs avec quelques respirations, de pouvoir maîtriser ça… C’est de ça dont je suis la plus contente » (ll.80-82) « avoir moins mal » (l.358) « on n’a pas l’impression de faire un exercice parfois. » (l.187) détente/cadre agréable : 4 effets positifs dans la rééducation : 5 alternative à un traitement classique: 1 « Si ça ne m’avait rien apporté, je n’en ferais plus. » (ll.218-219)

Page 81: dans la prise en soins

XII

Autonomie du patient

« j’ai réussi à faire une séance avec une flexion à 130° » (l.19) « j’ai vraiment réussi à mettre en pratique » (ll.26-27) « même toute seule j’ai réussi à être bien »(l.44) « Tout ce que je mets en place, mes protections et tout ça, ça me permet vraiment d’avancer. » (ll.266-267) « J’ai essayé de mettre en place quelque chose de différent qu’avec Yaëlle* ; C’est le même principe mais c’est quelque chose qui m’appartient à moi en fait. Et puis ça fonctionne bien en fait. »(ll.280-282) « Oui complètement » (ndrl : se sentir investie dans ma rééducation) (l.315) « j’ai vraiment mis toutes les chances de mon côté pour que ça marche. Je voulais tellement plus avoir mal, je voulais tellement être bien dans mon corps que j’ai vraiment tout mis de mon côté en fait. » (ll.302-303) « je me suis dit « je vais faire le vide, je vais faire ce que Yaëlle* m’a enseigné » et bien ça a fonctionné. » (ll.318-319) « j’ai tendance à mettre en place tout ce que Yaëlle* m’a enseigné » (l.326) « Chaque jour, je mets en pratique et ça m’aide » (ll.84-85) « je me mets en autohypnose » (l.18) « L’autohypnose, pour moi, c’est quelque chose qui me convient tout à fait. » (l.169) investissement et prises d'initiatives : 11 pratique de l'autohypnose : OUI

« j’avais une fiche de suivi pour pouvoir le faire tout seul. » (l.92) « j’ai réussi à le reproduire chez moi, tout seul, dans le lit, ça fonctionne » (ll.179-180) « Effectivement, une fois qu’on s’habitue, qu’on assimile réellement la méthode, et bien après ça fonctionne »(ll.32-33) « Faut vraiment le pratiquer pour réussir à faire quelque chose. » (l.159) investissement et prises d'initiatives : 4 pratique de l'autohypnose : OUI

« je me mets en condition pour me persuader que ça me fera le moins mal possible » (ll.66-67) « Je me mets vraiment en condition » (l.71) « je fais un peu chez moi» (ndrl : refaire des exercices) (l.129) « je me mets dans ma bulle » (l.133) « Et je le fais peut-être des fois inconsciemment. » (ll.199-200) « je le fais un peu de temps en temps. » (l.202) « c’est à force de répétitions » (ndrl : que c’est acquis) (ll.194-195) « Je suis là pour bosser donc si je le fais c’est pour moi. » (ll.310-311) « Ah bah oui […] maintenant quand j’ai mal ou que j’ai froid, je continue » (ll.222-223) investissement et prises d'initiatives : 9 pratique de l'autohypnose : OUI

Page 82: dans la prise en soins

XIII

Lien avec la rééducation

« ça aide pour faire ensuite les exercices de la kiné, d’ergo … » (l.181) « Pour chaque séance de kiné, j’essaye de mettre en place ce que Yaëlle* m’a enseigné » (ll.239-240) « Sylvie* elle me dit que quand je suis bien détendue, que je suis en autohypnose, j’arrive vraiment bien à avancer » (ll.255-256) « En fait, quand j’arrive à me mettre en autohypnose j’ai des séances de kiné formidables. Hier elle a vraiment été bluffante ma séance de kiné » (ll.261-262) «l’après-midi il y a tellement de bruits autour de moi que j’ai du mal à être dans la concentration» (ll.244-245) application dans la rééducation: 4 difficulté de mettre l'hypnose en place : 1

« le but, c’était de pouvoir le faire pendant les séances de kiné, chose qui a été impossible à faire en réalité » (ll.164-165) « Dès que je suis manipulé, ça ça marche plus » (ll.176-177) « c’est le cadre. On se retrouve dans la salle commune, en kiné. Donc il y a du passage, il y a du bruit et là c’est impossible. » (ll.165-166) difficulté de mettre l'hypnose en place : 3

«Une auxiliaire de vie qui est trop bourrine […] et bien je sais que quand je vais la voir, et bien il faut que je me prépare avant.» (ll.224-226) application dans la rééducation: 1

Page 83: dans la prise en soins

XIV

Annexe 4 : Tableau d’analyse thématique croisée

THEMES Sous-Thèmes Analyse Thématique

ENTRETIEN 1 Analyse Thématique

ENTRETIEN 2 Analyse Thématique

ENTRETIEN 3 Mise en place de l'hypnose dans la prise

en soins

Motifs du recours à l'hypnose

antalgique: 5 aide dans la rééducation :1

antalgique : 2 alternative aux médicaments :1

antalgique: 5 alternative aux médicaments: 2

Evolution des représentations du patient sur

l'hypnose

Connaissances et ressenti sur

l'hypnose AVANT le début des

séances

connaissances scientifiques: 1 a priori : 1 émotions négatives :2

connaissances générales : 1

connaissances scientifiques: 1 a-priori : 5 émotions négatives : 2 connaissances générales : 1

connaissances scientifiques: 1 PAS d'a priori: 2 connaissances générales : 2 connaissances pratiques: 2

Ressenti ACTUEL par

rapport à l'hypnose

émotions positives : 3 changement d'avis : 2 émotions positives: 1

Raisons de l'évolution des

représentations

effets positifs perçus : 4 nouvelles connaissances : 1 intérêt pour la pratique : 1

effets positifs perçus: 3 nouvelles connaissances : 1 intérêt pour la pratique : 1

Place et pratique du thérapeute

Relation avec le thérapeute

relation interpersonnelle forte : 7 bonne communication : 3

relation interpersonnelle forte : 2 relation interpersonnelle forte : 4 bonne communication : 1

Qualités du thérapeute

communicationnelles: 5 personnelles : 1 relationnelles: 8 professionnelles : 6

communicationnelles: 2 personnelles : 2 professionnelles : 2

communicationnelles: 1 personnelles : 3 relationnelles :1 professionnelles : 4

Aide du thérapeute

notions de « guide » : 1 complémentarité: 6 notions d'aide: 7

notions de « guide » : 1 complémentarité : 1

notions de « guide » : 2 complémentarité: 4

Page 84: dans la prise en soins

XV

Individualisation

du soin

adapté à l'état du patient et à ses besoins : 1 soin personnalisé: 2

adapté à l'état du patient et à ses besoins :1 soin personnalisé: 2

adapté à l'état du patient et à ses besoins : 3 soin personnalisé: 2 soin adapté aux croyances du patient: 1

Effets de la pratique de

l'hypnose dans la rééducation

Bénéfices de l'hypnose

enrichissements personnels : 6 détente/cadre agréable : 5 effets positifs dans la rééducation : 4

détente/cadre agréable : 4 effets positifs dans la rééducation : 2

détente/cadre agréable : 4 effets positifs dans la rééducation : 5 alternative à un traitement classique: 1

Autonomie du patient

investissement et prises d'initiatives : 11 pratique de l'autohypnose : OUI

investissement et prises d'initiatives : 4 pratique de l'autohypnose : OUI

investissement et prises d'initiatives : 9 pratique de l'autohypnose : OUI

Lien avec la rééducation

application dans la rééducation : 4 difficulté de mettre l'hypnose en place : 1

difficulté de mettre l'hypnose en place : 3

application dans la rééducation : 1

Page 85: dans la prise en soins

XVI

Annexe 5 : Retranscription Entretien 1

Chercheur : Alors, pour commencer, j’aimerais que vous me disiez comment l’hypnose est

rentrée dans votre prise en charge ?

Patient : Par la douleur. En fait, j’étais vraiment dans la souffrance parce que quand je suis

arrivée ici, de Cesson jusqu’ici j’avais un cathéter, pour m’aider à travailler, pour pas être dans la 5 douleur en fait. Et quand on me l’a enlevé, ça a été très très douloureux. Et c’est là qu’on m’a

proposé l’autohypnose et j’ai accepté tout de suite en fait (rires).

Chercheur : D’accord. Vous connaissiez un peu l’hypnose ?

Patient : Oui je connaissais. Je suis un peu curieuse de nature mais franchement c’était… ça

m’a vraiment tout de suite intéressé et Yaëlle* fait partie des gens avec qui ça a tout de suite 10 collé. Je pense que c’est vraiment important qu’on soit en parfaite harmonie ; que ça soit

psychologiquement ou même amical. Parce que ça devient une relation amicale à force. Elle

rentre dans ma vie, c’est assez… Il y a des séances qui ont été assez prenantes. Yaëlle* ça a

été une personne, où… Des fois on rencontre des gens et on se dit « elle était sur ma route pour

ça » quoi. Et en fait…Yaëlle* c’est une belle personne et grâce à elle j’arrive à gérer ma douleur 15 en séances de kiné et ça je crois que je ne pourrais jamais la remercier assez.

Chercheur : C’est vraiment grâce à elle vous pensez ?

Patient : Ah oui. Oui. Franchement, quand je me met en autohypnose.. Je vois, hier, en kiné, à

13h30, je me suis mise en autohypnose et j’ai réussi à faire une séance avec une flexion à 130°

alors que ça n’était pas arrivé depuis… un bon moment. Et vraiment, je pense qu’elle m’aide 20 beaucoup dans ma douleur quoi.

Chercheur : C’est elle qui vous a guidé vers l’autohypnose ou c’est de vous-même ?

Patient : En fait c’est elle et puis en fait, on a beaucoup parlé, beaucoup échangé suite à ça, elle

est rentrée dans ma vie, tout ça. Et à ce que j’ai pu lui raconter de ma vie et de ma façon de vivre

etc etc, on est arrivée à faire des séances de plus en plus enrichissantes pour moi et j’ai vraiment 25 réussi à mettre en pratique ce qu’elle a pu m’enseigner entre guillemets. Et en fait, j’ai…j’adore

quoi. Je me dis si je pouvais avoir 2 séances par semaine je suis preneuse. (rires)

Chercheur : Vous en avez combien actuellement ?

Patient : J’en ai qu’une. Mais c’est vrai que c’est enrichissant. Moi je suis vraiment ravie quoi. Et

ça m’aide. 30

Chercheur : Qu’est-ce que vous faites pendant cette séance ? Est-ce que vous pouvez me

décrire le déroulé un petit peu ?

Patient : Alors... Ben. Avec Yaëlle* on parle un peu dans quel état je suis sur le moment, ma

semaine comment ça s’est passé etc. Et puis on échange sur tout et n’importe quoi. C’est

vraiment des banalités et tout. Et après notre conversation s’enrichi de minutes en minutes et 35 après on passe à une séance, ce qu’il y a de plus normal en fait.

Chercheur : Vous faites des petits exercices ?

Patient : En fait oui. Et j’y arrive assez facilement en fait comme j’ai fait du yoga. Ça m’aide

beaucoup la respiration et tout ça. Le vide, c’est quelque chose que j’arrive vraiment bien à mettre

en place. Mais moi je suis la première personne surprise de voir que l’autohypnose marche aussi 40 bien. J’aurais pas pensé... Je ne pensais pas être aussi réceptive que ça en fait.

Chercheur : Vous en faites en séances ou vous en faites à côté, de l’autohypnose ?

Patient : En fait, Yaëlle* m’a donné hier une feuille de conduite à suivre et j’ai essayé justement

hier et même toute seule j’ai réussi à être bien quoi.

Page 86: dans la prise en soins

XVII

Chercheur : Et avec Yaëlle* vous faites des exercices particuliers pendant vos séances ? 45

Patient : Non. En fait, on est beaucoup dans la discussion, dans ce qu’il s’est passé avant dans

ma vie et on est assez…Là hier on a fait une boucle. Elle m’a demandé par exemple, mon

enfance, un souvenir d’enfance qui m’a… Et je lui ai parlé de ma grand-mère etc etc. Et après ça

a été la naissance de ma fille, que j’ai attendu 10 ans avec toutes les complications qu’il y a pu

avoir, mon mari qui est beaucoup en déplacement… Et en fait, ça fait une boucle et suite à ça on 50 se sent plus léger, plus détendu. Et quand je repense aux séances que je fais avec Yaëlle*, je

me dis. Elle est tellement dans la qualité de ses mots, qu’elle choisit, elle choisit bien les mots

qui me conviennent. Même au niveau des odeurs, quand elle me parle d’odeurs. Des fois, j’ai

l’impression de sentir. Elle a tellement une voix posée, puis elle arrive toujours à trouver les bons

mots… 55

Chercheur : J’ai l’impression que vous avez une relation très particulière avec Yaëlle*.

Patient : Ah, j’adore cette femme-là, mais vraiment. Rien que d’en parler, ça m’émotionne. Parce

qu’en fait elle a fait ressurgir en moi des émotions que je ne pensais plus avoir enfaite. On a parlé

essentiellement de mon père qui est décédé il y a 1 an et demi. Et comme je suis croyante et

pratiquante, on avait parlé de la dernière messe de Noël où on était tous ensemble... Et je sentais 60 l’odeur du sapin, l’odeur du cierge dans l’église. Tous ces gens bien habillés. En fait, j’étais

complètement dedans quoi, elle a vraiment su trouver les mots… tout ce qu’il fallait bien ; elle a

tout trouvé en fait.

Chercheur : Ça vous aide à apprécier l’hypnose ?

Patient : Oui. Franchement oui. Et ça me rassure aussi. C’est pas évident de s’ouvrir à une 65 personne qu’on ne connait pas et qui est là pour nous aider, qui est là dans la bienveillance et

c’est… je me mets à nu devant elle quoi. Je lui raconte des choses personnelles de ma vie. C’est

quand même assez troublant et à la fois, je trouve ça tellement simple avec elle que je me laisse

totalement allée.

Chercheur : Est-ce qu’il y a autre chose qui fait que cette relation vous amène à vous confier ? 70

Patient : Je sais pas trop… Comme je vous disais, je suis une personne curieuse et j’aime bien

tester des choses. Et en fait quand l’autohypnose est arrivée à moi, pour moi au début ça a été

plutôt de la curiosité. Et après quand j’ai vu que j’étais plutôt bien réceptive, je me suis prise au

jeu, forcément.

Chercheur : Vous dites que vous étiez curieuse… Vous attendiez quelque chose de particulier 75 de l’autohypnose ?

Patient : Oui. D’avoir moins mal. Parce que j’ai vraiment eu des périodes où la souffrance était

omniprésente. Et puis ma chute dans les escaliers aussi. Elle m’aide beaucoup à ce niveau là

aussi, parce que j’ai chuté dans mes escaliers et (hésitations) j’entends toujours le bruit quand je

suis tombée quoi, mon coude qui a… Ça c’est un bruit qui est toujours là et elle m’aide vraiment 80 par ses séances à... Pas à oublier ; mais à atténuer les choses quoi. Et pour moi, ça c’est hyper

important de… d’avoir cette relation-là. Vous allez toujours entendre « Yaëlle, Yaëlle*» mais

j’aime tellement cette personne et puis l’être humain qu’elle est qu’en fait (hésitations), je crois

que je ne pourrais jamais la remercier autant ; parce qu’elle m’aide vraiment et chaque jour, je

mets en pratique et ça m’aide quoi. Rien que pour mes deux séances de kiné par jour, ça m’aide 85 quoi.

Chercheur : Vous ne retrouvez pas cette relation avec les autres soignants ?

Patient : Non, ce n’est pas pareil.

Chercheur : Est-ce que vous pouvez m’expliquez pourquoi ?

Patient : Bah en fait, par exemple, ma kiné, Sylvie* que j’aime beaucoup, elle est plutôt là pour 90 pousser mes limites, pour que j’avance dans ma rééducation et euh (hésitations) et Carole* en

ergo, bah c’est pareil faut que j’avance, faut que j’avance. Alors que Yaëlle*, c’est dans la douceur

Page 87: dans la prise en soins

XVIII

des mots, dans la douceur de … tout. Tout se fait dans la douceur, dans la plénitude en fait. Cette

relation-là elle est … elle est presque amicale en fait. J’aurais pu être amie avec cette personne-

là dans la vie de tous les jours en fait. Alors qu’avec mon ergo, peut-être pas forcément (rires). 95 Des fois, on rencontre des gens et on se dit « cette personne-là, il y a quelque chose ». Et bien

Yaëlle* ça a été ça tout de suite. J’ai ressenti quelque chose.

Chercheur : Ce lien de confiance ?

Patient : Oui. Tout de suite. Tout de suite, j’ai ressenti ce petit truc envers elle, et je ne peux

même pas l’expliquer. C’est peut-être parce qu’elle est aussi dans la bienveillance pour moi, elle 100 est dans le respect de tout ce que je peux lui raconter. Elle est vraiment… Y’a pas de jugement,

y’a rien de tout ça. Et ça c’est hyper important, pour moi c’est quelque chose de très important.

Et oui… (hésitations puis rires) j’aime bien Yaëlle*.

Chercheur : Vous dites, qu’en en comparaison avec votre kiné et votre ergothérapeute, vous ne

ressentez pas ce non-jugement ? 105

Patient : Enfin non, non -jugement j’aurais peut-être pas du employer ce mot-là en fait. C’est pas

pareil parce que en fait avec Yaëlle* … (hésitations) elle fait rien sur moi en fait. Alors ce n’est

pas pareil qu’avec le kiné où parfois c’est dur et c’est compliqué. Alors forcément même si Sylvie*

j’aime bien la personne qu’elle est, quand elle me fait mal, ben je la déteste quoi à ces moments-

là (rires) inconsciemment en fait. 110

Chercheur : Vous ne vous mettez pas en autohypnose pendant les séances ?

Patient : Si. Mais pas tout au long de la séance ; comme ça, ça me permet de voir comment

j’avance ; de pouvoir aussi échanger avec elle. Quand je suis dans la douleur et que j’ai mal,

dans ces moments-là, et bien ce n’est pas copine quoi en fait (rires). Mais après, tout le monde

ici est tellement dans la bienveillance qu’on peut être que bien quoi. Franchement… Mais Yaëlle* 115 elle est là-haut quoi (rires)

Chercheur : J’ai bien compris (rires). J’aimerais que nous revenions à ce que vous saviez de

l’hypnose avant votre prise en charge et à ce que vous pensiez de l’hypnose ? Votre ressenti sur

l’hypnose avant de commencer ?

Patient : Alors, avant de savoir, je pensais que c’était un truc du style, vous savez, un peu comme 120 à la vieille époque (rires), un truc devant les yeux puis hop. Vous savez pour moi c’était ça pour

moi l’hypnose. Et je me disais, ça se trouve je vais parler, je vais dire des bêtises, je vais pas me

rappeler ce que je vais dire. Comme avec ma kiné, on a testé le MEOPA quand j’avais des

douleurs, je me suis dit « ça se trouve l’hypnose ça va être pareil et je vais dire des bêtises, d’aller

nourrir le chat alors que j’ai pas de chat » (rires) des choses comme ça… La première séance, 125 j’étais un petit peu… C’est pas que j’y allais à reculons parce que je suis curieuse mais je me

disais « olalala ».

Chercheur : Un petit peu d’appréhension ?

Patient : Oui un petit peu. Et après Yaëlle* est tellement dans la bienveillance que je me suis

vraiment laissé porter et je me suis rendue compte que me laisser porter, ça me faisait vraiment 130 du bien. Et j’étais un peu septique de me voir moi-même me mettre en autohypnose, de ressentir

moins la douleur. Et en fait quand ça a vraiment fonctionné, je me suis dit « royal » quoi. Les

appréhensions que j’avais n’ont pas été du tout fondées.

Chercheur : Vous saviez que l’hypnose s’appliquait dans le domaine médical ?

Patient : Oui je le savais mais j’avais pas forcément… Parce que j’avais justement lu une étude, 135 peu de temps avant. Y’a quelqu’un qui s’était fait opérer à cœur ouvert, sous hypnose, je sais

pas si vous l’avez lu. Et en fait j’avais été tellement euh (hésitations) à me dire « mais c’est

tellement incroyable » alors que moi je me disais « ça marche, ça marche pas, ça coûte rien

d’essayer » et en fait ça fonctionne bien.

Chercheur : Vos attentes ont été … 140

Page 88: dans la prise en soins

XIX

Patient : Ah oui plus que comblées. J’attends toujours mes séances. Je sais que le lundi matin,

je vois Yaëlle* et je suis tellement ravie. Si je pouvais avoir 2 séances dans la semaine, je les

prendrais volontiers, tellement je trouve que c’est…que ça me fait un bien fou.

Chercheur : Et là, vous avez eu beaucoup de séances ?

Patient : Oui, ça fait 5 ou 6 là. 145

Chercheur : Et qu’est-ce que vous avez appris de plus sur l’hypnose ?

Patient : Ce que j’ai appris de plus c’est la zen-attitude, le fait d’être bien ancré dans ses… Moi

je suis une personne assez speed, assez volontaire à tout et je suis un vrai zébulon sur patte.

Alors je me rends compte qu’avec l’hypnose, on est vraiment dans une séance, beaucoup plus

zen, beaucoup plus posé quoi en fait. Et en fait je m’étonne juste d’être comme ça, parce que ce 150 n’est pas moi en fait. Ce que ça m’a appris aussi c’est que les choses que j’avais peut-être

forcément oubliées réapparaissent sans que je force de trop pour les faire revenir…

Chercheur : Comme si vous étiez entrainée en fait ?

Patient : Oui. Hier on a parlé de ma grand-mère et au fur et à mesure que je lui racontais, il y

avait plein de souvenirs qui me revenaient quoi en fait. C’est assez troublant mais à la fois, j’avais 155 l’impression que ma grand-mère était encore à côté de moi quoi. C’est assez troublant quoi. Mais

oui déjà rien que la zen-attitude, pour moi c’est important. Parce que c’est pas moi ça (rires).

Chercheur : Donc vous avez appris à l’être grâce à cela ?

Patient : Oui, vraiment. Ça m’arrive de me poser et de repenser à une séance que j’ai eu avec

Yaëlle* et de me conditionner et je suis bien après quoi. 160

Chercheur : Vous me dites que votre ressenti a changé entre ce que vous pensiez avant…

Patient : Ah bah oui, complètement. Rien que quand on voit l’émission sur la 1 là, avec Arthur.

« L’hypnose baaaah » et tout. Alors je me disais (rires)… Et puis ma fille de 10 ans qui me disait

« Maman, tu dis à quelqu’un qui prenne ton téléphone portable …» parce que je lui avait raconté

ce que je faisais « …parce que moi je veux voir comment tu vas être» (rires). Et en fait j’avais 165 beau lui dire que ça allait pas être comme ça, à moi-même je me disais « ça se trouve ça va être

comme ça » (rires). C’est vrai, quand on ne connait pas, l’inconnu fait toujours peur, qu’on soit

adulte ou enfant. Et en fait non, je me suis aperçue que c’était… qu’il y avait plusieurs formes

d’hypnose. L’autohypnose, pour moi, c’est quelque chose qui me convient tout à fait.

Chercheur : Comment on vous l’a proposé du coup ? 170

Patient : En fait, c’est ma kiné, comme j’étais dans la souffrance, elle m’a dit « bah tiens, il y a

Yaëlle* qui fait de l’hypnose, vous voulez que je vous inscrive ? » j’ai dit oui parce que quand on

est dans la souffrance, on essaye de faire tout ce qui est possible pour justement pas avoir mal.

Et puis c’est comme ça que c’est arrivé en fait. Et maintenant je continue de voir Yaëlle*.

Chercheur : Et petit à petit ça a guidé vers l’autohypnose, c’est ça ? 175

Patient : Oui. Même dès la première séance, j’ai… (hésitations). Ma séance de kiné d’après,

j’arrivais déjà à me mettre en autohypnose. J’étais déjà dedans quoi. Tellement ça m’avait plu,

tellement ça m’avait relaxé quoi. Parce que quand on a mal tout le temps tout le temps tout le

temps, qu’on est toujours dans la douleur, qu’on est contracté tout le temps et puis qu’on a une

séance d’hypnose et qu’on se sente complètement relâchée, qu’on se sente complètement vidée 180 en fait. Et bien ça aide pour faire ensuite les exercices de la kiné, d’ergo et tout ça… Mais si

c’était à refaire, je le referai (rires)

Chercheur : Autant ?

Patient : Ah oui oui, vraiment.

Page 89: dans la prise en soins

XX

Chercheur : Et autour de vous est-ce que vous vous êtes sentie soutenue ? Vous disiez que 185 vous-même vous aviez des appréhensions au début. Est-ce que vous avez eu des petites

remarques de votre entourage ?

Patient : En fait j’en ai beaucoup parlé à mon mari et même lui il est étonné que je sois autant

réceptive parce que j’arrive pas à rester en place quoi, je suis assez…. Et quand on en parle il

me dit « oh bah je suis content que tu aies trouvé quelque chose qui puisse apaiser la femme 190 que tu es ». Et autour de moi j’ai une copine qui m’a dit « oh je te trouve changée ». Et c’est vrai

que depuis que je suis ici, de voir tous ces gens en fauteuil roulant, j’ai l’impression d’avoir

changé. Je suis beaucoup plus humble, moins attachée aux choses, beaucoup plus… C’est vrai

que j’ai beaucoup changé et je pense qu’avoir fait de l’hypnose avec Yaëlle* m’a permis de

relativiser sur plein de choses. 195

Chercheur : Ça c’est ce que l’hypnose vous a apporté en tant que personne, c’est bien ça ?

Patient : Oui.

Chercheur : Et est-ce qu’il y a autre chose que ça a apporté ?

Patient : Non à l’instant T, je vois pas.

Chercheur : Et en tant que patient, est ce que l’hypnose ou Yaëlle* vous a guidé sur quelque 200 chose, les qualités qu’un patient peut avoir… ?

Patient : On échange tellement avec Yaëlle* en fait que tout devient naturel avec elle. On peut

parler de presque rien et ça prend tout de suite une belle ampleur. Quand je dis une belle ampleur,

ce n’est pas tout de suite quelque chose de forcément bien, mais ça devient tout de suite quelque

chose de beaucoup plus beau, beaucoup plus… Et en fait moi ça m’a apporté, pour moi de la 205 sagesse. Parce que je suis quelqu’un qui est peu zébulon dans tous les sens. Oui je suis

beaucoup plus zen, beaucoup plus humble. Moi qui suis très matérialiste, j’ai complètement

déconnecté de tout ça. J’ai…. Oui j’ai l’impression que … même autour de moi, mon mari m’a dit

que j’avais changé, des amis autour de moi que j’étais beaucoup plus humble. Mais le fait d’être

aussi ici, ça peut jouer aussi. Mais je pense que mes séances d’hypnose ont beaucoup aidé, 210 m’ont aidé à être dans une voie peut être meilleure (rires) je sais pas. Quand je dis meilleure,

peut être que des choses que j’avais occulté avant, me sont un peu plus, comme dirais-je…

(hésitations) me semblent un peu plus raisonnables maintenant en fait.

Chercheur : D’accord.

Patient : J’ai pas d’exemple à vous donner. Je sais pas si je me fait bien comprendre mais en 215 fait (hésitations) oui je vous parle de ma grand-mère parce que Yaëlle* a réveillé un petit peu ça

mais il y avait des choses que j’avais complètement occulté et qui me sont revenues pendant la

nuit. Hier soir avant de me coucher, j’y ai pensé à tout ça. Et en fait des choses qu’on occulte, et

après à force de creuser, mais pas grand-chose, on arrive à tout remettre en place, comme un

échiquier, on remet les pièces en place quoi. Et, Yaëlle* m’a aidé à ça, à repenser sur des choses, 220 que je pensais qui ne valaient pas la peine, mais en fait qui sont importantes pour moi.

Chercheur : Et sur votre maladie ? Sur votre coude en particulier ?

Patient : Ça c’est dur ça…

Chercheur : Ça c’est dur ?

Patient : Oui parce que, les escaliers c’est une torture pour moi… J’arrive un peu à les monter. 225 J’arrive pas à les descendre. J’ai ce bruit qui est toujours là, qui est en permanence là. Et en fait,

le fait d’être toujours dans la douleur, ça me rappelle toujours ma chute et ça me rappelle toujours

le bruit. C’est un cercle vicieux en fait. Mais des fois j’arrive à l’occulter quand des fois je fais une

bonne séance de kiné comme hier : j’étais en autohypnose, j’ai gagné, j’ai été jusqu’à 130°, j’étais

contente et tout. Bah même si j’avais mal, j’arrive toujours à occulter en fait. Mais… Quand je 230 vois que je n’y arrive pas, qu’il n’y a pas de progression et que je n’y arrive pas, bah là c’est

compliqué…

Page 90: dans la prise en soins

XXI

Chercheur : Est-ce que l’hypnose peut vous faire relativiser par rapport à ça ? par rapport à votre

rééducation ?

Patient : Ah oui oui. Ça c’est clair que sans l’hypnose, je ne serais pas dans d’aussi bonnes 235 conditions pour évoluer vers la guérison en fait.

Chercheur : C’est un moteur en fait.

Patient : Ah oui complètement. Pour chaque séance de kiné, j’essaye de mettre en place ce que

Yaëlle* m’a enseigné. J’essaye vraiment d’être la plus détendue possible, de mettre mes 240 protections etc etc. Et en fait je suis tellement bien quand je me mets en autohypnose qu’en fait

ça devient pratiquement un automatisme en fait. La seule chose qui me déconcentre c’est à 9h10,

quand il y a la piscine (rires) qui sonne, ça me… et hop je sors de mon autohypnose, j’arrive pas,

ou alors... Le matin à 8h30 ça va, c’est assez calme mais l’après-midi il y a tellement de bruits

autour de moi que j’ai du mal à être dans la concentration. Alors avec Sylvie*, on va... Hier on a 245 commencé sur le plateau et après on s’est dit « on va aller dans une pièce à côté ». Mais dès

qu’il y a du bruit, des voix ou je rentre dans une conversation, j’arrive pas forcément à me mettre

bien en fait et euh... Y’a des bruits qui me rappellent ma chute en fait, et ça c’est pire que tout.

Quand je suis en autohypnose et que j’entends un bruit et bah là c’est terminé, j’y arrive plus du

tout, même si je change de pièce, j’y arrive plus quoi. 250

Chercheur : Et les kinés qui s’occupent de vous voient une amélioration depuis que vous

pratiquez l’hypnose ?

Patient : Ah oui. Oui ils le voient. Je vois ma séance d’hier après midi…

Chercheur : Ils vous le disent qu’ils sentent la différence ?

Patient : Ah oui. Sylvie* elle me dit que quand je suis bien détendue, que je suis en autohypnose, 255 j’arrive vraiment bien à avancer quoi.

Chercheur : Et pour eux, est ce que vous pensez qu’il y a intérêt ?

Patient : Bah oui, parce que je suis moins dans la douleur et on est moins aussi en (hésitations)

pas en rapport de force mais quand on a mal et bien avec la personne qui nous touche on est un

petit peu fermé. On se dit « ouais elle m’a fait mal » je la déteste sur le moment en fait. Même si 260 c’est une personne adorable, gentille et tout (rires) on se dit « elle m’a fait mal ». En fait, quand

j’arrive à me mettre en autohypnose j’ai des séances de kinés formidables. Hier elle a vraiment

été bluffante ma séance de kiné, 130°, ça faisait je ne sais pas combien de temps que ça ne

mettait pas arrivé.

Chercheur : Grâce à vous en fait ? 265

Patient : Grâce à Yaëlle* qui m’enseigne aussi (rires). Mais oui aussi bien sûr. Tout ce que je

mets en place, mes protections et tout ça, ça me permet vraiment d’avancer.

Chercheur : Qu’est-ce que vous entendez par vos protections ?

Patient : Ben je protège mon mal en fait.

Chercheur : Comment… 270

Patient : Comment je fais ? Et bien en fait j’ai eu une séance avec Yaëlle*, elle c’était un gant

qu’elle me mettait et tout et tout, patch froid et tout. Et moi j’ai tellement peur du mal maintenant

que j’ai carrément une combinaison de cosmonaute. Et en fait on peut me mettre dans tous les

sens, j’ai pas mal, je m’imagine cosmonaute, dans une très très grosse combinaison, et en fait je

peux aller d’un côté et de l’autre, la kiné peut essayer, peu importe je ne vais rien sentir. Et ça 275 fonctionne super bien en fait (rires). Mais il me faut du temps hein par contre.

Chercheur : C’est vous qui avez développé cette image ?

Page 91: dans la prise en soins

XXII

Patient : Oui c’est moi. Je l’utilise pour les séances de kiné et je l’utilise aussi quand je suis au

niveau d’un escalier. Je me dis « ben il peut rien m’arriver, j’ai tout ce qu’il faut sur moi pour ne

pas avoir mal, si je tombe » Puis ben non je peux pas tomber en fait. J’ai essayé de mettre en 280 place quelque chose de différent qu’avec Yaëlle* ; C’est le même principe mais c’est quelque

chose qui m’appartient à moi en fait. Et puis ça fonctionne bien en fait.

Chercheur : Quelles sont pour vous les qualités que doit avoir un hypnothérapeute pour que ça

fonctionne ? Du moins pour vous.

Patient : Alors déjà, la patience, l’écoute, et euh… il faut qu’il y ait une relation amicale qui 285 s’installe. Parce qu’on se dévoile en fait. Yaëlle* sait des choses de moi qui sont assez

personnelles et c’est pour ça que c’est assez troublant de pouvoir parler à une personne sans

filtre et en sachant qu’il n’y a pas de jugement. Mais je pense vraiment que l’écoute, la patience.

Je pense que l’écoute c’est vraiment... Et puis être dans le respect aussi. Ça c’est quelque chose

de… De respecter et de ne pas être dans le jugement. Ça c’est quelque chose pour moi 290 d’important. Si elle avait été dans le jugement j’aurais arrêté tout de suite je pense. Mais là elle

est pas du tout. ; Elle est tellement dans la bienveillance, elle fait tout pour que ça se passe

vraiment bien.

Chercheur : C’est des séances de combien de temps ?

Patient : 1h. C’est pas assez long (rires). Mais non, je pense que l’écoute et la bienveillance font 295 partis des points importants. Parce que nous ici on peut pas parler ouvertement, comme on veut

en fait. Alors que là ce petit créneau d’1 h, c’est vraiment… Pour moi il est pile poil bien quoi. Et

oui j’adore Yaëlle* (rires).

Chercheur : Ça a marché sur vous. Est-ce que vous pensez qu’il y aurait un intérêt pour tous les

patients ? Quel est votre ressenti par rapport à ça ? 300

Patient : Ben je pense que. .. Je suis un peu partagée là-dessus. Parce que moi je me dis que

j’ai vraiment mis toutes les chances de mon côté pour que ça marche. Je voulais tellement plus

avoir mal, je voulais tellement être bien dans mon corps que j’ai vraiment tout mis de mon côté

en fait. Après je pense qu’un autre patient, qui a peut-être un autre état d’esprit, ça fonctionnera

peut-être pas. Parce que moi j’ai vraiment saisi la chance. J’ai tout de suite senti que ça allait être 305 bien pour moi.

Chercheur : Avant même de rencontrer Yaëlle* ?

Patient : Non à la première séance. Dès le premier quart d’heure je me suis dit « olala ça va être

bien » j’ai tout de suite senti un bien être, j’ai été tout de suite bien. Après je me dit qu’un autre

patient, une autre personne, si elle est dans un autre état d’esprit, si elle est… je sais pas, un état 310 d’esprit un peu maussade, pas envie, pas réceptif, tout ça, je pense que ça fonctionnera pas. Je

pense qu’il faut vraiment être, avoir une ligne de conduite, comme j’ai eu quoi. J’ai vraiment

plongé dedans sans vraiment réfléchir en fait.

Chercheur : Vous vous êtes vraiment sentie investie dans votre rééducation ?

Patient : Ah oui. Oui complètement. Ça c’est… Et puis comme je dis quand on a de la douleur, 315 on s’accroche au peu de chose qu’on peut avoir, on s’accroche, on s’accroche. L’hypnose est

arrivée à ce moment-là et ça m’a beaucoup aidé, encore une fois. Hier soir, j’étais pas bien, il

fallait que je mette mon attelle en extension, j’avais mal et tout et je me suis dit « je vais faire le

vide, je vais faire ce que Yaëlle* m’a enseigné » et bien ça a fonctionné.

Chercheur : Il y a un délai. Comment ça se passe en fait ? 320

Patient : Et bien j’essaye vraiment de faire le vide, d’être centrée sur moi-même, sans l’être trop

en fait. Et je mets mes protections. J’essaye d’être le plus… de regarder un point devant moi et

quand je sens que ce point commence à être un petit loin, je ferme les yeux mais j’évite parce

qu’en fait quand on ferme les yeux on a tendance à être un petit peu.. Sans le vouloir quand on

est vraiment dedans, moi j’ai tendance à pas vraiment m’endormir mais à être dans une 325

Page 92: dans la prise en soins

XXIII

somnolence. Et j’ai tendance à mettre en place tout ce que Yaëlle* m’a enseigné, et ça me permet

de bien mettre mon attelle, d’essayer de tenir la nuit ; des fois j’y arrive, des fois j’y arrive pas ;

mais vraiment ça me fait vraiment du bien.

Chercheur : Là votre retour à domicile est prévu pour quand ?

Patient : Pour le moment non. 330

Chercheur : Et est-ce que vous avez prévu de continuer ces soins une fois chez vous ?

Patient : En fait... Je sais pas. Depuis le mois de mars où je suis tombée, je ne dis pas que je vis

au jour le jour mais presque quoi. En fait je suis tellement dans la douleur et j’accepte pas le fait

d’être diminuée, et j’accepte pas plein de choses que pour l’instant je me dit « je suis ici, je prends

ce qu’il y a à prendre ici et j’essaye de guérir au plus vite et quand je vais rentrer chez moi, je 335 verrai comment je vais gérer les choses quoi en fait ». Pour l’instant je me projette pas du tout à

ce niveau-là.

Chercheur : Au niveau de votre rééducation ?

Patient : Non, pour le moment je suis ici, je pense à ce que je vis ici quoi en fait.

Chercheur : Et au niveau de la pratique de l’hypnose ? 340

Patient : Ah et bien je pense que je vais continuer oui.

Chercheur : Par vous-même ou est-ce que vous essayerez de rencontrer un autre

hypnothérapeute ?

Patient : Je pense que je vais essayer de continuer d’acquérir ce que Yaëlle* va pouvoir me

proposer et je pense qu’à un moment donné, je vais peut-être stagner et je voudrais certainement 345 apprendre d’autres choses et je pense oui, curieuse comme je suis, je n’arrêterai pas.

Chercheur : C’est vraiment l’apprentissage qui vous intéresse ?

Patient : Oui. Quand j’étais enceinte, j’ai fait de la sophrologie et j’adorais aussi ce genre de

pratiques. C’est pour ça aussi que je pense que je n’arrêterai pas.

Chercheur : Est-ce que vous recherchez quelque part l’autonomie de votre soin en fait ? 350

Patient : C’est une question un peu difficile en fait. Parce qu’être autonome à ce niveau-là en fait

c’est bien mais avoir un support sur qui on peut compter, c’est important aussi je pense.

Chercheur : Un guide un peu ?

Patient : Oui. Parce qu’en fait bah Yaëlle* c’est mon guide et en fait je me dis que si elle était

pas là, je ne pourrais pas forcément acquérir ce que je souhaite encore acquérir un petit peu plus 355 et en fait à un moment je vais stagner forcément. Parce qu’en fait je peux pas inventer des choses

que je ne connais pas en fait. Et c’est pour ça que je me dis que pour moi je pense que ça va être

important de continuer même après je pense.

Chercheur : Et là est ce que vous vous sentez déjà un petit plus autonome par rapport à la prise

de médicaments ? 360

Patient : Non parce que là j’en prend toujours et ça suffit plus. Justement je vois le médecin et

pour le moment les médicaments et l’hypnose ne suffisent pas encore à calmer les douleurs.

Chercheur : Donc sur ce point on peut pas encore vous apporter l’autonomie ?

Patient : Mais, il y a des moments, j’aurais moins mal, et la douleur sera supportable et les

médicaments suffiront. Mais là depuis jeudi, je suis en douleur pratiquement en permanence. 365 C’est pour ça qu’il me tarde demain de pouvoir voir le médecin pour pouvoir changer de traitement

ou trouver une solution.

Page 93: dans la prise en soins

XXIV

Chercheur : Est-ce que vous pensez à d’autres techniques pour calmer ces douleurs ?

Patient : Je pensais faire une séance d’acupuncture en fait. Parce que je suis très curieuse et

comme on disait, le yoga, l’acupuncture, la sophrologie ce genre de chose qui me plait. Et je 370 pense que c’est pour ça aussi que l’hypnose m’a plu tout de suite et que je suis tout de suite

rentrée dedans. Parce que je pense qu’une personne lambda aurait plus de mal.

Chercheur : Vous pensez que c’est cette curiosité, cette ouverture d’esprit qui fait que ça se soit

bien passé ?

Patient : Oui. Et puis c’est toujours bien de s’enrichir des connaissances des autres aussi. 375

Chercheur : Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter ?

Patient : Et bien non, si vous avez d’autres questions n’hésitez pas. Mais moi je suis ravie de

l’évolution que j’ai dans ma guérison ici. Yaëlle* apporte sa pierre à l’édifice, comme mon kiné,

comme l’ergo, comme tout le monde mais je mets Yaëlle* en haut. (rires)

Chercheur : En tant que personne ou en tant que des techniques qu’elle vous a apprise ? 380

Patient : Les deux, en tant que personne et pour les techniques. C’est difficile à décrire parce

que j’ai vraiment eu un coup de cœur pour cette personne. Même si mon kiné me fait du bien et

que les séances d’ergo me font du bien aussi, Yaëlle* je la vois que 1h par semaine et c’est une

personne qui est au-dessus de tout le monde ici (rires).

Chercheur : Sa pratique rentre quand même en compte ? 385

Patient : Ah bah oui bien sûr, c’est lié. C’est évident. Je pense que sans elle, je ne serais pas

aussi confiante sur ma guérison et tout. Parce que je suis passée par des phases très très

difficiles, quand je suis arrivée ici et tout, ça a été très très dur pour moi et grâce à Yaëlle* et à

son apprentissage ça a été bénéfique pour moi. Je suis ravie.

Chercheur : Très bien, je vous remercie. 390

Page 94: dans la prise en soins

XXV

Annexe 6 : Retranscription Entretien 2

Chercheur : Pour commencer, j’aimerais que vous me disiez comment l’hypnose au début est

rentrée dans votre prise en charge ?

Patient : Donc j’avais, j’ai toujours d’ailleurs, des douleurs permanentes et je ne suis pas plus

attiré par tout ce qui est médicamenteux donc l’hypnose était un très bon compromis justement, 5 pour passer les douleurs. Ou du moins les estomper on va dire.

Chercheur : On vous l’a proposé ?

Patient : On me l’a proposé et j’étais un peu (hésitations) sceptique, sur le fait de... Je voyais

l’hypnose un peu, comme ce qu’on peut voir à la télé et puis pour moi c’était un peu… Pas réel.

Je voyais pas quelque chose qui pourrait aboutir et m’enlever réellement les douleurs. 10

Chercheur : D’accord.

Patient : Donc on a fait un essai. Le premier essai c’était plus une approche. Voir, expliquer,

comment ça se passe un peu. Donc ça restait toujours un peu flou, c’est compliqué de se mettre

vraiment dedans. Et au fur et à mesure, en rentrant vraiment dans le système et en acceptant le

fait aussi de… en le voulant. Parce que je pense aussi qu’il y a une partie « faut le vouloir pour 15 que ça marche » et ben on est arrivé à faire quelque chose de pas mal.

Chercheur : D’accord. Est-ce que vous aviez des connaissances particulières sur l’hypnose

avant de commencer ?

Patient : Du tout.

Chercheur : Aucune notion. Et un ressenti sceptique c’est bien ça ? 20

Patient : C’est ça.

Chercheur : Est-ce que vous aviez d’autres ressentis ?

Patient : Non non du tout. Juste effectivement très sceptique et puis ça s’arrêtait là.

Chercheur : Et autour de vous, dans votre entourage, est ce que vous aviez déjà entendu parler

d’hypnose ? 25

Patient : Non. Pas dans le contexte médical en tout cas.

Chercheur : Donc vous ne saviez pas que l’hypnose avait une application dans le médical ?

Patient : J’avais dû lire quelques articles là-dessus sur les opérations ou autres, mais ça restait

pour moi… Comment dire… Je trouve pas mes mots. Utopique on pourrait dire, très particulier.

Chercheur : Et donc après vous disiez que vous être rentré dedans, pour reprendre votre 30 expression, est-ce qu’après plusieurs séances vous avez changé d’avis sur l’hypnose ?

Patient : Ah oui totalement. Effectivement, une fois qu’on s’habitue, qu’on assimile réellement la

méthode, et bien après ça fonctionne. C’est vraiment un moment où on prend sur soi, où on va

chercher réellement au plus profond, et ça fonctionne effectivement.

Chercheur : Vous parlez d’une méthode. Qu’est-ce que vous avez appris en fait avec cette 35 méthode ?

Patient : Euh… Donc pour moi c’était on va chercher au plus profond. Vu que j’ai des soucis

avec les mains. Auparavant elle m’avait questionné pour savoir qu’est ce qui pourrait m’aider,

qu’est-ce qu’on pourrait mettre en place comme méthode pour enlever cette douleur. Donc soit

un lieu, soit un endroit de bien être, soit un objet, quelque chose. Et pour moi ça a été des gants 40 de boxe que je visualisais et que je venais enfiler sur mes mains. La première étape, ça n’avait

Page 95: dans la prise en soins

XXVI

pas fonctionné. Donc juste avec les gants de boxe, ce n’était pas suffisant. On est passé à des

bandes, on a enfilé des bandes. Et tout ça, elle expliquait.

Chercheur : C’était des exercices de visualisation ?

Patient : Oui c’est ça. Et donc avec tout ça, il y avait une chaleur qui rentrait dans la main, et qui 45 vraiment faisait effet. Ça anesthésiait un peu.

Chercheur : Vous ne ressentiez plus du tout la douleur ou elle était diminuée ?

Patient : Euh… plus du tout non mais beaucoup moins du moins.

Chercheur : Et donc ça c’était après plusieurs séances ou vraiment à la fin une fois que vous

maîtrisiez un peu plus ? 50

Patient : Il a fallu 3 séances pour que ça commence à fonctionner réellement. La première elle

n’a pas fonctionné mais elle m’a permis d’avoir des bases. Le plus dur c’était réellement de

rentrer, enfin d’intérioriser et puis de visualiser le fait de pouvoir mettre des gants. Tout ça c’était

vraiment compliqué.

Chercheur : Vous dites que la première séance n’a pas fonctionné. Qu’est-ce qui vous a donné 55 envie de continuer après ? de poursuivre les séances ?

Patient : Par curiosité en fait. Parce que j’ai vu que c’était pas comme ce qu’on pouvait voir à la

télé, des gens qui font la poule ou quoi (rires). Et bien non non, c’était vraiment intéressant. Et

l’idée me plaisait.

Chercheur : Est-ce qu’il y a autre chose qui vous a plu dans ces séances de kiné ? 60

Patient : C’était pas de la kiné, c’était plus de la relax en fait. On est assis, confortablement dans

le fauteuil. Donc on se détend, on prend réellement conscience de tout ce qui nous entoure, tous

les petits bruits, l’air, tout ça et puis… c’était pas mal en fait. Le cadre est vraiment agréable.

Chercheur : Ça contraste avec les autres séances que vous aviez ?

Patient : Ah oui complètement. 65

Chercheur : Qu’est-ce qui vous plaisait le plus ?

Patient : Le moment détente en fait. Et puis la voix en fait de Marie* qui berce tout ça. Elle avait

une voix très douce, je pense que ça a un gros intérêt là-dedans. Ça permet réellement de rentrer

dans une phase de transe je dirais.

Chercheur : C’est ce qu’elle vous disait, les phases de transe ? 70

Patient : Je crois que c’est ce qu’elle employait comme mot oui.

Chercheur : Et qu’est-ce que vous faisiez d’autre pendant ces séances ? Vous parliez de gants,

est-ce qu’il y avait d’autres exercices qu’elle vous faisait faire ?

Patient : (hésitations) Dans le premier exercice, c’était vraiment se concentrer sur la respiration.

Laisser entrer l’air, souffler l’air, ressentir l’air entrer dans les poumons et l’expulser. Une fois 75 qu’on avait atteint cette étape, progressivement on se détendait encore plus, on se laisse

réellement aller et après elle guide par sa voix à venir mettre les bandes. Donc tout ça c’était sur

une heure, donc ça prend pas mal de temps et à la fin, il fallait enlever tout ça, retirer, pas garder

toutes les bandes et autres.

Chercheur : Vous dites qu’il fallait se laisser aller. Est-ce que c’était simple pour vous cet 80 exercice ?

Patient : Non c’est très compliqué. C’est ça le plus compliqué je pense, de se laisser aller, et puis

de trouver vraiment le point où on est, c’est un peu comme une phase de sommeil. C’est un peu

Page 96: dans la prise en soins

XXVII

ça. Le point où on entend encore ce qu’il se passe mais on est sur le point quasiment de

s’endormir. 85

Chercheur : Vous aviez eu de l’hypnose pendant combien de temps ? Vous aviez fait combien

de séances en tout ?

Patient : J’avais fait 10-12 séances, une toutes les 2 semaines.

Chercheur : Et du coup quelle a été la réaction de votre entourage quand vous leur avez dit que

vous faisiez de l’hypnose ? 90

Patient : Un peu la même que celle que j’avais avant d’en faire (rires). Oui oui, parce que je suis

rentré, j’avais une fiche de suivi pour pouvoir le faire tout seul. Quand je montrais ça aux amis,

c’était fou rire quoi.

Chercheur : Qu’est-ce qu’il y avait sur cette fiche ?

Patient : Ce que je viens de vous dire en fait. Entrer en transe, trouver le point, se trouver un lieu 95 calme, sans bruit, être attentif à tout ce qu’il y a autour… Voilà.

Chercheur : Ce que pense vos amis, vous pensez que c’est l’idée générale ?

Patient : Oui c’est ça, je pense que c’est un peu l’idée générale de toute personne qui n’a pas

essayé l’hypnose. Et je pense que tout ce qu’on peut voir à la télé y est pour quelque chose,

parce que ça a l’air vraiment très (hésitations), c’est très drôle quoi à voir (rires). Mais y’a pas 100 d’utilité, on se dit…

Chercheur : Et maintenant que vous voyez l’utilité et que surtout votre entourage, vos proches

ont vu le bien que ça vous a apporté est ce que ça a changé un peu leurs idées ?

Patient : Pas l’entourage non. Ils comprennent pas en fait. Je vois mes parents ou ma conjointe

voient pas, ils ont du mal à visualiser ce qui peut se passer et pour eux ça n’a pas changé encore, 105 je pense pas. Même si pour moi ça marche, ils restent sceptiques.

Chercheur : Et vous vous sentez soutenu quand même ?

Patient : Ah oui oui là-dessus, y’a pas de soucis mais je pense que d’eux même, ils n’iraient pas

reprendre la fiche et essayer de le refaire.

Chercheur : Et vous, vous continuez de faire de l’autohypnose de temps en temps ? 110

Patient : Plus maintenant non.

Chercheur : Pour quelles raisons ?

Patient : Parce que maintenant je l’ai pas fait depuis longtemps, je pense que j’aurais beaucoup

de mal à retrouver le point pour se mettre en transe. Et puis je trouve plus réellement l’utilité.

Chercheur : Vous n’avez plus de douleurs ? 115

Patient : Sisi mais…

Chercheur : Alors pourquoi vous dites que vous ne trouvez plus l’utilité ?

Patient : C’est pas vraiment l’utilité, c’est le contexte de la vie. Maintenant je retourne tous les

jours chez moi, il faudrait que je trouve un moment calme, seul, sans les enfants et c’est pas

possible. Même si je monte dans une pièce pour me mettre au calme, il y a toujours les enfants 120 qui jouent, qui crient et tout ça en fait ça interfère.

Chercheur : C’est plus par difficulté d’application ?

Patient : C’est ça…

Chercheur : Si y’avait pas toutes ces difficultés, vous pensez que ça pourrait se mettre en place ?

Page 97: dans la prise en soins

XXVIII

Patient : Ça pourrait se mettre en place oui. Après il faut vraiment se consacrer une heure pour 125 pouvoir le faire mais pour que ce soit, enfin pour ma part, efficace, il faut que on en tire un

bénéfice.

Chercheur : Vous aviez essayé des séances un peu plus courtes ?

Patient : Non généralement c’était 1h.

Chercheur : Est-ce que vous vous souvenez, quand vous êtes sorti, comment vous vous sentiez 130 par rapport à l’hypnose ? Est-ce que vous étiez enthousiaste, toujours sceptique ?

Patient : Non j’étais plus du tout sceptique. Et je trouvais vraiment ça vraiment très très bien et

justement je voulais en faire profiter un peu tout le monde mais ça fonctionne pas (rires). Faut

vraiment que les gens, faut vraiment qu’il y ait quelqu’un qui pratique bien la chose pour pouvoir

l’expliquer correctement pour pouvoir le faire, pour pouvoir donner l’envie à quelqu’un d’autres 135 de le faire.

Chercheur : Et maintenant, vous qui le pratiquer un peu moins, est-ce que vous sentez que votre

avis sur l’hypnose a changé de nouveau ?

Patient : Non du tout. Bien au contraire, je suis vraiment sûr et certain de ce que j’ai fait donc je

sais que ça marche et les bienfaits que ça peut apporter. 140

Chercheur : Est-ce que vous avez déjà songé à consulter un hypnothérapeute à l’extérieur ?

Patient : Du tout.

Chercheur : Ça ne vous a pas paru pertinent ?

Patient : Non parce que je pense que ça demande quand même… Il y a pas mal de contraintes

pour pouvoir le faire. Et étant donné qu’il faut le répéter pour en avoir les bienfaits, je pourrais 145 pas y aller toutes les semaines à une séance pour continuer et ne plus avoir mal.

Chercheur : Est-ce que vous avez trouvé une solution alternative à vos douleurs ?

Patient : Le sport. Ça permet quand même de canaliser et du coup de penser à autre chose. Au

final, on n’est pas très loin en faisant du sport, c’est à peu près la même chose et du coup ça aide

pas mal. Et quand il y a des grosses douleurs ben je prends des médicaments. 150

Chercheur : Donc à ce que vous me dites, j’ai quand même l’impression qu’entre maintenant et

le début de votre prise en charge, vos représentations sur l’hypnose ont changées, est-ce que

vous sauriez expliquer comment vous avez fait évoluer ces représentations ?

Patient : Euh.. non. Enfin pas vraiment. (hésitations) c’est le fait de se rendre compte que ça

fonctionne qui a permis l’évolution. Après, effectivement si je mettais arrêter sur le premier 155 aperçu, je pense que j’aurais gardé l’optique que j’avais au départ, qui était que l’hypnose c’est

de la connerie et voilà on en parle plus.

Chercheur : Donc c’est vraiment en pratiquant… ?

Patient : Faut vraiment le pratiquer pour réussir à faire quelque chose.

Chercheur : D’accord. Est-ce que vous avez été guidé vers l’autohypnose ou c’est de vous- 160 même qui avez manifesté l’envie de faire de l’autohypnose ?

Patient : Non progressivement. En fait une fois que j’avais toutes les cartes en main pour pouvoir

le pratiquer tout seul, elle m’a dit « voilà, tu as tout pour le faire toi-même , à toi de le faire, à toi

de le mettre en place ». Et le but, c’était de pouvoir le faire pendant les séances de kiné, chose

qui a été impossible à faire en réalité… Encore une fois, c’est le cadre. On se retrouve dans la 165 salle commune, en kiné. Donc il y a du passage, il y a du bruit et là c’est impossible.

Chercheur : Est-ce que vous avez demandé à faire des séances dans des salles à part justement

pour essayer de… ?

Page 98: dans la prise en soins

XXIX

Patient : Ça m’a été proposé oui, effectivement. Et je crois que j’ai dû en faire une. Ça fonctionne

mais pas aussi bien. 170

Chercheur : Est-ce que vous avez une explication à ça ?

Patient : Le fait que je sois manipulé en même temps.

Chercheur : D’accord.

Patient : Quand je faisais dans le bureau, dans le fauteuil, je suis tout seul, elle est à côté, elle

me parle mais elle ne me touche pas en même temps. Donc ça me permet vraiment de sentir 175 mon corps, d’être très détendu. Donc là ça passe, j’arrive à m’y mettre. Dès que je suis manipulé,

ça ça marche plus (rires)

Chercheur : Vous aviez vraiment besoin de sa présence ?

Patient : La présence oui effectivement… Alors que non en fait parce que j’ai réussi à le

reproduire chez moi, tout seul, dans le lit, ça fonctionne. Mais faut vraiment que je sois au calme 180 et pas de mobilisations. Ou sinon, faudrait que ce soit fait après, donc il faudrait une phase où je

sois tout seul pour pouvoir me mettre en transe et à ce moment-là ils viennent manipuler par la

suite

Chercheur : D’accord. Et est-ce que vous entretenez une relation particulière avec Marie* ?

Vraiment une relation de confiance ? 185

Patient : Oui totalement. Malgré que je la voyais que pour l’hypnose. C’était pas ma kiné

principale. Mais effectivement, elle est professionnelle donc une fois qu’on rentrait dans le bureau,

on passe la porte et on est dans le cadre vraiment médical. C’était vraiment oui une relation de

confiance donc il y avait pas, il pouvait pas y avoir de fuites externes, ils sont tenus par un secret.

Donc ce qui est dit reste dans la pièce. 190

Chercheur : Est-ce qu’elle avait d’autres qualités qui vous encourageaient à pratiquer

l’hypnose ? Qui vous donner envie d’aller en séance ?

Patient : Euh oui. Je pense que c’est une qualité qui est valable pour tous ceux qui pratiquent

l’hypnose. Elle était très douce, avec une voix très calme, très posée et pour moi je pense que

c’était très important. Ça aurait pas fonctionné (hésitations) je sais même pas si ça aurait 195 fonctionné avec un homme en fait.

Chercheur : Intéressant. Pourquoi vous dites ça ?

Patient : Je sais pas, la voix… Je sais pas. Le rapport que je pouvais avoir avec elle. Quelqu’un

de très calme, de très détendu. Je sais pas c’est un ressenti comme ça.

Chercheur : Elle vous transmettait un peu… 200

Patient : Cette sagesse oui. C’est exactement ça. Cette détente aussi.

Chercheur : Et est-ce que vous avez retrouvé cette relation en séance avec d’autres kinés, ou

même des infirmières ? le même contexte de relation médicale.

Patient : Oui dans d’autres circonstances. Mais avec la kiné que j’ai actuellement, c’est vrai

(hésitations) que c’est pareil. Mais elle aussi elle est hypnothérapeute, elle a une voix très douce, 205 très calme, donc c’est peut être le même système effectivement.

Chercheur : Pour vous c’est des qualités essentielles pour faire de l’hypnose ?

Patient : Oui je pense. Sans ça, ça peut pas fonctionner pour ma part.

Chercheur : Et est-ce vous pensez qu’il y a d’autres qualités, que Marie* n’avait pas, qu’il faudrait

développer pour que l’hypnose fonctionne davantage et vous donne davantage l’envie de 210 poursuivre ?

Page 99: dans la prise en soins

XXX

Patient : Non, je pense que c’était très bien comme ç’était. Il y a rien d’autres à faire.

Chercheur : Quelles techniques elle utilisait en plus de cette technique de gant ? Est-ce que

vous faisiez d’autres exercices ?

Patient : Le premier exercice réel c’était le souffle. Le souffle, après donc il y avait le ressenti du 215 toucher, du fauteuil, et de toutes les parties du corps qui peuvent toucher le fauteuil. C’était très

important. Et après c’était tous les bruits extérieurs, tous les bruits environnants.

Chercheur : Du coup-là vous me parlez des différentes séances, des différentes qualités. Est-ce

que du coup vous avez ressenti en tant que patient des effets positifs ou même négatifs, durant

votre séjour ? 220

Patient : Bah positifs oui. Le fait que la douleur s’estompe. Négatif… (hésitations) pas vraiment.

Hormis peut-être le fait que l’on se sente un peu déconnecté quand on sort. Très …( hésitations)

comme quand on vient de se réveiller (rires) oui c’est un peu ça.

Chercheur : D’accord. Et ça c’est une sensation que vous décririez de négative ?

Patient : Oh… C’est pas réellement négatif mais c’est pas forcément agréable. Si vous allez 225 manger juste après et que vous être un peu dans le coltard c’est pas top.

Chercheur : D’autres effets positifs ? Sur votre maladie, à part le fait d’avoir moins de douleur.

Patient : La détente. C’est très apaisant. Ça peut aider et puis non voilà, je pense que c’est tout

pour moi.

Chercheur : Est-ce que vous aviez le sentiment de lâcher un peu plus prise sur votre prise en 230 charge en générale ?

Patient : Oui oui aussi ça c’est vrai. Ça c’est quelque chose d’important parce que du coup il y a

aussi, hormis les douleurs, il peut y avoir des tensions qui sont créées suite à l’accident en fait.

Euh tout ce qui est administratif, le travail, tout ce stress qui effectivement a été accumulé. Ça

peut aider aussi à évacuer un peu. 235

Chercheur : Et en tant que personne, est-ce que ça vous a aidé dans votre vie de tous les jours ?

Patient : (Hésitations) peut être, peut-être. Sur le fait de… J’ai tendance à être un peu nerveux

donc effectivement ça peut être un point sur lequel ça m’a calmé un peu.

Chercheur : Est-ce que vous le recommanderiez à quelqu’un dans la même situation ?

Patient : Ah oui totalement. Effectivement, je pense que c’est pas mal. Il y a que du bon à prendre 240 donc oui.

Chercheur : J’aimerais qu’on revienne sur ce point, ça m’a intrigué. Vous disiez que ça n’aurait

pas forcément marché si ça avait été un homme. Du coup j’aimerais que vous réfléchissiez sur

ce qu’il aurait dû faire pour vous amener à avoir les mêmes résultats ?

Patient : L’approche peut être. Il y a une approche différente avec une femme, enfin pour ma 245 part, qu’avec un homme. Je pense qu’il aurait eu plus de mal à me mettre en confiance. Enfin

peut être pas en confiance mais à se lâcher en fait. Et (hésitations) c’est peut-être un peu macho

mais on a toujours une réserve avec un homme, on met peut-être une barrière. Avec une femme

je sais pas, y’a pas trop de barrière. Enfin pour ma part donc c’est peut-être ça. Il aurait peut-être

eu du mal à faire tomber les barrières, à faire tomber les masques ou autres pour pouvoir vraiment 250 être détendu et que je me confie.

Chercheur : Le fait que Marie* soit une femme ça a vraiment enlevé les barrières ?

Patient : Totalement. En fait je pense que ça été plus rapide.

Chercheur : Et donc vous me disiez tout à l’heure qu’actuellement vous ne voyez plus l’intérêt

de refaire de l’hypnose ? 255

Page 100: dans la prise en soins

XXXI

Patient : Ça pourrait être bénéfique mais dans l’immédiat j’ai d’autres choses à voir. J’ai la tête

ailleurs, j’ai la reprise du travail. Il y a tout le côté administratif là, y’a le côté juridique... Y’a plein

de choses qui se mettent en place là vu que je suis sur la fin.

Chercheur : D’accord. Est-ce que vous avez quelque chose d’autres à ajouter ?

Patient : Non, c’est bon pour moi. 260

Chercheur : Je vous remercie.

Page 101: dans la prise en soins

XXXII

Annexe 7 : Retranscription Entretien 3

Chercheur : Pour commencer, j’aimerais que vous me disiez comment l’hypnose est rentrée

dans votre prise en charge ?

Patient : Euh… d’abord il y a eu les séances de relaxation, j’ai fait de l’hypnose avec la

psychologue pour le lâcher prise et avec la kiné par rapport aux douleurs, pour la gestion des 5 douleurs. On m’en avait déjà parlé avant, parce que j’avais des soucis, j’arrivais pas à aller aux

toilettes, pas au bassin. J’étais incapable de faire pipi allongée en fait et on m’avait proposé entre

eux deux mais c’est tombé à l’eau. Et on est revenu vers moi par rapport aux douleurs. On m’a

proposé ça parce que l’électrothérapie agissait sans agir, voilà… Donc vraiment trop de douleurs.

Et je voulais un peu laisser les médicaments de côté. 10

Chercheur : C’est votre kiné qui vous l’avait proposé ?

Patient : Je sais plus… Oui sûrement. Ça fait longtemps.

Chercheur : Qu’est-ce que vous saviez de l’hypnose avant de commencer cette technique dans

votre prise en charge ?

Patient : Euh, pas grand-chose. A part le fait d’être réceptif ou pas réceptif, que ça peut 15 fonctionner, comme ne pas fonctionner. Enfin voilà, c’est tout. Et puis je faisais les séances de

relaxation avant donc j’imaginais que ça s’apparentait assez.

Chercheur : Est-ce que vous aviez déjà entendu parler d’hypnose autour de vous ? Et de quelles

manières ?

Patient : Oui oui mais pas par rapport aux douleurs. Plus dans tout ce qui était psychologique, 20 éventuellement ; que soins on va dire plus médicaux. Je sais qu’il y avait de l’hypnose qui se

faisait pour éviter par exemple les anesthésies pendant les opérations.

Chercheur : Donc vous saviez que c’était appliqué au domaine médical ?

Patient : Oui quand même.

Chercheur : Est-ce que vous aviez un ressenti personnel particulier quant à l’hypnose ? 25

Patient : Euh non, contente d’essayer. Rien de particulier.

Chercheur : Pas d’appréhension ?

Patient : Non non.

Chercheur : Plus une curiosité ?

Patient : Oui. Et une envie que cela fonctionne, si ça peut calmer les douleurs plutôt que de 30 manger des médicaments, c’est mieux.

Chercheur : C’était votre attente principale ? Pour les douleurs ?

Patient : Oui oui.

Chercheur : Est-ce que vous aviez d’autres attentes de l’hypnose ? Vous parliez de bassin tout

à l’heure. 35

Patient : Non. Non bah ça on n’a pas réussi à le mettre en place puisque j’ai réussi à bouger et

on a pu faire fonctionner ça autrement. Donc le temps que ça se mette en place, c’était déjà

passé quoi.

Chercheur : Et suite à votre prise en charge qu’avez-vous appris de plus de sur l’hypnose ?

Patient : Euh (hésitations). Rien. On a mis d’autres choses en place pour les douleurs, pour 40 stimuler la repousse nerveuse, tout ce qui est réchauffement corporel aussi. Parce qu’avec les

Page 102: dans la prise en soins

XXXIII

atteintes que j’ai, j’arrive pas à me réchauffer, mon corps est froid. Donc voilà. Mais j’ai rien appris

vraiment de plus non.

Chercheur : Et votre ressenti personnel a évolué quant à l’hypnose ?

Patient : Non parce que je n’avais pas d’a priori, pas de jugement donc à partir de là.. 45

Chercheur : Vous avez quand même été satisfaite ?

Patient : Oui oui dans l’ensemble. Et puis ça fait un temps pour se poser aussi. Pour moi c’est

une relaxation plus plus. Et puis moi je faisais de l’autohypnose quand j’étais maman pour pouvoir

m’endormir. 50

Chercheur : D’accord.

Patient : Parce que ma fille se réveillait beaucoup et j’avais du mal à me rendormir et au bout

d’un moment je me disais « dors dors dors » et hop je dormais.

Chercheur : Ça remonte à quand ?

Patient : 10 ans. 55

Chercheur : Vous aviez eu une formation ou c’était de vous-même ?

Patient : Non non, je m’étais dit qu’il fallait que je convainque de dormir.

Chercheur : Et vous l’avez assimilé à de l’autohypnose ?

Patient : Oui et au final c’est ça.

Chercheur : Et vous vous êtes sentie soutenu quant au choix des soins d’hypnose dans votre 60 prise en charge ?

Patient : Hum… Mon entourage sait pas forcément tous les soins. Je ne rentre pas dans les

détails.

Chercheur : Et pour vous, ça vous a quand même bien aidé ?

Patient : Oui je pense. Rien que pour l’appréhension des douleurs en fait. Par rapport aux autres, 65 quand il y a des manipulations, je me prépare moi, je sais que je vais avoir mal. Donc je me mets

en conditions pour me persuader que ça me fera le moins mal possible. Comme j’ai des

hyperesthésies, donc vraiment très sensible, le moindre choc me fait mal, donc faut vraiment que

je sois préparée. Et chez moi au quotidien avec les auxiliaires de vie ; au centre c’était pareil avec

les aides-soignants quand y’a du monde quand on me bouscule quand y fait froid où j’ai du mal 70 à me réchauffer... Je me mets vraiment en conditions. Et on a commencé ça aussi avec la

plongée.

Chercheur : Vous aviez commencé l’hypnose dès le début de votre prise en charge ?

Patient : Non pas dès le début. J’ai peut-être commencé 8 ou 9 mois après. Je ne sais plus trop,

le temps passe différemment… Je n’ai plus trop envie de m’en souvenir. 75

Chercheur : J’ai l’impression que vous êtes relativement satisfaite de l’hypnose dans votre prise

en charge...

Patient : Oui oui. Et puis ça fait un temps pour se poser aussi. C’est pas désagréable ça.

Chercheur : C’est ce qui vous plait le plus ?

Patient : Non c’est l’ensemble. C’est vraiment l’ensemble, ce que ça apporte. Réussir à se 80 concentrer, à se canaliser, à quand même gérer les douleurs avec quelques respirations, de

pouvoir maîtriser ça… C’est de ça dont je suis la plus contente. Et après il y a les petits plus.

Chercheur : Qu’est-ce que vous entendez par les petits plus ?

Page 103: dans la prise en soins

XXXIV

Patient : De se poser, d’avoir un moment, de pouvoir discuter avec le soignant, d’essayer

d’explorer d’autres pistes que celle de la douleur, par exemple pour la repousse nerveuse. 85 Essayer de stimuler des choses comme ça. Ça fonctionne, ça fonctionne pas, ça je sais pas. Est-

ce que ça aurait mieux fonctionner sans ou pire avec... Enfin voilà.

Chercheur : Et vous avec combien de séances d’hypnose actuellement ?

Patient : On est à une par mois là. Au début c’était une tous les 15 jours je crois. Je sais plus…

Et là on en fait selon les besoins mais on est quand même sur une fois tous les 15 jours-3 90 semaines à peu près.

Chercheur : Ça vous convient ?

Patient : Oui oui.

Chercheur : Est-ce que vous avez maintenu en parallèle les activités de relaxation ?

Patient : Non non, j’ai arrêté la relaxation quand j’ai commencé l’hypnose. Parce que ça faisait 95 déjà un an que je faisais de la relaxation donc c’est pareil j’ai préféré laisser la place à d’autres

qui pouvaient en avoir besoin. Moi j’avais assimilé les techniques.

Chercheur : De relaxation ?

Patient : Oui de relaxation.

Chercheur : Que vous faites en parallèle encore maintenant ? 100

Patient : Oui chez moi, quand j’ai besoin.

Chercheur : Quand vous avez besoin ou quand vous avez le temps ?

Patient : Euh, bah quand j’ai besoin c’est sûr je le fais, après quand j’ai le temps, non je fais plus.

Chercheur : Ce n’est plus une nécessité pour vous ?

Patient : Non. 105

Chercheur : Est-ce que vous pouvez me décrire si vous vous en souvenez une séance type

d’hypnose ?

Patient : Alors on arrive, on fait un petit debrief, on discute, on papote voilà de la semaine, des

soins, des différentes douleurs, des événements qu’il y a pu y avoir et auxquels j’étais contraintes

de faire face. Euh pour les douleurs j’entends. Et à partir de là ça nous donne une ligne à suivre 110 pour l’hypnose, sur quoi on peut travailler quoi. Si c’était pas les douleurs et que c’était plus tout

ce qui est réchauffement corporel, et bien on travaillait dessus. Donc voilà, on parle, et après on

se met en conditions, on s’installe dans le fauteuil. Yaëlle* m’explique d’abord sur quel terrain elle

veut m’emmener, elle explique l’exercice.

Chercheur : Par terrain vous entendez exercices ? 115

Patient : Oui, et en même temps l’hypnose c’est un peu un tableau, enfin je vois ça comme ça.

Quand je dis terrain c’est qu’on va faire ça, par tel biais. Et le biais va être l’exercice.

Chercheur : Elle vous explicite le chemin à suivre vers l’objectif ?

Patient : Oui.

Chercheur : Et vous manifestez votre demande ou c’est elle qui établit l’objectif de la séance ? 120

Patient : Ça dépend. Selon les besoins, le ressenti. Chaque séance est différente.

Chercheur : Est-ce qu’il vous est arrivé d’aller en séance avec une demande particulière ?

Patient : Oui oui. Bah notamment de stimuler le releveur du pied, de voir au niveau des atteintes

nerveuses si on pouvait faire quelque chose, des petites réparations.

Page 104: dans la prise en soins

XXXV

Chercheur : Vous vous souvenez si ça avait marché ? 125

Patient : Et bien, (hésitations) vous savez sur du court terme on peut pas, sur ce genre de chose

on pas peut dire.

Chercheur : Donc c’est des exercices que vous refaisiez d’une séance à l’autre ?

Patient : Euh on en a refait, et puis je fais un peu chez moi aussi quand même. J’essaye d’y

penser. Après non, à chaque fois j’ai eu des demandes spécifiques. Il y a peut-être eu une ou 130 deux fois où on a répété un exercice pour bien l’assimiler.

Chercheur : Après ces exercices que faites-vous ?

Patient : Alors on s’installe, je me mets dans ma bulle, elle me guide, on travaille, elle me guide

sur ce qu’il y a à travailler pendant une demie heure, 20 minutes. Et après, je reviens, on debrief…

Chercheur : C’est des séances qui durent combien de temps ? 135

Patient : Alors, en tout on se voit environ trois quarts d’heures, mais en tout d’exercices il doit y

avoir 20 minutes-une demie heure. Parce qu’on discute quand même pas mal avant et on debrief

un petit peu après. Je pense qu’en hypnose pure il doit y avoir 20 minutes.

Chercheur : Vous parliez de bulles à l’instant. Comment ça se manifeste justement votre bulle à

vous ? 140

Patient : Euh… Moi avec la respiration et je me vois comme une bulle verte.

Chercheur : Est-ce qu’on vous a guidé vers cette représentation ?

Patient : Pas ici. Euh (hésitations). Moi des exercices comme ça, c’est déjà des choses que je

faisais en début de trauma parce qu’une amie m’avait conseillé de m’imaginer dans une bulle

verte parce que le vert, c’est la couleur de la guérison. Donc voilà. Et de me protéger en fait. Et 145 de pouvoir me regénérer dans cette bulle. Donc c’est avec une amie qu’on en avait discuté au

départ. Et après j’ai repris ce principe là en hypnose. Je l’ai expliqué et on a repris cette idée.

Chercheur : Ça convenait à Yaëlle* ?

Patient : Ah oui complètement. Mais je le mettais déjà en place en relaxation en fait. On se disait

de se mettre dans un endroit sécure, et pour moi cet endroit c’était ma bulle. 150

Chercheur : Vous avez assimilé en fait relaxation et hypnose dans la continuité ?

Patient : Alors en fait j’ai retranscrit des choses. Tout ce qui est endroit sécure et autre. J’ai trouvé

ça en relaxation et je l’ai réutilisé pour l’hypnose.

Chercheur : Et qu’est-ce que vous avez rajouté justement entre la relaxation et l’hypnose ?

Patient : Le fait d’être seule, de ne pas être en groupe. Parce que la relaxation c’est des séances 155 de groupe et l’hypnose c’est des séances individuelles.

Chercheur : Qu’est-ce que vous préférez entre les deux ?

Patient : Les deux me vont. Parce que ce n’est pas les mêmes attentes, ce n’est pas les mêmes

exercices. La relaxation m’a permis de m’apaiser, de souffler… l’hypnose on travaille sur des

points précis, plus personnels donc c’est des choses qu’on ne peut pas faire en groupe. On a 160 tous des pathologies différentes, des réactions différentes. Je pense que c’est difficilement

applicable.

Chercheur : L’hypnose c’est très personnel pour vous ? Enfin très individualisé ?

Patient : Alors, pour ce type de démarche, oui. Parce qu’on a… On voit bien entre patients, déjà

il nous ait tous arrivé des choses très différentes et les douleurs sont vraiment très différentes. 165 On peut avoir des douleurs communes ; admettons, j’ai un copain ça lui brûle pareil que moi

Page 105: dans la prise en soins

XXXVI

l’intérieur des mains par contre il sent quand on le touche. Moi on me touche, je sens rien. Donc

on peut pas imaginer ; quand on perd le sens du toucher, y’a des notions qu’on a plus et qu’il faut

vraiment réimaginer. Alors que quelqu’un qui a cette notion-là, et bien peut être que toute une

partie de l’exercice où il faut se rappeler du toucher, du contact et bien ça n’a pas lieu. Enfin je 170 ne verrais pas la pertinence.

Chercheur : Pour vous, il faut vraiment que ça vous corresponde pour avoir le plus d’effets

possibles ?

Patient : Oui, principalement pour les douleurs. Autant sur les exercices du réchauffement du

corps, je pense que ça peut être des séances collectives mais non sur les douleurs je pense 175 vraiment qu’il faut que ce soit individuel. J’ai pas envie de partager ça avec tout le monde.

Chercheur : Est-ce vous avez trouvé que ça avait été difficile à mettre en place comme séance ?

Patient : Non non.

Chercheur : ça vous a tout de suite été simplifié ?

Patient : Oui oui. Au niveau planning il y a pire (rires). 180

Chercheur : Quelles techniques spécifiques vous utilisez pendant les séances ?

Patient : Beaucoup de respiration, et (hésitations) après d’imaginer, être dans son corps c’est un

peu plus compliqué. (Elle réfléchit) A chaque fois c’est des techniques de respiration différentes

je trouve. Et essayer de se rappeler de son corps quoi. Plus de la visualisation et de la respiration,

c’est ce qui me revient. Ou je ne me suis pas rendu compte de là où elle m’emmenait et tant 185 mieux parce que ça veut dire que ça s’est passé en douceur. Un peu comme une transe. Mais

ça paraissait logique en fait, on n’a pas l’impression de faire un exercice parfois.

Chercheur : Vous trouvez que la trame est naturelle ?

Patient : Oui et puis on prend l’habitude, j’ai pris l’habitude aussi. Donc il y a des choses des fois

j’écoute pas et je sais ce qui est demandé donc je fais. Elle m’accompagne mais je suis pas à, 190 on va dire appliquer scolairement. C’est acquis. Donc c’est plus naturel, c’est plus fluide.

Chercheur : Est-ce que vous pensez que c’est acquis en une séance une fois toute les 2

semaines ou parce que vous le refaites par vous-même le soir ?

Patient : Non à force de répéter mais ça c’était déjà avec la relaxation. C’est à force de

répétitions. 195

Chercheur : Par vous-même du coup ?

Patient : Non, en relax on était guidé. Y’avait Yaëlle* aussi ou Marie*… Je sais plus. Mais non

c’est à force de le faire. Toute seule (hésitations) je ne le fais pas beaucoup et je me rends peut-

être pas compte parce que c’est des moments où ça va pas. Et je le fais peut-être des fois

inconsciemment. 200

Chercheur : Vous êtes plus focalisée sur vos douleurs ?

Patient : Oui d’essayer de passer les douleurs, donc je le fais un peu de temps en temps. Mais

aussi les douleurs se sont apaisées.

Chercheur : Qu’est-ce qui vous donne envie de poursuivre ces séances d’hypnose, d’aller en

séance ? 205

Patient : Bah c’est le besoin plus que l’envie en fait. On se passerait bien d’avoir des soins mais…

Le besoin parce que j’ai toujours mal, parce que les connexions nerveuses fonctionnent pas

toujours bien non plus, donc voilà. Mais c’est un besoin, pas une envie.

Chercheur : Mais c’est quand même un temps appréciable ?

Page 106: dans la prise en soins

XXXVII

Patient : Oui oui, enfin des fois c’est compliqué. Il y a des séances c’est éprouvant. Euh… C’est 210 éprouvant parce que c’est fatiguant, c’est appréciable parce que Yaëlle* est vraiment super et

puis c’est agréable d’être avec elle, de faire ce travail-là avec elle mais c’est éprouvant. Il y a des

séances, j’étais en pleurs…

Chercheur : Plus psychologiquement du coup ?

Patient : Oui. Puis même il y a des douleurs, quand on essaye de les apaiser il y a bien un 215 moment où il faut les raviver donc le corps peut être en souffrance quand même.

Chercheur : Vous voyez ça quand même comme un plus dans votre prise en charge ?

Patient : Oui oui complètement ; Sinon j’aurais pas continué. Si ça ne m’avait rien apporté, je

n’en ferais plus.

Chercheur : D’accord. Et est-ce que ça vous donne, malgré tout, envie de continuer par vous-220 même, par exemple avec l’autohypnose ?

Patient : Ah bah oui c’est ce que je vous disais, maintenant quand j’ai mal ou que j’ai froid, je

continue. Je me mets plus en séance, à me dire « ah bah tiens je vais me faire de l’hypnose », je

me dis que « là j’ai vraiment mal, faut que je me concentre, faut que ça passe ». Une auxiliaire

de vie qui est trop bourrine, parce qu’il y a pas d’autres expressions, et bien je sais que quand je 225 vais la voir, et bien il faut que je me prépare avant. Donc ça me sert à ça maintenant. Ou je sais

qu’en quelques respirations, tout ce qu’on a fait en séance d’hypnose, il y a plus beaucoup de

travail à faire quand je suis chez moi. J’ai juste à me rappeler de quelques parties des exercices,

à respirer. Donc je m’imagine ma bulle et je sais que cette auxiliaire pourra m’aider à me préparer

sinon c’est pas possible. Je la laisse pas m’approcher quoi. 230

Chercheur : Ça vous a aidé aussi à rentrer dans votre prise en charge et à vous autonomiser

vis-à-vis des soins ?

Patient : Médicalement il y a une phase où j’ai pu baisser les médicaments, là un peu moins.

Mais oui, rien que pour ce qui est des douleurs, on a moins besoin de faire des exercices en

séances, c’est quelque chose que j’ai assimilé donc oui si on va part là, je suis plus autonome là-235 dessus.

Chercheur : Est-ce que vous pouvez me parler de la relation que vous avez avec Yaëlle* en

séance ?

Patient : Hum le courant passe bien, du coup je suis réceptive à ce qu’elle me propose et elle

écoute aussi ce que je dis, donc il y a de l’échange. 240

Chercheur : Est-ce ça vous encourage dans votre demande de continuer l’hypnose ?

Patient : Oui. Mais après c’est quelque chose de naturel en fait. Ça se passerait pas comme ça,

ça serait inquiétant à mon sens, qu’il y ait pas d’échange.

Chercheur : Du fait que ce soit une séance d’hypnose ou vous parler en général ?

Patient : En terme général. De toutes façons, que ce soit hypnose, kiné, ergo, si on s’entend pas 245 avec les personnes qui nous aident, moi ça fait un an et demi, ça serait un peu compliqué.

Chercheur : Vous vous entendez avec toutes les personnes qui vous soignent ?

Patient : Non je pense pas.

Chercheur : Vous faites la différence, au niveau relationnel, avec Yaëlle* à qui vous vous confiez,

vous échangez, et puis une autre auxiliaire de vie qui vient pour les soins ? 250

Patient : Ah bah oui il y a des auxiliaires avec qui on ne discute pas spécialement parce que y’a

pas d’accroche, y’a pas d’échange à avoir. Je dis ce dont j’ai besoin et elle fait et puis voilà. Et

puis ils ont pas les mêmes rôles dans un sens. Après il y a des auxiliaires de vie qui sont plus

Page 107: dans la prise en soins

XXXVIII

mes auxiliaires mais avec qui on peut aller boire un coup maintenant et avec qui on s’entend

bien ; et puis il y a d’autres auxiliaires avec qui le courant est pas passé et en une demie heure, 255 j’ai demandé à ne plus les revoir quoi. Parce qu’elles faisaient mal, parce qu’elles n’écoutaient

pas.

Chercheur : Et spécifiquement dans le soin, est-ce que vous avez des attentes particulières pour

que le soin se passe bien ? Je vois en hypnose, vous parliez d’écoute…

Patient : Mais d’écoute, aussi dans le sens où dire « là j’ai mal de cette façon-là » donc ça elle 260 l’entend, elle l’écoute, elle l’entend. Et elle agit en fonction de. C’était plus ça. C’était pas

forcément aller confier mon weekend ou autre, c’est vraiment l’écoute par rapport aux soins,

d’être attentive aux douleurs, de se rendre compte que même si des fois je dis « oui ça va » elle

se rend compte que bon ça va moyen quoi, que ça pourrait être mieux. Donc elle est attentive à

ça. 265

Chercheur : Est-ce que vous avez en tête des qualités qu’il faudrait pour faire des séances

d’hypnose auprès d’un patient ?

Patient : Oui parce que j’ai pu voir la différence avec quelqu’un qui avait récupéré de la relaxation

et je pense qu’il faut être calme, faut être posé, faut quand même parler doucement, respirer et

être bien avec soi-même aussi. Parce que quelqu’un qui est pas forcément en accord avec lui-270 même, c’est compliqué d’aider les autres aussi sur ce terrain-là. Parce que je l’ai ressenti en

relaxation avec une personne qui bombardait, qui lisait, qui voilà… Bah ça donne pas forcément

envie de te détendre.

Chercheur : Ça vous est désagréable ?

Patient : Oui. 275

Chercheur : Et est-ce que vous retrouvez ces qualités auprès de Yaëlle* ?

Patient : Oui, complètement. Alors après vu que c’est avec elle que j’ai commencé, je me suis

habituée à elle et implicitement ça m’oriente comme ça. Parce que d’autres personnes qu’on eut

cette personne là en relaxation, ça ne les a pas dérangés. Et peut-être s’ils récupéraient Yaëlle*

après sur quelques séances, peut être que ça leur ferait bizarre aussi. On s’habitue aux choses, 280 dès le début.

Chercheur : Vous pensez que c’est vraiment une perception propre à soi-même ?

Patient : Oh bah oui.

Chercheur : Et cette relation que vous avez mis en place, cette relation thérapeutique, vous

pensez que ça aurait pu fonctionner avec quelqu’un d’autre ou c’est vraiment parce que vous 285 retrouvez chez Yaëlle* des qualités qui vous sont chères ?

Patient : Oh bah ça aurait pu être avec quelqu’un d’autres. Après ça fonctionne très bien avec

Yaëlle* et je suis contente que ce soit elle et pas quelqu’un d’autre. Mais oui je pense que ça

aurait pu fonctionner ; Après si le courant passe bien… Je vois il y a des personnes, j’ai pas envie

de faire d’effort (rires). Ça se passe très bien avec elle. Je travaille aussi avec les pierres, ça fait 290 des années, avec l’énergie des pierres. Donc elle a voulu que je prenne certaines pierres avec

moi pour une séance, d’intégrer ça dans mes séances d’hypnose donc voilà. Quand je dis qu’elle

est à l’écoute, voilà quoi.

Chercheur : Elle s’adapte bien à ses patients ?

Patient : Oui, et puis c’est quelque chose qu’elle connait aussi un peu. Ça aurait été quelqu’un 295 d’autres, et bien ce quelqu’un d’autres aurait peut-être pas connu, aurait accepté mais aurait

peut-être eu des difficultés à l’intégrer, ce serait pas renseigné, ou ce serait peut être renseigné

et l’aurait intégré. Ça je sais pas.

Chercheur : Ouverte d’esprit vous pensez aussi que ça peut jouer ?

Page 108: dans la prise en soins

XXXIX

Patient : Oh bah oui. 300

Chercheur : Est-ce que vous trouvez que la confiance joue aussi dans cette relation ?

Patient : Oui ; parce qu’il faut se laisser aller. Je vois pour certaines douleurs ou un lâcher prise.

Si j’ai des douleurs, je n’arriverais pas à me détendre. Et si je peux pas me détendre, j’arriverais

pas à aller en transe ou à lâcher le morceau pour faire ce qu’il y a à faire quoi.

Chercheur : Vos séances de kinésithérapie c’est avec Yaëlle* ou une autre kiné ? 305

Patient : Une autre kiné, mais Yaëlle* je l’ai eu un petit peu en remplacement. Mais non ma kiné

principale c’est pas elle.

Chercheur : Et vous arrivez quand même à faire de l’autohypnose, à vous mettre en conditions

d’hypnose avec une autre kiné ? ça ne joue pas ?

Patient : Sur la relaxation oui et puis après je l’ai aussi avec le psy. Je suis là pour bosser donc 310 si je le fais c’est pour moi. Donc à partir de là, je me dis qu’il faut que je me donne les moyens.

Chercheur : Vous trouvez ça compliqué ? De vous donner les moyens.

Patient : Oui ça peu. Oui parce que ‘il faut toujours se botter les fesses, pour aller plus loin. Mais

ça dépend des journées. Quand vraiment je suis fatiguée et que la séance on avait prévu de

bosser là-dessus, et bien non on ne le fais pas, parce que ça va me demander trop d’énergie ; 315

Chercheur : C’est principalement la fatigue qui bloque ?

Patient : Oui. Pour tout en général. Y’a des choses que je peux pas faire, même en ergo. Des

fois ils me voient arriver et me dit « bon bah on va pas faire ce que j’avais prévu ». La fatigue, les

douleurs… Et en fait c’est énergivore d’essayer de gérer les douleurs justement. Parce que j’ai

le corps entier qui me brûle, chaque pas j’ai mal, chaque mouvement de main j’ai mal. C’est 320 énergivore.

Chercheur : Et même une séance d’hypnose ? Vous disiez tout à l’heure que ça vous calmait.

Patient : Oui ça me coûte en énergie mais comme ça apaise… Et puis généralement quand c’est

comme ça, elle fait en fonction que je me ressource aussi. Donc elle met d’abord ça en place, de

me ressourcer, avant d’attaquer ce qui est problématique. 325

Chercheur : Comme quoi ?

Patient : C’est plus les exercices de respiration pour me ressourcer, voilà faire rentrer le bon,

faire ressortir le mauvais. Et trifouiller… Je dis trifouiller parce que dans mon imagination c’est

ça, pour la repousse nerveuse ou contre la douleur voilà. Il y a d’abord cette étape là avant. Après

quand je vais bien, il y a pas besoin, on rentre direct dans le vif du sujet. Mais oui les jours où je 330 suis fatiguée, on fait ça d’abord.

Chercheur : Donc depuis que vous faites de l’hypnose ou de la relaxation, vous avez quand

même été sensibilisée aux bienfaits. Est-ce vous avez quand même perçu des effets négatifs ?

Patient : (Hésitations) J’arrive jamais à savoir si c’est lié à ça ou pas mais un jour on avait bossé

sur la repousse nerveuse. Toute la soirée, j’ai eu mal aux pieds quoi. Donc moi après je devais 335 refaire des exercices à la maison pour essayer de lutter contre la douleur.

Chercheur : Donc des exercices de visualisation ?

Patient : Pour la repousse oui. J’imaginais mon kiné en train de dire à une copine où il fallait

réparer, où il fallait faire les connexions. Après je sais pas si c’est directement en lien, on peut

pas être sûre à 100%. 340

Chercheur : Vous ne remettez pas ça sur l’hypnose ?

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XL

Patient : Non. Mais c’est un évènement qui me dit que comme on a bossé ça, mon releveur je

l’ai bossé en kiné le matin comme j’ai marché. Il suffit d’un faux mouvement chez moi ou que

l’auxiliaire m’ait trop frotté ou cogné et que je ne m’en sois pas rendue compte et finalement que

ça me fasse mal quand même. Après moi l’hypnose on prêche plus ou moins une convaincue. 345 Je sais pas si vous connaissez Franz Bardon.

Chercheur : Non.

Patient : C’est un petit peu plus ésotérique. Lisez Frabato. C’est un des hypnotiseurs, début

19ème et qui faisait parti de la loge franc-maçonnique et qui faisait des spectacles, parce que c’était

encore autorisé. Donc s’il y a une référence, je pense qu’elle peut être intéressante. Donc pas en 350 soins médicaux hein mais en général.

Chercheur : Ça vous a aidé à accepter l’hypnose ça ?

Patient : Oui a accepté que ça soit dans un domaine soin, et autre que psychologique. On avait

fait une séance avec Jeanne*, la psychologue, pour le lâcher prise notamment. J’en avais déjà

fait, mais c’était pas les mêmes exercices et pas les mêmes étapes. J’étais beaucoup plus en 355 transe en séance psy qu’en séance soin médical comme ça quoi.

Chercheur : Et a contrario des effets négatifs, pouvez me parlez des effets bénéfiques, positifs ?

Patient : Ben d’avoir moins mal quand même. J’ai franchement… (hésitations) calmé Sur les

exercices de respiration, ça me permet de me calmer et d’avoir moins mal quand il y a des

auxiliaires de vie par exemple. D’essayer d’avoir un petit moins froid aussi des fois, ou moins 360 chaud.

Chercheur : Ça c’est spécifique du coup pour votre maladie. Est-ce que vous avez réinvesti au

quotidien les principes de l’hypnose dans la vie de tous les jours ?

Patient : Non non je cible ; toujours une question d’énergie.

Chercheur : Vous parliez de lâcher prise tout à l’heure. Des fois quand vous êtes stressée, est 365 ce que ça vous arrive de le faire par vous-même quand vous êtes chez vous ?

Patient : Hum… Non, parce que je pense pas être plus stressée que ça. J’ai tellement connu pire

en fait que maintenant ça va. Donc non, je l’utilise pas dans ces cas-là.

Chercheur : Et quand vous avez connu pire, qu’est-ce que vous faisiez ?

Patient : Ben je me mettais dans ma bulle, j’essayais de respirer, de mettre les principes de la 370 relaxation en place en fait.

Chercheur : Toujours dans la continuité de ce que vous aviez vu ?

Patient : Appris oui.

Chercheur : Vous considérez que c’est bien un apprentissage ?

Patient : Oui parce que c’est des techniques de respiration quand même, donc oui. 375

Chercheur : Ça a mis du temps d’apprendre ces techniques ?

Patient : Pas d’apprendre mais de l’appliquer. Plus dans l’application. Des fois, j’étais tellement

fatiguée que je m’endormais à chaque séance. Des fois ça me ressourçait. On est quand même

en relaxation pour ça. Donc oui.

Chercheur : Et l’hypnose du coup ? 380

Patient : Pour moi c’est lié. Je trouve que la relaxation c’est de l’hypnose de groupe, ici en tout

cas. Je le prends comme ça. Parce que je retrouve la même façon de parler, le même phrasé,

des exercices similaires.

Page 110: dans la prise en soins

XLI

Chercheur : Le même soignant aussi ?

Patient : Oui. Après que ce soit la même personne c’est pas important. C’est plus dans les 385 actions qui sont mises en place pour arriver à soit de la relaxation soit de l’hypnose. En psy,

c’était différent. On n’était pas sur totalement les mêmes exercices pour arriver en transe.

Chercheur : Il y a quand même une période de transe pendant la relaxation ?

Patient : Euh… (hésitations) Ah oui, quand même. Il y a des fois je suis partie loin.

Chercheur : Quand vous dites partir loin… 390

Patient : C’est d’être dans son lieu sécure en fait. D’y être et d’y être bien quoi. D’oublier ce qu’il

se passe autour. Partir loin pour moi c’est vraiment déconnecter, enfin pas complètement, mais

déconnecter du présent.

Chercheur : C’est ce qui vous aide dans la gestion des douleurs ?

Patient : Dans la gestion de la situation des douleurs oui. 395

Chercheur : Donc en générale, vos attentes de l’hypnose dans votre prise en charge ont été

respectées ?

Patient : Oui. Et puis je conseille des fois à d’autres patients qui arrivent pas à se réchauffer ou

qui ont des douleurs. Et puis c’est un autre patient aussi qui m’en avait parlé. On le voyait, il

fermait les yeux et il nous répondait plus quand on lui parlait. Après il nous a expliqué, il se mettait 400 en condition pour que le froid arrête de l’agresser, pour qu’il ne se trouve pas complètement

tétanisé.

Chercheur : Vous avez un bouche-à-oreilles entre patients ?

Patient : Ah bah oui, on dédramatise un peu tout.

Chercheur : Vous avez déjà vu des patients à qui vous en avez parlé mais qui ont été un peu 405 réfractaire ?

Patient : Réfractaire non, mais à qui ça ne convenait pas oui. Parce qu’ils n’arrivaient pas à se

mettre dedans, ça leur convenait pas quoi. Mais tant qu’on n’essaye pas quelque chose on peut

pas savoir si ça convient ou si ça convient pas.

Chercheur : Est-ce que vous avez quelque chose d’autres à ajouter pour terminer ? 410

Patient : Euh non pas spécialement.

Chercheur : Je vous remercie.

*les prénoms ont été changés.

Page 111: dans la prise en soins

NOM : BARBARE PRENOM : Iléna

TITRE : Hypnose et kinésithérapie Comment optimiser son recours et ses effets dans la prise en soins ?

ABSRACT : Background : This research paper aims to analyze the optimization process of

the hypnosis practice throughout the patient’s care. To this end, the interrogation

formulated aims to provide the existing framework regarding patient’s

representations about hypnosis and strives to define the characteristics of the

physiotherapist-hypnotherapist’s practice that contribute to their evolution. Methods : To provide an answer to this interrogation, three interviews were

conducted with patients following hypnosis treatment as part of their overall care

process. The data collected was then analyzed through a thematical analysis.

Results : The analysis points out that several characteristics do indeed

contribute to the evolution of the patient’s representations regarding hypnosis.

The positive effects experienced by the patient as a result of this practice also

contribute to a positive evolution of the patient’s representations.

Conclusion : By bringing the patient to actively modify his representations, the

therapist incentivizes the latter to get more involved and to become an active

part of the care process. The benefits hereby experienced by the patient are

therefore more significant, optimizing then the hypnosis treatment in the

rehabilitation process.

RESUME : Introduction : Ce travail de recherche propose d’étudier comment optimiser le recours à l’hypnose dans la prise en soins. Pour cela, la problématique établie cible la recherche sur les représentations des patients sur l’hypnose et vise à définir quelles spécificités de la pratique du kinésithérapeute-hypnothérapeute contribueraient à les faire évoluer. Méthodologie : Pour répondre à notre problématique, nous avons menés trois entretiens auprès de patients dont l’hypnose fait partie de la prise en soins. Nous avons ensuite analysé les données selon le mode d’analyse thématique. Résultats : L’analyse indique que plusieurs spécificités de la pratique du thérapeute contribuent à faire évoluer les représentations du patient sur l’hypnose. Les effets positifs que le patient peut tirer de cette technique thérapeutique participent également à cette évolution. Conclusion : En amenant le patient à faire évoluer ses représentations sur l’hypnose, le thérapeute l’encourage à s’impliquer et à devenir acteur de sa prise en soins. Les bienfaits obtenus par le patient sont alors plus significatifs, optimisant ainsi, par la suite, le recours à l’hypnose dans la rééducation.

KEY WORDS : Hypnosis ; Physiotherapy ; Representations ; Care optimization.

MOTS CLES : Hypnose ; Kinésithérapie ; Représentations ; Optimisation de la prise en soins.

INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE de RENNES

Adresse : 12 rue Jean-Louis Bertrand – RENNES (35)

TRAVAIL ECRIT DE FIN D’ETUDES – Année de formation 2015-2019