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Département CASER - R2S2 CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS Centre de Paris RAPPORT DE STAGE Présenté en vue d’obtenir le Diplôme de licence professionnelle « Intervenant en évaluation et gestion des risques pour la santé / sécurité de l’Homme dans les entreprises » Par Florent CHESNÉ « Proposition d’une démarche de prévention contre le risque alcool au travail » Soutenu le 23 septembre 2011 Président du Jury : William DAB Assesseurs : Jean-Luc BONNET, Jean-Jacques LE MIGNOT, Dominique VACHER Maître de Stage : Isabelle MENONI

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Département CASER - R2S2

CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS

Centre de Paris

RAPPORT DE STAGE

Présenté en vue d’obtenir le

Diplôme de licence professionnelle

« Intervenant en évaluation et gestion des risques pour

la santé / sécurité de l’Homme dans les entreprises »

Par

Florent CHESNÉ

« Proposition d’une démarche de prévention contre le risque

alcool au travail »

Soutenu le 23 septembre 2011

Président du Jury : William DAB Assesseurs : Jean-Luc BONNET, Jean-Jacques LE MIGNOT, Dominique VACHER Maître de Stage : Isabelle MENONI

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Licence professionnelle LP025 2/35 F.CHESNÉ

Remerciements

Je tiens à remercier :

Madame Martine COURTOIS et Monsieur William DAB, professeurs à la chaire d’hygiène et sécurité

du Conservatoire national des arts et métiers, pour leur aide et leur disponibilité.

Monsieur Patrick PELLE, directeur de l’entreprise GRTgaz- Région Val de Seine pour son accueil au

sein de la société.

Madame Isabelle MENONI, anciennement chef du département Appui au Systèmes de Management

de l’entreprise GRTgaz-Région Val de Seine, pour son encadrement pendant le stage.

Les salariés de l’entreprise GRTgaz-Région Val de Seine, pour leur coopération.

Mademoiselle Emilie POUPART, ma compagne, pour son aide et son soutien.

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Licence professionnelle LP025 3/35 F.CHESNÉ

SOMMAIRE

Remerciements ....................................................................................................................................... 2

Table des figures ...................................................................................................................................... 4

Introduction ............................................................................................................................................. 5

1 Présentation du contexte ................................................................................................................ 6

1.1 De quoi parle t-on ? ................................................................................................................. 6

1.2 Enjeux de l’alcool en santé publique et en santé au travail .................................................... 7

1.2.1 Effets et risques de la consommation d’alcool................................................................ 7

1.2.2 Un enjeu de santé publique ............................................................................................ 9

1.2.3 Un enjeu de santé/sécurité au travail ........................................................................... 12

1.3 Problématique de l’alcool à GRTgaz ...................................................................................... 14

1.3.1 Présentation de la société ............................................................................................. 14

1.3.2 Constats ......................................................................................................................... 17

1.3.3 Dispositions déjà mises en œuvre ................................................................................. 18

2 Objectifs et méthodologie ............................................................................................................. 19

2.1 Du cadre général aux objectifs poursuivis ............................................................................. 19

2.2 Méthodologie mise en œuvre ............................................................................................... 20

3 Analyse du risque alcool ................................................................................................................ 22

3.1 Quels sont les obstacles ?...................................................................................................... 22

3.2 Etat des lieux autour de la problématique ............................................................................ 23

3.2.1 Approches théoriques ................................................................................................... 23

3.2.2 Approches pratiques ..................................................................................................... 23

3.3 Résumé des entretiens .......................................................................................................... 24

4 Proposition pour la prévention ..................................................................................................... 26

Conclusion ............................................................................................................................................. 32

Bibliographie.......................................................................................................................................... 33

Table des annexes ................................................................................................................................. 35

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Licence professionnelle LP025 4/35 F.CHESNÉ

Table des figures

Figure 1 : Consommation totale d’alcool pure (en litres), par habitant (âgé de plus de 15 ans) en 2005

(12) ........................................................................................................................................................ 10

Figure 2 : Consommation d’alcool des Français âgés de 15 ans ou plus entre 1990 et 2008 (en litres

d’alcool pur par habitant) (13) .............................................................................................................. 10

Figure 3 : Carte des régions administratives de la société GRTgaz. ...................................................... 16

Figure 4 : Carte du réseau et des infrastructures de GRTgaz – Région Val de Seine. ........................... 17

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Licence professionnelle LP025 5/35 F.CHESNÉ

Introduction

Les consommations occasionnelles ou répétées d’alcool mettent en danger la santé et la sécurité des

travailleurs. Le Code du travail mettant l’obligation de santé et de sécurité de résultat à la charge de

l’employeur, la prévention et la prise en charge des addictions sont donc nécessaires dans les

entreprises.

Généralement, deux situations sont à distinguer : soit le salarié consomme de l’alcool sur le lieu de

travail, soit il arrive sur le lieu de travail en état d’ébriété après avoir consommé de l’alcool en dehors

des horaires de travail. Pour l’entreprise, le résultat est identique. Le salarié ivre, ou dans un état

proche de l’être, doit faire l’objet d’une attention particulière de la part des dirigeants de

l’organisation.

Or, à ce stade, la résolution du problème peut être plus fastidieuse pour la société car si maladie il y

a, celle-ci peut être déjà bien ancrée dans la personne et la thérapie durer plusieurs mois voir

plusieurs années ; d’où la nécessité d’intervenir précocement, c’est-à-dire avant que le problème ne

s’installe.

L’objectif du stage réalisé au sein de l’entreprise GRTgaz – Région Val de Seine a été de proposer une

démarche globale de prévention et de traitement du risque alcool afin de doter la société d’une

méthode, de nature à mieux gérer les situations à risque et ce, à tous les niveaux de prise en charge.

Dans un premier temps, nous nous attacherons à préciser les éléments contextuels liés au problème

de l’alcool dans l’entreprise. Puis, nous verrons la méthode de la démarche qui a été utilisée.

L’analyse du risque sera développée et expliquée. Enfin, nous terminerons sur la finalité du travail,

c’est-à-dire sur la proposition d’actions pour la prévention.

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Licence professionnelle LP025 6/35 F.CHESNÉ

1 Présentation du contexte

Il faut bien reconnaître une réalité culturelle et économique : les relations humaines se nourrissent

de convivialité et consommer de l’alcool fait partie de nos traditions et de notre culture. Avant de

rentrer dans le vif du sujet et afin d’éviter les amalgames, il est nécessaire d’expliciter brièvement

quelques points.

1.1 De quoi parle t-on ?

Consommé, l'alcool (ou éthanol) est une substance toxique induisant des effets néfastes sur la santé

(1). C’est aussi une substance psycho-active à l'origine d'une dépendance qui dépend de son usage.

Ces dernières sont de quatre ordres (2) :

L'usage simple : également appelé « usage d’alcool à risque faible ». Il peut être

expérimental, occasionnel ou régulier, à condition qu'il soit modéré.

L'usage à risque : susceptible d'entraîner des dommages à plus long terme dont la

dépendance.

En 1980, un Comité d’experts de l’Organisation Mondiale de la Santé mettait en évidence (3) que les risques liés à la consommation de boissons alcoolisées augmentaient au-delà de certains seuils. Ces seuils ont depuis été repris par plusieurs institutionsi dont le Ministère de la Santé en 2003 :

- Pour les consommations régulières :

o pas plus de 2 verres standard (ou unités d’alcool) par jour en moyenne pour les

femmes, soit 14 verres standard par semaine.

o pas plus de 3 verres standard (ou unités d’alcool) par jour en moyenne pour les

hommes, soit 21 verres standard par semaine.

- Pour les consommations occasionnelles :

o pas plus de 4 verres standard (ou unités d’alcool) en une seule occasion.

- Au moins un jour par semaine sans alcool.

L'usage nocif : est caractérisé par la consommation répétée d'alcool au-delà de la

modération.

L'usage avec dépendance : la personne est devenue incapable de réduire ou d'arrêter sa

consommation, malgré la persistance des dommages. De nombreux symptômes apparaissent

lors de la consommation ou de l'arrêt : tremblements, crampes, anorexie, troubles du

comportement.

Ce dernier stade de la consommation d’alcool est dit « alcoolo-dépendant ». L’OMS reconnaît la

maladie alcoolique ou « alcoolisme » dans le langage courant comme une maladie et le définit

comme des troubles mentaux et troubles du comportement liés à l'utilisation d'alcoolii (4).

i On peut citer la British Medical Association (31), la Société Française d’Alcoologie, l’INPES, la MILDT.

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Licence professionnelle LP025 7/35 F.CHESNÉ

Cependant, contrairement à une idée répandue, l’alcoolisme ne recouvre pas seulement cette

notion. Ainsi, l'alcoolisme est classé selon l’OMS en deux types : la forme chronique que nous venons

de voir, et l'alcoolisme aigu correspondant à une consommation occasionnelle, plus ou moins

intense (comme le « binge drinkingiii ») et qui ne comporte pas en règle générale de phénomène de

dépendance, contrairement à l'alcoolisme chronique.

Aujourd'hui, la notion de maladie est de plus en plus remise en question, la personne alcoolique

étant considérée comme sous l'emprise d'une drogue. Ce point de vue ouvre la voie à de nouvelles

méthodes de sevrage qui ne déresponsabilisent pas la personne dépendante et ne considèrent plus

l'alcoolisme comme une fatalité contre laquelle on doit lutter toute sa vie (5).

Dans tous les cas, il s’agit pour être efficace, de prévenir la maladie et cette conception répond à

plusieurs enjeux.

1.2 Enjeux de l’alcool en santé publique et en santé au travail

L'usage nocif de l'alcool a des répercussions majeures sur la santé publique. Selon l’OMS, il s’agit

même du troisième facteur de risque de décès prématuré et d'incapacité dans le monde (6). Il y a

donc lieu de détailler dans un premier temps la nature de ces risques.

1.2.1 Effets et risques de la consommation d’alcool

Les risques à court terme :

L'éthanol, une fois ingéré, est directement absorbé au niveau du tube digestif et ne nécessite pas de

processus de digestion. Il provoque à très court terme, une augmentation du taux d'alcoolémie

sanguine et une ivresse aiguë. L'ivresse, ou état d'ébriété, se caractérise par un ralentissement des

réflexes, une diminution de la vigilance, un état d'euphorie ou, au contraire, de tristesse, une

mauvaise appréciation des situations, des troubles de l'équilibre ainsi qu'une vasodilatation. L'ivresse

peut conduire jusqu'au coma éthylique, situation pouvant amener au décès.

À court terme, la consommation d'éthanol peut provoquer :

une gastrite ;

un reflux gastro-œsophagien ;

une hépatite aiguë alcoolique ;

des nausées, vomissements ;

le syndrome de « gueule de bois » en effet secondaire.

L'alcool a un effet dit anxiolytique à court terme ; à long terme, il engendre souvent angoisses et

dépression.

ii Dans la classification internationale des maladies de l'OMS (CIM-10), il s’agit du code F10.0.

iii Terme désignant un mode de consommation excessif de grandes quantités de boissons alcoolisées sur une

courte période de temps, par épisodes ponctuels ou répétés visant à obtenir un état d'ivresse rapidement.

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Licence professionnelle LP025 8/35 F.CHESNÉ

Les risques à moyen et long terme :

Une consommation chronique (au-delà des seuils de 2 à 3 verres par jour) d'éthanol augmente le

risque de répercussions directes sur différentes fonctions et organes du corps :

système nerveux : neuropathie alcoolique, névrite optique rétro bulbaire, encéphalopathie

hépatique, démences alcooliques, hallucinose alcoolique ;

foie : cirrhose avec insuffisance hépatocellulaire ;

pancréas : pancréatite : pancréatite aiguë ou pancréatite chronique, insuffisance

pancréatique exocrine (mal digestion) et endocrine (diabète) ;

système cardiovasculaire : hypertension artérielle, cardiopathie, hypertension portale avec

varices gastriques et œsophagiennes, insuffisance veineuse.

appareil sexuel : perte du désir sexuel, impuissance, éjaculation précoce, anorgasmie,

dyspareunies, aménorrhée...

La consommation chronique augmente également le risque de cancers (7) : globalement un cancer

sur dix chez l'homme et un sur trente chez la femme sont attribuables à l'alcool (8). Ce sont

essentiellement des :

cancer du foie, cancer du pancréas ;

cancers des voies aérodigestives supérieures : cancer de la bouche (langue, cavum, lèvres),

cancer de l'œsophage, cancer de l'estomac ;

cancer du sein : une femme consommant 50 grammes d'alcool par jour (5 pintes de bière ou

5 verres de vin) augmente son risque de développer un cancer du sein de 50%. Pour 18g/jour

(2 verres) son risque se voit augmenté de 7%.

La consommation d’alcool peut exposer à des risques majeurs :

Diminution de la vigilance, souvent responsable d'accidents de la circulation, d'accidents du

travail ;

Pertes de contrôle de soi qui peuvent conduire à des comportements de violence, à des

passages à l'acte, agressions sexuelles, suicide, homicide ;

Exposition à des agressions en raison d'une attitude parfois provocatrice ou du fait que la

personne en état d'ébriété n'est plus capable de se défendre.

Alcool et grossesse :

Une consommation, même occasionnelle ou faible, d'alcool pendant la grossesse n'est pas anodine

et peut entraîner des risques pour l'enfant à naître. L'alcool passe du sang maternel au sang du

fœtus, sans que le placenta ne joue le rôle de "filtre" : les concentrations d'alcool chez le fœtus sont

donc très proches des concentrations dans le sang maternel.

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Licence professionnelle LP025 9/35 F.CHESNÉ

Une consommation quotidienne, même très faible, ou des ivresses épisodiques peuvent entraîner

des complications durant la grossesse (retards de croissance, accouchements prématurés), ainsi que

des troubles des fonctions cognitives.

Le syndrome de l'alcoolisation fœtale est l'atteinte la plus grave de l'exposition prénatale à l'alcool. Il

se manifeste notamment par des anomalies dans la croissance, des anomalies faciales, des

dommages du système nerveux central susceptibles d'entraîner des déficits fonctionnels tels que le

retard mental ou l'hyperactivité.

Il est donc indispensable de s'abstenir de consommer toute boisson alcoolisée tout au long de la

grossesse.

Inégaux face à l’alcool :

Face à la consommation d'alcool, chacun réagit différemment selon sa corpulence, son état de santé

physique et psychique, que l'on soit un homme ou une femme, et selon le moment de la

consommation. Le seuil de tolérance dépend donc de la personne et du contexte.

Cependant, si les effets diffèrent selon les individus, de nombreuses conséquences collectives

apparaissent.

1.2.2 Un enjeu de santé publique

Sur le plan international :

25 ans après la première déclaration de l’Assemblée mondiale de la Santé en 1979 reconnaissant les

méfaits de l’alcooliv (9), l’OMS en 2005 émet une opinion analogue (10)v « l’usage nocif de l’alcool

compte parmi les principales causes sous jacentes de maladie, de traumatisme, de violence – en

particulier de violence familiale contre les femmes et les enfants –, d’incapacité, de problèmes sociaux

et de décès prématurés, est associé à des problèmes de santé mentale, a de graves conséquences sur

le bien-être des individus, des familles, des communautés et de la société en général, et contribue aux

inégalités sociales et sanitaires ».

Ainsi, l’usage nocif de l’alcool a de nombreuses répercussions sur la santé publique dans le monde

(11), à savoir:

Près de 4% des décès sont liés à l’alcool. La plupart résultent de traumatismes, de cancers, de

maladies cardio-vasculaires et de cirrhoses du foie.

6,2% des décès d’hommes sont liés à l’alcool contre 1,1% des décès de femmes.

iv « les problèmes liés à la consommation, et en particulier à la consommation excessive, d’alcool figurent au

nombre des principaux problèmes de santé publique mondiaux ». Résolution WHA32.40 de la Trente deuxième

Assemblée mondiale de la Santé. 1979 v Résolution WHA58.26 de la Cinquante huitième Assemblée mondiale de la Santé. 2005. p.110.

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Licence professionnelle LP025 10/35 F.CHESNÉ

Figure 1 : Consommation totale d’alcool pure (en litres), par habitant (âgé de plus de 15 ans) en 2005 (12)

Source : OMS, 2005, p.4.

Sur le plan national :

En France, même si la consommation diminue régulièrement depuis plusieurs décennies (Figure 2), le

niveau de la consommation moyenne d’alcool par habitant demeure une caractéristique française,

par son importante quantité.

Figure 2 : Consommation d’alcool des Français âgés de 15 ans ou plus entre 1990 et 2008 (en litres d’alcool pur par habitant) (13)

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Licence professionnelle LP025 11/35 F.CHESNÉ

Ainsi, parmi les pays membres de l’Union européenne en 2003, la France occupait le 5ème rang pour

ce qui est de la consommation annuelle d’alcool pur par habitant âgé de plus de 15 ans, derrière la

République Tchèque, le Luxembourg, l’Irlande et la Hongrie (13).

Par ailleurs, selon le Baromètre Santé 2010 de l’INPES (14), on estime que 28 % des 18-75 ans sont

des buveurs à risque ponctuel et 9 % à risque chronique (c’est-à-dire 37% de la population qui peut

mettre sa santé en danger, à court ou long terme).

Au total, le nombre de décès annuels attribuables à l'alcool en France est évalué à 30 000, dont près

des deux tiers par psychose alcoolique, cirrhose et cancers des voies aéro-digestives supérieures (15).

Ceci en fait la deuxième cause de mortalité évitable de notre pays (après le tabac).

De ce fait, l’excès de consommation d’alcool est à l’origine d’une part importante de la morbidité et

de la mortalité prématurée. En 2006, parmi les 27 pays de l’Union européenne, la France enregistre

pour les hommes le taux de mortalité évitable le plus élevé ; elle se place après les nouveaux

adhérents d’Europe centrale, les Pays Baltes et la Belgique, devant l’Autriche et le Portugal. Son taux

de décès est presque deux fois supérieur à celui du Royaume-Uni (13).

1.2.2.1 Boire de l’alcool : une habitude ancrée socialement

La consommation d’alcool, profondément ancrée dans les usages sociaux, se retrouve également en

milieu de travail. Dans les entreprises de plus de 50 salariés, l’alcool est reconnu comme faisant

partie de la culture du milieu professionnel par 31% des dirigeants (16). Les « pots » célébrant une

promotion, un départ, la signature d’un contrat, ou encore les repas d’affaires, favorisent l’usage

d’alcool, voire le légitiment. Globalement, près d’un salarié sur 4 consommerait régulièrement de

l’alcool au travail avec ses collègues ou ses clients (17).

De plus, les consommateurs d’alcool se caractérisent par des conditions sociales plus précaires que

celles de l’ensemble de la population française (15).

1.2.2.2 La prise d’alcool n’épargne aucune classe socio-professionnelle

Il y a 50 ans, l’alcoolisation sur le lieu du travail était souvent une réponse aux conditions de travail

physiquement difficiles (empoussièrement, chaleur, travail physique), l’alcool étant un moyen

d’hydratation. De nos jours, les modifications de l’outil de travail dans les entreprises ont remplacé la

charge physique du travail par une augmentation importante de la charge mentale, psychologique et

du stress. L’alcool peut alors être utilisé comme anti-stress ou anxiolytique.

D’après la littérature internationale, l’ennui rendrait plus vulnérable face à l’alcool au travail. La

pénibilité physique (bâtiment, agriculture, manutention…) et le contact fréquent avec le public

(artisans, commerçants, chefs d’entreprise) restent également des facteurs favorisant la

consommation d’alcool (17).

En France, plusieurs études ont été menées ces dernières années pour apprécier la prévalence de

l’alcoolisation en milieu du travail. Même si des différences subsistent selon les entreprises,

globalement, la consommation d’alcool observée chez les salariés est similaire à celle de la

population générale d’âge comparable (17).

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Licence professionnelle LP025 12/35 F.CHESNÉ

1.2.3 Un enjeu de santé/sécurité au travail

Le monde du travail est une des sphères sociales où le « privé » et le « public » se confrontent en

permanence. S’alcooliser à son domicile ou pendant la journée peut aussi avoir des conséquences

néfastes sur son lieu de travail.

1.2.3.1 Le cadre juridique : l’obligation de santé/sécurité de résultat de l’employeur

Dans certaines situations de consommations occasionnelles ou de conduites addictives, il existe un

réel danger pour la vie ou la santé d’un ou de plusieurs salariés. Celles-ci peuvent être à l’origine

d’accidents de travail ou d’autres risques professionnels (violences, harcèlement, stress, chutes de

plain-pied ou de hauteur, etc.).

L’employeur, en vertu de l’article L.4121-1 du Code du travail (18) est tenu de protéger ses salariés à

l’occasion de leur travail : « L'employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et

protéger la santé physique et mentale des travailleurs.

Ces mesures comprennent :

1° Des actions de prévention des risques professionnels ;

2° Des actions d'information et de formation ;

3° La mise en place d'une organisation et de moyens adaptés.

L'employeur veille à l'adaptation de ces mesures pour tenir compte du changement des circonstances

et tendre à l'amélioration des situations existantes. »

Par ailleurs, un arrêt de la chambre sociale de la Cour de cassation du 28 février 2002, condamnant

une entreprise à propos de risques liés à l’amiante, a jugé : « Attendu qu’en vertu du contrat le liant à

son salarié, l’employeur est tenu envers celui-ci d’une obligation de résultat. Le manquement à cette

obligation a le caractère d’une faute d’inexcusable au sens de l’article L.452-1 du Code de la sécurité

sociale, lorsque l’employeur avait ou aurait du avoir conscience du danger auquel était exposé le

salarié, et qu’il n’a pas pris les mesures nécessaires pour l’en préserver »vi.

Une formule identique a été transposée pour les accidents du travailvii.

Pénalement, l'inobservation des dispositions des articles L.4121-1 et suivants du Code du travail n'est

pas directement sanctionnée. Le Code pénal prévoit néanmoins la responsabilité pénale de

l'employeur qui commet une "maladresse, imprudence, inattention, négligence ou (un) manquement

à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement" en cas d'homicide

(Code pénal, art. 221-6) ou de blessures involontaires (Code pénal, art. 222-19). L'article 4-1 du Code

de procédure pénale prévoit qu'un salarié victime d'un accident du travail ou d'une maladie

vi Cour de Cassation, Chambre sociale, du 28 février 2002, pourvoi n°99-17.201, Publié au bulletin 2002 V N°

81 p. 74. et autres (Cass.Soc.28 février 2002.ETERNIT/DELCOURT-MAROUSEZ-CHAVATTE

GAILLARDIN) vii

Cass.Soc.11 avril 2002.EDRISSI/Camus Industrie et A.

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Licence professionnelle LP025 13/35 F.CHESNÉ

professionnelle, peut désormais faire reconnaître la faute inexcusable de son employeur devant les

juridictions de sécurité sociale alors même que le délit non intentionnel de l'article 121-3 du Code

pénal n'a pas été retenu contre celui-ci.

Autre arrêt :

L’évolution de la jurisprudence sanctionne dorénavant l’inaction de l’employeur.

Une décision de la Cour de Cassation du 29 juin 2005viii relative au tabagisme passif a réaffirmé ce

principe : « L’employeur ne peut pas faire comme si la pratique addictive n’existait pas. ».

L’alcool et le Code du travail :

Le Code du travail stipule qu’ « Aucune boisson alcoolisée autre que le vin, la bière, le cidre et le

poirée n’est autorisée sur le lieu de travail.»ix. Cette législation est ancienne (une partie date de 1913)

et manifestement inadaptée. Bien souvent, elle n’est pas appliquée. Le règlement intérieur, lorsqu’il

existe, ne comporte pas souvent la prévention du risque alcool (17).

Parmi les autres articles, on peut notamment citer :

« Il est interdit de laisser entrer ou séjourner dans les lieux de travail des personnes en état

d’ivresse. » (art. R.4228-21),

« L’employeur met à la disposition des travailleurs de l’eau potable et fraîche pour la boisson. »

(art. R.4225-2 et suivants).

1.2.3.2 La prise d’alcool altère les conditions de travail

Lors de tests psychotechniques et sensoriels, on a noté que de faibles alcoolémies, entre 0,25 et 0,5

grammes par litre, entraînent des modifications sensibles des résultats. A partir de ce taux

d'alcoolémie, le temps de réaction est plus long, la fréquence d'erreurs en réponse aux stimulus

visuels ou auditifs plus forte et le champ visuel périphérique est rétrécie. Outre le risque d'accidents

qui devient plus important, les capacités intellectuelles, d'apprentissage et de mémorisation sont

altérées.

Chaque cas d’alcoolisation aiguë, ou d’alcoolisme chronique, est ainsi vécu difficilement par le chef

d’entreprise, la hiérarchie, les collègues de travail. En effet, ces situations influencent de manière

négative la motivation des collègues et déstabilisent le climat de travail (agressivité liée à

l’alcoolisation, dysfonctionnements supportés par les autres salariés, intolérance) (17).

1.2.3.3 La responsabilité managériale

La hiérarchie est en tension entre le souci de la production, le respect du Code du travail, sa

jurisprudence, et le légitime souci d’accompagner les salariés en difficulté.

viii

Cour de Cassation, Chambre sociale, du 29 juin 2005, 03-44.412, Publié au bulletin 2005 V N° 219 p. 192. ix

Art. R.4228-20.

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Licence professionnelle LP025 14/35 F.CHESNÉ

La problématique de l’alcool s’intègre aujourd’hui spécifiquement dans le champ de la responsabilité

légale des chefs d’entreprises. Selon l’enquête BVA/Inpes/ANPAA (16), la consommation d’alcool

occupe le 3ème rang des préoccupations des Directeurs des Ressources Humaines (DRH) et chefs

d’entreprise en matière de santé au travail, derrière les accidents du travail et les risques

professionnels. Près des deux tiers (62%) des entreprises de plus de 50 salariés ont été confrontées à

des problèmes avec leurs salariés sur l’alcool. Dans 45% des cas, les dirigeants se sentent démunis

face à ce sujet.

1.2.3.4 Un coût économique pour les entreprises

A côté de ces effets physiques et immédiats, des processus plus insidieux apparaissent : pertes de

temps, moindre qualité, retards répétés, arrêts de travail fréquents, etc. Ceux-ci impliquent une

perte de productivité.

Les effets répétés de l’alcool peuvent également entraîner une détérioration mentale, y compris chez

les jeunes, atteignant la mémoire, les facultés d’abstraction et de coordination.

Une étude (19) portant sur 243 salariés ayant des difficultés avec l’alcool a permis d’évaluer que les

personnes dépendantes de l’alcool ont en moyenne :

- une durée d’absence dans l’entreprise 3,3 fois plus longue que les salariés non buveurs,

- une fréquence d’arrêt de travail 1,4 fois plus élevée que celle de l’ensemble du personnel.

Parmi les autres coûts supportés par l’entreprise, on dénombre :

- le coût des accidents, comportant éventuellement l’indemnisation des tiers et la réparation

des dégâts matériels,

- la mobilisation de travailleurs sociaux pour aider les personnes en difficulté.

Bien que ne disposant pas de récentes statistiques officielles, on estime que l’alcoolisation sur les

lieux de travail aurait occasionné quelques 16 milliards d’euros de perte de productivité pour les

entreprises nationales en 2000.

Ce contexte fait apparaître des enjeux forts pour de nombreux intervenants et montre la nécessité

de mettre en œuvre des actions de prévention du risque alcool en entreprise.

1.3 Problématique de l’alcool à GRTgaz

1.3.1 Présentation de la société

1.3.1.1 Les missions

Dans le cadre de la libéralisation des marchés du gaz et de l’électricité, les opérateurs historiques de

gaz naturel et d’électricité ont séparé leurs activités production/fourniture des activités de gestion

des réseaux de transport et de distribution.

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Licence professionnelle LP025 15/35 F.CHESNÉ

GRTgaz, filiale à 100% du groupe GDF-SUEZ, est le gestionnaire du réseau de transport de gaz naturel

possédé précédemment par Gaz de France. Propriétaire du réseau et responsable de sa

commercialisation, GRTgaz a été créé pour agir en toute équité avec l’ensemble des opérateurs

souhaitant entrer sur le marché français.

Présent sur 85% du territoire français (cf. Figure 3), GRTgaz exploite, entretient et développe le

réseau de transport de gaz naturel.

Il accomplit pour cela une double prestation :

GRTgaz assure les prestations d’acheminement pour le compte des expéditeurs de gaz

naturel, fournisseurs de gaz naturel sur le marché français ou traders négociant l’achat-vente

de gaz naturel sur les marchés européens. L’acheminement consiste en la réception en un ou

plusieurs points d’entrée du réseau de transport d’une quantité définie de gaz naturel et la

restitution d’une quantité de gaz d’égal contenu énergétique en un ou plusieurs points de

livraison de ce réseau.

GRTgaz assure le raccordement et la livraison de gaz naturel auprès des clients industriels

raccordés sur le réseau de transport et auprès des réseaux de distribution.

En tant que transporteur, GRTgaz a l’obligation de dimensionner son réseau pour faire face aux

besoins en gaz naturel au risque 2%, soit en cas de froid tel qu’il se produit tous les 50 ans. Il s'agit

d'une obligation de service public.

1.3.1.2 L’organisation

GRTgaz s’appuie sur 4 entités régionales (Val de Seine, Nord-Est, Centre-Atlantique, Rhône-

Méditerranée) et un Centre d’Ingénierie.

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Licence professionnelle LP025 16/35 F.CHESNÉ

Figure 3 : Carte des régions administratives de la société GRTgaz.

1.3.1.3 La Région Val de Seine

GRTgaz Région Val de Seine couvre les départements des régions administratives de la Haute et

Basse Normandie, de l’Île-de-France et les départements de l’Oise et de l’Eure-et-Loir.

GRTgaz Région Val de Seine est chargée de l’exploitation industrielle et commerciale d’ouvrages de

transport de gaz naturel. Elle se compose de :

- 556 salariés,

- 6 140 km de réseau de transport de gaz naturel à haute pression,

- 206 postes de pré-détente,

- 3 stations de compression,

- 11 stations d’interconnexions,

- 1394 points de livraison dont 1157 distributions publiques,

- 187 clients pour des quantités de gaz naturel transportées sur le territoire de la Région Val

de Seine à 213 TWh sur 665 TWh au total soit 32%,

- 62 millions d’euros d’investissement en 2008.

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Licence professionnelle LP025 17/35 F.CHESNÉ

Figure 4 : Carte du réseau et des infrastructures de GRTgaz – Région Val de Seine.

1.3.2 Constats

En observant la typologie de la Région Val de Seine (Figure 4), on constate que cette dernière dispose

d’un important réseau d’infrastructures variées et étendues sur l’ensemble de son territoire de

compétence. Cette diversité n’en est pas moins problématique. En plus d’être confrontée à de

multiples travaux nécessitant la manipulation de matériaux lourds et encombrants dans un

environnement peu propice (au milieu d’un champ ou à proximité d’une route par exemple),

l’entretien de ces installations à risque génère de nombreux déplacements pour les travailleurs. Les

agents de GRTgaz Région Val de Seine sont ainsi particulièrement exposés au risque routier comme

le corrobore en 2008 le Document Unique d’évaluation des risques professionnels. Celui-ci place le

risque de circulation à 4 sur une échelle de 5 et touche toutes les 10 grandes familles de métiers

recensées au sein de la Région Val de Seine (cf. Annexe 1). De plus, en 2007, 23 sinistres automobile

avec responsabilité GRTgaz à 100% ont été recensés (cf. Annexe 2).

Or, en 2009 pour la population générale française, la part des accidents de la route avec un taux

d’alcool positif représente 10,6% des accidents corporels et 29,6% pour les accidents mortels (près

d’un accident mortel sur trois) (20). Plus généralement, on estime que l'alcool est responsable de 10

à 20 % des accidents de travail (17).

Par ailleurs, le document unique de la Région Val de Seine met en évidence le travail

particulièrement physique (manutention, levage) et/ou psychique (situations particulièrement

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Licence professionnelle LP025 18/35 F.CHESNÉ

stressantes) de certains métiers. Or, l’expertise collective de l’INSERM relative aux dommages

sociaux de l’alcool publiée en 2003 (17) a conclu que des consommations d’alcool sont constatées

dans les professions physiquement les plus pénibles (bâtiment, agriculture, manutention) (et les

professions en contact avec le public : artisans, commerçants, chefs d’entreprise).

Enfin, il semblerait que la thématique de l’alcool au travail ait déjà été abordée en séance de CHSCT.

En effet, quelques évènements répétés ou le vécu de situations dégradées ont été rapportés

notamment au travers du décès d’un agent. Ce dernier serait décédé, à la suite d’un arrêt maladie

prolongé consécutif à son état alcoolo-dépendant. Ces faits, qui ont marqué le collectif de travail, ont

ainsi placé la Région Val de Seine en « état de vigilance » quant à la problématique de l’alcool.

1.3.3 Dispositions déjà mises en œuvre

La Région Val de Seine dispose d’un règlement intérieur (21) (cf. Annexe 3). Celui-ci intéresse

notamment les questions d’alcool au travail. Ne se contentant pas seulement de se réapproprier

certains articles du Code du travail comme « (…) Il est interdit de pénétrer dans l’établissement et en

tout lieux où s’exerce le contrat de travail en état d’ivresse ou sous l’emprise de produits illicites. (…)

»x, le règlement intérieur va plus loin. Ainsi, « (…) Il est interdit d’introduire, de distribuer et de

consommer des produits illicites ou des boissons alcoolisées en tout lieux où s’exerce le contrat de

travail » et « lors de tous repas ou manifestations conviviales organisés et pris en charge par

l’établissement en dehors des lieux de travail. (…) »xi.

Par ailleurs, conformément au Code du travail (art. L. 1321-1), l’employeur a édicté dans son

règlement intérieur, la possibilité de vérifier le taux d’alcoolémie d’un salarié dans le but de prévenir

ou de faire cesser une situation dangereuse uniquement (pas de sanction possible si positif)xii. Pour

cela trois conditions doivent être réunies :

Seuls les salariés affectés à des travaux à risques (cf. liste exhaustive dans le règlement

intérieur) ou qui conduisent des véhicules sont concernés ;

Le salarié est averti de son droit de solliciter la présence d’un tiers ;

Le salarié a la possibilité de demander qu’il soit procédé à une contre-expertise au moyen

d’analyses et examens médicaux, chimiques et biologiques.

Ces dispositions du règlement intérieur semblent conformes aux textes jurisprudentiels en la

matièrexiii.

Enfin, la région Val de Seine dispose d’un groupe de veille concernant la prévention des risques

psychosociaux. Piloté par l’équipe de direction et régit par une « Charte de fonctionnement du

groupe de veille, d’écoute, d’alerte et de propositions pour la prévention des risques psychosociaux à

x Article. 5.1.1 du Règlement Intérieur s’apparentant à l’article R.4228-21 du Code du travail.

xi Article. 5.1.1 du Règlement Intérieur.

xii art. 5.2.10 du Règlement Intérieur.

xiii Cour de Cassation, Chambre sociale, du 22 mai 2002, pourvoi n°99-45.878, Publié au bulletin 2002 V N° 176

p. 175. Même si le contrôle de l’alcoolémie vise avant tout à faire cesser une situation dangereuse, cette

jurisprudence admet que l’alcootest pratiqué sur le lieu de travail peut entraîner des conséquences disciplinaires :

son résultat positif peut relever d’une faute grave justifiant un licenciement.

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Licence professionnelle LP025 19/35 F.CHESNÉ

RVS. » (cf. Annexe 4), il est composé de médecins du travail, de représentants du personnel issus des

CHSCT, de managers, de préventeurs et de membres du service des ressources humaines.

Ce groupe a deux principales missions :

- L’appui pour la prévention des risques psychosociaux dans la durée,

- L’appui à la détection et à l’orientation des situations de crise individuelle et collective.

Bien que l’initiative soit favorable, il semblerait que l’utilité de ce groupe soit remise en question par

la difficulté qu’il ait à se réunir et à proposer des actions de prévention.

Afin de faire des propositions d’action, il est nécessaire de définir quelques objectifs et de s’appuyer

sur une méthodologie.

2 Objectifs et méthodologie

Afin de construire une démarche globale de prévention et de traitement du risque alcool, il est

nécessaire de s’engager vers une approche pluridisciplinaire, une volonté de transparence et une

forte implication managériale.

2.1 Du cadre général aux objectifs poursuivis

Fort des résistances psychologiques, culturelles et sociales, le sujet de la prise d’alcool doit être

démystifié. Le cadre général s’attache donc avant toute chose à convaincre et à faire évoluer les

représentations liées à cette problématique. Pour cela, il s’avère indispensable d’engager une prise

de conscience collective. En effet, la question de l’alcool au travail (de par ses consommations ou ses

effets) doit concerner à terme tous les agents de la Région Val de Seine, afin de faire accepter une

réalité complexe qui ne pourra être traitée que dans la durée et ce, en fonction de plusieurs

paramètres :

l’intérêt des salariés,

l’intérêt de l’employeur,

la culture singulière du collectif de travail,

la nécessité de débloquer du temps et des moyens pour engager un travail collectif en

profondeur,

la place spécifique de chaque acteur pour travailler en bonne intelligence.

L’objectif de la mise en place d’une démarche de prévention lui, est de décrire les actions de

prévention qui peuvent être mises en œuvre. La stratégie à mettre en place se construit ainsi par

l’élaboration d’une démarche collective associée à une prise en charge individuelle en passant par un

appui pratique au management. Il faut notamment aboutir à un protocole accepté par tous dans

l’entreprise : les modes d’intervention, les moyens à mettre en œuvre, les limites et les rôles de

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Licence professionnelle LP025 20/35 F.CHESNÉ

chacun doivent être connus. Des actions d’information et de sensibilisation doivent être menées de

façon à faire prendre conscience de la réalité des enjeux.

L’élaboration de la démarche de prévention est indissociable de l’esprit de concertation. Celle-ci est

d’autant mieux acceptée et appliquée que la direction et l’ensemble des salariés, des représentants

du personnel et de l’encadrement ont été associés à son élaboration dans un esprit

d’accompagnement et de soutien. Le rôle des instances représentatives du personnel (CHSCT, DP) est

dans ce cadre essentiel. L’ensemble des salariés doit être conscient que cette démarche concerne

tous les agents et pas seulement ceux qui se trouvent en difficulté. A cette fin, le langage et les

approches doivent être adaptés à l’ensemble des salariés. Les facteurs d’échec les plus fréquemment

évoqués sont de rester dans une logique répressive ou d’intervenir en juge de comportements

privés.

Il peut aussi être fait appel à des organismes ou associations spécialisés dans la prise en charge des

addictions pour des actions de sensibilisation et/ou de formation.

Les médecins du travail ont un rôle primordial à jouer dans l’élaboration et la mise en place de la

démarche tant collective qu’individuelle. Des structures de soutien ou de soins spécialisés seront

identifiées le plus tôt possible dans l’objectif d’organiser la prise en charge individuelle quand elle est

nécessaire.

2.2 Méthodologie mise en œuvre

La convention de stage établie avec GRTgaz exprime une attente vis-à-vis de la démarche à adopter

pour prévenir et combattre le risque alcool au sein de la Région Val de Seine : « Elaboration d’un plan

d’action pour la prise en charge du risque alcool » (cf. Annexe 5).

Pour répondre le mieux possible à cette préoccupation, plusieurs élargissements nous sont apparus

nécessaires avec la pilote du projet Isabelle Ménoni. D’abord, il était clair qu’il ne nous serait pas

possible d’effectuer le bouclage des actions proposées lors du temps imparti. En effet, la durée de

trois mois étant bien trop courte pour comprendre le sujet, proposer des actions aux décideurs, les

mettre en œuvre, et enfin en évaluer leur pertinence. Il était donc plus réaliste de proposer les

grandes lignes de la démarche afin de convaincre les esprits de la nécessité de se préoccuper de ce

problème sensible.

Ensuite, s’en tenir à la seule proposition d’actions classiques de prévention de nature managériale

semblait réductrice eu égard à la transversalité des difficultés rencontrées. Si on admet que les

obstacles sont vécus par de nombreux acteurs, que l’on est face à un sujet qui peut engendrer un

certain émoi et qui dépasse la simple sphère professionnelle, alors il faut d’emblée traiter le sujet de

manière pluridisciplinaire et concertée.

Pour accomplir ma mission, j’ai donc tenté dans le temps qui m’était imparti d’associer le plus de

personnes possibles avec les difficultés de disponibilités que l’on peut rencontrer.

Pour cela, une douzaine de personnes sélectionnées en concertation avec Isabelle Ménoni ont été

sollicitées et auditionnées. Une trame (cf. Annexe 6) de plusieurs questions ouvertes ayant été

préparée afin de diriger au mieux les entretiens.

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Licence professionnelle LP025 21/35 F.CHESNÉ

Après une première phase d’appropriation du sujet via une revue documentaire et les retours

d’expérience d’autres sociétés ou collectivités, j’ai pu procéder à un examen interne et externe par

des entretiens (janvier à mai 2009) avec :

Le MANAGEMENT

- Mme Ménoni, pilote du projet,

- M. Valibus, adjoint au directeur (28/01),

- M. Caillol, directeur des ressources humaines et de la communication (26/02),

- M. Delmas, chef de département Intervention travaux SRT (07/05).

La FILIERE QSE

- M. Gauriat, ingénieur sécurité RVS (27/01),

- M. Macchabée, ingénieur sécurité à MQSE (05/02).

- Mme Urbain-Leclercq, ingénieur sécurité à RNE (26/02),

Les SERVICES MEDICO-SOCIAUX

- Dr Desmur, médecin du travail (29/01),

- Melle Dumaine, assistante sociale (05/02),

- Dr Aboulker, médecin conseil Ile-de-France des IEG (06/03).

Les AUTRES PARTENAIRES

- M. Fauquenot, consultant et chargé de formation ANPAA (27/01),

- M. Arlot, secrétaire CHSCT (30/01),

- Participation à une réunion d’information sur l’alcool au travail (projection

de l’audiovisuel Alcool, drogues et travail. Des fonctions, des usages, des

risques (INRS) (22) suivi d’un débat),

- Participation à une réunion du Réseau Addictions Val de Marne Ouest

(RAVMOxiv) avec le Dr Desmur, médecin du travail (06/03).

Les consultations ont ainsi permis d’établir une trame de travail fixant les grands principes de la

démarche. Cette dernière a été présentée (le 12 mars 2009) devant le Comité Médico-Technique

(CMT) composée de la médecine du travail, de la direction et de représentants de la filière QSE.

Pendant la phase de consultation, ce groupe a permis de préciser la problématique à traiter et de

valider le processus général.

La troisième étape a ensuite été consacrée à l’élaboration de la démarche en tant que telle et à la

description des phases de travail (février à mai).

xiv

Le réseau RAVMO est une association loi 1901 regroupant des professionnels du champ médico-psycho-

social intéressés aux problèmes des patients souffrant de conduites addictives, ainsi que des représentants

d'associations d'usagers (mouvements d'entraide autour de la maladie alcoolique, d'anciens usagers de drogues,

...). Il vise à améliorer le repérage et la prise en charge précoce des conduites addictives (tabac, alcool, cannabis,

autres drogues, médicaments, poly-consommations) et de leurs complications.

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Licence professionnelle LP025 22/35 F.CHESNÉ

Enfin, quelques outils ont pu être élaborés (avril à mai) afin de pouvoir éclairer et engager la

démarche de manière à ne pas partir de zéro (cf. Annexe 7).

La finalité de ma tâche s’est vue concrétisée, avec l’appui indispensable d’Isabelle Ménoni, par

l’exposition de mon travail devant la Réunion d’Equipe de Direction (RED) le 8 juin 2009. Lors de

cette instance, formée des directeurs d’unité, de la direction régionale, du chef de département

d’Appui au Système de Management (également pilote du projet), et qui a pour vocation de valider

(ou non) les actions proposées, de nombreux points (notamment les constats) ont été discutés. Ainsi,

une partie seulement des actions présentées a pu obtenir l’adhésion des membres ce qui reflète les

difficultés à aborder cette thématique en entreprise.

3 Analyse du risque alcool

3.1 Quels sont les obstacles ?

Les réactions des hommes face à un facteur de risque psychosocial ne sont pas aussi

systématiques que celles de ses poumons face à l'amiante. Aussi, une autre difficulté pour les

entreprises françaises impliquées dans la prévention des risques professionnels est qu’elles se

sont surtout concentrées dans la gestion des risques à effets immédiats (accidents) plutôt que

dans celle des risques à effets décalés (maladies). En effet, contrairement aux maladies, le

« manquement à la sécurité a une sanction immédiatement visible : l’accident, dont la survenue

provoque un sentiment de culpabilité et une mobilisation pour qu’il ne se reproduise pas » (23).

Ainsi, le problème de l’alcool en entreprise a surtout été vécu comme un facteur pouvant

provoquer un accident, aggravant de fait un risque professionnel déjà connu, mais beaucoup

moins comme une véritable maladie que l’entreprise aurait à gérer. En effet, la santé, « est une

notion beaucoup plus complexe et moins appréhendable » (23) que la sécurité. La pensée

d’Epictète permet de résumer cette notion, "ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les

hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu'ils portent sur ces choses".

De cette façon, le fait que la pathologie de l’alcoolisme soit multifactorielle, impliquant des

facteurs familiaux, socio-économiques, culturels, psychologiques et/ou physiologiques, a

souvent servi de prétexte pour imputer cette maladie à la sphère privée et pour nier le rôle du

travail.

Enfin, et quand bien même l’alcoolisme trouverait ses causes dans une sphère extérieure au

travail, cette pathologie aurait indéniablement un impact sur l’activité directe et indirecte de

l’entreprise. Les maladies chroniques ignorent malheureusement les frontières des sphères de

vie des individus et mépriser leurs conséquences peut s’avérer désastreux.

En guise de résumé, on peut mentionner le rapport Bien-être et efficacité au travail (24) « si

l’entreprise ne fait pas toujours partie du problème, elle fait toujours partie des solutions ».

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Licence professionnelle LP025 23/35 F.CHESNÉ

3.2 Etat des lieux autour de la problématique

3.2.1 Approches théoriques

Selon l’INRS (25), la prévention doit faire participer tous les intervenants et pas seulement le

médecin du travail. Les principes d’actions proposés sont les suivants :

- Mise en place d’un comité de pilotage.

- Faire un constat préalable.

- Construire un document écrit référent.

- Déterminer ou clarifier les rôles de chacun dans l’entreprise.

- Déterminer des signaux ou des indicateurs d’alerte et de suivi.

- Travailler avec des relais extérieurs expérimentés.

- Préciser la conduite à tenir en cas de problème individuel.

La guide pratique « L’alcool sur les lieux de travail » (26) qui considère la consommation d’alcool

comme un facteur aggravant du risque professionnel définit des phases similaires, à savoir :

1- Constat de départ.

2- Création d’un comité de pilotage (groupe décideur).

3- Présentation du projet pour avis aux représentants du personnel.

4- Création d’un groupe de prévention alcool interne à l’entreprise (groupe acteur).

5- Formation à l’alcoologie.

6- Actions.

7- Evaluation.

Sans prétendre pouvoir régler totalement le problème de l’alcool en entreprise, la grande majorité

des démarches sérieuses dirigent leur champ d’action autour de trois axes :

1- La prévention primaire, qui a pour but d’agir en amont afin de réduire l’apparition de

nouveaux cas. Ses moyens sont l’éducation et la formation aux problèmes induits par la

consommation d’alcool.

2- La prévention secondaire consiste à réduire la durée d’évolution et la gravité des

conséquences des alcoolisations au travail en agissant notamment via l’encadrement.

3- La prévention tertiaire permet elle d’agir en aval pour limiter les conséquences de

l’alcoolisation chronique afin d’éviter les rechutes de salariés en difficultés et de faciliter une

réinsertion professionnelle et sociale.

Les facteurs d’échec les plus fréquemment évoqués sont de rester dans une logique du « tout

répressif » ou de sanction ou d’intervenir en juge des comportements privés.

3.2.2 Approches pratiques

Exemples de démarches (27) :

Au Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) de Saclay, les actions de prévention ont porté sur trois

niveaux (28) :

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Licence professionnelle LP025 24/35 F.CHESNÉ

Le niveau du tissu social et culturel de l’entreprise :

- en situant l’alcool dans notre culture, son statut ambivalent (glorifié et banni),

tout comme dans l’entreprise où il est toléré et tabou ;

- en apportant un certain nombre de données sur le produit et ses risques, en

abordant le phénomène de l’alcoolisation et de la dépendance.

Le niveau de la loi :

- en précisant les aspects législatifs et rappeler le rôle essentiel de l’encadrement

pour poser des limites dans les comportements ;

- en rappelant l’importance de travailler en relais avec le médecin du travail.

Le niveau de la relation individuelle à la boisson :

- en faisant réfléchir chacun sur son rapport avec l’alcool et en mettant en

évidence le fait qu’une personne alcoolique peut s’en sortir ;

- en rencontrant les différents intervenants susceptibles de parler de l’alcool dans

l’entreprise : médecins du travail, assistantes sociales, alcoologues…

A la SNCF, on estime que l’alcool est présent dans 20% des 13 500 accidents du travail qui

surviennent chaque année. Il a cependant été constaté que la plupart de ces accidents concernaient

des agents non dépendants de l’alcool.

Une politique de prévention des risques liés à l’alcool a été mise en place. L’objectif est de toucher

les 95% du personnel qui n’est pas malade de l’alcool mais pour lequel toute surconsommation

pourrait être dangereuse.

Des actions d’information sont menées auprès des jeunes recrutés et du personnel pour leur

expliquer leurs obligations dans l’entreprise au sujet de l’alcool. Des actions plus précises informent

sur ce qu’il convient de faire lorsque l’on constate l’état problématique d’un collègue.

Une importance capitale est donnée au rôle de l’encadrement et des collègues de travail pour

détecter le plus tôt possible les cas à traiter, avant que ne se pose le problème de la dépendance à

l’alcool.

Autre cas (29), celui de la Française de Mécanique, entreprise de production de moteurs

automobiles, qui a mis en place en 2005 une action préventive concernant l’alcool sur les lieux de

travail. Auparavant toléré par la direction pour accompagner les repas ou lors d’occasions

particulières (réception, pots de départ, anniversaire…), l’alcool a été interdit. Ainsi, les apéritifs ont

été remplacés par des petits –déjeuners. A cette mesure, se sont ajoutés des messages d’information

auprès de l’ensemble du personnel et une plaquette de prévention a été distribuée.

3.3 Résumé des entretiens

Suite aux entretiens (cf. Annexe 8) menés avec :

Le MANAGEMENT

La FILIERE QSE

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Licence professionnelle LP025 25/35 F.CHESNÉ

Les SERVICES MEDICO-SOCIAUX

Les AUTRES PARTENAIRES (représentant du personnel, associations spécialisées)

Plusieurs points ont pu être relevés :

Constats/problèmes :

De manière générale, il existe un consensus autour de la communication sur le sujet du risque alcool

au travail. En effet, il existe un silence de tous les acteurs par rapport à cette problématique.

Il est notamment mentionné des difficultés à dialoguer entre le corps médico-social (médecin du

travail, médecin traitant, Service d’Accueil et d’Urgence des hôpitaux, assistante social) et le

management par manque de proximité ou de disponibilité. Ceci rendrait le travail transversal très

difficile voir impossible.

Mais il ne s’agit pas du seul obstacle. Il est également relevé des soucis à échanger avec le malade lui-

même afin de lui faire accepter la réalité, ceci par peur de sanction.

De même, tous les acteurs indiquent que l’alcoolisation (aigüe ou chronique) dans la sphère privée

ou professionnelle a des répercussions sur le travail (absences répétées, manque d’efficacité

affectant le collectif, survenue d’accidents de travail).

Actions/idées :

Globalement, les personnes auditionnées insistent sur la nécessité de prévenir les situations à risque.

Cependant, les moyens proposés diffèrent. Tandis que pour le management, la filière QSE et le

représentant du personnel, la prévention primaire doit d’abord être pilotée par le groupe de

prévention des risques psychosociaux (afin de rester vigilant et de communiquer face à ces

problèmes), le corps médico-social lui, préfère l’intervention de partenaires spécialisés (associations,

consultants).

En outre, il est proposé de clarifier les rôles de chacun (quitte à les annexer au règlement intérieur),

et notamment celui du manager. Il est ainsi suggéré de sensibiliser et/ou former au préalable les

encadrants de terrain afin de prendre conscience du problème et déterminer une véritable stratégie

d’intervention ou de coordination dans certains cas (exemple : établir des fiches de conduites à

tenir). De plus, le corps médico-social et les autres partenaires avancent l’idée selon laquelle il n’est

pas forcément nécessaire d’interdire strictement la consommation d’alcool (cf. la Prohibition) mais

que celle-ci doit être mieux encadrée (lors de pots rares, organisés et sous la responsabilité de

quelqu’un). En outre, pour le représentant du personnel, il est nécessaire de communiquer « en

douceur » vis-à-vis des salariés, à l’exemple d’une aide et non d’une contrainte.

Enfin, tous les acteurs mettent en avant le besoin de gérer les cas avérés afin de ne pas aggraver

certaines situations. Pour le management et la filière QSE, il s’agit d’accompagner et d’entourer le

malade et le manager de spécialistes afin qu’ils puissent détecter, gérer les situations individuelles

voir sanctionner à bon escient. Pour le corps médico-social, il ne s’agit plutôt que de convaincre et

d’orienter le malade vers des structures spécialisées, car « faire participer c’est faire accepter ».

L’objectif de cette analyse est de proposer une démarche de prévention en tenant compte du

contexte de ce secteur et de celui de l’entreprise afin qu’elle soit adaptée.

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Licence professionnelle LP025 26/35 F.CHESNÉ

4 Proposition pour la prévention

Suite à l’appropriation du sujet via la documentation et aux consultations menées en interne et en

externe à l’entreprise, l’élaboration de la démarche a pu commencer. En voici tout d’abord la

doctrine :

La démarche de prévention : du collectif à l’individuel, les principes d’action :

1. Mobiliser des acteurs pluridisciplinaires (médecins et infirmières du travail, managers,

préventeurs, assistantes sociales, CHSCT, partenaires extérieurs spécialisés), attendu que le

management ne peut pas agir seul.

2. S’appuyer sur les retours d’expériences (internes et externes) en la matière afin de dégager

les bonnes pratiques à réaliser.

3. Etablir un diagnostic préalable avec l’appui des acteurs concernés, et le faire partager au sein

de la Région.

4. Engager des actions adaptées au contexte particulier de la Région (rappels réglementaires,

informations et communication, formation et sensibilisation, fiches action, cellule d’aide,

etc.)

5. Mettre en œuvre un suivi de la pertinence de la démarche (indicateurs, REX), et

communiquer régulièrement auprès des instances ad hoc (CHSCT, CMT, etc.) sur les actions

entreprises.

Il est ainsi décidé d’articuler les actions autour de 3 axes :

Instaurer un climat préventif connu et partagé de tous,

Donner des outils au management permettant de bien gérer les situations avérées,

Construire un réseau d’aide et d’accompagnement en lien avec le groupe de prévention

des risques psychosociaux.

Ce socle doit servir de référence aux actions proposées ci-dessous :

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Licence professionnelle LP025 27/35 F.CHESNÉ

PROPOSITION DE MISE EN PLACE D’UN DISPOSITIF D’ACTION VIS-À-

VIS DU RISQUE ALCOOL

BUT : engager une prise de conscience collective pour que la question de l’alcool concerne à terme

tout le monde et faire accepter que l’on est face à une réalité complexe qui ne pourra être traitée

que dans la durée en tenant compte de :

l’intérêt des salariés,

l’intérêt de l’employeur,

la culture singulière du collectif de travail,

la nécessité de débloquer du temps et des moyens pour engager un travail collectif en

profondeur,

la place spécifique de chaque acteur pour travailler en bonne intelligence.

Pour cela :

1- Faire un constat préalable accepté par tous afin d’éviter tout déni

possible :

- Faire un diagnostic de la Région en se basant sur des données chiffrées. Avancer des

éléments factuels provenant des différents interlocuteurs interviewés (managers, filière

QSE, services médico-sociaux, représentants salariés) permettant de convaincre la

direction de la nécessité de mettre en place un projet global de prévention du risque

alcool.

- Action possible : chiffrage du nombre de personnes vues par les médecins du travail (lors

des visites médicales d’embauches, périodiques, de reprises, etc.) présentant une

consommation à risque selon les critères de l’Organisation Mondiale de la Santé (plus de

2 verres/j pour les femmes et plus de 3 verres/j pour les hommes).

Mise en œuvre : entretiens avec le management, la filière QSE, les services médico-sociaux,

représentants des salariés, associations spécialisées (cf. Annexe 8).

Coordinateur : ASM.

Calendrier : juin 2009.

2- Constituer le projet et le faire valider par la direction :

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Licence professionnelle LP025 28/35 F.CHESNÉ

- Obtenir l’adhésion et le soutien actif de la direction. Dans le cas contraire, il sera

impossible de convaincre les managers, d’impulser des actions collectives et d’engager

des moyens. Placer la résolution du problème alcool comme une action en marge de la

prise en compte des autres risques professionnels

- Actions possibles :

o Présenter un constat du risque alcool à la Région,

o Préciser les enjeux : rappels législatifs et réglementaires, conditions de travail,

management, productivité.

o A l’issue, proposer une politique alcool (cf. Annexe 9) et obtenir une liste de

membres du groupe ressource.

Mise en œuvre : réunion de sensibilisation, débat autour du problème.

Coordinateur : ASM.

Calendrier : Réunion d’Equipe de Direction (RED) du 08/06/2009 (cf. Annexe 10).

3- Créer une synergie management, organismes statutaires (CHSCT) et

personnel médico-social :

Mise en place d’un groupe dédié :

Suite aux entretiens réalisés avec des interlocuteurs diversifiés et vu la complexité du problème, il est

recommandé de constituer un « groupe Ressource » spécialisé dans la résolution de ce problème. Ce

dernier va élaborer et coordonner la démarche, clarifier les rôles des différents acteurs et

communiquer à toutes les étapes de l’avancement des travaux. Il peut être composé a minima (souci

de pouvoir le réunir aisément) :

- d’un animateur membre du département Appui Système de Management,

- d’un médecin du travail,

- d’un représentant du management,

- d’un représentant des salariés.

Rappel : les membres devront êtres proposés lors de la RED du 08/06/09.

Déterminer ou clarifier les rôles de chacun dans l’entreprise :

Afin d’obtenir une visibilité sur les actions transversales proposées par la suite, le rôle des

intervenants amenés à collaborer à la démarche doit être précisé par le groupe ressource. Il est

notamment recommandé d’insister sur l’importance du rôle des premiers niveaux d’encadrement

(comme suggéré par le management lors des entretiens), des services de santé au travail, du CHSCT

et des structures de soutien collectif (assistantes sociales, associations spécialisées). Le rôle d’alerte

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Licence professionnelle LP025 29/35 F.CHESNÉ

de l’ensemble des salariés doit être rappelé. Il ne s’agit pas d’un rôle de délation mais de

responsabilisation de chacun. A cette fin, il est nécessaire d’aborder la question de la différence

entre alerte et dénonciation.

Mise en œuvre : réunion du groupe Ressource, prise de connaissance de la Politique alcool, clarifier les

rôles de chacun, présenter les enjeux.

Coordinateur : ASM.

Calendrier : juin 2009.

4- Former le groupe ressource en charge de la thématique :

La place de l’alcool en milieu du travail est le reflet de celle qu’il occupe dans la société. Intervenir sur

le risque alcool au travail peut s’avérer sensible et une formation adaptée des acteurs agissant sur ce

risque peut donc apparaître nécessaire. Cette formation brève, réalisée par un partenaire spécialisé

(ex : Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie=ANPAA) (cf. Annexe 11)

permettra aux membres d’appréhender la complexité du phénomène « alcool-psychotropes » dans

la réalité du travail et la méthodologie de projet d’action dans ce domaine.

Mise en œuvre : formation externe.

Coordinateur : ASM.

Calendrier : septembre-octobre 2009.

5- Le groupe Ressource impulse l’ouverture de 3 chantiers :

Conformément à la politique alcool qui donne les grandes orientations stratégiques, le groupe

ressource s’attellera à définir et à coordonner (il proposera aux différents acteurs des actions à

mettre en place) la conduite tenue par l’entreprise pour tout ce qui concerne les champs de la

prévention, de l’appui au management et de l’aide et l’accompagnement individuel.

1) Celui de la prévention, qui aura pour but de faire évoluer les représentations.

Mise en œuvre : supports de communication : articles dans Flashinfo, affiche, bande dessinée,

dépliants à disposition des agents, mises en situation théâtrale, forums d’échanges/débats avec un

intervenant extérieur (cf. Annexe 10), témoignages d’agents, etc.

Coordinateur : ASM.

Calendrier : 2ème semestre 2009.

2) Celui du management dans le triple objectif que le collectif de travail :

Dispose des règles respectueuses du droit du travail, applicables à tous ;

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Licence professionnelle LP025 30/35 F.CHESNÉ

Mise en œuvre : diffusion auprès du management d’un rappel législatif et réglementaire (cf. Annexe

7), des enjeux.

Coordinateur : ASM.

Calendrier : 2ème semestre 2009.

Qu’il se donne les moyens de les faire appliquer en étant attentif aux besoins des

salariés (qualité de l’accompagnement managérial, adaptation du poste, respect,

valorisation du travail). Besoins qui s’ils n’étaient pas satisfaits, risqueraient de

mettre les salariés en situation de transgression des règles et/ou de souffrance

psychique ;

Qu’il fasse en sorte qu’en cas de transgression des règles, une réponse

immédiate et progressive soit mis en œuvre (rappel de la règle, aide aux

difficultés de travail, accompagnement managérial et, lorsque l’on est en

situation de chronicité, sanctions progressives justes et explicitées accompagnées

d’une proposition d’aide médico-sociale).

Il est important que tout salarié dans l’entreprise sache, après les avoir identifiées, réagir face à des

situations individuelles susceptibles de mettre en danger un salarié ou son entourage, suite à une

supposée consommation occasionnelle ou répétée. Certains indices peuvent permettre de repérer

de façon précoce (avant qu’il n’y ait pas mise en danger) les personnes en difficulté avec une possible

consommation.

Certaines situations devraient par ailleurs faire l’objet d’une vigilance accrue. Les études mettent en

évidence que les consommations seraient plus élevées ou plus fréquentes chez les personnes qui

sont affectées à des postes à risques ou à fortes contraintes (tâches à risque, métiers pénibles ou

difficiles, postes à responsabilités, etc.).

Mise en œuvre : proposer un guide des bonnes pratiques managériales : comment détecter une

situation à risque, comment la gérer efficacement à court et moyen terme, à qui faire appel ?

(position à adopter par le manager, logigramme de conduite à tenir, conseils pour conduire un

entretien, annuaire de contacts).

Coordinateur : ASM.

Calendrier : 2ème semestre 2009.

3) Enfin, le chantier de l’aide et de l’accompagnement afin de définir une procédure et

un réseau permettant à tout salarié en difficulté de trouver une réponse adaptée à la

singularité de son besoin. Le but étant pour l’agent de retrouver un équilibre

personnel satisfaisant qui lui permette de préserver sa place dans l’entreprise. Ce

protocole peut permettre de :

Définir quelles sont les conditions du retrait ou du maintien au poste,

Faire le point sur la façon dont sont gérées les urgences individuelles en

rapport avec les consommations occasionnelles ou répétées,

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Licence professionnelle LP025 31/35 F.CHESNÉ

Lister les relais externes qui assurent prise en charge et suivi.

Mise en œuvre : formaliser un protocole d’aide et de prise en charge médico-sociale faisant intervenir

médecin et infirmière du travail, médecin conseil, assistante-sociale, relais extérieurs spécialisés.

Mettre en place un annuaire sanitaire et social.

Coordinateur : Services de santé au travail.

Calendrier : 2ème semestre 2009.

6- Terme de bouclage : mettre en œuvre un suivi de la pertinence de la

démarche :

Des indicateurs sont utiles pour évaluer l’efficacité de la démarche mise en œuvre (Retour

d’Expérience). Ils peuvent être discutés au cas par cas et comporter des données utilisées par le

service des ressources humaines ou les services de santé au travail. D’autres peuvent aussi être

utilisés.

A court terme, on peut citer l’évaluation du nombre de salariés sensibilisés, l’envoi d’un

questionnaire de satisfaction avant et après mise en place de la démarche auprès des salariés et des

encadrants. A moyen et long terme, il peut être intéressant de comparer le nombre d’accidents et en

particulier ceux de la circulation (travail et trajet). Sur le plan médico-social, de nombreux outils de

repérage de situations à risque ont été développés. Il s’agit d’auto-questionnaires d’évaluation de la

consommation d’alcool : CDA (Consommation Déclarée d’Alcool), DETA (acronyme français de CAGE

signifiant : Diminuer, Entourage, Trop, Alcool), AUDIT (Alcohol Use Disorders Identification Test). Ces

tests pourraient être systématisés par les médecins et ainsi indiquer l’état de la consommation

moyenne dans l’entreprise (donnée pouvant apparaître dans la fiche d’entreprise).

Dans tous les cas, il est recommandé de communiquer régulièrement les indicateurs auprès des

instances ad hoc (CHSCT, CMT, etc.) afin que la résolution de cette problématique se poursuive dans

la durée.

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Licence professionnelle LP025 32/35 F.CHESNÉ

Conclusion

L’objet de ce travail a été de proposer une démarche pour la prévention du risque alcool. Cela a pu

être réalisé dans l’entreprise GRTgaz Région Val de Seine dont l’activité principale est de raccorder et

d’acheminer le gaz pour ses clients à travers son réseau de transport. Celui-ci étant très étendu, il

génère au sein de la société de nombreux déplacements pour les agents amenés à le développer et à

l’entretenir. Cette particularité est à mettre en relation avec les risques rencontrés lors de

consommations occasionnelles ou répétées d’alcool.

En effet, même si la consommation d’alcool fait partie intégrante de notre culture comme étant

génératrice de moments de convivialité, l’étude de la balance bénéfice/risque nous montre que cette

consommation est très dépressive en termes de morbidité et de mortalité prématurée.

Outre les effets sur la santé, la consommation d’alcool a des répercussions non négligeables sur la

sphère professionnelle : conséquences juridiques, managériales, impacts sur les conditions de travail,

impacts économiques, autant d’éléments qui placent la prévention du risque alcool comme un enjeu

fort d’entreprise.

La méthode choisie a permis d’identifier les attentes des différents intervenants et de proposer

plusieurs grandes phases nécessaires à la prévention de cette problématique en profondeur. Pour

cela, 3 axes doivent être privilégiés : l’instauration d’un climat préventif au travers de la formation et

de l’information des salariés, la délivrance d’outils pratiques pour le management lui permettant de

réagir correctement et en adéquation avec la Politique d’entreprise, enfin la construction d’un

réseau d’aide et d’accompagnement médico-social pour faciliter la réintégration professionnelle de

l’individu.

Cependant, nous découvrons que l’analyse de ce risque psychosocial n’est pas aussi aisée qu’elle n’y

paraît. Agir sur les habitudes, les comportements aussi ancrés soient-ils peut s’avérer délicat. Bien

que le collectif de travail puisse pâtir durablement des conséquences de la prise d’alcool par un

agent, nous rencontrons des résistances dans leur prévention au travail. Ainsi, seul le programme de

formation du groupe de prévention des risques psychosociaux et des actions de sensibilisation et

d’information a été validé en Réunion d’Equipe de Direction.

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Licence professionnelle LP025 33/35 F.CHESNÉ

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27. CNAMTS. CFES. Alcool et travail - Prévention des risques liés à l'alcool en milieu professionnel.

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http://www.inpes.sante.fr/70000/dp/01/dp011210.pdf. 30 p.

28. AUBERTIN M. et coll. Actes du Colloque L'alcool et le Travail. Arcachon : s.n., 2000. p.40.

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Licence professionnelle LP025 35/35 F.CHESNÉ

Table des annexes

Annexe 1 : Actualisation du Document Unique RVS fin 2008 V2 ............................................................ A

Annexe 2 : GRTgaz Région Val de Seine. Faits marquants 2007. ............................................................ B

Annexe 3 : Règlement intérieur de la société GRTgaz-Région Val de Seine modifié au 1er mars 2007. C

Annexe 4 : Charte de fonctionnement du groupe de veille, d’écoute, d’alerte et de propositions pour

la prévention des risques psychosociaux à RVS. ................................................................................. D

Annexe 5 : Convention de stage. ............................................................................................................. E

Annexe 6 : Trame de questions pour les entretiens. ...............................................................................F

Annexe 7 : Mémento réglementaire. ...................................................................................................... G

Annexe 8 : Résumé des entretiens 06-03-09. ......................................................................................... H

Annexe 9 : Proposition de Politique alcool. ............................................................................................. I

Annexe 10 : Présentation du projet en Réunion d’Equipe de Direction (RED) le 08/06/2009. ............... J

Annexe 11 : Point sur l’offre de formation. ............................................................................................. K

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Licence professionnelle LP025 A F.CHESNÉ

Annexe 1 : Actualisation du Document Unique RVS fin 2008 V2.

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Licence professionnelle LP025 B F.CHESNÉ

Annexe 2 : GRTgaz Région Val de Seine. Faits marquants 2007.

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Licence professionnelle LP025 C F.CHESNÉ

Annexe 3 : Règlement intérieur de la société GRTgaz-Région Val de Seine

modifié au 1er mars 2007.

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Licence professionnelle LP025 D F.CHESNÉ

Annexe 4 : Charte de fonctionnement du groupe de veille, d’écoute, d’alerte et

de propositions pour la prévention des risques psychosociaux à RVS.

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Licence professionnelle LP025 E F.CHESNÉ

Annexe 5 : Convention de stage.

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Licence professionnelle LP025 F F.CHESNÉ

Annexe 6 : Trame de questions pour les entretiens.

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Licence professionnelle LP025 G F.CHESNÉ

Annexe 7 : Mémento réglementaire.

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Licence professionnelle LP025 H F.CHESNÉ

Annexe 8 : Résumé des entretiens 06-03-09.

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Licence professionnelle LP025 I F.CHESNÉ

Annexe 9 : Proposition de Politique alcool.

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Licence professionnelle LP025 J F.CHESNÉ

Annexe 10 : Présentation du projet en Réunion d’Equipe de Direction (RED) le

08/06/2009.

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Licence professionnelle LP025 K F.CHESNÉ

Annexe 11 : Point sur l’offre de formation.