creuse-citron n°22

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    2 - l'afft

    Extrait du registre des dlibrations du Conseil municipal de lacommune de Saint-Dizier, canton de Bourganeuf.

    Session extraordinaireSance du 2 dcembre 1900

    Le Conseil municipal,Attendu quil existe encore sur la place publique de Saint-Dizier, une croix, vestige de la domination clricale dans la

    commune ;Que cette croix, en mme temps quelle blesse les sentiments

    anticlricaux de la grande majorit des habitants, est aussi unegne pour la circulation publique ;

    la majorit dcide que cette croix sera enleve dans le plusbref dlai ; que les matriaux qui forment son pidestal serontvendus aux enchres, et que le prix en sera vers la caisse de

    la bibliothque municipale, de sorte que dun objetdobscurantisme, de compression et dasservissement, elle

    devienne un instrument dinstruction, dducation etdmancipation sociale.

    Cette dlibration a t adopte avec 8 voix pour, 3 contre et 1abstention.

    Actualit de l'anticlricalisme

    bon entendeur !

    Nous expliquions dans le prcdentCreuse-Citron que les nergiesrenouvelables en gnral, et lesoliennes industrielles en particulier,servaient principalement de paraventpour faire accepter lindustrie nuclaireet les autres calamits du capitalisme.

    La multinationale du nuclaire Arevaet ses partenaires nous en offrent unebelle illustration : vous tes propritairedune bonne vingtaine de minesduranium dsaffectes dans une obscurergion de France. Que faire de ces sites

    un peu encombrants renfermant desmillions de tonnes de striles radioactifs quasi impossibles dcontaminer ?

    Eh bien, mettez dessus une centralephotovoltaque et vous irez peut-tre auparadis des bons sentiments cologistes,et en tout cas vos actionnaires goterontaux dlices des bnfices subventionns.

    Le journal La Montagne du 9 octobredernier : Bessines-sur-Gartempe vaaccueillir la plus grosse centrale solairedu Limousin. [...] lhorizon 2011

    environ 70 000 m de panneaux solairesauront pouss sur les verses de lanciensite dexploitation de Bellezane.

    Il faut noter que deux projets du mmetype sont en cours de dveloppement enCreuse et quEDF rachtera llectricitproduite au moins 10 % plus cher dansles rgions moins ensoleilles, comme le

    Limousin. Moralit : moins il y a desoleil, plus cest rentable de produire dellectricit solaire.

    Enfin, cerise sur le gteau, on imaginemme une reconversion touristique des stocks de dchets radioactifs : Despanneaux solaires dissmins sur ce siteavec le concours dun architecte

    paysagiste, vont sans aucun doute attirerle public (extrait du mme article deLa Montagne).

    Promenons-nous dans les bois !

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    Tous en colre - 3

    Nous avons appris rcemment, grce la presse rgionale, qu'un certainnombre de blaireaux(1) en Creuse et dansd'autres dpartements taient devenusofficiers de la rserve citoyenne de lagendarmerie !

    Kesaco la rserve citoyenne de lagendarmerie ?

    Il s'agit d'un corps de cration rcente(2001), qui jusqu'ici a fait peu de bruit etdont nous n'avons pas entendu parler, y

    compris dans la presse contestataire.Cette rserve vient complter larserve oprationnelle , l o seretrouvent tous les militaires qui ne sontpas morts la guerre, ceux que BorisVian dcrivait ainsi : Le combattant quine s'est pas fait tuer garde en lui-mmeune mentalit de rat ; il aura cur decompenser cette dficience et contribueradonc prparer la suivante ; or, commentvoulez-vous qu'il la prpare bien,puisqu'il s'est tir de la prcdente et que,par consquent, du point de vue de laguerre, il est disqualifi ?

    Voici comment est dfinie cette rservedans les textes officiels (2):

    La rserve citoyenne est la deuximecomposante des rserves aprs la rserveoprationnelle. Elle est composed'anciens militaires d'active ou de rserveainsi que de volontaires recruts dans lasocit civile. Les rservistes citoyenssont des bnvoles agrs par l'autoritqui mnent des actions visant faire

    connatre la gendarmerie. Sous certainesconditions, les rservistes citoyenspeuvent fournir un renfort ncessaire larserve oprationnelle.

    Analogue la rserve oprationnelle,la rserve citoyenne n'assure toutefoispas de mission en temps de paix. Savocation est alors davantage d'entretenirl'esprit de dfense et de renforcer le lienarme-nation.

    Mobilisable en cas de besoin, elle peutfournir des renforts la rserve opra-

    tionnelle.En fonction des besoins des forcesarmes, l'autorit militaire peut faireappel aux volontaires de la rservecitoyenne pour, avec leur accord, lesaffecter dans la rserve oprationnelle.

    Lactuelle rserve citoyenne seratransforme en volontariat de lascurit nationale afin de permettre ses volontaires de contribuer lencadrement de la journe dappel deprparation la dfense, aux actions derayonnement des armes, la politiquede mmoire et celle de scurit

    nationale. Ils pourront galement tresollicits en cas de crise grave sur leterritoire national.

    Ils pourront galement tresollicits en cas de crise grave sur leterritoire national. Vous avez bien lu, il ne s'agit pas dedfendre le merveilleux territoire de notre glorieuse nation contrel'invasion des hordes sauvages d'ennemistrangers. Non, il s'agit de crise grave surle territoire national. De toutes faons,les comptences de la gendarmerie se

    limitent au territoire national, c'estl'arme de l'intrieur, celle qui brise lesgrves et mate les rvoltes. Nous voicidonc dots d'une milice civile,paramilitaire, prte aider les uniformes rtablir l'ordre.

    Alors comme a, y'en a des qui n'ontjamais fait leur service et qui sonttellement frustrs, qui rvent tellementd'pouser la Grande Muette, qu'ils sontvolontaires pour renforcer le lien arme-nation et l'occasion casser ducontestataire ! Je savais avoir supporter

    des concitoyens, mais cons ce pointj'imaginais pas, le citoyennisme pouss cette extrmit, chapeau !

    Prenez la peine d'aller sur leur siteInternet, les dbats sont de haute tenue :l'uniforme des rservistes citoyens doit-ilressembler celui des rservistesoprationnels ? Ben non mon couillon, yen a qui sont des vrais des durs destatous et d'autres qui sont rien que desmilitaires d'oprette !

    Au premier degr, ce dsir d'avenir etde galons qui habite certains obses-sionnels de l'ordre tabli peut prter sourire, voire se foutre franchement deleur gueule, mais y bien rflchir a

    donne plutt des frissons dans le dos. Ils'agit d'une pierre de plus dans laconstruction d'une socit hyper-scurise, on met en place des milicesdormantes, prtes se rveiller aupremier coup de clairon, en mme tempsque la police ouvre des sites Internetddis la dlation, o chacun peutdnoncer son voisin sans tre obligd'crire une lettre anonyme en capitaled'imprimerie pour cacher son criture,qu'on puce les gamins avec des GPS etque le bracelet lectronique voit sonutilisation s'largir sans limites.

    Tout se passe comme si pour atteindrele Meilleur des mondes dcrit parHuxley, o la domination de quelques-uns sur le plus grand nombre est gravedans l'ADN suite des manipulationsgntiques, il fallait que l'on passe parune phase du style 1984 d'Orwell, ged'or du contrle policier.

    Comment se dbarrasser des armes,des polices et des nations ?

    PATRICKFAURE1. Manire de dire car un blaireau est

    infiniment plus respectable qu'une

    raclure de bidet qui rve d'tre justicier.2. Tous les textes en italiques sont

    issus des sites officiels de l'tat et de lagendarmerie.

    Les cafards galonnsou le retour

    des miliciens revanchards

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    De la terre la thune

    Laccaparement des terres existe depuisdes sicles. Marchands, soldats, mission-naires ont apport au bout de leurs fusils

    et de leurs crucifix la civilisation denombreuses communauts, de nombreuxpeuples. Destructions et pillages conti-nuent aujourdhui, entranant lexpulsiondes populations, notamment devant lex-tension des agrocarburants (voir CreuseCitron, n 14). Mais, depuis quelquesmois, on constate une amplificationfoudroyante de laccaparement des terres.Cela est d au mlange mortifre descrises alimentaire et financire.

    La premire incite les tats exter-naliser la production alimentaire dans

    dautres pays en permettant de grossessocits dy acheter des terres pourimplanter dimmenses fermes indus-trielles.

    La seconde pousse les secteurs finan-ciers quitter les produits boursiers toxiques et investir dans la terre,pour alimenter les actionnaires.

    Ainsi les terres agricoles deviennent unnouvel actif stratgique. La classe poli-tique, au service de la finance et du com-merce, se rallie au slogan investir danslagriculture , qui signifie tout simple-

    ment accaparement des terres . Legroupe de travail mis en place lONUpour rsoudre la crise alimentaire apour acteurs principaux des reprsentantsde lOMC (Organisation mondiale ducommerce), du FMI (Fond montaireinternational) et de la Banque mondiale(BM) ! Par exemple lInstitut internatio-nal de recherche sur le riz (IRRI), financindirectement par la BM, conseille lAra-bie Saoudite sur les pays o investir pourproduire du riz : sur la photo ci-jointe onvoit Bob Zeigler, directeur gnral de

    lIRRI, rencontrant Ali Al-Madani, prsi-dent de la Banque islamique de dvelop-pement. Tous les experts sontdaccord pour dclencher une nouvelle

    Rvolution verte (voirCreuse-Citron,n 15) dont la rentabilit serait portepar les semences des multinationales, lu-tilisation massive dintrants chimiques et

    de cultures OGM, le choix dune poignedespces animales occidentales

    Jai mal la Terre

    La terre est une patate chaude poli-tique , commence sinquiter JacquesDiouf, directeur de la FAO (Food andagriculture organisation).

    La longue marche

    vers lagrobizness

    En Chine tentent de survivre 20 % desagriculteurs mondiaux sur 9 % des terres

    agricoles cultivables de la plante. Sonmarch de viande et de produits laitiersexplose, en lien avec lvolution des habi-tudes alimentaires dune partie de sapopulation. Le dveloppement de grandesfermes industrielles sur son sol ne faitquaggraver la situation de millions dep e t i t spaysans,

    parfois chasss de leurs terres alors quilssont rejoints par de nombreux salarislicencis qui regagnent les campagnes.

    Disposant dnormes rserves de

    devises, dont une partie a sauv lco-nomie amricaine, la Chine externalise uneportion de sa production alimentaire, enAsie du Sud-Est, en Afrique, etc. Un expertchinois affirme : Les pertes de terresagricoles et de ressources en eau font quela Chine na pas dautre choix que daller ltranger. Ainsi de gigantesquesexploitations agricoles y sont cres,amenant de Chine des agriculteurs, deschercheurs, des mthodes de culture, dessemences ! Repartent riz, soja, mas, maisaussi plantes nergtiques telles que la

    canne sucre, le manioc, le sorgho.

    Un empire qui exporte ses maladies

    La russite tasunienne, et notammentde ses mthodes agricoles, est flagrante.Cest un pays o un habitant sur huit souf-fre de la faim, o un quart de la population

    contracte tous les ans une maladie lie lalimentation, o des dizaines de mil-

    liers douvriers agricoles sontempoisonnes par les pesticides.

    Les fermes dlevage industriel sontde vritables foyers dinfection, ncessi-

    tant lusage massif dantibiotiques. Etcest lexportation massive de ce systmealimentaire qui serait susceptible de

    rpondre la crise alimentaire ? ! Cestpourtant ce qui se passe dans

    dnormes exploitations qui se constru-isent au Mexique, en Roumanie, en

    Chine, etc.

    Des ptrodollars, extraits du

    sous-sol, rinjects dans la terre

    Les tats du Golfe, ces nationsdu dsert , ont peu de terres et de

    ressources en eau. La crise a triplla facture alimentaire, lie essen-tiellement aux importations. Or, les

    populations sont largement constitues

    4 La gueule toute verte

    Ouf, a va mieux ! Les Bourses remontent la pente, les traders nontplus honte, les experts sont redevenus formels, la foi religieuse dans lemarch est de nouveau prche et les patrons licencient tour de bras, comme toujours. Ce ne sont pasquelques dizaines de suicides, quelques centaines de milliers de chmeurs supplmentaires qui vont trou-bler la digestion de nos dcideurs. Dailleurs, le capitalisme, abandonnant la vie sauvage pour un avenir vert et w, se dtourne des produits drivs et branche sa pompe phynances sur des valeurs sres :la terre et la nourriture. Ils veulent contrler la Bourse ET la Vie.

    Pandmie capitaliste

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    LIMPLANTATION de Zones conomiquesspciales (ZES) en Inde entrane lexpul-sion des habitants. Un paysan dclare :

    Ils veulent voler ma terre pour une frac-tion du prix. Ils revendront les terrainsbeaucoup plus cher. Je prfre mourir quede leur vendre mon bien bas prix. Mais les rsistances sorganisent, notam-ment parmi les adivasi, minorit impor-tante. Leur nom signifie habitantsdorigine et dsigne des groupes tribaux

    relevant de la population aborigne, quiconsidre la terre comme une ressourcecommune, daccs libre pour tout indi-

    vidu. Ce nest pas une socit de castes,mais une socit base sur lgalit. Ilssont trs sensibles la dgradation pro-duite par la modernisation , exploita-tion forestire, agriculture intensive.Ceux vivant dans ltat de Gujarat, dansle Nord-Ouest de lInde, se sont organ-iss, notamment autour du CentreBhasha, fond par Ganesh Devy, quidclare : Toute forme de dveloppementqui nest pas fonde sur les principes deconscience cologique et de respect desvaleurs culturelles dun peuple est gno-

    cidaire .En alternative aux ZES, ils proposent

    des Zones conomiques vertes , visant assurer aux communauts adivasi un

    mode de vie autosuffisant. Leur objectifest de crer des zones regroupant des vil-lages, sans recours aux capitaux

    extrieurs, ni exploitation des ressourcesnaturelles. Dj dans 1 200 villages prati-quant lagriculture biologique, existentdes banques de crales, des cooprativesde collecte deau, des centres dapprentis-sage, etc. Ganesh Davy affirme : Lheure dune vraie rvolution verte asonn, elle doit ncessairement adopter lemode de dveloppement adivasi. Cest laseule formule qui ne comporte intrin-squement aucun facteur gnocidairedimportation.

    Soulignant limportance de ces zones

    autonomes, Mahasweta Devi, une mili-tante sociale scrie : Nous sommes lacroise des chemins dans le temps et les-pace.

    xxx 3La gueule toute verte 5

    de travailleurs immigrs fournisseurs demain-duvre bas prix (82 % pour lestats Arabes Unis). Le risque dexplosionsociale est tel quils acquirent des mil-lions dhectares dans de nombreuses

    rgions du monde pour rpondre leursbesoins alimentaires.

    De Gandhi aux ZES

    En Inde, lagriculture est confronte des problmes multiples : cots en pro-gression, fertilit des sols en chute,problmes dapprovisionnement en eau,etc. La mise en place de ZES (Zonesconomiques spciales), destines l-panouissement dun capitalisme sansentrave, rencontre de trs fortes rsis-

    tances. Ainsi, en septembre dernier, desdizaines de milliers de paysans ont con-verg sur New Delhi pour dnoncer leurgouvernement. Il sapprte sortir delimpasse les ngociations sur le volet

    agricole au sein de lOMC. Il sagitdune libralisation quasi totale de cesecteur en ouvrant le march local auxcultures subventionnes des USA : mas,riz, coton, soja, etc. En mme temps degrandes entreprises indiennes sinstallent ltranger, contrlant lensemble duprocessus : production agricole, stocka-ge, transport. Par exemple, le gouverne-ment indien fournit des fonds spciaux la junte pour produire des lentilles enBirmanie.

    La plupart des informations sontextraites darticles publis par GRAIN,un organisme international qui soutient

    la lutte des paysans et des mouvementssociaux pour renforcer le contrle descommunauts sur les systmes alimen-taires fonds sur la biodiversit.

    Zones conomiques vertes

    Nous ne moissonnerons

    que le produit de nos rvoltes

    Lastuce est de ne pas se contenter demoissonner des rcoltes, mais de moisson-ner de largent , avoue cyniquement

    Mikal Orlov, directeur dune socit din-vestissement. Lactuelle rue sur les terresrisque de transformer des forts, de petitesexploitations, en grandes propritsrelies des marchs lointains. Laccs une production locale de nourriture seraitalors totalement compromis et les profitsiraient alimenter les dominants despays investisseurs.

    Afin de permettre laccaparement desterres par des fonds spculatifs, des fondsde pension, la Banque mondiale pse avecsuccs pour faire changer les lois fon-

    cires, facilitant la vente de terres dessocits trangres.Sur ce march mondial qui se propage

    partout, seuls les riches pourront sappro-visionner, les revenus dune grandemajorit stagnant ou rgressant. Alors quela production alimentaire mondiale pour-rait nourrir toute la population, elle est deplus en plus destine la spculation et aumarchandage.

    Un systme qui conduit un milliarddtres humains souffrir de la faim, quimontre ses nombreux checs : monocul-

    tures intensives, rendements en baisse, chimisation des sols et des aliments,etc., voudrait simposer tous !

    Cest pourtant dans les savoirs et lesluttes paysannes, notamment des organi-sations lies Via campesina, que rsideen partie notre avenir. LANNOIR

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    6 - Mauvaises frquentations

    Un paysan non subventionn

    Marc Bosle, paysan, pratique la polyculture, essentiellement oriente vers le marachage, sur une

    petite exploitation Muravaux prs de Mrinchal, en Creuse. Il vend lui-mme ses produits sur les

    marchs (Auzances, Crocq, Felletin et Giat) et tous les samedis matins en direct la ferme. Cethomme se veut libre dans son travail et, l'image d'une devise qui nous est chre, la sienne pourrait

    tre : ni subventions, ni obligations.

    Comment conois-tu ta vie de pay-san ?J'aime bien l'indpendance, au dpart

    je ne supporte pas l'esclavage. Tout lemonde est esclave de peu de gens et jene supporte pas l'agriculture telle qu'elleest en ce moment. Nous avons une petiteferme. J'ai commenc par faire del'espace vert, je ne voulais pas tre sala-ri, c'est un choix de vie. J'ai toujours ai-m entreprendre, crer quelque chose,avoir envie de faire par soi-mme. Puisj'ai repris la ferme de mon pre quand ila t en retraite, il y a quatorze ans. Luitait dpendant du systme puisqu'il ven-dait ses bovins au maquignon et son lait la laiterie. J'ai voulu valoriser autre-ment pour ne pas tre dpendant de cesystme l o l'on subit tout, o l'on estcompltement esclave car on est en d-but de chane. Il faut faire autrement.Choisir l'agriculture biologique videm-

    ment, mais on peut avoir l'thique bio etne pas choisir de valoriser son produit au-trement. Moi, mon but c'est de faireconnatre mes produits au consomma-teur, de faire la chane de A Z, ce n'estpas un choix de gagner plus, c'est unchoix d'indpendance.

    Ton ide ce n'est pas de passer uncontrat avec un marchand quelconque ?

    Mais mme avec le consommateur, lalimite je ne suis pas pour les AMAP, jene veux pas tre contractualis avec unconsommateur. Cette ide de livrer des

    paniers remplis avec telle et telle chose,c'est trop rigide, a va finir par nerverles gens. a peut tre bien pour un jeunequi s'installe car a lui assure des clients,mais c'est lourd. Je prfre faire rguli-rement mes marchs et dire : j'ai a vendre et vous achetez ce que vous vou-lez. Je ne suis pas contre le collectif,mais on peut le faire autrement.

    On adapte les productions, on fait cequ'on aime le mieux, j'ai fait de la ppi-nire, maintenant j'ai moins envie. C'estune question de rapports humains, les rap-ports sont plus faciles avec les clients

    que je nourris qu'avec ceux o c'est plu-tt de l'ornement.

    Tu fais plutt de la polyculture ?De toutes faons je suis jardinier au d-

    part. Je suis bas sur le marachage, jesuis plutt vgtal qu'animal, la viandece n'est pas mon truc, mais on est obligici d'tre complet pour tre crdible d'unpoint de vue cologique : pour limiter lesintrants extrieurs, les engrais, il faut pro-duire la nourriture des plantes, c'est dire le compost. Pour cela il faut avoir

    des animaux, on peut faire avec des en-grais verts, mais a ne vaut pas le vraicompost produit par les ruminants. Doncon est oblig d'avoir quelques btes,mais a ne rapporte pas, on en garde unepour nous, mais on ne valorise pas laviande en direct. J'ai la clientle pour va-loriser toute ma viande en direct, mais ilfaudrait s'associer plusieurs car c'estlourd, il faut des chambres froides, un ate-lier de dcoupe et puis il n'y a plus d'abat-toir de proximit. C'est plus lourd quepour les lgumes, a serait intressant

    envisager, peut-tre un jour en trouvantdes collgues pas trop loin.

    Donc tu as quelques vaches pour pro-duire du fumier ?

    Oui, une dizaine de bovins et quelquesporcs pour manger les rsidus de mes c-rales. On essaye de rien faire perdre, devaloriser tous les produits et les sous-pro-duits de la ferme. Comme je fais des c-rales, je fais des farines, du pain, avecla farine vient le son pour les cochons.On pourrait aussi avoir plus de volaille,on pourrait faire un tas de trucs. Laferme fait 18 hectares et sur une petitesurface comme a on pourrait tre un deplus. Mais sous quelle forme, je ne veuxpas faire un GAEC, tre la TVA et en-tamer la course au chiffre d'affaires.

    Une petite exploitation peut donc trevivable ?

    Je n'ai pas peur de le dire, aujourd'huije dgage quelques bnfices, et sans au-cune prime ! Je refuse toutes les primesPAC, j'accepte une aide pour le bio ,je suis certifi bio mais je refuse

    l'aide qui est lie cette certification. Jeveux rester indpendant et refuse de rem-plir des dossiers. Quand je fais abattreune bte, je ne demande pas non plus laprime d'abattage (1)! C'est une histoire deprincipe. Je suis contre l'assistanat, a d-valorise tout. Et ce systme marche mal,plus il y a de primes, moins les gars y ar-rivent, les laiteries ne veulent plusprendre le lait, l'Italie ne veut plusprendre les broutards. Un de mes voisinsn'a qu'une dizaine de vaches laitires etproduit 50 000 litres par an et la laiterien'accepte plus une production infrieure

    80 000 litres par an, car a ne paye pasle cot du ramassage. Et puis il ne peutenvisager de faire du fromage, il a tou-jours fait du lait, il ne sait pas faire autrechose, a pourrait se faire, mais ils n'ontpas cette culture. C'est le problme del'agriculteur, il sait produire, travailler,mais il ne sait pas se vendre. Il leur fautdes supers syndicats pour les aider, maisils ne sont pas capable de se grer, on lesa traits comme des moutons et ils sontperdus quand on ne les aide plus. Autre-fois les gens bricolaient, personne nevous donnait rien. Il faut apprendre sedbrouiller un peu seul, s'autogrer.

    En fait les agriculteurs industrielssont plus des salaris qu'autre chose.

    Non, il ne sont pas salaris, s'ils taient

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    Mauvaises frquentations - 7salaris, ils seraient bien plus heureux.Ce sont des esclaves, ils n'ont pas lesavantages des salaris, ils onttous les risques et aucun bn-fice, le travail et les pertesc'est pour eux. Les autresne sont pas idiots, ils neveulent pas de salaris !L'esclave paye beau-coup plus que le sala-ri. Le cur duproblme c'est lagrande distribution, lefait de concentrer ladistribution en imposantdes cots, alors que le pro-ducteur a un cot de produc-tion et que ce serait lui de fixerson prix de vente. La grande distribu-

    tion met la pression sur les agriculteurset les industriels alors tout le mondebaisse la qualit et fait de la merde.Quand la distribution tait plus diversi-fie le producteur avait plus son mot dire dans la dfinition du prix de vente.Aujourd'hui il y a beaucoup moinsd'intermdiaires et le peu qui reste gagnevraiment beaucoup.

    Quand l'agriculture a-t-elle chang ?Ce changement dans l'agriculture est as-

    sez rcent. a a commenc changerdans les annes soixante dix quatrevingt. Quand Giscard a donn la pre-mire prime pour la scheresse en 1976,les paysans y ont got, Chirac a donnla prime de montagne. Les gens se sontdit c'est bon, alors si on gueule un peuplus on en a plus tout a avec le sup-port de la FNSEA. C'est trs faciled'accepter une carotte, c'est pour a qu'ilne faut pas commencer rentrer dans lesystme.

    Comment a se fait qu'il n'y ait pasplus d'agriculteurs qui raisonnentcomme toi, s'ils sont tous dans la merdeet endetts jusqu'au cou ?

    a vient de la formation dans les colesd'agriculture. J'ai connu a, j'ai un BTA.Quand on a entre quinze et vingt ans onrentre facilement dans un moule. Et unefois pris dans l'engrenage c'est trs diffi-cile d'en sortir : un fois que vous avez si-gn vos emprunts, on vous a ficel, c'estfini. Ou alors il faut tout larguer et c'estpas facile. Ceux qui sont paysans de preen fils c'est trs difficile de les faire chan-ger. Ceux qui arrivent migrants, quiachtent, les nos ont des vues dif-frentes avec moins d' priori.

    Dans le temps, les paysans taient trsindpendants, attachs leur propritmais aussi trs solidaires. Comme ilsavaient peu de moyens mcaniques, ilstravaillaient ensemble, faisaient les bat-

    teuses, les rigoles ensemble. Ils taient ob-ligs, la solidarit ne vient pas quand il ya du pognon, elle vient quand il n'y a pasgrand chose, quand on a besoin l'un del'autre a vient tout seul, chez les bour-geois il n'y a pas de solidarit.

    Mais si tous se lanaient dans la ventedirecte, n'y-aurait-il pas un problme demanque de consommateurs ?

    Les consommateurs viendraient et lar-gueraient les supermarchs. Il faut allervers eux. Il faut aller en ville. On ne ven-dra pas tous en Creuse. Nous les gens dela campagne on est l pour nourrir lesvilles, la campagne chacun devraitfaire son jardin. Pour le moment on nour-rit aussi ceux des campagnes car il fontdes pelouses et pas des potagers ! a neme drangerait pas d'aller Paris unefois par semaine avec un fourgon remplides produits de plusieurs producteurs.On pourrait bien crer Paris un maga-sin comme la Coop des champs deGuret(2).Notre thique c'est quand mme de nour-

    rir le peuple, tre aux pieds d'une barrede HLM et nourrir des gens des HLM,j'aimerais bien, et avec des prix nor-maux.

    Mme avec peu d'argent on peut se nour-rir correctement, mais les gens ont des en-vies dbiles. Le systme fait tout pourque les gens consomment idiot. C'est lasocit de consommation, le capitalismequi fait a. Il faut consommer, il faut queles usines tournent. Il faut des gros agri-culteurs qui investissent et font travaillerles multinationales qui fabriquent les en-grais et le matriel : avec les primes on

    leur donne de l'argent qu'ils rin-vestissent immdiatement. Ce systmede faire de la croissance est la pire deschoses, il faut en sortir. Il faut arrter dedpenser et vivre autrement.

    Quand on regarde les prix que tu pra-tiques sur le march, ce sont les moins

    chers. C'est intressant de voir qu'onpeut faire des produits bio et pas

    forcment les vendre plus cher.Oui, mais moi je m'en sortbien. Nous sommes un peu

    mcaniss avec des vieuxtracteurs, nous n'avons pasde tunnels, nous faisons deslgumes de saison et en

    plein champs. Nous faisonsdes trucs de base, des ca-

    rottes, des choux, etc. au trac-teur, avec des faux semis, des

    binages mcaniques. En marai-chage j'ai un hectare. Les produc-

    tions d't et d'automne cotentbeaucoup moins en main d'oeuvre que

    celles de printemps parce qu'il y a beau-coup moins de binage faire. Pour lesproductions d't on fait le binage m-caniquement avant de replanter. Ce quinous demande le plus de travail et qu'onvend des prix normaux, ce sont les to-mates, l'ail, l'oignon et l'chalote. Maisles lgumes d'hiver on peut les faire sansproblme au prix du supermarch. Et onpeut vivre normalement en mangeantdes lgumes de saison.

    C'est l o la cassure ville / campagneest la plus sensible : les gens qui ne sontqu'en ville n'ont aucune notion des pro-ductions de saisons.

    On mange des betteraves rouges, descarottes rpes, du choux en hiver et

    c'est bon ! Ca c'est un problme d'colo-gie, ce n'est pas un problme de bio oupas. C'est se poser tous les matins laquestion : qu'est-ce que je fais pour laplante ? Qu'est-ce que je fais dans monbilan carbone ?

    L'cologie c'est pas facile, ou alors il ya l'cologie de spectacle. Mais nousnous rendons compte avec nos clientsque a volue. L'ducation nationale aulieu de former les jeunes tre compti-tifs pour travailler dans les multinatio-nales pourrait essayer de leur donner uneconscience cologique.

    (1) cette prime est donne pour favoriserl'engraissement et l'abattage local.

    (2) cooprative de producteurs qui vendenteux-mmes leurs produits.

    Notre thiquec'est de nourrir

    le peuple

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    8 Capitalisme la poubelle

    Faire rgner la peur la plus primitive qui soit, la peur de la mort. Parceque, bande de jobards, nous allons tous y passer, pas de rmission sans

    vaccination. Il est connu que de tout temps une personne grippe meurt oblig-atoirement. Heureusement que nos gouvernants veillent sur nous et ont com-mand force quantit de vaccins, de comprims, de masques. Les grandes

    surfaces et les pharmacies (non ! ce nest pas la mme chose, il ny a pas de rayonlgumes frais dans les pharmacies !) Tous ces gens-l vendent tour de bras des

    produits nettoyants pour les petites mimines. La tlvision, organe de propagande,pardon dinformations, diffuse des spots sur la faon de bien se conduire : terminez detousser, la franaise, dans le creux de la main en disant pardon ! Dsormais cest dansle creux du coude quil faut tousser. Pour ce qui concerne lternuement, il ne faudra plusdire : tes souhaits, ou tes amours ! Il conviendra dadopter un visage de circonstance,

    plein de commisration et dire : Mon pauvre vieux ! a te faisait quel ge ? .

    POUR VOUS HABITUER partir daujour-dhui ne sortez de chez vous que si cestindispensable, gants, masqus, mou-choirempapiriss ; propos, tentez unepetite exprience prsentez-vous votreagence postale ou dans nimporte quellebanque, dans les commissariats ou les gen-darmeries avec un masque de canard sur latronche, vous verrez a les fera rire, surtouten portant des lunettes verres fums, enexpliquant que vous avez les yeux sensi-bles. Mise en garde pour les manifs, allez-ymasqus ! Cest le ministre de la Sant quile dit, alors ! Une chose amusante : cest lemme ministre qui chapeaute la sant etles sports ; l, question seringues ils en con-naissent un rayon (de bicyclette), mais ilny a pas queux dans les milieux sportifs.

    Nous risquons dassister, comme lorsdes grandes pestes, une forme odieuse delarcins genre la menace-sant : ton lar-feuille ou je tternue la gueule, je suispas vaccin ! . Tout compte fait, ceux quisont tombs dans les tranches, ils ne con-naissaient pas leur bonheur, ils nont paseu la grippe espagnole ! Grippe espagnolequi, il faut le souligner, navait rien des-pagnole par ses origines, puisquelle sestdclare au dpart dans un camp militairedu Kansas (tats-Unis dAmrique).

    Cest quand mme patant, alors que lenombre de pauvres augmente, quonlourde des salaris, que les dlocalisationsont des consquences importantes pourles artisans et les petites entreprises, a etles milliers dtres humains qui meurentchaque jour de malnutrition ou biendavoir consomm de leau pourrie, on

    focalise linformation sur un mort avr (par qui ?). Mort de la fameusegrippe ; juste aprs on passe au foot, lamto et dormez tranquilles braves gens.

    Aprs ce prambule gabarien, nousallons vous proposer une informationdtle, ainsi que des possibilits de vousrenseigner plus amplement et voire devous dfendre contre une quelconqueobligation vaccinale quelle soit massive,scolaire ou professionnelle.

    Attendez ! une petite dernire pour laroute : si vous persistez frquenter lessalles dattente des mdecins, noubliezpas de prendre un bouquin, les revues demerde qui sy trouvaient tant dsormaisinterdites, because ? La grippe ! Vu lecontenu desdites revues je me suis pris rver que ctait pour lutter contre unepandmie de connerie galopante.

    Pour dtourner lattention du peuple etsa mfiance, relancer lconomie floris-sante et ultralibrale, il faut une situa-tion de crise visant les personnes dansleur intgrit physique.

    On sait quen temps de crise, beaucoupdentre nous se jettent sur les magasinspour faire des stocks (de faon irraison-ne) de tout et de rien. Jajoute cela lesrsultats dune tude qui indiquait quentemps de crise et de peur, hormis lesachats compulsifs de ptes alimentaires,de lait, deau en bouteille, dhuile et desucre, la vente des voitures et trange-ment linvestissement dans le funrairegrimpaient en flche. Bizarre, maisauthentique, cela rsulte dune tudeinterne du ministre de lconomie.

    Afin de relativiser : 1 million de per-sonnes meurent dans le monde de lamalaria qui pourrait tre prvenue avecune simple moustiquaire.

    Souvenons-nous en 2004, Klaus Stijhr,coordinateur du programme de lOMScontre la grippe, affirma dans une revuetasunienne Science que la pandmie de

    grippe aviaire allait rendre malade 20 %de la population mondiale et que le quartde ces derniers mourrait : Les valua-tions les plus prudentes font tat de sept dix millions de morts, mais le maximumpourrait tre de cinquante ou mme dansle pire des scnarios, cent millions. Inutile de dire que ce sombre abruti napas dmissionn ni t vir. En France, lesinistre de la Sant dalors a commandplusieurs dizaines de millions de vaccinsH5N1 mutants et deux millions de dosesdu vaccin pr-pandmique qui nont servi rien ! Pardon ! Joubliais les intrtslobbyistes labos-pharmaco-mdicaux pri-vs qui se sont goinfrs.

    Chez les plus pauvres des paysansdAsie, sud et nord, des millions devolailles ont t brles, crant descarences alimentaires et conomiquessans prcdent. Souvenons-nous que cesont toujours chez les autres les payspauvres dont on entretient la pauvret ,que naissent les pires pandmies, faudraitabattre les pauvres ! Cette fois-ci, ce sontles cochons mexicains qui ont t prispour cible, devant lnormit les mecs-si-cons ont fait machine arrire.

    Nombre de virologues trouvent trangeque lpidmie actuelle apparaisse aumoment mme o la compagnie pharma-ceutique Baxter International vient dad-mettre quun vaccin exprimental a tcontamin par le virus H5N1 de la grippeaviaire (afin de rectifier une ide reue,dire grippe aviaire est erron, il faut par-ler de peste aviaire, connue depuis plus decent ans) qui ntait pas correctement

    identifi, a t envoy des sous-traitantsen Rpublique tchque, en Slovnie et enAllemagne. Le sous-traitant tchque senest aperu, et le laboratoire national de

    La pandmie nest pas la femelle du panda !

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    xxx 3Capitalisme la poubelle 9

    Par ordre dapparition lcran : meilleure comdie H5N1 , bravo !Plus srieusement voici quelques sites o vous renseigner : Dans le journalBiocontact, n 194 du mois de septembre, sur son site : [email protected] Tl. standard : 05 63 41 04 00 Sylvie Simon, confrencire sur le thme De lre pasteurienne lre 2012 , infos, tl. : 05 53 31 04 39 ; contact@mythese-

    trealites.com. Site : www.mythesetrealites.org . Franoise Jot, association dALIS (Association libert information sant), pour obtenir des informations concrtes au sujet de

    vaccination et rpression : comment sen sortir. ALIS, 19, rue de lArgentire, 63000 Riom. Tl. : 04 73 63 02 21 ; [email protected] ; site : www. alis-france.com

    http://www.who.int/csr/disease/swin. Carmen Kreftt-Jas, responsable de la pharmacovigilance lAfssps : http://www.lemonde.fr/Planete/artic.

    Informations sur la composition des vaccins : http://daudon.free/page33l.html http://www.jp-petit.org/presse/pusse dans cerveau.htm Ligue nationale pour les liberts des vaccinations : wapedia.mobi//Ligue_nationale_pour_la_liberte_des_vaccinations- Que faire pour neutraliser un vaccin ? Rponse : http://peuplepaix.populus.org/rub/5

    microbiologie du Canada a alert lOMS.Daprs Alois Stger, ministre autrichiende la Sant, 72 kg ont t contamins.

    Comment ce laboratoire peut-il paraccident avoir introduit les deux virus

    H5N1 et H3N2 dans le produit vaccinal,alors que ce mlange de souches, appelrassortiment, est lune des deux mani-res de crer un virus pandmique ? Bax-ter, qui a agi comme une organisation deterrorisme biologique envoyant des virusmortels travers la plante, sen est tireen disant simplement : Dsol, cest uneerreur ! Ce laboratoire a dj t impli-qu dans de graves scandales entre autresdes composants contre lhmophilie ontt contamins, accidentellement parle VIH et injects des dizaines de mil-

    liers de personnes. Cest eux aussi quiont inject aux soldats partant en Irakdes produits prtendument destins les immuniser contre une pseudo-guerrebactriologique que lennemi ,(BRRRRREEEEE ! a fait plus peur queles Irakiens !) avait prvu dactiver,comme leurs armes de destructions mas-sives. Rsultat chez beaucoup de soldatsdes consquences dramatiques notam-ment sur le plan neurologique et psychi-que, dpressions, suicides, hallucinationset autres gteries qui furent un peu vo-ques dans les mdias fransouzes Cequi nempche pas lOMS de commander ce labo un vaccin contre le virus H1N1

    En France, la sinistre de la Sant et desSports est prsente comme une rfrencedans son domaine puisque pharmacienne,NON ! Elle fut propritaire dune phar-macie et na aucun diplme de doctorat enpharmacie. Le proprio dun restaurant nefait pas pour cela la cuisine, chez Miche-lin, le singe, na jamais fabriqu un pneu.

    Histoire denfoncer le clou, abordons lesujet de la grippe espagnole , toujoursen provenance de chez les pauvres, alorsquelle est apparue chez les tasuniens

    amerloques, dans ltat du Kansas dans lecamp militaire de fort Riley. Avant leurdpart pour lEurope, les soldats cobayes(comme aujourdhui, dans larmefranaise) de ce camp furent massivement

    vaccins, les militaires constatrent ungrand nombre de morts immdiatementaprs les injections, dautres ont mani-fest (ne rvez pas ! pas dans la rue !) dessymptmes des maladies dont ils taientsupposs tre protgs. Chaque anne enFrance, nombre de personnes se font vac-ciner contre la grippe, peu aprs ilsdveloppent les symptmes de la grippeet le pharmacien ou leur mdecin de leurdire : Voyez, heureusement que voustiez vaccins !

    signaler le mouvement des infir-

    mires, syndicats SNPI, CFE, CGC, quije le rappelle avait fait reculer le grandhumaniste, copain du socialisme mitter-randien , aujourdhui me dit-on, seraitsinistre dtrangres affaires ? Donc, cebienfaiteur de lhumanit a fait voter uneloi qui stipule que les infirmires et aides-soignantes ne sont plus tenues dtre vac-cines contre lhpatite B du fait desdommages (sclrose en plaque, etc.) etdes risques encourus face aux avantagesnon prouvs. Ledit syndicat estimequune vaccination massive contre unvirus relativement bnin prsente desrisques, du fait dun produit trop rapide-ment dvelopp et de son adjuvant, AS03,susceptibles de dclencher des maladiesauto-immunes.

    Le rapport bnfices/risque du vaccinH1N1 : dun ct une semaine de grippe,de lautre une probabilit faible maisdfinitive davoir une maladie neu-rologique ou auto-immune. Ce syndicattravaille en collaboration internationale,et ces personnels de sant estiment que leremde risque dtre pire que le mal.Daprs elles, le H1N1 est trs contagieuxmais faiblement agressif.

    En 1976, aux EU dmerdloque, cemme vaccin sur 46 millions de vaccins,4 000 environ ont port plainte pour effetssecondaires graves. LOMS aprs destudes a constat une augmentation de

    syndromes de GUILLAIN-BARRE (ren-seignez-vous sur ces syndromes, la mort yest assure et de manires fort amusantes)et du fait de ce constat alarmant, lOMS adcid de retirer le vaccin du march.

    Les informations et les mises en gardede ces professionnelles de sant sontlongues et fournies, aussi Creuse-citron,(qui ne recule devant rien !), met en placeun site Internet, sur lequel nous pourronsdialoguer et fournir laccs divers docu-ments dinformation et aussi des textes deloi et des courriers types faire signer par

    votre mdecin, ou le maire de votre com-mune, votre tlier, ou mme la prfecture.Ainsi que des sites de diverses associa-tions, non sectaires, qui uvrent pourlinformation et la libert dtre ou de nepas tre vaccin. GABAR

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    10 Capitalisme la poubelle

    Dans le cadre de votre activit professionnelle (milieu mdical, grande distribution, par exemple) vouspouvez tre contraint par votre employeur de vous faire vacciner. Vous tes mre ou pre de famille votrepetit dernier va la crche : on peut exiger quil soit vaccin. Dans toutes sortes de cas ce courrier estimparable ainsi quinformatif pour votre mdecin.

    DEVANT LA MENACE de pandmie aviaireH1N1, les autorits sanitaires recom-mandent la vaccination pour tous.

    Avant daccepter cette vaccination, jesouhaite, dans le respect de la lgislationen vigueur, recevoir du corps mdical uneinformation claire, transparente et appro-prie ainsi que lassurance que ledit vac-

    cin est sans danger conformment lobligation de prudence rappele par ladirective communautaire du droit de laconsommation du 25 juillet 1985 qui dispose quun produit est dfectueuxlorsquil noffre pas la scurit laquelleon peut lgitimement sattendre .

    Jentends donc recevoir lassurance parle mdecin que :

    la vaccination ne pourra en aucun casactiver des fonctions effectrices inappro-pries,

    ce vaccin est totalement dpourvu

    dADN contaminant htrogne, ce vaccin ne pourra entraner ni

    altrations chromosomiques, ni muta-tions, ni retour du virus la virulence,

    quaucun variant des virus vaccinaux action pathogne ne pourra se produirepar le phnomne de complmentation oude recombinaison,

    que cette stimulation antigniquenentranera pas de perturbation de monsystme immunitaire, notamment unemodification, transitoire ou prolonge, durapport T4/T8, comme cela a dj t

    observ (cf. M. Eihl, J. Mannhalter et G.Zlabinger, New England Journal of

    Medecine, vol. 310 de 1984), que la vaccination nexercera aucune

    action pathogne sur lquilibre endocri-nien (notamment la survenue de diabte,comme cest le cas avec le vaccin anti-hpatite B, cf. Pr. Barthelow Classen,

    New Zealand Medical Journal, 24 mai1996), et le statut humoral,

    que lventuelle persistance virale nepourra tre la cause daucune maladieauto-immune ni daucune altration du

    systme nerveux central, quaucune raction allergique aux

    divers adjuvants des vaccins ne pourra seproduire,

    que je ne risque pas de prsenter unemyofasciite macrophages, laquelle peutapparatre dans un dlai de quelquessemaines plus de trente ans aprs toutevaccination faisant appel lhydroxydedaluminium, (cf. Gherardi et al.,Macrophagic myofasciitis : a reaction tointramuscular injections of aluminium

    containing vaccines in Journal of Neu-rology, n 246, 1999). Il en est de mmepour le MF 59 utilis par le laboratoireNovartis,

    que je ne prsenterai aucun risque dedvelopper ultrieurement une maladiedAlzheimer ou un cancer au point din-jection de vaccins en rapport avec cethydroxyde daluminium, lequel estresponsable, chez les animaux domes-tiques, dune vritable flambe de can-cers : selon une tude ralise entre 1982et 1993, dans 258 cliniques amricaines,

    le nombre de cancers chez les animaux decompagnie a en effet t multipli par 11.Cette volution est dautant plus inqui-tante que le nombre de sarcomescutans au point dinjectionvaccinale, faisant appel lhydroxyde dalumi-nium, a t multiplipar 18,4, tandisque celui dessarcomes endehors desp o i n t s

    d i n -j e c -tion

    na t multipli que par 5,7 (cf. Lester,S. & al.,Journal of the american animalhospital association, 1996).

    Ds que jaurai obtenu toutes lesrponses crites de la part du mdecin mes interrogations lgitimes, je serai suf-fisamment inform(e) pour vous apporter

    mon consentement ou mon refus clairconformment la dernire loi sur lesdroits des malades (loi 2002-303, du4 mars 2002, publie auJournal Officieldu 5 mars, sur le consentement libre etclair).

    Le .

    Signature

    N.B. : Un double de ce certificat estadress au Prfet du dpartement ainsi

    quau maire de ma ville.

    Pandmie (suite et stop)

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    LES ENJEUX nont pas chang, ils sont lesmmes depuis des sicles, depuis lap-parition de ltat moderne. Depuis quelactivit des marchands a envahi lensem-ble de la socit, nous ne connaissons plusquune vie sociale en implosion, o touteforme de vie collective tant soit peuautonome doit fatalement disparatre. Lapense du marchand est, comme toute pen-se digne de ce nom, pratique, elle estcomme toute pense digne de ce nom, unepense spculative, elle spcule sur unchange qui na pas encore eu lieu, sur unchange venir, cest une pense spcula-tive et pratique, une pense effective, ellesupprime sans cesse le travail dautrui dansun change marchand futur. La pensespculative du marchand est la pense quianime imprieusement toute lactivit denotre monde, elle a pris la forme objective

    du capital. Il sagit du capital financier,videmment, de largent, et cette pense sesitue entre la production de marchandise, letravail quelle supprime dj en pense(largent comme spculation) et lchange marchand (lar-gent comme ralisation de lapense).

    La production de marchan-dises, ce quon appelle le tra-vail, na plus rien voir avecle travail dantan, avec le tra-

    vail des esclaves dautrefois,ce nest plus le fouet qui faittravailler les esclaves moder-nes, mais bien la pense dumatre dans la tte desesclaves, pense qui a pris laforme objective de largentTout rapport social, disonstoute vie sociale, est dter-min par la pense, et cettepense est la pense delchange. Elle a pu tre lapense des hommes et des

    femmes pratiquant entre euxlchange selon des rglescommunes reconnues partous, elle a pu tre celle dune

    aristocratie ayant instaur un rapport devassalit au cur de la socit. Avec lemonde marchand ou capitaliste, nousavons affaire un rapport social deshommes entre eux dtermin par une pen-

    se spare, qui leur est trangre et quiest trangre la vie sociale elle-mme.Cest le paradoxe du monde capitaliste etaussi son ct totalitaire : un monde quise nourrit de la ruine de toute vie sociale.

    Voil des gens, les marchands, qui se sontmancips des rgles de la vie communepour imposer leur mode dtre lensem-ble de la plante, dtruisant toute vie col-lective, nous contraignant ntre plusque des individus abstraits leur image,des individus rduits leur ego, en fait ausentiment intrieur dun manque indicibleque nous cherchons frntiquement satisfaire dans une guerre de tous contretous.

    La domination de la socit marchandeest telle quelle a rendu dfinitivementcaduque toute autre forme de domination.Cette domination complte a mis nu ledernier bastion de la rsistance au totali-tarisme de la pense, tous les autresrecours (tat providence ou tat chrtien,tat progressiste, tat despotique) nont

    fait que prparer et soutenir lavnementde la domination capitaliste.

    Cette puration de lhistoire nous con-duit reconnatre dans lexis-tence des peuples ou dans lareconstruction dune vie col-lective fonde sur des rglesdchange mutuel la seuleopposition possible au totali-tarisme, la seule critiquerelle au despotisme de lapense. Cest le privilge

    dune poque davoir misface face les deux ples dela pense et dannoncer notrefin ou notre rsurrectionimprobable.

    Au Mexique existe encorela possibilit dun dialogueinterculturel entre les rfrac-taires la socit dite occi-dentale et le monde indienattach une culture, uneorganisation sociale qui luiest propre et qui peut, par cer-

    tains aspects, se prsentercomme une alternative aumonde capitaliste.

    Pour un monde sans marchands

    Georges Lapierre vit et nous fait partager lbullition sociale au Mexique, notamment avec La Com-mune dOaxaca . Dans des extraits de ce texte encore indit, il nous livre ici ses rflexions sur la gnra-lisation de la socit marchande. LAN NOIR

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    LE SALARIAT est une forme desclavage.Qui voit sa vie prise en otage par lecaprice des puissants ne saurait se consi-drer comme libre. La diffrence entre les

    Gabonais et les Franais est celle qui pour-rait exister entre un chien auquel on con-cde un panier au chaud et quelquesfriandises, et lne sous-aliment qui dortdehors, attach la meule, et crve debout.Lne hait ce chien qui parfois lui mordles mollets et se croit chez lui. Le chienmprise lne qui lui broie son frichti. Cestque lun est domestique et lautre esclave.En dautres termes, lun sert le matre etlautre sert au matre.

    Le consentement fait de la domesticitla forme la plus rpugnante de lescla-

    vage. tout ordre il faut lapprobationdes masses qui ont le droit de sexprimer.Le domestique rle dans les microtrottoirset met son bulletin dans lurne. On mesurelabme qui spare le verbe sexprimer du verbe dcider . Lesclave ne sex-prime ni ne dcide. Ou du moins il sex-prime dans les espaces bouds par lesmdias dits populaires, ceux qui ont uneassiette suffisante pour asphyxier le plusgrand nombre sous leur diarrhe din-sanits.

    Que dit lesclave dans

    ses blogs ?Des choses amu-

    santes. Il traite denotions tout fait srieu-ses labores par lesexperts, comme cellede marge dincertituderelative en matirede scrutins. Cettemarge, en France,peut reprsenter 5 6 %de llectorat, ce qui estbeaucoup : ceux qui ont vot au premier

    tour ne voteront pas forcment au second,ou le contraire, ou ils dmnageront, ouils voteront blancs ou nul, etc. Au Gabon,les experts (franais, est-il besoin de le

    prciser) constatent que depuis 1993 lecorps lectoral varie entre 450 000 et950 000 lecteurs, ce qui nous donne unemarge dincertitude relative de 500 000

    lecteurs. Pas mal pour un pays peupl de1 500 000 habitants selon le recensementde 1993 toujours, mais dont la population,selon des enqutes raisonnables , nedoit pas dpasser 1 200 000 habitants. Ilse trouve que dans les districts de WoleuNtem, Ogou et une grande partie de lEs-tuaire, les prfets enregistrent pieusementun nombre dlecteurs compatible avec lapoursuite de leur carrire, aussi alatoireet soumise au pouvoir du Prince que celledes prfets franais, cest dire.

    Un autre esclave pose crment la ques-

    tion : comment la France, ce petit payssurendett et sans ressources, continue-rait-elle la ramener sur la scne inter-nationale sans les ressources que luigarantit son cheptel de dictateurs lesquels, en feed-back, sinvitent dans lavie politique franaise coups de valisesde billets. Sarko a peut-tre raison, laFrance na pas besoin de lAfrique.

    En revanche les hommes politiquesfranais, lui le premier, ne seraient que

    bulles de savon sans la maille des dic-tateurs africains. Et les ascenseurs de

    jouer au ping-pong sur un lac de sangsurvol par les vautours. Dailleurs,

    cest connu, la France est neutre auGabon. Babouchi, le nouveau Foccart qui bosse avec Guantlaffirme, tout en

    ajoutant que sonchoix per-sonnel se

    porte surAli Bongo.

    Le seul de

    tous les candi-dats que notre,votre enfin

    leur prsident

    12 Coup de gueule

    Flinguer les riches pour se partager les pauvres ?

    Peut-tre la question primordiale en matire danarchisme est-elle la suivante : est-on capable denvis-ager concrtement une organisation du monde fonde sur la libert et lgalit de tous les humains ? Pourun Gabonais, cette question pourrait se traduire par : ai-je le droit de vivre, de mexprimer, de manger ma faim, de me dplacer comme bon me semble ? Pour un Franais cela signifierait peut-tre : suis-je

    fond rouler avec le ptrole vol, mclairer avec luranium vol, mentourer de prothses lectron-iques avec le coltan vol, recevoir dun tat surendett les miettes puises dans le colossal trsor de

    guerre soustrait aux Africains ?

    connaisse personnellement. Dame, Ali estaux commandes depuis que son augustepre sest mis sucrer les fraises, quelquetemps avant sa mort. Quoi de plus naturel

    alors que lopration disolement du paysaprs ce triste vnement a t directe-ment supervise par le quartier de laDfense Paris, et coordonne par la Mis-sion franaise, tandis que la base militairede laroport Lon Mba, les dtachementspervier et ceux de Dakar-Yoff sevoyaient mis en alerte rouge, aukazo ?Lmir, aprs quarante-deux ans de rgne,pouvait senorgueillir davoir fait de sonpays un des QG de la Franafrique, enten-dez de ce mlange putride de culottes depeau, de services secrets, de socits de

    scurit, de politiciens cupides, de finan-ciers et de grands patrons franais. Legratin, toutes orientations politiques con-fondues, y fricote avec un contingentexceptionnel de tueurs dextrme-droite,de truands patents et de terroristes recy-cls. Libreville ont t concoctesmaintes barbouzeries, comme la guerrecivile sanglante qui a rtabli lhorribleSassou dans ses droits sur les Congolais etles libralits franaises. Et la nave vaEt le fric coulait flots dans les poches deBongo pre, devenu un des hommes les

    plus influents et les plus riches du monde.Pas mal pour un ancien sous-off de lar-me franaise, obscur soutier de la DGSEquon trouve aussi aux prmices dElf,prototype de lentreprise faux nez :une construction scabreuse des servicessecrets, truffe despions comme un corni-aud de puces, vritable machine produiremaille noire et souverainet mafieuse surles nocolonies. Quant aux Gabonais, undtail. Un tiers danalphabtes, un enfantsur sept qui meurt avant lge de cinq ans,et les ptards points sur le foie chaque

    mouvement un peu brusque. Quest-ceque les Gabonais pouvaient lui foutre, Bongo, quand Jupp, Sarko, Jospin,Franz-Olivier Giesbert, Rocard, Tarallo,

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    xxx 3Coup de gueule 13

    Herv Bourges, et jen passe, dfilaient enondulant de la croupe, le cur palpitant,dans sa clbre suite du Crillon, Paris ?

    Un troisime esclave pte un boulon etles exhorte, les Gabonais, descendre

    dans la rue comme les Togolais pour fairela peau tout ce qui ressemble de prs oude loin une tique, afin de recouvrerenfin leur libert et leur indpendance.Malheureux exemple : les Togolaisdcourags, aprs un an de manifestationsrprimes dans le sang, ont laiss le filsEyadema, Faure Gnassingb, continuer faire rgner sur le Togo la paix descimetires, merci Paris. En Franafrique,on ne rigole pas avec la dmocratie. EnFrance non plus dailleurs.

    Bref, prenons garde. La bte immonde

    est en pleine forme, et gorger le matrepour mieux rpartir entre les chiensle frichti moulu par lne serait unchoix peu compatible avec lidal delibert universelle que nous profes-sons. Do vient le fric quon nousvole ? Quelle organisation cono-mique mondiale a permis son accu-mulation ? Sommes-nous capablesdinventer une socit qui ne sen-racinerait sur aucune spoliation ?Jusquo sommes-nous prts, nonseulement nous battre et rous-

    cailler, mais renoncer et inventer ?Car sans la manne des nocolonies,cest net : plus de ptrole, plus dura-nium, de coltan, de phosphates, de

    cuivre, dor, et je ne parle pas de labouffe, plus de toutes ces choses que noussommes accoutums voir dgouliner duciel, ou du moins pas un prix qui lesmette notre porte. Lesclave a raison,

    sans les dictateurs et la spoliation, laFrance est un petit pays surendett et sansdes masses de ressources. Mais le colo-nial way of live vaut-il les millions demorts quil gnre, la faim, la torture,lignorance, la brutalit ? Nous le payons,ce mode de vie, avec le sang des autres.Se dire rvolutionnaire aujourdhui, cestrenoncer cette monnaie sanglante, ettre capable denvisager concrtementmoins de dplacements, moins vite,moins de choix alimentaire, moinsdnergie, moins de biens individuels,

    bref une vie matriellement moins facile.

    La plupart des activits conomiquessont locales. La politique nest quunemanifestation verbeuse des choix cono-miques. Ces choix sont concrets ettouchent los de nos vies. Proprit ou

    pas ? Argent ? Quelles monnaies ?Partage ? Quelle organisation ? Un richeet un pauvre, un propritaire et unlocataire, un patron et un salari jamais neseront gaux.

    Lingalit fabrique la haine et la peur,qui se concrtisent en frustration, en vio-lences individuelles et collectives, eninjustice institutionnelle.

    Lingalit morcelle lespce humaineen factions ennemies incapables de sereconnatre une identit commune.

    Quel type de socit, de rapports

    humains voulons-nous ?Par quoi pouvons-nous com-

    mencer pour dire merde toutes lesingalits, celles qui nous crasent,celles dont nous profitons tous lesjours ?

    Japprends quelle surprise quAli est vainqueur des lections.Les Gabonais, qui les ont perdues (lepeuple perd toujours les lec-tions), dans lexcs de leur exas-pration, brlent quelques btiments

    franais. Pauvret, schlague. Unmdecin pour 5 000 habitants. Laroutine reprend ses droits.

    LAURENCE BIBERFELD

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    14 Capitalisme la poubelle

    Si lon admet quil importe aujourdhui de critiquer cette socit, non seulementpour ses prtendus dfauts (ses consquences cologiques, son injustice), maisbien en elle-mme et pour ce qui est gnralement considr comme ses princi-

    pales qualits , alors la difficult est de rendre compte de faon vridique de cesdernires : dcrire dune manire la fois sensible et rationnelle les formes trs

    particulires de misre quont produites la modernit industrielle, le dsertbruyant, agit de la vie des machines, o les hommes doivent dsormais vivre.

    AVEC LE RECUL de dix ans qui nousspare de sa premire dition, on doitconstater que La Vie sur Terre, de Bau-douin de Bodinat, est lun des livres quisest le mieux acquitt de cette tche dansla priode rcente, en ne craignant pas demettre fermement en pratique cette maximede Ceronetti : Ce monde nest pas respecter puisquil ne respecte plus rien. Onpeut cracher dessus en toute tranquillit .

    Il faut dabord remarquer une qualitlittraire plutt originale dans la critiquesociale (et ailleurs) et une forme de posiesombre non dnue dun humourcinglant parfaitement adquate son

    objet. Il ne faudrait cependant pas voirdans ce livre un quelconque exercice destyle . Cest notre temps prsent quildpeint : le temps de la socit adminis-tre totale et du rgne universel de lco-nomie marchande, qui reconstruisent lemonde et les hommes leur image, touten ravageant la nature et les traces encoresurvivantes de lhistoire humaine qui aprcd.

    Louvrage se prsente sous la formedun long monologue intrieur o se suc-cdent des espces de spculations

    philosophiques sur les contemporains etce qui constitue leur conscience.Ces dveloppements thoriques sont

    entrecoups de tableaux objectifs ,prenant souvent la forme dnumrationsde nouvelles des journaux se tlescopant,ou de descriptions ramasses de la viequotidienne ; ces juxtapositions constitu-ant de saisissants abrgs de notre monde dune duret et dune violence inoues ;et cela dautant plus quils sont notrebanalit quotidienne.

    La relation de notre prsent avec le

    pass est le thme rcurrent de louvrage :relation commune, faite dignorance, dempris, doccultations multiples, laquellelauteur oppose sa propre position ou sen-

    sibilit : la prfrence dun pass vivant(et qui avait encore un avenir) contre un

    prsent mort (et o plus personne noseenvisager lavenir qui sannonce).On se tromperait cependant en se

    dbarrassant de Bodinat sous ltiquettede nostalgique ou de conserva-teur :

    Ce nest pas le pass que je regrette,cest le prsent que je trouve regrettable.

    Et ailleurs : Et qui parle de retour en arrire ? Qui

    ne voit devant nous linvention de la trac-tion animale comme un progrs immense,une prodigieuse amlioration de nos

    murs, la transformation de ce camp deconcentration en une amusante villgia-ture sous un ciel entirement nouveau ? .

    Le principal objet des analyses mtho-diques de louvrage, cest la manire dontla vie la plus moderne transforme le psy-chisme des contemporains ; cest lme lpoque de la deuxime rvolutionindustrielle .

    La thse qui guide ces recherches, cestque les contemporains sont les victimesdun extraordinaire rtrcissement de la

    conscience et de la sensibilit, qui necesse de saccentuer avec le dveloppe-ment de la socit totale et la prolifrationde ses machines, et qui seul permet endfinitive dexpliquer la soumissiongnrale.

    Lauteur, en bon matrialiste, considreque les hommes sont le produit de leursconditions dexistence . Pour autant, il nesinterdit pas de parler des ralits fines, impalpables , de la vie de lesprit.

    Au contraire, il dcrit la prtention du

    rationalisme morbide de tout rduire des ralits mesurables, quantifiables, etdonc manipulables souhait, comme laforme de folie qui faonne notre poque.

    Ou plusp r c i s -

    m e n tc o m m eune per-ception durel abso-l u m e n tlogique et ration-nelle dupoint devue del cono-mie marchande, du systme social qui sest

    autonomis des hommes et de leurs be-soins rels, pour vivre sa vie propre.Sans aucun doute, du point de vue de

    lconomie, lme et le reste nexistentpas, et les hommes eux-mmes ne sontque des moyens de son fonctionnement.

    On pourrait lgitimement voir dans cetouvrage une actualisation contemporainede la critique de la vie quotidienne quedfendaient les situationnistes, et unemticuleuse dissection des fruits pourris dela survie augmente que ces derniersavaient critique dans les annes 1960.

    Quarante ans plus tard, il nest cepen-dant plus question de reprendre soncompte une quelconque confiance dans leprogrs, ni de trouver un quelconque bon ct au dveloppement desforces productives .

    En dfinitive, voil le sujet du livre :tudier lidologie du progrs, dans sesdiffrentes composantes haine du passet de la mmoire (qui a lavantage de pro-tger notre prsent de toute comparaison),rationalisme morbide, promesse dunelibert aussi totale que vide de tout con-

    tenu, rejet ou plutt refoulement de toutelimitation, et notamment de la nature et dela nature humaine, de lindividualit, dela mort, etc. mais ltudier partir de

    Devant le tableau noir loccasion de la rdition du livre La Vie sur Terre

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    xxx 3Capitalisme la poubelle 15

    ses rsultats, tant spirituels que matriels : partir du tas de dcombres, ou du campdenfermement, de lusine automatise,de la rserve, etc., en quoi le monde a ttransform en quelques dcennies. Dcrire

    en sommecommentf u r e n teffective-m e n ttenues lesp rome s -ses du P r o -g r s ,d s o r -m a i sp a r t o u t

    d m e n -ties dansles faits,mais dontla lented c o m -pos i t ioncontinuedempu-a n t i r l atmos-phre.

    On a pu reprocher ce livre unenoirceur dcourageante. Lauteur ne sencache pas et place en exergue de sontome 2 cette citation de Blanqui : Rien lpour flatter beaucoup la soif du mieux.Quy faire ? . Cependant, il y aurait quel-que chose dun peu puril demanderpour cela : Que faire dun tel livre ? . Sises analyses sont bien exactes, la questiondoit plutt tre : Que faire dun telmonde, et de tels hommes, et notamment,quy faire de sa vie ? .

    Il est indniable que louvrage nap-porte gure de rponse cette question.On peut bien y voir un dfaut, mais il nejustifie absolument pas de se priver duntableau si vridique et si complet.

    Et puis a-t-on entendu si souvent despropositions convaincantes sur ce quilconviendrait de faire aujourdhui ?

    Il faut noter une absence voisine dans lelivre de Bodinat. Lintention de lauteurest de dcrire la misre la plus moderne,den saisir le cur, et en mme temps lu-niversalit, induite par le processus dex-pansion infinie du capitalisme.

    Cette description naccorde gure deplace aux marges de libert persistant

    encore, aux mises distance que chacunpeut sefforcer doprer davec le dfer-lement en cours (ne ft-ce que par lechoix de son domicile ou de son mtier,par les appareillages technologiques

    quon spargne, etc.).

    Ceci dit, nul ne peut nier le peu de margede manuvre dont on dispose pour sedfendre de la plupart des manifestationsdenfermement voques dans le livre.

    Plus prcisment, ce qui dfinit toutenfermement, cest que lon est dedans ;en loccurrence dans la globalit capita-liste quipe technologiquement et deve-nue visiblement folle : dans son espacemondialis, et plus encore dans son tempset son esprit . cela il nest rien

    faire : on ne peut pas appartenir uneautre poque qu celle-ci.Lauteur ne veut visiblement pas laisser

    une occasion de dire : Finalement, a neva pas si mal, il y a des aspects positifs,etc. , en vacuant ainsi lessentiel : la cohrence oppressive de notre organi-sation sociale.

    Ignorer quune telle lecture peutsavrer douloureuse serait nier lvi-dence.

    Mais qui ne pressent dj ce qui est iciexpos ? En mettant des mots approprissur ces banales intuitions de notre dpos-session, cest un pas vers une mise dis-tance libratrice que peut permettre celivre. Et peut-tre, un soutien prcieuxpour choisir dfinitivement son camp.

    En ce sens, la recherche de la luciditnest pas seulement une question demorale ou de got. Cest aussi une armepour se dfendre dun monde ignoble.Cest un moyen, sans doute non suffisantmais nanmoins indispensable, pour trou-ver un air plus respirable.

    Comme toutes les interventions impor-tantes de notre poque,La Vie sur Terre setrouve face une contradiction peut-treinsoluble : comment dfendre lesprit dervolte et la soif du mieux , la critiqueet la dtermination, tout en disant, lemieux possible, la vrit sur une situationhistorique pour le moins dcourageante ?

    Un proverbe enseigne quil nest nulbesoin desprer pour entreprendre . Ilest srement ncessaire de reprendre son compte une telle fermet. Notrepoque nest certes pas la seule avoir tdsesprante pour ses habitants, pas laseule avoir t perue comme un

    monde sans vasion possible .Cependant, on sait bien quil est diffi-

    cile dentreprendre quoi que ce soit, si lonnest pas port par une forme ou une autredesprance.

    Laccablement ne dispose pas la libert, lenvie de se battre, ni mme la recher-che de la vrit : la pense ne peut passappuyer uniquement sur elle-mme.

    Cest pourquoi aujourdhui, rechercherdes terrains o vivre et prouver unpeu dair et de libert, sessayer cons-truire et exprimenter, est indispensable.Dfricher ou dj explorer de tels terrainsest une tche essentielle de lheure, litt-ralement de salubrit publique . Pourdserter, autant que faire ce peut, les ter-

    res gtes de lpoque, il faut pouvoir,un tant soit peu aller en habiter dautres.Pour le dire autrement, si nous avons

    besoin de savoir prcisment les raisonsde dtester cette poque et le mondequelle a produit, nous avons tout autantbesoin de savoir, dprouver un peu, de nepas oublier, les raisons daimer le mondeet la vie. Sans ces raisons en effet, aucunecritique, aucune rvolte nont de sens.

    Pour autant, on ne peut aspirer une lib-ert authentique, on ne peut souhaiter dessocits humaines, sachant se dfendre dela domination et de la manipulation, sansfaire de la recherche sans concessions dela vrit lune des plus hautes vertus poli-tiques ; sans sefforcer, donc, de combat-tre les illusions.

    Que de telles exigences contradictoiressoient difficiles tenir, cest indniable.Mais quel autre choix aurait-on ? De toutefaon, il est vain, et un peu indcent, de seplaindre (et puis dabord, auprs de qui seplaindrait-on ?)

    Pour qui ne se satisfait pas des incanta-tions, oprations magiques sur le langage,et autres dnis de ralit quaffectionnenttant de prtendants rvolutionnaires con-temporains, il importe de ne pas confon-dre sa volont, ses aspirations, sestentatives, avec la recherche dunedescription la plus exacte possible de laralit sociale : nous ne sommes pas libresdevant lanalyse, devant la ralit. Je veuxdire que nous ne pouvons pas choisir dig-norer la ralit sans risquer den subirensuite quelques regrettables con-squences.

    CDRIC

    BAUDOUIN DE BODINAT, La Vie sur Terre. Rflexions sur le peu davenir que contient le temps o nous sommes,ditions de lEncyclopdie des nuisances, 2009.

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    Mmoire aux poings - 17

    CE 11 NOVEMBRE, COMME DHABITUDE,NOUS ALLONS NOUS RETROUVER AUTOURDU MONUMENT AUX MORTS DE GENTIOUXPOUR CONDAMNER COLLECTIVEMENTTOUTES LES GUERRES, QUELLES QUELLESSOIENT.

    ET COMME CHAQUE FOIS, certains vontentonner leur couplet pour demanderla rhabilitation des fusills pourlexemple, emboitant le pas de grandspacifistes comme Lionel Jospin en 1998,Jean-Marie Bockel, secrtaire dtat aux

    Anciens Combattants, en 2008 ou leConseil gnral de lAisne qui va jusquproposer un vu pour lareconnaissance des soldats condamnspour lexemple comme combattants de laGrande Guerre part entire .

    La Libre Pense, lARAC (uneassociation danciens combattants prochedu PCF), la LDH et lUnion pacifiste deFrance militent dans ce sens depuisplusieurs annes.

    La Ligue des droits de lhommecommunique ainsi en novembre 2008 : Il faut rouvrir les dossiers des fusillspour lexemple de 14-18. loccasion dela commmoration du 90e anniversairede larmistice de 1918, la Ligue desdroits de lHomme demande que larhabilitation des fusills pour lexemplevictimes de condamnations arbitrairesdes tribunaux militaires soit poursuivie,pour que justice soit rendue ceshommes et que leur mmoire sorte deloubli .

    Drle dambigit ! En quoi leurrhabilitation aura-t-elle pourconsquence de sortir leur mmoire de

    loubli ? Tant que les fusills pourlexemple restent au ban de la nation nous entretenons leur mmoire commeexemple de la barbarie et de larbitrairemilitaires. La rhabilitation a pourobjectif de reconnatre les condamnspour lexemple comme des soldats partentire, comme les autres. Sils sontrhabilits, leurs noms seront peut-tremme inscrits sur les monuments auxmorts et leur mmoire sera nivele aveccelle de tous les autres morts de laguerre. Les monuments aux morts qui

    proclament maudite soit la guerre sont bien peu nombreux, la majoritglorifie le sacrifice pour la patrie. Il nesagit pas ici de critiquer le sentimentdinjustice que lon ressent face

    larbitraire militaire ni cette volont dedemander justice, mais de prendre durecul quant ce sentiment spontandinjustice. qui demande-t-on justice ? un tat-nation militariste.

    Il y a dans cette volont derhabilitation comme une tentativervisionniste : il sagit en quelque sortede rcrire lhistoire. Condamns pourlexemple ils lont t, il ny a aucuneraison de vouloir gommer cetteexemplarit. Les rhabiliter, cest vouloirnormaliser leur mort. Et cela ne peut seconcevoir que si lon se sent concernpar lide de nation, de nation quil fautdfendre contre des ennemis. Il ny aaucune raison que quiconque,aujourdhui, se sente concern, impliqu,responsable de ce qui sest pass en 1914-

    1918 ou nimporte quand avant sa

    naissance. Les ides de nation et depatrie me sont trangres et je vomislexistence de ltat : pourquoi irais-jejouer les redresseurs de torts pourgommer lignominie de ltat franais ?Sauf me sentir partie prenante de cesmonstres froids que sont la nation etltat.

    Que dardents dfenseurs de la Nationet de ltat entament cette dmarche, apeut se comprendre, mais que des gensqui se disent pacifistes, qui seproclament sans dieu ni matre, quimilitent pour la sociale et sontinternationalistes, voire anti-nation,sembarquent dans la mme charrette,cest plus difficile avaler.

    Que cherchez-vous avec ce rvi-sionnisme ? rformer la faon de faire

    la guerre : vouloir rhabiliter les fusillspour lexemple cest faire dire ltatque ces jugements taient indignes et quela prochaine fois a ne se reproduira pas.Vouloir faire admettre ses torts ltatcest admettre quil puisse se conduirediffremment, cest conforter sonexistence.

    Ma seule faon denvisager cettequestion cest dessayer de me mettredans la peau dun de ces soldats. supposer que dans les mmescirconstances jai eu le courage de mettre

    la crosse en lair, je crois que je meretournerais dans ma tombe sijapprenais quon veut me considrercomme un soldat mort pour la patrie.

    PATRICKFAURE

    Fusills deux fois

    pour l'exemple

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    18 - Mauvaises lectures

    Quitter son point de vue : quelques

    utopies anarcho-littraires d'il y a un

    sicle. Caroline Granier. Introductionet conclusion de Michel Antony.ditions du Monde Libertaire, 2007.117 p., 10.

    Utopie ... Ce mot, insparable deses enjeux politiques et sociaux, est aucentre de nombreuses polmiques.

    L'utopie (tymologiquement : le non-lieu ) n'est-elle pas nomme ainsi pourjustifier sa mise l'cart de l'histoire, dela socit ? Il est des projets que lesautorits prfrent situer en terresd'ailleurs ou d'utopies afin de ne pasaffronter la part de rel qu'ilscontiennent.

    Car toute utopie, c'est dire touteperspective d'un devenir meilleur, prendsa source dans des ralits concrtes :l'imaginaire cherche transformer lesrapports sociaux existants pourconstruire une socit idale. C'est partir du dix-neuvime sicle que lesutopies, pendant longtemps conuescomme l'laboration ludique d'un ailleurssans interfrence avec la ralit sociale,se trouvent pleinement engages dans le

    monde (on parle alors d'utopiessociales ), prenant valeur deprogrammes socio-politiques.

    Les uvres dont nous parlons ici nesont pas toutes de vritables utopieslittraires stricto sensu , mais parfoisde simples fictions faisant appel l'imaginaire utopique. Si toutes ont tconues au tournant d'un sicle (entre1874 et 1905), toutes nous semblentencore trs actuelles.

    L'originalit de ces rcits est qu'ilssituent l'utopie comme une tape,inscrite dans le devenir historique, enliaison avec la rvolution : l'utopieanarchiste n'est pas circonscrite une lebienheureuse, mais s'introduit dans ladimension d'un devenir, dcrit lemouvement mme de l'histoire.

    notre tour, promenons-nous sur lestraces - et les rves - d'Andr Lo(1874), Jean Grave (1905), Han Ryner(1904), Bernard Lazare (1897), LouiseMichel (1886-7) et Georges Eeckhoud(1899).

    Il s'agit bien pour les anarchistes dedbarrasser l'utopie de sa confusion, enla dlivrant de son aspect idologique de

    dissimulation du rel. L'utopie est alorsce pas de ct qui nous aide repenser le rel (ce qu'est la famille, laconsommation, etc.), pas de ct qui,en nous amenant penser autrement,nous oblige agir autrement. L'utopieapparat donc, paradoxalement, commece qui touche au rel dans un monded'artifices. Et de fait, la plupart desromans s'accordent pour dcrire lemonde rel comme un monde desimulacre, de spectacle.

    La drive idologique de la psychiatrie :

    quand le prsident se prend pour un

    psy, c'est la France qui devient folle,Olivier Labouret. Eres, 2008.

    L'auteur, mdecin psychiatre, veut

    dmontrer la collusion entre le politique,le patronat, et les grands groupespharmaceutiques, qui conduit unedshumanisation et une culpabilisationde nos comportements, un isolement de

    l'individu mis en concurrence avec soncollgue de travail. La haine, la paranos'emparent de nous et ces inquitudesdoivent trouver une compensationimmdiate : consumrisme, achatscompulsifs, dcouverts bancaires,comportements crateurs d'angoisses etde culpabilit, repli sur soi. Le sujet estangoiss, il ne dort plus ou mal, lafatigue influe sur son comportementprofessionnel, familial et social. Lasolution est la consultation psy avec prisede produits pharmaceutiques pour tenir etrester performant ; l'ultime rflexe de

    rvolte est de retourner la violence contresoit, la rvolte contre une socit tueusetant considre comme une attitudedviante, hors norme signe d'uneinadaptation sociale pathologique. Il estintressant d'observer comment lesmdias, porteurs de la propagande,soulignent le fait que telle ou tel suicidtait suivi pour dpression suite desproblmes familiaux, sa qualit de vieimporte peu.

    La psychiatrisation outrance et laculpabilisation de n'tre pas un bon

    citoyen, taient l'apanage des paystotalitaires : la slection des plus ap-tes , prne par Herbert Spencer, suiviepar Alexis Carrel et en France parCharles Richet a conduit l'limination

    des mauvais et les thses gnocidairesque l'on sait. Aujourd'hui, en Europe, enFrance, dans tous les pays riches, c'est lecitoyen qui se gnocide, nous sommesdans la socit parfaite, celle du silencede la gouvernance managriale -privatisation qui nglige les problmespsychologiques et sociaux des individus.

    Charlie Chaplin dans Les tempsmodernes devient fou et deux infirmierspsychiatriques viennent le chercher. Cequi faisait rire hier est aujourd'hui notrequotidien.

    Ce que dnonce ce livre c'est laparticipation, complice, inquitante, desgnralistes et des psychiatres cettenormalisation des individus.

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    Revue de crise - 19

    Cet t, un membre de l'quipe deL'Envole (Pour en finir avec toutes lesprisons) est venu sur le Plateau de Mille-vaches et a particip un dbat sur l'en-fermement.

    C'est l'occasion de rappeler l'existencede ce journal critique du systme carc-ral et judiciaire, et du monde qui le g-nre. Dans son dernier numro (n 25 -mars 2009), nous pouvons retrouver,bien sr, nombre de lettres, tmoi-gnages... d'emprisonns. Seules vri-tables informations sur cet universdshumanis que la plupart des ci-toyens n'ont de cesse de rejeter ou de

    faire semblant d'en ignorer l'existencemme. D'autres crits sur la carcralisa-tion de l'hopital psychiatrique , lessuites de l'incendie du centre de rtentionde Vincennes... nous sont aussi prsents.

    Il est, peut-tre, intressant de citer unextrait de leur prsentation pour mieuxcomprendre le sens du travail ditorialqu'ils dveloppent au fil de leurs num-ros : S'attaquer l'enfermement, c'estforcment s'en prendre aussi tout cequi fabrique, rforme, perfectionne lecontrle social hors des murs des prisons: le formatage des "citoyens" ds le plus

    jeune ge, le salariat prcaris ou per-pte, l'urbanisme qui flique les villes etquadrille les espaces sont bien le pen-dant de la construction des prisons .

    Rfractions (recherches et expressionsanarchistes) dans son numro 22 duprintemps 2009 colle au plus prs de l'ac-tualit antiterroriste avec un impor-tant dossier consacr au rveil desillgalismes . Les premires phrases del'ditorial sont suffisamment claires pourne pas avoir de doutes quant aux inten-tions de la commission de rdaction :

    Le capitalisme tangue. Les dominants

    s'affolent. La rpression s'tend. Les loisd'exception reviennent. Le fichage de lapopulation se veut exhaustif. Le Rgimecraque, qu'il crve ! La destruction d'unrgime inique qui accapare les richesseset distribue la misre est une ncessit

    pour toute volont cratrice . Le dossiernous rappelle une certaine traditionanarchiste et syndicaliste rvolutionnairedj mise en avant par James Guillaume l'poque de la Premire Internationale.Et celle-ci loin de verser dans un illga-lisme aux ordres, bien au contraire, est pa-re de toute la lgitimit que luiconfrent l'espoir et les sacrifices d'unepopulation dos au mur !

    Une fois de plus, le trimestriel d'offen-sive libertaire et sociale , Offensive(n23 septembre 2009) nous propose

    un dossier, Construire l'anarchie quine peut laisser indiffrent le mouvement.Et les auteurs n'y vont pas par quatre che-mins : la mouvance libertaire ronronnesans doute un peu trop, arc-boute surdes conflits et positionnements antdi-luviens qui mriteraient d'tre question-ns, ractualiss...Et comme tout milieu,les anarchistes se complaisent autour dequelques certitudes. En "bonanarchiste", il fallait les interroger : l'ill-galisme est-il forcment le signe d'unepratique libertaire ? Le pouvoir peut-iltre combattu ? tre anarchiste peut-il

    suffire nous unir ? Quels fantasmes secachent derrire nos envies de rvolution? . Un beau programme de rflexion enperspective. nous de nous l'approprierpour forger un peu mieux les armesindispensables la destruction de cemonde capitalisme que nous honnissonstant !

    Dans son numro de rentre (n 188 octobre 2009), Alternative libertaire re-vient sur la botte franaise enAfrique . Sur une double page, elles'interroge avec Raphal Granvaud del'association Survie en se demandant ce

    que fait l'arme franaise enAfrique ? .Les dgts de la Franca-frique sont dtaills sur une grande cartetrs complte, bien illustre et facile delecture.

    Gavroche (revue d'histoire populaire)n'oublie pas Ren Lefeuvre, socialiste r-volutionnaire (1902-1988). Avec un as-sez long article, dans son numro 159 dejuillet-septembre 2009, elle retrace l'iti-nraire de ce militant qui a consacr sa

    vie la dfense de la classe ouvrire travers la cration et la perptuation desditions Spartacus . Grce celles-ci,aprs 1968, de nombreux textes oublismais d'un intrt certain purent tre mis la disposition des compagnonsanarchistes. Aujourd'hui encore, aprs ladisparition de leur crateur, elles conti-nuent leur travail ditorial original.

    Une fois n'est pas coutume, mais ledernier dossier du Canard enchan(oc-tobre 2009) "Je te vois !" Fils ! Fic-hs ! Fliqus ! Comment nous sommes

    tous sous surveillance ? ne peut quenous intresser. Cette publication fait untour des plus complet des nouveauxfichiers de police aux nanotechnologies,de la vidosurveillance aux portables quinous pistent ainsi que des ordinateurs quigardent en mmoire la trace de tout ceque nous croyons avoir effac.

    Signalons encore l'arrive dans lapresse crite de Bakchich (septembre2009) bien connu pour son site webd'informations plus ou moins politique-ment incorrectes avec son hebdoma-

    daire,Bakchich hebdo.

    Le Grand Soir peut encore se lever de bon matin

  • 7/31/2019 Creuse-Citron N22

    20/20

    20 - Vous tes cerns

    La copie et la diffusion des textes publis dans ce journal sont libres et fortement encourages. IPNS

    O trouverCreuse-Citron ?

    Aubusson :BarAu Fabuleux Destin, 6 rue Roger Cerclier.BarVolup'th, 57, rue vieille.Bussire Dunoise :Bar restaurant Le TilleulChampagnat / St Domet : tang de la Naute.

    Chaussidoux : Bar Restaurant La Stabu.Chavanat La Roussille : Le Papillon rouge.Eymoutiers : Librairie Passe-Temps.Felletin : Bar-tabacLe Troubadour.

    Guret :Bar-tabac Le Balto, place du March.Coop des champs, rue de LavilatteLibrairie Les Belles Images, rue E. France.LibrairieAu fil des pages, place du MarchBar-tabac Le Bolly, 2, rue Maurice Rollinat.La Souterraine : Sandwicherie Le Damocless, 6,

    impasse St-Michel.Limoges :Local associatif Undersounds, 6, rue de Gorre.Woodstock boogie bar, 18, av. Montjovis.

    Moutier-Rozeille, La Clide : Atelier de sculpture.Royre : BarLAtelier.St-Loup : RestaurantLe P'tit loup.Sardent :BarChez Bichette.BarChez Josiane.

    et bien sr dans les manifs et rassemblements.

    galement tlcharchable sur Internet :http://creuse-citron.revolublog.com/

    Numro ralis avec le logiciel libre

    SCRIBUS. (www.scribus.net)Plate-formes : Linux, MacOs X,

    Windows

    Creuse-Citrons'adresse tous ceux et celles qui luttent contre la falsification del'information et la diffusion gnralise de l'idologie librale. C'est unjournal indpendant et libertaire qui s'interdit toute exclusive et toutproslytisme en faveur de telle ou telle organisation syndicale oupolitique. Sur cette base nous publierons toutes les informations quevous nous ferez parvenir.Ce journal est ralis par le Collectif libertaire Creuse-Citron.

    Prix LibreNous vous proposons Creuse-Citron prix libre. Cest, pour notrecollectif, une dmarche politique, non marchande, alors que parailleurs, lhabitude est de payer le mme prix, que lon soit fortun oupauvre. Le prix libre nest pas pour autant la gratuit : cest donner lapossibilit dacqurir un mme produit selon ses moyens et sesmotivations.

    Abonnements : voir page 16

    Courrier postal : Creuse-CitronC/o CNT 23 BP 2 23 000 Sainte-Feyre

    Courriel : creusecitron@ free.fr

    RENDEZ-VOUSle 11 NOVEMBRE GENTIOUX

    Rassemblement antimilitariste 10h30 Gentioux, devant lemonument aux morts pacifiste. partir de 12 h 30 au Villard (entre Gentioux et Royre-de-Vassivire), repas des partageux : buffet libertaire compos desvictuailles apportes ou non par chacun ; et aussi tables de presse.

    CommuniquLAssociation Sortir du Nuclaire 87a t cre le jeudi

    29 octobre Limoges.En avril 2008, plusieurs citoyens, militants anti-nuclaires,

    sympathisants du rseau Sortir du Nuclaire, se sont runispour organiser Limoges laction Tchernobyl Day suite l'appel de Sortir du Nuclaire.

    Depuis, en partenariat avec dautres organismes Amis de

    la Terre, Collectif corrzien pour la sortie du nuclaire,Jeunes verts, Collectif Velorution & Verts dautres actionsont t menes : juillet 2008 : Manifestation Paris Pour unmonde sans Nuclaire ; novembre 2008 : Journe demobilisation nationale ni nuclaire, ni effet de serre ,action locale place de la Motte Limoges ; avril 2009 :Tchernobyl day, action locale place de la Motte Limoges ;octobre 2009 : Rassemblement national Colmar pour lafermeture de Fessenheim.

    Rejoignez-nous afin d'amliorer notre mobilisation pourles campagnes nationales, faciliter la gestion du groupe.Mais aussi pour que nous puissions engager nos propresactions dans la lutte anti-nuclaire et participer avec nospartenaires aux mobilisations sur les problmatiques locales,

    en particulier sur le devenir des anciennes mines duraniumde la rgion, le stockage duranium appauvri de Bessines.

    Contact : 06 74 31 29 [email protected]

    Blog nouveau

    Surfeurs noirs et rouges, la bonne parole est maintenantaccessible sur le net dans le Blog de Creuse-Citron. Tous lesnumros du journal sont tlchargeables, ainsi que pas mal

    d'autres infos l'adresse suivante :http://creuse-citron.revolublog.com/