Cours n°2 Les bases de la puissance de deux Etats-continents

Les Etats-Unis et le Brésil ont au moins deux points communs : ils sont deux pays géants par leur superficie, leurs ressources et leur population. I : En quoi le territoire est-il un facteur de la puissance ?

A : Un espace ouvert et immense :

Les Etats-Unis ont un immense territoire avec une superficie 9,4 millions de km², 4500 km d’Est en Ouest, 2000 km du Nord au Sud et, plus du double avec l’Alaska. Le seul état de l’Alaska a une superficie d’1,7 millions de km² (soit plus de 3 fois celle de la France).

Les Etats-Unis possèdent de larges ouvertures maritimes permettant de nombreux échanges économiques : 20 000 km de littoraux avec une large ouverture sur deux océans (Atlantique et Pacifique) qui concentrent les échanges mondiaux et permettent de se projeter sur n’importe quel théâtre d’opérations dans le monde.

Le Brésil possède aussi un immense territoire avec 8,5 millions de km² se situant au 5ème rang mondial. Son territoire s'étend sur 4 400 km du Nord au Sud et 4 300 km d'Est en Ouest. À l'Est, le long de l'Atlantique, le littoral brésilien. À l'Ouest, le Brésil partage ses frontières avec, successivement l'Uruguay, l'Argentine, le Paraguay, la Bolivie, le Pérou, la Colombie, le Venezuela, le Guyana, le Surinam et la Guyane française.

B : Deux territoires du Nouveau Monde : un processus de conquête identique

Historiquement, c’est la façade atlantique qui a joué le premier rôle dans le peuplement européen dans les deux cas.

Concernant les Etats-Unis, la première colonie anglaise en Virginie date de 1607 aboutissant aux célèbres 13 colonies. A partir de celle-ci et après l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique, le territoire s’agrandit par achats et/ou traités : achat par exemple de la Louisiane (du Mississipi aux Rocheuses) en 1803 à Napoléon Bonaparte pour la somme de 390 milliards de dollars actuels. La Louisiane comprend alors près de 2 millions de km² et correspond à plus de 20 % du territoire actuel des Etats-Unis. Autre exemple, l’Alaska est acheté en 1867 à la Russie du tsar Alexandre II pour la somme de 1,6 milliards de dollars actuels.

La colonisation portugaise a débuté au XVI ème siècle. Le Brésil commença à se développer économiquement, l'exploitation de la population indienne locale n'étant plus suffisante pour la production sucrière, en 1550, les premiers esclaves furent importés d'Afrique. La traite négrière dura jusqu'au milieu du XIXe siècle : le Brésil est le pays qui a reçu le plus d'esclaves noirs, avec environ 5,5 millions d'Africains. Une colonisation d’exploitation se met en place autour de trois cycles : le bois, le sucre puis l’or. En 1825, le Portugal reconnut l'indépendance brésilienne.

L’originalité tient aussi à la conquête de territoire par les pionniers. Dans un premier temps s’opère la colonisation puis le découpage et enfin le peuplement. Aux Etats-Unis, le découpage du territoire a précédé le peuplement sur la base de l’idéal jeffersonien. Selon le géographe Yves Boquet, « Thomas Jefferson joue un rôle clé dans l’organisation de l’espace. Président de la commission parlementaire sur la gestion des territoires fédéraux de l’Ouest (entre Appalaches et Mississipi), il propose en 1784 le lotissement de ces espaces qui deviennent des Etats de l’Union dès qu’ils atteignent une certaine population. Son idéal pour l’Amérique, fondé sur des valeurs morales et religieuses, est le citoyen agriculteur : les travailleurs de la terre sont un peuple élu de Dieu ; la propriété privée de la terre est nécessaire pour la liberté de l’individu ; une société démocratique ne peut se construire qu’avec des individus libres et égaux en droit. Les parcelles de terrain doivent donc être attribuées de façon égalitaire.

L’autre aspect de cette conquête de l’Ouest est la « frontière », reprenant l’expression célèbre de Horace Greeley « Go West, young man, Go West, and grow with your country ! » (Pars pour l'Ouest, jeune homme, pars pour l'Ouest ! Et grandis avec ton pays !), la frontière constitue tout à la fois une mise en valeur et une conquête de territoire : opposition entre nature sauvage et espace maîtrisé, cultivé, opposition entre « pionniers civilisés » et « amérindiens sauvages ». Cette mobilité en quête d’eldorado constitue encore un pilier identitaire. A la fin du XIXème s’achève cette conquête de l’ouest, la frontière est « fermée » selon l’historien Frederick Turner. Ce concept de « frontière » sera ensuite relancé en Alaska avec « la dernière frontière » voire avec Kennedy et la recherche spatiale avec le programme « nouvelle frontière ». Cette notion de frontière existe également au Brésil avec les fronts pionniers à l’intérieur des terres en particulier dans l’Amazonie.

Pour conclure il y a bien des points communs sur la constitution du territoire : extermination de la population indigène, recours à l’esclavage, mise en place d’une agriculture de plantation (cannes à sucre, coton), exploitation extensive des ressources naturelles. Dans les deux cas, le territoire a été occupé progressivement en partant de la côte atlantique mais selon des rythmes différents. Pour les Etats-Unis, il a fallu une centaine d’année (1776-1898) entre la Déclaration d’Indépendance et l’achèvement du chemin de fer transcontinental. Pour la Brésil, la conquête du territoire a été le fruit de cycles successifs, composés d’avancées et d’abandons, et est encore inachevée aujourd’hui. Malgré la construction de la route transamazonienne et la création de Brasilia en 1960 pour déplacer le centre de gravité vers l’intérieur, l’Amazonie constitue encore un front pionnier où s’opposent des intérêts économiques, sociaux, stratégiques et environnementaux.

C : Un territoire généreux : d’énormes ressources foncières et minières :

Conséquence de la diversité des milieux , le territoire états-unien et brésilien possèdent une importante SAU (surface agricole utile) et beaucoup de forêt. Des richesses en minerais : or des Rocheuses, fer des Grands Lacs, cuivre de l’Arizona. Les Etats-Unis possèdent la 2nde réserve mondiale de charbon : Appalaches, les grandes plaines relayée aujourd’hui par le bassin houiller du Wyoming (50% des réserves). Les réserves de charbon peuvent alimenter la consommation nationale encore durant 4 siècles.

Concernant les hydrocarbures, il y a de grands gisements au Texas, Nouveau Mexique, dans le golfe du Mexique (off shore), le Wyoming, la Californie et dans l’Alaska.

Les premières richesses naturelles du Brésil sont les ressources, abondamment disponibles en surface, : le bois comme matériau de construction et l'eau pour son potentiel hydroélectrique. En 2007, plus de 55 % de la superficie totale du pays est couverte de forêts. Le Brésil est par ailleurs l'un des trois principaux pays producteurs d'énergie hydroélectrique au monde avec la Chine et le Canada. En 2008, près de 80 % de l'électricité produite dans le pays est d'origine hydraulique. En revanche cette eau est inégalement répartie car près de 70% se trouve en Amazonie. Il faut ajouter deux gigantesques réserves d’eau souterraine parmi les plus grandes du monde. Le sous-sol brésilien est riche de nombreux gisements de minéraux, parmi lesquels les plus importants sont le quartz (1er producteur mondial) le fer (2ème), le manganèse (2ème), l'aluminium(3 ème) bauxite, l'or. le nickel, les phosphates, le platine. Le pays compte également d'importantes réserves d'hydrocarbures, récemment découvertes, comme au large de l'État de Rio de Janeiro, qui assurent d'ores et déjà l'autosuffisance du pays vis-à-vis de sa consommation de pétrole

D : La maîtrise de l’espace, condition indispensable de la puissance économique :

Transports par voie aérienne

Carte de Delta Airlines,manuel Nathan, Géographie Term L/ES,Collection E.Janin et J-L Mathieu, 2012

Transports routiers

http://www.lecartographe.fr/cartes/carte-etats-unis/c-Pays-Reseaux-routiers/n-128/principaux-reseaux-routiers.html

Face au défi de la maîtrise de la distance, de nombreux aménagements de transport ont été faits depuis le temps des conquêtes aux Etats-Unis et au Brésil.

Le territoire états-unien est maîtrisé :

- Les Etats-Unis possèdent 25%du réseau routier mondial. Le paysage urbain quadrillé est le reflet d’une société où la voiture est reine.

- Si l’automobile est le premier moyen de transport pour les déplacements de proximité, vient ensuite le trafic aérien intérieur, véritable réponse à l’immensité du territoire. Il y a plus de 17 000 aéroports dont 20 énormes (aéroport d’Atlanta 90 millions de passagers, aéroport de Chicago 70 millions de passagers). Ainsi, 16 aéroports états-uniens sont classés parmi les 30 plus grands aéroports du monde ( entre 30 et 90 millions de passagers annuels).

- 1/3 du réseau ferré mondial avec essentiellement des lignes transcontinentales et des liaisons interurbaines en particulier dans la mégalopole au nord-est.

- Développement du transport par voie d’eau grâce à l’aménagement de canaux. Exemple : les voies navigables des Grands Lacs forment un système de canaux permettant la navigation dans l'ensemble des Grands Lacs en Amérique du Nord.. Concernant le bassin du Mississipi-Missouri, il s’agit d’un axe majeur de pénétration à l’intérieur du territoire états-unien, permettant de relier le golfe du Mexique aux Grands Lacs grâce à de nombreux aménagements.

- Développement du transport par oléoducs avec aujourd’hui plus de 270 000 km utilisés essentiellement pour les hydrocarbures.

On peut constater une plus grande densité de réseaux de transport à l’est, une densité plus faible au centre (des grandes plaines aux Rocheuses) et à nouveau une densité plus importante sur le littoral pacifique. A noter que Los Angeles et Seattle sont désormais les deux premiers ports du pays pour la valeur des marchandises reflétant l’importance des échanges trans-pacifiques.

Face à l’immensité, le rôle des transports est essentiel au Brésil afin de se développer et s’intégrer à la mondialisation.

- Le fait majeur est la prédominance de la route avec 61% du trafic de marchandises par exemple. Le Brésil possède plus de 1,7 millions de km de routes mais hormis le réseau fédéral assurant les liaisons interrégionales la plupart des routes locales, municipales sont rarement asphaltées. Les disparités quantitatives et qualitatives du réseau routier sont importantes, toujours au bénéfice de la région Sudeste.

- Le réseau ferroviaire est quasi inexistant, ancien et mal entretenu. Quelques villes comme São Paulo et Rio de Janeiro ont un réseau de banlieue mais les relations ferroviaires entre grandes villes sont inexistantes. Les lignes ferrées les plus importantes sont des lignes industrielles, par exemple les 900 km de voies pour expédier le minerai de fer de Carajás vers le littoral

- L’avion est le moyen principal pour relier les villes principales São Paulo ,Rio de Janeiro, Brasilia, Recife, Porto Alegre, Curitiba, Belo Horizonte, Belém, Salvador de Bahia, Fortaleza toutefois cela concerne uniquement les classes sociales les plus élevées.

- Les transports fluviaux et maritimes n’ont guère d’importance malgré les potentialités. Le trafic d’Amazonie et du Nordeste, importants pour la vie de petites communautés pèse peu par rapport aux transports massifs de régions exportatrices.

- Les gazoducs et les oléoducs ne comptent que pour 4 % du trafic de marchandises (contre 61% pour la route, 21% pour le chemin de fer et 13% pour le cabotage).

En conclusion alors que le territoire états-unien possède un réseau de transport complet permettant de maîtriser son territoire, le Brésil doit encore relever les défis du gigantisme afin de permettre un développement sur tout son territoire.

II : Une population dynamique et mobile

A : Deux nations multiculturelles :

Avec 314 et 200 millions d’habitants, les Etats-Unis et le Brésil sont respectivement le troisième et le cinquième pays le plus peuplé au monde.

Certes la fécondité est d’environ deux enfants par femme dans les deux pays mais les Etats-Unis ont achevé leur transition démographique depuis plus longtemps que le Brésil donc la population états-unienne connaît un vieillissement certain alors que le Brésil a une population jeune, la moitié des Brésiliens ont moins de 29 ans.

Les Etats-Unis et le Brésil sont une nation de migrants depuis leur fondation : colons anglais à la recherche d’une terre de tolérance religieuse au XVIIème, Européens en quête de nouvelles terres, réfugiés politiques venus des quatre coins du monde ( Irlandais, Iraniens, Juifs ou Cubains….), esclaves.

Le peuplement états-unien et brésilien est donc aujourd’hui d’une grande diversité résultat des vagues successives d’immigration. L’analyse de cette diversité révèle aux Etats-Unis que près de 70 % de la population est qualifiée de WASP (white anglo-saxon protestant = les états-uniens protestants descendants d’anglo-saxons issus de la colonisation), 15% d’hispaniques, 12% de noirs, 5% d’asiatiques et moins de 1 % d’amérindiens. On peut noter que les minorités peuplent différemment le territoire : l’état du Nouveau Mexique a 42% d’habitants hispaniques, véritable « Méxamérique », le Mississipi plus de 36% de afro-américains, Hawaï plus de 41% d’asiatiques, l’Alaska plus de 15% d’Amérindiens. Autre exemple, la capitale Washington est constitué de plus de 56% d’afro-américains et le comté de Starr situé au sud du Texas de 97 % d’Hispaniques. Selon une étude de l’IBGE (instituto brasileiro de geografia e estatistica), « les blancs représentent 47,7%de la population, les métis 43,1%, les noirs 7,6%, les Asiatiques 1,1% et les Amérindiens 0,4% ». Sur le plan social, ces différentes populations constituent-elles un « melting pot » (creuset) ou un « salad bowl » (« salade composée »)? Le modèle de société proposé aux Etats-Unis est le « melting-pot » ou creuset (utilisé pour fondre un métal par exemple) désignant ainsi par métaphore une assimilation de populations diverses afin de former une société homogène, avec un sentiment d’appartenance commun. Ce terme a pour origine une pièce de théâtre « the melting-pot » dont l’auteur Israel Zangwill (1864-1926) estimait que les immigrés pouvaient s’assimiler autour de l’expérience de la démocratie au quotidien, des libertés et responsabilités individuelles ainsi que d’un patriotisme commun. Le melting-pot parvient à l’identification de tous à des valeurs communes et donc à l’abandon progressif des particularismes culturels de chaque minorité. Toutefois, aujourd’hui nous pouvons constater les limites voire l’échec du melting-pot, l’American way of life, la société de consommation n’est pas un ciment suffisant, nous

constatons un important communautarisme porteur de ségrégations. En effet, depuis la fin du rêve d’un melting-pot vers les années 1970, on observe une volonté partagée et affirmée par les minorités d’une société ne tendant pas à l’assimilation mais à la prise en compte des diversités, bref une société davantage multiculturelle. Cette logique ségrégative est très visible dans les paysages urbains où chaque minorité devient majoritaire à l’échelle d’un quartier. Ce communautarisme s’apparente souvent à une véritable ghettoïsation (Harlem, Bronx, Chinatown…). Ce communautarisme correspond à un réveil identitaire au détriment du sentiment d’appartenance commun. Dans les cités universitaires par exemple, il y a 30 ans la communauté éducative militait pour l’intégration aujourd’hui de nombreuses communautés exigent des dortoirs communs. Ainsi, le principe du « salad bowl », du développement séparé semble s’imposer avec une importante ségrégation socio-ethno-spatiale. Au regard de l’élection le 4 novembre 2008 du premier président noir des Etats-Unis, les tenants du melting-pot estiment qu’il s’agit là d’une évolution rapide des mentalités, d’une assimilation réussie. Au-delà d’un symbole politique évident, les tenants du «salad bowl » constatent que 95 % des noirs ont voté Obama mais seulement 45 % des wasp. En conséquence, les Etats-Unis ont une société en mutation constante, le melting-pot demeure un rêve des pionniers, mais ils ont réussi à aller au-delà du simple « salad bowl ». L’analyse par minorité semble donc bien réductrice tant la société est multiculturelle. B : De forts contrastes de peuplement :

Les Etats-Unis et le Brésil ont une densité inférieure à la moyenne mondiale (32 et 24 habitants au km² contre une moyenne mondiale de 50). La population est inégalement répartie dans les deux pays, Brésiliens et Etats-uniens sont aussi très mobiles à toutes les échelles. Il y a de nombreux flux migratoires internes en particulier à destination de la Sun Belt pour les Etats-Unis et le Sudeste pour le Brésil. Les deux pays ont gardé une tradition de mobilité spatiale car elle est associée au rêve de l’enrichissement et de la mobilité sociale (d’où les fronts pionniers brésiliens ou l’effet Sun Belt aux Etats-Unis). Aux Etats-Unis par exemple, on observe chaque année plus de 40 millions de déménagements dont 10 millions changent d’état de résidence. Ces nombreux déménagements sont le reflet de nouvelles dynamiques spatiales :

- des mouvements classiques de périurbanisation avec une extension progressive des banlieues correspondant aux gigantesques lotissements de maisons individuelles (l’accomplissement de l’American way of life). Les densités par états révèlent d’importants contrastes à l’échelle du pays : plus de 1160 habitants par km² dans le New Jersey et un seul dans l’Alaska. - L’effet « Sun Belt » : des flux migratoires internes importants sont constatés en faveur de ce que l’on considère comme la ceinture du soleil qui s’étend de la Floride à la Californie puis jusqu’au nord du littoral pacifique. Ces populations sont attirées par le soleil (héliotropisme) et le dynamisme économique basé sur la création de technopôles centrés sur les hautes technologies et le tertiaire supérieur. C : Le système urbain brésilien et états-unien: 1 : une population fortement urbanisée : La population urbaine dépasse les 80% dans les deux pays, le plus souvent dans de grandes villes. Les grandes villes correspondent à des lieux de convergence des réseaux de transport, commandent un espace plus ou moins étendu selon la présence des sièges sociaux, de la concentration des services. 2 : Les réseaux urbains des deux pays : Le réseau urbain états-unien est très solide et hiérarchisé : - La mégalopolis est une vaste aire urbaine qui s’étend entre Boston et Washington et représente plus de 55 millions d’habitants. Deux villes ont des fonctions mondiales, elles sont les centres d’impulsion de la mégalopolis et finalement de l’ensemble du pays, Washington et New York. - La « Main Street America » ou grande rue américaine s’étend de Chicago à Québec. C’est la zone transfrontalière entre le Canada et les Etats-Unis la plus dynamique, elle dépasse les 65 millions d’habitants, deux tiers des Canadiens et 16 % des Etats-uniens y vivent. - La « Pugetopolis » correspond à la deuxième aire urbaine transfrontalière (Etats-Unis/ Canada) entre Seattle et Vancouver. - La « San San » relie les villes principales de Californie entre San Francisco et San Diego en passant par Los Angeles - La Mexamerica, développe aussi peu à peu des aires urbaines transfrontalières entre les Etats-Unis et le Mexique et ce, malgré le mur séparant les deux pays sur plus d’1/3 de la frontière. Ce dynamisme économique frontalier lié à l’installation d’usines états-uniennes délocalisées du côté mexicain, se traduit par une forte urbanisation de l’espace transfrontalier.

Le réseau urbain brésilien est davantage déséquilibré : Le Brésil a connu depuis 50 ans une croissance importante quantitative et qualitative de ses villes. Dans le passé les villes brésiliennes étaient exclusivement concentrées sur le littoral. Certes de nombreuses villes se sont développées à l’intérieur des terres mais de vrais réseaux urbains n’apparaissent toujours que dans le Sudeste et le Sud alors que dans les autres régions la ville principale règne sans partage.

1955

20102,6M hab4ème ville

Congrès National

Cathédrale

Oscar Niemeyer , architecte de Brasilia

Le Brésil a plusieurs capitales : outre le centre politique Brasilia et économique Sao Paulo, il y a deux anciennes capitales Salvador de Bahia et Rio Janeiro qui demeure une capitale culturelle. Les grandes villes du Sudeste sont les centres d’impulsion et connaissent une croissance très rapide. Brasilia nouvelle capitale créée par l’urbaniste Costa et l’architecte Niemeyer sur un site désertique au cœur du pays symbolise « la marche vers l’ouest » et la volonté de rééquilibrer le réseau urbain sur le territoire. Les réseaux de transport ont par exemple du s’adapter autour de la nouvelle capitale. Brasilia avait 140 000 habitants en 1960 et plus de 2,6 millions aujourd’hui. 3 : Le modèle d’organisation urbaine : vers une ville polycentrique dans les deux pays : Les caractéristiques de la ville états-unienne : «le plan en damier, les constructions en hauteur, le zonage en auréoles concentriques ».

- Au centre, le CBD (central business district) reflet de la puissance états-unienne avec ses « cathédrales des temps modernes » (expression de Gottmann datant de 1966). Les gratte ciel abritent essentiellement les sièges des FTN, des banques bref le secteur tertiaire supérieur. - Les zones autour du CBD sont constituées de zones industrielles et urbaines dégradées. Ces derniers concentrent un grand nombre de personnes précaires, le développement humain inférieur. La fermeture des commerces en centre ville concurrencés par les zones commerciales périphériques a accentué ce processus de déprise des quartiers résidentiels des centres villes. Plus récemment, un processus de revitalisation des centres villes s’est engagé suite à la volonté de nombreux jeunes actifs de PCS supérieures (professions et catégories socioprofessionnelles) de quitter les lotissements. Ce processus de gentrification a pour conséquence de recréer une mixité sociale et ethnique à court terme. Toutefois, une fois rénové, les anciens locataires ne peuvent plus payer les loyers. Il en résulte à long terme une nouvelle ghettoïsation de ces quartiers désormais se limitant aux revenus élevés. - Les périphéries sont constituées de gigantesques banlieues pavillonnaires provoquant un étalement urbain sans limites. L’aire urbanisée de Boston a progressé de 50 % en 15 ans alors que la population n’a augmenté que de 7%. La maison individuelle autour du « green » communautaire demeure l’accomplissement du rêve états-unien, se traduisant par des migrations pendulaires (distance logement/travail) toujours plus longues. Ces lotissements organisés comme le reste de la ville en damier peuvent se situer à plus de 100 km du CBD à l’image de Los Angeles, d’où l’omniprésence de la voiture. De nombreuses autoroutes relient ces périphéries jusqu’au cœur du centre ville (CBD). - Dans ces périphéries, on constate la création de nouveaux centres d’activités à proximité des carrefours autoroutiers et des aéroports. Ce sont les «edge cities » (villes en bordure), véritable quartier d’affaire (plus de 500 000 m² de bureaux) en concurrence avec le CBD central. La voiture y est particulièrement reine puisque ces quartiers périphériques disposent parfois d’un déficit de transport en commun. Les villes états-uniennes deviennent polycentriques.

Photographie illustrant les inégalités socio Même si les villes sont globalement au Brésil le lieu de la modernité avec par exemple de nombreuses constructions verticales comme dans les CBD étatsprocessus d’urbanisation accéléré s’est accompagné d’un fort déséquilibre sociovilles brésiliennes sont bien plus fragmentées qu’aux Etatsinfrastructures impeccables voués aux secteurs productifs de haute technologie ou à résidences de luxe, et tout près de là des quartiers misérables sans infrastructures sanitaires et marqués par des problèmes sociaux, économiques et environnementaux graves. Rio de Janeiro par exemple a une agglomération de plus de 12 millions d’habitgrand centre culturel et industriel (10% du PIB du Brésil) mais dont le site naturel magnifique renforce l’étalement avec plus de 120 km d’est en ouest. Du vieux Rio (de la ville coloniale à la ville néo-affairiste et immobilière est parvenue à démolir l’ancienne ville afin de faire surgir une ville verticale, des tours de bureaux qui font du cœur de la ville un quartier d’affaires où se pressent dans la journée 800 000 personnes dont mles quartiers prestigieux, le long des plages, vivent les Brésiliens bénéficiant de l’émergence économique du pays. Mais la structure de la ville oppose deux mondes aux niveaux de revenus et d’urbanisme bien différereprésentent une part croissante de la ville. Depuis 20 ans la population des favelas a augmenté de 25 % alors que la population de la ville n’a augmenté que de 7%. La présence des favelas correspond à la recherche d’un logement à prix acceptable pour les plus pauvres et donc le plus souvent sur un terrain inconstructible en pente raide et inondable. Exemple en 2010, une favela construite illégalement sur une ancienne décharge a été victime d’une coulée de boue emportant des dizaines de maisons et de commerces faisant plus de 200 morts. Les favelas se caractérisent par l’absence ou l’insuffisance des investissements publics concernant l’eau, les ordures, la santé, l’éducation ou encore les transports en

Photographie illustrant les inégalités socio-spatiales à Sao Paulo.

Même si les villes sont globalement au Brésil le lieu de la modernité avec par exemple de nombreuses constructions verticales comme dans les CBD états-uniens en revanche le

d’urbanisation accéléré s’est accompagné d’un fort déséquilibre sociovilles brésiliennes sont bien plus fragmentées qu’aux Etats-Unis avec des quartiers aux infrastructures impeccables voués aux secteurs productifs de haute technologie ou à résidences de luxe, et tout près de là des quartiers misérables sans infrastructures sanitaires et marqués par des problèmes sociaux, économiques et environnementaux graves. Rio de Janeiro par exemple a une agglomération de plus de 12 millions d’habitgrand centre culturel et industriel (10% du PIB du Brésil) mais dont le site naturel magnifique renforce l’étalement avec plus de 120 km d’est en ouest. Du vieux Rio (de la

-haussmanienne) il ne reste presque rien tant la frénésie affairiste et immobilière est parvenue à démolir l’ancienne ville afin de faire surgir une ville verticale, des tours de bureaux qui font du cœur de la ville un quartier d’affaires où se

000 personnes dont moins de 50 000 résidents sur place. Dans les quartiers prestigieux, le long des plages, vivent les Brésiliens bénéficiant de l’émergence économique du pays. Mais la structure de la ville oppose deux mondes aux niveaux de revenus et d’urbanisme bien différents. La seconde ville ce sont les immenses favelas qui représentent une part croissante de la ville. Depuis 20 ans la population des favelas a augmenté de 25 % alors que la population de la ville n’a augmenté que de 7%. La présence

la recherche d’un logement à prix acceptable pour les plus pauvres et donc le plus souvent sur un terrain inconstructible en pente raide et inondable. Exemple en 2010, une favela construite illégalement sur une ancienne décharge a été victime d’une

de boue emportant des dizaines de maisons et de commerces faisant plus de 200 morts. Les favelas se caractérisent par l’absence ou l’insuffisance des investissements publics concernant l’eau, les ordures, la santé, l’éducation ou encore les transports en

Même si les villes sont globalement au Brésil le lieu de la modernité avec par exemple de uniens en revanche le

d’urbanisation accéléré s’est accompagné d’un fort déséquilibre socio-spatial. Les Unis avec des quartiers aux

infrastructures impeccables voués aux secteurs productifs de haute technologie ou à des résidences de luxe, et tout près de là des quartiers misérables sans infrastructures sanitaires et marqués par des problèmes sociaux, économiques et environnementaux graves. Rio de Janeiro par exemple a une agglomération de plus de 12 millions d’habitants, c’est un grand centre culturel et industriel (10% du PIB du Brésil) mais dont le site naturel magnifique renforce l’étalement avec plus de 120 km d’est en ouest. Du vieux Rio (de la

en tant la frénésie affairiste et immobilière est parvenue à démolir l’ancienne ville afin de faire surgir une ville verticale, des tours de bureaux qui font du cœur de la ville un quartier d’affaires où se

000 résidents sur place. Dans les quartiers prestigieux, le long des plages, vivent les Brésiliens bénéficiant de l’émergence économique du pays. Mais la structure de la ville oppose deux mondes aux niveaux de

nts. La seconde ville ce sont les immenses favelas qui représentent une part croissante de la ville. Depuis 20 ans la population des favelas a augmenté de 25 % alors que la population de la ville n’a augmenté que de 7%. La présence

la recherche d’un logement à prix acceptable pour les plus pauvres et donc le plus souvent sur un terrain inconstructible en pente raide et inondable. Exemple en 2010, une favela construite illégalement sur une ancienne décharge a été victime d’une

de boue emportant des dizaines de maisons et de commerces faisant plus de 200 morts. Les favelas se caractérisent par l’absence ou l’insuffisance des investissements publics concernant l’eau, les ordures, la santé, l’éducation ou encore les transports en

commun. A Rio les favelas étaient passées sous la coupe de trafiquants de drogue jusqu’à ce que les autorités décident de les reconquérir par la force. Ce déploiement de force soudain est évidemment lié à la perspective de la coupe du monde de football en 2014 et aux jeux olympiques de 2016. Pour terminer les deux pays se caractérisent par un accroissement des inégalités socio-urbaines en ville aboutissant à la volonté des plus riches de se rassembler et plus encore de s’isoler du reste de la population. Sorte d’urbanisme de la peur, il existe aux Etats-Unis environ 20 000 "villes privées » : sous le nom de "common-interest developments" (CID) 12 % de la population états-unienne, soit 30 millions de personnes, vivent dans une de ces 150 000 communautés, et certains prévoient qu'elles seront 50 millions à la fin de la décennie. Ce nouveau paysage urbain se définit en réaction à l’ouverture de l’espace urbain habituel, on choisit de fuir insécurité, embouteillages et pollution mais aussi mixité sociale, générationnelle voire parfois religieuse ou ethnique. Exemple : exclusion des moins de 55 ans par exemple à Sun City en Arizona, une de ces villes qui ne regroupent que des retraités. Crée dans les années 60, elle dépasse aujourd’hui les 40 000 habitants, la moyenne d’âge dépasse les 75 ans et il n’y a ni enfants, ni école. Elle est ceinturée par un mur de séparation avec une entrée contrôlée. Enfin, les règlements intérieurs encadrent de nombreux éléments comme la hauteur des haies du jardin ou la couleur des rideaux visibles de l’extérieur voire le poids maximum des chiens. Dans une ville privée, le droit de vote n'existe plus pour les élections locales mais la ville fonctionne sur la base de la copropriété. La ville privée étant propriété privée, il est possible d'en interdire l'accès à la police et de gérer sa sécurité soi-même, par des milices de résidents ou par le recours à une société de sécurité privée. Plus encore, les retraités-habitants de Sun City ont influence à l’extérieur de leur espace de ségrégation volontaire, ils ont pris par exemple le contrôle de la commission du district scolaire pour réduire le financement des écoles des enfants de familles hispaniques pauvres qui ne paient pas d’impôt. Au Brésil, pour être sûr d’être « entre soi » les plus riches ont aussi pris l’habitude de résider dans des quartiers clos de murs, les condominios fechados gardés par une milice privée qui filtre les visiteurs indésirables et protège de la délinquance croissante ou ressentie comme telle. La même tendance à s’enfermer, à se protéger, explique le succès des shoppings centers dont celui de barra tijuca, le plus grand d’Amérique latine, véritable point d’ancrage des quartiers périphériques pour riches alors que dans le même temps les commerces du centre périclitent et doivent viser des clientèles plus populaires. La volonté des plus riches d’être « entre soi » aboutit dans les deux pays à une ville nouvelle fermée sur elle-même en marge de la ville ancienne.