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COMPTE RENDU DES ÉCHANGES COMMUNAUTÉ DE PRATIQUES EN RÉINSERTION
SOCIALE – 27 OCTOBRE 2016 COMMUNAUTÉ DE PRATIQUE EN RÉINSERTION SOCIALE AU BAS-ST-LAURENT, 2ÈME
ÉDITION
UNE VISION RÉGIONALE DU DÉVELOPPEMENT DU POUVOIR D’AGIR
Évènement tenu le jeudi 27 octobre 2016, à l’Hôtel Rimouski, Rimouski
Compte-rendu réalisé par Aux Trois Mâts
À Rimouski, le 19 décembre 2016
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TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION 3
PARTICIPATION ET REPRÉSENTATION DES PERSONNES PRÉSENTES 5
DÉROULEMENT DE LA JOURNÉE 6
CAFÉ DU MONDE : SOMMES-NOUS INSÉRÉS SOCIALEMENT ? 7
QUESTION 1 : À QUOI RECONNAISSEZ-VOUS QUE VOUS ÊTES INSÉRÉ SOCIALEMENT ? 7
QUESTION 2 : AU COURS DE VOTRE VIE, QUELLES SONT LES CONDITIONS QUI ONT FAVORISÉ CETTE INSERTION
SELON VOUS ? 8
QUESTION 3 : QUELLES CONDITIONS FAVORISANT LA RÉINSERTION TRAVAILLEZ-VOUS DANS LE CADRE DE
VOTRE INTERVENTION / DE VOTRE ORGANISATION ? 8
ÉTUDE DE CAS : QUELS SONT LES INDICES D’UNE RÉINSERTION SOCIALE RÉUSSIE 9
CONFÉRENCE DE MÉLODIE MONDOR SUR LE DÉVELOPPEMENT DU POUVOIR D’AGIR EN
RÉINSERTION SOCIALE 10
PANEL INTERACTIF 13
CONCLUSION 15
ANNEXE 1 - COMPTE-RENDU INTÉGRAL DES DONNÉES AMASSÉES SUR LES INDICATEURS
D’INSERTION SOCIALE 16
QUESTION 1 - À QUOI RECONNAISSEZ-VOUS QUE VOUS ÊTES INSÉRÉ SOCIALEMENT ? 16
QUESTION 2 - AU COURS DE VOTRE VIE, QUELLES SONT LES CONDITIONS QUI ONT FAVORISÉ CETTE INSERTION
SELON VOUS ? 17
QUESTION 3 - QUELLES CONDITIONS FAVORISANT LA RÉINSERTION TRAVAILLEZ-VOUS DANS LE CADRE DE
VOTRE INTERVENTION / DE VOTRE ORGANISATION ? 18
ANNEXE 2 - ÉTUDE DE CAS : QUELS SONT LES INDICATEURS D’UNE RÉINSERTION SOCIALE
RÉUSSIE 19
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INTRODUCTION
Le premier rassemblement autour de la réinsertion sociale au Bas-Saint-Laurent, qui a eu
lieu le 22 octobre 2014, a été un franc succès. Les participants étaient alors repartis avec une
vision commune de la réinsertion sociale, de nombreux liens créés entre les organisations et une
volonté de réitérer l’événement. Voici pourquoi cette deuxième édition a été mise en place.
Pour cette occasion, le comité organisateur, composé de représentants de l’organisme Aux
Trois Mâts et de COSMOSS, a souhaité proposer une journée d’échange de pratiques à
dimension régionale, autour du développement du pouvoir d’agir en réinsertion sociale. La forme
d’une communauté de pratique a été privilégiée. Une communauté de pratique est un
regroupement de personnes qui partage leur expertise afin d’apprendre et de trouver des solutions
novatrices aux problématiques rencontrées dans leur pratique professionnelle. La journée se
voulait participative, laissant la place aux échanges entre les participants.
De plus, le comité organisateur a décidé de mettre en avant l’expérience des personnes
présentes. La notion d’indicateur a donc été utilisée tout au long de la journée pour alimenter les
échanges. Un indicateur peut être défini comme « une observation concrète qui permet
d’apprécier un phénomène qualitativement ou quantitativement à l’aide de données ou de
renseignements utilisés comme points de repère » (Avenir d’enfants, 2015).
La communauté de pratique en réinsertion sociale au Bas-St-Laurent s’est tenue le 27
octobre 2016 à Rimouski. Cet événement a rassemblé une soixantaine d’acteurs du milieu de la
réinsertion sociale représentant 29 organismes sur l’ensemble du territoire bas-laurentien. Cette
journée se voulait être un espace de formation, de réflexion et d’échanges de pratique sur le
thème de la réinsertion sociale pour les professionnels œuvrant auprès d’une clientèle vivant avec
des problématiques multiples.
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Ce compte rendu a pour objectifs de rassembler les informations récoltées lors des
nombreux échanges, d’en faire une synthèse et de diffuser l’évaluation de la journée. Vous
trouverez donc dans ce document, le résumé des contenus pour chacun des ateliers suivants :
1. Café du monde – Suis-je inséré socialement ?
2. Étude de cas – Quels sont les indices d’une réinsertion sociale réussie ?
3. Atelier-conférence de Mme Mélodie Mondor – Le développement du pouvoir d’agir
4. Panel interactif – La reprise du pouvoir dans le processus d’insertion sociale
Vous remarquerez à la lecture de ce compte rendu que pour chacun des ateliers,
l’information a été traitée de manière uniforme, vous trouverez d’abord une courte description de
l’activité et ensuite un résumé des éléments les plus souvent soulevés par les participants pour
chaque atelier. Nous vous rappelons que le compte rendu intégral des échanges se retrouve en
annexe au document. Les informations ont toutes été classées en fonction du nombre de
participants qui les ont nommées et elles ont été rapportées telles qu’elles ont été inscrites sur les
« grandes feuilles ». Des catégories ont été créées au meilleur de notre compréhension pour
rassembler et organiser les informations.
Nous tenons à remercier chacune des personnes présentes pour leur généreuse
participation, leur enthousiasme à échanger et leur implication personnelle dans la réussite du
colloque.
Par souci d’alléger le texte, le terme « réinsertion sociale » a été choisi. Il est tout de
même important de mentionner que les organismes présents travaillent également en insertion /
intégration / inclusion sociale, tout dépendant des personnes, des missions et des problématiques
visées.
Bonne lecture !
Le comité organisateur du colloque
Michel St-Pierre, Noak Bouchard, Anne Bernier, Mélodie Mondor, Cindy Nadeau, Louis-Antoine
Corbin, Rémi Méthot, Lucie Morin et Ludovic Décoret
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PARTICIPATION ET REPRÉSENTATION DES PERSONNES PRÉSENTES Le tableau suivant présente la répartition des organismes participants selon les MRC du
Bas-St-Laurent. Au total 65 personnes ont participé au colloque, réparties en 29 organismes
différents. Nous observons donc une grande variété d’organisations chez les partenaires présents
et une multitude de missions différentes desservant plusieurs types de clientèle. (Jeunes 18-24
ans, personnes vivant avec un problème d’alcoolisme et de toxicomanie, personnes judiciarisées,
personnes isolées ou vulnérables…etc.)
Comme le démontre la figure ci-bas, chaque MRC du Bas-St-Laurent était représentée à
l’événement. L’aspect régional de la communauté de pratique a permis une fois de plus aux
différents partenaires d’avoir des échanges riches et diversifiés.
Répartition des participants par MRC
Mitis 2
Rimouski-Neigette 9
Matapédia 8
Matanie 2
Rivière-du-Loup 1
Basques 1
Témiscouata 2
Bas-St-Laurent (mission régionale) 14
Multi MRC 14
Total 65 personnes présentes
53 participants d’organismes
10 animateurs et organisateurs
29 organismes
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DÉROULEMENT DE LA JOURNÉE
Voici un aperçu du déroulement global de la journée.
Heure Programmation de la journée
8h45 Accueil et inscription
9h15 Introduction
9h30 Activité d’amorce : Café du monde : Sommes-nous insérés socialement ?
10h30 Pause
10h45 Étude de cas : Quels sont les indices d’une réinsertion sociale réussie ?
12h Dîner sur place
13h15 Atelier-conférence avec Mélodie Mondor : Développement du pouvoir d’agir
14h30 Pause
14h45 Panel interactif : Reprise de pouvoir dans le processus d’insertion sociale
15h30 Plénière de conclusion : Que souhaitez-vous ramener dans votre pratique ou
dans votre organisation ?
15h45 Évaluation et clôture
16h Cocktail sans alcool
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CAFÉ DU MONDE : SOMMES-NOUS INSÉRÉS SOCIALEMENT ?
Cette première activité avait pour objectifs de démarrer la journée, de permettre aux
participants d’échanger avec d’autres personnes qu’ils ne connaissent pas et de dégager des
premières réflexions sur les indicateurs de réinsertion sociale.
Le café du monde est une méthode simple et rapide qui permet en peu de temps de créer
une construction commune autour d’un thème. Il favorise et stimule une ambiance de partage
entre les participants d’un groupe ou d’une assemblée et permet à toutes les visions de
s’exprimer, pour avoir une grande richesse d’informations. Les participants sont répartis en sous-
groupe de discussion de sept personnes. Trois rondes de discussions leur sont proposées, avec
une question par ronde et 10 minutes de discussion. Entre chaque ronde, les participants doivent
changer de sous-groupe et aller vers des personnes qu’ils n’ont pas encore rencontrées. Un
animateur est présent pour faciliter les discussions. Ce « brainstorming dirigé » a l’avantage de
mettre tous les participants sur la même longueur d’onde et de favoriser les rencontres entre les
personnes qui ne se connaissent pas.
Cette activité de partage des visions de chacun était divisée en trois sous-questions. Les
principaux éléments nommés sont présentés plus bas. Plusieurs autres conditions ont été
nommées pour chaque question. Elles se retrouvent en annexe à ce document (voir annexe 1).
QUESTION 1 : À QUOI RECONNAISSEZ-VOUS QUE VOUS ÊTES INSÉRÉ SOCIALEMENT ?
Cette première question, impliquant la vie personnelle des participants, avait pour but
d’identifier des indicateurs de réussite d’une réinsertion sociale.
Les indicateurs les plus souvent nommés étaient les suivants :
Avoir un réseau social et pouvoir parler et se faire comprendre
Avoir un sentiment d’appartenance et se sentir inclus
Se sentir utile et pouvoir s’impliquer
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Pouvoir développer de bonnes habitudes de vie
Équilibrer les différentes sphères de mon quotidien
Être connu et reconnu dans ma communauté.
QUESTION 2 : AU COURS DE VOTRE VIE, QUELLES SONT LES CONDITIONS QUI ONT FAVORISÉ
CETTE INSERTION SELON VOUS ?
L’objectif de cette question était de permettre aux participants d’identifier les conditions
qui leur ont permis de se sentir insérés socialement.
Les conditions favorisant l’insertion sociale les plus souvent nommées sont :
Capacité d’introspection
Confiance et estime
Curiosité et respect pour l’autre.
Avoir un bon réseau social
Être entouré de personnes significatives
QUESTION 3 : QUELLES CONDITIONS FAVORISANT LA RÉINSERTION TRAVAILLEZ-VOUS DANS LE
CADRE DE VOTRE INTERVENTION / DE VOTRE ORGANISATION ?
Cette question visait à amener les participants à partager les expériences vécues au sein de
leur organisme ou dans leur pratique d’intervenant.
Les principales conditions favorisant la réinsertion nommées dans cet atelier étaient :
Accompagner (les clients ou utilisateurs de service) dans le respect de la personne et de
son rythme
Aider les gens à se connaître et à s’outiller,
Faire vivre des expériences, des stages, de la pratique aux personnes utilisatrices
Voir le potentiel de chacun
S’investir et y croire, accueillir
Éviter le jugement
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Les résultats du Café du Monde permettent de constater que malgré le fait que les
indicateurs de réinsertion sociale et les conditions étaient d’abord abordés sous l’angle personnel,
les éléments nommés rejoignaient également la réalité des personnes que les intervenants
accompagnent. Aussi, de nombreux participants étaient étonnés de voir que les informations
nommées par l’ensemble des personnes présentes étaient semblables de table en table. Malgré la
diversité des organisations, des personnes visées et des missions, on constate une réelle vision
commune de la réinsertion sociale. La richesse des discussions, la qualité du contenu et la facilité
à échanger sur les différentes questions témoignent de l’engagement et de la passion des
personnes présentes à cet événement.
ÉTUDE DE CAS : QUELS SONT LES INDICES D’UNE RÉINSERTION SOCIALE
RÉUSSIE
Cette activité avait pour objectifs de permettre aux participants d’identifier des indicateurs
de réinsertion sociale à partir de situations vécues et d’échanger sur leurs pratiques. D’abord, les
personnes présentes étaient invitées à identifier, dans leur dernier mois de travail, une personne
fréquentant leur organisation qui a réussi à s’insérer/s’intégrer/se réinsérer socialement. Ensuite,
les participants répondaient aux questions suivantes :
o À quoi le reconnaissez-vous (indicateurs) ?
o Qu’est-ce qui a favorisé cela dans votre intervention ? Chez cette personne ? Dans
votre organisation ? Avec vos organismes partenaires ?
o En choisir un qui vous semble majeur à partager aux autres membres de votre
groupe
Pour terminer, en sous-groupe, chaque personne présentait les éléments qu’elle avait
identifiés puis sélectionnait un indicateur permettant de reconnaître une réinsertion sociale réussie
et ce qui a favorisé cet indicateur. Une carte mentale, permettant de schématiser les discussions et
illustrer les liens entre les idées, était ensuite créée à partir des échanges de chacun des sous-
groupes.
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Huit cartes mentales ont été réalisées. Encore une fois, de nombreux éléments communs
se retrouvent dans les réflexions des sous-groupes. Ainsi, le thème du retour à l’emploi et du
maintien de celui-ci et du retour à un cheminement scolaire représentaient les éléments les plus
souvent nommés au sujet des indicateurs d’une réinsertion sociale réussie. Également, que la
personne vive des expériences positives lui apportant de la fierté et de la confiance et qu’elle
développe plus d’autonomie, qu’une diminution de l’intensité des interventions soit observée.
Finalement, un des indicateurs les plus souvent nommés était que la personne possède un réseau
social et qu’elle soit ouverte aux autres.
CONFÉRENCE DE MÉLODIE MONDOR SUR LE DÉVELOPPEMENT DU
POUVOIR D’AGIR EN RÉINSERTION SOCIALE
Mélodie Mondor a donné une conférence intitulée Soutenir le développement du pouvoir
d’agir des personnes et des communautés. Inspirée de deux chercheurs québécois ayant travaillé
sur les fondements conceptuels et applications cliniques de l’empowerment, elle a présenté la
définition, les concepts clés et les composantes de cette approche, de plus connue comme
l’approche centrée sur le développement du pouvoir d’agir (DPA).1
Définitions et concepts clés de l’empowerment
Le développement du pouvoir d’agir (DPA) est la traduction française de l’expression
empowerment. Ces deux expressions désignent à la fois le processus et le résultat par lequel une
personne ou une collectivité acquiert la capacité d’exercer un pouvoir sur ce qui est important
pour elle, ses proches ou pour la communauté à laquelle elle s’identifie. Le développement du
pouvoir d’agir s’inscrit dans le courant des approches d’intervention centrées sur les forces qui
conçoivent le changement à partir d’une perspective humaniste, démocratique et interactive. Au
plan individuel, l’empowerment correspond au processus d’appropriation d’un pouvoir d’agir par
une personne. Au plan collectif, il repose sur l’acquisition, par un groupe, de la capacité
d’influencer des décisions, des processus et/ou d’induire des changements (sociaux, politiques,
économiques) vers une société plus juste et égalitaire.
1 Le contenu de la conférence est largement inspiré des ouvrages suivants : Ninacs, W. (2008). Empowerment et intervention, Développement de la capacité d’agir et de la solidarité. Québec : Presses du l’Université Laval, 140 p. Le Bossé, Y. (2012). Sortir de l’impuissance, Invitation à soutenir le développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités. Québec : ARDIS, 327 p.
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Les principes de base de l’empowerment
Les individus et les collectivités ont le droit de participer aux décisions qui les concernent;
Les compétences requises sont déjà présentes (ou le potentiel pour les acquérir existe);
Une personne ou une communauté ne peut pas faire le cheminement pour une autre;
Le processus d’empowerment s’appuie sur la participation volontaire et repose sur elle (elle
ne peut pas être forcée).
Les composantes du processus d’empowerment
Les composantes du processus d’emporwerment individuel sont la participation, les
compétences, l’estime de soi et la conscience critique. C’est la présence et surtout l’interaction
dynamique de toutes les composantes dans le processus qui comptent pour que se développe le
pouvoir d’agir. L’empowerment communautaire implique des composantes similaires soit, la
participation, les compétences, la communication et le capital communautaire. Il est à noter que
les organisations agissent à l’intersection des personnes et des communautés. Leur rôle est donc
essentiel afin de favoriser l’empowerment dans une communauté. Pour ce faire, les organisations
peuvent offrir des espaces de participation, permettre la formation de leur personnel, valoriser le
développement de compétences et d’une plus grande conscience critique sur les enjeux locaux et
leurs arrimages macrosociaux.
Les pratiques sociales sont en crise
L’augmentation de la demande de services sociaux combinée à la diminution des
ressources publiques leur étant allouées met à l’épreuve nos modèles de pratiques traditionnels.
Dans ce contexte, les praticiens et praticiennes du social peuvent vivre tout autant d’impuissance
que les personnes avec qui ils interviennent.
Les différentes postures adoptées par les professionnels face à l’origine de la souffrance
des gens ont une influence sur leurs pratiques. Alors que la logique individuelle d’adaptation
porte le risque de psychologiser à outrance les difficultés vécues par les personnes et à leur faire
porter toute la responsabilité de leurs problèmes, la logique de critique sociale sous-évalue bien
souvent les dimensions personnelles de ces derniers.
L’approche centrée sur le développement du pouvoir d’agir attribue pour sa part la
souffrance des gens à une détérioration de leur rapport à l’action dans des contextes qui
apparemment, ne le permettent pas ou plus. La posture transactionnelle adoptée par l’approche
centrée sur le DPA établit des liens constants entre personnes et contextes dans l’analyse des
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problématiques vécues et propose de réunir les conditions de restauration du rapport à l’action
des personnes et des collectivités. L’approche centrée sur le développement du pouvoir d’agir
propose l’affranchissement et non l’adaptation aux problèmes vécus. Voilà la préposition à
laquelle LeBossé nous convie afin de sortir de l’impuissance vécue tant au plan individuel que
collectif.
Favoriser le développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités
LeBossé (2012) propose un modèle à 4 axes afin d’analyser nos pratiques dans une
perspective de développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités :
Favoriser l’empowerment sur différents plans dans nos communautés
Auprès des personnes : En innovant dans l’intervention auprès des personnes. Pour ce faire, il
est nécessaire d’adopter des approches participatives et d’impliquer les personnes concernées
directement dans la réflexion sur leurs besoins (formulés sous forme de DEMANDE) et la
réponse à ces derniers;
Dans les organisations : En favorisant des pratiques organisationnelles soutenant les
intervenantEs de 1ère
ligne comme acteurs agissant à l’intersection des personnes et des
communautés. En favorisant la continuité de services, le réseautage intersectoriel et la
formation du personnel;
Dans les communautés : En favorisant l’analyse des contextes locaux d’intervention et en
soutenant le développement d’offres de services intégrées adaptées aux contextes locaux;
Dans la société : En adaptant les politiques publiques et programmes sociaux aux réalités
locales, notamment par la représentation politique.
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PANEL INTERACTIF
Cette dernière activité avait pour objectifs de permettre aux participants d’échanger selon
les éléments nommés dans la journée, de partager leur vécu dans leurs organisations et
d’identifier des pistes d’améliorations possibles face à la situation actuelle. Le déroulement
proposé était le suivant : 5 chaises étaient disposées au milieu de la salle et 4 personnes y
prenaient place au début de l’activité. Par la suite, une discussion libre autour de 3 questions était
proposée et à tout moment, une personne pouvait venir s’asseoir sur la chaise restante. Une autre
personne du groupe devait ensuite quitter la discussion pour laisser place au nouvel arrivant. Les
trois thèmes proposés étaient formulés sous forme de questions aux participants :
Quelles sont les convergences et les différences entre les utilisateurs de service et les
intervenants concernant le développement du pouvoir d’agir ?
Parmi les conditions en place pour favoriser le développement du pouvoir d’agir, quelles
sont celles à maintenir et celles à questionner ?
Quelles seraient les autres conditions à mettre en place dans les organisations pour
favoriser encore plus le développement du pouvoir d’agir ?
Les discussions autour du premier thème mettent en évidence que le rapport n’est pas
toujours égalitaire entre les intervenants et les utilisateurs de service. Un lien de confiance est à
créer entre les deux et il est important de se rappeler que nous sommes humains avant tout. Sortir
de sa zone de confort, se mettre en danger et favoriser le rapprochement sont des attitudes à
privilégier pour créer ce lien. Ainsi, en tant qu’intervenant, ne pas présumer des besoins des
personnes venant chercher des services est un principe majeur. La pauvreté doit être prise au sens
large.
Bien que les attentes envers ces personnes soient louables, elles ne sont pas toujours
réalistes compte tenu du parcours, des capacités ou tout simplement de leur projet. Il faut bien
être conscient du courage dont doivent faire preuve certains utilisateurs de service. S’appuyer sur
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leurs réussites, faire preuve de patience et de beaucoup d’humilité ont été nommé comme des
principes de base lors des échanges.
Les conditions à maintenir et à mettre en place pour favoriser le développement du
pouvoir d’agir dans les organisations se rejoignaient lors du panel. Tout d’abord, il convient
d’accepter de revoir les façons de faire. Pour cela, les commentaires des utilisateurs sont très
utiles et doivent être reçus positivement, même si cela peut déstabiliser ou remettre en doute un
outil. Maximiser l’expertise de l’équipe est également un élément intéressant, car les intervenants
peuvent être un regard très pertinent pour adapter les pratiques. Avoir toujours en tête que la
notion de plaisir est importante, autant pour les utilisateurs que pour les intervenants, car il est
facile de rester centré sur la recherche de solution à des problématiques, au détriment du lien
humain.
L’approche AVEC et la recherche-action « aller du bord de l’exclusion » présentent des
stratégies intéressantes pour faire de la place aux compétences des personnes utilisatrices de
service et leur offrir des opportunités de les mettre en pratique. Pour cela, faire preuve de
créativité en ne perdant pas de vue ce dont les personnes ont besoin est un élément
incontournable pour chaque organisation et chaque intervenant. Enfin, avoir accès à du coaching
clinique et un programme d’aide aux employés permettrait de soutenir les intervenants travaillant
avec des personnes en démarche de réinsertion sociale.
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CONCLUSION
Pour terminer, nous tenons encore une fois à souligner la participation exceptionnelle de
toutes les personnes présentes à la communauté de pratique 2016 et surtout à remercier chacun
pour la richesse des échanges et la générosité de leur implication. Ce type d’événement demande
un engagement important et personnel dans le partage de nos réalités propres contrairement à
d’autres événements où les informations viennent surtout de conférences ou d’intervenants
extérieurs. Nous tenons également à remercier chaleureusement les partenaires financiers
qui ont permis d’accomplir cet événement : Desjardins, Emploi-Québec, COSMOSS, le
CISSS Bas-St-Laurent et la Ville de Rimouski.
L’évaluation très positive de la journée souligne bien l’importance d’un tel événement
autour du thème de la réinsertion sociale au Bas-St-Laurent. La grande majorité des répondants
sont satisfaits de tous les éléments de la journée. De plus, les objectifs sont atteints selon les
répondants, en particulier ceux d’échanger avec d’autres participants, de se réseauter,
d’approfondir la réflexion sur le DPA et l’identification d’indices permettant d’identifier une
réinsertion sociale réussie. Les commentaires positifs sont nombreux et témoignent de la
satisfaction des participants.
Ainsi, 89 % des répondants à l’évaluation (soit 34 personnes) souhaitent participer à une
prochaine communauté de pratique. Nous sommes donc déjà impatients de vous convier à la
troisième édition de cet événement pendant l’année 2018.
Pour de plus amples renseignements, nous vous invitons à communiquer avec Aux Trois
Mâts au (418) 725-2541 ou sans frais au 1-855-325-2541 ou encore par courriel au
Au plaisir de vous revoir !
Le comité organisateur
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ANNEXE 1 - COMPTE-RENDU INTÉGRAL DES DONNÉES AMASSÉES SUR LES
INDICATEURS D’INSERTION SOCIALE
QUESTION 1 - À QUOI RECONNAISSEZ-VOUS QUE VOUS ÊTES INSÉRÉ SOCIALEMENT ?
Catégories de réponses Nombre de
mentions
Avoir un réseau social et pouvoir parler et se faire comprendre X13
Avoir un sentiment d’appartenance et me sentir inclus X12
Me sentir utile et pouvoir m’impliquer X11
Développer de bonnes habitudes de vie et équilibrer les différentes
sphères de ma vie
X10
Être connu et reconnu dans ma communauté X9
Me connaître et pouvoir être moi-même X7
Me sentir accepté des autres X5
Participer aux événements de ma communauté et aux lieux communs X5
Pouvoir me mettre en action et me surpasser X5
Avoir un travail et aimer mon emploi X4
Connaître les ressources et services et pouvoir aller chercher de l’aide au
besoin
X4
Avoir des habiletés interpersonnelles dans un contexte formel et
informel
X2
Autres : Vivre l’expérience du changement, avoir du plaisir et savoir que
je suis toujours en évolution
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QUESTION 2 - AU COURS DE VOTRE VIE, QUELLES SONT LES CONDITIONS QUI ONT FAVORISÉ
CETTE INSERTION SELON VOUS ?
Catégories de réponses Nombre de
mentions
Ma curiosité et mon respect pour l’autre X17
Ma capacité d’introspection, ma confiance et mon estime X15
Avoir un bon réseau social et être entouré de personnes significatives X13
Support de la famille X10
Ma capacité d’adaptation et ma résilience X9
Des conditions socio-économiques favorables X5
Avoir une bonne hygiène de vie et besoins de base comblés X5
Avoir un sentiment d’appartenance X5
Des études et un parcours scolaire facilitant X4
Pouvoir prendre des risques et relever des défis X4
M’impliquer dans ma communauté X4
Avoir une expérience de vie X3
Mes habiletés sociales et ma personnalité X3
Avoir des loisirs que j’aime X2
Vivre dans un bon climat social X2
Apprivoiser la solitude X2
Appartenir à un groupe identitaire X2
Autres : L’autonomie, les voyages, la religion, la séduction,
responsabilités dans mes emplois, les réseaux sociaux
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QUESTION 3 - QUELLES CONDITIONS FAVORISANT LA RÉINSERTION TRAVAILLEZ-VOUS DANS LE
CADRE DE VOTRE INTERVENTION / DE VOTRE ORGANISATION ?
Catégories de réponses Nombre de
mentions
Accompagner dans le respect de la personne et de son rythme X14
Aider les gens à se connaître et les outiller X14
Faire vivre des expériences, des stages, de la pratique X9
Voir le potentiel de chacun et s’investir et y croire X8
Créer un lien de confiance significatif X7
Accueillir et éviter le jugement X6
Favoriser l’autonomie et le pouvoir d’agir de la personne X6
Écouter les besoins X6
Travailler les compétences relationnelles X5
Se réseauter et faire des références directes X5
Créer un lieu d’appartenance sécuritaire X4
Égalité dans la relation X4
Adapter son langage et réfléchir avec l’autre X3
Viser le plus petit pas possible X3
Faire un plan d’action X2
Agir dans leur milieu de vie X2
Faciliter l’accessibilité X2
Autres : Faire de la défense de droit, connaître le rapport de la personne à
la structure, aspect motivationnel, psychoéducation, zoothérapie, travail
en groupe et en individuel, faire confiance à son propre bagage
d’intervenant
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ANNEXE 2 - ÉTUDE DE CAS : QUELS SONT LES INDICATEURS D’UNE
RÉINSERTION SOCIALE RÉUSSIE
Catégories de réponses Nombre de mentions
Obtention et maintien d’un emploi, sortir de l’aide sociale X13
Retour aux études X9
Vit des expériences positives, fierté et confiance dans les démarches X8
Autonomie, diminution de l’intensité des interventions et responsabilité X8
Avoir un réseau social, ouverture aux autres X8
Avoir un projet, avoir des objectifs concrets X6
Besoins bien évalués, et réinvestissement des acteurs X5
Rétablissement, utilise ses outils thérapeutiques X5
Capable d’échanger avec les autres, parle ouvertement de lui X4
Implication dans l’équipe de travail, crée des liens et sentiment
d’appartenance
X4
Reprend un rôle dans sa communauté, s’approprie son milieu X2
Meilleur contrôle de ses dépendances et de ses habitudes de vie X2
Reste en appartement X2
Répond à ses besoins de base et a une apparence saine X2
Autres : Baisse de l’anxiété, de l’inquiétude et plus de plaisir, la
personne accepte mon aide et se déplace pour recevoir le service