filières fruits, légumes et pomme de terre de consommation

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Filires fruits, lgumes et pomme de terre de consommation - - Analyse des voies de progrs en agriculture conventionnelle - Etude Vers des agricultures hautes performances

Institut National de la Recherche Agronomique Membre fondateur dAgreenium

fIlIReS fRuItS, lguMeS et PoMMe de teRRe de coNSoMMAtIoNANAlySe deS voIeS de PRogRS eN AgRIcultuRe coNveNtIoNNelleSynthse du volume 4 de ltude vers des agricultures hautes performances

Le Commissariat gnral la stratgie et la prospective (CGSP) a demand lInra, dans le cadre dun appel doffre, danalyser les possibilits dvolution des pratiques et des systmes agricoles franais vers des systmes de production plus durables, conciliant performances productives, conomiques, environnementales et sociales.

La dmarche adopte pour conduire cette tude a consist, en premier lieu, qualifier ce quil convient dentendre par agricultures multi-performantes . cette fin, les impacts de plus de 200 pratiques agricoles lmentaires ont t qualifis laune de 35 indicateurs portant sur 5 classes de performances : la production, lconomie, la consommation de ressources naturelles, la protection de lenvironnement et les performances sociales. Dans un second temps, les impacts de combinaisons de pratiques sur ces cinq classes de performances ont t analyss via la construction dun outil daide la conception de systmes de production agricole.

Concomitamment et de faon complmentaire, 8 filires ou groupes de filires ont t analyss : grandes cultures annuelles (crales, olo-protagineux et betterave) ; fruits, lgumes et pomme de terre de consommation ; vigne et produits de la vigne ; porcins ; volailles ; bovins et ovins allaitants ; bovins, ovins et caprins laitiers ; quins. Ce travail, ralis par les Groupes Filires de lInra, a t conduit selon une mme grille danalyse, savoir : la description du contexte propre chaque filire, la mise en vidence des forces et faiblesses, lidentification des verrous la multi-performance de la filire et des freins lever cette fin, court, moyen et long termes. Ces freins et leviers concernent non seulement le maillon de lexploitation agricole mais aussi lensemble de la filire, les politiques publiques, le conseil, etc. Les principales voies de recherche dvelopper pour chaque filire y sont galement exposes.

Cette plaquette prsente la synthse du travail effectu sur les filires fruits, lgumes et pomme de terre de consommation.

Retrouvez lintgralit de ltude Vers des agricultures hautes performances

sur www.inra.fr/rapport-agricultures-hautes-performances

une analyse par filires, partie intgrante de ltude Vers des agricultures hautes performances

les groupes filires de lInra sont structurs par grands types dorientation productive :

Dans le domaine vgtal, 6 groupes : crales ; olagineux ; protagineux ; fruits, lgumes et pommes de terre ; vigne et produits de la vigne ; horticulture ornementale.

Dans le domaine animal, 7 groupes : bovins ; ovins et caprins ; porcins ; avicole ; quins ; cunicole ; piscicole.Ils ont une mission de veille scientifique et stratgique ainsi que de partage des rsultats de recherche et recherche-dveloppement. ces groupes rassemblent des chercheurs et ingnieurs de linstitut et des agents dorganismes professionnels de la recherche-dveloppement et du dveloppement.

dans le cadre de la prsente analyse, relative aux filires fruits, lgumes et pomme de terre de consommation, des experts extrieurs nappartenant pas au groupe filire ont galement t sollicits. Retrouvez les groupes filires de lInra sur www.inra.fr/groupes-filieres

les groupes filires de lInra

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les groupes filires de lInra

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Les filires Fruits, Lgumes et Pomme de terre de consommation reprsentent en 2010 une superficie de 516 000 ha, un peu moins de 2 % de la Surface Agricole Utilise. Ces productions sont prsentes dans prs de 10 % des exploitations agricoles franaises. La production franaise est denviron 13 millions de tonnes et de prs de 8 milliards d en valeur (12,3 % de la valeur de la production agricole franaise et 19,4 % de la valeur des produits vgtaux).

Les volutions depuis 2000 montrent une diminution de plus de 30 % du nombre dexploitations, lgrement suprieure celle de la moyenne nationale (- 26 %). La diminution des surfaces de 67 000 ha pour les fruits et lgumes (- 15 %) sest traduite par une perte de production de plus de 2,5 Mt (- 24 %) alors que les surfaces et les volumes de production de pomme de terre de consommation sont rests pratiquement stables.

le contexte conomique

Les filires Fruits, Lgumes et Pomme de terre de consommation (FLP) regroupent des productions trs diversifies du fait du nombre despces concernes (une soixantaine), du caractre annuel ou prenne de la culture, et de la diversit des pratiques plus ou moins intensives, allant des vergers faible densit de plantation (noyer, chtaignier, olivier) aux vergers haute densit (pommier), des cultures lgumires sous abris (salade , tomate) aux systmes lgumiers de plein champ (pomme de terre, haricot, petit pois), proches des systmes de production des grandes cultures.

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Nombre dexploitations cultivant des fruits, lgumes et pomme de terre de consommation, superficie et volumes rcolts, imports et exports pour les annes 2000 et 2010 [Source : Agreste - RGA 2000 et 2010 et FranceAgriMer pour les volumes]

On constate une forte dgradation du solde des changes avec un dficit de la balance commerciale de plus de 2 mil-liards d en 2010 contre 1,2 milliards d en 2000 (accroissement du dficit de 7 % par an). Cette balance commerciale trs dficitaire sexplique principalement par des pertes de marchs, mais aussi par une d-saisonnalit croissante de la consommation. Certains secteurs restent cependant trs dynamiques : la pomme de terre (2me exportateur mondial), la pomme de table (3me exportateur mondial) et la filire des lgumes transforms (1er exportateur mondial de haricots vert en conserve, 2me exportateur en pois de conserve et haricots surgels, 3me en pois surgels, etc.). Environ un quart de la production de fruits, lgumes et pomme de terre est destin la transformation.

Le poids important de la main duvre est une des spcificits de ce secteur. Il occupe moins de 2 % de la SAU, concerne 10 % des exploitations agricoles et concentre environ 20 % de lemploi salari agricole total et plus de 30 % de lemploi saisonnier. Daprs un rapport parlementaire rcent (Bernard Reynes, 2011), le poids des charges salariales dans les charges de production des exploitations fruitires est le plus lev dEurope : 32,3 % en France contre 25 % en Espagne et 21 % en Allemagne. Ceci expliquerait pour partie la perte de comptitivit du secteur des fruits et lgumes sur le march europen. Cependant dautres facteurs interviennent puisque certains pays ont des charges de main duvre aussi leves que la France (Pays-Bas, Belgique) mais compenses par une trs bonne productivit lie en particulier des investissements importants et rguliers (quipements, plantations).

Enfin, il faut aussi signaler les difficults de transmission de loutil de travail lies au faible nombre dinstallations de jeunes agriculteurs, aux niveaux levs dinvestissements ncessaires et au retour sur investissement trs alatoire dans les filires fruits et lgumes.

Pomme de terre de consommation2000 2010 volution

Nombre dexploitations 30 501 20 983 - 31 %

Superficie (ha) 157 821 154 436 - 2 %

Volumes rcolts (t) 4 844 000 5 061 000 + 4 %

Volumes exports (t) 1 006 000 2 162 000 + 115 %

Volumes imports (t) 267 000 384 500 + 44 %

Lgumes2000 2010 volution

Nombre dexploitations 43 700 30 900 - 29 %

Superficie (ha) 235 000 201 700 - 14 %

Volumes rcolts (t) 6 531 000 5 211 000 - 20 %

Volumes exports (t) 791 000 935 000 + 18 %

Volumes imports (t) 1 292 000 1 665 000 + 29 %

Fruits2000 2010 volution

Nombre dexploitations 42 500 27 600 - 35 %

Superficie (ha) 194 000 160 100 - 17 %

Volumes rcolts (t) 4 107 000 2 832 000 - 31 %

Volumes exports (t) 1 651 000 1 488 000 - 10 %

Volumes imports (t) 2 521 000 3 072 000 + 22 %

* Volume rcolt en 2010 faible ; moyenne 2009-2011 : 3 042 000 t

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Deux grands modes de production coexistent, de plus en plus imbriqus dans les filires, les territoires et mme au sein des exploitations : le conventionnel autorisant et raisonnant lutilisation des produits de synthse, et le biologique pouvant tre issu dune phase de conversion partir du conventionnel. Daprs lAgence Bio (2011), la part des surfaces de fruits certifies en bio ou en conversion reprsente 11,7 % des surfaces fruitires ; pour les lgumes elle est de 3,7 %. Ces surfaces sont en progression rgulire. Pour les modes de production de type conventionnel, on assiste un effort important des acteurs pour aller vers des pratiques faible impact environnemental et sinscrivant dans les dmarches globales du dveloppement durable ; elles donnent lieu de nombreux cahiers des charges de type Production Fruitire Intgre (PFI), projet RESOL (Responsabilit Socitale des entreprises Lgumires), chartes professionnelles... Pour la pomme de terre, un rfrentiel de bonnes pratiques de production et de stockage a t mis en place par le Comit national interprofessionnel de la pomme de terre (CNIPT).

les modes de production

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Les fruits, lgumes et pomme de terre sont soumis des normes internationales, europennes et nationales compltes souvent par les distributeurs, entranant des contraintes trs importantes sur les modes de production, de conservation et de commercialisation. Cela fait actuellement lobjet dun dbat car le taux de dchets est de ce fait important tous les chelons de la filire. En 2010, 60 % des achats des mnages en FLP taient raliss dans les grandes et moyennes surfaces (en volume) et 15 % dans les magasins de Hard Discount. La part des magasins primeurs et des marchs reprsentait respectivement environ 9 % et 12 %, la vente directe et les autres modes de commercialisation ne reprsentant que 4 % des volumes et de la valeur des achats (FranceAgriMer). On constate cependant un dveloppement constant des circuits courts.Le niveau de consommation reste infrieur aux recommandations du Plan National Nutrition Sant (5 fruits et lgumes par jour) ; on observe au mieux le maintien du niveau de consommation depuis une dizaine dannes. Actuellement 60 % des adultes se situent en dessous de ce repre et les populations les plus sous-consommatrices sont les personnes faibles revenus et les jeunes. Si rien nest fait pour inverser la tendance, ceci laisse prsager une baisse durable de la consommation. On assiste des changements importants de comportement : moins dachat en frais, mme pour les produits de saison, diminution des achats de produits hors-saison, engouement pour les produits exotiques. Enfin, les exigences des consommateurs augmentent, notamment en matire de qualit sanitaire (notion de zro rsidu de pesticides), de mthodes de production respectant lenvironnement et aussi de praticit dusage.

la commercialisation et la consommation

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Le problme majeur concerne lutilisation des produits phytosanitaires. Les productions fruitires, lgumires et de pomme de terre occupent moins de 2 % de la SAU mais utilisent environ 15 % des produits appliqus en France. Certaines espces sont parmi les cultures ayant les Indices de Frquence de Traitement (IFT) les plus levs. Cela sexplique par les forts impacts conomiques potentiels des bioagresseurs (perte de rendement et de quantit commercialisable). Globalement, cette forte pression en produits phytosanitaires accentue les risques potentiels sur les diffrents compartiments de lenvironnement (sol, air, eau de surface et profonde) et sur la sant humaine (risques concernant les applicateurs, les consommateurs et les citoyens du fait de la dispersion des pesticides dans lair). Les besoins importants en eau pour lirrigation des cultures de fruits, lgumes et pomme de terre peuvent poser problme dans les rgions o la ressource est limite. Par ailleurs, les niveaux de fertilisation azote peuvent tre levs en cultures de lgumes et de pomme de terre participant alors la pollution diffuse des nappes deau. Ceci est dautant plus problmatique dans les zones enjeu eau ou dans des rgions dj fortement exposes la pollution par les fertilisants. Enfin, il faut signaler limportante consommation nergtique des systmes de culture lgumiers sous abris chauffs et donc leur contribution la production de gaz effet de serre et leur grande vulnrabilit une augmentation des prix de lnergie. De mme, les produits issus de la ptrochimie sont abondamment utiliss (paillage, couverture dabri, filet anti-grle, protection phytosanitaire). Nanmoins, dimportants progrs ont t raliss grce la filire de rcupration Adivalor, mise en place depuis 2009.

les impacts environnementaux des modes de production

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Rduire lusage des produits phytosanitairesAu concept de protection raisonne, se substituent depuis les annes 2000, les stratgies de protection intgre associant un ensemble de mthodes souvent effet partiel visant matriser des complexes de populations de bioagresseurs jusqu un niveau noccasionnant pas de dommages conomiques. Plusieurs techniques alternatives, mises au point dans la dernire dcennie, connaissent dj un fort dveloppement, dautres sont ltude.

Ainsi, la cration de matriel gntique rsistant aux bioagresseurs, directement par lInra ou en partenariat avec les acteurs professionnels, a permis de proposer de nouvelles varits ou gniteurs (pomme de terre Coquine et Cephora, rsistantes au mildiou ; abricot Shamade-Aramis rsistant la sharka ; pommes de table Ariane et Dalinette-Choupette, ou cidre, Douce de lAvent, slectionnes pour tre rsistantes aux principales souches de tavelure) ; toutefois le nombre de varits rsistantes plusieurs bioagresseurs est pour linstant limit (tomate Garance rsistante la fusariose, la verticilliose, au virus de la mosaque du tabac, au nmatode galle, la maladie des racines ligeuses et la bactrie Pseudomonas tomato par exemple). Les nouvelles approches de gnomique permettent cependant denvisager llaboration de gnotypes varitaux prsentant des rsistances durables un parasite majeur ou des multi rsistances plusieurs parasites. Des dmarches innovantes de gestion durable des rsistances ont par ailleurs t engages, chez le pommier par exemple, avec des mlanges varitaux -en vue de limiter les risques de contournement de la rsistance la tavelure- raisonns lchelle de lexploitation voire dune rgion de production.

des leviers daction au niveau des techniques

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On assiste actuellement un fort dveloppement de techniques de lutte physique comme le dsherbage mcanique des cultures pour contrler les adventices, la solarisation pour dsinfecter les sols en cultures lgumires, lutilisation de mulchs et paillages, et lutilisation des filets anti-insectes comme barrire physique.

Lutilisation de produits de biocontrle sest dveloppe de manire trs importante au cours des dernires annes (Carpovirusine TM Evo2, Bacillus thuringiensis, etc.). La mthode de confusion sexuelle qui, en saturant latmosphre de phromones, dsoriente le papillon mle et rduit fortement la probabilit daccouplement, est efficace si la population du ravageur nest pas trop leve ; 50 % des vergers de pommiers utilise cette mthode contre le carpocapse et la tordeuse orientale.

Les stimulateurs de dfense des plantes (SDP) sont thoriquement capables de diminuer la sensibilit des cultures face aux bioagresseurs. Leur efficacit doit tre vrifie et prcise selon les contextes de production. Il sagit galement dune catgorie de produits trs htroclites (origine naturelle - composs purifis, extraits plus ou moins bruts ou encore organismes vivants - ou synthtique) dont la classification rglementaire ncessite une relle clarification.

La lutte biologique par introduction dauxiliaires savre souvent trs efficace en milieu confin et elle est largement utilise sous serre ; en arboriculture, elle est moins frquente du fait des difficults dacclimatation des auxiliaires ou des parasitodes sur plusieurs annes. La lutte biologique par conservation est sans doute un des leviers daction qui gnre actuellement le plus despoir. Il sagit daugmenter la capacit du milieu autorguler les populations de bioagresseurs grce linstallation dinfrastructure agro-cologique offrant des services dhabitats, dattractivit et de ressources nutritives pour les parasitodes et les auxiliaires prdateurs gnralistes des bioagresseurs des cultures. Pour que cette biodiversit soit oprationnelle, elle doit tre accompagne dune diminution importante de lusage des pesticides. Il convient aussi de mieux connatre par lapproche de la modlisation les processus pidmiologiques des parasites et ravageurs, afin de dvelopper des OAD pour limiter et optimiser la frquence des traitements.

Concernant la lutte contre les adventices, de nombreuses mthodes alternatives sont en cours de dveloppement ou ltude : en verger, dsherbage mcanique du rang, enherbement du rang avec des espces vgtales peu concurrentes vis--vis de la croissance de larbre, paillage du rang (des combinaisons sont possibles). Pour les cultures lgumires et la pomme de terre, on teste des combinaisons de mthodes : succession de cultures, gestion de linterculture, faux semis, paillage et/ou dsherbage mcanique pour les cultures en rang.

Vers une reconception des systmes de culture

Si de nombreuses techniques alternatives visant rduire les intrants sont dores et dj oprationnelles, encore trop peu de travaux sont engags pour tester les synergies possibles lies des combinaisons de techniques effet partiel, pour contrler un cortge de bioagresseurs,et valuer leur faisabilit technique et les cots occasionns, notamment en temps de travail.Par ailleurs, il manque des rfrences pour valuer lintrt de coordinations spatiales lchelle du territoire. ces tudes complexes commencent se dvelopper ; elles ncessitent une implication forte des diffrents acteurs qui grent le territoire.

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De gauche droite Bandes fleuries en bordure d'abri, cultures lgumires Domaine exprimental de lInra Gotheron. Dispositif BIO RECO pour lvaluation multicritre en verger de pommiers mis en place depuis 2005 Pomme Ariane.

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limiter les consommations deau et dengrais

En gnral, les cultures lgumires et fruitires ont des besoins importants en eau dirrigation (longueur du cycle de vgtation pour les plantes prennes, cultures dans des conditions pdoclimatiques accentuant ces besoins, ncessit de scuriser la production pour ces espces fort investissement ou forte valeur ajoute). Des leviers daction sont dj largement oprationnels pour optimiser les apports deau dirrigation aux cultures et rduire les impacts ngatifs sur le prlvement de la ressource en eau : micro-irrigation, outils daide la dcision (OAD) pour le pilotage des irrigations lchelle de blocs de parcelles, suivi effectif de la consommation en eau par des compteurs pour identifier les prlvements la parcelle, fertirrigation qui permet de raliser des conomies deau et de fertilisants, et enfin pour les cultures sous abri, recyclage des solutions nutritives. Mais des efforts importants restent accomplir pour faire adopter par un plus grand nombre de producteurs ces mthodes de pilotage.Les leviers daction pour optimiser les apports de fertilisants aux cultures et rduire les impacts ngatifs lis la pollution de lenvironnement par les nitrates et le phosphore sont galement bien connus : rfrentiels prcis et actualiss sur les besoins en azote des cultures selon leur stade de dveloppement, fractionnement des apports de fertilisants, utilisation dOAD (comme la mthode PILAZO) qui permet dajuster en cours de vgtation loffre aux besoins de la culture, fertirrigation couple lusage dOAD.

Rduire les cots de production

Les systmes de culture horticoles se caractrisent par de trs nombreuses interventions culturales qui expliquent les performances productives de ces systmes, mais aussi les cots de production levs. Lclaircissage par exemple est une tape incontournable et outre lclaircissage manuel, trs onreux, peu de solutions alternatives lclaircissage chimique existent ce jour, si ce nest la recherche dune certaine matrise de la conduite des arbres et lclaircissage mcanique pour limiter galement lalternance. Concernant la rcolte, il faut aussi signaler les travaux relatifs la conduite en mur fruitier qui facilitent la mcanisation. Dune manire gnrale, les chantiers de plantation, de taille et de rcolte doivent tre trs bien organiss et bnficier dune assistance mcanique pour rduire les cots de production mais aussi la pnibilit du travail pour les salaris. Cela ncessiterait un investissement substantiel en R&D dans le machinisme horticole, ce jour trs insuffisant en France. Il faudrait construire des rfrentiels technico-conomiques pour valuer les performances des diffrents systmes de culture afin que les producteurs puissent raisonner les choix de gestion des interventions techniques en fonction des rapports cots/bnfices et temps de travail/productivit.

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Mthode danalyse rapide des nitrates pour ajuster la fertisilisation. Pilotage de l'irrigation par tensiomtrie.

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Linnovation varitale, vers des idotypes varitaux

le dveloppement rcent des nouvelles technologies autour de la slection gnomique, avec la participation dynamique des quipes franaises dans lorganisation de la recherche internationale sur tomate et pommier par exemple, permet dapprhender prcisment les fonctions biologiques spcifiques des espces fruitires et lgumires. les rflexions conduites actuellement sur les idotypes varitaux visent combiner des caractres dintrt au sein de gnotypes performants, comme la rsistance aux stress biotiques et abiotiques, les diverses qualits des produits, les aptitudes des nouvelles varits rpondre aux volutions des systmes de productions au plan environnemental (volution des conditions climatiques notamment) et conomique. Il est important pour y parvenir de maintenir une relle capacit damlioration varitale en france fdrant les efforts de la recherche publique et prive en interaction avec les partenaires des filires (en particulier les producteurs). Il faut aussi accompagner le dveloppement dune organisation professionnelle structure pour valuer, dfendre, multiplier (ppiniristes et semenciers) le matriel vgtal innovant et protger ltat sanitaire des varits.

Gestion de larchitecture des plantes

la gestion de larchitecture des plantes permet de modifier leur vigueur et le microclimat du couvert. ce levier technique peut-tre mobilis pour amliorer la productivit et la qualit des produits ou pour agir sur les interactions plante-bioagresseurs en vue de rduire la sensibilit des systmes de culture aux attaques des ravageurs. en arboriculture fruitire par exemple, cette approche cophysiologique a permis daccrotre les possibilits de mcanisation (mur fruitier) ou de proposer une conduite des arbres intgrant mieux les quilibres fonctionnels entre la croissance vgtative et la fructification aboutissant in fine une amlioration importante de la performance agronomique chez de nombreuses espces.

La rduction des cots de production passe aussi par la modernisation des exploitations fruitires et lgumires (structures, matriel agricole et serres), le dveloppement accru et rapide de matriel vgtal innovant et de bonne productivit qui soit la fois rsistant aux parasites, adapt aux nouveaux systmes de culture, aux contraintes du post-rcolte, aux volutions de la distribution, du local linternational, qui tienne compte de la difficult du march accepter linnovation et enfin qui rponde effectivement aux nouvelles attentes des consommateurs. Laccompagnement et le soutien de la rnovation rapide du verger franais avec du matriel vgtal innovant est ncessaire, pour en augmenter les performances productives en quantit et qualit, ainsi que les performances conomiques et environnementales. Le temps ncessaire rnover l'ensemble du verger est actuellement trop long entranant une baisse notable de productivit, voire une trop faible adaptation au march.

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des leviers organisationnels diffrents niveaux : filires, recherche-dveloppement, et politiques publiquesAu-del de llaboration de techniques nouvelles, il est capital daccompagner les producteurs dans la mise en place de systmes innovants et de dvelopper des actions de conseil-formation pour favoriser lapprentissage des systmes cologiquement performants. Des formations cibles sont de plus en plus ncessaires pour sapproprier les nouveaux outils (guides Ecophyto pour la conception de systmes de culture conomes en produits phytosanitaires, par exemple). Les divers rseaux de conseillers qui ne travaillent pas systmatiquement de manire concerte sont aussi optimiser. On assiste actuellement des contraintes croissantes et en volution permanente venant de la rglementation nationale, europenne ou internationale ou encore des partenaires commerciaux (cahiers des charges, rfrentiels imposs contractuellement ou fortement recommands). Des interactions constantes et structures avec les producteurs ainsi que des formations cibles et rgulires sont ncessaires.

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Concernant la production, il sagit de favoriser les mesures permettant de matriser les cots de main duvre : accroissement des performances globales via lorganisation collective ou la constitution de clubs de performance. La main duvre constitue une relle opportunit sociale mais elle est actuellement peu valorise en raison de son cot lev, de sa qualification assez faible et de l'insuffisante prparation des exploitants la gestion des ressources humaines. Les comptences spcifiques de cette main duvre et sa gestion doivent voluer rapidement compte tenu des enjeux environnementaux et sanitaires. La rglementation du travail est actuellement trs importante en France, ce qui tend dfavoriser les acteurs franais dans un contexte de forte comptition intra-europenne et internationale. Il faudrait aller vers une rduction de la complexit de cette rglementation et accrotre la ractivit des partenaires publics-privs pour une volution conjointe et coordonne des rglementations franaise et europenne, en particulier lhorizon 2020.

Par ailleurs, lorganisation professionnelle et interprofessionnelle est favoriser notamment pour dsenclaver certaines filires atomises ou trop rgionalistes et les ouvrir de nouveaux marchs, ou encore pour soutenir la mise en place de circuits de commercialisation varis favorisant la diversification des systmes de culture au sein des exploitations et des territoires. Cette diversification doit tre considre comme une relle opportunit pour la segmentation des marchs et la valorisation des produits, au plan local, national et international, condition quelle soit le produit dune stratgie globale et labore par lensemble des acteurs conomiques concerns. Le rquilibrage des relations commerciales entre le secteur de la production et les acteurs conomiques de laval et le dveloppement de partenariats seraient ncessaires.

Il convient galement dinciter les dmarches collectives des acteurs avec les partenaires publics : une co-rgulation publique-prive est ncessaire aux diffrents niveaux de la filire (production, exportation, importation, commerce de gros...) lorsque des biens publics sont en jeu (sant publique, environnement, conqute de nouveaux marchs, information et formation du citoyen ou du consommateur...).

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Il faut voquer enfin limportance de la coordination des actions de Recherche-Exprimentation-Dveloppement pour promouvoir des systmes de production doublement performants, orients vers lagro-cologie. Lorganisation en collectif de travail pour la co-construction et lappropriation des connaissances est dvelopper. Lexemple du rseau Mafcot (MAtrise de la Fructification COncepts et Techniques) dvelopp ds les annes 90 par lInra avec les partenaires professionnels a montr la pertinence et lefficacit dune dmarche collective pour innover dans le domaine de la conduite optimise du verger. Dans ce contexte, la mise en uvre de collectifs fdrant lensemble des acteurs sociaux sur des axes dfinis conjointement comme objectifs prioritaires est essentielle. Limportance du rle des Groupements dIntrt Scientifique rcents (GIS PIClg et Fruits) mis en place par lInra et les partenaires professionnels rside dans la possibilit de crer cette mulation collective sur des objectifs prioritaires dfinis en commun. Cela suppose aussi un engagement financier des pouvoirs publics pour accompagner ces initiatives certes ambitieuses mais prometteuses.

Accompagner la mise en place de systmes horticoles durables aux plans conomique, environnemental et sociallobjectif est donc bien dintensifier et daccompagner la mise en place de systmes horticoles durables aux plans conomique, environnemental et social. cette ambition exige des innovations simultanes et intgres dans ces trois dimensions. le devenir des productions de flP se pose aussi au regard dvolutions fortes qui se dessinent au plan mondial : stratgies dinvestissement dans de nouvelles rgions agricoles qui optimisent les conditions pdoclimatiques et socio-conomiques, rationalisation des cots de production et des cots nergtiques, organisation des circuits dapprovisionnement lchelle internationale, volution des modles alimentaires avec la disparition de certains fruits ou lgumes ne faisant plus partie de rgimes alimentaires simplifis.

ceci constitue de vritables dfis pour les filires et les amne repenser leur fonctionnement collectif, leurs relations et leur dynamisme en lien avec les attentes socitales. dans les filires flP o les enjeux en termes de rduction dintrants et de scurit des aliments sont primordiaux pour conduire une politique de nutrition saine et contribuer au maintien de ces productions dans les territoires, il apparat indispensable de mettre en place des mesures publiques incitatives pour accompagner les efforts des producteurs dans ces transformations radicales. Il sagit aussi de communiquer sur ces dmarches dagriculture durable en vue dobtenir un retour positif des circuits de distribution et des consommateurs, ceci afin dassurer une meilleure valorisation des produits issus de ces modes de production.

Directeur de la publication : Herv Guyomard Coordination et rdaction : Franoise Dosba, Benoit Jeannequin, Martine Georget Conception et ralisation : Pascale Inzerillo I Photo de couverture : Fotolia

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Contact animateurs du Groupe Filire FRUITS, LGUMES ET POMMES DE TERRE :Franoise Dosba [[email protected]], Benoit Jeannequin [[email protected]]

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Accompagner la mise en place de systmes horticoles durables aux plans conomique, environnemental et sociallobjectif est donc bien dintensifier et daccompagner la mise en place de systmes horticoles durables aux plans conomique, environnemental et social. cette ambition exige des innovations simultanes et intgres dans ces trois dimensions. le devenir des productions de flP se pose aussi au regard dvolutions fortes qui se dessinent au plan mondial : stratgies dinvestissement dans de nouvelles rgions agricoles qui optimisent les conditions pdoclimatiques et socio-conomiques, rationalisation des cots de production et des cots nergtiques, organisation des circuits dapprovisionnement lchelle internationale, volution des modles alimentaires avec la disparition de certains fruits ou lgumes ne faisant plus partie de rgimes alimentaires simplifis.

ceci constitue de vritables dfis pour les filires et les amne repenser leur fonctionnement collectif, leurs relations et leur dynamisme en lien avec les attentes socitales. dans les filires flP o les enjeux en termes de rduction dintrants et de scurit des aliments sont primordiaux pour conduire une politique de nutrition saine et contribuer au maintien de ces productions dans les territoires, il apparat indispensable de mettre en place des mesures publiques incitatives pour accompagner les efforts des producteurs dans ces transformations radicales. Il sagit aussi de communiquer sur ces dmarches dagriculture durable en vue dobtenir un retour positif des circuits de distribution et des consommateurs, ceci afin dassurer une meilleure valorisation des produits issus de ces modes de production.

di@gnoplant pour aider au diagnostic des bioagresseurs

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Ds lapparition de symptmes, il est possible via un smartphone ou une tablette daccder un ensemble de connaissances et dexpertises de lInra : dtermination du bioagresseur grce un module didentification par limage selon la nature des symptmes, des signes ou des ravageurs observs ; informations sur les caractristiques des maladies partir dun rfrentiel de connaissances organis sous forme de fiches dtaillant les symptmes, la biologie du bioagresseur en cause et les mthodes de protection optimises la situation parasitaire.

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Retrouvez lintgralit de lanalyse des freins et leviers la multi-performance pour les principales filires agricoles, vgtales et animales, de lagriculture franaise, dans le volume 4 de ltude vers des agricultures hautes performances .