contre les ida

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- 10 - Planète Jeunes n ° 123 Fo c us Je participe Planète Jeunes n ° 123 - 11 Dans quelques semaines, sera célébrée la Journée mondiale de lutte contre le Sida. Comme chaque année, ce sera l’occasion de rappeler que cette pandémie continue d’endeuiller de nombreuses familles. Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé, l’Afrique subsaharienne reste la plus touchée par ce fléau, avec 67% des personnes atteintes. Plus préoccupant, 68% des nouveaux cas enregistrés chez les adultes et 91% chez les enfants sont répertoriés sur notre continent. Si la médecine a réalisé de nombreux progrès pour améliorer le quotidien des personnes vivant avec le VIH (PVVIH), il reste qu’aucun vaccin ne permet de se prémunir contre ce virus, et le médicament qui soigne totalement le Sida n’a pas encore été trouvé. La seule solution pour éviter cette maladie reste la prévention. Différentes méthodes ont été utilisées depuis 20 ans. Parmi elles, il y a celles qui impliquent les jeunes, principales cibles de ce virus sur notre continent. C’est pourquoi nous avons choisi de donner la parole à des Planétien(ne)s qui sont engagé(e)s dans ce difficile combat contre un mal qui ronge encore et toujours nos pays. Ils racontent comment ils apportent leur modeste contribution à la lutte contre le VIH, et ce qu’ils comptent faire le 1 er décembre pour que leurs pairs restent à l’écoute des conseils que l’on ne peut s’empêcher de répéter, pour que la vigilance contre le VIH soit tous les jours maintenue. d a J ’ai découvert que j’étais séropositive il y a plus de deux ans. Je ne me sentais pas bien et j’avais dit au médecin que je souhaitais être dépistée. Lorsque j’ai eu mon résultat, j’ai fait des examens supplémentaires qui ont permis de savoir que j’avais développé la maladie. Depuis lors, je suis sous traitement et je me porte très bien. Je consacre donc mon temps libre aux activités de l’association pour laquelle je milite. Tous les samedis, on constitue des groupes de parole pour sensibiliser les personnes qui ignorent leur statut sérologique. Nous encourageons les PVVIH à accepter leur situation et nous leur donnons des conseils pour qu’elles acceptent de prendre les ARV (antirétroviraux). Nous sommes aussi en campagne pour expliquer au public qu’au Tchad, il existe une loi qui réprime la stigmatisation et la discrimination des porteurs du virus du Sida. Le 1 er décembre 2011 – « Notre association sera aux premières loges et animera de nombreuses activités. » Texte et photo : Ahmat Gali n Cela fait plus d’un an que je milite au sein de l’Association pour l’entraide des personnes vivant avec le VIH/Sida (AEPVVIH). *26 ans, membre de l’AEPVVIH. « On s’emploie à susciter le débat sur le Sida dans les grins » E ssentiellement masculins, ces regroupements se font généralement par classes d’âge et sont l’occasion de discuter de sujets divers et variés. Cependant, tous les items qui touchent à la sexualité sont encore tabous, car les jeunes maliens ont de la pudeur d’évoquer leur vie intime au vu et au su de tout le monde. Pour « Baco », ces espaces de proximité sont propices à la conscientisation des jeunes sur les dangers qu’ils courent en restant insensibles aux messages de prévention sur le Sida. Il parcourt donc les grins de Bamako avec l’intention de les pousser à mettre de temps en temps à l’ordre du jour de leurs discussions autour du VIH : l’usage de préservatifs, la connaissance du statut sérologique, le rappel des modes de transmission, etc. Son crédo est « zéro Sida d’ici 2050 au Mali ». C’est pourquoi, en plus des grins, Baco et d’autres membres de l’association dont il fait partie sillonnent les maquis, les résidences universitaires de la capitale malienne pour répéter inlassablement le même message. Le 1 er décembre 2011 – Baco et ses amis sont actuellement en répétition. Le jour J, ils vont jouer un sketch de sensibilisation à Bamako et organiser des conférences-débats. Ils ont invité quelques autorités du Mali pour que l’impact de leur manifestation soit plus grand. Texte et photo : Nianian A. Traoré n Les « grins » sont ces lieux où les Bamakois se retrouvent pour boire le thé. *26 ans, membre du Mouvement d’Action des jeunes. © NIANIAN A. TRAORÉ © KAMBOU SIA / AFP IMAGEFORUM © SISSI MPASSY à la lutte contre le Un dossier de la rédaction S i Christiane Zoumaye* (N’Djamena, Tchad) Témoignage « Nous vulgarisons la loi contre la stigmatisation des PVVIH » Yacouba Diakité dit Baco* (Bamako, Mali) Témoignage Le slogan de la journée mondiale de la lutte contre le Sida pour de l’année 2011

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Nianian Aliou Traoré (Bamako), Ahmat Gali (N’Djamena), Sissy Mpassi (Kinshasa), Boubacar Bah (Conakry), Alice Kayibanda (Kigali) e la redazione di Planète Jeunes (Ouagadougou).

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Page 1: Contre Les ida

-

10 - Planète Jeunes n° 123

Focus

Je participe

Planète Jeunes n° 123 - 11

Dans quelques semaines, sera célébrée la Journée mondiale de lutte contre le Sida. Comme chaque année, ce sera l’occasion de rappeler que cette pandémie continue d’endeuiller de nombreuses familles. Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé, l’Afrique subsaharienne reste la plus touchée par ce fléau, avec 67% des personnes atteintes. Plus préoccupant, 68% des nouveaux cas enregistrés chez les adultes et 91% chez les enfants sont répertoriés sur notre continent.Si la médecine a réalisé de nombreux progrès pour améliorer le quotidien des personnes vivant avec le VIH (PVVIH), il reste qu’aucun vaccin ne permet de se prémunir

contre ce virus, et le médicament qui soigne totalement le Sida n’a pas encore été trouvé.La seule solution pour éviter cette maladie reste la prévention.Différentes méthodes ont été utilisées depuis 20 ans. Parmi elles, il y a celles qui impliquent les jeunes, principales cibles de ce virus sur notre continent. C’est pourquoi nous avons choisi de donner la parole à des Planétien(ne)s qui sont engagé(e)s dans ce difficilecombat contre un mal qui ronge encore et toujours nos pays. Ils racontent comment ils apportent leur modeste contribution à la lutte contre le VIH, et ce qu’ils comptent faire le 1er décembre pour que leurs pairs restent à l’écoute des conseils que l’on ne peut s’empêcher de répéter, pour que la vigilance contre le VIH soit tous les jours maintenue.

daJ ’ai découvert que j’étais séropositive il y a plus de deux ans. Je ne me sentais pas bien et j’avais dit au médecin que je souhaitais être dépistée. Lorsque j’ai eu mon résultat, j’ai fait des examens supplémentaires qui ont permis de savoir que j’avais développé la maladie. Depuis lors, je suis sous traitement et je me porte très bien. Je consacre donc mon temps libre aux activités de l’association pour laquelle je milite.

Tous les samedis, on constitue des groupes de parole pour sensibiliser les personnes qui ignorent leur statut sérologique. Nous

encourageons les PVVIH à accepter leur situation et nous leur donnons des conseils pour qu’elles acceptent de prendre les ARV (antirétroviraux).Nous sommes aussi en campagne pour expliquer au public qu’au Tchad, il existe une loi qui réprime la stigmatisation et la discrimination des porteurs du virus du Sida.Le 1er décembre 2011 – « Notre association sera aux premières loges et animera de nombreuses activités. »

Texte et photo : Ahmat Gali n

Cela fait plus d’un an que je milite au sein de l’Association pour l’entraide des personnes vivant avec le VIH/Sida (AEPVVIH).

*26 ans, membre de l’AEPVVIH.

« On s’emploie à susciter le débat sur le Sida dans les grins »

E ssentiellement masculins, ces regroupements se font

généralement par classes d’âge et sont l’occasion de discuter de sujets divers et variés. Cependant, tous les items qui touchent à la sexualité sont encore tabous, car les jeunes maliens ont de la pudeur d’évoquer leur vie intime au vu et au su de tout le monde. Pour « Baco », ces espaces de proximité sont propices à la conscientisation des jeunes sur les dangers qu’ils courent en restant insensibles aux messages de prévention sur le Sida. Il parcourt donc les grins de Bamako avec l’intention de les pousser à mettre de temps en temps à l’ordre du jour de leurs discussions autour du VIH : l’usage de préservatifs, la connaissance du statut sérologique,

le rappel des modes de transmission, etc. Son crédo est « zéro Sida d’ici 2050 au Mali ». C’est pourquoi, en plus des grins, Baco et d’autres membres de l’association dont il fait partie sillonnent les maquis, les résidences universitaires de la capitale malienne pour répéter inlassablement le même message.Le 1er décembre 2011 – Baco et ses amis sont actuellement en répétition. Le jour J, ils vont jouer un sketch de sensibilisation à Bamako et organiser des conférences-débats. Ils ont invité quelques autorités du Mali pour que l’impact de leur manifestation soit plus grand. Texte et photo : Nianian A. Traoré n

Les « grins » sont ces lieux où les Bamakois se retrouvent pour boire le thé.

*26 ans, membre du Mouvement d’Action des jeunes.

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Un dossier de la rédaction

Si Christiane Zoumaye*(N’Djamena, Tchad)

Témoignage

« Nous vulgarisons la loi contre la stigmatisation des PVVIH »

Yacouba

Diakité

dit Baco*

(Bamako, Mali)

Témoignage

Le slogan de la journée mondiale de la lutte contre le Sida pour de l’année 2011

Page 2: Contre Les ida

Tu veux t’engager dans la lutte contre le Sida ? De nombreuses associations existent dans ton pays. Tu peux retrouver une liste sur : www.planete-jeunes.org.Au niveau mondial, voici quelques sites utiles : www.youthcoalition.org ; www.worldaidscampaign.org ;www.cnls-congobrazza.org; www.unaids.org/fr

-« Mon meilleur ami était séropositif »

I l me parlait ouvertement de son état de santé et son courage m’a impressionné. C’est donc tout naturellement que j’ai rejoint le club Anti-Sida de notre collège. Aujourd’hui, en ma qualité de réalisateur et de membre de l’associationCineduc (l’Education par le cinéma), nous projetonsdes films sur le Sida à travers tout le Rwanda. Ces séances sont participatives. C’est-à-dire qu’ellessont suivies d’un jeu de questions-réponses. Ces tournées dans le pays nous ont permis de savoir qu’il est difficile de faire comprendre à tous les enjeux de la prévention. Par exemple, des jeunes évoquent la pauvreté et le chômage

pour ne pas se protéger ou se faire dépister. D’autres ont besoin de plusieurs explications pour comprendre.Le 1er décembre 2011 – « J’ai été lauréat du concours Scénario d’Afrique, en 2008**. Sur la base de ce texte qui m’avait permis d’être sélectionné, je suis en train de terminer un court-métragesur le Sida. Il sera prêt pour la Journée internationale de lutte contre le Sida. »

Texte et photo : Alice Kayibanda n

Olivier

Ndikumana*(Kigali, Rwanda) Témoignage

« A l’école secondaire, mon meilleur ami ne m’avait pas caché qu’il était porteur du virus.

* 25 ans, réalisateur, écrivain, animateur Cineduc.** Concours organisé par l’association « Global Dialogue ». Il consiste, pour des jeunes africains, à écrire des scénarios ayant pour thème le VIH/Sida. Les meilleurs de ces textes feront l’objet de films réalisés par des professionnels et seront diffusés lors de campagnes de lutte contre le VIH.

12 - Planète Jeunes n° 123 Planète Jeunes n° 123 - 13

Fanny Kamweni*(Kinshasa, RD Congo)

« Les enfants de la rue sont des victimes innocentes »

J e me suis engagée dans ce combat parce que

j’estime que dans la rue, les mineurs sont des

proies faciles pour toutes sortes de personnes

méchantes qui leur donnent de la drogue et les

forcent à voler ou à se prostituer. Ils font partie

des populations à risques pour le VIH, mais il est

difficile de les dépister pour deux raisons :

d’abord parce qu’ils n’ont pas de résidence fixe,

ensuite parce qu’ils n’ont pas la volonté de

connaître leur statut sérologique. C’est uniquement

lorsque des filles de la rue tombent enceintes et que

nous les prenons en charge que, dans la foulée

des examens médicaux qu’elles subissent, on leur

fait le test du Sida. Actuellement, j’encadre 5 filles

(2 de 16 ans et 3 de 18 ans), dont la séropositivité a

été découverte de cette manière.

Le 1er décembre 2011 – Je vais organiser une

rencontre avec toutes les filles « shégués » du

rond-point Ngaba (Kinshasa) pour les encourager

à accepter le dépistage volontaire.

Texte et photo, Sissi Mpassy n

Je travaille depuis 7 ans à la sécurisation des enfants

de la rue de Kinshasa, les fameux « shégués »,

généralement chassés de leurs familles parce qu’ils

sont accusés de sorcellerie.

* Travailleuse sociale, Centre d’hébergement

Ndako ya biso.

Témoignage

«P ourtant, soutient-il, les jeunes élèves, lycéens et autres déscolarisés des zones reculées souffrent des mêmes maux et courent les mêmes risques que les autres ». A travers deux associations dont il est membre, le Club Tierno Monénembo (du nom du célèbre écrivain guinéen, Prix Renaudot 2008) et le Centre d’Ecoute, de Conseils et d’Orientation des Jeunes (CECOJE), Thierno anime des causeries éducatives et joue dans les saynètes et autres pièces de théâtre sur le thème des IST et le VIH/Sida.

Le 1er décembre 2011 – « Au siège du CECOJE, nous avons prévu des témoignages à visage découvert des PVVIH, des interventions des autorités locales et religieuses, une caravane de motos-taxis, un match de football ainsi qu’une distribution de préservatifs (condoms et fémidons), car il y a plusieurs personnes qui ne les utilisent pas parce qu’elles ont encore honte de les acheter… »Texte et photo : Boubacar Bah n*19 ans, membre du Club Tierno Monénembo.

Elève au lycée Ley-Wendou de Télimélé (localité située à 257 km au nord-ouest de Conakry), il s’est rendu compte que les campagnes de sensibilisation contre le VIH/Sida étaient orientées vers les grandes villes.

« Loin des grandes villes, les jeunes sont aussi en danger »

Thierno Ismaïla Diallo*

(Télimélé, Guinée)

Témoignage

Sur la toileBon à savoir

Si on a un rapport non protégé, c’est six semaines plus tard au minimum qu’il faut faire un test,

car c’est au bout de ce laps de temps que, si on est contaminé, le VIH peut apparaître dans le sang. Trois mois plus tard, il faut faire un deuxième test pour être totalement sûr… n

Piqûre de rappel

Le Sida ne se transmet pas :- Par la salive ;- Par les piqûres d’insectes ;- Lorsqu’on salue un séropositif.

FocusLes membres de la cellule d’information

et sensibilisation sur les MST/IST en milieu

scolaire et universitaire de l’université

Omar Bongo (UOB) de Libreville (Gabon),

lors de la Journée mondiale de lutte contre

le Sida, en 2010. Cette association a été

créée par Jerry Théo Bibang Bi Ondo,

étudiant au département de Littératures

africaines de l’UOB.

(Libreville, Gabon)