connaissance et utilisation des ressources en sol au maroc

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Connaissance et utilisation des ressources en sol au MarocMOHAMED BADRAOUI1. Introduction ........................................................................................................93 2. Sol : une ressource naturelle indispensable pour le dveloppement durable ..............................................................................93 2.1. Cas gnral .................................................................................................. .93 2.2. Cas des pays mditerranens ...................................................................94 2.3. Cas du Maroc ...............................................................................................95 3. Etat de connaissance sur les sols du Maroc ............................................... 98 3.1. Avant lindpendance ................................................................................ 98 3.2. Aprs lindpendance ................................................................................ 99 3.2.1. Inventaire et cartographie des sols .............................................. 99 3.2.2. Organismes intervenant .................................................................101 3.2.3. Les cadres oprationnels ..............................................................102 4. Les efforts de formation et de recherche en Science du Sol ..................102 4.1. Les potentiels et les difcults de la recherche marocaine en science du sol ......................................................................................102 4.2. Les principaux axes actuels de la recherche marocaine en science du sol ......................................................................................103 4.3. Recommandations .....................................................................................104 5. Les principales formes de dgradation des sols au Maroc .....................105 5.1. Lextension de lurbanisation ...................................................................105 5.2. Lrosion des sols........................................................................................108 5.3. La dgradation des sols et des eaux sous irrigation ...........................108 5.4. Dsertication ............................................................................................109 6. Perspectives pour 2025 ...................................................................................111

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6.1. Besoin dun programme National dInterventaire et de Cartographie des Sols (PNICS) ................................................... 111 6.2. Elments dune stratgie dintgration de la connaissance des sols pour lquilibre cologique, la durabilit des systmes de production, la scurit alimentaire et la lutte contre la dsertication......................................................... 111 6.3. Accord multipartite pour la prise de dcision concernant le problme de lurbanisation des terres agricoles ........................... 112 Rfrences .............................................................................................................. 112 Annexes.................................................................................................................... 114

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1. IntroductionLe sol est une ressource naturelle trs peu renouvelable lchelle dune gnration humaine. Cest la partie meuble de la lithosphre qui constitue une composante majeure de la biosphre continentale. Cette couche superficielle, organise et dpaisseur variable, couvrant les substrats gologiques est essentielle pour la vie. La connaissance des ressources en sol dun pays et de leurs aptitudes diffrentes utilisations par les communauts humaines est un pralable pour lamnagement du territoire et le dveloppement durable. Le sol est actuellement considr comme une interface dans lenvironnement et une ressource pour le dveloppement (Robert, 1996). Au Maroc, le sol est la ressource la moins connue par rapport aux autres ressources naturelles tels que leau, lair, les mines et les forts. Et pourtant, il est reconnu par les pouvoirs publics comme une composante principale de la planification de lamnagement du territoire travers lutilisation rationnelle des terres. Ce rapport fera le point sur ltat des connaissances des sols au Maroc depuis lindpendance. Les efforts dploys par les pouvoirs publics en matire de dveloppement des ressources humaines et de la recherche dans le domaine des sols seront prsents et analyss dans la perspective den dduire les insuffisances et de proposer les amliorations ventuelles. Les contraintes lies lutilisation rationnelle et durable des ressources en sol seront synthtises avant de passer aux perspectives pour lan 2025. Le cadre gnral du dveloppement durable plaant le sol au centre des proccupations lchelle globale est esquiss avant de passer au cas spcifique des sols mditerranens et du Maroc

2. Sol : une ressource naturelle indispensable pour le dveloppement durable2.1. Cas gnralLe sol est ce milieu naturel terrestre o nat la vie, aussi bien animale que vgtale, et cest galement le milieu o se termine la vie. Cest une mince couche de terre dpaisseur variable (quelques cm quelques m), situe entre le substrat rocheux et latmosphre. Ce matriau meuble et organis se forme de manire trs lente partir des matriaux gologiques, sous laction de lair, de leau et de la vie. Les sols sont donc trs divers, distribus en fonction des reliefs, des roches, des vgtations, des climats... et, en plus, des activits humaines. Naturellement, le sol est une ressource lentement renouvelable. Par contre, Il est trs sensible aux activits humaines : il se transforme trs vite, et en particulier se dgrade rapidement, ds que les socits humaines interviennent sans prcautions.

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Par rapport au monde, par rapport la vie en gnral et, plus particulirement, par rapport aux besoins et la sant des socits humaines, le sol remplit un certain nombre de fonctions fondamentales (Ruellan, 2003) : La fonction alimentaire. Le sol nourrit le monde ; il produit, contient, accumule, tous les lments ncessaires la vie (azote, phosphore, calcium, potassium, fer, oligolments...) y compris lair et leau. Le sol joue le rle de rservoir, plus ou moins grand et plus ou moins rempli selon les cas. Les socits humaines, qui se nourrissent des plantes et des animaux, sont donc bien totalement dpendantes des sols (alimentation et sant). Cette fonction du sol, la plus apparente, est reconnue traditionnellement par les populations et les dcideurs. La fonction filtre. Le sol est un milieu poreux, en permanence travers par des flux hydriques et gazeux. De ce fait, le sol transforme, pure ou pollue, les eaux qui le traversent. Il rgule le rgime des cours deau et la recharge des nappes souterraines et en influence la composition chimique et biologique. Mais aussi, le sol influence la composition de latmosphre. En particulier, il stocke et relche des gaz effet de serre (squestration du carbone). La fonction biologique. Le sol est un milieu vivant. Cest le lieu de vie et de passage oblig pour de nombreuses espces animales et vgtales. De nombreux cycles biologiques passent par le sol, incluent le sol, qui est donc partie prenante de nombreux cosystmes. Le sol est une vaste rserve gntique : il abrite et influence une grande partie de la biodiversit terrestre. Par ailleurs, les activits biologiques sont essentielles la construction des sols, leur fonctionnement et leur fertilit. On lui reconnat le rle dhabitat et de prservation de la biodiversit. La fonction matriau et support. Le sol fournit les matriaux que lhomme utilise pour construire et pour ses activits industrielles et artisanales. Il contient galement des ressources minrales et supporte les habitats et les infrastructures lies aux activits des socits humaines. La fonction mmoire. Le sol conserve les traces de lhistoire, souvent trs longue (plusieurs millions dannes), de sa formation : en tudiant les sols on peut dcouvrir quelles furent certaines des conditions climatiques et biologiques du pass. Mais aussi, le sol conserve les tmoins de lhistoire de lhumanit. Au mme titre que lair et leau, le sol est une ressource naturelle essentielle la vie et non renouvelable lchelle dune ou plusieurs gnrations humaines. Il ny a pas de dveloppement durable sans une bonne gestion des ressources en sol. Or, du fait des activits humaines et des mauvaises relations actuelles entre les sols et les socits humaines, les sols sont soumis diffrentes formes de dgradation, le plus souvent irrversibles. ce titre, cinq groupes de constats sont souvent faits : 1. Dans le monde entier, les sols sont de plus en plus fortement, de plus en plus violemment, sollicits par les activits humaines tels que : Lintensification de lagriculture sur les sols dj cultivs, avec la volont daugmenter de plus en plus artificiellement leur productivit ; La mise en culture de nouvelles surfaces, dans de mauvaises conditions, sans tenir compte des potentialits et des fragilits des sols. La mise en culture des terres de parcours et des terrains en pente forte, sans mesures de protection, en sont des exemples ; Lurbanisation et industrialisation, souvent sur de trs bons sols ; dveloppement des axes de transport (rail, route, aroport...) ; le tout dtruit les sols et impermabilise les surfaces ; Lpandage de dchets, agricoles, industriels, urbains, sur des surfaces de plus en plus grandes.

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2. Le plus souvent, les diffrentes activits humaines se dveloppent et se concurrencent, sans tenir compte de la diversit des sols, de leurs fonctions et de leurs aptitudes. Ces concurrences dbouchent alors sur des conflits : conflits dusage, daccs aux sols : par exemple, conflits dans la priphrie des grandes agglomrations (conflits entre agriculteurs, industriels, urbaniste, voies de circulation...) ; conflits rsultant de lutilisation inadapte des sols et conduisant la dgradation des sols : les activits humaines, en se dveloppant, influencent, transforment le milieu sol et font pression sur lui. Les sols sont modifis, dans leurs proprits, dans leurs potentiels, dans leurs fonctions, et, plus grave encore, ces modifications affectent aussi les autres milieux qui sont en relation avec les sols : leau, lair, les animaux, les vgtaux, les socits humaines. 3. En effet, partout dans le monde, les exemples de sols gravement modifis, endommags sont nombreux. En particulier, suite lutilisation agricole inadapte, les formes de dgradation les plus apparentes sont : des appauvrissements (biologiques, organiques, minraux) ; des destructions de structures et des tassements qui affectent les porosits ; de lrosion, de la sdimentation, des glissements de terrain ; de la salinisation et de lalcalinisation ; de lacidification ; des pollutions (minrales, organiques, radioactives). Au total : les fertilits des sols baissent ; leurs fonctions fondamentales ne sont plus assures ; la vitesse de fabrication des sols se ralentit ; les vitesses et les orientations des principaux processus de formation et de diffrenciation des sols sont modifies (altration des roches, arrangement et mouvements des constituants...). Et il y a aussi : la croissance des villes, des complexes industriels et touristiques ; lintensification des rseaux pour les transports ; la construction de barrages hydrolectriques ; le dveloppement de lexploitation de ressources minrales superficielles. Tout ceci soustrait annuellement, sans espoir de retour, plusieurs dizaines de milliers dhectares souvent trs fertiles et dont les fonctions ne sont plus assures. Il faut, cependant, souligner que les socits humaines ont aussi su amliorer, voire construire les sols dont elles avaient besoin. On peut citer titres dexemples : la construction de terrasses dans les zones de montagne, le dfoncement des crotes calcaires et lpierrage, les apports et transferts de grandes quantits de matires organiques et damendements chimiques. 4 En consquence aussi, les autres milieux sont touchs. En effet, lvolution anthropique des sols porte atteinte : la biodiversit qui se transforme et sappauvrit ; au cycle de leau qui devient plus violent (crues, inondations, sdimentations aval) et qui se raccourcit (leau est moins disponible pour les besoins humains) ; 95

la qualit des eaux qui se polluent, chimiquement et biologiquement, localement et latralement (leau est encore moins disponible pour les besoins humains) ; la qualit de lair qui se pollue et, en particulier, qui senrichit en gaz effet de serre (gaz carbonique, mthane) ; la fertilit des milieux par rapport aux activits humaines : beaucoup de milieux sappauvrissent, voir mme abandonns (dsertification) ; mais il y a aussi des milieux qui senrichissent grce aux activits humaines ; la sant et au comportement des socits humaines, au travers de ce quelles mangent, boivent, respirent... et vivent au quotidien : il y a des relations entre lvolution des systmes de sols et celle des systmes sociaux. 5. Les sols, malgr leur raret, sont donc aujourdhui utiliss de manire non renouvelable par nombre de socits humaines. La deuxime moiti du XXe sicle fut particulirement dsastreuse : un peu partout, les dveloppements agricoles, industriels et urbains sont trs destructeurs des sols et de leurs fonctions. Par ailleurs, dans les rgions pauvres, cest souvent la misre qui contraint les populations la surexploitation des sols et la dgradation de leurs fonctions vitales. La responsabil000it de cette situation revient grandement aux choix conomiques et techniques qui ne tiennent pas suffisamment compte des diversits naturelles des sols et des besoins des socits humaines. Cependant, sil y a peu de choses faites concrtement pour attnuer les dgradations des sols et pour amliorer la situation des sols dj fortement dgrads, cest en grande partie aussi par ignorance, dans toutes les sphres de la socit, de ce quest le sol et pourquoi il est ncessaire den prserver les fonctions. Producteurs, techniciens, administrateurs et politiques participent cette ignorance qui prend ses racines dans labsence de toute dcouverte des sols dans les systmes ducationnels depuis lcole primaire jusqu luniversit. Le sol fait peu partie des cultures populaires : il est peu ou mal connu. De ce fait, la ge stion durable des sols ne fait que peu partie des proccupations prioritaires de la population, des responsables politiques, administratifs et techniques et des propritaires des terres. Il faut en particulier souligner le faible niveau de connaissances dans le domaine des sols de la plupart des agronomes et de la plupart des environnementalistes : beaucoup dingnieurs raisonnent lagriculture et lamnagement du territoire en donnant la priorit aux techniques et aux conditions conomiques et en oubliant les diversits concernant les milieux naturels et les socits humaines. Tout cela pose, en dfinitive, la question des priorits de la connaissance et de lducation concernant les sols : quelles recherches et quels enseignements faut-il dvelopper dans le but de mieux grer, durablement, les ressources en sol ?

2.2. Cas des pays mditerranensLes sols des rgions mditerranennes sont originaux et le Maroc en est un exemple parfait. Du fait de laridit estivale des rgions mditerranennes et du fait dune forte prsence de roches calcaires et calciques, la majorit des sols y sont domins par la prsence du calcium voire du calcaire. Par ailleurs, les sols sont souvent argileux et naturellement riches en matires organiques et en calcium, donc bien structurs et bien drains. Les sols appauvris en argile (dit lessivs) y sont nettement plus rares que dans les rgions tempres et tropicales. Les principaux handicaps des sols mditerranens sont lis aux excs de calcaire (crotes calcaires des 96

rgions semi-arides et arides) et aux excs localiss de sels solubles (rgions arides et dsertiques et primtres irrigus avec des eaux charges en sels). Cependant, vu sous langle cologique et agricole, on peut dire que la majorit des sols des rgions mditerranennes sont parmi les plus riches du monde. Cest le lieu de formation et de prservation des argiles gonflantes qui rglent la fertilit physique et chimique des sols. Le principal obstacle la valorisation agricole de cette richesse sol est le manque deau. Les tendances des 40 dernires annes montrent une rduction moyenne des prcipitations de lordre de 50 200 mm en fonction des stations. Cependant, du fait de lanciennet de loccupation humaine qui, souvent, na pas su les grer, les ressources en sol du monde mditerranen sont le plus souvent fortement dgrades : appauvrissements organiques et minraux, dstructurations, rosion hydrique et olienne, salinisation...et plus rcemment pollution et urbanisation de sols agricoles de grande qualit. La dsertification est un flau dont les causes sont certainement en partie climatiques, mais laction humaine acclre fortement le processus de dgradation des terres (Badraoui, 2004). Mais cest aussi dans le monde mditerranen que lon trouve quelques uns des plus beaux exemples de gestion durable intensive des ressources en sols et en eau (amnagement des pentes dans les zones de montagne, gestion des oasis et des khettaras au Sud des Atlas... etc). Dans le monde mditerranen, le Maroc est probablement le pays de la plus grande diversit : en particulier, tous les types de sols mditerranens, tous les types de pdopaysages mditerranens, y sont prsents. Ce fait est la consquence de la grande diversit des facteurs de pdogense (roches, reliefs, climats, couverts vgtaux, temps dvolution et occupations humaines (Badraoui et Stitou, 2002 ; Badraoui et al., 2002 ; Ruellan, 2003). En effet, le Maroc est riche de ses sols et de leur diversit ; il est riche de la diversit des occupations humaines qui, traditionnellement, ont eu des impacts aussi bien positifs que ngatifs sur la qualit des sols. Ceci veut dire aussi que, pour la recherche scientifique concernant les sols mditerranens et leur utilisation, le Maroc est un laboratoire idal. Cest au Maroc en particulier, et dans les pays de lAfrique du Nord en gnral, que les grands naturalistes (pdologues, gologues, gomorphologues, cologistes,...etc) europens ont t forms. Cest dans les pays du Sud de la Mditerrane que les ressources en sol sont les plus menaces de dgradations suite leur surexploitation et la rduction de la couverture forestire. Cest encore l o le dilemme dveloppement et protection de lenvironnement prend sa vraie dimension.

2.3. Cas du MarocPour mieux utiliser les sols dans le contexte du dveloppement durable, il faut les connatre. Connaissons nous les sols au Maroc ? Mme si les travaux dinventaire et de cartographie des sols au Maroc ne couvrent quenviron 30 % du territoire (MADRPM, 1993 ; MADRPM, 1996 ; Badraoui et Stitou, 2002), lessentiel de ce que sont les sols du Maroc est connu : ce quils sont, les principales rgles de leur rpartition rgionale, comment ils fonctionnent, leurs principaux qualits et dfauts et les agressions quils subissent du fait de lintensification de loccupation humaine. Il reste, cependant, beaucoup faire : On ne connat, avec un certain dtail, que 30 % des couvertures pdologiques du Maroc (cartographie des sols). Un effort dinventaire et de cartographie des sols est un pralable pour lamnagement du territoire et la planification de lutilisation des terres. 97

Malgr les recherches, les tudes, les campagnes dinformation et de vulgarisation, les problmes de mise en valeur saccumulent et samplifient : R dgradation des sols irrigus qui constituent lune des grandes richesses du Maroc (1 million dha) : baisse de la teneur en matire organique, dstructuration de la structure, baisse de fertilit chimique, salinisation des sols et des eaux, pollutions des sols et des eaux. En gnral, il y a une baisse progressive de la productivit agricole ; R dgradation des sols non irrigus (bour) qui couvrent lessentiel de la SAU du pays (environ 7.7 millions dha) : baisse des fertilits organiques et chimiques, dveloppement de lrosion hydrique et olienne, rduction de la capacit de rtention deau et de la rserve utile en eau des sols (aridification des rgimes hydriques) ; Dans les priphries urbaines, dveloppement anarchique des occupations urbaines et industrielles sur de bons sols agricoles. Les trois principales urgences en vue dune meilleure connaissance des sols du Maroc ont t listes par Ruellan (2003). Il sagit de : La connaissance morphologique et gochimique des couvertures pdologiques de lensemble du Maroc : inventaire et cartographie des systmes pdologiques et de leur fonctionnement. Cest la base pour toute politique, locale, rgionale, nationale, de bonne gestion des ressources en sol et de ce qui est associ aux sols (les eaux, les couverts vgtaux, les socits humaines). La connaissance approfondie des dynamiques physiques, chimiques, biologiques, minralogiques des divers types de sols du Maroc. Cest la base dune bonne valuation et dune bonne gestion de la fertilit des sols et des phnomnes de pollution des sols et des eaux. La connaissance de lvolution des sols (et des eaux) en fonction des occupations humaines : en milieu bour , en milieu irrigu, en milieu priurbain et urbain. Mais aussi, la connaissance des consquences des dgradations et des pollutions des sols (et des eaux) sur les dveloppements humains. En fait, il sagit de chercher mieux comprendre les interrelations entre les systmes pdologiques et les systmes sociaux pour mieux les grer. La durabilit des systmes de production passe ncessairement par la durabilit des ressources en sol et en eau (Badraoui et al., 2000).

3. tat de connaissance sur les sols du MarocLes travaux de pdologie au Maroc ont pass par plusieurs tapes tant sur le plan envergure que sur leur pertinence. Sans avoir un programme national dinventaire des sols au Maroc, les connaissances actuelles sont le fruit dune longue accumulation du savoir sur les milieux cologiques marocains. Cette partie prsentera succinctement lvolution de lacquisition des connaissances depuis la fin du dix-neuvime sicle.

3.1. Avant lindpendanceDepuis la fin du XIXe sicle et jusqu la 4me dcennie du sicle dernier, les observations pdologiques au Maroc taient luvre de pdologues, de forestiers ou de gographes trangers. Des prospections taient ralises loccasion des excursions scientifiques. Il a fallu attendre les annes cinquante pour voir se dve98

lopper les toutes premires tudes pdologiques proprement dites. Celles-ci avaient t entreprises dans le cadre des tudes monographiques davant-projets pour les amnagements hydroagricoles. Le protectorat franais au Maroc stait attach mobiliser la maximum deau dans des barrages en vue de lirrigation des terres dans les zones juges potentiellement prioritaires tels que les Bni Amir et les Bni Moussa (au Tadla), Sidi Slimane (au Gharb), les Triffas ( la Moulouya), la plaine du Souss, le plateau de Fes-Meknes et dans le Haouz de Marrakech (Prefol, 1986). Dautres tudes petites et moyennes chelles ont galement t publis sur les Doukkala (Feodoroff, 1955). La premire tude sur lvaluation de la fertilit des sols du Maroc a t ralise par Ch. Thomann (1952). Beaucoup dautres travaux prliminaires sur les comportements physiques et chimiques des sols ont t raliss par George Bryssine qui peut, sans aucun doute, tre considr le pre de la pdologie Marocaine.

3.2. Aprs lindpendance3.2.1. Inventaire et cartographie des solAprs lindpendance, les grands travaux de pdologie ont t raliss dans le cadre des amnagements des grands primtres hydro-agricoles, damnagement des forts, de dveloppement rural et sylvopastoraux. Il sagit des chantiers dj entams durant les annes 50. Les travaux du projet Sebou dans le Gharb et le Saiss, ceux de la Maamora, du Tadla et du Moyen Atlas, publis en 1966 dans le livret guide de la tourne organise loccasion de la tenue du congrs de la pdologie Mditerranenne (INRA, 1967), sont des exemples loquents ce titre. La politique du dveloppement agricole sous irrigation lance par S.M. Le Roi Hassan II en 1967 avait suscit la ralisation des travaux de cartographie dtaille (> 1/20.000e) des sols pour la mise en valeur intensive. Plus de 2.5 millions dha ont ainsi t cartographis dans les primtres de grande hydraulique (zone des ORMVA) et dans les primtres de petite et moyenne hydraulique (PMH) un peu partout au Maroc (MADRPM, 1993). Lavnement des grands projets intgrs de mise en valeur en Bour des annes 80 a t loccasion de combler le dficit en tude de sol dans les zones dagriculture pluviale. En effet, le Ministre de lAgriculture et de la Rforme Agraire avait lanc en 1982 un programme dtudes pdologiques de reconnaissance aux chelles 1/50.000 et 1/100.000 couvrant plusieurs rgions du pays. Ainsi, une superficie denviron 6.12 millions dha a t cartographie. Un inventaire des tudes pdologique ralises au Maroc a t ralis par le MADRPM en 1993. Il en ressort que la superficie totale cartographie demeure faible par rapport la superficie du Maroc. Ne nous connaissons jusqualors quenviron 20 millions dha toutes chelles confondues, soit 28 % du territoire. Ce retard constat en matire de reconnaissance des sols au Maroc avait suggr certaines institutions denseignement et de recherche de tester de nouvelles technologies dinventaire et de cartographie des ressources en sol telle que la tldtection spatiale. Ainsi, et titre dexemple, les travaux de lIAV Hassan II (Merzouk et al., 1990) avaient montr que si les dates dacquisition des images sont bien choisies et sil existe une relation troite entre ltat de surface des sols et le type de sol, il est possible dlaborer des cartes des ressources en sol lchelle de reconnaissance (< 1/50 000e) dans les zones non boises. Lapport de la tldtection et des SIG la cartographie des sols se traduit essentiellement par des gains de temps et de moyens. Cependant, le travail de prospection sur le terrain nest pas limin, mais mieux planifi et peu mme tre rduit. 99

Ltude dinventaire des tudes pdologiques de 1993 avait mis le doigt sur le problme darchivage des tudes. En effet, une partie des rapports et cartes rpertoris nont pas pu tre retrouvs. Do la ncessit de mise en place dun systme darchivage numrique sous SIG. Cette option exige des changements importants dans les CPS des tudes. Jusqu prsent, cet objectif nest que partiellement ralis malgr leffort constat au niveau de lquipement des administrations en SIG. Plusieurs programmes et projets de dveloppement agricole et rural avaient souffert du manque de donnes sol. Cest le cas, par exemples, du programme dlaboration des cartes de vocation agricole des terres au Maroc qui est mis en uvre par lINRA, du plan national damnagement des bassins versants en cours de ralisation par le HCEFLCD, le programme de dveloppement rural intgr des primtre de mise en valeur en bour (PMVB) pilot par le MADRPM et le programme de cartographie des sols autour des agglomrations en vue de lorientation de lurbanisation. Du point de vue gographique, lessentiel des tudes ralises intressent la partie Nord-ouest du pays. Les provinces de lEst et du Sud ne sont que trs partiellement prospectes. Les tudes de cartographie des sols ralises entre 1993 et 2003 sont estimes environ 2 millions dha, ce qui porte la superficie totale prospecte 22 millions dha, soit 31 % du territoire national. Pour la valorisation des tudes pdologiques existantes le Maroc participe deux initiatives rgionales : Llaboration de la base de donnes Euro-Mditerranenne, go-rfrence lchelle du 1/1000 000e des sols autour de la Mditerrane. Lquipe marocaine coordonne les travaux des pays de lAfrique du Nord en collaboration avec le Bureau Europen des sols Ispra en Italie et lINRA dOrlans en France. Un atelier de travail a t tenu en juin 2001 Rabat. Llaboration de la base de donnes SOTER (SOl et TERrain) pour les pays de lUMA en collaboration avec la FAO. Le Maroc a dj ralis sa carte SOTER au 1/5000 000e en collaboration entre le MADR et lAssociation Marocaine des Science du Sol (AMSSOL) (Carte 1 en annexe 1). Les deux cartes susmentionnes nont pas dintrt pratique pour le dveloppement agricole au niveau oprationnel. Cependant, elles ont permis de mettre en ordre les connaissances et de mettre le Maroc en position de ngocier avec les pays de la rgion sur des questions plus globales tels que les changements climatiques et la lutte contre la dsertification. ce titre, la base de donnes SOTER du Maroc a t utilise pour llaboration de la carte de sensibilit la dsertification des pays de lUMA plus lgypte en collaboration avec lObservatoire du Sahara et du sahel (Carte 2 en annexe 2).

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Encadr 1Les sols du Maroc : diversit, processus et contraintes 1. Principales classes de sol Classification franaise) Sols minraux bruts Sols peu volus drosion Sols peu volus dapport Sols calcimagnsiques Sols Isohumiques Vertisols Fersiallitiques Sols brunifis Andosols Sols sodiques Sols hydromorphes 2. Principaux processus : Dcarbonatation Brunification Vertisolisation Salinisation Rubfaction Hydromorphie Erosion Entisols Entisols, Aridisols Inceptisols, Mollisols, Aridisols Inceptisols, Mollisols, Aridisols Inceptisols, Mollisols Vertisols Alfisols Inceptisols, Alfisols Inceptisols Soils avec saline phase Soils avec aquic moisture regime Soil Taxonomy amricaine Lgende FAO Fluvisols, Regosols, lithosols Regosols, Lithosols, Rankers, Yermosols Fluvisols, Rankers, Greyzems Rendzinas, Yermosols, Xerosols Xerosols, Kastanozems, Chernozems, Phaezems Vertisols Luvisols, Acrisols Cambisols, Luvisols Andisols Solonchaks, Solonetz Gleysols, Planosolss

3. Principales formes de dgradation rosion hydrique rosion olienne Perte de matire organique Alcalinisation Encrotement Drainage Salinisation secondaire Urbanisation Compaction

3.2.2. Organismes intervenantAprs lindpendance, les tudes de reconnaissance des sols ont t assures par lOffice National dIrrigation (ONI), la Direction de la Mise en valeur Agricole (DMVA) dont la suite a t reprise par la Direction de lquipement Rural (DER) et la Direction de Production Vgtale (DPV). Paralllement, lInstitut National de la Recherche Agronomique (INRA) avait ralis des tudes pdologiques de reconnaissance petite et moyenne chelles dans certaines rgions du Maroc tels que Le SoussMassa, Les Zaer, le Tangrois et le Moyen Atlas. De mme, lInstitut Agronomique et Vtrinaire Hassan II, avait ralis des tudes pdologiques petite chelle (Chaouia) et grande chelle avec un objectif essentiellement de formation et de recherche. Il faut galement citer la station de recherche forestire qui disposait de pdologues (LePoutre et Sauvageot en particulier) et qui avait ralis des tudes thmatiques sur la rgnration du chne lige dans la Maamora et du cdre dans le Moyen Atlas. Cependant, malgr limplication des instituts de recherche et denseignement, lessentiel des travaux de cartographie des sols ont t raliss par des bureaux dtudes. Cest l une spcificit du Maroc par rapport aux autres pays Maghrbins o mme mditerranens dont les tudes sont ralises par les services spcialiss de ladministration ou de la recherche. 101

3.2.3. Les cadres oprationnelsLa gestion durable des ressources en sol exige la prsence de spcialistes dans les services extrieurs de dveloppement rural. La situation actuelle montre que les ORMVA sont relativement bien dots de cadres pdologues par rapport aux DPA, DREF et SPEF. En effet, il y a au moins un spcialiste de science du sol par ORMVA (20 cadres dans les ORMVA), par contre DPA disposant dun pdologue sont rares (10 cadres seulement). Il y a lieu de constater que les ingnieurs pdologues sont concentrs dans les services centraux o ils font des activits administratives (suivi des projets) ayant peu de contact avec le terrain, au moment o les services extrieurs souffrent dun manque terrible de cadres. Dans les services ne relevant pas du MADRPM et du HCEFLCD, il est rare de trouver des ingnieurs pdologues. Le Maroc navait jamais form de cadre moyens spcialiss en sciences du sol (techniciens) comme cest le cas pour les autres disciplines. Cet handicap se fait sentir sur le terrain lorsquil sagit dencadrer les agriculteurs et diffuser linformation technique. Les quelques prospecteurs, spcialiss en cartographie des sols se sont forms sur le tas et prennent tous de lge. Certains bureaux dtudes dispose de pdologues qui soccupent entre autres des activits environnementales.

4. Les efforts de formation et de recherche en Science du SolLes informations concernant ce volet sont issues de documents prpars lors des assises de la recherche agricole au Maroc (MARDPM, 2000), des actes de la journe-dbat organise par lAMSSOL en septembre 1993 et de lvaluation du systme national de recherche scientifique (Ruellan, 2003).

4.1. Les potentiels et les difficults de la recherche marocaine en science du solLes institutions de formations et de recherche ont toujours eu une mission tripartite : enseignement, recherche et dveloppement. Lobjectif est de former des ingnieurs agronomes spcialiss en sciences du sol (pdologue) capables de rsoudre des problmes du dveloppement agricole. Il na jamais t question de former spcifiquement des chercheurs ou des enseignant-chercheurs. Depuis les annes 70, le Maroc a progressivement form et recrut un nombre significatif denseignantschercheurs et de chercheurs en science du sol. Le nombre de chercheurs en science du sol, senso stricto, slve 60 dans les coles et instituts relevant du MADRPM et du HCEFLCD. En plus, le nombre denseignantchercheurs travaillant sur des aspects lis lamnagement des sols dans les universits est estim 30. Le nombre total de 90 demeure faible lorsquon le met en rapport avec la superficie du pays (1 chercheur par 789 000 ha) ou avec la SAU et les problmatiques de recherche. En effet, le ratio est de 1 chercheur pour 97 000 ha de SAU. La plupart des chercheurs sont de bon niveau scientifique, et un certain nombre dentre eux sont reconnus internationalement. Cependant, les autorits nayant jamais dfini dobjectifs prioritaires la recherche en science du sol, la formation des chercheurs sest faite en ordre dispers, beaucoup en fonction des bourses doctorales offertes par la coopration internationale. Il en rsulte aujourdhui une grande dispersion de lactivit de recherche, chacun cherchant poursuivre, pour lui-mme et pour ses tudiants, les thmatiques auxquelles il a t form : lquipe de recherche est rare (bien que souhaite). Par ailleurs, aprs des annes fastes, les recrutements denseignants-chercheurs spcialistes en sciences du sol ont t arrts : depuis une quinzaine dannes dans les tablissements agronomiques et forestiers, plus rcemment dans les Universits ; cela pose un grave problme de continuit des dynamiques scientifiques et de la relve dans les annes venir. 102

Bien que la recherche, et la formation la recherche, soient clairement dans les missions des enseignantschercheurs, un budget recherche nest que trs rarement identifi au sein des coles Agronomiques et des Universits. Les enseignants chercheurs qui souhaitent poursuivre une activit de recherche (et cest la majorit dentre eux) doivent donc rechercher des financements contractuels : auprs des socits prives (agricoles et industrielles), auprs des services de dveloppement du des ministres (ORMVA, DPA, DREF,.. etc... mais aussi auprs de la coopration internationale. Il en rsulte une programmation scientifique alatoire et disperse essentiellement pilote par la demande des utilisateurs. Ce fait nest en soit pas un mal, condition que ce pilotage par laval sinscrive dans une programmation scientifique bien identifie et condition aussi que les enseignants-chercheurs puissent prendre le temps de la valorisation scientifique de leurs travaux contractuels. Des recherches complmentaires plus fondamentales, partir des rsultats obtenus dans le cadre des tudes contractuelles, ont pu conduire des publications scientifiques de haut niveau dans des revues internationales. Toutes les quipes de recherche disposent de moyens de laboratoire. Cependant, ces moyens sont en gnral plutt modestes, avec de nombreuses difficults de fonctionnement, dentretien, de renouvellement. Laccs une documentation scientifique rgulire pose galement de srieux problmes beaucoup de chercheurs. Ces handicaps poussent les universitaires et les chercheurs partir vers des laboratoires trangers pour raliser une partie des travaux et pour se remettre jour au niveau des connaissances. Enfin, toutes les quipes se plaignent des lourdeurs administratives et budgtaires, incompatibles, en particulier, avec la ncessaire recherche sur le terrain qui exige, bien au contraire, beaucoup de souplesse et de disponibilit : les faibles moyens de fonctionnement dont peuvent disposer les enseignants-chercheurs et les chercheurs sont rendus partiellement indisponibles par la lourdeur des lignes budgtaires multiples et par les nombreux contrles a priori.Il y a un potentiel humain important, comptent, reconnu, volontariste et dynamique. Ce potentiel est cependant, insuffisamment organis, appuy, valu pour quil puisse mieux valoriser scientifiquement son travail pdagogique et ses tudes finalises. Il y a en particulier urgence ce que ce potentiel humain soit utilis pour former les quipes du futur.

4.2. Les principaux axes actuels de la recherche marocaine en science du solEu gard aux urgences des connaissances acqurir concernant les sols du Maroc, les constats sont les suivants : La connaissance morphologique et gochimique des couvertures pdologiques navance pratiquement pas. Le programme national de cartographie des sols est en veilleuse. Les tudes de dcouverte des systmes pdologiques sont rares. Un effort est cependant fait, dans le cadre de collaborations internationales, pour valoriser les donnes existantes (participation des banques de donnes et des cartes de synthse). Par ailleurs quelques recherches mthodologiques sont en cours (SIG, tldtection...). Les recherches sur la modlisation de lrosion hydrique et olienne se sont dveloppes en utilisant des nouvelles technologies de SIG et de tldtection. Cependant, lvaluation scientifique de limpact des techniques de conservation des sols et des eaux dans les bassins versants demeure trs timide. Les recherches finalises qui touchent lutilisation agricole des sols se sont beaucoup dveloppes : fertilit et fertilisation, chimique et biologique, des sols, en agriculture pluviale (bour) et en milieu irrigu, en fonction des divers types de climats et de sols ; 103

travail du sol (en milieu bour) pour lutter contre les dgradations organiques et structurales et contre lrosion ; lun des buts tant aussi une meilleure gestion de leau des sols pour lutter contre laridit ; suivi de lvolution des sols irrigus, dans le but de lutter contre les dgradations structurales, physicochimiques, biologiques et ainsi de mieux valoriser les potentialits des sols irrigus. Une attention particulire est apporte aux phnomnes de salinisation et alcalinisation des sols et des eaux ; cartographie des vocations agricoles des terres (principalement cralires) en fonction des sols, des climats, des occupations humaines (programme dlaboration des cartes daptitude des terres). Cependant, les recherches plus fondamentales ncessaires ces recherches finalises, concernant par exemple les dynamiques physiques, chimiques, biologiques des divers types de sols agricoles du Maroc, sont insuffisamment dveloppes. Les recherches finalises concernant les pollutions des sols et des eaux en fonction de lintensification de lagriculture, de lindustrie, de lurbanisation, se dveloppent galement : pollutions nitrique ; mais aussi utilisation raisonne, en agriculture, des eaux uses et des dchets.

En rsum : la recherche marocaine est trs axe sur lutilisation des sols, ce qui est en soi une bonne chose; elle ne lest cependant pas assez sur les connaissances des sols et de leur fonctionnement, connaissances pourtant indispensables leur bonne utilisation. Lappauvrissement scientifique de la recherche finalise est, de ce fait, prvisible; cette situation est la consquence des conditions de travail obligeant les chercheurs au pilotage principal par la demande des utilisateurs, le cadre de programmation scientifique et dappui financier pour la recherche tant insuffisant.

4.3. Recommandationsi. Pour les recherches devant tre dveloppesRelancer les tudes dtailles concernant ce que sont les sols et leurs fonctionnements, en donnant la priorit dune part aux systmes pdologiques les moins connus, dautre part ceux qui sont les plus utiliss par les socits humaines. Le choix des systmes pdologiques prioritaires doit tre dbattu, conjointement, par les scientifiques et par les utilisateurs, en cohrence avec les choix de dveloppement du pays. Reprendre, petite chelle, linventaire cartographique des sols de lensemble du Maroc. Pour cela, la recherche mthodologique doit tre approfondie, dans le but dlaborer des cartes aussi reprsentatives que possible de la ralit. Poursuivre et approfondir les travaux concernant tout ce qui touche la gestion durable des sols par les socits humaines : fertilits et fertilisations, relations sols-eaux, volution des sols irrigus, gestion des dchets et rsidus de rcolte et rosion-conservation des sols. Il sagit, la fois, damplifier les nombreuses tudes dj en cours, mais aussi de prendre le temps de leur donner plus de bases et de rendus scientifiques.

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ii. Pour amliorer lorganisation et les moyens de la rechercheIdentifier un Programme National de Recherche en Science du Sol, dot dun budget significatif. Ce programme, scientifiquement structur, devrait donner la priorit lacquisition des connaissances fondamentales ncessaires la gestion durable des sols du Maroc. Inciter la cration, au Maroc, dquipes et de rseaux thmatiques de recherche en science du sol, mais aussi dquipes interdisciplinaires et internationales plus larges. Dans le cadre du Programme National de Recherche en Science du Sol, la priorit devrait tre donne aux quipes et aux rseaux pour le financement de leurs travaux de recherche. Inciter les quipes scientifiques ne pas se laisser trop disperser par la multiplication des contrats. Il est souhaitable que le ncessaire pilotage partiel par la demande des utilisateurs (publics et privs) soit mieux cadr par une programmation scientifique clairement identifie et affiche. Instituer un systme dvaluation des travaux scientifiques, des enseignants-chercheurs et des quipes. Il conviendrait que ce systme valorise efficacement, en termes de carrire (et de budget pour les quipes), les efforts de ceux qui contribuent la recherche (et qui ne se satisfont pas seulement du bnfice personnel de consultances). Reprendre, de toute urgence, le recrutement et la formation de jeunes chercheurs et enseignantschercheurs. Il en va de la continuit et du dveloppement des quipes de recherches et de leurs programmes. Mettre profit cette reprise du recrutement pour faire des choix scientifiques thmatiques clairs, en cohrence avec les priorits nationales du Maroc. Dvelopper les moyens de travail, sur le terrain, dans les laboratoires, dans les bibliothques. Il faut relancer la curiosit, la recherche bibliographique autonome, et la participation au mouvement international de la recherche au plus haut niveau. Instituer plus de souplesse administrative et budgtaire, indispensable au bon droulement des activits de la recherche scientifique.

5. Les principales formes de dgradation des sols au Maroc5.1. Lextension de lurbanisationAu Maroc, les terres agricoles sont menaces par lurbanisation (betonisation). Cest lune des formes de perte totale des sols de bonne qualit pour la production agricole. Lorientation de lurbanisation aux alentours des villes, fait partie intgrante de la planification de lutilisation des terres qui est un des principes de lamnagement du territoire. Lamnagement du territoire consiste en lvaluation systmatique du potentiel quoffrent les terres et les eaux, des possibilits dutilisation des terres et des conditions conomiques et sociales afin de slectionner et dadopter les modes dutilisation des terres les mieux appropris (FAO, 1993). Lamnagement harmonieux et durable du territoire repose sur les principes de i) lefficacit (productive et conomiquement viable), ii) lacceptabilit et lquit (utilisations socialement acceptables telles que la scurit alimentaire, lemploi et la scurit des revenus) et iii) la durabilit (satisfaire les besoins de la gnration actuelle tout en conservant les ressources dans lintrt des gnrations futures). Il sagit de combiner la production et la conservation. Le processus de planification de lutilisation des terres se fait en 10 tapes (tableau 1). 105

Tableau 1 : Processus de planification de lutilisation des terresNo 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Consistance de ltape Dfinition des objectifs et du champ dapplication Organisation des travaux Analyse des problmes Identification des possibilits de changement valuation de laptitude des terres valuation des options Choix de la meilleure option Prparation du plan dutilisation des terres Excution du plan Suivi et rvision

Le sol est une composante de la terre qui devrait tre affecte la meilleure utilisation possible dans les conditions conomiques, sociales et culturelles dun territoire donn. Cest dans ce cadre que les pouvoirs publics avaient dlimit des zones favorables la mise en valeur agricole intensive sous irrigation au Maroc. Dautres terres de moindre qualit (manque deau ou dautres contraintes physiques ou chimiques) avaient t rserves lagriculture pluviale, la foresterie ou au dveloppement de llevage extensif. Lexistence des tudes de sol est une condition ncessaire pour la planification des terres. Ayant connu une forte croissance dmographique durant la fin du 20e sicle, la structure spatiale et larmature urbaine du Maroc se sont profondment transformes. Plusieurs villes nouvelles sont apparues et beaucoup de villages ruraux se sont transforms en vritables villes. Cependant, cette urbanisation galopante se fait de manire anarchique. Malheureusement, lextension des villes se fait au dpend des terres de bonne qualit pour lagriculture. Selon des donnes du MADRPM, sur 63 projets dextension urbaine autour de diffrents centres urbains qui avaient prvu 65 518 ha, 36 264 ha de terres agricoles (dont une bonne partie est quipe pour lirrigation dans les zones daction des ORMVA du Tadla, de la Moulouya et du Gharb) et de forts ont t incluses comme espace urbanisable. 45 % (16 567 ha) de la superficie incluse a t effectivement retenue pour lurbanisation. La superficie annuellement grignote par les diffrentes formes durbanisation est estime 4 000 ha (MADRPM, 2004). Les oprations immobilires reprsentent 45,75 %, les oprations industrielles et les quipements 25 % et les oprations touristiques 12,5 % de la consommation totale des terres agricoles titre dexemple, une tude rcente ralise dans la plaine du Tadla (ORMVAT, 2004) a rvl des chiffres alarmants de consommation des terres irrigues et quipes haut potentiel de production. Ainsi, le bti dispers est pass de 932 ha en 1986 2 284 ha en 2004, soit une extension moyenne de 79,5 ha/an. Paralllement, les agglomrations et villes du primtre ont occup en 2003 une superficie de 6 750 ha, soit une extension moyenne annuelles de 83,5 ha/an (encadr 2). La situation dans le Primtre irrigu du Tadla nest pas unique. Des cas similaires existent galement dans la Moulouya et le Gharb. Cest galement le cas autour des principales villes du Maroc. Malgr limplication du MADRPM dans lvaluation des documents de lurbanisme en veillant lapplication de la loi 12-90 sur lurbanisme pour prserver les terres agricoles, les terres plantes et les forts, le poids de son avis ne pse pas fortement sur la prise de dcision. Il y a besoin urgent dun accord qui prcise 106

les responsabilits entre les dpartements concerns cls (Ministre de lIntrieur, Ministre de lUrbanisme et le MADRPM). Encadr 2

Consommation des terres agricoles par lurbanisation dans le primtre irrigu du Tadla (ORMVAT, 2004)Problmatique Malgr les lois et les rglementations en vigueur au Maroc (loi 12-90 relative lurbanisme) lurbanisation ne cesse de stendre aux dpens des terres agricoles. La durabilit de lagriculture priurbaine est remise en question. Les pertes conomiques en terme de productivit et en valeur foncire sont importantes. Forte densit urbaine : 243 hab/km2 dans le Primtre irrigu contre 50 hab/km2 dans le reste de la province de Bni Mellal. Objectifs tablissement de la situation actuelle de lhabitat group et dispers dans la zone du primtre irrigu du Tadla. valuation de lampleur de lextension des agglomrations urbaines sur les terres agricoles, par rapport la situation de 1986. Mthodologie Utilisation des images satellitaires de haute rsolution SPOT, 2,5 m, du 23/O6/2003), photo-interprtation et SIG. Rsultats La superficie du bti lintrieur du primtre en 2003 est value 6 750 ha, rpartie comme suit : Bti dispers : 2 283 ha et Bti group : 4 467 ha. Lextension de lhabitat sur les terres agricoles du primtre depuis 1986 est estime 2 772 ha, rpartie comme suit : 1986 : 3 970 ha et 2003 : 6 750 ha, soit un taux daccroissement de 163 ha/an. Perte en superficie quipe et amnage value 16 millions de dh/an

Les cartes dorientation de lurbanisation prpares par le MADRPM ne sont considres qu titre indicatif. En plus, le programme dlaboration de ces cartes souffre de moyens financiers insuffisants. Si rien nest fait et si le taux moyen de consommation des terres agricoles par lurbanisation se maintien 3 500 ha/an, ltendue des terres consommes arrivera 70 000 ha lhorizon 2025, soit 0,8 % de la SAU. Cette rduction des terres agricoles pourrait prsenter un enjeu alimentaire pour le pays, sachant que la population nationale serait de 37 831 000 hab en 2020 (projection tablie par le SNAT), soit 0,23 ha SAU/ personne alors quactuellement on lestime 0,34 ha SAU/personne (une diminution de 32 %). Cette diminution reprsente une perte conomique et financire pour le Maroc. Selon le scnario tendanciel, la perte est value 1 750 millions de dh pour la valeur de la production endommage et 2 240 millions de dh pour la valeur des quipements endommags (MADRPM, 2004). Lurbanisation des terres agricoles au Maroc est un problme srieux qui mrite une attention particulire de la part des pouvoir publics. La spculation foncire est un handicap majeur du dveloppement durable et de la scurit alimentaire de notre pays. 107

5.2. Lrosion des solsPrincipales formes de dgradation des sols au Maroc rosion hydrique rosion olienne Salinisation secondaire Alcalinisation Perte de matire organique Encrotement Drainage Compaction Urbanisation (Pollution) Lrosion hydrique est reconnue comme tant la forme de dgradation des sols la plus dangereuse au Maroc. Elle se manifeste essentiellement dans les montagnes du Rif et du pr-Rif o la dgradation spcifique dpasse souvent 3 000 tonnes/km2.an. Les prcipitations fortement rosives, associes aux fortes pentes et aux matriaux gologiques tendres explique les forts taux drosion enregistrs. En plus, les pratiques agricoles non conservatoires des sols et des eaux accentuent lrosion hydrique. Les provinces du Sud et de lEst du Maroc sont fortement touches par lrosion olienne qui dcape les horizons superficiels des sols suite leur mise en valeur sans mesures de protection permettant de rduire la vitesse du vent. La mise en culture des terres de parcours dans lOriental constitue une menace relle des cosystmes des hauts plateaux. Environ 300 000 ha sont menacs densablement dans les rgions de Ouarzazate, Zagora et Errachidia. Lrosion olienne dans ces rgions fait perdre environ 500 ha/an. En plus, lrosion olienne menace 25 % des canaux dirrigation (65 km) dans la valle du Draa. En plus des pertes des couches arables et fertiles des sols lamont des bassins versants, lrosion rduit la capacit de mobilisation des ressources en eaux dans les barrages. Ainsi, la tranche deau perdue chaque anne suite lenvasement des retenues de barrages est value 75 millions de m3. Ce volume constitue un manque gagner en irrigation quivalent une superficie de 10 000 ha.

5.3. La dgradation des sols sous irrigationLa salinisation secondaire est la forme de dgradation des sols la plus rapide dans les primtres irrigus. Elle affecte environ 160 000 ha (tableau 2), soit environ 16 % des terres irrigues (Badraoui et al., 2003).

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Tableau 2 : Salinisation secondaire dans les primtres irrigus au MarocZone irrigue Gharb Basse Moulouya Haouz de Marrakech Tafilalet Ouarzazate Tadla Doukkala Souss Massa Loukkos Bahira Total Superficie affecte par la salinit (x 1000 ha) 15,0 30,2 24,6 20,9 14,5 19,3 0,6 9,8 2,8 21,0 158,7 En pourcentage de la superficie irrigue 12,5 27,7 29,9 70,4 65,9 24,5 1,0 28,8 14,5 22,8

Les principales causes de la salinisation secondaire sont laridit du climat, lutilisation deau charge en sels solubles, la mauvais drainage associ la remonte de la nappe phratique, lutilisation de techniques dirrigation peu conomes en eau, et dans une moindre mesure lutilisation abusive des engrais chimiques. Dans les primtres irrigus la rduction de la teneur en matire organique est une tendance lourde observe. Elle est cause par une mauvaise gestion des rsidus de rcoltes (pas denfouissement), la faible utilisation des engrais verts (fumier et compost) et la forte minralisation des composs organiques. En effet, la teneur en matire organique des sols est gnralement infrieure 1,5 %. Le taux de rduction observ est de lordre de 6 10 %/an.

5.4. DsertificationDfinie par les Nations Unies comme la dgradation des terres dans les zones arides, semi arides et subhumides sches, la dsertification touche 93 % du pays. Elle constitue une contrainte majeure au dveloppement conomique et social. Le Maroc a ratifi la Convention des Nations Unies sur la Lutte Contre la dsertification (CNULCD) en novembre 1996 et a valid son Plan dAction National (PAN-LCD) en juin 2001. Ce dernier fait partie intgrante du Programme dAction National de lEnvironnement (PANE). Le PAN-LCD est vu par les pouvoirs publics comme un cadre de mise en uvre de la stratgie de dveloppement rural 2020 et dintgration des actions sectorielles. Les causes de la dsertification sont aussi bien climatiques (scheresse) que humaines (utilisation non rationnelle des espaces et ressources naturels. En effet, la Scheresse est une cause majeure de la dsertification (voir schma suivant) :

Changements climatiques Prcipitations Irrgulires et Faibles Averses violentes concentres sur un petit nombre de jours/an Occurrence de fortes averses pendant la saison non pluvieuse Perturbation du rgime de temprature Frquentes scheresses/inondations

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Dgradation des terresLa pauvret induisant une pression trs forte sur les ressources naturelles est une deuxime cause majeure de la dsertification. Le PAN-LCD a pour objectifs de : Prserver et conserver la qualit des terres productives par des mesures prventives ; Amliorer la productivit des terres moyennement dgrades par des mesures de correction ; Rhabiliter les terres gravement dgrades en utilisant des moyens techniques appropris et des mesures daccompagnement et de facilitation ; Promouvoir la participation des populations, la coordination et lintgration des actions sectorielles ; Attnuer les effets de la scheresse et rduire la pauvret. Il sarticule autour de 4 catgories dactions : Actions dappui la lutte contre la dsertification ; Actions dappui aux initiatives gnratrices de revenu ; Actions de lutte contre la dsertification et attnuation des effets de la scheresse ; Actions de renforcement des connaissances de base et dveloppement de systmes dinformation, de suivi et dvaluation. Lvaluation de la mise en uvre du PAN depuis 2001 a fait ressortir un certain nombre dacquis et de points de faiblesse. Les points forts concernent : volution progressive des projets sectoriels descendants vers des projets de dveloppement rural intgr bas sur lapproche ascendante participative (PMVB, DRI, ...). La plupart des projets de dveloppement rural intgr contiennent des activits de lutte contre la dsertification et peuvent ainsi tre inscrits dans le cadre stratgique du PAN. Implication effective et directe de certains partenaires dans la mise en uvre du PAN (MADR, HCEFLCD, SEE, ONG, PNUD, GTZ, MM, Coops. Franaise, Belge, Italienne ; Amricaine, Japonaise, ... etc). Socit civile trs active, spcialement dans les rgions du Sud : RIOD-Maroc en activit. Cadre institutionnel en cours de consolidation diffrents niveaux (Projet PAN-GTZ, voir cadre institutionnel). Systme de suivi-valuation du PAN et de la dsertification en cours dlaboration (Projet SMAP-CE). Programme prioritaire et mcanisme de mobilisation des ressources en cours dlaboration : table ronde prvue en sept. 2004 (Appui du Mcanisme Mondial). Les insuffisances concernent : La visibilit du PAN dans le PDES mrite dtre amliore ; La dmarche participative matrise par le personnel des projets nest pas encore approprie par les agents de ladministration lchelle locale ; Les quipes de terrain souffrent de moyens de fonctionnement leur permettant de raliser les activits prvues dans de bonnes conditions ; Le cadre de partenariat entre ONG/ADL et administration renforcer ; La ralisation des PDD, PDC nest pas toujours assure : frustration des populations. Les moyens humains et matriels des communes et des rgions en milieu rural doivent tre renforcs ; Le processus de suivi-valuation des projets et de leurs impacts est peu oprationnel : besoin de tester les indicateurs ; 110

Lintgration des actions au niveau central et au niveau local mrite dtre amliore ; Les procdures budgtaires demeurent un handicap majeur qui pse trs fortement sur la mise en uvre des actions prvues ; Certains projets manquent dtudes de base sur les ressources naturelles et humaines. La dfinition des actions damnagement nest pas toujours techniquement valable. Malgr les insuffisances identifies et qui mritent des efforts coordonns de la part de tous les acteurs, le Maroc est considr par les Nations Unies comme lun des pays touchs o un grand progrs est ralis dans la mise en uvre de lUNCCD.

6. Perspectives pour 20256.1. Besoin dun Programme National dInventaire et de Cartographie des Sols (PNICS)Le retard cumul par le Maroc en matire de connaissance des sols exige llaboration et la mise en uvre dun programme national dinventaire et de cartographie des sols. Ce vux a t exprim maintes reprises pour assurer la coordination des travaux entre les administrations concernes, suivre les ralisations et complter la connaissance dans les rgions du Sud et du Sud-Est. Actuellement les travaux de pdologie se font sans coordination, ni concertations entre les ministres et mme lintrieur du mme ministre. Les travaux se font au coup par coup selon les besoins des projets. Le PNICS a t inscrit comme priorit dans le Plan dAction National de lEnvironnement (PANE), mais jusqu prsent ne lui a t attribu. Les bailleurs de fonds considrent que linventaire des ressources en sol est une responsabilit de chaque tat. lhorizon 2025, il serait trs important que le Maroc complte linventaire des ses sols lchelle du 1/500 000, comme tape pralable pour des travaux plus dtaills selon les besoins. Le recours aux techniques spatiales et aux SIG permettra daller plus vite, de rduire les cots et darchiver les donnes sous format numrique.

6.2. Elments dune stratgie dintgration de la connaissance des sols pour lquilibre cologique, la durabilit des systmes de production, la scurit alimentaire et la lutte contre la dsertification.Les donnes recueillies travers les travaux du PNICS doivent tre mises la disposition de tous les utilisateurs potentiels. Les bases de donnes sol devront tre intgres dans des systmes de bases de donnes plus largie concernant lamnagement du territoire en gnral, le suivi de lenvironnement et le dveloppement agricole et rural. Une base de donnes sol centralise doit tre mise en place au niveau dun dpartement ministriel choisi. Ce dernier suivra, valuera et archivera les ralisations du programme national dinventaire et de cartographie des sols.

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6.3. Accord multipartite pour la prise de dcision concernant le problme de lurbanisation des terres agricoles.Lurbanisation des terres agricole haut potentiel de production, les terres plantes et de fort est un enjeu important pour le dveloppement humain du Maroc. Le foncier est sous pression suite aux fortes demandes par les diffrents oprateurs de dveloppement. Les responsabilits des diffrents acteurs concerns (ministre de lIntrieur, MADRPM, HCEFLCD, Amnagement du territoire, Urbanisme ...) doivent tre clairement dfinies. La seule promulgation de la loi 12-90 stipulant la prservation des terres agricole nest pas suffisante. Un accord multipartite dfinissant les responsabilits de chaque intervenant serait trs utile pour que les dcisions soient au service du dveloppement durable du pays.

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AnnexesAnnexe 1 : Carte SOTER du Maroc

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Units SOTER des zones pour lesquelles des tudes pdologiques sont disponiblesTerrain 1 1 1 2 3 4 5 6 6 6 6 6 7 7 7 7 7 8 9 10 11 18 18 18 19 19 20 20 21 21 Composant Ter- Composant Sol Code Attribut Forme du Relief rain Unit SOTER 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 4 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 2 3 1 1 1 1 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 1 1 1 1 1 2 3 1 2 1 2 1 2 1/11 1/12 1/13 2 3 4 5 6/11 6/12 6/13 6/14 6/15 7/11 7/12 7/13 7/14 7/15 8 9 10 11 18/11 18/12 18/13 19/11 19/12 20/11 20/12 21/11 21/12 LP LP LV LV SM LV LL TM TM SH LP LP LP LP LP LP LP LP LP LP SM SH LL SH LP LP LP Type de sol (1) Calcimagnesique Vertisol Sesquioxyde Peu volu drosion Peu volu drosion Calcimagnsique Peu volu dapport Isohumique Brunifi Vertisol Sesquioxyde Hydromorphe Calcimagnsique Sesquioxyde Vertisol Vertisol Hydromorphe Peu volu drosion Peu volu drosion Calcimagnsique Complexe Isohumique Calcimagnsique Vertisol Peu volu drosion Calcimagnsique Isohumique Peu volu drosion Isohumique Peu volu dapport

(1) : Voir lgende de la carte pour la nature du relief dominant (2) : Il sagit en fait dassociation de sols. Seul le sol dominant est indiqu.

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Units SOTER des zones nayant pas fait lobjet dtudes pdologiques.Terrain 12 12 13 14 15 15 16 17 22 23 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 36 37 38 39 Composant Ter- Composant Sol Code Attribut Forme du Relief rain Unit SOTER 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 2 1 1 1 2 1 1 1 1 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 2 1 1 1 12/11 12/12 13 14 15/11 15/12 16 17 22 23/11 23/11 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36/11 36/12 37 38 39 LL LL SM TM SM SM TM TM SM LV LV SM SM LL LL LL LL SM LP LL LL LL LL LL LL LP LV SH Type de sol (1) Complexe Complexe Complexe Complexe Complexe Calcimagnsique Complexe Complexe Complexe Complexe Complexe Complexe Complexe Complexe Complexe Complexe Complexe Complexe Complexe Complexe Complexe Complexe Peu volu drosion Peu volu drosion Peu volu drosion Complexe Calcimagnsique Complexe

(1) : Type de sol dominant dduits par interprtation des facteurs de pdogense. La plupart des Units complexes sont constitues des Sols Minraux Bruts et Peu Evolus Xriques

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Annexe 2 : Carte de sensibilit la dsertification des pays de lUMA

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