cycle et éternel retour

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  • 7/23/2019 Cycle et ternel retour

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    Rencontres autour de JeanCharles Pichon

    Ile de Berder,

    22-24 mai 2010.

    14-16 Juin 2013.

    Cycles et Eternel retour, approches compares autour

    de luvre de JeanCharles Pichon.

    Georges Bertin.

    Se souvenir un jour, cest prvoir.

    Jean-Charles Pichon

    1

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    Sommaire,

    Introduction : du Temps au Grand Temps.

    I, Mtamorphoses et permanence des mythes, pour une mythocritique.

    Gilbert Durand,Paul Verdier,Jean Charles Pichon ?

    Convergence des interprtations.

    II Mtamorphoses et permanence des cycles.

    Lapproche gunonienne : devant le Vedanta.La cyclologie de Jean-Charles Pichon.Elments de comparaison.Le Nouvel Age.

    La question de la Grande Anne.La question de la chute.La question du 21me sicle.

    Conclusion : la jouissance de lAme du Monde.

    2

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    Introduction : du Temps au Grand Temps.

    Dans toutes les socits humaines, la question de notre relation au Temps sest

    toujours pose, parfois de faon lancinante, elle a trouv aujourdhui uneactualisation renouvele avec les rflexions sur la Post Modernit.

    La socio-anthropologie distingue trois regards sur le temps :

    pour les socits traditionnelles, les manifestations du Temps dans leciel et les saisons font toujours retour leur place attendue, quelle quesoit lchelle o lon se positionne, tant elles sont rgles par le cours desastres, celui des saisons, etc.

    Leurs membres ne se projettent pas dans le futur, la place de lindividu tantsubordonne lorganisation du groupe social, au genre, la gens, lacommunaut garantissant lordre des choses en cherchant se conformer auxordres perus comme suprieurs. Do lexistence dune classe premire, celledes clercs (druides, shamans, brahmanes) dont cest la mission quils vontcodifier au moyen des rites religieux lesquels garantissent la stabilit dumonde.

    Ainsi Durkheim crivait 1 que les hommes dans la nature, ressentent une grandeterreur en en dcouvrant linvariabilit, le retour rgulier des phnomnes

    naturels. Ils sont accabls par linfini qui les environne, le cours inexorable dessuccessions, et tout vnement survenant (tel la dcouverte du feu) est

    considr comme miraculeux, en effet chacun des moments de la dure estprcd et suivi par un temps auquel aucune limite ne peut tre assigne : la

    rivire qui coule manifeste une force infinie parce que rien ne lpuise.La Religion sest ainsi constitue quand les forces naturelles purent tre

    expliques partir des lois de la Nature, les mythes racontant comment leschoses ont exist et comment elles se produisent.

    dans les socits modernes, lhomme croit chapper au dterminismenaturel grce au dveloppement de la Science, fonde sur la Raison,laquelle lui donne le sentiment de matriser la Nature en lenfermant dansun certain dterminisme (lois naturelles). Matriser la Nature, cest ainsiassurer le progrs par la capacit de lhomme se positionnant come trelibre, chappant aux dterminismes. A la reprsentation du temps cycliquesuccde alors la flche du temps vectorise vers un dpassement toujourspossible. Cest le principe qui fonde la Modernit et la responsabilit delhomme devant ses semblables. Les Institutions prennent alors place pour

    1 Durkheim Emile,Les formes lmentaire de la vie religieuse, PUF Quadrige, 1960, p 104

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    en faciliter et organiser la mdiation. Ce sont les socits de lHistoire,des positivistes aux hgliennes, socits de la dmythologisation, au nomdun appel rationnel louvre dans les cultures. Trancher, forer,

    dtruire, ter les enveloppes du mythe, sont les enveloppes du Mythe,

    sont les injonctions de la modernit triomphante2

    . A celui du retour sesubstitue celui du progressisme titanesque, mythe promthen dont onperoit bien la limite de nos jours.

    Entre arkh et rseaux technologiques modernes, les socits postmodernes convoquent le retour conjoint dHerms et de Dionysos, dieu dela communication, des carrefours pour le premier, dieu de lorgie de

    lternel jouissance du prsent pour le second, tandis que se profile lhorizon le temps retrouv celui du gai savoir des philosophes, des potes

    et de la mort de Dieu. Ce qui nest pas sans poser de nouvellesquestions sur notre reprsentation du temps:

    sinscrit-il dans la perspective de la cyclologie gunonienne oupichonienne ?

    le temps des potes qui prcdent notre regard sur le monde est-iltiss de la mme trame que celui des astrologues ?

    est-il rythm par les mmes horloges ?

    cest ce que toute rflexion sur le mythe peut nous aider mieux

    comprendre.

    2 Durkheim, ibidem.

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    I Mtamorphoses et permanence des mythes.

    Dans lintroduction leur dition du magistral Cycle du Rameau dor

    de lanthropologue James G. Frazer publi en 1890, Nicole Belmont et

    Michel Izard, rappellent que lon y voit fonctionner les mtamorphoses

    et la permanence du mythe. Pour eux, ltude des mythes provoque un

    vertige auquel on tente dchapper par une fuite en avant perptuelle.

    Cette fascination, crivent-ils, ne trouve une solution empirique quen

    un retour au point de dpart, au mythe de rfrence, un bouclage du

    priphrique 3.

    Si lon compare les travaux de ces deux matres que furent Gilbert

    Durand (1921-2012) et Jean Charles Pichon (1920-2006), nous y

    retrouvons cette mme obsession dune matrise du devenir par la

    rptition des instants temporels, dune abolition de la distinctiontemps/espace, le temps tant spatialis par le cycle (Gusdorf) ou

    encore assurant une mainmise dterministe et rassurante sur les

    capricieuses fatalits du devenir (Bergson).

    Cest bien cette figure de lanne, avec des focales diffrentes, que

    nous renvoient nos deux auteurs, comme figure circulaire (annulus)

    tendant organiser la fluidit du temps dans une figure spatiale(Gilbert Durand). Mais nous verrons que lun et lautre renvoient

    justement, sur cette question des figures, des reprsentations

    diverses si ce nest des concepts diffrents quoique

    complmentaires.

    3 Frazer et le cycle du Rameau dOr, R Laffont, 1981, XXIX.

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    Gilbert Durand.

    Dabord Gilbert Durand, se fondant sur de nombreux travaux

    ethnologiques, tels ceux de Jacques Soustelle sur les Incas, montre

    dans son ouvrage princeps Les Structures anthropologiques de

    lImaginaire (1969) maintes fois rdit, que la loi du Monde est

    calque sur lalternance de qualits distinctes nettement tranches qui

    dominent, svanouissent et reparaissent ternellement entre les

    mesures duodcimales lies aux phases lunaires et les mesures solaires

    calcules sur le mode dcimal.

    Alors que la somme dramatique des phases de la lune suggre

    toujours un processus de rptition, la lune tant mre du pluriel, ce

    qui a, par exemple, donn naissance toutes les figures trinitaires, le

    cycle solaire et spcialement le cycle ascendant ou levant, figur par

    exemple par Apollon ou Belenos le brillant, magnifie la puissance

    bienfaitrice du soleil victorieux de la nuit, de la Rsurrection et de la

    Jeunesse conqute de lesprit qui prend conscience de sa ralit,

    imaginaire de lascendance et de la transcendance, quand la parole

    prsidant la cration de lunivers, la lumire luit dans les Tnbres.

    On aboutit, par conjonction de ces deux figures majeures, la

    succession des contraires, dans lalternance de leurs modalits

    antithtiques, la synthse de hirophanies opposes, laquelle va

    marquer toute notre relation au Mythe.

    Ceci est particulirement observable dans le cycle naturel de la

    fructification saisonnire, le symbolisme vgtal organisant la collusion

    6

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    du cycle vgtal (mort/latence/floraison) et du cycle lunaire ici

    surdterminant entre la prise de conscience dune raison lgalisante de

    lunivers, cosmique valence masculine et la dsolation de la desse

    valence fminine.

    Entre lhomme esprit et la dchance de la nature, crit G Durand

    se situe le mdiateur .

    Ds lors pour lui, dans La Foi du Cordonnier , les ftes du

    plerinage temporel vont se distribuer de faon rgulire et

    significative en des points prcis proches des cuspides du calendrier

    zodiacal de lanne solaire. Le calendrier chrtien est ainsi constitu

    par :

    des ftes mobiles indexes sur les lunaisons pascales,

    la branche des dies natalis, le christianisme gardant deux

    ftes luni solaires : Pques, le premier dimanche suivant le 14me de

    Nizan et Pentecte.

    On aboutit ainsi une division quadripartie de lanne avec comme

    points de repres

    1. Hannouchka /Nol (chez les romains, les Saturnales ou les

    feriae sementinae,

    2. Printemps les ftes des pis, ou rogations, les Robigalia ou

    feriae robigalium,

    3. Le solstice de juin avec les ftes de moissons et la Pentecte,

    ou feriae messis rite pratiqu au premier sabbat qui suit la Pque

    hbraque,

    4. LEquinoxe dAutomne Vendanges, feriae vindemiales ou

    volcaniaou encore Rosalia.

    Les symboles thriomorphes des 4 vanglistes entourant le Christ

    Chronocrator, situ non entre la fin des Gmeaux et le dbut du

    7

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    Cancer mais entre le Cancer et le Lion correspondent donc aux angles

    de lanne. Ils sinspirent dun dcalage sidral datant de 20 sicles

    avant JC puisque jusquen 2500 la constellation du Taureau tait

    lquinoxe et celle du Lion au solstice, recoupant une tradition qui veut

    que le monde est vieux de 60 sicles et situant le Christ hors de

    lHistoire, car le temps mystique nest pas celui des astronomes. Pour

    Gilbert Durand, lhistoire des sicles sinscrit dans une mtahistoire

    archtypique, dans un cycle liturgique (saecula saeculorum).

    Il ya donc des force structurantes communes limaginaire profane

    des saisons, des nuits et des jours et limaginal des visions rvles.

    Si toutes les traditions nous disent la quaternit sur laquelle repose le

    monde cr, le gnie dune religion consistera en approfondir les

    rcurrences.

    Paul Verdier.

    Le Recteur Paul Verdier, disciple de Gilbert Durand et spcialiste

    darcho-astronomie, prcise ainsi le calendrier comme un outil

    quune civilisation emploie pour ordonner des rsultats de la mesure du

    temps et pour exprimer sa chronologie, son histoire, partir dun

    premier jour conventionnel marquant le point de dpart de la

    continuit des grands cycles temporels4 .

    Lobservation scientifique de la course des astres errants (soleil,

    lune) faite par des astronomes oprant constamment dans les mmes

    4 Bertin G et Verdier Paul, Les Druides, mythes et Histoire, L part, 2011, p 9- sq

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    conditions dfinit ainsi labstraction temporelle ou nychtmre soit

    une dure conventionnelle constante nuit+ jour.

    Lobservation des levers sur lastre dun lieu dtermine ainsi un

    calendrier grce lventail des positions astrales. Si la rfrence se

    fait au lieu, on parlera de temps topique et si elle se fait aux astres

    fixes, de temps tropique. La diffrence de dure entre deux cycles,

    dans un mme lieu pour un mme astre, dfinit la prcession des

    quinoxes et les ftes sacralisent certains nychtmres au cours

    desquels un dieu ou une desse sont intervenus de faon spectaculaire

    dans le temps des hommes.

    Il appartient aux religieux (comme les Druides) de conserver la

    mmoire collective du retour rgulier de cet vnement.

    Ainsi, toutes les civilisations ont des dates fondatrices majeures. Si

    lhomme est born, le divin est ternel, matre du temps et la religion

    relie lHomme au Dieu.

    Ceci pose la question de linitiation, car il faut avoir une perception

    consciente de labstraction temporelle pour comprendre les dieux et,

    observant la course cyclique des astres, en dterminer dautres grands

    cycles telle la Grande Anne gre, elle, par un Temps diffrent.

    Cette perception nest pas donne, elle sacquiert par transmission, de

    matre disciple, elle comporte des degrs qui sont autant dtapes

    dans lacquisition dune Connaissance faisant lien entre microcosme et

    macrocosme puisque tout ce qui est en haut est comme ce qui est en

    bas , selon la Table dEmeraudedHerms Trismgiste.

    En effet, pour Paul Verdier, le temps fonctionne par cycles identiques

    et le dieu reviendra forcment en mme lieu et date selon lexigence

    de son propre cycle temporel mais dont lhomme ne peut connatre la

    dure qui le dpasse. Alors, il construit des temples pour mmoire et

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    organise des plerinages pour retrouver ces moments o Temps divin

    et histoire humaine sont confondus pour un bref instant dternit,

    quand hommes et Dieux sont sur une plage commune tout devient

    possible et la lumire des astres errants sacralise le lieu (p 121).

    Ex : Course du soleil effectivement parcourue de lorient vers loccident, vue

    depuis le coucher. Les tapes rellement faites sont : la rencontre dramatique

    avec sa Mre (la Vierge), lnier du Cancer et le Roi Arthur des Gmeaux. La

    flche verte marque, partir de lorient, le chemin suivi (P Verdier)

    10

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    Jean Charles Pichon.

    Et nous en arrivons Jean Charles Pichon 5 qui a su nous montrer,

    dans le mme esprit, comment les suites mythiques pousaient les

    mouvements du temps tout en en modifiant les figures mais sans en

    modifier le mouvement, celui l mme des astres. Le peroivent les

    esprits clairs : aussi loin que nous remontons dans le pass, quels

    que fussent les Noms ou les Symboles lus, cette succession nous

    semble tre apparue aux esprits clairs non moins nettement que

    dautres suites irrversibles 6.

    Comme Verdier se rfrant lastronomie, JeanCharles Pichon

    montre que toute recherche sur les cycles se fonde sur la double

    notion de figure et de mouvement, et que la science sotrique ne

    cesse dvoluer paralllement celle des nombres, tandis que pour

    Gilbert Durand on ne peut comprendre les structures anthropologiques

    de limaginaire sans la notion de trajet.

    Les mythes se succdent donc dans un sens prcessionnel, selon un

    rythme moyen de 2160 ans, non seulement en leur veil (le lever) mais

    encore en leurs retours et leurs mues. Et, l, JeanCharles Pichon

    introduit une distinction nouvelle, celle de la mue ou mutation des

    cycles.

    Nous voluons ainsi vers des figures mythiques discontinues telles

    Amour/Justice/Cration qui connaissent une Renaissance ternelle et

    5 Pichon, J_C, Celui qui nat, le dieu du futur, e/dite, p 156 Pichon J-C,LHomme et les Dieux, Maisonneuve, 1986 p 41

    11

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    se vivent entre Entropie quand le pass se dgrade et nguentropie

    quand lAvenir prsente, en figures discontinues, de nouvelles

    probabilits. Ce qui sera est donc sans cesse modifi par la quantit de

    temps vcue, mais ceci est prdictible, les mmes lois tant toujours

    valables.

    Et quand les mythes dfinissent les structures de la dure, le Pass

    devient la dure et lAvenir le Possible. Inversant les lois de lEspace-

    Temps, il nous faut alors considrer quil ny a plus que des positions, ou

    des probabilits positionnelles dtermines par des approches ou des

    loignements de laccomplissement final des orbites situes des

    distances donnes les une des autres.

    Si je sais quelle distance mon orbite se trouve de telle autre et

    quelle densit prsentent les deux ples, je saurai mesurer lattraction

    qui me porte vers ce possible dtermin (p14)

    De mme que llectron ne peut que sauter dune orbite lautre, que

    dans le monde subatomique lastronaute saute dune orbite lautre et

    passe dune acclration 1 une acclration 2 en rduisant sa vitesse,

    (car au del de la Vitesse de la Lumire le temps simmobilise, ne passe

    plus, les corps tant soumis la seule inertie et durent infiniment plus

    que les corps en mouvement. Lon se souvient des rcits celtiques o

    des hros ayant visit le monde de lau-del, et retrouvant le ntre

    nont pas vcu le mme rapport au temps. De fait, les uvres inspires

    par des vocations survivent des millnaires, ce qui nest pas le cas des

    ouvrages rationalistes. Ainsi nous vivons aujourdhui les mythes de

    Justice, de Cration, de Fraternit qui ont 4000 ou 10000 ans

    dexistence, sauf ce que lhumanit accde lentement une prise de

    conscience de plus en plus vive de sa libert7 .

    7 Ibidem, p. 44

    12

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    Dans le sens rationnel du temps, le pass nous emprisonne,

    conditionne nos actes et limite notre avenir. Dans le sens rel du

    temps, la dure ne peut tre une prison puisque nous la faisons, elle est

    le Possible qui nous lie par le choix quil exerce et se trouve donc

    modifiable car () pas un instant ne se perd pas un acte que la Dure

    ne sen empare et lternise8.

    Ainsi, depuis 10000 ans, lexprience des peuples formule dans les

    sotrismes a dfini ces structures dans les rapports et interfrences

    quelles offrent les unes avec les autres, les facteurs quelles

    possdent en commun. Ce sont les Mythes, soit des tats la fois

    dynamiques et statiques, dans lalternance de courants

    contradictoires, dans lvolution de lhumanit (organisation puis

    entropie)9.

    Jean-Charles Pichon rejoint ici les travaux des ethnologues pour

    lesquels lide dun sacr universel simpose lobservateur et cest

    bien elle qui dtermine la prennit des croyances et des rites10.

    Apprhender un mythe, cest donc dcouvrir une cl universelle ou

    encore un dieu qui contient, reflte et assume le monde et si les

    mythes changent dappellation, ils se succdent et cette succession est

    commune toutes les poques, tous les peuples.

    Ce constat fonde la thorie des cycles chez Jean-Charles Pichon. Pour

    lui, si lon peut bien connaitre la dure de vie dun homme, celle des

    saisons chaudes et froides, lalternance Lumire/Tnbres, les

    civilisations et peuples ne sont pas soumis des divisions semblables et

    nombre dentre elles de plus ne sont pas daccord sur les divisions de

    lanne, tels :

    8

    Ibidem p. 169 Ibidem p . 4610 Ibidem p. 37.

    13

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    lre zodiacale : 26000 ans,

    lre gologique : plusieurs milliers danne zodiacale,

    le cycle de la Lumire : 200 trillions dannes,

    le cycle annuel 365 jours,

    le cycle prcessionnel (rotation de la terre autour dun axe fixe de

    2173 2190 ans ou 2205 ans (Islam) , 2150 ans chez Kepler, ou 2160

    comme on la vu.

    Ils sont marqus en leur sein par les mouvements dinvolution et

    dvolution ou, en termes mythologiques, de Royaume et de Non

    Royaume.

    De plus des degrs de libert existent entre chaque cycle ainsi pour

    lre prcessionnelle il est de 72 ans. (soit le temps que le soleil met

    franchir un degr sur lcliptique).

    Ces alternances dterminent ainsi des res matrialistes constatant

    le dprissement des civilisations & des techniques, caractre

    entropique puis des res o lon revient au sens du divin, soit des res

    de cration mythique ou nguentropique; quand lnergie se reconstitue

    et que le monde spirituel de la dure est retrouv.

    Car les dieux sont ternels, ils vivent au-del de lre o ils prennent

    forme. Entre absence et renouveau, se produisent des

    entrecroisements. Jour et Nuit prcessionnels recouvrent donc nuit et

    lumire dun dieu vivant.

    A certains poques, des formes originales se dessinent avec le dieu

    qui nat, suniversalise alors un mythe rvolutionnaire tandis que vers la

    fin de ces poques slvent des lamentations des mystiques inspirs

    annonant lloignement de la divinit.

    14

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    Tous les deux millnaires, naissent donc des mythes nouveaux qui

    dprissent tandis que sanantissent les cultures, do le sentiment du

    tragique.

    Gilbert Durand fait un semblable constat quand il propose une

    mthode mythocritique, constatant, pour chaque mythe,

    superpositions, remplacements, compensations dun mythe par lautre.

    Un mythe actualis en idologies, en institutions, suscite ipso facto

    un contre mythe ou un autre mythe potentialis et dont les

    manifestations sont moins patentes que lautre.11

    Pour lui, les modalits de transformation dun mythe (usure ou

    rsurgence) sont manifestes soit par une inflation du latent ou par

    celle du patent.

    Et de plus, non seulement un mythe suse, disparait ou ressurgit mais

    encore il peut driver. Ce qui correspond au constat de JC Pichon sur

    les entrecroisements et les degrs de libert qui existent sur lre

    prcessionnelle. Pour Gilbert Durand, ce sont ces variations qui vont

    changer lme dune poque. Etudier les structures mythiques sera

    donc pour lui lultime miroir, le suprme rfrentiel auquel puisse se

    regarder le visage des oeuvres de lhomme et se dchiffrer sa lgende

    qui est lire de la condition humaine et de son destin 12

    Car pour JC P comme chez GD, le mythe est bien lultime discours, il

    exprime la guerre des dieux et distribue les rles et lhistoire, permet

    de dcider ce qui en fait le moment historique lme dun poque, dun

    sicle dun ge de la vie. Il est le module de lhistoire et non linverse.

    Et sans les structures mythiques assne encore Durand, pas

    11 Durand, G.Figures mythiques et visages de luvre, Berg, p 32012 Durand G ; Les structures anthropologiques de lImaginaire, Dunod, 1973, p. 322.

    15

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    dintelligence historique possible sacrant la mythologie comme mre de

    lhistoire.

    Pourtant, note JC Pichon 13, la rsistance est forte, et seuls liniti ou

    le pote chappent au pige car la flche rationnelle du temps est

    encore celle qui nous dirige mais le paradoxe de notre rationalisme

    nous apparat de mieux en mieux chaque jour, si bien quil en viendra

    ntre plus supportable. Le choix rationnel du pass vers lavenir ne

    prsente pas seulement le caractre permanent du refus de la ralit

    mais aussi, selon les poques, le caractre du refus du dieu vivant : la

    Libert daujourdhui.

    Car le mythologue sait, par le message des millnaires, que la raison

    humaine nest pas le seul facteur en cause et que des structures

    continuent de surgir dans le Possible, sternisant dans sa dure.

    Nous croyons pitiner -crit il encore- alors que nous vivons, seconde

    par seconde, un temps que les dieux calculent en anne de sicles.

    Pour G Durand, face la fantaisie morbide des recettes dunit tout

    prix, dune rduction un seul facteur dominant, il nous faut

    reprendre la longue marche de notre civilisation sans vagabonder et

    sans boiter, coudre ensemble la mmoire de notre culture et lintuition

    de nos sciences les plus avances, () faonner l une gnose

    renouvele 14.

    Convergence des interprtations.

    Cette convergence des interprtations chez nos deux auteurs, nous

    allons maintenant la vrifier par lexemple en examinant la

    correspondance que nous pouvons tablir entre lanthropologie de

    13 Pichaon J-C,Histoire des mythes, p.31114 Durand G, La foi du cordonnier, Denol, 1984, p 228

    16

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    lImaginaire de Gilbert Durand fonde, rappelons le sur une bi-

    tripartition fonctionnelle et la mythologie de Jean-Charles Pichon.

    Pour Gilbert Durand, lanthropologie de lImaginaire, la science des

    symboles quil dveloppe dfinit trois structures se rfrant deux

    rgimes de lImaginaire qui structurent nos existences : le diurne et le

    nocturne. Rappelons-les schmatiquement dans le sens mme quen fait

    chaque tre humain ,dans les premires phases du dveloppement de

    son cycle vital.

    Les structures mystiques, inities par le rflexe de succion,

    sont domines par la digestion, la chaude intimit de la substance.

    Lies la matrice, elles sont homognisantes par excs et sont

    symbolises par les images de la Caverne, de la Mre, de la rotte ou de

    la Nef et bien sr de la Coupe et du Chaudron.

    Les Structures schizomorphes ou hroques, diartiques,

    inities par le rflexe du redressement, sont places sous la

    domination posturale de llvation, de lascension, de la distinction.

    Htrognisantes, elles dterminent une attitude phallique ou de

    sparation chez lhumain et se trouvent symbolises par exemple dansles figures du bton, de la lance, de lpe.

    Enfin, les structures synthtiques ou dramatiques, sont lies

    lexprience dominante de la copulation. Structures dquilibre, elles

    manient les oppositions en faisant concider les contraires et leurs

    17

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    images sont celles du denier, du cercle e la roue, elles favorisent les

    symboles lunaires.

    Chez Jean Charles Pichon, qui travaille sur une toute autre chelle,

    nous retrouvons dabord une mme tripartition. Observant la ralit, il

    dfinit en effet trois angles de vision, quel que soit le plan dunivers

    choisi et en tire argument en montrant que des 12 manires dtre,

    sont constamment rattaches ces trois visions rpartissant les

    grandes figures du zodiaque. Et den citer les reprages :

    chez Platon : Le Vrai Le Beau, le Bon,

    chez Joachim de Flore : le Pre, le Fils et lEsprit (il est sur ce

    point en dsaccord avec Durand qui voit chez le moine calabrais un

    pre du progressisme),

    chez les hindouistes : la trinit des empires de Brahma,

    Vishnou, Shiva,

    ou encore la vieille distinction entre les voies de lAction, de la

    Connaissance et de la dvotion contemplative.

    et chez les scolastiques : le tryptique Corps, Ame, Esprit.

    Nous ajouterons pour notre part les trois ples sotriques de

    Sagesse, Force et Beaut.

    Lexemple, pris dans loeuvre de J-C Pichon, de sa description des

    dieux palolithiques, viendra confirmer ce rapprochement des deux

    visions.

    Les mythes palolithiques.

    Lorsquil voque les mythes les plus anciens, reprs dans les plus

    anciennes cultures altaques sibriennes, il dcrit deux figures

    complmentaires chez ces nomades, vestiges des divinits

    18

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    antrieures : lArbre, quil oppose au Rocher sorti des eaux, do

    viendrait le mythe de la Femme Poisson, lun et lautre refltant une

    voie ascensionnelle dans le sens Terre / Ciel ou Eau/ Air.

    Vers 2000 ans avant JC, les mythes des dieux de la Sagaie, lis

    lusage des armes de jet, dfinissent les caractres du dieu lanceur,

    divinit virile sil en est.

    Nous sommes bien l dans les schmes ascensionnels et lumineux

    reprs par Gilbert Durand et sans doute en rupture avec des mythes

    aquatiques lis aux schmes de lintimit.

    Dans la phase suivante, les hommes, du fait des phnomnes de

    glaciation, vont chercher refuge dans labri et lobscurit des grottes

    profondes auxquels rpondent les mythes de la Grotte et du Scorpion

    terr dans lombre. Ils expriment une prsence invisible, insaisissable,

    celle de la Grande Desse ou de linvisible dure, vierge et continente.

    Face celle-ci, il prend le got du dsir de celui qui ne quitte jamais

    son gte . Nous retrouvons cette phase du cycle les schmes

    homognisant du rgime nocturne des images de Gilbert Durand et

    qui concernent cette fois-ci des populations sdentaires valorisant les

    figures digestives et mystiques, comme un retour la Source de Vie.

    Sensuit une longue phase de transition mythologique ; quand les

    hommes sortent de leur caverne, ils sont aveugls par le Soleil lequel

    devient sujet deffroi. Souvre alors un conflit avec les mythes de la

    Prservatrice qui amnera les Tnbreux sadapter, une chane

    stablissant entre ceux de lArbre et ceux de la Fondation. Temps de

    dsespoir pour certains, nous dit JC Pichon, mais vaillants et forts ils

    vont durcir lpieu oubliant la lune, luf, la caverne.

    Au 9me millnaire, nouvelle mue mythologique quand un jour

    quelque nain des lagunes dclare que lenfant nat du mle et de la

    19

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    femelle joints . Les solaires se demandent alors quoi sert de

    connatre le cheminement de la Lune sinon lgaler et vont initier le

    routes du Savoir et de la Guerre. Complmentairement, face eux les

    Sages conservent un parti de prudence, lchange est n, sous lauspice

    des hirophanies lunaires qui lient la femme (la Grande Desse lunaire)

    et le rve.

    Un passage ds lors sopre entre les dieux sagittaires et lanceurs et

    la Desse des Moissons, la Prservatrice. En mme temps cette fusion

    opre un certain effroi do naissent les cloisons de protection, ou

    interdits et tabous, qui vont sacraliser par exemple le placenta, le

    cercle magique, issus de la fminit. La sparation sacr (nocturne)

    profane (diurne) en dcoule concomitante la sparation des sexes15.

    Au VIIIe sicle avant JC, la synthse sopre dans ce que JC Pichon

    nomme LAge dor qui voit merger des figures mythologiques duelles :

    la Spirale, le Serpent, le Ftus, le Cerveau, qui sentrecroisent avec

    les mythes lunaires et vont suniversaliser.

    Car pour Gilbert Durand, les structures synthtiques intgrent en

    une suite continue toutes les autres intentions de lImaginaire 16,

    structures qui marquent un profond accord avec lambiance allant

    jusqu la viscosit, sous le rgime du vivant accord.

    Il ne sagira ds lors plus, pour G. Durand, de la recherche dun

    certain repos (puisque lhomme est sorti de la chaude intimit de la

    substance et de la caverne fminine), mais dune nergie mobile dans

    laquelle assimilation et adaptation concertent harmonieusement17 .

    Et pour JC Pichon, lharmonie qui nat de lensemble des rythmes est

    une ralit en soi .

    15 Pichon J-C, LHomme et les Dieux p 72/7316 Durand G., Les Structures p. 400/401.17 ibidem

    20

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    Nous conclurons, pour notre part en voquant les travaux dun

    Wilhelm Reich qui travaillant sur les mouvements de lnergie

    universelle -quil nommait orgone- voquait une pulsation universelle

    faite de mouvements ondulatoires dexpansion et de contraction

    organiss entre figures continues et discontinues18.

    Nest ce pas l luniverselle leon de lhistoire des Mythes ?

    18 Reich W., LEther, dieu et le diable , Payot, 1973, p. 206.

    21

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    II Mtamorphoses et permanence des cycles.

    1) lapproche de Ren Gunon.

    Le matriau sur lequel se fonde Gunon est, bien entendu, le calendrier, donc

    une forme spatiale. Chez Gunon19, en effet, lespace est le lieu de lamanifestation de possibilits dordre corporel qui servent reprsenter parle symbolisme spatial le domaine de la manifestation universelle.Cest de fait le rle de la mesure que de rendre compte du non mesur, car lemesur est le contenu dfini ou infini du cosmos, c'est--dire de luniversordonn. Le non mesurable sera donc linfini, source la fois de lindfini et dufini, lordre universel tant le processus mme de la manifestation et de ce

    fait lide de mesure est en connexion intime avec celle dordre (le rite,RITA) qui se rapporte la production de lunivers manifest.Le Cosmos est donc la production de lordre partir du chaos.Un cycle, pour Gunon20, est donc le processus de dveloppement dun tatquelconque de la manifestation laquelle peut tre organise soit :

    en cycles mineurs ou modalits restreintes ou spcialises de cet tat,

    en cycles majeurs modalits dun cycle complet.La doctrine des cycles reprsente ds lors le dveloppement dun tat dumonde c'est--dire dun tat du degr de lExistence universelle et la dure

    indique ny aura quune valeur symbolique.Il sensuit que dans toute civilisation traditionnelle, lactivit de lhommedrive essentiellement des principes, chaque occupation y est donc unsacerdoce, car la religion pntre toute lexistence de ltre humain.

    LESCYCLESGUNONIENS.

    Gunon, partant de sa connaissance des livres sacrs de lInde, propose trois

    subdivisions cyclologiques 21:Les KALPAS : ce sont les cycles les plus tendus, chacun forme ledveloppement total d'un monde, c'est--dire d'un tat ou degr del'existence universelle .

    Ils se subdivisent en 14 MANVANTARAS (ou res de Manvas successifs) euxmmes et qui marquent un reflet des autres mondes, ils sont rpartis entre :

    7 manvantaras passs swargas tats humains suprieurs

    19 Gunon Ren,Le rgne de la quantit et les signes des temps, Paris, Gallimard, 1963, .p.4220Gunon Ren,Formes traditionnelles et cycles cosmiques, Paris, Gallimard, 1970. p 1421

    22

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    7 manvantaras futurs patalas tats humains infrieurs

    7 dwipas ou rgions du monde (terres) doivent apparatre deux fois dans le

    KALPA dans des ordres inverss selon les sries,

    dans les swargas de 1 7 en ordre croissantdans les patalas de 7 1 en ordre dcroissant

    Cest ce qui permet de concevoir des correspondances entre le symbolismespatial et le symbolisme temporel sur lequel repose toute la doctrine des cycles.

    Les manvantaras sont eux-mmes diviss chacun en 4 yugasou ges, ce qui donnele tableau de correspondance suivant :

    4 Yugas 4 Saisons 4 semaines 4 ges 4 mtauxOrArgentAirainFer

    Tout dveloppement cyclique se termine par une descente organise selon leprincipe de dcroissance de la dure soit pour un manvantara 4+3+2+1 = 10.

    LesYUGAS : si la dure dun manvantara est de 4320 ans, (correspondant ladivision gomtrique du cercle par 320 X 12), les 4 yugas seront organiss ainsi :

    yuga 1 1728 ans

    yuga 2 1296 ans

    yuga 3 864 ans

    yuga 4 ou kali yuga 432 ans

    6 manvantaras seront donc quivalents 25 920 ans, dont la moiti donne 12 960ans, dure dune Grande Anne, laquelle, prcisera Gunon dans son commentaire

    de LEternel retour dEliade, peut tre prise comme une image rduite desgrands cycles de la manifestation universelle. A chaque commencement duneGrande Anne se rgnre le Temps.

    Reste fixer le point de dpart de la Grande Anne, il peut, pour Gunon, trediffrent selon des peuples diffrents, car pour lui les civilisations ne sesuccdent pas, elles coexistent.

    A cette position rpond celle de JC Pichaon.

    23

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    2) la cyclologie chez Jean Charles Pichon22.

    Jean Charles Pichon dveloppe sa thorie du Mythe de lEternel Retour (sans

    cesse redcouvert et combattu) dans plusieurs de ses ouvrages, il y consacre

    notamment deux livres23

    sous lintitul gnral : Les cycles du retour ternel,t. 1 : Le Royaume et les Prophtes, t. 2 : Les jours et les nuits du cosmos.

    Cette thorie est pour lui rcurrente, ayant dj t codifie dans les Vedas(vers -1600), chez les prtres dHliopolis (vers -900), par les Prophtes juifs

    (vers 700), les chinois (vers 500), les Sleucides (vers 200) et encore parles Romains au temps du Christ, les Aryens au 8 me sicle, les Chrtiens au 12me

    sicle, chaque poque renforant cette conception de lhistoire, et ce malgr denombreuses perscutions. Il voit dans celles-ci une application de la rgle qui

    veut que, parvenue son apoge, une civilisation, quelle quelle soit, slvetoujours avec violence contre les thories et les croyances qui prsupposent sapropre fin (p.17 t.1). Sa thorie sinscrit donc en faux contre celle du progrsindfini des socits rationalistes.

    Pour la dvelopper, il se fonde sur plusieurs faits scientifiques :- dans toutes les figures gomtriques concevables, la ligne droite reste la

    plus fausse,- lide de conservation de lnergie est prsente dans la physique

    contemporaine. Ceci lamne penser quaprs avoir parcouru des cyclesestims plusieurs milliards danne, lunivers retrouverait des tatsanalogues, ce qui est traduit dans Platon par son cycle dannes estim 12954 ans,

    - le soleil, les plantes, les toiles ont des effets directs sur lesphnomnes terrestres et ce des distances considrables.

    Interrogeant le mouvement zodiacal des constellations, et le dplacement du

    point vernal autour du Zodiaque, il examine lvolution des thories enprsence et montre que les constellations qui ont donn leurs noms aux signes

    du Zodiaque se meuvent des vitesses de 5 30 fois suprieures celle denotre soleil,,.leur mouvement changeant tout moment la carte du ciel (p 36

    t. 1).Des recherches astrologiques vieilles de 5000 ans rejoignent de fait, dans

    leur transcription mythique, des thories physiques avances.

    22

    Pichon Jean Charles, Les cycles du retour ternel, t. 1 : Le Royaume et les Prophtes, t. 2 : Lesjours et les nuits du cosmos, Paris, Robert Laffont, 1963.23Ibidem .

    24

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    Allant plus loin, il suppose ainsi avec Bachelard que ltude des grands mythes-lesquels reproduisent des relations cosmiques-, sont et la source et la clefde notre inconscient crateur (cf. sa description des 4 lments).

    Examinant en parallle de manire synchronique lvolution des grandes

    religions : islamique, chrtienne, juive, extrmes orientales, il en arrive laborer une thorie qui lui permet de poser des jalons fonds surlindestructible croyance que lhumanit accomplit un voyage astral qui ne dure

    pas moins de 26 000 ans. Et la relation au Zodiaque dans ce tempscorrespond :

    - au champ de forces qui linfluencent ds lors les lments, lesconditions dexistence, et produit une thique nouvelle modifiant

    chaque cycle la vision du monde des hommes et leur relation au destin.- aux symboles lont faite et dont elle ne tarde pas se librer selon le

    processus suivant :A) dans un premier temps, crit-il, (p 313) la religion tend concilier ses

    exigences mystiques avec linstauration dun Etat social conforme sesexigences puis, pouvoir sacerdotal et spirituel sont contraints de sesparer,

    B) ensuite, elle se scinde dune part en un courant mystique, dispers ouperscut qui maintient pendant deux millnaires lesprit originel dusigne, et dautre part en une suite de royaumes et dtats pour lesquelsseule la lettre compte o les proccupations spirituelles nont quune

    importance relative,C) enfin, la religion mre disparat totalement en mme temps que lEtat

    qui le supportait.

    Cest l que JC Pichon introduit la notion de Royaume comme axe et pivot detoute volution religieuse (p. 319 sq.), lequel Royaume (dune dure de 5 sicles)sera prpar par elle ou encore port par elle comme nostalgie.

    Ainsi, pour les chrtiens, les deux derniers sicles du royaume, de 1261 1453,contiennent :

    lcroulement du temporel, lavilissement du spirituel,

    le schisme,

    lhrsie,

    le retour aux anciens dieux.Survient alors le pressentiment du signe futur et une lente volution vers le

    Nouveau Royaume, cheminement qui dure 14 sicles et comporte trois palierssuccessifs :

    1) attente de lEsprit Nouveau, 5 sicles,

    25

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    2) temps dveil, apparition de la Nouvelle Mystique encore confuse etdsintresse, 5 sicles,

    3) attente du Royaume, (5 sicles), dcompose en

    a) attente dans un monde hostile,

    b) flau terrible et inexplicable anantissant le Vieux Monde,c) Croissance de lEsprit Nouveau dans un Monde Nouveau,

    Lensemble des trois religions se laisse ainsi, explique-t-il, (p 324), tableau deconcordances lappui, raliser en trois tranches de 2150 ans, chacune avec des

    courbes dvolution identiques.

    Le Temps du Verseau et le Nouvel Age.

    Aprs cette tude, Jean-Charles Pichon en tire quelques principes concernantlre du Verseau laquelle suit celle des Poissons. Pour Joachim de Flore, elle a ducommencer en 1260 et connat une priode dincubation de 9 sicles (p.326).De ce fait le Nouvel Abraham, Nouveau Christ, devrait natre vers 2160, ce quiramne le dbut de la phase de la prise de conscience aux alentours de 1760.L-dessus les prdictions divergent du calendrier gyptien Nostradamus pourlequel la date dveil du Nouveau Monde devait tre en 1792. JC Pichon proposelui une amplitude quil fixe de 1450 2350.Un des marqueurs de cette conscience nouvelle est pour lui le changement du

    jour sacr, Jeudi, jour de Jupiter chez les Romains, Vendredi chez lesMusulmans, Samedi chez les Juifs, Dimanche chez les chrtiens Mais il resteque le passage dun signe lautre est difficile percevoir car sinscrivant dans lelongue dureAu-del, sa rflexion le conduit trouver ainsi une harmonie entre deux types defigures, les ondulatoires et les corpusculaires (p 331) permettrait de dcouvrirle sens des symboles du Verseau, clef de la morale future, accord secret,

    organique entre lexigence et llan, la soumission totale et linstinct crateurconjugu au besoin dune loi .

    Cette double contrainte dfinie entre libert et esclavage, entre coercition etlan, peut tre mise en relation avec deux autres thories contemporaines : celle

    de Wilhelm Reich qui dfinissait lnergie universelle entre expansion etcontraction et Gilbert Durand qui dfinit le trajet anthropologique comme le

    produit des pulsions subjectives et des intimations du milieu.

    LAQUESTIONDELA GRANDE ANNE.Dans son second ouvrage, notre auteur interroge, pour la dfinir, les textesantiques (Platon, Aristote, Pythagore, Hrodote) et revient son tableau deconcordance des religions.

    26

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    Ceci lamne proposer une dure de la Grande Anne de 12000 ans 12900 anssoit la moiti du parcours o les constellations du Zodiaque auront en 26000 anspris la Terre sous leurs feux.

    On se souvent que pour Gunon, 6 manvantaras sont quivalents 25 920 ans,dont la moiti donne 12 960 ans, Leurs approches, fondes sur des traditionsdiverses, sont ici en phase. Et JCP rappelle dailleurs ce fait en interrogeant,

    aprs lAvesta iranien, galement la Grande anne indienne dans le Rig Veda.Toutefois il diffre ici de Gunon en donnant pour 10 000 ans:

    JCP RGKrita Yuga 4000 ans 1728 ans

    Tetra Yuga 3000 ans 1296 ans

    Dvapara Yuga 2000 ans 864 ansKali Yuga 1000 ans 432 ans

    Dgradation des univers mythiques.Lide de dgradation des univers mythiques est cependant constante, amenantles civilisations dune mue civilisatrice une mue raliste, symbolique etsacralisante pour aboutir lge de la mort o le mythe se dtruit lui-mme ententant de dtruire le monde (p 314). Si lon compare les deux positions on peutdonc dire que nous observons concordance sur les structures gnrales etcertaines discordances sur la dure. Soit, la Grande Anne reprsente 12000 ansde mues successives et 900 ans de nostalgie, deux grandes annes faisant letour complet de la sphre cleste, celles-ci se complment arisant, si ce nest se

    dialectisant, dans la mise en perspective de certains signes au cours dunervolution complte (il donne lexemple de la Vierge et de Poissons).

    De ce point de vue, sa position est plus dynamique que celle de Gunon, plusessentialiste et linaire, car prenant en compte une dialectique des opposs que

    Gunon semble ne pas admettre.

    LAQUESTIONDELACHUTE.

    Sinterrogeant sur ce quil nomme la chute des dieux , J-C Pichon remarqueune analogie entre le principe dacclration de Galile appliqu la chute descorps dans leur parcours de lEspace et la loi de vieillissement des dieux quildcrit.Dans le Rig Veda, celle-ci se prsente sous une forme inverse, la dernire phasedun cycle tant en relation avec la Petite anne cosmique (1260 ans dcrite

    par Les Romains, Joachim de Flore, lApocalypse de Jean).

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    Chez Gunon, on sait que le principe de dgradation existe galement avec desvaleurs diffrentes. L, il faudrait procder une tude comparative des textesconsults ce qui dpasse le cadre de cette de communication. Lun se confine

    dans ltude des Vedas, lautre entreprend une approche amplifiante trans

    civilisationnelle en comparant entre eux les grands systmes religieux.

    La question du 21me sicle.

    Jean-Charles Pichon, va dailleurs chercher, avec beaucoup daudace, mais celle-ci

    est nourrie par une immense rudition, chapper nous arracher, crit-il, labstraction du Nombre (p 393 t. 2). Il tente en effet dhumaniser lvolution

    des mythes. Partant des concordances quil observe, il fait apparatre des lignesdavenir quil se refuse nommer prdictions.

    Voyant que les trois grands mythes actifs (Poissons, Taureau, Blier) lesquelscorrespondent diverses religions actuelles, sont au point bas de leurrayonnement cosmique, il note quune situation semblable sest dj produite au2me sicle avant JC, et, par comparaison, y prvoit lannonce de la fin desrationalismes fonds sur la figure de lhomme totalement libre, cet ge tantpour lui quasiment rvolu, avec ce quil a entrain : matrialismes, totalitarismes,etc.

    Tout en prvoyant la destruction des matrialismes aux horizons des 21me /25me sicles, avec le maintien de la religion des Poissons jusquau 5me millnaire,il voit poindre lre du Verseau et ses prophtes vers 2150- 2200 au plus tt (p397), ce que les faits semblent aujourdhui dmentir compte tenu desacclrations de lhistoire (et surtout de la rvolution explosive des systmes decommunication fondes sur les technologies de linformation24 que JCP nepouvait, en 1963, mme souponner), lesquelles redistribuent totalement pour

    nous les systmes de reprsentation lintrieur des cycles pluri millnaires.Nous vivons en effet une poque de changement social acclr, qui nest pas

    sans influer sur les comportements religieux. Ainsi telle communaut du NouvelAge renoue, par exemple, avec le culte de la desse mre, dont JCP situe la

    destruction au 5me millnaire antrieurement au dbut de lHistoire et lapremire mue entre -3700 et -700 (mres crtoises, desses lunaires, Isis).

    Nous tions alors dans une conjonction Cancer/Taureau.

    Tout se passe, et cest une de mes interrogations, dun point de vue socio-anthropologique, comme si les mythes en viennent se tlescoper ou sedissoudre ( ?) du fait de la prolifration/acclration de linformation, les

    24 Castells Manuel, La Galaxie Internet, Paris Fayard, 2001.

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    barrires entre les aires gographiques ou rgions du monde correspondant des aires culturelles et mythologiques volant en clats.

    J-C Pichon lui-mme ne le pressentait-il pas (p. 419 t. 2) lorsquil crivait : Les

    Mythes renaissent, mais diffrents, les volutions se reproduisent mais portes chaque fois par un esprit nouveau qui les dirige dans un sensmathmatiquement imprvisible, spirituellement inimaginable, car, le dieu qui

    vient, je ne sais ce quil sera et je le sens en lignorant . (p. 434 t.2).

    29

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    Conclusion : la jouissance de lAme du Monde.

    Renat sans doute, grce aux travaux savants prcits, et aux jalons quils ont

    pos dans lAventure Humaine, (souvent dans le dni le plus total de la citsavante), ungai scavoirdes intellectuels.

    De fait si lEsprit souffle o il veut, comme le rappelait Franois Rabelais, etnous sommes bien aux portes de la dcouverte de Nouveaux Mondes, quandnous passons comme la fait JCP au sens anagogique, celui dun senssuprieur, car linjure du temps requiert de tels secrets vnements nesoyent manifestez que par nigmatiques sentences (Nostradamus Eptre Henri II).Car, ni lappel la symbolique, ni la jouissance de lAme du Monde, ni le

    signal rcurrent des thophanies, ni le recours aux figures et lieux mythiquesde lHistoire Sainte, ni les projections diagrammatiques dun savoir gnostiqueprocdant par similitudes, ne sont anthropologiquement primes25.Comme la bien vu JPC, la recherche de pointe en Sciences de la Natureconcide avec les penses symboliques et analogiques, non seulement comme lefaisait remarquer Michel Maffesoli parce que la pense scientifique endroute fait parfois appel la pense mythique pour la sortir de limpasse,mais aussi parce que la mthode analogique est cette mthode qui parcomparatisme sert de liaison entre les multiples facettes d une

    reprsentation globale et nous fait comprendre notre temps laide des faitset des gestes, (jajouterai : des mythes), des socits passes26 .

    Nous vivons en effet une renaissance sans prcdent et cest le point o je

    diffrerais avec la thorie de lEternel retour, plus mimtique- puisque laconjonction existe dsormais entre nos laboratoires de recherche

    scientifiques dans linfiniment grand et linfiniment petit et nos travaux surles antiques savoirs de lAme.

    Le temps est mr, crit Gilbert Durand, pour surfiler la semelle et

    lempeigne dune gnose renouvele, et pour cela reprendre la longue marchede notre civilisation sans vagabonder et sans boiter, coudre ensemble lammoire de notre culture et lintuition des sciences les plus avances 27.

    Si la priode que nous vivons peut-tre juste titre inquitante pour denombreuses raisons, Gunon nous dit clairement que la fin dun Ancien monde

    25 Durand Gilbert,La Foi du Cordonnier, Paris, Denol, 1984, p. 227.26 Maffesoli Michel,LaConnaissance ordinaire, Paris, Mridiens, 1985, p. 132.- 7.27 Durand, ibidem, p. 227.

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    est aussi le commencement dun monde nouveau28 et que tout changementdtat ne peut saccomplir que dans lobscurit.

    Au service de cette reconnaissance, nous devons convoquer les ressources de

    notre me, de lAme du Monde, et avec Cornlius Castoriadis29

    , percevoirquelle est profondeur incommensurable, et, en mme temps, nergie propre,spontanit, auto dploiement.

    Cest l quintervient le travail du philosophe, qui consiste veiller les

    hommes. A la lumire de ce parcours surprenant plus dun titre (au sens oil nous prend par dessus), nous avons dsormais la conviction que Jean Charles

    Pichon na jamais fait autre chose.

    Bibliographie.

    Bertin G et Verdier Paul, Les Druides, mythes et Histoire, L part, 2011.Castells Manuel, La Galaxie Internet, Paris Fayard, 2001.

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    2004.Durand G ; Les structures anthropologiques de lImaginaire, Dunod, 1973,Durand Gilbert, La Foi du Cordonnier, Paris, Denol, 1984.

    Durand Gilbert, Science de lHomme et Tradition, Berg International, 1979.

    Durand, G. Figures mythiques et visages de luvre, Berg, 1979.Durkheim Emile, Les formes lmentaire de la vie religieuse, PUF Quadrige,

    1960.

    Frazer et le cycle du Rameau dOr, Robert Laffont, 1981, XXIX.Gunon Ren, Formes traditionnelles et cycles cosmiques, Paris, Gallimard, 1970.

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    1963.

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  • 7/23/2019 Cycle et ternel retour

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