daniélou alain - shiva et dionysos

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Essai

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  • Table des Matires Page de Titre Table des Matires Page de Copyright Avant-propos Introduction I. - Les origines

    LES PROTO-AUSTRALODES

    LES DRAVIDIENS

    LA CIVILISATION DE L'INDUS

    LES ARYENS (INDO-EUROPENS)

    LES QUATRE RELIGIONS

    LA MYTHOLOGIE

    ORIGINES DU SHIVASME

    LA NAISSANCE DE DIONYSOS

    DIONYSOS DANS LE MONDE ARYAIVIS

    LES PURNAS

    AGAMAS ET TANTRAS

    TEXTES GRECS ET LATINS

    DOCUMENTS ARCHOLOGIQUES

    2. - Aspects et lgendes du dieu

    LE SACRIFICE DE DAKSHA

    NOMS ET ASPECTS DU DIEU

    PASHUPATI, SEIGNEUR DES ANIMAUX

    LE GNIE DES FORTS, LE DIEU LUBRIQUE ET NU

    LE LINGA , PRINCIPE DE VIE

    L'HERMAPHRODITE (ARDHANARSHVARA)

    VISHNOU ET APOLLON

    LE DIEU DES HUMBLES

    LE GURISSEUR

    LE SOUVERAIN DES DIRECTIONS DE L'ESPACE

    LE DIEU DE LA MORT

    LES CENDRES ET LE VTEMENT COULEUR SAFRAN

  • 3. - La desse : puissance, amante et mre

    LA DESSE

    LES MULTIPLES ASPECTS DE LA DESSE

    LA DAME DE LA MONTAGNE

    LA PUISSANCE DU TEMPS

    LA DAME BLANCHE

    SATI (FIDLIT)

    LA MAITRESSE DES ANIMAUX

    LE MARIAGE DE SHIVA ET DE PRVAT

    4. - Les fils de la desse et du dieu 5. - Les compagnons du dieu

    GANAS ET KORYBANTES, LES DLINQUANTS DU CIEL

    LES BHAKTAS OU BACCHANTS (PARTICIPANTS)

    TITANS ET ASURAS

    L'INCENDIE DE TRIPURA

    RAKSHASAS, DMONS ET FANTMES

    HROS ET DEMI-DIEUX

    6. - Les formes animales et vgtales du dieu et de la desse 7. - Les lieux sacrs 8. - L'homme dans le monde

    Les voies de la connaissance

    Tantrisme ou Orgiasme

    L'rotisme, la sacralisation des actes sexuels

    Le sacrifice, la sacralisation de la fonction alimentaire

    9. - Rites et pratiques 10. - Le dieu de la Danse et du Thtre 11. - Vie et socit 12. - L'ge moderne Tableau chronologique Bibliographie

  • Librairie Arthme Fayard, 1979.978-2-213-63904-8

  • De la prhistoire l'avenir Tout permet de prdire... la rapparition graduelle de l'esprit dionysiaque dans notremonde contemporain. (Friedrich NIETZSCHE.) Je crois que l'humanit a besoin de retourner au panthisme. Il nous faut retrouver lerespect et la considration que nous avions originellement envers la dignit du mondenaturel et non seulement humain. Nous avons besoin pour nous y aider d'une religion vraie. (Arnold TOYNBEE.)

  • Photo couverture : Shiva dansant, temple de Mukhteshvara, Bhuvaneshwar, Orissa, IXe sicle. (Collection de l'auteur.)

  • Avant-propos

    Ce livre n'est pas un essai d'histoire des religions. Il reflte une exprience personnelle, celle de ladcouverte dans l'Inde, ce muse de l'histoire du monde, de la plus fondamentale des religions.Antrieure l'Hindouisme vdique, la religion grecque, au Zoroastrisme, Abraham, cettereligion premire apparat comme l'aboutissement des efforts de l'homme, depuis ses pluslointaines origines, pour comprendre la nature de la cration, sa beaut, sa cruaut, son quilibre et lamanire dont il peut s'intgrer dans l'uvre du Crateur, cooprer avec lui. Naturiste et non pointmorale, extatique et non point rituelle, cette religion s'efforce de trouver les points de contact entre lesdivers tats d'tre et de rechercher leur harmonieuse coopration afin de permettre chacun de seraliser sur le plan physique, intellectuel et spirituel et de jouer pleinement son rle dans lasymphonie universelle. Il m'est apparu peu peu que tout ce qui me paraissait valable dans les religions ultrieures n'taitque des survivances partielles, dformes, parfois dnatures ou habilement masques, de cette trsancienne sagesse rsume dans les cultes de Shiva ou de Dionysos selon les lieux, et que cette religion,souvent perscute et toujours renaissante, restait la plus moderne et semblait correspondre auxbesoins les plus profonds de l'homme d'aujourd'hui comme de celui des temps anciens. Ce que l'on aparfois appel la Tradition primordiale ne peut finalement se rattacher qu' cette filire dont lesracines remontent aux premiers ges du monde. Au cours de sa longue histoire, l'humanit a invitablement produit des tres d'une intelligenceexceptionnelle. C'est de leur exprience, de leurs intuitions accumules, que proviennent toutes lescultures, toutes les civilisations, commencer par les formes du langage qui en sont l'instrument,ainsi que les symboles et les mythes qui expriment les relations de l'homme et du monde invisible desesprits et des dieux. Les conceptions que le Shivasme nous apporte sur la nature du monde matriel et subtil ainsi queses mthodes, telles que le Yoga, le Snkhya (cosmologie) et le Tantrisme, reprsentent uneconnaissance jamais gale de la nature de l'tre humain et du cosmos. La redcouverte du Shivasme-Dionysisme devrait permettre un vritable retour aux sources et rtablir un lien presque rompu avecun savoir bien des fois millnaire dont nous sommes les hritiers ignorants et ingrats. Il ne s'agit pas pour les Occidentaux d'une ouverture exotique. Les sources religieuses de l'Europesont les mmes que celles de l'Inde et nous n'en avons perdu la trace qu' une poque relativementrcente. La lgende selon laquelle Dionysos avait sjourn en Inde est une allusion l'identit de sonculte avec la religion indienne. La redcouverte, l'ore du XXe sicle, de la civilisation crtoise,heureuse et pacifique, et de sa religion, si proche du Shivasme, qui apparat comme la source profondedes civilisations occidentales, peut tre considre comme une prmonition, un retour ce que Toynbeeappelle une vraie religion ( a right religion ). J'ai vcu plus de vingt ans dans le monde traditionnel hindou, aussi loign du monde moderne oj'tais n que si j'avais t transport par miracle dans l'Egypte des pharaons. Revenu en Occident,j'ai t stupfait de l'infantilisme des conceptions thologiques, de la scheresse de ce qu'on appellereligion. J'ai trouv une humanit dsempare qui se raccroche l'arbre mourant du Christianismesans mme comprendre pourquoi il meurt. Et, partout, des tres qui sentent ce vide, qui cherchent retrouver un quilibre dans un monde visiblement menac, mais qui ne trouvent pas d'aide. Ils se

  • contentent d'avoir leur propre religion ou bien ils sont les faciles victimes d'innombrables fauxprophtes, de gourous de bazar, de fausses initiations, de Yoga de salon , de mditationtranscendantale . Parfois ils cherchent s'vader dans des communauts de hippies, d'cologistes quiles isolent et ne les mnent rien, car leur approche est trop restreinte, ngative et improvise. Leretour au Christianisme ou l'Islam dans des pays qui souffrent des excs du matrialisme, enPologne, en Iran et ailleurs, sont aussi des expressions de ce besoin. Malheureusement, ces religionsdogmatiques et tyranniques ne peuvent leur apporter ce qu'ils cherchent. Les forces obscures qui semblent rgir le monde moderne font preuve de beaucoup d'habilet pourdtourner, dformer et annihiler tous les lans des hommes vers les ralits fondamentales, versl'ordre divin du monde. Ds qu'un aperu vers la lumire se fait sentir, il est immdiatement pris encharge par ceux qui ont mission de le dnaturer, de l'exploiter, de transformer le bienfaisant enmalfique. Il est difficile l'homme d'atteindre le vrai savoir et la sagesse. Les hommes, disent les Upanishads,font partie du btail des dieux, et il ne plat pas aux dieux de perdre des ttes de btail. C'est pourquoiles dieux mettent des obstacles sur les voix de la connaissance qui pourrait permettre aux hommes dese librer, d'chapper l'esclavage, au pige (psha) du monde naturel. Les yogis, au cours de leurentranement, acquirent des pouvoirs magiques de plus en plus tonnants. Ce sont des tentations qui,s'ils s'y laissent prendre, les dtournent de leur but. Par ailleurs, lorsque l'humanit, dans sonensemble, devient un pril pour les autres espces, pour l'quilibre de la nature, les dieux inspirentaux hommes la folie qui les mne leur destruction. Toutefois une voie reste toujours ouverte pour unretour de l'homme son rle vritable, la coopration l'uvre divine. Cette voie, qu'enseigne leShivasme, n'a rien voir avec les fausses vertus, les problmes moraux ou sociaux artificiels danslesquels se complaisent les religions et les socits modernes, dont le but est prcisment de tromperles esprits, d'loigner les hommes de la recherche des valeurs relles et donc de conduire l'humanit ausuicide. La voie de Shiva-Dionysos est la seule voie qui pourrait permettre l'humanit de se sauver. C'est pour les hommes de bonne volont perdus dans un monde de fausses valeurs que j'ai crit celivre, trs insuffisant bien sr, mais qui peut rappeler quelques-uns qu'il a exist, qu'il existetoujours, une voie de la sagesse , qui n'est que la recherche de la comprhension de la nature dumonde et de la coopration l'uvre divine. Celui qui la cherche honntement peut retrouver cettevoie, mais il est ncessaire de remettre en cause presque tout ce qui passe pour des valeurs tablies, etignorer tous les mots vides de sens, tous les slogans qui passent aujourd'hui pour des ides ou desdoctrines. Les adhrents des religions monothistes judaques et de leurs succdans postchrtiens...proviennent tous d'anciens panthistes. Ce fait historique nous fait penser qu'il y a quelque espoird'un retour l'attitude panthiste, maintenant que leur apparaissent les consquences dsastreuses dumanque de respect monothiste pour la nature. (Arnold Toynbee, Choose Life, p. 298.) Je ne prtends pas proposer de solution. J'ai cherch seulement sur la base d'une expriencepersonnelle dblayer un peu un terrain qui me semble encombr d'ignorance et d'erreurs, et rappeler ceux qui croient que Religion et Christianisme sont synonymes que la voie du divin se trouveen dehors des prisons dogmatiques. Cet essai n'est pas un guide de conduite. Les lments rituels indiqus sont trs insuffisants pourpermettre des ralisations pratiques, mais peuvent servir de point de dpart une rflexion sur la

  • nature de l'homme, du monde et du divin telle que l'enseigne la plus ancienne qui est aussi la plusmoderne des religions. Il est bien vident que certains rites et pratiques du Shivasme ou du Dionysisme ancien nesauraient tre envisags de notre temps. C'est le cas, par exemple, des sacrifices humains. Aurais-je dviter de les mentionner, car ils peuvent tre un prtexte facile pour rejeter l'ensemble des conceptionsshivaques. Je ne le crois pas. Ils refltent certaines tendances de l'tre humain, certains aspects de lanature du monde qu'il est imprudent d'ignorer. Ils font partie de l'inconscient collectif et risquent dese manifester sous des formes perverses, si nous n'osons pas les affronter. Nous considrons avechorreur les crimes de certaines sectes fanatiques sans voir le rapport qu'elles ont avec lesgnocides, les guerres, les destructions d'espces animales que nous acceptons trop facilement. Nousvivons dans un monde o il faut ngocier avec les dieux sans nous bercer d'illusions. Il nous faut entoute chose prendre conscience de nos responsabilits et les partager avec les dieux qui ont conu lemonde tel qu'il est, et non pas tel que nous feignons de croire qu'il devrait tre. C'est l le profondmessage du Shivasme, le seul message qui puisse nous permettre d'affronter la ralit divine dumonde et de cooprer l'uvre des dieux. Il n'est point d'autre religion vritable.

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  • Introduction

    L'univers est une uvre merveilleuse d'harmonie, de beaut, d'quilibre. D'autres universsont possibles, fonds sur d'autres formules. Celui o se trouve l'homme est le rsultat d'unchoix dans la pense de ce principe immense, inconnaissable, indfinissable, dont sont issusles dieux, la matire et la vie. Rien ne peut exister qui ne soit impliqu dans sa cause. Si la pense existe dans les tres, lapense fait ncessairement partie du principe cosmique dont ils sont issus. Il existe donc unepense universelle, une conscience universelle, et la cration n'est pas seulement un hasard,mais le choix d'une volont transcendante qui l'a voulue telle qu'elle est. Tous les lmentsqui constituent le monde sont interdpendants, font partie d'un tout. Il n'existe pas de hiatus,pas de discontinuit dans l'uvre du Crateur. Le monde minral, le monde vgtal, lemonde animal et humain et le monde subtil des esprits et des dieux existent l'un par l'autre,l'un pour l'autre. Il ne saurait exister une vritable approche du divin, une recherche dudivin, une science, une religion, une mystique qui ne tienne pas compte de cette unitfondamentale du cr. Du fond des ges, nous voyons apparatre cette recherche, cette soif de connatre, decomprendre la nature du monde, la raison d'tre de la vie, ce dsir de se rapprocher duprincipe crateur, de prendre refuge en lui. C'est une recherche qui, pour tre valable, nepeut admettre de barrire, d'a priori, qui ne peut ignorer aucun aspect des tres ou des choses.Elle traverse les civilisations, les religions, les modes de penser les plus divers et les remetinvitablement en question. Le sentiment de l'unit profonde de la pense cratrice et detous les aspects du cr reste toujours prsent, ft-ce l'tat latent, dans la conscience deshommes, et il suffit qu'un messager des dieux vienne rveiller cette conscience pour rappeler quelques-uns que la seule voie du bonheur, de la ralisation de soi-mme est celle de lacoopration sans rserve l'uvre du Crateur, dans l'amour et l'amiti qui doivent unir lesplantes, les animaux, les hommes et les tres subtils. Il ne s'agit pas ici de sentimentalisme,d'aimer son jardin et son chien et de peindre les nuages en rose, mais bien pour l'homme deretrouver humblement sa place dans ce monde sauvage, magnifique et cruel qui est l'uvredes dieux. Le principe du Shivasme est qu'il n'existe rien dans l'univers qui ne fasse partie du corpsdivin, ne puisse tre une voie pour atteindre le divin. Tous les objets, tous les phnomnesnaturels, les plantes, les animaux, mais aussi tous les aspects de l'homme peuvent tre despoints de dpart pour nous rapprocher du divin. Il n'existe pas de haut ni de bas, de fonctionsinfrieures ou suprieures, de domaine profane ou sacr. Si nous reconnaissons l'ordre divindans toutes nos tendances, toutes nos fonctions physiques, toutes nos actions ou potentialits,nous sommes les matres de nous-mmes, les compagnons (kaula) du dieu, les participants(bhaktas ou bacchants). Si, par contre, nous ignorons ou refusons de voir l'ordre universeldans tout ce qui constitue notre tre physique ou mental et les liens qui nous unissent, tousles niveaux, au monde naturel et cosmique, nous attirons sur nous la folie destructrice qui estla manifestation de la colre des dieux.

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  • I.

    Les origines

    Les deux sources de la religion Le phnomne religieux s'est, depuis la naissance des civilisations urbaines, manifest etconcrtis, chez les peuples sdentaires, sous deux formes opposes et contradictoires. L'uneest lie au monde de la nature, l'autre l'organisation de la vie collective de la cit. Lareligion primordiale reprsente l'ensemble des efforts de l'homme pour comprendre lacration, pour s'harmoniser avec elle, en pntrer les secrets, cooprer l'oeuvre du Crateur,se rapprocher de lui, s'identifier lui. Cette approche ne spare pas le domaine corporel dudomaine intellectuel et spirituel indissolublement lis. Le corps est l'instrument de toutes lesralisations humaines et doit tre trait comme tel ainsi que l'enseigne le Yoga. La crationdans sa totalit, dans sa beaut, sa floraison, sa cruaut, son harmonie, est l'expression de lapense divine, est en quelque sorte la matrialisation, le corps de Dieu. Seuls, ceux qui lecomprennent, qui s'identifient au monde naturel, qui prennent leur place parmi les arbres,les fleurs, les animaux peuvent vritablement se rapprocher du monde des esprits et desdieux, imaginer le plan du Crateur, pressentir la joie du divin. Pour l'homme conscient dufait que la cration est non seulement une oeuvre divine, mais la forme mme du divin, touttre, toute vie, tout acte prend un caractre sacr, devient un rite, un moyen decommunication avec le monde cleste. Se conformer ce que l'on est, est dharma. ( Svalakhanadhrand dharmah. ) Dharma estun mot qui signifie loi naturelle . S'y conformer est la seule vertu. Il n'est d'autre religionque la ralisation de ce que l'on est par sa naissance, sa nature, ses aptitudes. Chacun doitjouer de son mieux le rle qui lui est assign dans le grand thtre de la cration. Le bonheurde l'homme et sa survie dpendent de la ralisation de la place qu'il occupe parmi les tresvivants en tant qu'espce et parmi les hommes en tant qu'individu. S'il cherche s'attribuerun rle qui n'est pas le sien dans la socit il devient un ennemi de l'humanit. S'il est unprdateur, un ennemi des autres espces, il devient l'ennemi des dieux, l'ennemi de lacration. L'autre forme de religion est celle de la cit, de la socit des hommes. Elle prtendimposer des sanctions divines des conventions sociales. Elle rige en actes sacrs des loishumaines. Elle sert d'excuse aux ambitions des hommes qui prtendent dominer le mondenaturel, s'en servir, s'attribuer une position unique au dtriment des autres espces,vgtales, animales, voir supranaturelles. Il a fallu l'trange et malfique perversion desvaleurs dans les civilisations et les religions modernes qui caractrisent le Kali Yuga, l'gedes Conflits dans lequel nous nous trouvons, pour que l'homme renonce son rle dansl'ordre cosmique, qui englobe toute forme d'tre ou de vie, pour ne s'intresser qu' lui-mmeet devenir le destructeur de l'harmonie de la cration, l'instrument aveugle, vaniteux etbrutal de son propre dclin. C'est sous l'Influence des conceptions religieuses rudimentaires des conqurants nomades

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  • que les religions de la cit prirent un caractre anthropocentriste qui n'tait pas apparent l'origine. Les peuples nomades n'ont pas de vritable contact avec le monde de la nature. Ilsne vivent pas en communaut avec des lieux, des arbres, des animaux, si ce n'est ceux qu'ilsont asservis ou domestiqus. Ils promnent avec eux leurs dieux et leurs lgendes, et sontplus prdisposs que les autres la simplification monothiste, considrer la nature commedes pturages anonymes qu'ils exploitent et dtruisent, et les dieux comme des guides auservice de l'homme. Les religions anti-dionysiaques sont toutes l'origine des religions denomades, qu'ils soient aryens, hbreux ou arabes. Elles tendent conserver ce caractre,mme lorsque ces nomades sont sdentariss. Toute religion qui considre ses fidles commedes lus qui prtendent avoir reu d'un dieu le droit et le devoir de propager leurs croyances,leurs coutumes et de dtruire ou d'asservir les incroyants , ne peut tre qu'une imposture.Les croisades, les missions, les guerres saintes sont les masques de l'hgmonie et ducolonialisme. La religion de la cit devait trouver sa justification dans l'illusion monothiste. Lenombre un est le symbole de l'illusion , disent les Tantras. La conception philosophiqued'une unit causale est une spculation qui ne peut tre transporte sur le plan de la vie, del'action. Il est bien vident que le Principe qui est l'origine de cette explosion initiale dontsont issus la matire et l'antimatire, l'espace et le temps, les galaxies, les astres et lesprincipes de la vie, n'est pas sur le mme plan qu'une sorte d'ange gardien de village quis'inquite de savoir si nous avons observ le sabbat ou got d'un fruit soi-disant dfendu etdonne des instructions quelques prophtes, dans l'intrt du bon ordre de la cit. Le dangerdu monothisme est qu'il aboutit une rduction du divin l'image de l'homme, uneappropriation de Dieu au service d'une race lue . Il est le contraire d'une religionvritable, car il sert d'excuse l'asservissement de l'uvre divine aux ambitions de l'homme. Selon les mots de Toynbee : La croyance que ce que j'ai appel une prsence spirituelle,dans l'univers et au-del de lui, tait concentre dans un seul dieu transcendant, semblable un homme, impliquait la conclusion que rien d'autre dans l'univers n'est divin... Dieu plaaitl'ensemble de sa cration non humaine la disposition de ses cratures humaines pourl'exploiter comme il leur plaisait... Le respect et la crainte salutaire avec laquelle l'hommeavait, l'origine, considr son environnement taient ainsi dissips par le monothismejudaque dans les versions de ses originateurs isralites, puis des Chrtiens et desMusulmans... Le Communisme est issu du Christianisme... Je considre le Communismecomme une religion, et en particulier comme une religion typique de la famille judaque,dans laquelle la mythologie judaque s'est conserve sous le dguisement d'un vocabulairenon thiste. (Arnold Toynbee et Daisaku Ikeda, Choose Life, p. 39 et 137, Oxford, 1978.) Nous reparlerons des origines et du rle du monothisme propos des religions du KaliYuga. Le Shivasme est essentiellement une religion de nature. Shiva, comme Dionysos, nereprsente qu'un des aspects de la hirarchie divine, celui qui concerne l'ensemble de la vieterrestre. Le Shivasme, en tablissant une coordination raliste entre les tres subtils et lestres vivants, s'est toujours oppos l'anthropocentrisme des socits urbaines. Sa formeoccidentale, le Dionysisme, reprsente de mme un stade o l'homme est en communionavec la vie sauvage, avec les btes de la montagne et de la fort. Dionysos comme Shiva est

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  • un dieu de la vgtation, de l'arbre, de la vigne. C'est aussi un dieu animal, un dieu taureau.Ce dieu enseigne aux hommes se moquer des lois humaines pour retrouver les lois divines.Son culte, qui dchane les puissances de l'me et du corps, a rencontr une vive rsistance dela part des religions urbaines qui l'ont considr comme antisocial. Shiva, comme Dionysos,est reprsent par elles comme le protecteur de ceux qui se tiennent l'cart de la socitconventionnelle. Il symbolise tout ce qui est chaotique, dangereux, inattendu, tout ce quichappe la raison humaine et ne peut tre attribu qu' l'action imprvisible des dieux. Djle Rig Vda (VII, 21, 5), le livre sacr des envahisseurs aryens, priait le dieu Indra de ne paspermettre que les adeptes du culte de Shiva, qu'ils appellent Shishna-devas, les adorateurs duphallus, puissent approcher de leurs sacrifices rituels. Toutefois, la puissance de la magiemystrieuse du dieu n'a jamais pu tre impunment ignore et une place a d tre laisse auculte de Shiva-Dionysos, malgr l'hostilit que lui ont toujours marque les matres de la cit. Ce n'est qu'avec le dveloppement du nouveau Brahmanisme que les rites phalliques nonaryens furent incorpors dans les croyances aryennes, formant un lment essentiel duShivasme historique. (P. Banerjee, Early Indian Religions, p. 41.) Les plus grandssanctuaires hellniques ont d sans doute malgr eux - lui faire galement une large place.Dieu de la jeunesse, des humbles et de l'cologie, protecteur des animaux et des arbres, Shivaest accus d'enseigner les secrets du savoir aux shudras, aux humbles, d'tre entour debandes de jeunes dlinquants qui se moquent des institutions de la socit et desgouvernements de vieillards. Dans le Shivasme, la transcendance par rapport aux normesde la vie ordinaire est traduite sur le plan populaire par le fait que Shiva, entre autres, estreprsent comme le dieu ou patron de ceux qui ne mnent pas une vie normale et mmedes hors-la-loi. (Julius Evola, Le Yoga tantrique, p. 92.) Le contact avec les forces qui animent l'infra-humain comme le supra-humain querecherchent les fidles de Shiva ou de Dionysos, les conduit un refus du politique, desambitions et des limites de la vie socialise. Il ne s'agit pas seulement d'une reconnaissancede l'harmonie du monde, mais d'une participation active une exprience qui dpasse etdrange l'ordonnance de la vie matrielle. Ce n'est pas la contemplation (passive) del'ordre divin, c'est aux lans frntiques qui prcdaient et prparaient l'union intime avec ledieu, l'abandon total sa toute-puissance et l'anantissement de la raison devant cettepuissance que le Dionysisme demandait la voie du salut. (H. Jeanmaire, Dionysos, p.423.) Les fidles du dieu sont appels baccho (bacchants) en Grce et bhaktas (participants) dansl'Inde. Pour eux, c'est dans l'ivresse de l'amour et de l'extase que rside la vritable sagesse,que devient possible la communion avec la nature et les dieux, alors que les calculs et lesfrustrations qu'imposent les religions de la cit isolent le monde des hommes du reste de lacration. Pour Euripide, le message de Dionysos est un appel la joie dans la communionavec la nature et la simplicit du cur. Ceux qui prtendent affirmer la supriorit de laraison et se refusent couter cet appel seront confondus. Le dieu leur inspire la folie parlaquelle ils se dtruisent eux-mmes. Tout au long de l'histoire, les socits urbaines et industrielles, exploiteurs et destructeursdu monde naturel, se sont opposes toute approche cologique ou mystique, la librationde l'homme, son bonheur. Les guerres, les gnocides, les destructions de civilisationsentires ont toujours eu pour base les religions de la cit. Abel soignait le btail , mais

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  • Can, qui cultivait le sol , devint un constructeur de villes (Gen. 4, 7 et 17). Le premiermeurtre est donc accompli par celui qui incarne en quelque sorte le symbole de latechnologie et de la civilisation urbaine. (Mirca Eliade, Histoire des croyances et des idesreligieuses, p. 180-181.) Le culte de Shiva ou de Dionysos, chaque fois qu'il est rapparu, a t banni de la cit quin'admet que les cultes qui donnent une place dmesure l'homme, qui permettent etexcusent ses dprdations et condamnent les formes d'extase qui permettent un contactdirect avec le monde mystrieux des esprits. Tout au long de l'histoire de l'Inde, nous rencontrons des diatribes contre les diversessectes shivates, leurs pratiques, leurs sacrifices sanglants, leurs rites. Ces diatribes rappellentles descriptions malveillantes et perfides que Tite-Live a faites des rites dionysiaques pourjustifier les perscutions de leurs adeptes. La Grce, elle aussi, a connu les perscutionspolitiques des bacchants. Qu'il s'agisse du Brahmanisme, de la religion officielle grecque ouromaine, du Zoroastrisme, du Bouddhisme, du Christianisme, de l'Islam, nous retrouvonstoujours la mme opposition aux survivances de l'antique religion fonde sur l'amour de lanature, sur la recherche extatique, les mmes perscutions du Shivasme, du Dionysisme, duSoufisme, des sectes mystiques. L'une des armes des religions urbaines est la tyrannie morale,fonde sur des dogmes qui lui permettent de discipliner l'homme, de s'opposer sonpanouissement. Le puritanisme est totalement inconnu au monde primitif ou naturel. LeChristianisme dans ses formes tardives - qu'il faut distinguer de l'enseignement du Christ -reprsente une dviation caractristique du concept religieux qui n'envisage plus l'ensemblede l'uvre du Crateur, mais uniquement l'endoctrinement de l'homme des fins depuissance. L'expansion coloniale du monde chrtien en est l'illustration vidente. Lareligion chrtienne impose, notamment dans les choses de la chair, un code moral, d'unerigueur extrme. Elle condamne l'amour en soi, l'orgueil de la vie. Elle va donc l'encontredes instincts les plus puissants de l'animal humain... Cette religion ayant introduit pour lesfautes morales la notion thologique du pch, c'est--dire d'atteinte directe Dieu, fait pesersur l'existence entire le poids insupportable d'une culpabilit, l'attente d'un jugement etd'un chtiment ternels, qui risquent d'entraver toute action et d'teindre toute joie. Rien detel dans les religions anciennes. (A. J. Festugire, tudes de religion grecque ethellnistique, p. 240.) La perscution de la sexualit, lment essentiel du bonheur, est unetechnique caractristique de toutes les tyrannies patriarcale, politique ou religieuse. L'Inde, o le Shivasme est rest une composante essentielle de la vie religieuse, a t enpartie prserve du ftichisme moral qui a prvalu en Occident. Elle n'a attribu aucunevaleur absolue, aucun caractre catgorique des normes de conduite. Dans la pratiqueactuelle du Shivasme indien, nous trouvons un trs grand nombre d'lments qui restentidentiques ceux que mentionnent les textes les plus anciens, qu'ils soient hindous ou grecs.Le Shivasme et ses mthodes, le Yoga et le Tantrisme, constituent une approche du mondenaturel et surnaturel profondment raliste qui tend priodiquement rtablir son influencelorsque les hommes commencent comprendre qu'ils ont t dtourns du respect des loisnaturelles par les religions urbaines et cherchent revenir vers des pratiques et des rites plusconformes la raison d'tre de la cration. La profonde influence du Shivasme sur l'ensemble de la pense indienne, sur l'attitude

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  • des Hindous envers les animaux, les hommes et les dieux, a sauvegard dans l'Inde dans unegrande mesure le respect de l'oeuvre du Crateur et un esprit de tolrance fondamentale quin'a que trs rarement subsist ailleurs. Aprs les attaques que lui ont portes le Vdisme et leBouddhisme, puis le puritanisme islamique et chrtien, le Shivasme a tendance serenfermer dans un certain sotrisme. Il n'est pas trs facile de l'aborder. Les classesmodernises de l'Inde font semblant de l'ignorer, mais cela n'affecte pas sa vitalit profonde.Le Shivasme reste essentiellement la religion du peuple, mais aussi celle des plus hautsdegrs de l'initiation dans le monde hindou. Il n'existe en fait de vritable initiation queshivate. Tous les cultes mystres sont de caractre shivate ou dionysiaque. L'hritage du Shivasme reste la base de l'exprience spirituelle des Hindous, bien quesouvent sous une forme dnature et affadie par le puritanisme et l' avarice sexuelle quisont des maladies endmiques du Brahmanisme vdique, comme de toutes les religionsdevenues des religions d'tat. Certains courants dionysiaques ont survcu dans l'Islam. Parcontre, dans le monde chrtien, les perscutions rptes en ont peu peu presque effac latradition. Nous en reparlerons plus loin. La puissance temporelle, la richesse, la hirarchieautoritaire de l'glise sont incompatibles avec la libert ncessaire toute recherche, qu'ils'agisse d'exprience mystique ou de dcouverte scientifique. L'glise a cherch liminer lesmystiques comme les savants. Ses sacrements ne sont que des rites sociaux, et non plus latransmission de pouvoirs sacrs. Sa morale est rduite une perscution du sexuel qui fait deceux qui en subissent la tyrannie des tres frustrs, agressifs et dangereux. lments d'histoire L'Inde, grce son systme social, a permis aux diverses races humaines de coexister et desubsister sur son territoire, sans se dtruire ou se mler, et de maintenir dans une largemesure leurs institutions et leurs cultures. C'est pourquoi nous trouvons dans l'Inde desgroupes humains, des socits, des religions, aujourd'hui minoritaires, qui ailleurs ont tdtruits ou assimils par des groupes plus puissants. Nous y retrouvons sous une formevivante les rites, les symboles, les croyances de religions dont ailleurs nous ne connaissonsl'existence que par des vestiges archologiques et des allusions littraires. Dans l'Inde, nouspouvons revivre et comprendre de manire parfois presque intgrale les rites et les croyancesqui furent celles du monde mditerranen et du Moyen-Orient dans l'Antiquit. En dehorsde leurs caractristiques physiques, les groupes ethniques de l'Inde sont reconnaissablesgalement par leur famille linguistique dont les principales correspondentapproximativement aux trois grandes poques du dveloppement des civilisations :palolithique, nolithique et moderne. Ces familles linguistiques sont reprsentes dansl'Inde par les langues munda, les langues dravidiennes et les langues aryennes. Les languessino-mongoles ne jouent qu'un rle priphrique. Ces groupes humains et les lments ethniques, linguistiques, religieux, sociaux qui leursont particuliers reprsentent en fait des tapes d'une volution particulire de l'espcehumaine, tapes qui ne sont pas ncessairement synonymes de progrs. Nous en retrouvonsla trace partout dans le monde, parfois seulement dans ce que nous appelons des vestigesprhistoriques. Les grandes familles raciales et linguistiques de l'Inde peuvent donc tre unecl pour la comprhension des cultures ailleurs disparues.

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  • Le systme tant dcri des castes a permis aux peuples les plus divers, aux moins agressifs,aux moins dous pour la civilisation industrielle de survivre. Dans les socits ditesdmocratiques, les plus faibles sont immanquablement dpossds, dtruits, culturellementannihils. Nous assistons aujourd'hui au gnocide des Pygmes, des aborignes d'Australie.Les peuples de l'Amrique ont en quelques sicles perdu leur culture, leur religion, souventleur langue et jusqu'au souvenir de leur histoire. Les tragdies de l'histoire sont les invasions dvastatrices, les rvolutions culturelles,s'appuyant toujours sur des cultes nouveaux. Le Communisme est bien dans ce sens un culte,comme le Christianisme ou l'Islam. Les groupes humains les plus barbares et les moinsvolus, au nom d'idologies souvent rudimentaires, massacrent les dtenteurs du savoir,brlent les bibliothques, dtruisent les monuments. Il ne reste rien de la prodigieuse cit deMexico que les premiers conqurants espagnols dcrivent comme la plus belle du monde.Qu'il s'agisse d'envahisseurs extrieurs ou de rvolutions internes, les rsultats sont lesmmes. Il faut souvent des sicles pour retrouver quelques bribes de l'hritage perdu.

    LES PROTO-AUSTRALODES

    Les Proto-Australodes, appels dans l'Inde adivsi (premiers occupants), parlent deslangues munda ou mom-khmer. Ils forment l'un des grands groupes raciaux et linguistiques ct des Dravidiens et des Aryens. Ils sont d'aprs S.S. Sarkar (Aboriginal Races of India) larace la plus archaque qui ait survcu . Ils prsentent des affinits avec l'homme deNeanderthal (selon Huxley, Sollas, Von Luschon, Howells), race plus ancienne que lesNgrodes. C'est ce groupe qu'appartiennent les Veddas de Ceylan et les Khonds de l'Indecentrale, les Khasis de l'Assam, les Shom Pen du grand Nicobar. En dehors de l'Inde, on peutnoter dans le mme groupe anthropologique les Sakai de Malaisie, les Moi de l'Indochine, lesOrang batin, Lubu et Ulu de Sumatra, les Toula des Clbes, certaines populations du sud del'Arabie et du Dhofar, les aborignes d'Australie. Leur rapport avec les Pygmes et lesBoshimans apparat probable. Ils semblent avoir t les plus anciens habitants de l'Europecomme de l'Inde et de l'Afrique. Des squelettes de ce type ont galement t trouvs dans destombes gyptiennes prdynastiques, comme Mohenjo Daro dans l'actuel Pakistan. Les tribus de chasseurs, dont les Boshimans et les Pygmes sont les derniers survivants,ont peupl autrefois toute l'Afrique. L'art de la Caspienne, rpandu tout autour de laMditerrane durant le palolithique tardif, prsente des affinits avec l'art boshiman... LesBoshimans reprsentent un groupe humain qui vivait tout autour de l'ocan Indien et qui estplus ancien que les peuples plus grands et plus sombres de peau qui se rpandirent plus tarddans toute l'Afrique, except l'extrme Sud. (Cottie Burland, Africa, South of the Sahara ,dans Primitive Erotic Art, p. 198.) C'est cette race d'hommes petits et graciles qui peupla galement l'Europe au dbut dunolithique et fut peu peu limine par les hommes plus robustes de type Cro-Magnon.

    LES DRAVIDIENS

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  • Un peuple nouveau, peau brune et cheveux lisses, parlant une langue agglutinante,

    apparat dans l'Inde, parmi les peuples munda, durant le nolithique. Ce peuple et sa religion,le Shivasme, devaient jouer un rle fondamental dans l'histoire de l'humanit. L'origine dece peuple que l'on appelle dravidien (du prakrit damila : tamoul) est obscure. Selon latradition, il serait venu d'un continent situ au sud-ouest de l'Inde et englouti par la mer. Cemythe fait penser celui de l'Atlantide. Il n'est pas exclu que d'autres branches du mmepeuple soient arrives en Afrique et en Mditerrane ; d'o la difficult d'attribuer aveccertitude un lieu d'origine la rvlation shivate ou dionysiaque. Le peuple qui a cr et dvelopp la premire civilisation grco-orientale dont l'le deMinos fut le principal foyer, malgr ses rapports avec la Msopotamie et l'gypte, s'avren'avoir t ni grec , ni smitique, ni indo-europen... Il est possible de supposer... uneextension du peuple mis en cause travers toute la Grce... Il y eut dans la langue grecque unsubstrat de mots d'origine trangre... qui doivent avoir survcu de trs loin, malgrl'occupation du pays par divers envahisseurs... On bataille encore sur l'origine soitanatolienne, soit plasgienne, et ainsi proto-indoeuropenne... La langue ainsi forme a tparle travers l'gide, toute la Grce et l'Anatolie du Sud-Ouest. (Charles Picard, LesReligions prhellniques, pp. 53-54.) La langue et la culture dravidiennes, qui sont encore aujourd'hui celles des populations dusud de l'Inde, semblent avoir tendu leur influence de l'Inde la Mditerrane avant lesinvasions aryennes. C'est cette civilisation, dont quelques vestiges linguistiques tels quegorgien, basque, peuhl, guanche, dialectes du Bloutchistan, demeurent jusqu' nos joursdans les rgions priphriques, qui servit de vhicule l'ancien Shivasme. Il semble que lesumrien, le plasgien, l'trusque, le lydien ainsi que l'to-crtois aient appartenu la mmefamille linguistique. Les rapports du sumrien, du gorgien et du tamil ne font aucun doute.Par ailleurs, la langue basque (eskuara) et le gorgien ont la mme structure et encoreaujourd'hui plus de trois cent soixante mots communs. Les chants et les danses basques sontd'ailleurs apparents ceux des Ibres du Caucase. Hrodote (Histoires, 1, 57) parle de lalangue barbare que parlaient les Plasges qui, son poque, auraient subsist en Italie du Sudet dans l'Hellespont. Il considrait que le langage plasgien tait troitement li l'trusqueet au lydien. Saint Paul, qui fit naufrage Malte en 69 de notre re, mentionne la langue barbare (non aryenne) qui y tait encore parle. Le lieu d'origine des Plasges tait au-del de la mer Noire. Ils seraient venus en Crte vers le dbut du IIe millnaire av. J.-C. Lenom du lieu o ils rsidaient, Larisa, le prouve. (R.F. Willetts, Cretan Cults ans Festivals, p.133.) D'aprs Jacques Heurgon (La Vie quotidienne chez les trusques, pp. 14-15) : Lestrusques ne seraient pas des nouveaux venus en Italie, mais les premiers occupants d'uneterre dont les invasions indo-europennes leur avaient ravi la souverainet sans les liminercompltement... Ils taient les descendants irrductibles de l'ge du bronze... Les rapportsentre l'trusque et le caucasique, le lycien, le parler de Lemnos [indiquent l'existence] d'unelangue trusque asianique, d'abord usite en Italie, dans la pninsule balkanique, la mer geet l'Asie Mineure [et repousse] par la pression linguistique des envahisseurs. La langue to-crtoise parle par les habitants de Praisos, en Crte, jusqu'au IIIe sicle av.

  • J.-C. tait donc un vestige de la langue originelle parle en Grce, en Crte et dans les lesainsi qu'au sud-ouest de l'Asie Mineure avant les Grecs. Des inscriptions de Praisos encaractres grecs n'ont pas t encore dchiffres. (R.F. Willetts, Cretan Cults and Festivals, p.136.) Cette langue tait apparemment une langue dravidienne. Les linguistes modernes nesemblent pas avoir song utiliser les langues agglutinantes dravidiennes, toujours vivantesdans le sud de l'Inde, comme base de leurs recherches sur les parlers anciens du mondemditerranen. C'est que le mythe de l'origine aryenne des civilisations, que Ren Gunon appelait l'illusion classique , est loin d'tre oubli. Les langues dravidiennes ont une originecommune avec les langues finno-ougriennes (balto-finnois, hongrois, volgaque, ouralien,samoyde) et altaques (turc, mongole, eskimo), mais il semble que la division de cettegrande famille linguistique et du groupe dravido-mditerranen durant le palolithique esttrs antrieure la formulation du Shivasme tel que nous le connaissons. Dans le Moyen-Orient et tout le monde mditerranen, nous sommes en ralit enprsence d'une importante civilisation d'origine asiatique ou du moins lie linguistiquement l'Asie avant les invasions aryennes. Par ailleurs, les monuments mgalithiques, les mytheset les traditions religieuses communes l'Inde et la Mditerrane indiquent que cettecivilisation tait vraisemblablement le vhicule du Shivasme. Ds le VIe millnaire, le mythe d'Anat peut tre class parmi les lments communs de lavieille civilisation agricole qui s'tendait de la Mditerrane orientale jusqu' la plainegangtique (M. liade, Histoire des croyances et des ides religieuses, p. 169). Aprs la dernire priode glaciaire, les grandes migrations culturelles allant de l'Inde auPortugal commencrent dans un climat finalement adouci durant le Ve millnaire, mais c'estseulement partir du IIIe millnaire que nous trouvons les vestiges, un niveau decivilisation avance, de cultures qui portent la marque indniable de la pense, des mythes,des symboles shivates et qui sont toutes peu prs contemporaines, qu'il s'agisse des cits del'Indus, de Sumer, de la Crte, de Malte. C'est la mme culture qu'appartiennent lessanctuaires mgalithiques qui se rencontrent partout de l'Inde l'Extrme-Occident, maissont parfois les seuls vestiges de cette prestigieuse civilisation qui aient survcu, comme c'estle cas en Armorique et dans les les Britanniques. Le fait que les principaux vestigesarchologiques soient contemporains, mais des niveaux techniques apparemmentdiffrents, n'exclut pas la prsence d'une haute civilisation. Leur prservation dpenduniquement de l'emploi de certains matriaux et de conditions climatiques ou parfois de ladestruction totale de certains sites par des envahisseurs ou des catastrophes naturelles tellesque les explosions de Santorin ou du Vsuve.

    LA CIVILISATION DE L'INDUS

    Sur le continent indien, les centres de culture dravidienne praryenne qui ont laiss desvestiges archologiques importants se trouvent principalement dans la valle de l'Indus, dansle Pakistan actuel, en particulier Mohenjo Daro et Harappa. La situation de ces importantescits dans une rgion devenue relativement dsertique en a prserv certains lments. Cette

  • civilisation s'tendait en fait sur une grande partie de l'Inde comme vers l'Occident. Les contacts [des cits de l'Indus] avec les anciennes civilisations proto-historiques ouhistoriques de la Msopotamie, de l'Anatolie, de l'gypte et de la mer ge, sont importants...Il existe des preuves de contacts avec Sargon d'Akkad (vers 2370-2284 av. J.-C.), puis avec leroi Urnammu (vers 2100 av. J.-C.), mais Mohenjo Daro existait bien avant. Des objetsprovenant de Mohenjo Daro ont t trouvs Tel Asmar et Troie (vers 2300 av. J.-C.) ainsique dans une tombe royale d'Ur. Des bronzes du Louristan et des armes msopotamiennes serencontrent Mohenjo Daro... Des colliers de statite vernisse identiques se retrouvent Harappa et Cnossos... Des sceaux provenant de l'Indus se rencontrent Ur dans le basEuphrate et Kish, Suse, Lagash, Umma et Tell Asmar... Un grand nombre de sceaux destatite portant des inscriptions en caractres de l'Indus se rencontrent Barhein (Dilmun),mais aussi Ur (vers 2350 av. J.-C.) et Lagash (priode de Larsa). (Mortimer Wheeler, TheIndus Civilisations, pp. 111-115.) Les villes de l'Indus taient tablies ds 3800 av. J.-C. et durrent jusqu' leur destruction,au XVIIIe sicle av. J.-C., par les envahisseurs aryens. La religion principale de la civilisationde l'Indus tait sans aucun doute le Shivasme. Les sceaux reprsentent Shiva ithyphalliqueet cornu, assis en posture de Yoga, ou bien dansant triomphalement comme Natarja. Ontrouve galement de nombreux symboles shivates tels que des phallus de pierre, dessvastikas, des images du taureau, du serpent, de la desse des Montagnes. Le culte de Shiva et du Linga (phallus) a t un hritage laiss par les Harappiens [del'Indus] chez les Hindous, renforc par l'importance du taureau... et aussi un moindre degrdu tigre, de l'lphant... et du Minotaure ainsi que d'animaux visage humain. (Wheeler, ibib, p. 109.) tant donn l'importance des contacts, il n'y a rien de surprenant ce que nous retrouvionsla mme religion et les mmes symboles de l'Inde la Mditerrane. Les problmes poss parles invasions aryennes seront les mmes, et les survivances de l'antique religion et sarapparition priodique seront similaires en Inde, dans le Moyen-Orient et l'Occident.

    LES ARYENS (INDO-EUROPENS)

    La migration des peuples nomades aryens, appels tort Indo-Europens, qui quittrentles rgions formant aujourd'hui l'Union sovitique, pour des raisons probablementclimatiques, et envahirent, par couches successives, l'Inde, le Moyen-Orient et l'Europe,devait jouer un rle considrable dans l'histoire de l'humanit. L'irruption des Indo-Europens dans l'histoire est marque par d'effroyables destructions.Entre 2300 et 1900 av. J.-C. en Grce, en Asie Mineure, en Msopotamie, de nombreuses citssont saccages et incendies; ainsi Troie vers 2300 av. J.-C., Beycesultan, Tarsus et quelquetrois cents villes et agglomrations en Anatolie... La dispersion des peuples indo-europensavait commenc quelques sicles auparavant et elle se prolongera pendant deux millnaires...Les Doriens venant de Thessalie descendirent dans la Grce du Sud vers la fin du IIemillnaire av. J.-C. Vers ~ 1200, les Aryens avaient pntr dans la plaine indo-gangtique,

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  • les Iraniens taient solidement installs, la Grce et les les taient indo-europanises... Ceprocessus n'a cess qu'au XIXe sicle de notre re. On ne connat pas un autre exemplesemblable d'expansion linguistique et culturelle. (M. liade, Histoire des croyances et des idesreligieuses, p. 199.) Les tribus aryennes occuprent le Latium vers ~ 1000 et fondrent Rome en ~753. Elles ontt l'un des principaux instruments de cette expansion linguistique. La colonisation aryenne,sous la forme du hindi en Inde, et du franais, de l'anglais, du portugais, de l'espagnol dans lereste du monde, se continue encore aujourd'hui, particulirement sur les continents africainet amricain. Nous n'hsitons pas parler d'Afrique francophone ou anglophone etd'Amrique latine comme s'il s'agissait d'un vident bienfait. Les textes vdiques voquent les combats contre les dsa ou dasya et les pani qui sont lescontinuateurs ou les survivants de la civilisation de l'Indus et rejettent le culte vdique. Ilssont dcrits comme ayant la peau fonce, un nez petit. Ils parlent une langue barbare etvnrent le phallus (shishna deva). Ils possdent de larges troupeaux et habitent des villesfortifies (pur). D'aprs les gnalogies des Purnas, on a estim que la guerre duMahbhrata, qui finalisa la conqute aryenne de l'Inde, aurait eu lieu vers 1400 av. J.-C. dansle Madhyadesha, prs de Delhi. D'autres sources hindoues semblent indiquer une date plusancienne. Les religions primordiales

    LES QUATRE RELIGIONS

    Nous ignorons presque tout de la pense religieuse et philosophique de l'humanit depuisl'apparition de l'homme, tel qu'il existe aujourd'hui, il y a prs de deux millions d'annes. Dsle dbut de la priode trs rcente que nous pouvons considrer comme historique, nousrencontrons partout des civilisations profondment volues,des langues qui, quel que soit leniveau de la vie matrielle, primitive ou raffine, sont toutes galement adaptes pourl'expression des notions les plus abstraites et tmoignent d'une trs longue volution de lapense. Dans l'Inde, quatre religions principales correspondent aux diverses approches duproblme du surnaturel qui se sont rencontres et opposes au cours d'une trs longuehistoire. Elles reprsentent l'acquis de la pense religieuse de l'humanit depuis la plusancienne prhistoire. Toutes les religions ultrieures ne sont que des adaptations d'lmentsprovenant de ce prodigieux hritage. On n'y trouve jamais, quoi qu'on prtende, d'lmentsrellement nouveaux. Les quatre religions de l'Inde ancienne correspondent quatreconceptions distinctes du monde et des dieux dont l'extension, bien au-del, des frontires del'Inde, semble avoir eu un caractre universel. La premire de ces conceptions est celle quenous pouvons appeler animiste. Dans l'ordre naturel du monde, les tres vivants peroivent ce dont ils ont besoin pourassurer leur survie. Mais, ct des mcanismes perceptifs d'ordre pratique, tous les tressont conscients qu'il existe une limite des sens. Ils sentent plus ou moins confusment la

  • prsence d' autre chose , de forces plus subtiles avec lesquelles ils cherchentventuellement communiquer. Ce sont ces forces, qu'ils respectent et vnrent, qu'ilsappellent des esprits ou des dieux. L'homme qui trouve sa place dans la nature prendconscience des esprits, des aspects du divin qui rsident dans les montagnes, les sources, lesrivires, les forts. Pour tout peuple qui vit en harmonie, en consensus avec les forces quil'entourent... beaucoup d'animaux sont sacrs ou plutt tout est sacr : le ciel, la terre, l'eau, lefeu, l'air... Toute la vie de l'homme primitif est une succession d'oprations magiquesvisant crer un lien affectif entre lui et le monde qui l'entoure, lier , ensorceler , conjurer les forces de la nature. (Paolo Santarcangeli, Le Livre des labyrinthes, p. 108.) Les animaux sont conscients des prsences invisibles, ils pressentent la colre des dieux quise manifeste dans ce que nous appelons des catastrophes naturelles. Le silence soudain etabsolu de la fort dans les moments qui prcdent un tremblement de terre est unphnomne saisissant. Jamais les animaux dits sauvages ne tuent pour le plaisir. Ils vitenttoujours de dranger l'ordre de la nature. L'homme animiste se comporte de mme etacquiert ainsi des perceptions subtiles. Il s'excuse auprs de l'esprit de l'arbre dont il doitcouper une branche. Il cherche se concilier les divinits protectrices du monde. Sa vie estun perptuel rituel. Ce respect de l'esprit qui rside en toute chose, en tout tre, est la base detoute morale, de toute religion, et permet d'arriver un niveau de connaissances intuitivesque l'esprit logique ne peut jamais atteindre. C'est dans les tribus primitives que se sont perptues dans l'Inde les conceptionsanimistes. L'animisme s'oppose l'appropriation de la terre, la proprit, l'agriculture quidtruit l'ordre naturel et asservit la nature l'homme. Il est contraire au dveloppement decivilisations urbaines et industrielles. Ces conceptions semblent constituer l'approche la plusfondamentale du problme religieux. L'attitude animiste n'est pas toutefois une attitudesentimentale ou naturiste . La chasse est la base de la survie et la cruaut des dieux et desesprits exige des sacrifices. C'est dans ce climat que s'est dvelopp le culte du Murugan ouKumra (le garon) qui correspond au Kouros (le garon) crtois. C'est un dieu enfant ouadolescent, dieu de la Beaut et de la Guerre, avide du sang des animaux qui lui sontsacrifis. Son culte a en effet son origine chez les adivasi (les premiers habitants) dont lestribus toujours existantes parlent des langues munda. Les symboles associs ce culte sontl'pieu, le coq et le blier. Les lgendes munda que Rudyard Kipling a transcrites dans sonLivre de la jungle nous donnent un aperu du climat potique de l'animisme indien. Cest au nolithique et au dbut du bronze ancien que se cristallise chez les envahisseursdravidiens le culte de Pashupati, le seigneur des animaux, et de Prvat, la Dame desmontagnes. Il s'agit d'un grand mouvement philosophique et religieux qui, sous le nom deShivasme, va se superposer l'animisme et sera la source principale laquelle vont puiserles religions ultrieures. Le seigneur des animaux et la Dame des montagnes, que nousretrouvons en Crte sous les noms de Zagrus et de Cyble, se rencontreront dans toutes lescivilisations apparentes linguistiquement ou culturellement au monde dravidien. Les caractristiques de cette religion sont le culte du phallus, du taureau, du serpent,accessoirement du tigre et du lion, montures de la desse. C'est vers la fin du VIe millnaireavant notre re qu'aurait t codifi le Shivasme historique, n d'une fusion des religions dePashupati et de Murugan, et destin rpondre aux besoins religieux du monde jusqu' la fin

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  • du cycle. Murugan devient le fils de Shiva. Il est appel Kumra (le garon) ou Skanda (le jetde sperme). Les deux cultes sont troitement mls dans leurs formes ultrieures. Murugan,n dans un marcage de roseaux et nourri par les nymphes, est ailleurs appel Dionysos.Pashupati correspond au dieu crtois, poux de la Dame des montagnes. Il est appel Zan,puis Zagrus, puis le Zeus crtois ( Krtagns). Sa lgende, comme c'est le cas aussi pourcelle de Shiva et de Skanda, se confond peu peu celle de Dionysos. Une autre religion, qui se rclame d'une trs lointaine antiquit, est le Janisme, religionpuritaine qui croit la transmigration, au dveloppement de l'tre humain travers demultiples existences sous des formes humaines ou animales. Sans tre exactement athe, leJanisme n'envisage pas la possibilit de contacts entre l'homme et le surnaturel. L'homme nepourra jamais savoir avec certitude s'il existe ou non un principe crateur, un dieu ou unecause premire. Il n'y a donc pas lieu de s'en proccuper. Cette religion plus moraliste querituelle exige la protection de la vie, le vgtarisme le plus strict, la nudit totale de sesadeptes. Le Bouddhisme originel en est une adaptation. Mahvira, le dernier prophte jana, tait contemporain de Gautama Bouddha et son rival.Les Janas comme les Bouddhistes envoyrent partout des missionnaires. L'influence de cesasctes nus sera importante en Grce. On la peroit dans certaines coles philosophiques etaussi dans l'Orphisme. C'est au Janisme que l'Hindouisme ultrieur a pris la thorie de latransmigration et le vgtarisme qui n'existent, l'origine, ni dans le Shivasme ni dans leVdisme. C'est avec les invasions aryennes que s'impose dans l'Inde et dans tout le monde occidentalla grande religion des peuples nomades de l'Asie centrale, religion dont les dieux sont desphnomnes naturels et des vertus humaines personnifies. Indra est le dieu de la Foudre,Varuna le dieu des Eaux, Agni le dieu du Feu, Vayu le dieu du Vent, Surya le dieu du Soleil,Dyaus le dieu de l'Espace, mais par ailleurs Mitra reprsente la Solidarit, Aryamanl'Honneur, Bhaga le Partage des biens. Rudra est le Destructeur, le Temps, principe de lamort. Il sera plus tard identifi Shiva. Bien que cherchant se rendre favorables par dessacrifices les forces naturelles, la religion aryenne n'est pas une religion de la nature. C'estune religion centre sur l'homme qui ne cherche l'appui des dieux que pour assurer sascurit et sa domination. A partir du IIe millnaire, le Shivasme est graduellement absorb par la religion vdiquearyenne. Cela donne d'une part l'Hindouisme ultrieur, d'autre part la religion mycnienneet grecque. Toutefois le Shivasme rsiste cette fusion et nous le voyons priodiquementreparatre sous sa forme ancienne dans l'Inde comme dans le Dionysisme hellnique, et plustard dans de nombreuses sectes mystiques ou sotriques jusqu'aux temps modernes. L'Orphisme est n de l'influence - trs importante dans le monde antique - du Janisme surle Shivasme-Dionysisme. Le Mithrasme, par contre, est une tentative, dans unecommunaut de soldats, pour retrouver certains des aspects rituels et initiatiques duShivasme originel. Ces quatre grands courants de la pense religieuse rpandus dans le monde entier ontintgr des divinits, des lgendes et des cultes locaux, comme le fera plus tard leChristianisme. Ils restent la base de presque toutes les formes religieuses existantes, y

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  • compris les religions smitiques, Judasme, Christianisme et Islam, issues de l'ancienpolythisme hbreu. La grande civilisation smitique de l'gypte absorba de nombreuxlments shivates, en particulier le culte d'Osiris, mais sut viter le pril du monothisme,malgr la tentative d'Akhetanon au XIVe sicle. Le monothisme devait plus tard isoler lesreligions smitiques de la pense cosmologique et religieuse ancienne. Nous ne nous tendrons pas ici sur les religions de l'Extrme-Orient, bien que l'influenceshivate soit vidente sur le Taosme et que le rationalisme jana ait influenc leConfucianisme. Plus tard, par l'intermdiaire du Bouddhisme, l'influence jana ainsi que celledu Shivasme se feront de nouveau sentir en Chine, en Asie du Sud-Est, au Tibet, travers leTantrisme du Mahyna qui est en quelque sorte une rsultante des deux religions. Les textestantriques indiens mentionnent d'ailleurs souvent les rites chinois (Cinchara).

    LA MYTHOLOGIE

    Qu'il s'agisse de hros, d'incarnations divines ou de dieux, toute mythologie est fonde surla personnification de certains principes cosmologiques ou de vertus particulires. Enmme temps que les dieux, je dirai la naissance des lments qu'ils personnifient , ditHsiode. Ce qui compte dans la mythologie, c'est le principe reprsent et non pas leslgendes dont on l'entoure pour faire mieux comprendre ce qu'il symbolise. Que ces lgendessoient multiples, diffrentes d'une rgion l'autre, d'un pote visionnaire un autre, n'aaucune importance. Il ne faut pas perdre de vue qu'elles ne sont l que pour rendre plusaccessibles des notions abstraites, des ralits universelles. La fe Carabosse reste la fe Carabosse mme si nous inventons de nouveaux contes defes. On attribue tous les hros des hauts faits qui dpassent la ralit, mais mettent envaleur les vertus, les enseignements qu'ils servent personnifier. Que l'on attribue Jsus deNazareth les miracles, les lgendes de Dionysos ou de Krishna n'enlve rien son message,mais fait mieux comprendre sa nature divine. Vouloir y voir des faits strictement historiques,c'est nier sa valeur de symbole ternel, sa divinit. Les lgendes dont est entour dans les diverses civilisations un aspect particulier du divinvarient seulement par leur forme, par les noms attribus aux hros et aux dieux. Ce sont deshistoires merveilleuses qui illustrent des conceptions philosophiques ou cosmologiquesuniverselles en les incorporant dans un panthon local pour les rendre plus accessibles, maisaussi parfois pour en masquer le sens aux non-initis qui prennent ces lgendes la lettre.Nous retrouvons partout ce mme procd, qu'il s'agisse des mythes de Dionysos, deBacchus, de Zagrus ou du Minotaure, de l'Osiris gyptien ou du Liber romain, maisgalement des lgendes adaptes pour incorporer Shiva et son culte parmi les dieux vdiquesou dans le Bouddhisme tibtain. Nous verrons de mme les saints se substituer aux dieuxdans le monde chrtien. La vie de Bouddha apparat dans la vie des saints sous le nom desaint Josaphat. Nous sommes tellement habitus lier l'ide de civilisation un certain dveloppementtechnologique que nous perdons de vue le niveau des connaissances humaines et de laculture dans des poques que nous appelons prhistoriques. Seuls, quelques accidents

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  • archologiques nous rvlent des formes d'art et de culture extrmement volues dans lapriode nolithique ou mme palolithique, priodes durant lesquelles nous imaginons laterre comme peuple de sauvages barbus arms de massues. Il est bien vident que certains des artistes invits dcorer les sanctuaires souterrains deLascaux ou de Altamira, entre le XVe et le VIe millnaire avant notre re, possdaient uneexcellente technique, un coup de main magistral. Ils ne vivaient pas sous terre et devaientdonc habituellement dcorer des habitations relativement luxueuses. Nous connaissons desformes d'art similaires encore aujourd'hui dans les villages indiens de torchis et de bois quine laissent aucune trace, une fois dtruits. Les premires dynasties gyptiennes datent de la fin du IVe millnaire. C'est la mmepoque que les Sumriens, parlant une langue agglutinante (dravidienne), arrivrent del'Indus dans une Msopotamie dj trs civilise. Plus d'un millnaire plus tard, lesconstructeurs de mgalithes devaient apporter en Europe du Nord une civilisationapparente. A partir du dbut du VIe millnaire, nous rencontrons partout, aussi bien l o des vestigesurbains ont survcu que l o ne subsistent que des gravures rupestres, la marque duShivasme, le culte du taureau, du serpent, du phallus, le symbole royal des cornes, lespostures de Yoga, les chambres funraires. Trs souvent, il est vrai, nous ne possdons pour expliquer les symboles et les rites anciensque des tentatives faites beaucoup plus tard pour retrouver des connaissances presqueperdues aprs des cataclysmes, des invasions barbares ou des changements de religion. Celaest vrai entre autres pour les Grecs par rapport aux Minoens ou pour les Celtes par rapport la civilisation mgalithique. On peroit, derrire La Thogonie d'Hsiode - le plus ancientexte grec sur la mythologie - , le souvenir d'un modle plus net et moins superficiel dontHsiode ne comprend pas toujours le sens profond. La premire grande poque de l'art minoen en Crte date d'environ 2600 av. J.-C. Cnossoset Phastos furent une premire fois dtruits par une catastrophe soudaine, probablementl'explosion du volcan de Santorin vers ~ 1700. Les premiers Achens semblent tre apparusvers ~ 1600. Leur comportement aurait t relativement pacifique. Ils rapportrent auPloponnse, comme prise de guerre , la religion minoenne qui a t la base de la culturedite mycnienne. Les Achens s'installrent peu peu en Crte et auraient dtruit unepremire fois Cnossos en ~ 1400. La destruction finale par les Doriens eut lieu en ~ 1100. AMalte, les temples monumentaux de Ggantija furent construits entre ~ 2800 et ~ 2400. Leculte du taureau, du phallus et de la desse y apparaissent. La population de typedolychocphale mditerranen fut totalement annihile en ~ 2400, et, aprs une priode devide, remplace par une population tte ronde (brachycphale) qui cra la civilisation dutarxien, proche de la mycnienne et qui fut galement dtruite vers ~ 2000. Cette destructionfut telle qu'il ne resta aucun survivant. La disparition de la civilisation minoenne, c'est--dire de la plus ancienne civilisationayant fleuri en Europe, est l'un des drames les plus impressionnants que nous offre l'histoirede l'Europe, pourtant particulirement dramatique... Jusqu' l'panouissement de la nouvellecivilisation grecque, le continent retomba dans une vie agricole sans histoire. (Paolo

  • Santarcangeli, Le Livre des labyrinthes, p. 96 et 187.) Les vainqueurs achens n'taient pascapables de faire leurs, pas plus qu'ils taient capables de promouvoir, les efforts artistiqueset d'organisation de ceux qu'ils avaient vaincus et soumis... Les Minoens, aprs les deuxmillnaires o ils laborrent la premire civilisation occidentale, disparurent de la scne del'histoire europenne. (Gaetano De Sanctis, Storia dei Greci, p. 138.). Nous devons nous rendre compte que la mme distance spare la fin de la civilisationminoenne originelle de la Grce de Pricls que celle qui nous spare de l'Empire romain. Ilest donc normal que seules des traditions populaires aient pu se transmettre travers desconqurants encore barbares concernant les fondements yogiques et philosophiques des riteset des symboles. Le srieux avec lequel les modernes prennent les rcits mythologiquesapparat parfois du plus haut comique. Ils s'imaginent que les peuples anciens prenaient pourdes ralits des rcits symboliques, alors que nous voyons encore aujourd'hui les bardes deskrtanas hindous inventer chaque jour de nouveaux pisodes de la lgende des dieux. LesChrtiens prennent pour des actualits historiques les rcits symboliques de la Bible et del'vangile et vont fouiller le sommet du mont Ararat pour y chercher les dbris de l'arche deNo alors que le mythe du dluge est universel, connu des Hindous comme des Babylonienset des peuples amricains, et que chaque tradition fait chouer l'arche sur une montagnediffrente. Les interprtations des modernes, bien que faisant preuve d'une rudition considrable etd'une certaine intuition, sont souvent fondes sur une mconnaissance du niveau intellectuelet des connaissances de l'homme dans des poques relativement loignes. Nous ne sommespas, sur ce plan, tout fait sortis du dogme de la cration du monde en 4963 avant lanaissance de Jsus-Christ, tenu pour article de foi par certains thologiens chrtiens encoreau dbut de ce sicle.

    ORIGINES DU SHIVASME

    D'aprs les sources indiennes, confirmes par de nombreux lments archologiques, c'estau cours du VIe millnaire avant l're prsente - poque qui correspond peu prs au dbutde ce que nous appelons le nolithique - qu'aurait t rvl ou codifi le Shivasme, lagrande religion issue des conceptions animistes et de la longue exprience religieuse del'homme prhistorique sur laquelle nous ne possdons par ailleurs que quelques rares indicesarchologiques et des allusions des sages mythiques. C'est partir de cette poquequ'apparaissent en Inde et en Europe les symboles et les rites shivates : le culte du taureau,du phallus, du blier, du serpent, de la Dame des montagnes, ainsi que la danse extatique, lacroix gamme, le labyrinthe, les sacrifices, etc. Il est donc difficile de dterminer les lieux ole Shivasme prit naissance. Ses origines remontent si loin dans l'histoire de l'homme, lesmonuments mgalithiques et les reprsentations symboliques qui en voquent la prsencesont si rpandus, les traditions, les lgendes, les rites, les ftes qui en proviennent seretrouvent dans tant de rgions, qu'il apparat partout comme l'une des sources principalesdes religions ultrieures. Rien ne prouve que l'Inde actuelle ait t son lieu d'origine, car nousvoyons ses rites et ses symboles apparatre presque simultanment dans diverses parties dumonde. Toutefois, c'est seulement en Inde que la tradition shivate et les rites que nous

  • appelons dionysiaques se sont maintenus sans interruption de la prhistoire jusqu' nos jours.Les textes grecs parlent de la mission de Dionysos dans l'Inde, les textes indiens del'extension du Shivasme vers l'Occident. Selon Diodore, l'pitaphe d'Osiris (identifi Dionysos) mentionnait les expditions d'Osiris jusqu'en Inde et dans les pays du Nord. Lesinnombrables similarits dans les rcits mythologiques et les survivances iconographiques nelaissent aucun doute sur l'unit originelle du Shivasme et l'tendue de son influence. Un grand mouvement culturel allant de l'Inde au Portugal eut lieu durant le VIe millnaireav. J.-C. Ce mouvement est apparemment li la diffusion du Shivasme. Il est caractrispar un art naturaliste attachant une grande importance aux animaux. Nous ne possdons surcette poque que de vagues allusions lgendaires et seuls les hasards des dcouvertes de sites prhistoriques fournissent quelques points de repre. Il s'agit, en effet, d'une poque de lacivilisation du bois et il semble presque humoristique d'appeler une telle poque ge depierre . Il existe encore notre poque, en Inde et en Asie du Sud-Est, des civilisations dubois et nous savons que, quel que soit leur raffinement, elles ne laissent pratiquement pas detrace. L'ensemble des symboles associs au culte de Shiva : le phallus dress, le dieu cornu, letaureau, le serpent, le blier, la Dame des montagnes, se retrouvent dans ce complexeculturel et agricole qui se diffusa partir de 6000 av. J.-C. vers l'ouest en Europe et en Afriqueet, l'est, vers l'Asie du Sud. Le jeune dieu nu ithyphallique assis sur un trne est prsentdans toutes les phases de l'ancienne Europe de Proto-Sesklo et Stare)vo (VIe millnaire), Dimini et la priode Vina. Il porte un masque cornu. Il est aussi reprsent debout tenantson sexe deux mains... La principale piphanie du dieu mle semble toutefois avoir t sousla forme du taureau, parfois un taureau visage humain ou un homme tte de taureau. (Valcamonica Symposium, Les Religions de la prhistoire, p. 135.) Durant la priode Vina enRoumanie (du VIIe au Ve millnaire), les recherches archologiques ont mis en vidence leculte du taureau, le taureau visage humain, le dieu ithyphallique et cornu, le culte duphallus, les phallus avec un visage. Les morts sont enterrs en posture de Yoga, comme c'estle cas Lepenski Vir, prs des Portes de Fer du Danube. Nous rencontrons les premires images nettement shivates en Anatolie, atal Hyk,vers 6000 av. J.-C. Les cultes d'Osiris, du taureau, du blier, apparaissent ds l'aube de lacivilisation gyptienne. Nous retrouvons en gypte la fusion des cultes d'Osiris-taureau etd'Osiris-blier originellement spars, comme c'est le cas pour la fusion des cultes de Shiva-taureau et de Skanda-blier. Il existe une image colossale du dieu ithyphallique Min,provenant de l'Egypte prdynastique et datant du milieu du Ve millnaire av. J.-C. C'estl'poque de l'arrive des populations minoennes en Crte (vers ~4500), ainsi qu'en Anatolie, Chypre, Malte, Santorin. Des notions telles que celles du Yin et du Yang transcriptionchinoise des mots Yoni (vulve) et Linga (phallus) , reprsentant les principes femelle et mletroitement enlacs, ne sauraient tre diffrencies du Linga enserr dans l'arghia (rceptacle)du culte shivate et indiquent l'influence du symbolisme shivate aux sources mmes de lapense chinoise. Des images du dieu-taureau ou du dieu cornu, seigneur des animaux, similaires celles deMohenjo Daro, se rencontrent dans les traditions prceltique et minoenne. En Asie du Sud-Est (Cambodge, Java, Bali), le Shivasme est li aux sources mmes de la civilisation. Il esttoujours, Bali, l'aspect essentiel de la religion. Les temples d'Angkor comme les anciens

  • temples de Java sont pour la plupart shivates. Durant le IVe millnaire, se dveloppe la civilisation shivate de l'Indus. Les Sumriens,venant vraisemblablement de l'Indus, arrivent par la mer en Msopotamie. La religion qu'ilspratiquent va se rpandre dans le Moyen-Orient, en Crte, en Grce continentale. Du dbutdu IIIe millnaire jusqu'aux invasions aryennes, vont se dvelopper paralllement les troisgrandes civilisations soeurs de Mohenjo Daro, Sumer et Cnossos, avec des prolongements surtout le continent europen d'une part, l'Inde centrale et orientale et l'Asie du Sud-Est del'autre. La fin du IIIe millnaire apparat comme une date importante. C'est en effet vers 3000 av. J.-C. qu'eut lieu le dluge (historique) qui divise les dynasties sumriennes entre dynastiesprdiluviennes et postdiluviennes. C'est aussi de cette poque que, selon la chronologiehindoue, date le dbut du Kali Yuga, l'ge des conflits, ou ge moderne. A la mme poque, un peuple nouveau de race atlanto-mditerranenne apparat Malte,puis en Armorique, venant de la Mditerrane sans doute par la pninsule Ibrique. Ilintroduit une nouvelle religion et des usages funraires nouveaux. La civilisation desmgalithes est la sienne : pendant deux mille ans, ces monuments vont couvrir le sol de lapninsule. C'est vers ~ 3000 que fut construit le tumulus de Saint-Michel Carnac. Lesalignements datent de ~2000. Les constructeurs de mgalithes... avaient certainement gardun contact avec l'Ibrie et plus loin avec la Crte ou le Moyen-Orient de leurs origines..., oun'ignoraient pas leur existence... ni les rites qu'y pratiquaient les adorateurs du taureau. (Gwenc'hlan Le Scouzec, Guide de la Bretagne mystrieuse, p. 72 et 99.) Le palais [deCnossos], temple du taureau solaire, a un lien de parent subtil mais troit avec les cercles depierres qui constellent nos campagnes. (R.A. Macalister, Ireland in Preceltic times.) Lesstatues-menhirs du haut Adige et de la Ligurie... [ainsi que] Stonehenge et autresmonuments mgalithiques... semblent driver d'un prototype qui apparat Mycnes auxenvirons du XVIe-XIVe sicle av. J.-C. (Paolo Santarcangeli, Le Livre des labyrinthes, p. 139.)Les dessins de labyrinthes de Valcamonica datent de 1800 1300 av. J.-C. Ceux de Malte sontde plusieurs sicles plus anciens.

    LA NAISSANCE DE DIONYSOS

    Les dbuts de la civilisation minoenne semblent remonter au milieu du Ve millnaire etsont donc contemporains de l'gypte prdynastique. Toutefois la grande priode minoenne,rvle par un prodigieux dveloppement artistique - qui ne correspond pas ncessairement une progression sur le plan intellectuel et religieux -, s'tend de ~ 2800 ~1800. Les templesmonumentaux de Malte furent construits entre ~ 2800 et ~ 2000. Cette civilisationmditerranenne est donc contemporaine de la civilisation sumrienne postdiluvienne etaussi de la grande priode de Mohenjo Daro et des cits de l'Indus, avec lesquelles elleprsente des parents videntes. Quelle que soit l'importance des documents archologiquesplus anciens qui mergent , et l dans le monde mditerranen, l'Anatolie, le Moyen-Orient, ainsi que celle des rfrences littraires sumriennes ou babyloniennes, ce n'estqu'avec la civilisation minoenne et son hritage grec que les rites et les mythes shivates, dans

  • leur version dionysiaque, entrent vritablement dans ce que nous pouvons savoir de l'histoirereligieuse du monde occidental. La civilisation crtoise s'tait dveloppe grce un apport considrable des civilisationsasiatiques. La Crte nolithique peut tre considre comme une projection insulaire d'uneprovince anatolienne. (Evans, The Palace of Minos, chap., Ier; p. 14.) Elle maintiendra desrapports constants avec l'gypte, la Grce et le Moyen-Orient pendant toute son histoire. Ce sont des architectes et des peintres qualifis venus d'Asie (ventuellement d'Alalakh) quifurent invits construire et dcorer les palais des souverains crtois... Les mthodes deconstruction et les techniques de peinture la fresque employes Cnossos sont les mmesque celles du palais de Yarim-Lim (sur la cte syrienne), de trois sicles plus ancien. (R.F.Willetts, Cretan Cults and Festivals, p. 17 et 27.) D'aprs Homre (Odysse, XIX, 178), Minos aurait gouvern la Crte et les les de la merge trois gnrations avant la guerre de Troie qui eut lieu durant le XIIIe sicle av. J.-C. Il serfre donc la seconde civilisation crtoise influence par les Achens. Comme dans lescivilisations msopotamiennes, nous retrouvons dans la Crte minoenne beaucoupd'lments caractristiques du Shivasme : le jeune dieu, la desse de la Montagne, le taureauet le Minotaure, le serpent, les cornes, le lion, le bouc, l'arbre sacr et le pilier phallique, lesacrifice du taureau et la danse extatique des Korybantes et des Kourtes qui sont en toutpoint identiques aux Ganas, les jeunes compagnons de Shiva et ses fidles. Les symboles dusvastika, de la double hache et du labyrinthe proviennent, comme nous le verrons plus loin,de donnes indiennes lies aux expriences du Yoga et au culte de la Terre. Nous retrouvonsles mmes symboles Malte o ont survcu de trs importants vestiges monumentaux. Les Minoens recherchaient l'harmonie de l'homme et de la nature. Leurs peintures nousmontrent une vie paisible et attrayante dans un paysage ferique et enchant qui rappelle leparadis terrestre de Shiva-Pashupati, le seigneur des animaux. Nous ne savons pas quel taitle nom donn au dieu du temps du premier roi Minos, probablement Zan qui a t hellnisen Zagrus et plus tard identifi Zeus. Le nom de Zeus est indo-europen. Les Achensqui vinrent en Crte donnrent le nom de leur dieu du ciel une divinit minoenne...Zagrus est un nom oriental qui vient de la Phnicie et qui est peut-tre en rapport avec lemont Zagron, entre l'Assyrie et la Mdie... Ce Zeus, devenu le dieu du mont Ida, vnr parles Kourtes, est l'ancien dieu crtois si identique Dionysos par ailleurs qu'il apparatnormal au mystique initi de s'intituler Bacchos. Ce dieu qui meurt et nat nouveau apporteune vie nouvelle au fidle qui pntre dans ses mystres, aboutissant au repas de chair cruede l'animal qui est le dieu lui-mme manifest, le taureau dont le sang purifie son sanctuaire. (R.F. Willetts, Cretan Cults and Festivals, p. 200-203-240.) Euripide mentionne Zagrus dansLes Crtois : J'ai fait retentir le tonnerre de Zagrus qui erre la nuit. J'ai accompli le repas dechair crue et j'ai agit les torches en l'honneur de la Mre des montagnes. Sanctifi, j'ai reu lenom de Bacchos parmi les Kourtes. Vtu de blanc, je me tiens l'cart de la naissance deshommes et de leurs tombes, et j'vite de me nourrir d'tres vivants. Les mythes concernant le jeune dieu et la desse crtoise sont similaires ceux de Shiva etPrvat. Nous en retrouvons l'cho dans les mythes d'Ishtar et Tammuz, Isis et Osiris, Vnuset Adonis. Rhea, la desse de la Montagne, est la Prvat (celle de la montagne) indienne. Lesnoms de Diktynna et d'Artmis voquent la notion d'une Mre-montagne. Diktynna prenait

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  • son nom d'une montagne, le mont Dikt. Prvat, elle, est la fille de Himvat (l'Himalaya).

    DIONYSOS DANS LE MONDE ARYAIVIS

    Les ennemis qui incendirent les principaux centres de la civilisation minoenne vers ~ 1400peuvent tre identifis avec les Achens homriques qui dtruisirent galement Ugarit etTroie durant le XIIIe sicle. C'est durant la seconde priode minoenne, influence par lesAchens, que le dieu crtois prend le nom de Dionysos (dieu de Nysa). Les ides religieusesqu'il reprsente taient attribues auparavant Zagrus, appel aussi le Zeus crtois(Krtagns). Un renouveau des cultes orphiques au VIe sicle av. J.-C. conduisit aurenforcement des cultes mystres indignes sous un nouveau nom... Cela est confirm parEuripide et Fimicus qui se rfrent cet ancien Dionysos crtois qui n'est autre que Zeus-Zagrus et dont les adhrents mystiques communiaient avec le dieu en mangeant la chaircrue du taureau. (R.F. Willetts, Cretan Cults and Festivals, p. s.) Le rayonnement de lareligion crtoise fut considrable ainsi que son influence sur la pense et la religion grecques.Diodore dit que, selon les Crtois, les dieux allrent de la Crte vers la plupart des rgionsdu monde habit... La desse Dmter arriva ainsi en Attique, puis en Sicile et en gypte. Les tablettes mycniennes de Pylos (vers ~ 1500) mentionnent dj le nom de Dionysos ctde ceux des dieux aryens. Dans la Bibliothque, un rsum des fables de la mythologie attribu Apollodore, celui-cisouligne les affinits du culte de Dionysos avec d'autres cultes mystres et avec la sagessedes anciens peuples. Il insiste aussi sur les lgendes qui rendent compte de la mania (la folieextatique) et mettent en lumire la faon dont le dieu punit ceux qui lui rsistent. La rapparition du Shivasme ou du Dionysisme reprsente un retour une religionarchaque et fondamentale, reste sous-jacente malgr les invasions et les perscutions.L'ancien dieu de la Crte, de l'Anatolie, de Sumer et de la Grce continentale prhellniquen'apparaissait tranger qu'aux envahisseurs Achens et Doriens qui le faisaient venir d'Asiepar la Thrace et prtendaientt que son culte avait t introduit en Grce par ses missionnaireset ses dvots. Le culte de Dionysos s'tait acclimat d'autant plus aisment... que Dionysosavait pu tre assez facilement assimil des divinits indignes et que les rites du dieu grecoffraient de nombreux points de contact avec les pratiques de l'ancienne religion thrace, ycompris apparemment l'orgiasme fminin. (H. Jeanmaire, Dionysos, p. 77 et 431.) LeDionysisme n'tait en fait que l'ancien Shivasme du monde indomditerranen qui reprenaitpeu peu sa place dans le monde aryanis. Ce culte, qui a boulevers et renouvell'exprience religieuse des Grecs, avait, dans le sol hellnique, les plus profondes racines. Le mme processus d'assimilation avait eu lieu dans l'Inde. Le Shivasme s'tait peu peuintgr dans le Brahmanisme vdique et l'avait profondment transform. D'aprs SarvapalliRadhakrishnan : La religion vdique a absorb, incorpor et prserv les rites des autrescultes. Au lieu de les dtruire, elle les a adapts ses propres besoins. Elle a tellementemprunt aux institutions des Dravidiens et des autres peuples de l'Inde qu'il est trs difficilede sparer les lments aryens originels des autres. (S. Radhakrishnan, History of IndianPhilosophy, p. 54.) Dans les innombrables rcits lgendaires reflts dans les Purnas d'une

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  • part et les rcits dionysiaques et orphiques de l'autre, Shiva-Dionysos apparat dsormaiscomme l'un des dieux du panthon aryen dans lequel on lui rserve une place souventprdominante. Dionysos est voqu dans les Hymnes homriques. C'est de Dionysos, fils dela trs glorieuse Sml (la Terre), que je vais parler, et je dirai comment il apparut au bordde la mer inlassable, sur un promontoire avanc, avec les traits d'un jeune homme dans lapremire adolescence. (Hymne Dionysos, I, 1-4.) Je suis le bruyant Dionysos dont la mrequi l'enfanta fut Sml la Cadmenne aprs s'tre unie d'amour Zeus. (Hymne Dionysos,I, 55.) Euripide admettait l'universalit de la religion de Dionysos que le Dieu lui-mme, escortde ses Mnades, aurait propage dans tout l'Orient avant de revenir l'implanter au lieu de sanaissance. Les Grecs expliquaient les similarits des cultes de Shiva et Dionysos par l'effetd'une expdition de Dionysos en Inde. Le voyage ou mission que Dionysos avait accompli enOrient pour y propager son culte tait devenu une conqute de l'Inde fabuleuse par Dionysoset son arme de Mnades et de Satyres. Cette expdition avait dur deux ans et le dieu taitrevenu par la Botie la troisime anne. Il avait clbr sa victoire mont sur un lphant desIndes. Selon Diodore, c'est en souvenir de cette expdition des Indes que les Botiens, lesautres Grecs et les Thraces, avaient institu des sacrifices tritriques Dionysos. Les anciensHbreux avaient t fortement influencs par le monde dravidien et shivate. Abrahamvenait d'Ur sumrienne et, malgr Mose, les Hbreux jusqu' David participaient des ritesextatiques. En gypte, c'est Osiris dont les mythes et les lgendes sont lis aux mythesshivates. Osiris reprsente les pouvoirs de gnration et de croissance. Il est galement ledieu des Arbres et des Plantes. Hrodote et Diodore identifient Osiris Dionysos. Osirisserait originellement venu de l'Inde mont sur un taureau. Il prit dans son arme les Satyres(les Ganas indiens) comme danseurs et chanteurs, propres toutes sortes de divertissements.Plus tard, il retourna dans l'Inde o il fonda de nombreuses villes. Les rapports directs entrel'gypte et l'Inde sont extrmement anciens et indpendants de ceux de l'Inde avec Sumer,l'Anatolie et la Crte. Les changes commerciaux trs importants passaient plutt par l'ocanIndien et la mer Rouge. Lors du dveloppement de la civilisation crtoise, les parallles entreles cultes d'Osiris et de Dionysos devinrent apparents. Les premires reprsentations depersonnages crtois dans la peinture gyptienne se trouvent dans les tombes de Sonmut etUseramon Thbes entre ~ 1490 et 1480. L'unit des conceptions shivates et dionysiaques tait reconnue dans le monde hellniquecomme une situation de fait. Dionysos tait dj considr par les anciens comme un dieuanalogue Shiva sous un de ses aspects principaux que le Tantrisme de la Main gauche meten relief. (Julius Evola, Le Yoga tantrique, note p. 15.) Mgasthne, un Grec qui vcut dansl'Inde au IVe sicle av. J.-C., identifie Dionysos Shiva dont le culte tait, selon lui,particulirement rpandu dans les montagnes o est cultive la vigne. Il remarque lasimilarit des expditions du roi (Chandragupta) et des processions de Dionysos. Lorsque lessoldats d'Alexandre se prcipitrent au sanctuaire shivate de Nysa (prs de la modernePeshawar, au nord du Pakistan actuel) pour embrasser leurs frres en Dionysos, ils neconcevaient pas qu'il puisse s'agir d'une autre divinit, d'un autre culte. Selon le mythe crtois, Lampros, poux de Galata, dont les enfants taient bissexuels,tait lui-mme fils de Pandion, descendant des dynasties du Soleil et de la Lune. Le festival

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  • attique du Pandia tait clbr la pleine Lune. Le festival qui prenait son nom de Pandion,ponyme de la tribu de Pandionis, tait en l'honneur de Zeus. (R.F. Willetts, Cretan Cultsand Festivals, p. 178.) Il est remarquer que Pandia est le nom d'une dynastie dravidienne issue de la Lune qui argn depuis des temps immmoriaux dans l'Inde et qui est mentionne, entre autres, dans legrand pome pique tamoul, le Shilappadikaram. Les Pandavas, fils de Pandu (le Blanc),taient les membres de la dynastie qui s'opposa aux Aryens dans la guerre du Mahbhrata. Vers 700 av. J.-C., les Celtes arrivent en Occident. Comme ce fut le cas pour les Grecs ou lesIndiens vdiques, c'est travers eux que nous sont parvenus les restes de la grandecivilisation mgalithique qui les avait prcds. Un dieu ithyphallique datant du VIIIe ou VIIesicle av. J.-C. est reprsent sur un rocher Skne en Sude. Il existe des sries de figuresphalliques en bois au Danemark datant de l'ge du bronze ou des dbuts de l'ge du fer.Nous retrouvons Ana mater deorum Hibernensium du Sanas Cormaic irlandais. Anna laGrande Desse, mre des dieux d'Irlande, qui deviendra sainte Anne, et aussi les Ganas ouKorybantes qui sont les Korrigans, factieux..., capables d'une grande gentillesse et deterribles vengeances... Leur origine remonte sans doute aux croyances du peuple desdolmens et peut-tre au-del.... Tarw, le taureau sacr, est manifestement li aux mgalitheset son culte remonte la prhistoire... La ralit des sacrifices humains chez les Celtes estindniable. Csar... accuse les druides de procds particulirement cruels. (Gwenc'hlan LeScouzec, La Bretagne mystrieuse, p. 74-78). Il existe deux genres distincts de divinits celtiques reconnaissables dans l'iconographieet dcrits dans la littrature... Le premier est l'un des dieux celtiques les plus fondamentauxayant des anctres en Europe dont les origines remontent jusqu'aux roches sculptes de laSude et de l'Espagne et, au-del, dans un pass indfini. C'est le dieu phallique et cornu destribus celtiques, agressif et fertile, avec ses cornes de taureau ou de blier. Il est parfois nonphallique, mais porte alors des bois de cerf... Il existe aussi une reprsentation du dieuassocie son rle de pasteur. Il est nu, fortement ithyphallique, mais sans cornes... C'est souscette forme qu'il est reprsent Maryport (l'Alauna romaine), Brough by Sands et ailleurs.Une des premires reprsentations du dieu cornu des Celtes se trouve dans l'anciensanctuaire de Valcamonica, en Italie du Nord, dans lequel les peuples changeants de l'Europeont exprim leurs conceptions religieuses sur les murailles rocheuses de ce lieu sacr. Lesdessins celtes datent de l'poque de la conqute de l'trurie par les Celtes... D'aprs uneinscription, le dieu est appel Cernunnos, le Cornu . Ce n'tait pas ncessairement sonnom dans tout le monde celtique, car les Celtes avaient des noms multiples et des dieux peunombreux. Le Grand Dieu porte sur son bras droit repli le collier sacr, le torc, ornement desdieux et des hros; sur son bras gauche repli, on voit des traces du serpent cornu, animaltoujours li son culte... Son adorant est fortement ithyphallique. (Anne Ross, dansPrimitive Erotic Art, p. 84.) Dans l'Inde, Shiva est galement appel Shringin, le Cornu. Il porteun serpent comme collier. Les Romains identifiaient le dieu celtique Apollon. Stonehenge, alors vieux de plus dedeux mille ans, tait encore un lieu de culte lors de la conqute romaine (57 av. J.-C.).Diodore de Sicile, citant Hcate sur l'le de Bretagne, nous dit que les habitants honorentApollon plus que partout ailleurs... Une enceinte sacre lui est ddie dans l'le ainsi qu'un

  • magnifique temple circulaire, orn de riches offrandes . Nous rencontrons, parfois orns d'un visage ou entours d'un serpent, les phallus de pierredresss en Angleterre, en Sude, en Italie, en Bretagne, en Corse, en Grce, en Arabie, enInde, mais aussi le culte du taureau et son sacrifice, celui du serpent et ses lgendes, lescarnavals ou ftes lubriques du printemps, les danses d'extase, les lieux sacrs qui portent lenom plus ou moins dform de Nysa. Nous retrouvons les lgendes lies au culte du Skanda-enfant, le bambino, n dans un marais de roseaux et nourri par les sept Pliades devenues destoiles. Nombreux sont les rcits qui voquent le message universel du dieu qui nat dans unecaverne. Prs de lui, se trouve le buf ou le taureau, l'animal sacr, mais il est aussi associ l'ne, l'animal impur, qui sera son vhicule lors de ses ftes. Il est le dieu de la vie qui meurtet ressuscite, qui unit les mystres insparables de la procration et de la mort. Tous les mouvements religieux se sont inspirs du message shivate, mme s'ils ont cherch en nier ou en dnaturer l'hritage. Si nous connaissons si mal la philosophie shivate, c'estsurtout parce que nous refusons de reconnatre sa primaut, de voir ses mythes et ses ritestransparatre dans ceux des religions ultrieures. Textes et documents Aucun texte indien de la priode praryenne ne semble avoir survcu dans sa formeoriginelle, sauf quelques inscriptions dans l'criture de Mohenjo Daro qui n'a pas encore putre dchiffre. Toutefois, les Aryens furent trs tt influencs par la philosophie, lespratiques, les rites du Shivasme. Les anciens sages dravidiens furent accepts aux cts dessages vdiques et beaucoup de textes furent peu peu traduits ou adapts en sanskrit, lagrande langue littraire drive du vdique. Le cas est similaire celui de l'trusque parrapport au latin. Le quatrime Vda, l'Atharva Vda, est fond presque exclusivement sur des traditionspraryennes concernant les rites, les formules magiques, les crmonies. Il fut adjoint auxtrois Vdas originaux: le Rik, le Yajuh et le Sma. L'Atharva Vda reprsente la vritablereligion du peuple. (P. Banerjee.) Les enseignements qu'il contient sont attribus au sagenon aryen Angirasa. C'est lui que sont attribus galement cinquante et un des traitsphilosophiques, les Upanishads shivates tels que la Shvtshvatara Upanishad, la MundakaUpanishad, etc. Parmi les Brhmanas, les rituels, rattachs l'Atharva Vda, le plus importantest le Gopatha Brhmana (la voie du taureau). Certains pomes en tamoul archaque, lesp