consommation de fruits et légumeslocaux dans le cadre de

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Consommation de fruits et légumeslocaux dans le cadre de paniers « solidaires » : une perception différenciée de l’alimentation dans une perspective de santé Carolina O.C. Werle* Enseignant-Chercheur Grenoble Ecole de Management, CERAG CNRS UMR 5820 Julie Hallé Post-doctorante Grenoble Ecole de Management Stéphanie Berthaud Enseignant-Chercheur Université de Grenoble, CERAG CNRS UMR 5820 MarianelaFornerino Enseignant-Chercheur Grenoble Ecole de Management, CERAG CNRS UMR 5820 * Grenoble Ecole de Management, 12, rue Pierre Sémard - BP 127, 38003 Grenoble Cedex 01, [email protected], tél. 04 76 70 65 44

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Page 1: Consommation de fruits et légumeslocaux dans le cadre de

Consommation de fruits et légumeslocaux

dans le cadre de paniers « solidaires » :

une perception différenciée de l’alimentation dans une perspective de santé

Carolina O.C. Werle*

Enseignant-Chercheur

Grenoble Ecole de Management, CERAG CNRS UMR 5820

Julie Hallé

Post-doctorante

Grenoble Ecole de Management

Stéphanie Berthaud

Enseignant-Chercheur

Université de Grenoble, CERAG CNRS UMR 5820

MarianelaFornerino

Enseignant-Chercheur

Grenoble Ecole de Management, CERAG CNRS UMR 5820

* Grenoble Ecole de Management, 12, rue Pierre Sémard - BP 127, 38003 Grenoble Cedex

01, [email protected], tél. 04 76 70 65 44

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Consommation de fruits et légumes locaux dans le cadre de paniers « solidaires » :

une perception différenciée de l’alimentation dans une perspective de santé

Résumé :

Une étude qualitative sur la consommation de paniers « solidaires » de fruits et légumes

locaux montre que les représentationsdu rapport santé/alimentation varient selon la catégorie

socio-économique des consommateurs et met en évidence trois manières d’être concerné par

son alimentation : l’approche fonctionnelle, ludique ou philosophique.

Mots-clés : Alimentation, nutrition, santé, comportement du consommateur, marketing social,

produits locaux.

Consumption of local fruits and vegetables in the context of a “solidary” distribution

mode: a differentiatedperception of food consumption ina healthiness perspective

Abstract:A qualitative study about the consumption of « solidary » baskets of local fruits and

vegetables demonstrates that the representations of the relationship between healthiness and

food consumption vary according to the socio-economical status of consumers. Results show

that there are three ways to characterize ones’ relationship with food: the functional, the

playful or the philosophical approach.

Key words: Food consumption, nutrition, health, consumer behavior, social marketing, local

food.

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Consommation de fruits et légumes locaux dans le cadre de paniers « solidaires » :

une perception différenciée de l’alimentation dans une perspective de santé

Introduction

Dès 1990, les discours qui établissent un lien entre l’alimentation et la santé se multiplient

tant de la part des chercheurs, des industriels(Mathé etal., 2008) que des médecins (Poulain,

2002). Les chercheurs se sont notamment intéressésaux conséquences des habitudes de

consommation alimentaire sur la santé (Oakes, 2005 ; Oakes et Slotterback, 2005 ; Seiders et

Petty, 2004 ; Verbeke, 2006 ; Wansink, 2004a, 2004b) et à leurs liens avec certaines

pathologies à long terme (Desjeux et Hercberg, 1996 ; Hercberg, 1991). Parallèlement, le

développement de l’obésité en France (14,5% de la population adulte ; Obépi, 2012), sa

classification par les pouvoirs publics dans le domaine de la santé publique(Ministère du

Travail, de l’Emploi et de la Santé, 2011), etles crises sanitaires alimentaires successives sont

autant d’éléments quiaugmententchez le consommateurle risque perçu associé à la

consommation des aliments. Dans ce contexte, il se trouve assailli de discours foisonnantsqui

créent une « cacophonie alimentaire » (Fischler, 1993, 1996) structurant son comportement

selon la logique prescriptive du « il faut » (Poulain, 2002). Dans la lutte contre l’obésité, on

assiste à une multiplication des campagnes de prévention portant sur les conséquences de

l’alimentation sur la santé (INPES, 2001, 2006). Ce seul argument ne semble tenir compte ni

du caractère plurifactoriel de l’obésité (Poulain, 2009),ni de la spécificité des publics visés

(Werleetal., 2012).Dès lors, nous explorerons différents rapports à l’alimentation pour

vérifierl’existence d’une dichotomiedans la consommation d’aliments bons/mauvais pour la

santé selon les niveaux socio-économiquesetaccéder à la compréhension de leurs perceptions

en fonction des différentes catégories d’aliments tels que les fruits et les légumes. En effet, la

notion de « bien manger pour la santé », le lien entre la qualité et la quantité des aliments

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consomméset leurs effets sur la santé s’expriment sous des formes multiples et variées selon

les individus, en fonction du risquealimentaire perçu.Ces problématiques seront abordéesavec

une étude qualitativesur la consommation de paniers de fruits et légumes locaux

dit« solidaires »dans le cadre d’un projet du Centre Communal d’Action Sociale(CCAS) de

Grenoble.L’article présentera, initialement, le cadre théorique de la recherche. La

méthodologie utilisée pour l’étude et les résultats obtenus seront ensuite détaillés. Enfin, les

conclusions de la recherche et ses enjeux managériaux seront discutés.

1. Cadre théorique

1.1. Perception de l’alimentation : des représentations culturellement situées

Dans les comportements de consommation, l’alimentation est un acte proposant des pratiques

variées et recouvrant de multiples réalités individuelles et sociales. Pourtant, nécessaire à

notre survie, cet actene peut se réduire à sa seule dimension fonctionnelle (Hébel, 2012). Les

représentations mentales de la consommation alimentaire (Gallen, 2005), le statut particulier

de l’aliment par le principed’incorporation (Fischler, 1990) selon lequel « l’homme devient ce

qu’il consomme » et l’effet irréversible qu’il provoque (Marouseau, 2000) traduisent ses

dimensions sociales et symboliques. Ainsi, la société dans laquelle évolue l’individu et son

rapport à l’alimentation influencentla nature perçue des produits et la manière de consommer.

De plus, la culture alimentaire intériorisée par l’individu s’exprime,implicitement, comme

prescripteur des comportements puisqu’elle est intégrée à ses représentations mentales

(Gallen, 2005).Le consommateur associe inconsciemment les qualités objectives d’un aliment

à ses qualités subjectives et imaginaires relevant de la « pensée magique » (Fischler, 1990), et

évalueainsi les bénéfices et/ou menaces qu’entraîne sa consommation(CREDOC, 2010). De

plus, chaque culture possède un ensemble de règles et rituelsalimentaires. Les Français par

exemple ont des pratiques alimentaires organisées selon un modèle singulier lié à un acte

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social oùcertaines notions sont des éléments déterminants tels que laconvivialité, la

structuration des repas en trois temps distincts, répartis sur la journée et comportant plusieurs

plats.Ainsi, l’intériorisation d’un modèle alimentaire par un individu a un effet structurel

guidant ses conduites.Le plaisir (Rozinet al., 1999),la modération et la qualité des aliments

(Stearns, 1997)sont au cœur du modèle d’alimentation français, avecdes dimensions

sensorielles et sociales importantes. Le plaisir sensoriel est assuré par la variété et la fraîcheur

des aliments(Fischler et Masson, 2008).Des recherches montrent qu’il existe des différences

significatives dans la perception des aliments autour de « ce qui est bon/mauvais pour la

santé » selon les cultures d’origine (Fischler et Masson, 2008 ;Rozin, 1996). Raghunathanet

al. (2006) ont montré que les consommateurs américains associent implicitement les aliments

mauvais pour la santé à un bon goût. A l’inverse, en France, l’association implicite entre

« bon goût » et« bon pour la santé » est favorisée (Werleet al., 2013), plaçant là encore le

plaisir au cœur du rapport goût/santé.Des « codages » culturels sont donc mis en place lors

des représentations mentales (Gallen, 2005).

1.2. Le principe de classification : intériorisation et perception du risque

De la même manière, l’anxiétéémanant du principe d’incorporation, structure notre rapport à

l’aliment (Fischler, 1990).Ainsi, l’évaluation du risque repose sur la création par l’individu

d’une hiérarchisation entre les différentes catégories d’aliments. Cette classification

correspond à des formes de rationalités variées. La perception du risque étant envisagée dans

sa dimension symbolique, c’est-à-dire comme étant« soit fondée sur des conséquences

néfastes expérimentées au contact de cet aliment, soit fondée sur des croyances par le jeu de la

pensée magique », elle sera intégrée aux représentations mentales liées à cet aliment (Gallen,

2005).Le processus de choix conduit par l’analyse des bénéfices/risques est influencé par le

système de valeurs de l’individu (Poulain, 2002). En effet, le respect de certaines valeurs peut

apparaître comme étant plus important que les conséquences de la décision,poussant

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l’individu à faire un choix en apparence irrationnel, alors qu’il s’agit « d’une rationalité bien

précise, celle de l’articulation des représentations » (Lahlou, 1998). C’est le cas en France, où

le modèle alimentaire repose prioritairement sur une dimension hédonique plaçantla qualité

gustative avant les effets pour la santé (Poulain, 2002).L’aliment est donc porteur de sens, si

bien qu’il « doit être bon à manger mais également à penser » (Lévi-Strauss, 1962). Le

consommateur structure ses représentations par catégorisation (Fischler, 1990) et les construit

autour de la gestion des ambivalences alimentaires générées par le paradoxe de l’omnivore

(Fischler, 1990),l’individu étant tantôt attiré de façon innée par la découverte et la nouveauté

alimentaire (néophilie) et tantôt repoussé par la crainte d’ingérer un aliment dangereux

(néophobie). De même, l’ambivalence santé-maladie (Beardsworth, 1995) fait osciller les

représentations mentales entre l’aliment souhaitable (source d’énergie et bien-être) et

l’aliment indésirable (menace pour la santé). Par ailleurs, l’influence du contexte socio-

culturel (Rozin, 2005), le poids des normes sociales (valeurs, idéaux, coutumes, etc.) en

fonction des personnes et des produits, semblent avoir un effet variable sur la catégorisation

des aliments propre aux individus (Thompson, Haziris et Alekos, 1994). Ces développements

théoriques interrogentle choix fait parle consommateur d’avoir un panier de fruits et légumes

locaux dit « solidaire » et poussent àcomprendre en quoicelui-ci permet d’accéderou non « au

bien manger ».

2. Méthodologie de l’étude

Cette recherche s’inscrit dans une démarche compréhensive avec une approche exploratoire

en référence à la « théorie enracinée » (groundedtheory, Glaser et Strauss, 1967) adaptée à

l’étude des comportements de consommation (Goulding, 1998). Ce type d’approche

estpertinent pour les activités hédoniques et expérientielles (Holbrook et Hirschman, 1982)

telles que l’alimentation, le discours et les pratiques étant révélateurs d’une réalité

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socialement construite par l’individu en fonction du contexte(Arnould et Thompson,

2005).Une approche qualitative a été adoptée (Lincoln et Guba, 1985) pour comprendre le

sens subjectif que les individus placent derrière leurs comportements alimentaires. Le recueil

de donnéess’est structuré autour du projet des « paniers solidaires »duCCAS de Grenoble, qui

propose depuis 2009 des paniers de fruits et légumes locaux de saison à bas coût,permettant

un accès privilégié, grâce à une tarification basée sur les quotients familiaux1, s’appuyant sur

la solidarité entre habitants d’un même quartier.Le panel recruté grâce au CCAS de Grenoble

est composé de 14 personnes2 (4 hommes et 10 femmes, âgés de 18 ans à 71 ans, dans des

situations professionnelles et familiales différentes). Ont été interrogées quatre personnes

ayant des paniers à 4 euros, sept personnes bénéficiant des paniers à 5,50 euros et trois avec

des paniers à 7 euros. Aucune personne bénéficiant des paniers à 9 euros ne s’est portée

volontaire pour participer à l’étude. Tous lesentretiens se sont déroulés au centre social, lors

d’une distribution de paniers de fruits et légumes dit « solidaires ». Ils ont duré en moyenne

1h15.Ils ont été menés à partir d’un guide construit a priori, articulé autour de plusieurs

thématiques : identification à travers les récits de vie (Bertaux, 2006) ; perception

parl’individu de sa consommation alimentaire (pratiques et habitudes) ; perception de la

catégorisation bon/mauvais dans une perspective de santé ; perceptions spontanées autour du

panier et en fonction de certains critères (prix, qualité, accès aux produits, diversité) ainsi que

lesmotivations.Tous les entretiens ont été enregistrés (dictaphone) et intégralement

retranscrits manuellement (logiciel de traitement de texte). Le corpus a fait l’objet d’une

analyse de contenu (Bardin, 1993) avec une analyse thématique (Bardin, 1993 ;Mucchielli,

1996). Elle a d’abord été réalisée entretien par entretien, mettant en évidence les différences

1Le prix d’un panier identique est de 4 euros pour un quotient familial(QF) inférieur à 350 euros (ou

étudiant), de 5,50 euros pour un QF entre 350 et 650 euros, de 7 euros pour un QF entre 650 et 900

euros et de 9 euros un QF supérieur à 900 euros. 2 13 entretiens ont été réalisés avec 14 personnes qui ont participé.Un entretien ayant été conduit avec

un couple.

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autour des modes de consommationindividuels. Puis la logique transversale a été privilégiée

en utilisant le thème comme unité de découpage (Bardin, 1993).

3. Résultats

A priorispontanément les répondants affirmentque le projet des « paniers solidaires » n’a pas

augmenté leur consommation de fruits et légumes.Toutefois, l’analyserévèle des

modifications de comportements tant dans le volume consommé que dans l’appropriationdes

aliments et le sens donné à leur consommation.

3.1. Les perceptions alimentaires globales autour de la dichotomie sur l’alimentation

bonne/mauvaise pour la santé

Les résultats présententune dichotomie bon/mauvais pour la santéet des représentations

relativement homogènes, en accord avec des études précédentes (KessousetChalamon,

2013 ;Poulain, 2002). Dans les représentations « bon pour la santé »,tous les aliments sont en

capacité de remplir une fonction positive dans une perspective hygiénique et sont structurés

autour d’éléments de catégorisation de sept groupes/familles d’aliments précis (boissons,

féculents-céréales-pain, fruits et légumes, produits laitiers, viandes-poissons-œufs, produits

sucrés et matières grasses).Or, si l’on demande d’établir un lien entre une catégorie d’aliments

précise et la santé, l’élément « légumes » esttoujours cité en premier.Apparaît ensuite, la

catégorie des « fruits ». A contrario, les aliments qualifiés de « mauvais pour la santé » ne

sont jamais identifiés comme appartenant à des familles d’aliments mais rattachésaux produits

consommables pouvant entrainer des comportements déviants et/ou addictifs (ex. alcool)

entraînant parfois une confusion autour de la notion d’aliment.En général, le risque perçu pour

la santése construitautour de plusieurs pôles : quantité d’aliments consommés(exemple : lien

avec l’obésité), additifs(risque d’empoisonnement comme avec les pesticides), qualité des

aliments (développement de maladies cardio-vasculaires, decholestérol),avec des variations

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interindividuelles, de telle sorte que le caractère nocif provient d’un acte extérieur au produit

pouvantêtre lié àdiverses actions (culture, préparation,

assaisonnement,transformation,transport, conditionnement, vente, abus). Parallèlement, les

éléments évoqués (gras, sucre, sel, quantité, produits industriels) comme source de perception

négative pour la santésonten adéquation avec les messages sanitairesdiffusés dans le cadre

duProgramme National Nutrition Santé (PNNS) (2011) et le modèle dominant de la minceur

et les processus de satanisation de certains aliments (Poulain, 2002).

3.2. Les perceptions différenciées du panier solidaire selon le niveau socio-économique

Le panier pour l’autre : une approche fonctionnelle de l’alimentation

Pour le groupe de personnes ayant de faibles quotients familiaux (inférieur à 350 euros ou

étudiants)qui jouisse despaniers à 4 euros, les représentations du « bien manger pour la

santé » se concentrent autour du goût (« ce que j’aime par goût »).Pour ces mangeurs, la

préparation n’est pas un enjeu, niune sourcede plaisir.Leurs discours évoquent les notions de

contraintes, d’obligation, de corvée et de devoir liésà la préparation des repas et insistent sur

la perte des rituels entourant leurs pratiques alimentaires personnelles, les coupant alors du

plaisir (Vohsetal., 2013). On retrouve aussiune forte consommation à l’extérieur du domicile

pour les repas de midi, et parfois même l’absence de prise de repas. L’engagement dans le

projetn’est pas alors directement motivé par une action sur la préservation ou l’amélioration

visant sa propre santé, mais par choixd’engagement pour un autre–quelque chose (santé de la

planète) ou quelqu’un (santé des enfants)– extérieur à soi, comme pour Marie (49 ans) :

« Avoir des légumes, des fruits c’est surtout pour mes enfants, parce que j’ai mon fils, il est

un peu enrobé. Il faut que l’on fasse attention à son poids ».La question de la santé est

pourtant bien présente et prioritaire à travers ce choix de consommation. Les individus sont ici

dans une logique de découverte autour de l’appréhension d’une multitude de nouveaux

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légumes. Ainsi, l’aliment nouveau sera accepté en fonction de son existence dans les

catégories de l’encyclopédie mentale de l’individuet le sens permis par sa représentation

(Gallen, 2005). Cette confrontation à la nouveauté ne s’exprime pour autant jamais

concernant la catégorie des fruits. Pourtant, il apparait qu’ils n’ont pas ou peu de

connaissances préalables dans la maîtrise des préparations de ces « nouveaux » aliments, ni

forcément l’envie d’acquérir ces notions ou la curiosité dans cette recherche. Les outils

(recettes du panier) et moyens (conseils culinaires) mis à disposition et valorisés dans le cadre

du projet ne sont pas ou peu utilisés. C’est le cas de Fabienne (53 ans) : « Il y avait des

produits que je ne savais pas cuisiner. Dans ce cas, je les donne à ma mère. C’est ma maman

qui les a cuisinés et mon frère est allé les chercher chez elle, pour qu’on les mange à la

maison. ». Cet exemple montre bien comment l’individu se détournement de l’aliment par

l’absence de maîtrise des modes et techniques de préparation et de cuisson.

Le panier pour soi : une approche ludique de l’alimentation

Pour le groupe ayant le tarif à 5,50 euros (quotient familial entre 350 et 650 euros) le lien

alimentation/santé se déploie autour de l’association santé/variété. La qualité de la nourriture

est la condition d’accès à la santé.De plus, la valeur du « bien manger pour la santé » est

continuellement reliée au plaisir ressenti et vécu. Les discours évoquent l’importance du

« bien vivre », la logique du « bon vivant » et de la« bonne humeur » procurée par le panier.

Le plaisir ressenti est pensé comme un acte global et non exclusivement concentré sur la

consommation. Il est conduit par la satisfaction des envies et inclut l’achat, la préparation, le

fait d’assister au repasdes autres etde manger soi-même. La variété est centrale, source de

plaisir, elle participe à la forte valence symbolique de la nature pensée comme réalité

enchantée (Debucquet, 2011), où il pré-existerait une nature originelle foisonnante. Le panier

rend ainsi possible l’accès au plaisir à travers « une autre variété », « des légumes qui ont

différentes formes »(Sophie, 32 ans) que celle du commerce traditionnelet renforce alors

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lasatisfaction. Néanmoins, la variété étant primordiale il est fréquent d’observer le recours à

des pratiques alimentaires complémentaires afin d’assurer l’accès à cette dimension, comme

l’évoque Eric (43 ans) : « Le panier m’a imposé de manger plus de choses en hiver, mais je

vais quand même acheter le complément pour diversifier ».La question du goût est également

récurrente, mais elle est envisagée d’une manière différenteque précédemment. En effet, goût

et variété sont associés et jouent un rôle de réassurance (Gallen, 2005) pouvant réduire le

risque perçu (Merle et Piotrowski, 2012). Les personnes évoquent aussi bien : les « autres

saveurs »,l’« autre goût »,le « faire goûter autre chose » permis par le panier, se situantdans

une logique distinctive. Par ailleurs, la propension à aimer un goût suit la logique des

apprentissages et se transmet entre les générations (Brée, 1993 ; Garabuau-Moussaoui, 2003).

L’ambivalence plaisir/déplaisir qui influence directement les représentations du lien

alimentation/santé est ici résolue par la maîtrise de la préparation, comme l’expliqueCaroline

(40 ans) : « Il y a des choses que j’ai appris à aimer, comme le fenouil, très tard, parce que je

n’aimais pas comment on les préparait ». Les rituels et l’implication autour de la préparation

améliorent la consommation au niveau de la perception de la saveur et favorisent le plaisir,

d’autant que le temps passé à préparer augmente la jouissance (Vohset al.,2013).

Parallèlement, la perception positive en faveur du panier solidaire se structure autour de deux

points : l’inattendu et l’absence de choix. La surprise générée par la découverte du contenu du

panier,la rigueur autour du non choix (produits et rythme hebdomadaire de consommation)

sont autant d’éléments évoqués qui rompent avec le quotidien. Enfin, la découverte d’un

aliment n’est pas ici systématique voire peu présente. Si elle a lieu, il s’agit d’un légume et

non d’un fruit, et ne procure pas de plaisir au niveau du goût.

Le panier pour la transmission : une approche philosophique de l’alimentation

Pour les bénéficiaires des paniers à 7 euros (quotient familialentre 650 et 900 euros) le lien

entre l’alimentation et la santé est très fort. Sa perceptionest plus intellectuelle voire

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philosophiqueà travers les notions de respect du corps, de modération etde quête du bonheur

car l’alimentation rend « heureux ». En effet, « l’alimentation est base de l’humain »(Hélène,

70 ans)et l’estomac guide nos actions et notre manière d’être et de penser puisqu’il est notre

« 2ème

cerveau »(Hélène, 70 ans). Pour les légumes par exemple, les propriétés techniquessont

évoquées pour leurs effetsbénéfiques sur la santérappelant une conception de l’aliment naturel

« désacralisé » (Habermas, 2002), à l’instar du mangeur fonctionnel (Debucquet, 2001). Le

vocabulaire employé fait référence à des termesscientifiques(ex. antioxydants) et les

connaissances intellectuelles sont mises en avant, justifiantainsi le capital culturel détenu

(Bourdieu, 1979).Parallèlement le plaisirpouvant relever du « mauvais » lié à la transgression

(Kessous et Chalamon, 2013) est davantagerationalisé, évoquant parfois la culpabilité en lien

avec la religion (Essoo et Dibb, 2004), et la perversion en référence à la culture judéo-

chrétienne du péché, comme l’évoque Rémi (18 ans) : « Bien manger ça peutêtre aussi se

faire plaisir, mais j’évite […] manger continuellement ce qui me fait plaisir je pense que c’est

mauvais ».La qualité, liée à la fraîcheur,structure le rapport à la santé et au bien manger. Le

panier est donc l’un des moyens d’accéder à la qualité recherchée.Le « bon pour la

santé »associé au « bon goût »ne semble pas ici naturel, ilnécessiteun apprentissage à travers

la transmission des valeurs symboliquesde l’alimentet traduit le rapport au corps réflexif,

distancié (Boltanski, 1971) dans lequel se placent ces individus.Hélène (70 ans)raconte :

« mes grands-parents étaient cultivateurs, j’ai été habituée à manger beaucoup de légumes,

c’est excellent ! […] Nous on a fait comme nos mères. Je vois ma fille fait aussi beaucoup de

légumes. Je crois que comme les enfants nous voient faire, ils essaient de reproduire le même

schéma».Cet exemple traduit l’évocation d’une histoire familiale agréable et la volonté de

réinscrire ses pratiques dans sa propre famille à travers la transmission du capital

transgénérationel (Ladwein, Carton etSevin, 2009). Enfin, la découverte de nouveaux fruits

et/ou légumes (que l’individu n’a jamais rencontrés ni goûtés) est très peu présente mais elle

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s’exprime à travers l’obligation de faire avec. Les individus revendiquent leur capacité à

relever le challenge de consommer/cuisinertous des éléments du panier alors pensé comme un

« vecteur de réalisation personnel »,s’inscrivant dans le culte de la performance (Ehrenberg,

1991). Virginie (35 ans) raconte : « ce qui m’intéresse c’est le côté challenge, je me dis :

« allez, regardes ce qu’il y a dedans et fait nous quelque chose avec». L’usage du panier

caractérise le mode de vie construit autour du dépassement de soi en procurant aux individus

un épanouissement personnel et le développement d’initiatives individuelles en accord avec la

règle d’autonomiedu nouveau jeu social (Ehrenberg, 1991).

Conclusion

Cet article a pour but de comprendre les éléments constitutifs des liens santé/alimentation

dans un contextede consommation de paniers « solidaires » de fruits et légumes locaux.

L’étude révèle l’absence d’une perception monolithiqueselon les personnes. Par ailleurs,

l’association implicite bon au goût, bon pour la santé (Werleet al.,2013)est à nuancer dans le

cas spécifique de consommation des légumes dans un objectif de santé. Ainsi, la démarche

hédonique n’est pas toujours présente etnécessite une logique de familiarisation,

d’apprentissage et parfoisune conduite raisonnée, notamment chez les enfants. Des recherches

futures devraient étudier l’effet de la familiarité sur la perception des fruits et légumes, en

manipulant notamment le niveau d’exposition à ces aliments. Cela permettrait de vérifier si

l’effet de simple exposition pourrait influencer positivement l’évaluation des fruits et légumes

par un processus de fluidité perceptive (processingfluency). Différentes recherches montrent

que la facilité de traitement d’un objet influence positivement son évaluation (Haddock et al.,

1999 ; Thompson etInce, 2013), cependant très peu ont étudié les effets de cette variable sur

la consommation alimentaire (pour une exception voir Berger et Fitzsimons, 2008).Cette

recherche suggère en outre des variations du degré d’assimilation autour du « je deviens ce

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que je mange » (Lévi-Strauss, 1962) et de la manière de résoudre les ambivalences de

l’omnivore provoquant de fait différents degrés d’implication dans l’alimentation. L’aliment

« bon à penser » (produit du système de valeurs) prime parfois sur le « bon à manger ». Enfin,

l’ensemble des stratégies souligne les conséquences positives de la consommation de fruits et

légumes. Ceci représenterait une contribution par rapport à la littérature sur les stratégies de

promotion d’une alimentation équilibrée qui montre qu’il est souvent plus efficace de

souligner les conséquences négatives de la mauvaise alimentation (Werleet al., 2012 ; Charry

et Pecheux, 2011) que les conséquences positives d’une alimentation équilibrée. D’un point

de vue managérial, les enjeux sont significatifs pour les industriels, les distributeurs et les

producteurs locaux. Cette étude permet la formulation de recommandations, en termes de

merchandising et de communication notamment.Il convient par exemple de diminuer

l’anxiétédes consommateurs liée à l’incorporation des aliments, en rassurant les

consommateurs sur la manière dont les produits sont cultivés, transportés, conditionnés, etc.

Les producteurs locaux peuvent déployer une communication spécifique selon les attentes

variés des cibles. Ainsi, les arguments autour des qualités gustatives des produits et leurs

vertus seront développées dans l’approche fonctionnelle par exemple. Une communication

ciblée permettrait un accompagnement des consommateurs plus efficace à travers des

conseils, des recettes adaptés selon les groupes et une fidélisation à long terme acrrue. Enfin,

ce travail présente sans équivoque certaines limites. Elles concernent aisément les choix

méthodologiques. Une observation participante (Beaud et Weber, 1997) avec des phases

d’immersion pendant la distribution des paniers solidaires auraient compléter l’analyse par le

suivi de la trajectoire du panier (de la récupération jusqu’à la consommation). Un autre type

de segmentation des résultats aurait pu être choisi différent de celui fait à priori choisit en

fonction du prix des paniers aurait permis par exemple une analyse des pratiques dans leur

globalité. Pour finir,l’importance des valeurs autour de l’aliment ouvre des perspectives de

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recherche sur les associations sémantiques autour des aliments « fruits et légumes », et invite

à s’interroger sur les autres catégories d’aliments.

Bibliographie

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Page 21: Consommation de fruits et légumeslocaux dans le cadre de

19

Annexe. Présentation détaillée de l’échantillon de 14 personnes interrogées

Prénom3, genre

et âge

Configuration familiale Profession Centre social et

type de panier

Caroline, femme,

40 ans

Femme seule avec deux

enfants (14 ans et 13 ans)

Aide à domicile en arrêt de

travail au moment de

l’étude

Capuche, 5.50

EUR.

Catherine,

femme, 59 ans

En couple Retraitée Capuche, 5.50

EUR.

Sophie, femme,

32 ans

Seule sans enfant Au chômage Vieux-Temple,

5.50 EUR.

Candice, femme,

23 ans

Sans enfant, en

collocation avec deux

autres étudiantes

Etudiante Master 1

urbanisme

Eaux-Claires,

4.00 EUR.

Rémi, homme, 18

ans

Fils d’un couple dans une

famille de 5 enfants

Etudiant

Mère : Employée au

Conseil général

Père : employé à l’hôpital

Eaux-Claires,

7.00 EUR.

Virginie, femme,

35 ans

Bertrand,

homme, 35 ans

En couple avec 3 enfants

(4ans, 6 ans et 8 ans)

Elle : femme au foyer

Lui : Enseignant en lycée

de mathématiques

Vieux-Temple,

7.00 EUR.

Hélène, femme,

70 ans

En couple (époux, 74

ans) avec une personne

âgée à charge (belle-

mère, 94 ans)

Retraitée, ancienne gérante

d’auto-école

Eaux-Claires,

7.00 EUR.

3 Les prénoms des personnes ayant participé à l’étude ont été volontairement modifiés afin de

respecter les clauses de confidentialité.

Page 22: Consommation de fruits et légumeslocaux dans le cadre de

20

Eric, homme, 43

ans

En couple (sa femme, 41

ans) avec 4 enfants (2 ans

à 18 ans), famille

recomposée

Fonctionnaires tous les

deux

Eaux-Claires,

5.50 EUR.

Stéphanie,

femme, 27 ans

Seule avec un enfant de 3

ans

Au chômage Vieux-Temple,

5.50 EUR.

Fabienne, femme,

53 ans

Trois adultes, femme

seule avec un enfant (28

ans) et un frère (45 ans)

Elle : Aide soignante

Son fils : intérimaire dans

le bâtiment

Son frère : sans emploi

Vieux-Temple,

4.00 EUR.

Marie, femme, 49

ans

En couple (son mari : 53

ans), 4 enfants (19, 13,

11, 9 ans)

Aide soignante Vieux-Temple,

4.00 EUR.

Pauline, femme,

71 ans

Seule Retraitée- Ancienne

retoucheuse dans un

magasin

Capuche, 5.50

EUR.

Emma, femme,

30 ans

En couple (son mari, 30

ans) avec un enfant de 2

ans (garçon)

Elle : Conseillère

Tupperware

Lui : au chômage,

ambulancier

Capuche, 5.50

EUR.