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Henry Ford Vous lisez un « bon article ». Pour les articles homonymes, voir Ford (homony- mie). Henry Ford Portrait d'Henry Ford réalisé par Fred Hartsook en 1919. Henry Ford (30 juillet 1863 à Dearborn, Michigan, États-Unis –† 7 avril 1947, Dearborn) est un industriel de la première moitié du XX e siècle et le fondateur du constructeur automobile Ford. Son nom est notamment attaché au fordisme, une méthode industrielle alliant un mode de production en série fondé sur le principe de ligne d’assemblage et un modèle économique ayant recours à des salaires élevés. La mise en place de cette méthode au début des années 1910 révolutionne l’industrie amé- ricaine en favorisant une consommation de masse et lui permet de produire à plus de 15 millions d’exemplaire la Ford T ; il devient alors l’une des personnes les plus riches et les plus connues au monde. Ford a une vision globale de son action : il voit dans la consommation la clé de la paix. Son important en- gagement à réduire les coûts aboutit à de nombreuses innovations techniques mais également commerciales ; il met ainsi en place tout un système de franchises qui installe une concession Ford dans toutes les villes en Amérique du Nord et dans les grandes villes des six conti- nents. La Fondation Ford hérite de la majeure partie de la fortune de Ford, mais l’industriel veille néanmoins à ce que sa famille en conserve le contrôle de façon perma- nente. D’ailleurs, il assumera très longtemps le poste de président de la Ford Motor Company. Le diplôme de docteur en ingénierie lui est délivré par l’Université du Michigan et le collège de l’État du Michigan et il reçoit par ailleurs un LL.D. honoraire de l’Université de Colgate. En collaboration avec Samuel Crowther, il écrit My Life, and Work (1922), Today and Tomorrow (1926) et Moving Forward (1930) qui dé- crivent le développement de son entreprise et expose ses théories sociales et industrielles. Son nom est également associé au livre The International Jew ainsi qu’au jour- nal The Dearborn Independent , ce qui lui vaudra de nom- breuses controverses concernant son antisémitisme et ses liens avec le régime nazi, certains voyant en lui l'un des maîtres à penser de Hitler. 1 Les premières années 1.1 Ses origines irlandaises et son enfance à Dearborn Le père d’Henry Ford, William Ford (1826-1905), est na- tif de la paroisse de Kilmalooda, située dans le comté de Cork en Irlande. En 1847, âgé de 21 ans, il immigre avec sa famille aux États-Unis où, l’année suivante, son père John Ford fait l’acquisition auprès d’un vieil homme également originaire de Cork, d’une ferme dans le comté de Wayne près de Détroit [1] . C’est dans cette ferme où il travaille avec son père que William fait la connaissance de Mary Litogot (1839-1876), dont il tombe amoureux. Née dans le Michigan de parents immigrés belges, elle est la fille adoptée d’un des employés de la ferme, Patrick Ahern [1] . William et Mary officialisent leur union le 21 avril 1861 [1] ; après leur mariage, ils décident de s’installer ensemble à Fair Lane, la résidence où vivent les parents de Mary, à Dearborn. Le 30 juillet 1863, Mary donne naissance à Henry Ford, l’aîné d’une fratrie qui comptera six enfants [2] . Portrait d'Henry Ford en 1888; il est alors âgé de 25 ans. Henry fréquente l’école jusqu’à l’âge de 15 ans [2] . Il n’éprouve que peu d’intérêt pour ses études et se révèle piètre élève ; d’ailleurs, il n’apprendra jamais à orthogra- phier ni à lire correctement, et ne s’exprimera toujours que de la manière la plus simple [2] . S’il n’aime guère plus 1

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Page 1: HenryFord CRITIQUE/HENRY... · HenryFord Vouslisezun«bonarticle». Pourlesarticleshomonymes,voirFord(homony-mie). HenryFord Portraitd'HenryFordréaliséparFredHartsooken1919. Henry

Henry Ford

Vous lisez un « bon article ».Pour les articles homonymes, voir Ford (homony-

mie).Henry Ford

Portrait d'Henry Ford réalisé par Fred Hartsook en 1919.Henry Ford (30 juillet 1863 à Dearborn, Michigan,États-Unis – † 7 avril 1947, Dearborn) est un industrielde la première moitié du XXe siècle et le fondateur duconstructeur automobile Ford. Son nom est notammentattaché au fordisme, une méthode industrielle alliant unmode de production en série fondé sur le principe de ligned’assemblage et un modèle économique ayant recours àdes salaires élevés. La mise en place de cette méthodeau début des années 1910 révolutionne l’industrie amé-ricaine en favorisant une consommation de masse et luipermet de produire à plus de 15 millions d’exemplaire laFord T ; il devient alors l’une des personnes les plus richeset les plus connues au monde.Ford a une vision globale de son action : il voit dansla consommation la clé de la paix. Son important en-gagement à réduire les coûts aboutit à de nombreusesinnovations techniques mais également commerciales ; ilmet ainsi en place tout un système de franchises quiinstalle une concession Ford dans toutes les villes enAmérique du Nord et dans les grandes villes des six conti-nents. La Fondation Ford hérite de la majeure partie dela fortune de Ford, mais l’industriel veille néanmoins à ceque sa famille en conserve le contrôle de façon perma-nente. D’ailleurs, il assumera très longtemps le poste deprésident de la Ford Motor Company.Le diplôme de docteur en ingénierie lui est délivrépar l’Université du Michigan et le collège de l’État duMichigan et il reçoit par ailleurs un LL.D. honoraire del’Université de Colgate. En collaboration avec SamuelCrowther, il écrit My Life, and Work (1922), Today andTomorrow (1926) et Moving Forward (1930) qui dé-crivent le développement de son entreprise et expose sesthéories sociales et industrielles. Son nom est égalementassocié au livre The International Jew ainsi qu’au jour-nal The Dearborn Independent, ce qui lui vaudra de nom-breuses controverses concernant son antisémitisme et sesliens avec le régime nazi, certains voyant en lui l'un desmaîtres à penser de Hitler.

1 Les premières années

1.1 Ses origines irlandaises et son enfanceà Dearborn

Le père d’Henry Ford, William Ford (1826-1905), est na-tif de la paroisse de Kilmalooda, située dans le comtéde Cork en Irlande. En 1847, âgé de 21 ans, il immigreavec sa famille aux États-Unis où, l’année suivante, sonpère John Ford fait l’acquisition auprès d’un vieil hommeégalement originaire de Cork, d’une ferme dans le comtéde Wayne près de Détroit[1]. C’est dans cette ferme où iltravaille avec son père que William fait la connaissancede Mary Litogot (1839-1876), dont il tombe amoureux.Née dans le Michigan de parents immigrés belges, elleest la fille adoptée d’un des employés de la ferme, PatrickAhern[1]. William et Mary officialisent leur union le 21avril 1861[1] ; après leur mariage, ils décident de s’installerensemble à Fair Lane, la résidence où vivent les parentsde Mary, à Dearborn. Le 30 juillet 1863, Mary donnenaissance à Henry Ford, l’aîné d’une fratrie qui compterasix enfants[2].

Portrait d'Henry Ford en 1888 ; il est alors âgé de 25 ans.

Henry fréquente l’école jusqu’à l’âge de 15 ans[2]. Iln’éprouve que peu d’intérêt pour ses études et se révèlepiètre élève ; d’ailleurs, il n’apprendra jamais à orthogra-phier ni à lire correctement, et ne s’exprimera toujoursque de la manière la plus simple[2]. S’il n’aime guère plus

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2 2 L'AUTOMOBILE ET LA FORD MOTOR COMPANY

la vie agricole, Henry Ford se passionne en revanche trèstôt pour la mécanique. À l’âge de 12 ans, il reçoit unemontre de poche de son père qu’il parvient à démonteret remonter de nombreuses fois, gagnant une réputationde réparateur de montres auprès de ses voisins et amis[3].Selon Henry Ford, « une immense quantité de savoir peutêtre acquise simplement en bricolant des choses. La ma-nière dont tout est fabriqué ne peut pas uniquement s’ap-prendre des livres »[3]. Par la suite, Ford passe le plus clairde son temps dans un atelier qu’il équipe lui-même et oùil construit, à l’âge de 15 ans, sa première machine à va-peur[4],[5].

1.2 Sa jeunesse

Malgré les besoins de l'exploitation agricole familiale,Henry Ford, à l’âge de 16 ans, est autorisé par ses parentsà partir travailler à Détroit[6],[2] ; il y est notamment em-ployé comme apprenti dans un atelier d’usinage de fer[2].Son salaire hebdomadaire de 2,50 $ ne lui permet cepen-dant pas de payer sa chambre et ses repas si bien qu’il tra-vaille également de nuit dans un atelier de réparation demontres et d’horloges. Après trois années passées à Dé-troit, Ford retourne travailler à la ferme. C’est à cette pé-riode qu’il fabrique pourWestinghouse – une entreprise delocation et de réparation de moteurs – une petite machineagricole à vapeur, dont le châssis et une partie du moteursont issus d’une vieille tondeuse à gazon[6],[2]. Plusieursannées après la mort de sa mère en 1876, Henry fait larencontre de Clara Bryant, la fille de Melvin Bryant, unfermier du comté de Wayne. Ils se marient le 13 avril1888 et donnent naissance à un fils dénommé Edsel Ford,le 6 novembre 1893[6].En 1891, Ford retourne à Détroit, accompagné de sa fa-mille, en tant qu’ingénieur mécanicien chez Edison Illu-minating Company. Devenu ingénieur en chef en 1893, ila suffisamment de temps et d’argent pour se consacrer àquelques expériences personnelles sur les moteurs à es-sence[2]. Elles aboutissent en 1896 avec l’achèvement deson propre véhicule automobile nommé « Ford Quadri-cycle »[7], un véhicule de 4 chevaux à 4 roues refroidipar eau. La même année, lors d’une convention tenue àManhattan Beach, à New York, destinée à trouver desinvestisseurs, Ford est présenté à Thomas Edison, expli-quant que « ce jeune homme venait de mettre au pointune petite automobile à essence »[8]. Après lui avoir poséquelques questions, Edison finit par déclarer : « Youngman, that’s the thing ! You have it ! Your car is selfcontained and carries its own power plant. »[8] (« Jeunehomme, vous l’avez ! Votre voiture est un contenant quitransporte sa propre centrale d'énergie. »)Encouragé par cette approbation, Ford démissionne de lasociété Edison et fonde le 5 août 1899, avec le soutiende l’industriel William H. Murphy, la Detroit AutomobileCompany dans le but de produire des automobiles. Sanssuccès, l’entreprise est dissoute en janvier 1901. Pour au-tant, Ford et Murphy ne se découragent pas et créent une

nouvelle entreprise : la Henry Ford Company[9]. Pour sefaire connaître, Ford fait preuve d’imagination. En oc-tobre 1901, avec l’aide de son associé Childe HaroldWills, il participe à une course de 10 miles sur le circuit deGrosse-Pointe au volant d’une automobile de compétitionqu’il a conçue, la 999. Ford la remporte devant AlexanderWinton[10], un coureur réputé[9]. Grâce à cette victoirelargement diffusée dans la presse, Ford se fait connaitreà travers tous les États-Unis[9].Cependant en 1902, Ford est en profond désaccord avecplusieurs actionnaires de l’entreprise ; ces derniers dési-rent mettre sur le marché dès à présent une voiture detourisme tandis que Ford insiste encore et toujours pourpoursuivre l’amélioration de l’automobile sur laquelle iltravaille[11],[2]. Ford décide donc de quitter la Henry FordCompany. Elle sera reprise par Henry M. Leland qui larenomme Cadillac Automobile Company[11].

2 L'automobile et la Ford MotorCompany

Ford à la droite de sa première voiture d'usine confiée à B. Old-field, la 999 en 1902.

Le travail dans une usine Ford vers 1920

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2.2 La Ford T ou un mode de production révolutionnaire 3

2.1 Des débuts difficiles au succès des pre-miers modèles

Peu de temps après son départ, Henry Ford proposeà Alexander Malcomson, une connaissance rencontréelorsqu’il était employé chez Edison, de participer à lacréation d’une nouvelle entreprise de fabrication d’auto-mobiles. Malcomson accepte et ils fondent ensemble unpartenariat dénommé Ford & Malcomson, Ltd[12]. Leurpremier modèle est la Ford A (T33), une petite berlinede conception bon marché destinée à être vendue à envi-ron 750 $. En 1903, Ford et Malcomson se mettent d’ac-cord pour vendre une partie de leurs parts de l’entreprise,notamment aux frères John et Horace Dodge[13].Les commandes n’affluant pas, l’entreprise se retrouve ra-pidement en difficulté et n’est pas en mesure de payer lesfrères Dodge. Malcomson se tourne alors vers John S.Gray, le président de la banque germano-américaine deDétroit. Gray investit 10 500 $ dans leur entreprise[14].Malcomson convainc également quelques-uns de sesjeunes employés d’investir ; finalement, Malcomson ré-colte 28 000 $[15],[2]. Le 16 juin 1903, Ford & Malcom-son, Ltd devient Ford Motor Company[12], entreprise di-rigée par Gray. Ford, tout comme Malcomson, possèdealors 25,5 % des parts de la nouvelle organisation en tantque vice-président ; il en deviendra président en 1906[4].Entre temps, en 1904, il bat le record du monde de vitesseterrestre sur un modèle Arrow au Lac Sainte-Claire (unlac alors gelé d'Anchor Bay, près de New Baltimore, MI),époque où Barney Oldfield et Tom Cooper conduisentrégulièrement dans des courses sur ovales la 999, Fordlui-même en disputant quelques-unes en 1905, avec aupassage une victoire à Ventnor Beach (NJ) en septembresur le mile, lors d'un challenge contre une Darracq[16]. En1906, il prend la mer en compagnie de Vincenzo Lanciaet de Victor Demogeot (le futur vainqueur) pour venir as-sister à la seconde Course cubaine[17].La nouvelle entreprise est cette fois-ci une réussite : 100000 $ de profit sont réalisés les six premiers mois et 250000 $ sur l’année[15]. Pour accroître leurs profits, Mal-comson souhaite investir le marché des automobiles deluxe, le segment automobile le plus porteur selon lui ;Ford est récalcitrant mais doit finalement se résigner àaccepter. Les Ford Modèle B et Modèle K vont ainsi voirle jour[15] ; les clients sont au rendez-vous si bien qu’en1907, les profits excèdent le million de dollars[2].

2.2 La Ford T ou un mode de productionrévolutionnaire

Article détaillé : Ford T.

« Je construirai une voiture automobilepour le plus grand nombre. »

— Henry Ford, en octobre 1908[11]

Une ligne d’assemblage Ford en 1913.

C’est ce que proclame Henry Ford peu avant la naissancede la Ford T ou Tin Lizzie (« la bonne à tout faire defer blanc »). Introduite le 1er octobre 1908, elle est trèssimple à conduire et peu coûteuse à réparer. La Ford T estde surcroît tellement bon marché en 1908 que, dans lesannées 1920, une majorité de conducteurs américains ap-prennent à conduire dessus[18]. La Ford T va connaître unsuccès sans précédent jusqu’alors dans l’histoire de l’au-tomobile ; au lendemain de la Première Guerre mondiale,la Ford T équipe près d’un ménage américain sur deux,parmi ceux qui possèdent une voiture[19].Henry Ford doit notamment ce succès au fordisme, unmode de développement inspiré du taylorisme basé surla rationalisation et la standardisation[19]. La rationali-sation, ou plus simplement la décomposition de l’activi-té de l’ouvrier en tâches élémentaires lui permettant detravailler sur des machines-outils spécialisées, conduit àune simplification et une normalisation des gestes ainsiqu’une augmentation conséquente de la productivité[19].La standardisation quant à elle, méthode déjà utiliséedans l’industrie de l’armement dont certains ingénieurs dela Ford Motor Company sont issus, permet « l’utilisationde pièces standards parfaitement interchangeables dans laconstruction et la maintenance du véhicule »[19]. La stan-dardisation dans les usines Ford est tellement poussée àl’extrême que seule la Ford T est produite, et uniquementen noir en raison, a-t-on dit, de son temps de séchage ra-pide, plus probablement de son moindre coût. Cette mé-thode favorise, non seulement l’augmentation de la pro-duction, mais également l’expansion géographique de laFord T puisque des pièces détachées standards peuventêtre aisément envoyées pour réparation[19].Lorsqu’en 1913, Ford introduit le déplacement des piècessur des convoyeurs, le temps de montage du châssis de laFord T passe de 728 min à 93 min[19],[20] ; « L’hommequi place une pièce ne la fixe pas, l’homme qui place unboulon ne met pas l’écrou et l’homme qui place l’écrou nele visse pas »[21]. L’idée de cette ligne ou chaîne d’assem-

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4 2 L'AUTOMOBILE ET LA FORD MOTOR COMPANY

Ligne d’assemblage des Ford T en 1913. Une balancelle permetde présenter un sous-ensemble provenant d’un étage supérieur auposte de travail où il sera monté sur le véhicule.

blage lui est venue, d’après ses mémoires, lors d’une vi-site lorsqu’il était adolescent d’un abattoir de Chicago[22].Mais bien qu’il soit souvent crédité de l’idée, les sourcesindiquent que le concept et son développement sont enréalité dus à quatre de ses employés : Clarence Ave-ry, Peter E. Martin, Charles E. Sorensen, et C. HaroldWills[réf. nécessaire]. Ces transformations du mode de pro-duction, qui vont s’inscrire durablement dans la plupartdes industries du début du XXe siècle, permettent uneforte diminution du coût de revient. Une Ford T vaut825 $ au lancement du modèle ; cela correspond certesà 6 mois du salaire d’un enseignant, mais reste nettementinférieur au prix moyen d’une automobile qui avoisinaitalors près de 2 000 $. Et le prix ne cessera de diminuerà mesure de l’augmentation de la production : de 690 $en 1911, il est de 490 $ en 1914 puis de 360 $ en 1916,et enfin de 290 $ en 1927[20]. Les ventes de Ford T sontégalement décuplées et passent de 250 000 véhicules en1914 à 472 000 en 1916, puis un million au début desannées 1920[19].Le dernier aspect de ce succès concerne le marketing ;Ford crée une machine de publicité massive à Détroit,pour s’assurer que tous les journaux retransmettent lesannonces sur ses produits, ainsi qu’un important réseaude distributeurs introduisant l’automobile dans pratique-ment toutes les villes d’Amérique du Nord[réf. nécessaire].Les ventes augmentent en flèche. Finalement, lorsque laproduction de la Ford T cesse le 27 mai 1927, ce sont 15007 034 unités qui ont été vendues en 19 ans ; ce recorda tenu dans les 45 années qui suivirent[19].

2.3 Le déclin du Modèle T et la naissancedu Modèle A

Henry Ford cède la présidence de Ford Motor Companyà son fils Edsel Ford en décembre 1918 ; âgé de 55 ans,il conserve toutefois un pouvoir discrétionnaire. Interrogésur le devenir de la Ford Motor Company, Ford répondaitque s’il n’était pas le maître de sa propre entreprise, ilen construirait une autre. C’est ainsi qu’en juillet 1919,

Portrait d’Edsel Ford en 1921. Il est à cette date président de FordMotor Company.

il rachète l’ensemble des parts, pour un montant de prèsde 106 millions de dollars, qu’il partage avec les membresde sa famille[20].Au milieu des années 1920, les ventes du modèle T com-mencent à décliner en raison de l’augmentation de laconcurrence[23]. D’autres marques automobiles offrent àleurs clients la possibilité d’acquérir une automobile àcrédit, ce que Ford a toujours refusé, avec de meilleuresprestations et un style plus moderne que le modèle T[24].En dépit des demandes pressantes d’Edsel, Henry refusetoujours d’intégrer de nouvelles fonctionnalités au modèleT ou toute forme de plan de crédit client[9]. Ce déclins’explique également par des raisons sociales et commer-ciales : d’une part, les ouvriers se lassent d’un travail ju-gé peu valorisant, et d’autre part, l’élévation générale duniveau de vie permet aux autres constructeurs de misersur la segmentation du marché. Les clients sont en effetde plus en plus soucieux de se distinguer socialement parleur automobile et de disposer d’une voiture confortable.Posséder une Ford T n’est plus aussi valorisant et conduitles clients à renouveler leur voiture en se portant vers desmarques plus prestigieuses.En 1926, Henry est finalement convaincu qu’il faut déve-lopper un nouveau modèle[9]. Il suit le projet avec beau-coup d’intérêt pour la conception du moteur, du châssis,de la mécanique et d’autres aspects, tout en laissant legros de la conception à son fils. La Ford Modèle A(deuxième du nom) voit le jour en 1927 ; elle connaîtraen 1931 une production totale de plus de quatre millionsd’unités[réf. nécessaire].

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2.4 Ford à l'international

Le leitmotiv de Ford est l’indépendance économique,voire l’autarcie, des États-Unis. Son complexe industrielde Red River est l’un des sites industriels les plus impor-tants de l’époque, capable de produire l’acier nécessaire àsa production[25]. Son objectif premier est de produire unvéhicule à partir de zéro et ce, sans avoir recours au com-merce extérieur. Il croit en l’expansion mondiale de sonentreprise et estime que le commerce et la coopérationinternationale conduisent à la paix ; il utilise d’ailleurs laligne d’assemblage de traitement et de production du mo-dèle T pour le démontrer[26].

Photographie de l’usine Ford implantée en Australie.

Ford ouvre des usines de montage en Grande-Bretagneet au Canada en 1911, et devient rapidement le plusgrand producteur automobile de ces pays[27]. En 1912,Ford coopère avec Giovanni Agnelli, dirigeant de Fiat,afin de lancer la première chaîne de montage automo-bile italienne. La première des usines en Allemagne estconstruite dans les années 1920 avec le soutien d’HerbertHoover et du Département du commerce, qui partage lathéorie de Ford selon laquelle le commerce internationalest essentiel pour la paix dans le monde[28]. Dans les an-nées 1920, Ford ouvre également des usines en Australie,en Inde, et en France. En 1929, Ford dispose de conces-sionnaires sur les six continents[29]. Ford expérimenteégalement une plantation de caoutchouc dans la jungleamazonienne appelé Fordlândia : sa superficie représente10 000 km2 de l’État brésilien du Pará. Mais celle-ci estl’un de ses rares échecs. Fordlândia visait à mettre fin àla dépendance de Ford envers le caoutchouc venant de laMalaisie britannique[30].En 1932, Ford produit le tiers des automobiles construitesdans le monde. L’image de l’entreprise suscite différentesréactions chez les Européens, en particulier les Alle-mands : « la crainte pour certains, l’engouement pourd’autres, et la fascination pour tous »[31]. Partisans etdétracteurs insistent sur le fait que le fordisme améri-cain incarne le développement capitaliste, et que l’indus-trie automobile est la clé pour comprendre les relationséconomiques et sociales aux États-Unis. Comme le dé-

clare à cette époque un Allemand, « l’automobile a à cepoint révolutionné le mode de vie américain qu’il est àpeine croyable qu’on puisse vivre sans voiture. Il est diffi-cile de se souvenir comment on faisait avant que M. Fordvienne prêcher son nouvel évangile »[31]. Pour beaucoupd’Allemands, la réussite de l’américanisme est essentiel-lement attribuée à Henry Ford[31].

3 Welfare capitalism

Henry Ford, « le faiseur de miracles », en couverture de TheIndependent le 1er mai 1920.

Henry Ford est l’un des pionniers du welfare capitalism(le « capitalisme du bien-être »), une pratique industriellepaternaliste destinée à améliorer le niveau de vie des tra-vailleurs. Le 5 janvier 1914, Ford annonce l’augmentationdes salaires journaliers minimum de 2,34 $ à 5 $ pourles ouvriers en apprentissage (« The Five Dollar Day »)ainsi qu’une nouvelle réduction du temps de travail jour-nalier de 9 h à 8 h[20]. Qualifié de « grand humaniste »ou de « socialiste fou »[20], Ford n’a pas mis en placecette initiative pour établir une solide classe moyennecapable d’acheter ses produits, comme on l’a parfoisavancé[Note 1], ni même par acte de charité. Comme ill’explique lui-même dans ses mémoires, c’est l’« un desmeilleurs moyens de réduction des coûts jamais mis enplace »[32],[20].En effet, Henry Ford agit uniquement dans l’intérêt deson entreprise. Ses usines sont en proie à un importantturnover, qui conduit de nombreux départements à de-

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6 5 SYNDICATS

voir engager annuellement 300 personnes pour remplir100 postes de travail, et à un absentéisme excessif. Parailleurs, presque tous les emplois sont monotones, et letravail sur les chaînes d’assemblage est extrêmement pé-nible à force de réaliser la même procédure toute la jour-née. Embaucher et former des travailleurs « de rempla-cement » est par ailleurs très coûteux[32]. L’augmenta-tion des salaires est donc une solution pour lutter contreces difficultés. Cette philosophie du travail permet d’aug-menter rapidement la productivité, mais les salaires de-meurent quasiment inchangés pendant 30 ans[33] : 6 $ en1919 et 7 $ en 1927[19].Le « Département social Ford » utilise néanmoins desenquêteurs pour s’assurer que ceux qui bénéficient d’uneparticipation aux bénéfices soient irréprochables[34]. Onconseille d’ailleurs fortement aux ouvriers de ne pas fu-mer, non seulement à l’usine, mais également à la maison.« Si vous étudiez l’histoire de la plupart des criminels,vous constaterez qu’ils étaient des fumeurs invétérés »,expliquait Henry Ford[33]. L’alcool, les jeux d’argent etle billard sont également strictement interdits. L’intrusionexcessive de Ford dans la vie privée de ses employés seralongtemps source de controverses. Dans ses mémoires de1922, Ford admettra que « le paternalisme n’avait pas saplace dans l’industrie »[21].

4 Diversification dans l'aviation

Un Ford Trimotor G-CYWZ de l’aviation royale du Canada.

Plus connu pour ses automobiles, Ford s’investit pourtantrelativement tôt dans l’aéronautique. En 1923, Edsel Fordfait l’acquisition de la Stout Metal Airplane Company etdéveloppe le Stout 2-AT Pullman[5]. En 1925, il fonde laStout Metal Airplane Division, qui marque le lancementde l’étude du premier avion expérimental Ford ; dénom-mé Ford Trimotor, sa mise sur la marché intervient en1926. Ce premier avion constitue un progrès technolo-gique majeur et permet à Ford de devenir le premier fa-bricant d’avions commerciaux au monde. Les compagniesaériennes abandonnent progressivement leurs avions etles remplacent par des avions Ford dont la capacité

de transport de passagers est nettement supérieure à laconcurrence[5]. Ils sont ainsi rapidement utilisés pourcréer le premier service aérien transcontinental[5].La participation de Ford dans l’aviation joue égalementun rôle important dans la victoire des Alliés pendant laPremière et la Seconde Guerre mondiale[35]. Pendant laPremière Guerre mondiale, la Ford Motor Company pro-duit en masse des moteurs V8 Liberty destinés à équiperl’aviation américaine et développe le Kettering Bug, lepremier missile guidé américain. Au cours de la SecondeGuerre mondiale, Henry Ford soutient la construction demilliers de Pratt & Whitney « Double Wasp » ainsi quedes moteurs de bombardiers Consolidated B-24 Libera-tor[5]. Le président américain Franklin D. Roosevelt fe-ra d'ailleurs référence à Détroit comme faisant partie del’« arsenal des démocraties »[réf. nécessaire].

5 Syndicats

Portrait d’Henry Ford en 1934.

Ford a toujours farouchement refusé la présence dessyndicats dans ses entreprises. Il les estime en effet for-tement influencés par certains dirigeants, et qu’en dépitde leur apparente bonne volonté, leur actions est contre-productive pour le bien-être des travailleurs[36]. Si res-treindre la productivité est pour la plupart un moyen de fa-voriser l’emploi, Ford considère à l’inverse qu’elle est né-cessaire pour accroître la prospérité économique et ainsistimuler l’économie[36], ce qui par conséquent permet decréer de nouveaux emplois. Ford se méfie également desdirigeants syndicaux – plus particulièrement les léninistes

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– qu’il accuse de fomenter de perpétuelles crises socio-économiques de façon à maintenir leur propre pouvoir.En bon gestionnaire, il se considère néanmoins capable derepousser les attaques de politiques malavisés et de créerun système socio-économique dans lequel ni la mauvaisegestion ni les syndicats ne pourront trouver le soutien leurpermettant de se maintenir[36].Au début des années 1930, malgré la Grande Dépression,Henry Ford accélère la production à un rythme insup-portable. Il règne sur ses usines par la crainte ; alors queleurs conditions de vie se dégradent, ouvriers et cadresse méfient des mouchards. Ford utilise en effet près de 3500 hommes de main pour empêcher les syndicats d’en-trer dans l’usine. Le maire de Détroit observe d’ailleursqu’« Henry Ford emploie certains des pires bandits denotre ville »[33]. Harry Bennett, un ancien Marine nom-mé à la tête du service de sécurité interne, emploie dif-férentes tactiques d’intimidation pour écraser la syndica-lisation dont le plus célèbre incident, survenu en 1937,aboutit à une bagarre sanglante ; l’événement sera connusous le nom de « Bataille de l’Overpass »[33]. La mêmeannée, Walter Reuther, futur président de l’United Au-to Workers (l’Union des Ouvriers de l’Automobile) estbrutalisé à Red River pour avoir distribué des tractssyndicaux[33].

Leon Bates distribuant des tracts UAW devant l’usine Ford en1941.

Après l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerremondiale, le plein emploi met un terme au recours à la ter-reur. Cependant, les salaires stagnent depuis des annéeset finissent par devenir très inférieurs à ceux des usinesconcurrentes. Les syndicats n’obtiennent toujours aucundroit dans les usines Ford, à l’inverse de celles de GeneralMotors et de Chrysler. En avril 1941, huit ouvriers dé-cident d’entamer une marche de protestation dans l’usinede Red River en chantant Solidarity Forever (Solidaritépour toujours). Finalement, toute l’usine est paralysée eten partie contrôlée par l’UAW ; Ford n’a pas d’autre issueque de négocier avec le syndicat[33]. Edsel qui est alorsprésident de la société, estime par ailleurs qu’il est néces-saire pour l’entreprise d’arriver à une sorte de conventioncollective avec les syndicats, les violences, les interrup-tions de travail et les impasses ne pouvant ainsi conti-nuer. Mais Henry, qui refuse toujours pendant plusieurs

années de coopérer, confie à Bennett la tâche de s’assurerque le dialogue avec les syndicats n’aboutissent à aucunaccord[37].

6 Fin de vie et de carrière

Les dernières années sont particulièrement frustrantespour Henry Ford. Il n’accepte pas les changements induitspar la Grande Dépression et s’oppose auNewDeal, le planmis en œuvre par le président Roosevelt en vue de redres-ser la situation économique et sociale des États-Unis. Ilrefuse toujours de reconnaître le syndicat des travailleursde l’automobile et utilise des policiers armés pour faireface aux mobilisations syndicales[38]. Pour diverses rai-sons, Ford, seul dans son industrie, refuse de coopéreravec l’administration du redressement national, un orga-nisme gouvernemental des années 1930 qui prépare et su-pervise les codes de concurrence loyale pour les entre-prises et les industries[2].

Henry Ford, Thomas Edison, Harvey Firestone et Warren Ga-maliel Harding.

Lorsque son fils Edsel, alors président de Ford MotorCompany, meurt d'un cancer en mai 1943, Henry Forddécide d’assumer la présidence. À ce stade de sa vie, ila déjà connu plusieurs accidents cardiovasculaires (crisecardiaque et accident vasculaire cérébral) et n’est menta-lement plus apte à occuper un tel poste[39]. La plupart desadministrateurs ne veulent pas le voir comme président.Au cours des vingt dernières années, bien qu’il ne soit pasadministrateur de plein exercice, le conseil d’administra-tion et la direction ne le défient jamais ouvertement[40].Au cours de cette période, la société commence à péri-cliter, perdant plus de 10 millions de dollars par mois.L’administration du président Franklin Roosevelt envi-sage d’ailleurs une reprise de l’entreprise pour assurer lacontinuité de la production pendant la guerre[41], mais leprojet ne se concrétise pas.En mai 1946, Henry reçoit le Jubilé d’or de l’industrie au-tomobile américaine pour ses contributions décisives audéveloppement de cette industrie. La première médailled’or de l’Institut américain du pétrole lui est attribuée enreconnaissance de sa contribution exceptionnelle au bien-

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8 7 UNE IDÉOLOGIE CONTROVERSÉE

être de l’humanité[4]. Ford maintient par ailleurs une rési-dence de vacances, connue sous le nom deFord Plantationà Richmond Hill en Géorgie, dont le domaine s’étend sur1 800 hectares[42]. Il contribue sensiblement à la vie de lacommunauté locale, notamment en faisant construire unechapelle et une école, et y emploie de nombreux résidentslocaux.Sa femme Clara désire qu’Henry quitte la présidence deFord, d’autant que le gouvernement voit d’un très mauvaisœil qu’un homme de 80 ans s’occupe de la gestion de lasociété. Le 21 septembre 1945, Henry Ford, en mauvaisesanté, laisse les pleins pouvoirs à son petit-fils, Henry FordII, et prend sa retraite en septembre 1945[9]. Il meurt le 7avril 1947 à 23 h 40[4] d’une hémorragie cérébrale à l’âgede 83 ans à Fair Lane, sa résidence dans son domaine àDearborn. Le service funéraire se tient dans la cathédraleanglicane Saint-Paul à Détroit, et Henry Ford est enterrédans le cimetière de la famille Ford à l’église anglicaneSainte Martha.Il fait partie des personnalités dont John Dos Passos aécrit une courte biographie, au sein de sa trilogie U.S.A..

7 Une idéologie controversée

7.1 Controverses autour de ses affairesavec le régime nazi

Henry Ford (2e à gauche) en Allemagne en 1930

Henry Ford reçut en 1938 la « Grand-Croix de l'ordrede l'Aigle allemand », plus haute décoration nazie pourles étrangers[43]. Cette faveur accordée par les nazis en-gendre une importante controverse aux États-Unis et finitpar un échange de notes diplomatiques entre le gouverne-ment allemand et le Département d’État. Ford s’exprimeà propos de cette polémique en clamant que « [son] ac-ceptation d’une médaille du peuple allemand ne [le fait]pas, comme certains semblent le penser, entraîner aucunesympathie de [sa] part avec le nazisme »[43]. Cette déco-ration n'aurait pas fait polémique, comme pour ThomasJ. Watson, président d'IBM, décoré l'année précédente,

si Ford n'avait pas été l'auteur d'écrits antisémites et ungrand soutien financier pour Adolf Hitler et le parti nazi.Ford a également soutenu l'Union soviétique, jusqu'à ceque son ami Serguei Dyakanov, accusé de dérive droitièresoit « purgé », jugé et exécuté en janvier 1938. En avril1943, le secrétaire américain au Trésor Henry Morgen-thau aurait estimé que la production de la filiale françaisede Ford était « au seul profit de l’Allemagne ». Selon lasérie Apocalypse, Hitler, dont les sources sont à confir-mer, Henry Ford aurait financé dès le début des années1930 le parti nazi en laissant des profits en provenanced'Allemagne à ce parti et en versant 50 000 dollars chaqueannée à l'occasion de l'anniversaire d'Hitler.Alors que Ford clame publiquement qu’il n’aime pas lesgouvernements militaristes, il tire profit de la SecondeGuerre mondiale, en alimentant l’industrie de guerre desdeux camps : il produit d'un côté, via ses filiales alle-mandes, des véhicules pour la Wehrmacht, mais aus-si de l'autre des véhicules pour l’armée américaine[43].Il participe à l’effort de guerre allemand comme le fai-sait Opel, filiale de General Motors. Des succursalesde Ford implantées en Allemagne demandent réparationpour les bombardements subis. Un million de dollarsest par exemple réclamé aux Américains pour les dégâtsprovoqués dans l’usine de Cologne. Ford demande aussides réparations au gouvernement français. 38 millions defrancs sont versés après le bombardement de son usine dePoissy[réf. à confirmer][44].

7.2 Antisémitisme

Les déclarations publiques d’Henry Ford montrent qu’ilest à l’avant-garde des hommes d’affaires américains quiprivilégient la recherche du profit sans que leurs opinionspolitiques n’aient d’influence sur leur volonté de trouverde nouveaux marchés[réf. nécessaire]. Pour autant, Ford estsemble-t-il foncièrement antisémite[45] et n’hésite pas àaccuser les Juifs d’avoir déclenché la Première Guerremondiale[réf. à confirmer][44]. Nombreux sont les mouve-ments américains qui reprennent ses théories antisémitespour raviver une haine latente[46]. Son antisémitisme s’ex-prime également dans ses mémoires : « Notre travail n’apas la prétention d’avoir le dernier mot sur les juifs enAmérique. [...] Si les juifs sont si sages qu’ils le disent,ils feraient mieux de travailler à devenir des juifs amé-ricains, plutôt que travailler à construire une Amériquejuive »[47].

7.2.1 The International Jew

Se justifiant à ce sujet, il explique dans son livre The Inter-national Jew (Le Juif International) que l’antisémitismen’est selon lui que le pendant de l’antigoyisme de la com-munauté juive[48]. The International Jew est un ouvrageen quatre volumes publié sous le nom d’Henry Ford quirassemble des articles parus dans le journal The Dearborn

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7.2 Antisémitisme 9

Couverture de la version allemande du volume 2 de The Inter-national Jew.

Independent. Une phrase dans un texte dédié à la salutaire« réaction de l’Allemagne contre le Juif » illustre l’espritprétendument scientifique de l’ouvrage et dont le langageest chargé de métaphores médicales : il s’agit d’une ques-tion d’« hygiène politique », parce que « la principalesource de la maladie du corps national allemand [...], c’estl’influence des Juifs »[49],[50].Dans plusieurs autres passages, les Juifs sont présentéscomme un « germe » qui doit faire l’objet d’un « net-toyage »[51]. Adolf Hitler et ses collaborateurs repren-dront cette terminologie pour justifier leurs crimes. LeJuif n’est plus défini par sa religion mais par sa « race »,« une race dont la persistance a vaincu tous les efforts faitsen vue de son extermination »[52]. Il faut donc réveillerchez les jeunes la « fierté de la race »[53]. Ford s’inspiredes Protocoles des Sages de Sion, un ouvrage qui serait« trop terriblement vrai pour être une fiction, trop profonddans sa connaissance des rouages secrets de la vie pourêtre un faux », cité et commenté abondamment, commepreuve ultime et irréfutable de la conspiration juive pours’emparer du pouvoir à l’échelle mondiale[50]. Cet ou-vrage est par ailleurs vivement critiqué par le Times. Ily est souvent fait référence à l’Allemagne qui est décritecomme dominée par les Juifs malgré le fait qu’il « n’y apas dans le monde de contraste plus fort que celui entrela pure race germanique et la pure race sémite »[49].Le thème de la complicité entre le judéo-bolchevisme et

la finance capitaliste juive, dans une conspiration pourimposer à la planète un gouvernement mondial juif estabondamment repris par le nazisme. Trois volumes ontpour objet la place des Juifs aux États-Unis[50]. SelonFord, leur émigration massive d’Europe de l’Est en Amé-rique du Nord n’a rien à voir avec de prétendues persé-cutions : les pogroms ne sont que de la propagande ; ils’agit bel et bien d’une véritable invasion : le « Juif in-ternational » peut déplacer un million de personnes de laPologne vers l’Amérique « comme un général déplace sonarmée »[54]. Les Juifs sont responsables de l’introductiondans les arts de la scène aux États-Unis d’une « sensualitéorientale » sale et indécente, « instillant un poison moralinsidieux »[55].La contribution de Ford à la propagation del’antisémitisme va au-delà de l’imprimé. Il travailleactivement à former une communauté. Au départ réunisautour du Dearborn Independent, ces hommes consti-tuent une force importante dans l’évolution américainede l’antisémitisme, et incluent un grand nombre depro-fascistes[45].

7.2.2 Dearborn Independent

Une du Dearborn Independent daté du 22 mai 1920.

En 1918, le secrétaire privé et proche ami de Ford, ErnestG. Liebold, achète un obscur hebdomadaire, le DearbornIndependent, pour Ford. Le journal est édité par Liebold

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10 9 ANNEXES

pendant huit ans, de 1920 à 1927, et atteint au maxi-mum environ 700 000 lecteurs[56]. Vincent Curcio, au-teur anglais, écrit de ces publications qu’« ils ont été large-ment distribués et ont une grande influence, en particulieren Allemagne, où pas moins qu’un personnage commeAdolf Hitler devenait très lu et admiré »[réf. nécessaire]. Hit-ler, fasciné par les automobiles, accroche même, sur sonmur, une photo de Ford. Steven Watts mentionne qu’Hit-ler « vénérait » Ford, en proclamant que : « [il] ferai[t]de [son] mieux pour mettre ses théories en pratique enAllemagne, en modélisant la Volkswagen, la voiture dupeuple, sur le modèle T »[57].Dénoncée par l’Anti-Defamation League, les articles duDearborn Independent sont explicitement condamnéspour leur violence contre les Juifs[58]. Cependant, selon lerapport des témoignages du procès, Ford n’écrit presquerien dans ces articles. Des amis et des associés d’affairesdéclarent qu’ils ont mis Ford en garde sur le contenu dujournal mais que Ford ne lit probablement jamais les ar-ticles ; Ford ne porta son attention que sur les gros titres dujournal[57]. Un procès en diffamation intenté par un avo-cat de San Francisco et une coopérative agricole juive enréponse à des articles antisémites conduisent Ford à fer-mer le journal en décembre 1927. Des reportages tour-nés au moment cité ci-dessus le montrent comme étantchoqué par le contenu et qu’il n’est pas au courant de sanature. Pendant le procès, le rédacteur en chef de Ford,William Cameron, témoigne en faveur de Ford, indiquantqu’il n’a rien à voir avec les éditoriaux, même s’ils sontsous son nom. Cameron signifie au procès en diffamationqu’il ne discute jamais du contenu des pages ou qu’il neles envoie à Ford pour son approbation[59].En 1927, les excuses[60] de Ford, à la suite de la pressionconjuguée des consommateurs juifs américains et mêmede Hollywood qui menaça d’employer des voitures Fordpour les besoins des scènes de crash, sont bien accueillies :quatre cinquième des centaines de lettres adressées à Forden juillet de 1927 furent de Juifs et saluent l’industriel[59].En janvier 1937, une déclaration de Ford dans le DétroitJewish Chronicle désavoue « quelconque lien avec la pu-blication en Allemagne d’un ouvrage connu sous le nomde The International Jew »[61].Cependant, lors du procès de Nuremberg, Baldur vonSchirach, le chef des Jeunesses hitlériennes déclare avoirété influencé par la lecture de Ford. Après ses excuses en1927, Ford se refuse à d'autres déclarations publiques ausujet des juifs[60]. Sur ce point, l’historien Pierre Abra-movici, dans l’article Comment les firmes US ont travaillépour le Reich »[62] porte un jugement sévère sur les posi-tions d’Henry Ford.

« Henry Ford accuse les Juifs d’avoir dé-clenché la grande Guerre. En 1920, il achète unhebdomadaire, le Dearborn Independant, quilui fournit une tribune. Il entretient des rela-tions privilégiées avec l’Allemagne nazie. Hen-ry Ford est décoré, à Détroit le 30 juillet 1938,

de l'ordre allemand de l’Aigle. Cette distinc-tion, réservée aux étrangers, lui est remise parle consul allemand à Détroit, Karl Capp et parson homologue à Cleveland, Fritz Heiler. Ilparticipe le 26 juin 1940 à un dîner de gala auWaldorf Astoria de New York, destiné à célé-brer la victoire allemande sur la France, aprèsque cette dernière lui eut déclaré la guerre. »

— Pierre Abramovici, septembre 2002[62]

8 Divers

La fortune personnelle de Henry Ford était colossale.D'après le blog financier Celebrity Networth, il serait leneuvième homme le plus riche de tous les temps[63].

9 Annexes

9.1 Bibliographie

• (en) Henry Ford, Samuel Crowther, My Life andWork, Garden City, New York, Garden City Publi-shing Company, 1922 (ISBN 978-1406500189, lire enligne)

• (en) Steven Watts, The People’s Tycoon : HenryFord and the American Century, Knopf, 2005 (ISBN978-0375407352)

• (en) Mary Nolan, Visions of Modernity : AmericanBusiness and the Modernization of Germany, Gar-den City, New York, Oxford University Press, 1994(ISBN 978-0195070217, lire en ligne)

• (en) Charles E. Sorensen, Samuel T. Williamson,My Forty Years with Ford, New York, Norton, 1956(ISBN 978-0814332795)

• (en) David I. Lewis, The Public Image of HenryFord : An American Folk Hero and His Com-pany, Wayne State University Press, 1976 (ISBN978-0814315538)

• (en) Henry Ford, « The World’s Foremost Prob-lem », The International Jew, 1923

• (en) Edward A. Guest, « Henry Ford Talks AboutHis Mother », American Magazine, no 11-15, juillet1923, p. 116-120

• (en) Ford R. Bryan, The Birth of Ford Motor Com-pany, Henry Ford Heritage Association, 13 dé-cembre 1922

• (en) Larry Lankton, « From Autos to Armaments »,Michigan History Magazine, réed. avril 2007

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10.2 Références 11

• (en) Mira Wilkins et Frank Ernest Hill, AmericanBusiness Abroad : Ford on Six Continents, WayneState University Press, 1964

• (en) Antony Cyril Sutton, Wall Street and the riseof Hitler, GSG & Associates Pub, 1976 (ISBN 978-0945001539, lire en ligne)

• (en) Charles Y. Glock et Harold E. Quinley, Anti-Semitism in America, Transaction Publishers, 1983(ISBN 978-0878559404)

• Charles Y. Glock et Harold E. Quinley, « Commentles firmes US ont travaillé pour le Reich », Historian° 669, septembre 2002

9.2 Articles connexes

• Fordisme

• The Henry Ford

9.3 Liens externes

• Notices d'autorité : Fichier d'autorité internationalvirtuel • International Standard Name Identifier •Union List of Artist Names • Bibliothèque na-tionale de France (données) • Système universi-taire de documentation • Bibliothèque du Congrès• Gemeinsame Normdatei • Bibliothèque nationalede la Diète • Bibliothèque nationale d'Espagne •WorldCat

• (en) My Life and Work d’Henry Ford sur le ProjetGutenberg

• (en) Citations et extraits de discours

• (en) Chronologie de sa vie et (en) citations

• (en) The Henry Ford Heritage Association

10 Notes et références

10.1 Notes[1] Henry Ford avait en effet déclaré qu'« un ouvrier bien payé

est un excellent client »[19].

10.2 Références[1] (en) « The history of Ford in Ireland », sur Ford Motor

Company (consulté le 23 août 2010)

[2] (en) « Henry Ford Biography », sur Encyclopedia ofWorldBiography (consulté le 23 août 2010)

[3] (en) H. Ford, S. Crowther,My Life andWork (1922), chp.I, « The beginning of business », pp. 22–24

[4] « Héritage : La saga d’Henry Ford », sur Ford France(consulté le 23 août 2010)

[5] (en) « Henry Ford, Ford Motor Company Founder AndAviation Pioneer », sur EAA’s Countdown to Kitty Hawk(consulté le 25 août 2010)

[6] (en) « Henry Ford Biography (1863–1947) », sur Bio.True Story (consulté le 23 août 2010), p. 1

[7] (en) « Quadricycle 1896 », sur The Showroom of Automo-tive History (consulté le 23 août 2010)

[8] (en) Patricia Zacharias, « Henry Ford and Thomas Edison– a friendship of giants », sur Detroit News (consulté le 24août 2010)

[9] « Henry Ford : l’homme de la Ford T », sur Caradisiac(consulté le 24 août 2010), p. 1

[10] 1901 Events in the United States (team DAN, et suivants).

[11] (en) « Henry Ford Biography (1863–1947) », sur Bio.True Story (consulté le 23 août 2010), p. 2

[12] (en) Ford R. Bryan, « The Birth of Ford Motor Compa-ny », sur Henry Ford Heritage Association (consulté le 24août 2010)

[13] (en) « Biography : Dodge Brothers », sur Answer.com(consulté le 24 août 2010)

[14] (en) « Original Twelve Investors of Ford Motor Compa-ny », sur The Henry Ford (consulté le 12 décembre 2007)

[15] (en) Eugene H. Weiss, Chrysler, Ford, Durant and Sloan :Founding Giants of the American Automotive Industry,Garden City, New York, McFarland and Co., 2003 (ISBN0-7864-1611-4, OCLC 52520489, lire en ligne), pp. 13–22

[16] 1905 Events in the United States (team DAN)

[17] Biographie de Victor Demogeot (UniqueCarsandParts).

[18] (en) « Henry Ford Biography (1863-1947) », sur InventorBiographies (consulté le 24 août 2010)

[19] « Ford T », sur Conservatoire national des Arts et Métiers

[20] (en) « Henry Ford Biography (1863–1947) », sur Bio.True Story (consulté le 25 août 2010), p. 3

[21] (en) H. Ford, S. Crowther, My Life and Work (1922)

[22] (en) H. Ford, S. Crowther,My Life andWork (1922), chp.V, « Getting into production », p. 78

[23] (en) Robin Steward, « Henry Ford Biography », sur Es-sortment (consulté le 23 août 2010)

[24] (en) H. Ford, S. Crowther, My Life and Work (1922), p.130

[25] (en) Rachel Sahlman, « Henry Ford », sur Spectrum

[26] (en) Steven Watts, The People’s Tycoon : Henry Ford andthe American Century, Knopf, 2005 (ISBN 978-0-3754-0735-2), pp. 236–240

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12 10 NOTES ET RÉFÉRENCES

[27] « Ford (Grande-Bretagne) 1911 à aujourd’hui », sur Voi-tures européennes d’autrefois (consulté le 25 août 2010)

[28] (en) Mira Wilkins, Frank Ernest Hill, American BusinessAbroad : Ford on Six Continents, Wayne State UniversityPress, 1964

[29] « Henry Ford ou l’automobile à la portée de tous », sur LesEchos.fr (consulté le 25 août 2010)

[30] (en) « The Ruins of Fordlândia », sur Damn Interesting

[31] (en) Mary Nolan, Visions of Modernity : American Busi-ness and the Modernization of Germany, Garden City,New York, Oxford University Press, 1994 (ISBN 978-0-1950-7021-7, lire en ligne), p. 31

[32] (en) Michael M. Bates, « History, Henry Ford, and theminimum wage », sur Renew America, 3 janvier 2006(consulté le 24 août 2010)

[33] « Le secret de la fortune d’Henry Ford », sur La Riposte, 9 janvier 2005 (consulté le 24 août 2010)

[34] (en) « Time 100 : Henry Ford », sur Time.com

[35] (en) Larry Lankton, « From Autos to Armaments »,Michigan History Magazine, réed. avril 2007

[36] (en) H. Ford, S. Crowther,My Life andWork (1922), chp.XVIII, « Democraty and industry », pp. 253–256

[37] (en) C. E. Sorensen, S. T. Williamson, My Forty Yearswith Ford (1956), p. 261

[38] (en) « Henry Ford », sur Spartacus

[39] (en) C. E. Sorensen, S. T. Williamson, My Forty Yearswith Ford (1956), pp. 266, 271–272, 310–314

[40] (en) C. E. Sorensen, S. T. Williamson, My Forty Yearswith Ford (1956), p. 325–326

[41] (en) C. E. Sorensen, S. T. Williamson, My Forty Yearswith Ford (1956), p. 324–333

[42] (en) « The Ford Plantation »

[43] (en) Antony Cyril Sutton, Wall Street and the riseof Hitler, GSG & Associates Pub, 1976 (ISBN 978-0945001539, lire en ligne), chp. 6

[44] « 30 juillet 1863 : naissance d’Henry Ford, l’inventeur del’automobile pour tous, mais collabo », sur Aquadesign.be

[45] (en) « Henry Ford : American anti-Semitism and the classstruggle », sur WSWS

[46] « Le « fascisme » américain et le fordisme », sur BergInternational, résumé du livre de Damien Amblard

[47] (en) H. Ford, S. Crowther,My Life andWork (1922), chp.XVII, « Things in general »

[48] Henry Ford, « Le juif international », chp. VII, « Com-ment les Juifs utilisent le pouvoir »

[49] (en) H. Ford, The International Jew, Tome 1, p. 22

[50] « Henry Ford, inspirateur d’Adolf Hitler », sur Le MondeDiplomatique

[51] (en) H. Ford, The International Jew, Tome 3, pp. 73, 163

[52] (en) H. Ford, The International Jew, Tome 3, p. 170

[53] (en) H. Ford, The International Jew, Tome 3, p. 50

[54] (en) H. Ford, The International Jew, Tome 1, p. 9

[55] (en) H. Ford, The International Jew, Tome 2, p. 90

[56] Charles Y. Glock et Harold E. Quinley, « Comment lesfirmes US ont travaillé pour le Reich », Historia n° 669, septembre 2002

[57] (en) Steven Watts, The People’s Tycoon : Henry Ford andthe American Century, Knopf, 2005 (ISBN 978-0-3754-0735-2), pp. 376–387

[58] (en) H. Ford, The International Jew, p. 61

[59] (en) David I. Lewis, The Public Image of Henry Ford :An American Folk Hero and His Company, Wayne StateUniversity Press, 1976 (ISBN 978-0-8143-1553-8)

[60] « Précurseurs et alliés du nazisme aux Etats-Unis », sur LeMonde Diplomatique

[61] (en) David I. Lewis, The Public Image of Henry Ford :An American Folk Hero and His Company, Wayne StateUniversity Press, 1976 (ISBN 978-0-8143-1553-8), pp.146–154

[62] Charles Y. Glock et Harold E. Quinley, « Comment lesfirmes US ont travaillé pour le Reich », Historia n° 669, septembre 2002, pp. 40–45

[63] Et l'homme le plus riche de tous les temps est... — http://www.lalibre.be

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11 Sources, contributeurs et licences du texte et de l’image

11.1 Texte• Henry Ford Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Henry_Ford?oldid=130573372 Contributeurs : Shaihulud, Shaitan~frwiki, Hashar, Po-

polon, Orthogaffe, Céréales Killer, Treanna, JacquesD, Kelson, Semnoz, Hopea, Pontauxchats, Tex~frwiki, HasharBot, R, Roussebe, Loup-patient, Jusjih, Koyuki, Symac, Roby, Cham, Wing, Manchot, Almooxo, Spooky, JackAttack, Sanao, Scullder, MedBot, PtitLutin, SamHocevar, Phe-bot, Turb, JB, ADM, ~Pyb, Ollamh, Urban, Markadet, Hégésippe Cormier, Escaladix, GL, Jef-Infojef, Darkoneko, Pixeltoo,Leag, Bob08, Yukito, Pseudomoi, Koko90, Sherbrooke, Chris93, Krissou, L'amateur d'aéroplanes, DiamondDave, DocteurCosmos, Korg,Artichaut, Seb35, RobotE, Zetud, Vazkor, Romanc19s, David Berardan, Lgd, Probot, Yelkrokoyade, Gzen92, EdC, Zwobot, Plyd, Quoi-Nonne, RobotQuistnix, FlaBot, Skblzz1, EDUCA33E, YurikBot, LeonardoRob0t, El pitareio, Eskimbot, Guillom, AvatarFR, MMBot,Noritaka666, Morburre, Litlok, CHEFALAIN, Loveless, TCY, Kirtap, Raizin, MelancholieBot, Thomas Linard, Lithium57, Cehagenme-rak, Archibald Tuttle, Rune Obash, Polmars, Pautard, Joker-x, Actias, Es2003, Démocrite, Ascaron, Thidras, JoseREMY, Xofc, Serein,SashatoBot, Rpa, Maitre So, IP 84.5, ACiD88, Ahbon ?, Liquid-aim-bot, Zyxwvut-Bot, PieRRoBoT, Gemini1980, Gronico, Guguss, Vin-ckie, Deslaidsdeslaids, Patapiou, Chaoborus, Grimlock, Éric g, En passant, Escarbot, Laurent Nguyen, Deep silence, JAnDbot, IAlex,Jimmy, Cerbère, Salecabot, Sebleouf, Cobra bubbles, Alchemica, CommonsDelinker, Verbex, Erabot, MaheuM, Pk-Undying, Wiolshit,M-le-mot-dit, Rozsavolgyi, Analphabot, Charlesladano, LuRobby, Salebot, Prométhée, MyBot, Bot-Schafter, Speculos, Zorrobot, Wal-pole, Chouchoubidou, Wissenz, AlnoktaBOT, Lechapeaumelon, Vincent Lextrait, TXiKiBoT, Pierre73, Localhost, VolkovBot, Alain83,Synthebot, Orthomaniaque, Gz260, GwenofGwened, SieBot, YonaBot, Louperibot, Couthon, Skiff, AkeronBot, MystBot, JLM, Kyro, ST-Bot~frwiki, Ange Gabriel, Alecs.bot, Lepsyleon, Vlaam, Yves-Provence, Dhatier, Hegor, BenoniBot~frwiki, Geek, Takatakata, KelBot,Testez-Moi !, Darkon, DumZiBoT, SniperMaské, GLec, ToePeu.bot, DragonBot, Sardur, Jalidor, Vlad09, Égoïté, Sakafoutt, Superjuju10,StefBot, Alexbot, Une Ame, Darkicebot, HerculeBot, WikiCleanerBot, Letartean, ZetudBot, Klymene, Slycooper, Julien1978, Bub’s wiki-bot, Mungopark, Ccmpg, Harmonia Amanda, Linguo~frwiki, Bruno2wi, Géodigital, LinkFA-Bot, HardGab, Latroun, Luckas-bot, Celette,Micbot, GrandNord, Hermannwirth, Jotterbot, GrouchoBot, Talabot, Racconish, DSisyphBot, Copyleft, Cantons-de-l'Est, D4m1en, Mad-nein, Xqbot, RibotBOT, GhalyBot, Ytrezap, LucienBOT, Schlum, Alex-F, D'ohBot, RaphRaph, Vincent.vaquin, *SM*, Jebrayl, Al MaghiBot, Ezrdr, Coyote du 57, Lomita, RedBot, Marinna, Florn88, TjBot, Ripchip Bot, Jean-Rémy Homand, Olyvar, Frakir, Civious, Pkthib,EmausBot, Kilith, EoWinn, Kvardek du, ZéroBot, Berdea, Bottine, Jules78120, Skouratov, Surdox, Boishart, Movses-bot, 0x010C, Mer-lIwBot, OrlodrimBot, Le pro du 94 :), Vagobot, Éric Messel, Mathis B, Titlutin, Vincenzo Sferruzza, Hubfr, Nashjean, Bay008, Chrisanion,OrikriBot, Rome2, Fredojoda, VFair, Antimuonium, Salouch12, Addbot, Sismarinho, ScoopBot, HunsuBot, Chipsdargent, Camulogene77,TOM7222, Do not follow, HeyCat, Gzen92Bot, Gros caca 28, Cacapopo123uhhdhdbdgvdv et Anonyme : 214

11.2 Images• Fichier:19200522_Dearborn_Independent-Intl_Jew.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/34/19200522_

Dearborn_Independent-Intl_Jew.jpg Licence : Public domain Contributeurs :Uploaded to en.wikipedia by Humus sapiens (description pageis/was here). Transferred to Commons by John Vandenberg Artiste d’origine : The Dearborn Independent

• Fichier:A-line1913.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d6/A-line1913.jpg Licence : Public domain Contri-buteurs : Originally from en.wikipedia ; description page is (was) here * 18 :57, 17 March 2006 1021×689 (263,598 bytes)<span class="comment">(improved size and quality)</span> * 15 :15, 10 March 2006 Rjensen 600×506 (111,279 bytes) <spanclass="comment">(1913 photograph Ford company, USA)</span> Artiste d’origine : Ford company

• Fichier:Bates_1941.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f0/Bates_1941.jpg Licence : Public domain Contri-buteurs : Own work by uploader / from the collection of Leon Bates now in the custody of the Bates family Artiste d’origine : Leon Bates

• Fichier:Blue_pencil.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/73/Blue_pencil.svg Licence : Public domainContri-buteurs : File:Arbcom ru editing.svg by User:VasilievVV with color change by user:JarektArtiste d’origine :User:VasilievVV and user:Jarekt

• Fichier:Bundesarchiv_Bild_102-10400,_Henry_Ford_in_Deutschland.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/19/Bundesarchiv_Bild_102-10400%2C_Henry_Ford_in_Deutschland.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 de Contri-buteurs : Cette image a été donnée à Wikimedia Commons par les Archives fédérales allemandes (Deutsches Bundesar-chiv) dans le cadre d'un projet commun. Les Archives Fédérales allemandes garantissent l'authenticité de la photographie,grâce à l'utilisation exclusive d'originaux (positifs/négatifs) de leur Archives d'images numériques et leur numérisation. Ar-tiste d’origine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718' title='wikidata:Q4233718'><img alt='wikidata:Q4233718'src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png' width='20'height='11' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png 1.5x,https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-file-width='1050'data-file-height='590' /></a>

• Fichier:Checkered_flags-fr.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/6a/Checkered_flags-fr.svg Licence : CCBY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Ewan ar Born

• Fichier:Crystal_Clear_action_run.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/35/Crystal_Clear_action_run.svgLicence : Public domain Contributeurs : All Crystal icons were posted by the author as LGPL on kde-look Artiste d’origine : EveraldoCoelho and YellowIcon Vectorizer : User:HereToHelp

• Fichier:Der_Internationale_Jude_2.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/88/Der_Internationale_Jude_2.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Dan Wyman Books, Inc. [1] Artiste d’origine : ?

• Fichier:Disambig_colour.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3e/Disambig_colour.svg Licence : Public do-main Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Bub’s

• Fichier:Edsel_Bryant_Ford.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/37/Edsel_Bryant_Ford.jpg Licence : Pu-blic domain Contributeurs : Cette image est disponible sur la Prints and Photographs division de la Bibliothèque du Congrès des États-Unissous le numéro d’identification cph.3b29704.Ce bandeau n’indique rien sur le statut de l’œuvre au regard du droit d'auteur. Un bandeau de droit d’auteur est requis. Voir Commons :À propos des licencespour plus d’informations. Artiste d’origine : Frank Moore Studio

Page 14: HenryFord CRITIQUE/HENRY... · HenryFord Vouslisezun«bonarticle». Pourlesarticleshomonymes,voirFord(homony-mie). HenryFord Portraitd'HenryFordréaliséparFredHartsooken1919. Henry

14 11 SOURCES, CONTRIBUTEURS ET LICENCES DU TEXTE ET DE L’IMAGE

• Fichier:Fairytale_bookmark_silver.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a0/Fairytale_bookmark_silver.svg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : File:Fairytale bookmark silver.png (LGPL) + Travail personnel Artiste d’origine : Hawk-Eye

• Fichier:Flag_of_Michigan.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b5/Flag_of_Michigan.svg Licence : Publicdomain Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:Flag_of_the_United_States.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a4/Flag_of_the_United_States.svg Licence : Public domain Contributeurs : SVG implementation of U. S. Code : Title 4, Chapter 1, Section 1 [1] (the United StatesFederal “Flag Law”). Artiste d’origine : Dbenbenn, Zscout370, Jacobolus, Indolences, Technion.

• Fichier:Ford,_Edison,_Harding,_and_Firestone,_New_York_Times,_1921.JPG Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5e/Ford%2C_Edison%2C_Harding%2C_and_Firestone%2C_New_York_Times%2C_1921.JPG Licence : Public domainContributeurs : The New York Times photo archive, via their online store, here Artiste d’origine : Not given

• Fichier:Ford_Henry.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/67/Ford_Henry.jpg Licence : Public domainContributeurs : Cette image est disponible sur la Prints and Photographs division de la Bibliothèque du Congrès des États-Unis sous lenuméro d’identification 78374.Ce bandeau n’indique rien sur le statut de l’œuvre au regard du droit d'auteur. Un bandeau de droit d’auteur est requis. Voir Commons :À propos des licencespour plus d’informations. Artiste d’origine : Caption card tracings : BI ; Shelf.

• Fichier:Ford_Trimotor.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/1e/Ford_Trimotor.jpg Licence : Public domainContributeurs : Transféré de en.wikipedia à Commons. Original source : http://www.airforce.forces.gc.ca/equip/historical/trimotorlst_e.aspArtiste d’origine : ?

• Fichier:Ford_assembly_line_-_1913.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/29/Ford_assembly_line_-_1913.jpg Licence : Public domain Contributeurs :

• http://www.gpschools.org/ci/depts/eng/k5/third/fordpic.htm Artiste d’origine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718'title='wikidata:Q4233718'><img alt='wikidata:Q4233718' src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png' width='20' height='11' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png 1.5x, https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-file-width='1050' data-file-height='590' /></a>

• Fichier:Ford_norlane.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/40/Ford_norlane.jpg Licence : Public domainContributeurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:Gtk-dialog-info.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b4/Gtk-dialog-info.svg Licence : LGPLContributeurs : http://ftp.gnome.org/pub/GNOME/sources/gnome-themes-extras/0.9/gnome-themes-extras-0.9.0.tar.gz Artiste d’origine :David Vignoni

• Fichier:Henry_Ford_1888.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a9/Henry_Ford_1888.jpg Licence : Publicdomain Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:Henry_Ford_and_Barney_Oldfield_with_Old_999,_1902.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/4e/Henry_Ford_and_Barney_Oldfield_with_Old_999%2C_1902.jpg Licence : Public domain Contributeurs :Archive.orgArtiste d’origine :Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718' title='wikidata:Q4233718'><img alt='wikidata:Q4233718' src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png' width='20' height='11' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png 1.5x, https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-file-width='1050' data-file-height='590'/></a>

• Fichier:Henry_Ford_clips.webm Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/32/Henry_Ford_clips.webm Licence :Public domain Contributeurs : University of Chicago Artiste d’origine : Henry Ford/Ford Motor Co

• Fichier:TheStructorr_Lamborghini_Gallardo.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/8a/TheStructorr_Lamborghini_Gallardo.svg Licence : CC0 Contributeurs : OpenClipArt.org Artiste d’origine : Michał Pecyna

• Fichier:The_Independent_Henry_Ford.JPG Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/ef/The_Independent_Henry_Ford.JPG Licence : Public domain Contributeurs : self made scan from original Artiste d’origine : Christos Varsos

11.3 Licence du contenu• Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0