courrier international 2013
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3183-1130
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FranceHollande contre les entreprises
PortfolioRue vers le sable au Cap-VertGorgieOligarque et opposant Afri
queCFA:2600F
CFA-Algrie:450DA
Allemagne:4,00-A
utriche:4,00-Canada:5,95$CAN
DOM:4,20-Espagne:4,00-E-U:5,95$US-G-B:3,50
Grce:4,00-Irland
e:4,00-Italie:4,00-Japon:700
Maroc:30DH-Norvge:50NOK-Portugalcont.:4,00
Suisse:5,90CHF-Tu
nisie:4,50DTU-TOM:700CFP
ourrierinternational.com 1130 du 28 juin au 4 juillet 2012
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Domestiques esclaves au XXIe sicle
Donnes personnelles
Versle meilleurdes mondes
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Editorial
Traces utiles
La rvolution Big Data res-semble un paquet cadeaudigne dun conte de fes hol-lywoodien, concoct par desuniversitaires amricains enqute de reconnaissance etpromu par des cabinets deconsultants toujours lafftdune nouvelle ide vendre.
Aprs les nanotechnologies, aprs le nuage num-
rique, lhumanit est invite une nouvelle fois chan-ger dre et accomplir sa rvolution Big Data . ase passe comme a dans le monde magique de Face-book, de Twitter, de Google et des SMS. Sans rienfaire, sans mme y penser, vous, moi, le monde entierfabriquons du matin au soir des data (donnes).Comme nous mettons du CO2 ? Non, pas du tout :les data, cest bien. Cest mme lavenir de lhomme,nous explique-t-on. Evidemment, la vision dun futurtapi entre des piles de 0 et de 1 peut donner la nause certains. Et rveiller le spectre de Big Brother.Bref, il y a mille raisons de se mfier des bienfaitsde cette rvolution annonce. Et pourtant, il suffitde prendre un exemple pour en saisir immdiate-ment toutes les promesses. Comme ce graphe, la-bor par Google, qui montre la corrlation entredeux courbes : celle du nombre dinternautes qui
recherchent des termes lis la dengue au Brsil etcelle du nombre de personnes atteintes de la mala-die. Sur la priode tudie (2004-2010), les deuxcourbes se confondent. Et alors ? Alors cela signifieque les petites traces laisses par les internautes surleurs ordinateurs ont une utilit incroyable. Car,grce la lecture de leurs requtes, il est possibledestimer en temps rel la progression de la dengueau Brsil, comme partout ailleurs dans le monde.Or, avec plus de 6 milliards de tlphones portablesactifs et lusage dInternet en plein essor dans lespays du Sud, les informations se ramassent la pellesur notre plante. Les entreprises ou les banques lesengrangent dj. Mais le vrai enjeu de la collecte etde lexploitation de ces donnes est ailleurs : ilconcerne le dveloppement de la science, les progrsde la mdecine et le recul de la pauvret. Jamais enretard dun concept, les Nations unies viennent
mme de publier le mois dernier un rapport intitulBig Data for Development. Eric Chol
En couverture : Illustration deJoe Magee,
Royaume-Uni
5
Sommaire
6 Plante presse8 Les gens11 A suivre
Dossier12 Esclaves et domestiques
Le monde compte une centainede millions de domestiques, maiscest au Moyen-Orient que la situationdes employes de maison asiatiqueset africaines reste la plus inhumaine.Abus et svices sont parfoisleur quotidien. Des ONG montentdsormais au front pour les protger.
Dun continent lautre18 FranceEconomie Le tapis rouge,cest maintenantPatrimoine Astrix dit adieu PompiProslytisme La rponse la crise ?
Les vangliques !
22 EuropeUnion europenne Tout se joueen AllemagneSude Laustrit, daccord, mais pastout de suiteItalie la revanche des PigsPays-Bas Au pays du bonheursur ordonnance
Roumanie La tentation autoritaireGorgie Bidzina Ivanichvili, un oligarquesi prs du peuple28 AmriquesEtats-Unis Snobs contre ploucs :le foss slargitUruguay Un projet de loi qui dfonceParaguay Le prsident qui drangeaitles riches30 AsieJapon Le retour impos du nuclaireInde Tu par le palu pour dire la guerreMyanmar La libert par la presse34 Moyen-OrientIsral-Egypte Un mur entre lEtat hbreuet lEgypte islamiste
Syrie Surprise la tte de lopposition
34Isral-EgypteUn mur entre lEtat hbreuet lEgypte islamiste
36 AfriqueTunisie Lart face lintgrisme
Gambie Une Gambienne chapeautela justice internationale38 EcologieCap-Vert La rue vers le sable
En couverture40 Le partage des donnesnous sauvera-t-il ?Tweets, SMS, recherches Google,dossiers mdicaux Un flux colossaldinformations circule aujourdhuisur tous les supports numriques.Dcortiques, compiles, analyses,ces donnes massives (big data) servlent trs prcieuses. Elles annoncent
une rvolution pour les gouvernements,les scientifiques, les entrepriseset pourquoi pas ? pour nous.
Long courrier46 Ides LAfrique doit renoueravec sa ngritude50 Le livre Dtourner le regard51 Communication politiqueLe cancer comme atout lectoral52 Boissons LAugustiner, brassesans stress depuis 132855 Insolites UE : lost in translation
DOUARDCAUPEIL
38EcologieCap-Vert : la rue
vers le sable
12 DossierEsclaves et domestiques
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Plante presse6 Courrier international | n 1130 | du 28 juin au 4 juillet 2012
The Atlantic 430 000 ex.,Etats-Unis, mensuel.Depuis 1857, la prestigieuserevue traite de politiqueet de culture et continuede publier de courtesuvres de fiction. Les sujetsdu moment y sont traitspar des acteurs importantsdu monde politique oulittraire amricain. En 2008,The Atlantic MonthlydevientThe Atlantic tout court.
Brecha 10 000 ex., Uruguay,hebdomadaire.
Fonde en 1985, La Brchea succd au lgendaireMarcha, disparu dansles annes 1970, au dbut dela dictature. Le titre se veutindpendant et de gauche.
Dagens Nyheter360 000 ex., Sude,quotidien. Fond en 1864,cest le grand quotidienlibral du matin. Sa page 6est clbre pour les grandsdbats dactualit.Les Nouvelles du jourappartient au groupeBonnier, le plus grandditeur et propritairede journaux en Sude.
Daily News and Analysis235 000 ex., Inde, quotidien.Ce journal appartient un grand groupe de presse
qui possde galementle quotidien hindiphoneDainik Bhaskaret la chanede divertissement Zee TV.Il sadresse aux jeunesurbains et fait la part belle lactualit people.
The Daily Star20 000 ex.,Bangladesh, quotidien.Journal anglophonede Dacca, il a pris pourdevise Le droit du peuple tre inform. Une missionquil tente de remplirle mieux possibleen sintressant nonseulement aux affairesintrieures mais aussiaux dossiers rgionaux.
The Daily Star15 000 ex.,Liban, quotidien.LEtoile du jour estle premier quotidienen langue trangre
au Liban. Indpendantet bien document, il publiergulirement des articlesde la presse anglo-saxonne.
The Economist1 337 180 ex., Royaume-Uni,hebdomadaire. Institutionde la presse britannique,le titre, fond en 1843par un chapelier cossais,est la bible pour tous ceuxqui sintressent lactualitinternationale. Ouvertementlibral, il se situe lextrme centre. Imprimdans six pays, il ralise 85 %de ses ventes lextrieurdu Royaume-Uni.
The Guardian364 600 ex.,Royaume-Uni, quotidien.Depuis 1821, lindpendance,la qualit et lengagement gauche caractrisentce titre qui abrite certainsdes chroniqueurs
les plus respects du pays.Al-Hayat 110 000 ex., ArabieSaoudite (sige Londres),quotidien. La Vie est sans
doute le journal de rfrencede la diaspora arabeet la tribune prfredes intellectuels de gauche
ou des libraux arabesqui visent un large public.
Kompas 450 000 ex.,Indonsie, quotidien. Fonden 1965 pour sopposer la presse communiste,crit en indonsien,Boussole est le plus grandquotidien national,la rfrence, avecdes enqutes de fondsur des faits de socitet des reportagessur les les extrieures(indonsiennes maissouvent oublies par lecentre, Java.)
Makor Rishon Isral,hebdomadaire. Lanceen 1997, cette publicationrevendique 12 000 abonns.Premire source cherche constituer un carrefourdes diverses tendances
nationalistes opposesux accords dOslo.
The Nation 50 000 ex.,Thalande, quotidien.Fond en 1971, ce journalindpendant de langueanglaise a lanc ennovembre 1998 une ditionasiatique, vendue Singapour, en Malaisie,en Indonsie, au Vietnam,au Japon, aux Philippineset en Chine (Hong Kong).
Now Lebanon(nowlebanon.com) Liban.Cr en 2007, le site proposeune couverture de lactualit,des analyses et une basedocumentaire ainsique des cartes concernantla vie politique du Libansur le plan intrieuret international. Une versionanglaise reprend certainesde ses rubriques.
NRC Handelsblad254 000 ex., Pays-Bas,quotidien. N en 1970,le titre est sans contestele quotidien de rfrence delintelligentsia nerlandaise.Libral de tradition,rigoureux par choix,inform sans frontires.
Ogoniok 67 000 ex., Russie,hebdomadaire. Aprs plusdun sicle dune histoiremouvemente, La PetiteFlamme se prsenteaujourdhui commeun magazine dinformationsgnrales et de reportagesrichement illustrs.
Perfil 42 000 ex., Argentine,bihebdomadaire. Quotidienlors de sa cration en 1998,Profil avait d rapidementmettre la cl sous la portefaute de diffusion suffisante.
Il a t relanc en 2005en tant que journaldu dimanche. Aujourdhui,il possde galement
une dition le samediet une version lectroniqueactualise en permanence.
The Phnom Penh Post5 000 ex., Cambodge,quotidien. Bimensuel sa cration en 1992, le titreest devenu quotidienen 2008. Son quipede journalistes, cambodgienset expatris, a rvl nombrede scandales politiqueset enqute rgulirementsur les violations des droitsde lhomme.
Revista 22 7 500 ex.,Roumanie, hebdomadaire.Cre au lendemain de larvolution du 22 dcembre1989 linitiativedes intellectuels librauxdu Groupe pour le dialoguesocial (groupe de dissidentscr en 1986), la Revue 22
est un priodique spcialisdans les analyses politiqueset socio-conomiquesapprofondiesqui soutiennent les valeursdmocratiqueset lconomie de march.
As-Safir20 000 ex., Liban,quotidien.
LAmbassadeur est ledeuxime quotidien libanaisaprsAn-Nahar.Financ lorigine par la Libye,ce journal de gauche dfendaujourdhui les thsessyriennes. Ses rubriquesJeunesse, Mdias etReportages sont souvent
bien crites et respectentun certain pluralisme.
La Stampa 400 000 ex.,Italie, quotidien. Le titre est la fois le principal journalde Turin et le principalquotidien du groupe Fiat,qui contrle 100 % du capital travers sa filiale ItalianaEdizioni Spa. Depuisquelque temps, La Stampafait place une grandephoto la une, ce quilui a valu plusieurs prixde la meilleure une en 2000.
Sddeutsche Zeitung430 000 ex., Allemagne,quotidien. N Munich,en 1945, le journal
intellectuel du libralismede gauche allemandest lautre grand quotidiende rfrence du pays,avec la FAZ.
The Sunday Independent40 200 ex., Afrique du Sud,hebdomadaire. Fonden 1995, dorientationclairement librale,il sadresse principalementaux lecteurs de la
bourgeoisie noireet blanche des grandes
villes. Le journal appartientau groupe IndependentNews and Media.
Technology Review92 000 ex., Etats-Unis, parattoutes les six semaines.Ne en 1899, la revue,installe sur le campusdu clbre MassachusettsInstitute of Technology
(MIT), est le magazinedes ingnieurs,des scientifiqueset des hommes daffairescurieux des nouvellestendances technologiqueset des dcisions politiquesen la matire.
Tokyo Shimbun 1 585 000ex. (d. du matin), Japon,quotidien.
N en 1942, en pleine guerre,dune fusion du MiyakoShimbun et du KokuminShimbun, le Journalde Tokyo tait alorsconservateur. Depuissa reprise, en 1963, parle groupe Chunichi Shimbunde Nagoya, il affirmeune ligne ditorialede centre gauche, mieuxaccueillie par les Tokyotes.
De Volkskrant310 000 ex.Pays-Bas, quotidien.N en 1919, catholiquemilitant pendant cinquanteans, Le Journal du peuplesest lacis en 1965et est aujourdhui la lecturefavorite des progressistesdAmsterdam, bien quilsse plaignent beaucoupde sa drive populiste.
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Courrier international n 1130
Edit par Courrier international SA, socit anonyme avecdirectoire et conseil de surveillance au capital de 106 400 .Actionnaire Le Monde Publications internationales SA.Directoire Antoine Laporte, prsident et directeurde la publication ; Eric Chol.Conseil de surveillance Louis Dreyfus, prsident.Dpt lgal mai 2012Commission paritaire n0712C82101.ISSN n 1 154-516 X - Imprim en France / Printed in France
Rdaction 6-8, rue Jean-Antoine-de-Baf, 75212 Paris Cedex 13Accueil33 (0)1 46 46 16 00 Fax gnral 33 (0)1 46 46 16 01Fax rdaction33 (0)1 46 46 16 02Site webwww.courrierinternational.comCourriel [email protected]
Directeur de la rdaction Eric Chol
Rdacteurs en chef Jean-Hbert Armengaud (16 57), Odile Conseil(web, 16 27)Rdacteurs en chef adjoints Catherine Andr (16 78), RaymondClarinard (16 77), Isabelle Lauze (16 54).AssistanteDalila Bounekta (16 16)Rdactrice en chef technique Nathalie Pingaud (16 25)Direction artistique Sophie-Anne Delhomme (16 31)Conception graphique Mark Porter Associates
EuropeCatherine Andr (coordination gnrale, 16 78), Danile Renon (chefde service adjointe Europe, Allemagne, Autriche, Suisse almanique, 16 22), ChloBaker (Royaume-Uni, 19 75), Gerry Feehily (Irlande, 19 70), Lucie Geffroy (Italie,16 86), Daniel Matias (Portugal, 16 34), Iwona Ostapkowicz (Pologne, 16 74),Marie Bloeil (chef de rubrique France, 17 32), Iulia Badea-Gurite (Roumanie,Moldavie, 19 76),Wineke de Boer (Pays-Bas), Solveig Gram Jensen (Danemark,Norvge),Alexia Kefalas (Grce, Chypre), Mehmet Koksal (Belgique), KristinaRnnqvist (Sude),Mlodine Sommier (Finlande),Alexandre Lvy(Bulgarie,coordination Balkans),Agns Jarfas (Hongrie), Mandi Gueguen (Albanie,Kosovo), Miro Miceski (Macdoine), Martina Bulakova (Rp. tchque,Slovaquie), Kika Curovic (Serbie, Montngro, Croatie, Bosnie-Herzgovine),Marielle Vitureau (Lituanie), Katerina Kesa (Estonie) Russie, est delEurope Laurence Habay (chef de service, 1636),Alda Engoian (Caucase,
Asie centrale), Larissa Kotelevets (Ukraine)AmriquesBrangre Cagnat(chef de service Amrique du Nord, 16 14), Eric Pape (Etats-Unis),Anne Proenza(chef de rubrique Amrique latine, 16 76), Paul Jurgens (Brsil)AsieAgnsGaudu et Franck Renaud (chefs de service, Chine, Singapour, Tawan, 16 39),Nak Desquesnes (Asie du Sud, 1651), Franois Gerles (Asie du Sud-Est),Ysana Takino (Japon, 16 38), Zhang Zhulin (Chine, 17 47), Elisabeth D.Inandiak (Indonsie), Jeong Eun-jin (Cores), Kazuhiko Yatabe (Japon)Moyen-Orient Marc Saghi (chef de service, 16 69), Hamdam Mostafavi(Iran, 17 33), Hoda Saliby (16 35), Pascal Fenaux (Isral), Philippe
Mischkowsky (pays du Golfe), Pierre Vanrie (Turquie)AfriqueOusmaneNdiaye (chef de rubrique, 16 29), Hoda Saliby (Maghreb, 16 35), Chawki Amari(Algrie), Sophie Bouillon (Afrique du Sud) Economie Pascale Boyen (chefde service, 16 47) SciencesAnh Ho Truong (chef de rubrique, 16 40) MdiasMouna El-Mokhtari (chef de rubrique, 17 36) Long courrierIsabelle Lauze(16 54), Roman Schmidt Insolites Claire Maupas (chef de rubrique, 16 60)Ils et elles ont dit Iwona Ostapkowicz (chef de rubrique, 16 74)
Site Internet Hamdam Mostafavi (chef des informations, 17 33),Mouna El-Mokhtari (rdactrice, 17 36), Catherine Guichard (rdactrice,1604), Pierrick Van-Th (webmestre, 16 82), Paul Blond (rdacteur, 16 65),Mathilde Melot, Albane Salzberg (marketing)
Agence CourrierSabine Grandadam (chef de service, 16 97)
Traduction Raymond Clarinard (rdacteur en chef adjoint, 16 77), NatalieAmargier (russe), Catherine Baron (anglais, espagnol), Isabelle Boudon(anglais, allemand), Franoise Escande-Boggino (japonais, anglais), CarolineLee (anglais, allemand, coren), Franoise Lemoine-Minaudier (chinois),JulieMarcot (anglais, espagnol, portugais), Daniel Matias (portugais), Marie-Franoise Monthiers (japonais), Mikage Nagahama (japonais), Ngoc-Dung Phan (anglais, italien, vietnamien),Olivier Ragasol (anglais, espagnol),Danile Renon (allemand), Mlanie Sinou (anglais, espagnol), Leslie Talaga
Rvision Jean-Luc Majouret (chef de service, 16 42), Marianne Bonneau,Philippe Czerepak, Fabienne Grard, Franoise Picon, PhilippePlanche, Emmanuel Tronquart (site Internet)
Photographies, illustrations Pascal Philippe (chef de service, 16 41),Lidwine Kervella (16 10), Stphanie Saindon (16 53)
MaquetteBernadette Dremire (chef de service), Catherine Doutey,Nathalie Le Drau, Gilles de Obaldia, Josiane Petricca, DenisScudeller, Jonnathan Renaud-Badet, Alexandre Errichiello, ClineMerrien (colorisation)
Cartographie Thierry Gauth (16 70)InfographieCatherine Doutey (16 66)
Calligraphie Hlne Ho (Chine),Abdollah Kiaie (Inde), Kyoko Mori (Japon)
InformatiqueDenis Scudeller (16 84)
Directeur de la production Olivier Moll Fabrication NathalieCommuneau (directrice adjointe) et Sarah Trhin (responsable defabrication) Impression, brochage Maury, 45330 Malesherbes
Ont particip ce numroAlice Andersen, Edwige Benoit, Jean-Baptiste Bor, La Boutilier, Chlo Cattan, Maud Chouery, DaryaClarinard, Morgane Collongues, Marine Forestier, Ghazal Golshiri,Clment Graeff, Marion Gronier, Mlanie Guret, Gabriel Hassan,Mira Kamdar, Nathalie Kantt, Ann-Marie Kornek, Laurent Laget,Virginie Lepetit, Jean-Baptiste Luciani, Carole Lyon, Franois Mazet,Valentine Morizot, Nicolas Oxen, To Pe rrin, Is abelle Rosseli n,Raoul Roy, Oriane Sebillotte, Thomas Werkmeister
Secrtaire gnral Paul Chaine (17 46).Assistant es : NoluennBizien (16 52), Sophie Nzet (Partenariats, 16 99), Sophie Jan GestionJulie Delpech de Frayssinet (responsable, 16 13). Comptabilit : 01 48 8845 02. Responsable des droits Dalila Bounekta (16 16)Ventes aunumro Responsable publications : Brigitte Billiard. Direction desventes au numro : Herv Bonnaud. Chef de produit : Jrme Pons(0 805 05 01 47, fax : 01 57 28 21 40) . Diffusion internationale : Franck-OlivierTorro (01 57 28 32 22). Promotion : Christiane Montillet
MarketingSophie Gerbaud (directrice, 16 18),Vronique Lallemand (16 91),Laetitia Nora (assistante, 17 39), Romassa Cherbal (16 89).Publicit M Publicit, 80, boulevard Blanqui, 75013 Paris, tl. :01 40 39 13 13. Directrice gnrale : Corinne Mrejen. Directricedlgue : Brune Le Gall. Directeur de la publicit : Alexandre
Scher ([email protected], 37 96). Directrice de clientle :Hedwige Thaler([email protected],38 09).Chef de publicit :Marjorie Couderc ([email protected], 37 97). Assistantecommerciale : Carole Fraschini ([email protected], 36 68).Littrature : Diane Gabeloteau ([email protected]).Rgions: Eric Langevin ([email protected], 14 09).Annoncesclasses : Cyril Gardre ([email protected], 13 03). Excution :Graldine Doyotte (01 57 28 39 93). Site Internet Alexandre deMontmarin (alexandre.demontmarin@ mpublicite.fr, 01 53 38 46 58).
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Vu dailleursavec Christophe MoulinVendredi 14 h 10, samedi 21 h 10
et dimanche 14 h 10 et 17 h 10
La vie politique franaise
vue de ltranger
chaque semaine avec
A ce numro sont joints un encart Abonnement broch sur une slec-tion dexemplaires kiosque France mtropolitaine, un encart Vacancessur une slection dexemplaires kiosque France mtropolitaine et surune slection dabonns France mtropolitaine, un encart Dell sur une
slection dabonns France mtropolitaine et un encart Muze sur uneslection dabonns France mtropolitaine. Ce numro comporte unsupplment Pyrnes de 8 pages sur les dpartements 09, 64, 65 et 66.
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trangres russe la accus de rpandredes mensonges flagrants, et Michael McFaula fait savoir que son tlphone, sa messagerieet son compte Twitter avaient t pirats.La tension est encore monte dun cran, enmai, quand lambassadeur a dclar devantdes tudiants de lEcole suprieure dconomiede Moscou que la Russie avait vers un grospot-de-vinau Kirghizistan pour linciter fermer la base amricaine de Manas, implantesur un aroport local. Le ministre des Affairestrangres russe a accus via Twitter les Etats-Unis de verser eux-mmes des pots-de-vin et un responsable du Kremlin a dclarque la Maison-Blanche aurait d y rflchir deux fois avant denvoyer Moscou quelquuncomme Michael McFaul. Si la franchisede ce diplomate hrisse le Kremlin, elle platbeaucoup aux militants pour la dmocratie etaux jeunes internautes russes. Lambassadeur
est un homme remarquablement accessible,qui peut passer la nuit tweeter pour ses27 000 abonns. Il est, de fait, devenu une sortede clbrit sur Internet pour le petit monde de
lopposition moscovite, ce qui fait de lui un vraidiplomate du XXIe sicle. Michael McFaul confieque cest la secrtaire dEtat amricaine, HillaryClinton, qui la pouss frquenter les rseauxsociaux. Vas-y, Mike, ma-t-elle dit,si lon nestpas prsent dans cet espace, on manque une
dimension.Mme si Michael McFaul a dclarquil ne se sentait plus oblig de ragirauxattaques du Kremlin, il est peu probable quilpuisse se retenir longtemps. Poutine a lancune violente campagne de rpression contreles chefs de lopposition et les Etats-Unis et laRussie se dirigent vers un bras de fer proposde la Syrie. Le 12 juin dernier, le compte Twitterde Michael McFaul est demeur silencieux alorsque se droulait une norme manifestationcontre Poutine. Ses fans comme ses dtracteurssouponnent cependant que lambassadeurne va pas se taire encore bien longtemps.Anna Nemtsova
La Maison-Blanche auraitd rflchir avantde lenvoyer Moscou
Les gens
Michael McFaul
Lamricain 2.0
Newsweek New York
Cest une priode plutt agitepour tre lhommede Washington Moscou :avec les manifestations contreVladimir Poutine, la Russieest plonge dans des
turbulences que lon navait plus vues depuis
leffondrement de lUnion sovitique.Parachut Moscou en janvier dernier, MichaelMcFaul, le nouvel ambassadeur des Etats-Unis,reconnat quil est encore en train dapprendrelart de (s)exprimer de faon plus diplomatique.Et pour cause : ce sovitologue, professeur luniversit Stanford, est le deuximeambassadeur des Etats-Unis en Russie ne pastre diplomate de carrire, et il a dj irrit leKremlin par son manque de professionnalisme.Il sest galement rapidement fait des amisparmi les militants anti-Poutine en raisonde sa farouche opposition aux rgimesautoritaires. Il est peu probable que MichaelMcFaul ait devin quel point sa nominationallait tre controverse quand il aidait Obama forger le redmarragedes relations
amricano-russes. Cette politique visait avanttout dsamorcer des annes de tensioncroissante entre la Maison-Blancheet le Kremlin. Le dgel semblait en bonne voiejusqu la rlection de Poutine la prsidencerusse, en mars ce qui a fait redoubler lesmanifestations dans la capitale. Quand MichaelMcFaul a pris ses fonctions, il sest trouv aubeau milieu dune situation explosive. Ds sonpremier mois en poste, il a reu des militantspour la dmocratie. Cette rencontrea provoqu un toll dans les mdias prochesdu Kremlin, qui lont accus de conspirer aveclopposition. Depuis, le ministre des Affaires
Bastian Schweinsteiger,joueur de la Mannschaft TranquilleDe quelle pressionparle-t-on ? Pour nous,tout va trs bien. Les genssous pression, ce so ntceux qui se battentpour vivre ou qui so nten trs grandedifficult.A proposde ltat desprit des joueursallemands lEuro 2012.(Welt am Sonntag, Berlin)
Kim Clijsters, championnede tennis belge (29 ans)
PatrioteJe suis fire dtre belge.
Ce sentiment devient
Andoni Luis Aduriz,clbre chef espagnoldorigine basque
TalentueuxMa mre pensait quejtais un enfant problmes et quilfallait que je travaillede mes mains et nonavec ma tte. Elle disaitque si je savais faire lacuisine, au moins jemangerais.(The Observer, Londres)
Dalma Rushdi Malhas,cavalire saoudienne
HeureuseCest un rve qui
se ralise.Le Comit
olympique dArabieSaoudite, qui na pasde section fminine, vientdautoriser, pourla premire fois danslHistoire, les sportivessaoudiennes participer aux Jeuxolympiques. Au pays,les femmes nont mmepas droit lducationphysique.(CNN, Atlanta)
Benyamin Ntanyahou,Premier ministreisralien
ImperturbableJe crois que la paix
est importante pour
Isral. Je crois que la paixest importante pourlEgypte.Selon lagencede presse iranienneFars News, le nouveauprsident gyptienMohamed Morsi serait prt revoir les accordsde Camp David concluspar son pays avec Isralen 1979 et renouerles liens avec lIran.Selon les experts citspar la chane de tlvisionAl-Arabiya, la voixsur lenregistrement de FarsNews nest pas celledu prsident gyptien.(The Jerusalem Post,
Isral)
Jacek Rostowski,ministredes Financespolonais
PrudentJe nai pasenvie deminstallerdansune maison o lun desmurs risque de scrouler.Quils rparent dabordles murs et la charpente.Il refuse de donnerla date prcise de lentrede la Pologne dans la zoneeuro. A cause de la crise,cette date a dj trepousse.(Gazeta Wyborcza,
Varsovie)
plus fort au fur et mesure que je vieillis.Dans deux mois, elle met fin sa carrire sportive, maisavant, elle va reprsenterla Belgique aux JO deLondres. (Le Soir, Bruxelles)
DR
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Michael Michael McFaul.Dessin de Schot(Amsterdam) pourCourrier international.
Ils et elles ont dit
ambassadeur
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A suivreCourrier international | n 1130 | du 28 juin au 4 juillet 2012 11
Pakistan
Un nouveau Premierministre et des casserolesLe Parlement pakistanais a investile 22 juin le nouveau Premier ministre,Raja Pervez Ashraf, aprs la destitution,le 19 juin par la Cour suprme, deYousuf Raza Gilani, chef du gouvernementdepuis 2008. Ce dernier a t reconnucoupable doutrage pour avoir refus derouvrir une affaire de corruption visantle prsident. Selon The ExpressTribune, la nomination de PervezAshraf apporte son lot de casseroles.Ministre de lEau et de lEnergieentre 2008 et 2011, il aurait dmontrson incomptenceen ne parvenant pas grer la grave crise nergtique qui
touche le pays. Il aurait galementreu des pots-de-vin dans le cadre duncontrat nergtique. Son plus granddfi sera donc de russir conserverson poste. La Cour suprme devraitgalement renouveler ses pressionspour relancer des enqutes impliquantle prsident pakistanais Asif Ali Zardari.
Hong Kong
Visite sous tension pourle prsident chinoisA quelques mois de son dpartdu pouvoir, Hu Jintao, le numro unchinois, arrive le 29 juin Hong Kong
pour une visite de trois jours.Il doit assister la prise de fonctionsdu nouveau chef de lexcutif dela Rgion administrative spciale,le 1erjuillet. La date correspond aussiaux crmonies du quinzimeanniversaire de la rtrocession deHong Kong Pkin par le Royaume-Uni.Sa prsence est susceptible dal imenterencore plus la colre des Hongkongais,commente le quotidien South ChinaMorning Post. La population estmobilise pour exiger des explicationssur le dcs suspect en Chinedu dissident Li Wangyang, un anciendu printemps de Pkin, en 1989,dcouvert mort dbut juin. Plusieurs
dizaines de milliers de participantssont attendus une manifestationorganise par lAlliance des droitsciviques le 1erjuillet.
Equateur
Correa accueillera-
t-il Assange ?Rfugi dans lambassadede lEquateur Londresdepuis le 19 juin, le fondateurde WikiLeaks, Julian Assange,attend toujours la rponsedu prsident Rafael Correa sa demande dasilepolitique. Il espre ainsiviter que le Royaume-Unine procde son extraditionvers la Sude, o il estpoursuivi pour viol.Selon El Telgrafo,quotidien prochedu gouvernement,
le prsident quatorien prend le tempsdanalyser toutes les informations
avant de dcider. Aucunedate limite na t fixe.Il y a des gens qui sontrests rfugis dans uneambassade durant un jour,
vingt jours, cinq ans. Dans
ce genre daffaire, tout peutarriver,a soulignle ministredes Affaires trangresquatorien lissue dunerunion avec lambassadricede lEquateur Londres.
Bilorussie
Une amnistieen trompe-lilLes fauteurs de troublesetceux qui diffament le prsidentseront exclus de lamnistieannonce par les autorits
bilorusses pour le 3 juillet.
Printemps rable. La grande manifestation du 22 juin, qui arassembl prs de 15 000 personnes dans les rues de Montralet 10 000 personnes dans la ville de Qubec (un record), montreque la contestation peut encore se faire entendre en ce dbutde vacances scolaires, note le quotidien qubcois Le Devoir.
Agenda
Allemagne
PeterFeldmann,le cur surle Main
1erjuilletLe nouveau mairede Francfort-sur-le-Main, qui prend sesfonctions le 1erjuillet, est attendu surle terrain de la lutte contre la prcarit,le mal-logement et les nuisancesde laroport, une question qui a faitdfiler plus de 5 000 manifestants
le 24 juin. Elu le 25 mars dernier,Feldmann est le premier maire juifde Francfort depuis 1933et le premier social-dmocrate
la tte de la ville depuis 1995.
28 et 29 juin : Le Conseileuropen se runit Bruxellespour discuter dunionbancaire, dintgrationbudgtaire et de mutualisationdes dettes (lire p. 22).
30 juin : Election prsidentielleen Islande. La journalisteThora Arnorsdottir est la
grande favorite du scrutin.
Malgr lopposition du clergorthodoxe, Sofia accueillela cinquime dition
de la Gay Pride bulgare.
1erjuillet : Electionsprsidentielle et lgislativesau Mexique. Prs de 80 millions
D
R;DR;OLISCARFF/GETTYIMAGES/AFP;RONISCHUTZER/AFP;CHR
ISTINNEMUSCHI/REUTERS
Qubec En attendant, une nouvelle vaguede rpression sabatsur loppositiondmocratique, rapporte le quotidienpolonais Gazeta Wyborcza, qui prciseque, parmi les personnes arrtesrcemment, se trouve AndrzejPoczobut, son correspondant enBilorussie. Il avait trait de dictateurle prsident bilorusse AlexandreLoukachenko. Dj condamn une peine de prison avec sursisen 2011, il risque quatre ans ferme.
Isral
Les indigns :le retourIl y a presque un an, le 14 juillet 2011,la rvolte des tentes paralysait Tel-
Aviv, la mtropole conomique et politiquedIsral. Dune ampleur sans prcdent,cette vague de mcontentementavait vu des centaines de milliersde protestataires non pas dfiler surles boulevards, mais y camper. Presspar lopinion, le gouvernement avaitcharg une commission prsidepar lconomiste Manuel Trajtenbergde proposer des pistes pour rsoudre la
crise du logement qui frappe les classesmoyennes. Le 22 juin, la figure de prouede la rvolte des tentes, Daphni Leef,qui tentait de relancer le mouvement,a t arrte sans mnagement parla police, suscitant la colre de milliersde nouveaux manifestants, rapporte lequotidien isralien HaAretz. La questionest dsormais de savoir si la tournureviolente des nouvelles manifestationsrelancera le mcontentement socialou si, au contraire, elle dissuaderales manifestants pacifiques de 2011de redescendre dans la rue.
dlecteurs doivent choisirentre quatre candidats. Lesderniers sondages annoncentla victoire dEnrique Pea Nieto,candidat du Parti rvolutionnaireinstitutionnel (PRI), un partiqui a eu le pouvoir sansinterruption de 1929 2000.
Finale de lEuro 2012 Kiev
5 juillet : A Londres,inauguration du Shard,le gratte-ciel le plus hautdEurope (310 m), conu
par larchitecte Renzo Piano.
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8/13/2019 Courrier International 2013
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Dossier
Esclaves etdomestiques Le mon de com pte une cen taine de mil lions dedomestiques, mais cest au Moyen-Orient que lasituation des employes de maison asiatiques
et africaines reste le plus barbare. Abus etsvices sont leur quotidien. Des ONGmontent dsormais au front pour lesprotger.
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A
I M E T H I R I O N
Vro,Madagascar
Sans papiers,maltraite,elle sest sauvede la famillelibanaise oelle travaillaitet elle a pu trerapatrie Madagascar
en mars 2011.
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8/13/2019 Courrier International 2013
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Une bonne philippine se retrouve Beyrouth, victime de svicesde la part de sa patronne.
LOrient-Le Jour Beyrouth
Victime de maltraitance etdasservissement, Nenen D.sest fractur le dos et le pieden essayant de fuir la maisonde son employeur. Aprs unelongue hospitalisation, cette
employe de maison philippine est prive delibert, sur ordre de la sret gnrale libanaise,en attendant dtre reconduite dans son pays.Je veux rentrer chez moi aux Philippines. Je veux
retourner auprs de ma famille.Nenen D. rpteces deux phrases comme une antienne dans unpetit bureau de labri du centre des migrantsde Caritas [Secours catholique] de Sin El-Fil[banlieue de Beyrouth], une alternative au centrede rtention du secteur du palais de justice.
Nenen D. aurait dj d tre rapatrie depuisdeux bons mois. Mais son dpart attend le bonvouloir de son employeur et garant, Wissam A.,nullement press de rendre sa libert celle quilui donne tant de fil retordre. Pour ce faire, ildevrait dabord rgulariser sa situation, luirendre son passeport et lui acheter un billetdavion. Mais laffaire sternise et, vu le manquede coopration de lemployeur, cela pourraitprendre encore des mois.
Cest avec peine que Nenen se dplace. Elle
boite encore. Sa jambe la fait toujours souffrir.Son dos aussi. Les larmes aux yeux, elle raconteson histoire pour la nime fois. Elle est aujour-dhui dtermine se faire entendre, en esprant
que soit finalement exauc son vu le plus cher :retrouver son mari et ses trois enfants, qui lat-tendent avec impatience. Porter plainte contreson employeur ? Elle ny pense pas, du moinspour le moment. Je veux juste mon billet davion,supplie-t-elle dune voix peine audible. Etpourtant son patron lui doit encore 270 dollarsde salaires impays.
Ma patronne menfermait clCest aprs avoir saut de la fentre de lap-partement de ses employeurs, au premier tagedun immeuble, que cette femme de 46 ans at admise lhpital. Je ne voulais pas me sui-cider, dit Nenen avec insistance. Je voulais justeprendre la fuite.Le bas du dos et le pied frac-turs, elle a t ramene illico par le concierge
de limmeuble ses employeurs. Dabord som-mairement prise en charge domicile au moyende cachets, Nenen a finalement t hospitali-se et opre du dos. Elle risquait la paralysie.Mon patron narrtait pas de me dire que a luicoterait trop cher de me faire hospitaliser, se sou-vient-elle. Lemploye de maison ne bnficiaitdaucune assurance mdicale, mais elle ligno-rait. Elle ignorait aussi que ses papiers ntaientpas en rgle. Mes employeurs mont embaucheau Kowet. La famille, qui est libanaise, a ensuitedmnag au Liban, il y a six mois, et moi avec eux.Nenen grne, dune voix monocorde, les mau-vais traitements infligs par sa patronne, RachaM. Elle me surchargeait de travail, jour et nuit,sans la moindre journe de repos hebdomadaire,ni mme la moindre sieste de temps autre. Le jour
jaccompli ssais le s tches domestiques, et la nuitje devais donner le biberon aux deux bbs ducouple et les porter ds quils pleuraient.Nenenraconte la confiscation de son passeport,
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Les larmes amres de Nenen
Alem Dechasa
La fin tragiquedAlem Dechasa, cettedomestique thiopiennefrocement battue parses patrons devantle consulat de son pays(rest sans raction) etles camrasde la chanelibanaise LBC, a eu defortes rpercussions.Dechasa a fini parse donner la mort lhpital psychiatriqueo elle avait t interneaprs cette scne.Laffaire a dclench une
vague de protestationscontre les conditionsde vie des domestiquestrangres au Liban,ainsi quun sursaut etsein mme de la socitlibanaise, longtempsapathique face au dramedes immigreset gangrene par unracisme esclavagiste.
Tout a commenc quand une famille
de Duba a fait venir deux bonnes africaines.
La matresse de maison leur a indiqu le travail
quelles auraient faire. Mais le l endemain, dsle dpart du mari, l es deux bonnes ont rclam
les bijoux de la matresse. La victime a failli
perdre connaissance sous les coups. Elle a fini
par tout leur donner. Les deux bonnes se sont
saisies du butin et ont pris la fuite. Ce nest
quun exemple parmi tant dautres crimesdont dbordent les rapports de police propos
des bonnes. Un autre exemple : une bonne,
indispose par les pleurs du bb dont
elle avait la garde, la tout si mplement mis
au rfrigrateur jusqu ce quil arrte de pleurer,
raconte lhebdomadairefminin saoudien
Laha. Pour le quotidien saoudienAl-Riyadh,les bonnes font preuve dingniosit pour
cacher des objets de valeur avant de regagner
leur pays dorigine. Parfois elles emportent
des objets personnels afin de les utiliser pour
la magie dans le but de nuire leurs employeurs.
Oum Mohammad tait oppose lidede fouiller sa bonne parce quelle lui faisait
aveuglment confiance. Elle a chang davis
lorsquelle a dcouvert la disparition
de 1 000 euros. Elle a fouill les affairesde la bonne et retrouv son argent.Je lai pourtant toujours traite avec gards,se dsole-t-elle.
Certaines bonnes mlent de lurine ou du sang
menstruel la nourriture de leurs employeurs,
rvle le quotidien dAbou DhabiThe National.
On a rapport le cas de bonnes prparantdes infusions partir de leurs sous-vtementssales en pensant quelles pouvaient ainsi
gagner les faveurs de leur matre. Toutefois,dans certains cas, elles le font pour se venger
de mauvais traitements.
Limmoralit des immigres fait les dlicesdu blog saoudienAl-Qassimy: Peu aprslarrivede la domestique, jai remarqu quemon mari tranait la maison,raconte uneinstitutrice. Un jour, en rentrant la maison,je lai dcouvert dans une complicit totale
avec la bonne. Jai tout de suite chass cette
dernireet lai oblige rentrer dans son pays.
Avec mon mari, on a failli en venir au divorce.Jai dcid depuis de me consacrer lui
et la maison. Rcemment, jai remarqu que
mon fils de 14 ans passait beaucoup de temps
parler avec la nouvelle bonne. Elle voulaitle pousser des comportements immoraux.
Les drames causs par les bonnes dansle Golfe sont mme dtaills dans le blogmarocainAl-Akhbar Al-Maghribiya: Lesfamilles du Golfe se prvalent de l a nationalit
des bonnes quelles emploient, le prix dune
Thalandaise ntant pas le mme que
celui dune Indienne. Ces femmes doivent aider
nettoyer la maison. Or elles outrepassentsouvent ce rle. S., un jeune du Golfe, raconte
que certaines lesbiennes du Golfe ont
des relations sexuelles avec leurs bonnes,
les premires jouant la femme tandis
que les bonnes assurent le rle du mle.M., un quadragnaire, admet quil a des rapports
anaux avec sa bonne, parce que son pouse
considre cela comme interdit par la religion.
Revue de presse
La mauvaise foi
des mdias du Golfe
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81
5
2 2
2
9
15
2
2
4
3
13
6
Tropique du Cancer
La Mecque
Kowet
JORD.IS.
PAK.
SOUDAN
RYTHRE
THIOPIEDJ.
GYPTE
IRAK
SYRIE
LIBAN
IRAN AFGHANISTAN
YMEN
Abrviations :.A.U. Emirats,Q. Qatar
Q.
BAHREN
KOWETKOWETOW TKOWET
ARABIESAOUDITE
OMAN
.A.U.
MerR
ouge
500 km
3 juin 2012Dcs d'une bonneaprs une chutedu 3etage
18 mai 2012Suicide dunedomestiquethiopienne
Derniersfaits recenss :
Violences sur les domestiques au Moyen-Orient
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Pays dont sontoriginaires les domestiques
1. Soudan 2. thiopie3. Kenya 4. Madagascar5. Inde 6. Npal7. Bangladesh 8. Sri Lanka9. Indonsie10. Philippines
Principaux cas recenss
de domestiquesde fvrier 1999 mai 2012,daprs le Middle EastDomestic Help AbuseReporting(les chiffres correspondentau nombre de cas par pays)
de suicidede meurtrede viol ou torture
S
ource:
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Photographe
Aime Thirion est unephotographe franaiseinstalle Beyrouth.Elle travaillesur la situation des
domestiques immigres.Ses photos illustrentnotre dossier. Voir aussi :www.athirion.com.
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De nombreuses Ethiopiennesse sont suicides chez leursemployeurs libanais, qui les traitaientcomme des personnes sans droits,corvables merci.
Now Lebanon Beyrouth
Ds son arrive au Liban, Martha,une Ethiopienne dune ving-taine dannes, a t maltraitepar son employeur et les trois
enfants de celui-ci (deux ado-lescents et un enfant de 9 ans).
Ils la frappaient sans cesse, linsultaient,len fermaient dans la maison et verrouillaientle rfrigrateur. Imaginez un enfant de 9 ansqui vous tape dessus. Je pleurais, raconte Martha.Au bout de deux mois, la jeune femme sest rfu-gie au consulat thiopien, o son employeurla suivie avec ses enfants sur les talons, essayantde la molester en public. Le consulat la prisesous sa protection puis la laisse partir aveclemploy du cabinet de recrutement qui lavaitfait venir au Liban.
Mais, contre toute attente, la jeune Ethio-pienne a t renvoye dans la mme famille etconfronte aux mmes violences. Jai essayde me suicider en buvant des produits de nettoyage,
mais jai eu seulement la bouche brle, dit-elleavec un sourire triste. Au bout dun an, alors
que son employeur lenvoie acheter un balai,Martha en profite pour prendre la fuite. Dsque jai t dehors, je me suis mise courir, sesouvient-elle.
Martha a survcu, mais beaucoup dautresfemmes qui viennent au Liban pour travaillercomme domestiques meurent des violences quileur sont infliges. En 2009, quatre Ethio-piennes se seraient suicides en deux semaines[au Liban, le suicide des domestiques est unphnomne persistant]. Ces morts reprsententla partie merge de liceberg, indique NadimHoury, chercheur de Human Rights Watch
Beyrouth.Les employeurs libanais ont lhabitude de
conserver le passeport de leurs domestiqueset beaucoup ne les laissent pas sortir pendantdes annes. Les insultes sont aussi couranteschez eux que le non-paiement des salaires. Bienque la plupart de ces pratiques soient contraires la Constitution libanaise et ne soient pas le faitde la grande majorit des Libanais, qui traitentleurs domestiques relativement bien, il nexistepas de services chargs de dfendre les droitsfondamentaux des domestiques trangres et depoursuivre en justice les employeurs violents.
Cest pourquoi beaucoup dentre elles choi-sissent de mettre fin leur vie. Mais les dif-ficults continuent avec le rapatriement ducorps. Ainsi, une Npalaise est reste plusieurs
mois la morgue. Dans certains cas, le corpsreste dans le frigo, car ni lassurance ni lem-ploye ur ne veu lent pay er le rap atr iem ent ,explique Nadim Houry. Pour lui, le meilleurmoyen de mettre un terme ces suicides seraitde faire en sorte que le gouvernement libanaisait en rpondre : Que les autorits prennentdes mesures concrtes pour rduire le sentimentdisolement de ces employes.
Selon des sources officielles de la police,lEthiopienne qui sest suicide dans le quartierde Gemmayz [ Beyrouth] en se jetant du sep-time tage laurait fait cause dune brouilleavec sa sur. Mais Broukti, une domestiquethiopienne qui travaille au Liban depuis plusde dix ans et fait partie dune association, estsceptique. En Ethiopie, personne ne se suicidepour une dispute avec sa sur.
Selon les chiffres de Human Rights Watch,plus de la moiti des dcs enregistrs sont ceuxdEthiopiennes, alors quelles reprsententmoins dun quart des domestiques. Broukti adeux explications. La premire est que beau-coup de femmes de son pays viennent de rgionsrurales et versent plusieurs centaines de dol-lars des passeurs en croyant quelles aurontun emploi dans un bureau ; quand elles arriventau Liban, elles trouvent leur situation insup-portable. La seconde raison est que, pour beau-coup de ces femmes, il est intolrable dtretraites comme des tres humains de secondezone. Nous les Ethiopiens, nous avons une his-toire. Nous navons jamais t coloniss. Nousavons mme colonis jusqu la frontire delArabie Saoudite. Nous sommes un peuple trs
fier, lance Broukti. Hayeon Lee
Beyrouth, tombeau
des Ethiopiennes
les interdictions de sortie. Ma patronnemenfermait cl ds quelle sortait.Elle voqueaussi les sanctions auxquelles elle a t soumise,pour une raison ou une autre. Madame me fai-sait frotter les murs. Elle disait quelle voulait mevoir devenir folle force de les frotter.
Nenen relate en outre les coupes de salaire,selon le bon vouloir de son employeur, lpouxde sa patronne. Jta is paye lquivalent de60 dinars kowetiens par mois [environ 170 euros].Au dbut de mon contrat, jai mme travaill troismois sans tre paye, pour rembourser le prixde mon billet davion.Chaque fois quelle effec-tuait un virement aux Philippines, son patronprlevait 20 dollars de son salaire. Les frais devirement ntaient pourtant que de 10 dollars.
Une journe sans accs aux toilettesPour lui faire avaler ces abus, lemployeur a offert la jeune femme un tlphone portable. Jenavais dautre choix que daccepter, pensant quecela me permettrait de garder le contact avec mafamille, souligne-t-elle. Elle a finalement ra-
lis que ce tlphone ntait quun trompe-lil.Sa patronne le confisquait rgulirement et effa-ait les messages quelle recevait de sa famille.
Le pire ne pouvait quarriver. Une nuit,Nenen sest recouche aprs avoir donn le bibe-ron au nourrisson qui pleurait. Je nai pas entendulan pleurer, jtais trop fatigue. Le lendemain mapatronne a voulu me punir. Elle ma demand de luidonner la carte puce de mon tlphone mobile. Jelai cache dans ma bouche.Nenen raconte alorscomment sa patronne la agresse, la saisissant la gorge pour lui faire cracher la puce, au risquede ltrangler. Ce jour-l, elle ma fait dormirpar terre, devant la porte, sans rien pour me cou-vrir, pas mme ma serviette. Elle ma confisqu tousles habits quelle mavait donns. Elle ma mmeempche dutiliser les toilettes durant une jour-
ne entire, me disant que sa maison ntait pas unhtel. Jai fini par faire dans ma culotte. Elle nema pas laiss me changer.
Victime, comme tant demployes de maisontrangres, demployeurs malhonntes et escla-vagistes, mais aussi dun systme qui ignore dli-brment les droits de la main-duvredomestique, Nenen est aujourdhui prive delibert en attendant que son dossier se dbloque.Ses employeurs, eux, sont libres comme lair.Anne-Marie El-Hage
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Dans certains cas, le corps restelongtemps dans le frigo, carni lassurance ni lemployeur neveulent payer le rapatriement
Rahel,Ethiopie
Aprs avoirtravaill dansune premirefamille o ellea t maltraite,Rahel sestretrouve la rue, puiselle a rencontrune autre famillequi lui tmoignedu respect.
Protection
Combien de travailleursdomestiques dansle monde ? Au moins
53 millions,rpondlOrganisation
internationale dutravail (OIT), mais les
spcialistes estimentque leur nombre
pourrait dpasserles 100 millions, comptetenu du fait que ce travailest souvent dissimul.Cest pour tenter deles protger que lOITa adopt, en juin 2011,la Convention concernantle travail dcent pourles travailleursdomestiques. Troisannes de ngociationsont t ncessaires lorganisation,
rappelle le mensuelbangladais Forum.La convention prciseque les domestiquesdoivent, entre autres,disposer dhorairesde travail raisonnableset dun reposhebdomadaire daumoins vingt-quatreheures conscutives.Plus de soixante paysse sont abstenus lorsdu vote du texte,dont le Royaume-Uni,la Malaisie, Singapouret la Thalande ; alorsque plusieurs paysdu Golfe (dont lArabieSaoudite) ont vot
sa ratification.
Dossier Esclaves et domestiques14 Courrier international | n 1130 | du 28 juin au 4 juillet 2012
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IMETHIRION
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En Arabie Saoudite, tout travailleurtranger a besoin dun parrainagepour pouvoir travailler. Ce systmefavorise les abus, surtout lorsquilsagit des droits des domestiques.
Financial Times Londres
Lorsquen aot 2010 une domestiqueoriginaire du Sri Lanka, L.T. Ariya-
wathi, a accus son employeursaoudien de lui avoir enfonc desclous et des aiguilles dans le corps,nombreux sont les Saoudiens et
les responsables du gouvernement qui ont misen doute son rcit. Malgr les photos, certainsont mme accus L.T. Ariyawathi davoir toutinvent et de faire du chantage.
Puis, fin 2010, on a appris que deux employesde maison indonsiennes avaient subi dessvices : Sumiati Binti Salan Mustapa (23 ans),torture Mdine, et Kikim Komalasari (36 ans),dcde Abha [deux villes saoudiennes].Cette fois, les ractions ont t quelque peudiffrentes.
Cest le rsultat de comportements anormaux
qui pourraient avoir lieu dans nimporte quellesocit,a expliqu Yahya Al-Maqbul, qui travaille la chambre de commerce et dindustrie de Djed-dah. Il a tout de mme ajout : Les comportementsde ce type sont rprhensibles et inacceptables. Lesauteurs de ces crimes ne devraient pas pouvoir chap-per aux peines prvues par la charia.Au ministredu Travail, les fonctionnaires assurent souventque les violences sont rares, mais, selon les dfen-seurs des droits de lhomme, les fonctionnairesignorent surtout le fait que ces comportementssont nourris par le systme de parrainage envigueur en Arabie Saoudite, appel kafalah.
Dans la plupart des pays, les domestiquespeuvent tout simplement partir lorsque leuremployeur est violent, mais, en Arabie Saouditeet dans dautres pays du Golfe, ils ne peuvent
pas quitter le pays ni changer de travail sans
autorisation expresse. Quils soient banquiers,avocats, chauffeurs ou domestiques, les 9 mil-lions dexpatris qui travaillent dans ce payssont sous lautorit dun kafeel, ou parrain.Sils sont nombreux mener une vie paisible,les violences infliges aux employs trangerssont courantes. Les employeurs confisquent sou-vent les passeports de leur personnel, refusentde leur accorder des visas de sortie ou de les
laisser changer de travail. Cest le systme quifavorise les abus, affirme Christoph Wilcke, deHuman Rights Watch. En gnral, limpunit nefait qualimenter la violence, quelle que soit la culture.Il est dj arriv que des Occidentaux qui habitentdans le Golfe trouvent normal de sous-payer etdenfermer leurs employs de maison, ce quils nau-raient jamais fait dans leur pays dorigine.
Le ministre du Travail saoudien, Adel Fakeih,a dclar que la rforme du systme de parrai-nage tait lune de ses principales priorits.Par ailleurs, Bahren et le Kowet ont indiququils souhaitaient galement mettre en placedes rformes. Toutefois, les ministres des deuxpays se sont heurts lopposition des chefsdentreprise locaux. La pire des situations estcelle des employs de maison, car ils sont sou-vent pauvres et isols, et ils peuvent rarement
avoir accs la justice.Lancien ministre du Travail saoudien
Ghazi Algosaibi (dcd en 2010) avait tentde mettre fin au systme, directement ou parle biais de quotas, pour forcer les patrons embaucher des ressortissants saoudiens pluttque des trangers. Mais ses efforts ont tcontrecarrs par le lobby des entreprises et lesecteur lucratif des visas.
Il existe un march noir des visas contrlpar des personnes influe ntes. Personne ne peutsy attaquer, explique Waleed Abu Al-Khair,avocat spcialiste des droits de lhomme. Nousavons affaire une codification de lesclavage. Denombreuses personnes vivent sans travailler grceaux revenus que leur apporte le parrainage et largent que des travailleurs pauvres leur versent
tous les mois.Abeer Allam
Dossier Esclaves et domestiques16 Courrier international | n 1130 | du 28 juin au 4 juillet 2012
Le code de lesclavage
Un bar Gemmayz, un quartierde Beyrouth, a fini par annuler une soireo les clients taient invits venir dguissen travailleuses domestiques immigres.Le meilleur costume aurait t rcompenspar un prix de 100 dollars. Chacun taitencourag venir ce vendredi soir, transformen Sinkara ou Milenga Soumatra ou Domma
crer [son] propre uniforme de bonne,
sexprimer comme elle, ressembler une Philippine , une fille du Bangladesh
ou du Sri Lanka ou nimporte quelle autre
bonne, pour gagner un prix de 100 dollars.
Toutes les informations taient sur la page
Facebook du bar. Une organisation libanaisede lutte contre le racisme, Anti-RacismMovement, a reproduit sur son propre blogcette annonce, qui na pas tard souleverun toll sur Internet. La propritairede ltablissement incrimin a d retirertous les dtails sur lvnement.Sadressant au Daily Starle lendemain,elle a rfut toute accusation de racisme.On avait juste demand de mettre
un costume, ctait pour samuser.
Mais certains ne lont pas compris ainsi.
A propos de laccent mis sur les nationalitstrangres, elle a soutenu que ce ntaitpas du tout [son] intention de prsenter les
choses comme a. Ce ntait pas obligatoire
de se dguiser en trangre, il suffisait
de mettre un tablier et de shabiller commesa mre.Farah Salka, de lAnti-RacismMovement, considre lvnement commelun des exemples les plus scandaleuxauxquels elle ait t confronte depuislongtemps. Tout en se flicitant de la rapiditavec laquelle la propritaire du bar y a misun terme, Mme Salka regrette que celle-cinait pas prsent dexcuses pour en avoirfait la publicit. Elle compare galementle prix de 100 dollars promis pour le meilleurcostume au salaire dune domestique. Il luifaut un mois de travail pour gagner une telle
somme, mais les clients du bar pourraienten toucher autant rien quen limitantet remporter le prix tout en passant
de joyeux moments. Mme Salka dnonceune insensibilit totale.
Olivia Alabaster The Daily StarBeyrouth
Liban
Dguise-toi
en Sri-Lankaiseet gagne 100 dollars
Lanto,Madagascar
Elle sest enfuiede chez sespatrons, quila maltraitaientet qui ont gardson passeport.Aprs un sjourdans un centrede dtention,elle a pu trouverde nouveauxemployeurs.
Campagne publicitaire qui dnoncela situation des domestiques au Liban,cre par lagence Lorem Ipsum
et censure Beyrouth.
Accord
Aprs avoir interdit,en 2011, lentredes domestiquesphilippines sur sonterritoire, le royaumesaoudien a finipar signer cette anneavec Manille un accordsur leurs conditionsde travail en ArabieSaoudite. Laccordstipule que lemployetouchera un salairemensuel quivalant 316 euros (50 % dusalaire dune employesaoudienne). Ellebnficiera dun jourde cong hebdomadaire.Elle gardera sonpasseport, sa carte desjour, et aura le droitdavoir un tlphoneportable. Trente joursde congs lui serontaccords tous les deuxans. Son employeur
devra lui payer sonbillet davion de retouret lui ouvrir un comptebancaire o elle pourradposer son salaire.Enfin, lemployeurdevra prendreen charge les soinsmdicaux de lemployede maison en cas demaladie et renvoyerson corps sa familleen cas de dcs.
AIMETHIRION
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8/13/2019 Courrier International 2013
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Malgr ses promesses, Dacca laisseses migres se dbrouiller seules, la merci des passeurs.
The Daily Star (extraits) Dacca
Le gouvernement bangladais nesemble gure se proccuper de pro-tger ses ressortissantes contre lesmauvais traitements dont elles sontvictimes lorsquelles vont travaillercomme domestiques ltranger,
en particulier au Liban, le pays qui en accueillele plus grand nombre. En effet, lorsque cellesqui sont parties travailler au Liban et, dans unemoindre mesure, aux Emirats arabes unis et
Oman rentrent dans leur pays, elles ont t vic-times de harclement psychologique ou sexuel.
Quelque 200 000 Bangladaises, pour laplupart pauvres, analphabtes ou trs peu ins-truites, ont actuellement un emploi chez desparticuliers ou dans des usines textiles de diverspays du Moyen-Orient. Tous les ans, prs de60 000 Bangladaises vont y travailler et envoient leur famille une part de leur salaire, pour unmontant global estim 150 millions de dollars[119 millions deuros] par an. Mes souvenirs duLiban sont un cauchemar, confie une anciennemigre, racontant le viol commis sur elle parson employeur. Une autre tmoigne : On mobli-geait t ravailler d ans trois maisons alors quejavais t recrute pour une seule. Je ne pouvais pasassumer tout ce travail. Et en plus on ne me don-
nait pas grand-chose manger.Il y a deux ans, le ministre bangladais duTravail, des Expatris et de lEmploi outre-mer,Khandaker Mosharraf Hossain, avait promis dedistribuer des tlphones portables et des cartesSIM ces femmes leur arrive ltranger.Mais il na pas prcis si on leur communique-rait des numros pour contacter les autoritsbangladaises ou libanaises. Interrog rcemment ce sujet, il a rpondu : Jai approuv une dci-sion en ce sens. Je vais vrifier pourquoi elle na pas
t applique.Et il a ajout quavant de partirces femmes suivaient un stage de formation detrois semaines, qui, selon lui, contribuait rduireles cas de mauvais traitements. Une informationqui reste malheureusement impossible vrifier.
Pour Al-Amin Nayan, militant des droits desmigrs, le fait que le gouvernement nait pas tenuces deux promesses cruciales reflte son manque din-trt pour le sort des migres.Sumaiya Islam, latte de lAssociation bangladaise des travailleusesmigrantes, est convaincue que les tlphones por-tables seraient utiles aux domestiques. Les auto-rits concernes pourraient les contacterrgulirement, elles et leurs employeurs, afindassurer leur protection.
En aot 2009, le ministre des Finances, A. M.A. Muhith, avait annonc louverture dune
ambassade Beyrouth, mais la procdure est tou-jours en cours.A lheure actuelle, les dossiersrelatifs aux conditions de travail des ressortis-
sants du Bangladesh sont grs par un consulgnral honoraire et un fonctionnaire spciale-ment affect lemploi des migrs.
Le Bangladesh compte dix agences habilites envoyer des domestiques ltranger. Pour assu-rer la transparence de la procdure, elles ont desaccords avec leurs homologues libanais, mais, dansles faits, ce sont des intermdiaires [passeurs] quisoccupent des visas de travail.Comme la plupartdes domestiques ne connaissent que les intermdiaires,elles ne peuvent pas contacter directement les agencesde recrutement pour rsoudre les problmes auxquelselles sont confrontes, explique un agent qui a sou-hait conserver lanonymat. Selon lui, ce sont lesintermdiaires qui ont le contrle de la situation.Mon intermdiaire ma mme demand de me pros-tituer,raconte une ancienne expatrie qui a pay
plus de 100 000 takas [970 euros] pour se rendreau Liban alors que le tarif officiel est fix 20 000[195 euros]. Porimol Palma
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Le Bangladesh oublie ses bonnes
Comment survivre aprs les violences ?
Des organisations tentent daiderles bonnes cambodgiennes en
dtresse rapatries de Kuala Lumpur.
Une Cambodgienne a t dcouverte parune patrouille de police dans la nuit du10 avril ; el le tait assise devant laroportinternational de Phnom Penh, lair hagard,se souriant elle-mme ; son passeportportait un tampon malaisien maiselle sest montre incapable dexpliquerdo elle venait ou ce quelle faisait.Duong Lorn, sa sur cadette, a dclarque Poung Savong, ge de 30 ans, taitune femme belle et heureuse avantde sexpatrier en Malaisie pour travaillercomme domestique, et que ctait piti
de la voir aujourdhui dans cet tat. Le peu
de choses que la police a pu apprendre
delle lui a permis de reconstituer unehistoire quelle ne connat que trop bien :Poung Savong avait quitt le Cambodgedeux ans auparavant pour travaillercomme domestique en Malaisie.Elle a t battue et torture par sesemployeurs jusqu ce quelle craque.Chaque anne, des dizaines de milliersde Cambodgiennes sont rapatries depays o elles sont exploites. Bien quellesesprent laisser ces preuves derrireelles, les spcialistes de la sant mentaleaffirment que leurs ennuis sont loindtre termins. De fait, le Programmede soutien psychosocial aux victimesde trafic dtres humains et dexploitationdans le travail, dirig par Pich Panha,
de lOrganisation psychosociale
transculturelle, a enregistr un
accroissement du nombre de patientesprises en charge au cours des d erniersmois. De janvier mars, vingt-six victimesont t reues, soit plus du double duchiffre atteint au premier trimestre 2011et prs de la moiti du total de lanne (59).Devant cette multiplication des svicessubis par des domestiquescambodgiennes en Malaisie, les autoritsont temporairement interdit leur dparten octobre 2011. Quelque 80 90 %des anciennes migrantes reues parlAssociation pour les droits de lhommeet le dveloppement au Cambodge(Adhoc) souffraient de troublespsychiques, indique la directrice adjointede la section fminine, Li m Mony.
Une femme de 21 ans originaire
de la province de Kampong Thom
[au centre du Cambodge] manifestaitdes symptmes classiques de troubledpressif, se tenant toujours surla dfensive et se trouvant incapablede se concentrer mme sur des activitsquotidiennes. Elle avait t victime de violet de tentative de meurtre en Malaisieet son corps avait ensuite t jet dansun grand sac en plastique et dposdans une poubelle par ses empl oyeurs.Certaines de ces femmes ont t traites
comme des animaux, parfois mmemoins bien. Des expriences de ce genre
laissent des traces au niveau affectif,
intellectuel et psychique. Leur quilibre
mental sen trouve altr,rapportePich Panha. Cassandra Yeap The Phnom
Penh Post (extraits) Phnom Penh
Entre pays dAsie
En Malaisie, on les traite comme des animaux
Thrsa,Philippines
Elle a dabordtravaill trois ansdans une famille.Aujourdhui, elleest domestiqueen free-lance,et elle a sonpropre logement Beyrouth. Tousles mois, elleenvoie de largent sa fille resteaux Philippinespour lui payerses tudes.
Surleweb
www.cou
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internatio
nal.c
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Les plages delapartheid, un articledu Daily Starsurles plages priveslibanaises interditesaux domestiquesasiatiques et africaines.A lire sur le site deCourrier international.
AIMETHIRION
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Augmentation des taxeset plafonnement du salairedes dirigeants : les premiresmesures conomiques dugouvernement risquent de fairefuir les entreprises, pronostiquele trs libral magazine anglaisThe Economist.
The Economist Londres
L a premire fois que les socia-listes taient arrivs au pouvoir,en 1981, avec llection de Fran-ois Mitterrand, le nouveau gouverne-ment stait dpch de nationaliser tourde bras. Rien dtonnant, dans ces con-ditions, que les patrons franais aientaccueilli la victoire de Franois Hollandeavec plus quun frisson dinquitude. Quevont faire les socialistes cette fois-ci ?
La rponse est que Franois Hollandeentend apparemment freiner les forcesde destruction cratrice [expressionpopularise par lconomiste autrichienJoseph Schumpeter au dbut du XXe sicle]de manire figer pour lternit le pay-sage conomique du pays. Avant mme lavictoire des socialistes aux lections lgis-latives du 17 juin, le discours contre les fer-metures dusines stait durci. Durant la
campagne lectorale, Arnaud Montebourg,devenu depuis ministre du Redressementproductif, les avait vigoureusementdnonces. Lorsque le fabricant de linge-rie fminine Lejaby avait annonc sonintention de cesser toute activit sur sondernier site en France et de dlocaliserlensemble de la production en Tunisie, iltait mont au crneau pour dfendre lesoutien-gorge tricolore. Montebourgsemble mme vouloir empcher les entre-prises de dmnager lintrieur du pays.Il a protest avec virulence lorsqueKawan Villages, un exploitant de cam-pings en difficult, a rcemment tent dedmonter ses tentes en Bourgogne pourles rinstaller dans le Sud-Ouest.
Plans sociaux en cascadeMaintenant, le gouvernement Ayrault veutpasser du discours lacte. Michel Sapin,le ministre du Travail, a promis de faire ensorte que les licenciements cotent telle-ment cher aux entreprises quelles ny son-geront mme plus. Celles qui rduirontleurs effectifs tout en versant des divi-dendes seront sanctionnes. Une autremesure envisage consisterait obliger lessocits vendre un site, sans doute avecles produits qui y sont fabriqus, desconcurrents plutt que de le fermer.
Mais le gouvernement aura du mal rsister aux forces du march. Nombredentreprises ont mis en sommeil leursplans de restructuration durant la cam-
pagne lectorale, de manire viter toute
France
polmique. Maintenant, des plans sociauxen cascade se profilent lhorizon. Selonla CGT, jusqu 45 000 emplois sontmenacs dans des groupes comme PSAPeugeot-Citron, qui voit ses venteschuter, ou Carrefour.
Les socialistes ne russiront vraisem-blablement pas prvenir les destructionsdemplois, mais ils feront sans doute preuvedune redoutable efficacit quand il sagirade dcourager les crations demplois.
Lune de leurs promesses lectorales lesplus populaires tait limposition des reve-nus suprieurs 1 million deuros au tauxmarginal de 75 %. Mais les consquencesprobables dune telle dcision seront bienmoins apprcies. De grandes entreprisesquitteront la France ou installeront leurtat-major ltranger, de manire pro-tger leurs dirigeants sur le plan fiscal.
En outre, une nouvelle taxe suppl-mentaire sur les dividendes des entreprises[ hauteur de 3 %] prend le monde desaffaires rebrousse-poil. Paris bruisse derumeurs sur des dparts prcipits. Legroupe de luxe PPR, propritaire de Gucciet dYves Saint Laurent, projetterait dedmnager lensemble de sa directiondans des bureaux londoniens ds cet t.
Technip, le groupe de services ptroliersprsent dans le monde entier, envisage-rait de transfrer son sige social de lautrect de la Manche. A la grande colre dundput franais, le Premier ministre bri-tannique David Cameron sest dit prt drouler le tapis rougedevant les entre-prises franaises qui souhaiteraient fuirle nouvel impt.
Mais la plus lourde consquence delinstauration de taux dimposition astro-nomiques sera bien moins visible, au moinsau premier abord. Marc Simoncini [fon-dateur du site de rencontres Meetic et pr-sident du fonds dinvestissement JanaCapital] est lun des entrepreneurs les plusconnus en France et lun des rares sle-
ver publiquement contre les mesures
envisages. Il a voqu la possibilit desinstaller ltranger en regrettant que laFrance sapprte devenir lun des pays lesplus fortement imposs au monde.
Limpt ne constitue pas la seulemenace qui plane sur les moluments desdirigeants dentreprise. En effet, leministre de lEconomie et des Finances,Pierre Moscovici, a annonc leur plafon-nement 450 000 euros soit environvingt fois ce que touche le salari le moins
bien pay pour les patrons des socitsdont lEtat est lactionnaire majoritaire.Dans certains cas, cela entranera unebaisse de 70 % de leur rmunration.
Caprices gouvernementauxLa plupart des dirigeants dentreprise nepensent pas que le gouvernement les visedlibrment. Ils estiment que ses moti-vations sont dordre purement politique et que les socialistes nont simplementpas conscience des dgts que causeraientleurs projets (la plupart des ministresnont aucune exprience des affaires). Detoute faon, il est possible que le taux dim-position de 75 % ne voie jamais le jour : leConseil constitutionnel pourrait ultrieu-rement le remettre en cause.
Mais les patrons franais portent unepart de responsabilit dans le traitementqui leur est rserv. Presque tous ont pro-fit des liens troits qui existent entre leshauts fonctionnaires et les dirigeants dusecteur priv. Nombre dentre eux sortentdes mmes grandes coles, notammentlEcole nationale dadministration (ENA).Les membres des cabinets ministrielssont rgulirement parachuts la direc-tion des entreprises, mme non contr-les par lEtat. A linverse, certains patronsdeviennent ministres. Si les deux catgo-ries ne faisaient pas partie de la mme liteet si les entreprises franaises taient plusindpendantes de lEtat, ces derniresseraient moins vulnrables aux caprices
gouvernementaux.
Economie
Le tapis rouge, cest maintenant
Patrimoine
Astrix dit adieu Pompi
Les millions promis pour sauverle site archologique resterontfinalement en France.
C e devait tre le sauvetage desruines de Pompi par les gen-tils Franais, cest devenu lim-pardonnable trahison des mchantsFranais. Le 12 mars dernier, Jolle Cec-caldi-Raynaud, la prsidente de lEpadesa,tablissement public charg de lam-nagement du quartier daffaires parisiende la Dfense, a annonc que les 5 10 millions deuros promis pour aider
la restauration de Pompi, lun des sitesarchologiques les plus visits dItalie,resteraient en France. Depuis, la presseitalienne nen finit plus de pointer la mau-vaise volont franaise. Astrix dit adieu Pompi []. Aprs les promesses, les Fran-ais se dfilent, crit La Repubblica.Les Franais ne nous respectent pas, noteIl Corriere della Sera.
Petit retour en arrire : leffondrementde la maison des Gladiateurs, lun deschefs-duvre de Pompi, en novem-bre 2010, meut tous les amoureux dece site class patrimoine mondial delUnesco. Pompi ne cesse de se dgrader :il faut sauver Pompi. Un an plus tard, le29 novembre 2011, un accord de coopra-
tion est sign entre lUnesco et lEtat ita-lien pour mettre en place un plan desauvegarde dcennal. Outre les finance-ments europens, le plan prvoit la contri-bution de sponsors privs, nationaux ouinternationaux. LEpadesa sengage alors runir 5 10 millions deuros par an pourle programme. Il nous apparat tout faitjudicieux que la Dfense, ville duXXIe sicle,tende la main la cit antique de Pompi,qui souffre, avait comment lpoquePhilippe Chaix, le directeur gnral delEpadesa. Jusque dbut mars, plusieursrunions se tiennent entre les reprsen-tants de lEpadesa et Lorenzo Ornaghi, leministre italien des Biens culturels, pourformaliser laide tant attendue jusqula terrible volte-face. La prsidente de
lEpadesa a dcouvert (un peu tard) que [soninstitution] navait pas le droit, en tant quta-blissement public dEtat, de participer detelles oprations, explique Il Corriere dellaSera. Les Franais, en somme, se sont avan-cs sans savoir sils pourraient tenir leurspromesses, souligne le quotidien. MaislItalie aussi a manqu de srieux : alorsquil savait, Lorenzo Ornaghi na rien ditpendant trois mois. Mais la morale est ailleurs,conclut le quotidien. Penser que quelquundautre puisse tenir plus que nous notre his-toire et notre hritage culturel est une ter-rible illusion. La cavalerie narrivera jamais Pompi, car la seule cavalerie possible est lantre. Et il serait temps de sonner la charge.Bref : on nest jamais mieux servi que par
soi-mme et encore !
Dessin deVlahovic, Belgrade.
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Ils gagnent du terrainen France, profitant de la crise.Une nouvelle glise vangliqueouvre ses portes tousles dix jours.
Opera Mundi So Paulo
A u son du synthtiseur, quatrechanteurs donnent le ton pen-dant loffice, accompagns avecferveur par les fidles qui, bras levs, dan-sent et rptent les paroles dfilant sur uncran. Au-dessus figure en grandes lettres
Dieu est Amour. Nous sommes lgliserforme de Belleville [quartier populairede lEst parisien]. Une scne courante pourla majorit des Brsiliens, mais nouvelle-ment apparue en France. LHexagone a vula foi nopentectiste progresser ces der-nires annes, une progression favorisepar la crise conomique. Tous les dix jours,une nouvelle glise vanglique ouvre sesportes, selon le Conseil national des van-gliques de France (CNEF), cr il y adeux ans. Cest le courant religieux qui sedveloppe le plus dans le pays et qui a leplus grand nombre de pratiquants. La pre-mire raison est simplement lie au besoindespoir, estime Sbastien Fath, sociologuedes religions, spcialiste du protestantisme.
La crise dclenche un certain nombre depathologies sociales, comme la solitude. LEtatne peut pas tout faire, les prestations socialeset les capacits dintervention sont gnrale-ment fragilises faute dargent public. LEglisevanglique rpond aux besoins auxquels lEtatne satisfait plus.
Sbastien Fath insiste sur le carac -tre optimi ste du discours vangliquedans un pays o le pessimisme est grand.Il relve lexistence de fidles issus desclasses privilgies, mais il souligne quecette religion attire proportionnellementplus de jeunes et dimmigrs, principale-ment originaires de Chine, de Core du
France
Sud et des anciennes colonies franaisesdAfrique. Pour Etienne LHermenault,baptiste et prsident du Cnef, le succs desEglises vangliques reflte une soif de spi-ritualit.La crise nest pas seulement finan-cire, elle est aussi morale. Il y a de la lassitudevis--vis dune socit qui a perdu nombre derfrences et se trouve en qute de valeurs,assure-t-il.
Sbastien Fath dfend galement lideque le retour de la religiosit est li lacrise du discours politique. Les Franaissont dus par la politique. Pendant longtemps,
notre pays a export des ides politiques, maisdepuis quinze-vingt ans cest le dsenchante-ment qui a pris le relais.
Loin de lanonymat des rues, les di-manches matin, lentre de lglise rfor-me de Belleville, laccueil est chaleureuxet personnalis. Cest la proximit entrenous, les pasteurs, et nos fidles qui fait la forcedu mouvement vanglique, affirme AmosNgoua Mouri, pasteur de la communautvanglique La Bonne Nouvelle, dans lenord de Paris. Plus de la moiti des van-gliques franais avaient auparavant uneautre religion. Ces Eglises se prsentent enayant recours aux formes de communication
moderne, alors que les religions plus tradi-tionnelles utilisent des mthodes dpasses. Lesvangliques recrutent efficacement, expliqueFrdric Rognon, professeur de philoso-phie des religions la facult de thologieprotestante de Strasbourg.
Etienne LHermenault, qui est aussiprsident de la Facult libre de thologievanglique de Vaux-sur-Seine (FLTE), laprincipale institution ddie la forma-tion des nouveaux pasteurs franais,annonce que lobjectif est datteindre uneglise pour 10 000 habitants. Actuellement,il existe un lieu de culte pour 30 000 habi-tants. Depuis 1950, le nombre dvang-liques a t multipli par neuf, dans un payso seulement 5 % de la population dclare
pratiquer une religion.A lglise vanglique Paris-Bastille, ilest possible de visionner les vidos du der-nier office sur un iPhone ou de lire le blogdu pasteur. Dautres glises proposent desvisites domicile, des groupes dtudes oudes activits sociales pour les jeunes, lesenfants, les mres, les couples ou les per-sonnes ges. A laise avec la rvolutionnumrique, ce style liturgique est plusadapt la culture des jeunes que la tradi-tionnelle messe catholique, par exemple.
Lexpression publique de la foi des vangliques,quasi publicitaire, choque dans une culturefranaise qui relgue la religion dans la sphreprive,affirme Sbastien Fath, qui estimenanmoins que dans le pays de la lacit leschoses sont en train dvoluer. Le pasteurcamerounais Mouri confirme que les van-gliques sont aujourdhui mieux acceptsdans lespace public, bien quils soientencore une minorit.
La visibilit des musulmans a permisde rendre naturelle lexpression religieusedans des lieux publics. Il y a un retour devisibilit de la foi mme chez les catholiques.La procession du 15 aot Paris en est unexemple. Ctait inimaginable il y a encorevingt ans, ajoute Sbastien Fath.
Des pasteurs brsiliens ont franchilocan la conqute de cette nouvelleterre. Nous savons quaujourdhui le rseauvanglique est transnational. En France, il ya des protestants brsiliens. LEglise univer-selle du royaume de Dieu [cre au Brsil en1977 par un ancien employ de la Loterie natio-nale brsilienne et considre comme une secte
par le Parlement franais]a t fonde Parisil y a dj quelques annes et dautres Eglisesnopentectistes sont apparues, prcise-t-ilsans pour autant pouvoir valuer ce flux.Les missionnaires des pays du Sud ont unebonne rputation parmi les Franais, quilssoient brsiliens, portugais ou espagnols.A limage de Nuno Pedro, un Portugais quiofficie devant 8 000 personnes tous lesdimanches, dans la mga-glise Charisma, Saint-Denis, en banlieue parisienne.Luiza Duarte0
Proslytisme
La rponse la crise ? Les vangliques !
A quelques pasdu chteau de Versailles,une centrale lectriquedsaffecte vaprochainement treremplace par le premiertemple mormonde France. Nous ntionspas enchants,admet Philippe Brillault,le maire du Chesnay,(divers droit), dansThe Washington Post.
Mais que pouvions-nous
leur reprocher ? Pas dtre
polygames[les mormonsont aboli la polygamie
en 1889]. Le principal
problme tait leproslytisme.Le permisde construire a donc taccord, mais ce projeta suscit de vivesractions : loppositiona dnonc le manquede dbat pralable, et uneptition en ligne a recueilliplus de 6 000 signaturescontre cette dification.Certaines personnes
craignent de voir des
mormons partout et que
Le Chesnay ne devienneun nouveau Salt Lake
City, explique Christian
Euvrard, le porte-parole
de la communaut.Avec 36 000 membres etune histoire qui remonteaux annes 1850,la communautmormone de Franceest lune des plusimportantes dEurope.Mais, tandis quaux
Etats-Unis lassise des
mormons est confirme
par la candidature
prsidentielle de MittRomney, fait observerle quotidien amricain,en France, ce cultesuscite surtout des
froncements de sourcils.
Projet
Le premier temple mormon de France
RETROUVER SUR
leblogueur.arte.tv
VACANCES SUR CRISE
Avant de peaufiner son bronzage, le Blogueurenqute en Suisse, au Portugal et en France.
LE BLOGUEURPRSENT PAR ANTHONY BELLANGER
DIFFUSION LE 1ERJUILLET 20.10
X
AVIERBELLANGER
Dessin de Cost, Belgique.
Une religion qui attiresurtout les jeunes
et les immigrs
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Europe
de la zone euro, quelle que soit sa forme ?Dans les deux cas, quels sont les risquescourus par les bilans des banques et de laBundesbank ? Quelles seraient les cons-quences dun tel chec pour la position delAllemagne ? La chancelire doit-elle etpeut-elle continuer incarner la discipline
en Europe ? Les observateurs extra-euro-pens ont remarqu que les Allemandsmenaient le dbat sur leuro dun point devue tonnamment moral Pourquoi irions-nous payer pour que les Grecs prennent leurretraite 45 ans ?Ces questions sont faciles comprendre mais elles ne sont pas per-tinentes : aucun euro allemand na encoret inject dans le systme de retraite grec.Il serait temps dlever le dbat un niveauconomique et constitutionnel.
Le gouvernement allemand doit exa-miner ce quil a le droit et la capacit defaire pour sauver leuro. Ces limites sont
un signal dalarme. La bataille existentiellede leuro a commenc depuis longtemps.
Lclatement de lunion montaire estdsormais une ventualit avec laquelle ilfaut compter littralement. Ses cons-quences du point de vue allemand neseraient pas seulement une monte enflche du cours de leuro du Nord ou dunouveau Deutsche Mark, selon le nomquon donnerait cette monnaie drive ,on pourrait en outre difficilement viterune dpression mondiale et on ne peut quespculer sur lavenir de lUE dans sonensemble. Certains souhaitent peut-treune fin horrible leuro ces jours-ci, mais
on peut se demander sils ont une ide desproportions que prendrait cette horreur.
Le sauvetage de leuro reviendraitgalement trs cher lAllemagne, commedailleurs la France, lItalie et dautrespays. Les propositions du FMI, des paysdu G20 et de nombre dconomistesreviennent fondamentalement la mmechose : les Etats de la zone euro doiventpartager au moins en partie les risquesengendrs par leurs systmes bancaires etleurs emprunts dEtat. Les Etats conomes,lAllemagne et les Pays-Bas, devront garan-tir les comptes espagnols, les contribuablesfranais et allemands le budget de Rome,Madrid et autres.
On ne saurait dfendre leuro avec cr-
dibilit sans une garantie commune euro-penne, au moins limite. Il faut pour celamettre en place rapidement une politiquebancaire europenne. Pourquoi tant debanques europennes sont-elles sous-capi-talises, contrairement leurs homologuesamricaines ? Parce quil y na pas dins-tance europenne pour les contraindre se constituer des rserves suffisantes.
Pour leuro, les Allemands ont le choixentre deux solutions, lune mauvaise,lautre catastrophique. Il faut quils choi-sissent la mauvaise solution. Et trs vite.Nikolaus Piper
Union europenne
Tout se joue en Allemagne
Le sommet europen des 28et 29 juin Bruxelles aborderalavenir de leuro. Une certitude :seuls les Allemands peuventsupporter la majeure partiedes cots lis au sauvetagede la monnaie unique.
Sddeutsche Zeitung Munich
L avenir de leuro ne dpend pasde lItalie. Il ne dpend pas nonplus de lEspagne, du Portugal,de Chypre ni mme de la Grce. Cest en
Allemagne et pas ailleurs que se dciderale sort de la monnaie unique. Berlin estaujourdhui le cur de la crise. Le minis-tre des Finances et la Bundesbank en sontcertainement bien conscients, mais la ques-tion est loin dtre aborde publiquementavec la franchise ncessaire. Seule lAlle-magne peut supporter la majeure partiedes charges qui accompagneront le sauve-tage de leuro. La question, cest de savoirsi les Allemands le veulent et combien detemps ils pourront encore le faire.
La dcision de Joachim Gauck, prsi-dent de la Rpublique fdrale, de ne passigner la loi sur le plan de sauvetage per-manent avant que le Tribunal constitu-tionnel ait eu le temps dexaminer les
recours dposs en urgence montre lesrieux de la situation. Ce procd estcertes traditionnel entre organes consti-tutionnels, mais, dans la situation actuelle,il en rsulte que la loi ne pourra pas entreren vigueur le 1erjuillet comme prvu.
Alors quun difficile sommet restreintde lUE vient de se terminer, lopinion etles responsables politiques allemands ontdonc loccasion de faire froidement leurscalculs : combien va encore nous coter lesauvetage de leuro, conomiquement etpolitiquement ? Et combien nous cote-rait un chec, cest--dire la dsintgration
Dessin dArend, Pays-Bas.
dfinies tant par la Constitution que parla puissance conomique et lopinionpublique allemandes. Les citoyens crai-gnent pour leur argent et se sentent mena-cs par les divers plans de sauvetage.
Il est clair que la stratgie adopte jus-qu prsent par Angela Merkel a chou
sur un point important : depuis 2010, lachancelire a achet du temps dans le soucitrs comprhensible de garder la main pourcontraindre ses partenaires des rformes.
Cette stratgie a produit des effets aprs tout le prsident du Conseil italienne sappelle plus Silvio Berlusconi maiselle na pas permis de mettre fin la crise,au contraire. Celle-ci cote de plus en pluscher et la peur de voir clater une nouvelleet grave crise financire mondiale grandit.Le fait que lagence de notation financireMoodys ait baiss, parfois svrement, lanote de quinze banques internationales est
Dans un entretien au magazine
Der Spiegel, le ministre
allemand des Finances prcise
les contours de la future Unioneuropenne. Extraits.
Der Spiegel MonsieurSchuble, [peut-on dire que]vous prnez les Etats-UnisdEurope ?Wolfgang Schuble Non,lEurope du futur ne sera pasun Etat fdral sur le modledes Etats-Unis ni sur le modlefdral allemand. Elle aura
sa propre structure. Cest
une exprience nouvelle,extrmement intressante.Il faut surtout mettre en uvreune union budgtaire,ce qui implique un transfertde comptences des Etatsnationaux au niveau europen.De surcrot, les problmes desbanques espagnoles prouventune fois de plus que lEuropesen sortirait mieux avec uneunion bancaire. Il nousfaut une instance de contrleeuropenne pour pouvoirau moins influer sur les plus
grandes institutions financires.
Cela permet ensuite de lessauver via des fonds communs.Le mieux serait quil y ait unministre des Finances europen,qui ait un droit de vetosur les budgets nationaux.Faut-il transfrerdautres comptencesque les finances ?A lheure de la mondialisation,la politique conomique en faitforcment partie. En outre,il y a encore beaucoup tropde comptences nationalesen matire de politique
trangre et de dfense.
LEurope devrait parlerdune seule voix dans le monde.Que devient la lgitimitdmocratique dansce que vous proposez ?Pour commencer,la Commission doit devenirun vrai gouvernement. Pourcela, elle devrait tre lue parles dputs, ou bienson prsident devrait tre luau suffrage universel. Je suispour cette dernire solution.Un prsident fort,un Parlement faible Et o se
situent les Etats membres ?
Le Parlement doit naturellementtre renforc lui aussi. Il doitavoir enfin le droit de proposerdes lois. Que cela resteune prrogative de la seuleCommission estun anachronisme. Pour les Etatsmembres, le mieux seraitquils soient reprsents par unedeuxime chambre,sur le modle du Bundesratallemand [chambre des Lnder]ou du Snat amricain. Toutesles lois devraient naturellementy trouver une majorit comme
au Parlement.
Interview
LEurope selon Wolfgang Schuble
deuros pour soutenir ses banques,affectes par la crise grecque.Redoutant que lUE lui imposeen contrepartie des mesuresdaustrit, Chypre cherche,paralllement, obtenir un prtbilatral de la Russie ou de la Chine.
Sauvetage Chypre estle cinquime Etat de la zone eurocontraint de demander laidede ses partenaires. Le pays, quisapprte prendre la prsidencesemestrielle de lUnion europenne,pourrait avoir besoin de 10 milliards
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Il y a vingt ans, lclatementde la bulle immobilire en Sudea fait sombrer les financespubliques. Mais, au lieude simposer une cure derigueur radicale, le pays sestaccommod, temporairement,dun lourd dficit budgtaire.
Dagens Nyheter (extraits)Stockholm
E n 1990, lconomie sudoise seportait comme un charme : lex-cdent budgtaire reprsentait4 % du PNB. Et puis la situation a volude manire inattendue. En trois ans, lesfinances publiques ont sombr. En 1993, ledficit tait de 13 %. Aucun des pays de lazone euro actuellement frapps par la crisena un trou aussi bant dans ses caisses.
Comprendre la crise sudoise peutnous aider analyser les turbulences quetraverse aujourdhui lEurope. A lpoque,nombre de spcialistes ont conclu quelEtat providence avait prcipit le paysdans le mur. Daprs eux, une structuremacrocphale et peu rentable avait fini parscrouler, entranant une crise de con-fiance. Ils se trompaient. Certes, les r-gimes publics avaient besoin dtre rnovset ouverts la concurrence. Mais, si lEtat
providence traversait des difficults, celles-ci ne suffisaient pas expliquer le sismequi secouait lconomie.
Le fait est que la Sude, tout commeles pays de la zone euro aujourdhui dansla tourmente, connaissait une grave crisefinancire. A partir du milieu des an-nes 1980, les crdits avaient t distribus tout-va et une bulle stait forme sur lemarch de limmobilier. Quan