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Rapport pays Août 2020 Alimentation et agriculture Mots clés : Petits exploitants agricoles, intensification durable de l’agriculture, adaptation au changement climatique, recherche-action Compromis dans l’intensification durable de l’agriculture Études de cas dans deux villages du Burkina Faso W.C. Alex-Fabrice Zongo, Mary Allen, Hié Batchéné, Tsuamba Bourgou, Hamadé Sigué et Georges Zomboudré

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Page 1: Compromis dans l’intensification durable de l’agriculturel’intensification durable et à en bénéficier au Burkina Faso, en Éthiopie, au Ghana, au Malawi, en Tanzanie et en

Rapport pays Août 2020

Alimentation et agriculture

Mots clés :Petits exploitants agricoles, intensification durable de l’agriculture, adaptation au changement climatique, recherche-action

Compromis dans l’intensification durable de l’agricultureÉtudes de cas dans deux villages du Burkina Faso

W.C. Alex-Fabrice Zongo, Mary Allen, Hié Batchéné, Tsuamba Bourgou, Hamadé Sigué et Georges Zomboudré

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À propos du projetSITAM (Intensification durable : Les équilibres nécessaires à la gestion agricole) était un projet de recherche-action qui visait à clarifier la manière dont les petits exploitants agricoles en Afrique gèrent les équilibres établis entre la production, la durabilité et d’autres facteurs socioéconomiques et environnementaux.

À propos de nos bailleurs de fondsLe projet SITAM était financé par le programme Recherche et apprentissage sur l’agriculture intensive durable en Afrique (SAIRLA). Ce programme était financé par le Département britannique pour le développement international, et administré par WYG International Ltd et l’Institut des ressources naturelles de l’Université de Greenwich. Le programme SAIRLA visait à générer des données scientifiques et à concevoir des outils, permettant aux gouvernements, aux investisseurs et à d’autres acteurs essentiels de mettre en œuvre des politiques et des investissements plus efficaces pour l’agriculture intensive durable. L’objectif était de renforcer la capacité des agriculteurs pauvres, en particulier des femmes et des jeunes, à pratiquer l’intensification durable et à en bénéficier au Burkina Faso, en Éthiopie, au Ghana, au Malawi, en Tanzanie et en Zambie.

RemerciementsCe rapport est basé sur des informations collectées par Amado Kouila, Clémentine Nioula, Thiamba Namoano, Fatoumata Douna et Abdoul Wahab Zombra ; avec nos remerciements à toute l’équipe.

Informations sur les auteursW.C. Alex-Fabrice Zongo, INERA, Burkina FasoMary Allen, Practical Action Consulting, SénégalHié Batchéné, ANSD, Burkina FasoTsuamba Bourgou, Groundswell International, Burkina FasoHamadé Sigué, INERA, Burkina FasoGeorges Zomboudré, INERA, Burkina Faso

ANSD (Burkina Faso)L’Association nourrir sans détruire est une organisation d’appui au développement rural qui contribue au développement socioéconomique des populations marginalisées. Elle aide ces dernières à combattre l’insécurité alimentaire.

Groundswell International (États-Unis)Groundswell est un partenariat mondial d’organisations de la société civile, d’ONG et de personnes-ressources en Afrique, en Amérique latine et en Asie. Il renforce les communautés rurales dans la création et la diffusion de systèmes alimentaires et agricoles sains.

IIED (Royaume-Uni)L’Institut international pour l’environnement et le développement promeut le développement durable en liant les priorités locales aux défis mondiaux.

INERA (Burkina Faso)L’Institut de l’environnement et de recherches agricoles est l’organisation nationale du Burkina Faso en charge de la recherche agricole et environnementale.

Practical Action Consulting (Sénégal)Practical Action applique des solutions de développement à petite échelle peu coûteuses et appropriées en vue d’aider les populations à résoudre leurs difficultés.

Publié par l’IIED, août 2020

Zongo, WCA, Allen, M, Batchéné, H, Bourgou, T, Sigué, H, et Zomboudré, G (2020) Compromis dans l’intensification durable de l’agriculture : études de cas dans deux villages du Burkina Faso. IIED Country Report. IIED, London.

http://pubs.iied.org/14677FIIED

ISBN 978-1-78431-820-8

Cette publication a été examinée conformément à la politique d’examen par les pairs de l’IIED, qui définit un processus rigoureux, documenté et responsable. Les examinateurs étaient Dr Isabelle W. P. DABIRE de INERA / CREAF-K et Dr Hamet Aly SOW de Practical Action Afrique de l’Ouest. Pour plus d’informations, voir www.iied.org/research-excellence-impact.

Les infographies ont été réalisées par Kate Lines, www.katelines.co.

International Institute for Environment and Development 80-86 Gray’s Inn Road, London WC1X 8NH, UKTel: +44 (0)20 3463 7399Fax: +44 (0)20 3514 9055www.iied.org

@iied www.facebook.com/theIIED

Téléchargez d’autres publications sur http://pubs.iied.org

L’IIED est une organisation caritative enregistrée en Angleterre, Charity No.800066 et en Écosse, le règlement OSCR n° SC039864 et une société limitée par une garantie enregistrée en Angleterre sous le numéro 2188452.

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Les petits exploitants agricoles du Burkina Faso sont confrontés à un défi constant : choisir entre de nombreux objectifs sociaux, économiques et environnementaux, souvent concurrents, tout en répondant aux attentes d’intensifier leurs pratiques agricoles de manière durable et de produire « plus avec moins ». Les agriculteurs gèrent cette situation en faisant des compromis, en choisissant et en hiérarchisant les objectifs en fonction de la situation du ménage et en mettant en balance les gains de productivité/financiers immédiats et les objectifs à long terme.

Ce rapport présente les résultats du projet SITAM, qui a étudié comment les agriculteurs du Burkina Faso gèrent ces compromis. Il tire des conclusions et des recommandations sur ce que le gouvernement national et infranational peut faire pour soutenir des choix plus durables au niveau des exploitations agricoles au Burkina Faso.

ContenuSummary — English translation 5

Résumé 10

1 Introduction 15

Récapitulatif des activités menées 16Présentation de la zone d’étude 18

2 Principaux résultats issus de l’étude de base 19

Bolontou, commune rurale de Tibga, province du Gourma 19Pognankanré, commune rurale de Bilanga, province de la Gnagna 19Principaux résultats de l’étude quantitative des ménages 20

3 Perception de la durabilité chez les agriculteurs 22

Dimension environnementale 22Dimension économique 23Dimension sociale 23

4 Gérer des objectifs concurrents ou compatibles : compromis et synergies 27

Définitions et cadre 27Compromis au niveau de la ferme et du ménage 27Synergies au niveau de la ferme et du ménage 37

5 Portraits de deux ménages 38

Ménage 8 38Ménage 10 39

6 Formulation et validation des messages clés 46

Entretiens directs 46Processus de formulation des messages clés 47Processus de communication de la note politique 47

7 Recommandations – messages clés 49

8 Conclusion générale 51

Bibliographie 52

Annexes 53

Annexe 1 Politique des pesticides (herbicides, fongicides, insecticides) au Burkina Faso 53Annexe 2 Caractéristiques principales des ménages – ressources foncières et sécurité alimentaire (enquête quantitative) 54Annexe 3 Caractéristiques principales des ménages – main-d’œuvre et intrants (données qualitatives) 55Annexe 4 Caractéristiques principales des ménages – tendances de production (données qualitatives) 56Annexe 5 Outils d’étude de cas 57Annexe 6 Principales caractéristiques des exploitations familiales au Burkina Faso 58

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ACP Analyse en composante principale

ANSD Association Nourrir sans Détruire

CES Conservation des eaux et des sols

CILSS Comité Inter-États de Lutte contre la Sécheresse au Sahel

CPF Confédération paysanne du Faso

CPSA Coordination des politiques sectorielles agricoles

CR Cadre régional

CSP Comité Sahélien des Pesticides

CVD Conseil villageois de développement

DRS Défense et restauration des sols

FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture

IDA Intensification durable de l’agriculture

INERA Institut de l’environnement et de recherches agricoles

INSD Institut de la statistique et de la démographie

MARH Ministère de l’Agriculture et des Ressources halieutiques

MARP Méthode active de recherche et de planification participative (voir PRA)

OCADES Organisation catholique pour le développement et la solidarité

ONG Organisation non gouvernementale

PIB Produit intérieur brut

PNSR Programme national du secteur rural

PRA Participatory rural appraisal (voir MARP)

RNA Régénération naturelle assistée

SAIRLA Sustainable Agricultural Intensification Research and Learning in Africa

SITAM Sustainable intensification : trade-offs for agricultural management (Gestion des compromis pour une intensification durable de l’agriculture)

SONAGESS Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire

Abréviations

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SummaryBurkina Faso is one of the countries of the Sahel whose population growth is strong, with an economy highly dependent on agriculture. The country is characterised by rain-fed subsistence farming. Agriculture, though highly dependent on the vagaries of nature, is emerging as the sector through which development can potentially be rapid and inclusive. However, the country is struggling to eradicate poverty and ensure food security as well as adequate incomes for rural households. The vast majority of the poor live in rural areas and are food producers.

To address rural poverty, innovations in terms of productive farming techniques are needed that will increase farm productivity and household incomes. State technical services and numerous NGOs are involved in promoting a whole range of farming techniques on smallholder farms and working to strengthen producer organisations and market access. However, despite the different approaches used to develop rural areas, poverty has been persistent.

Various interventions to increase agricultural productivity and incomes have failed to significantly improve the sustainability of the agricultural production system at scale. This is partly due to the fact that actors are struggling to identify and take into account the main factors that influence sustainable intensification of agriculture (SIA), in a wider livelihood context. Therefore, the SITAM research project (Supporting smallholder farmers’ decision-making: Managing trade-offs and synergies for sustainable intensification) sought to understand how/why smallholder farmers manage trade-offs and synergies within SIA. The objective was to increase the understanding of governments in the target countries and their development partners working in the agricultural sector, so that the agricultural policies are built on the real aspirations of rural agricultural households which pursue concurrently, three interrelated objectives — economic, environmental and social.

The SITAM research project ran from July 2016 to December 2019 and focused on two rural communes with contrasting levels of accessibility (easy and difficult) both in the Eastern Region of Burkina Faso, namely Bilanga commune in the province of Gnagna and Tibga commune in the province of Gourma. The research methodology included: a review of livelihoods and production systems in the two communes; identification of economic, social and environmental indicators of SIA with local actors; a quantitative survey of 138 households selected at random from eight villages (four

per commune); longitudinal case studies of selected households in two villages, one from each of the two communes; a series of workshops and meetings with actors at commune and regional levels to share findings and develop and refine recommendations; publication of a policy brief and meetings with key actors in Fada N’Gourma (regional capital) and Ouagadougou (capital of Burkina Faso) to present and discuss the key messages.

The household case studies were carried out between February 2018 and May 2019 in the villages of Bolontou (Tibga commune) and Pognankanré (Bilanga commune). The project tracked farm operations closely in 12 farm households — six per village — to understand how they manage the trade-offs and synergies inherent to SIA and how they allocate scarce resources to different strategies.

The household is defined here as the family unit working on the same field(s) and sharing the resulting food/cereal stocks (eating from the same granary). During household case studies and interviews the following seven main trade-offs were identified:

• Trade-off 1: save time and effort by using herbicides to control weeds VS take more time to weed manually (or not weed at all) thus preserving fodder and the quality of other natural resources (water, soil, air);

• Trade-off 2: use fungicides to treat seeds before sowing and industrial insecticides to treat crops against predators (insects, rodents) VS not using chemicals to treat seeds and crops and thus protecting livestock and especially poultry, who might consume them;

• Trade-off 3: increase the area of land under cultivation to increase the level of crop production VS preserve grazing areas and/or manage accessto grazing in order to increase levels of livestock production;

• Trade-off 4: leave crop residues in the field for cattle to feed on and for the physical protection of the soil VS remove residues for livestock feed and/or compost production (used to fertilise fields) VS remove crop residues to provide fuel for cooking;

• Trade-off 5: Plough all fields using bullock (bovine) traction (regardless of soil type) to save time and effort VS plough light soils using donkey traction or hoe them by hand, to protect them against erosion;

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• Trade-off 6: Use family labour for farm operations VS use family labour for off-farm livelihood options (including sending children to school; and

• Trade-off 7: Sell crops to buy other basic goods and services VS keep the entire harvest to maximise household food security.

The case studies made it clear that all households can call on two sources of labour — either the family members or via reciprocal arrangements with other households. All households sow their crops by hand. Soil preparation is mainly via donkey or bullock ploughing, with or without soil and water conservation and restoration measures. The majority of households are in a transition from hoe to plough and few households use only animal traction on all their fields. Most households use local seeds that they save from their own production after harvesting. In addition to local seeds, seven out of twelve households report using improved seeds. However, the sources of supply of the improved seeds are varied and sometimes unreliable. Also, improved seeds are not systematically renewed by households as frequently as recommended by researchers. The local seeds that they use are usually selected for their adaptability to the environmental context (including drought tolerance) but also according to household food preferences.

Trade-off analysis helped to understand the context in which households evolve in terms of services they receive, climatic conditions, and so on. Farm households allocate resources according to the availability of factors of production, but also according to their objectives. The objectives of agricultural households are:

1. Food security: the ability to produce or acquiresufficient quantity of preferred foods throughout theyear;

2. Social cohesion: living peacefully with neighbours,social reputation;

3. Income: to support food security (1 above) and tomeet other basic needs of the household; and

4. Quality of the Environment: water resources,biomass, biodiversity, and so on.

The majority of farming households express faith in the future of agriculture. They practise both agricultural production and animal production. Very little chemical fertiliser is used. Livestock production contributes to soil fertility management, but also enables farmers to accumulate assets that can be sold in time of need. Livestock is the single most important source of income for most households, except those with significant remittances.

Two case studies are presented in detail to illustrate the diversity of farming households in the study area, their different socio-economic situations and food security

outcomes. While both households contain five people aged 12 and over, one (Household 10) is considered relatively well-off, ploughs all its land (2.5 hectares (ha) of home fields) using animal traction and can produce sufficient food for 12 months. The other (Household 8) is considered “poor”, does not own a plough or atraction animal and despite cultivating more land (3.75ha of home and bush fields) has to do so mostly by handand can only produce sufficient food for 5-8 months ofthe year.

The head of Household 10 lived in Ivory Coast for a while, has two children in off-farm paid employment and is putting his other children through school. He hopes his children will return one day to farming but only by choice (for pleasure). No adult member of Household 8 has ever been to school and the two children are below school age. Household 8 feels there is a good future to be had in farming, provided they use the soil and water conservation technologies and can gain access to fertilisers and improved seeds. Household 10 would like to produce more high-quality compost but, faced with water shortages, prioritises its use for domestic consumption and livestock.

Policy recommendations for the promotion of SIA on smallholder, family farms were developed through a process of interaction with other rural development actors. Each recommendation describes the strategy to be adopted and the actors which need to be involved in implementation. Adoption of the recommendations will help to create a more favourable environment for SIA and, as a result, will stimulate an integrated approach to poverty reduction for smallholder, family farmers.

The recommendations formulated through this process were then summarised into the following four key messages.

To accelerate the transition to sustainable intensification of agriculture, it is necessary to:

1. Act on the mechanisms to access inputs by:targeting support to smallholder farmers to acquireagricultural equipment (semi-mechanical) adaptedto their needs; strengthening rural advisory servicesso that each village has a farmer able to train theirpeers in soil and water conservation/restorationand other techniques; and supporting smallholderfarmers to adopt integrated management of soilfertility not only via mineral fertilisers (micro-dosage)but also, and especially, as a result of subsidies fororganic fertilisers and (as a function of the agro-ecological zone) certain soil and water conservation/restoration techniques that require a lot of labour;

2. Reconcile the twin objectives of crop andlivestock production by: implementing local landtenure charters which permit communities andlocal government bodies to secure and managecommunity grazing areas in a participatory and

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consensual way; strengthening household capacity (technical and material) to add value to biomass for use as livestock feed; and integrating production of animal feed (forage) into the habits of agricultural households;

3. Stop the use of non-approved herbicides by:strict application of the laws on pesticide use andestablishing mechanisms for citizens to denounceinfractions (village watch brigades) in collaborationwith local authorities; improving access to approvedproducts while raising awareness in communitiesof the risks of incorrect use and providing trainingfor farmers to use and handle them safely; andsupporting farmers in integrated pest controlincluding promoting the production and use of bio-pesticides; and

4. Improve the availability of water and itsmanagement — thus reducing the time andeffort to meet domestic and livestock needs andfacilitating the production of good quality compost— by: improving the rate of coverage of waterneeds in each village (number of water points anddischarge); and identifying and promoting localsystems for good management of run-off water(impluviums, water holes, market garden wells, andso on).

In conclusion, the results of the study indicate that current agricultural policies and interventions, while responding to the immediate economic needs of smallholder farmers, do not adequately take into account long-term environmental and social objectives. To change this, the State and its partners need to reorganise the system of subsidies and technical support in order to help smallholder farmers to invest in their livelihood capitals and adopt farming practices that have long-term benefits. These reorientations could include long-term engagements in integrated soil fertility management, improved management of run-off water, integrated pest management, appropriate pro-environmental mechanisation and establishing local technical advisory services to support processing of agricultural produce.

Even without this support a growing number of farmers have already adopted certain practices which contribute to the intensification of their agricultural production, in order to adapt to ongoing natural resource degradation and climate change. The challenge is to orient this intensification towards a Pareto-optimal equilibrium, in which long-term environmental impacts are identified and internalised. It seems inappropriate to expect smallholder farmers to make enlightened choices which take into account issues of sustainability, whilst agricultural policy continues to focus on “short-term gains” in its choice of projects or programmes.

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COMPROMIS DANS L’INTENSIFICATION DURABLE DE L’AGRICULTURE

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RésuméLe Burkina Faso, situé au cœur de l’Afrique occidentale, fait partie des pays du Sahel ayant une forte croissance démographique et une économie extrêmement dépendante de l’agriculture. Le pays est caractérisé par une agriculture de subsistance de type pluvial. L’agriculture, bien que fortement dépendante des aléas de la nature, se révèle être le secteur pouvant permettre un développement rapide et inclusif. Cependant, le pays peine à éradiquer la pauvreté alimentaire et monétaire. En effet, la grande majorité des pauvres vivent en milieu rural et sont des producteurs vivriers.

Pour faire face à la pauvreté rurale, des innovations en termes de techniques culturales se révèlent nécessaires pour améliorer la productivité et le revenu des ménages. C’est ainsi que les services techniques étatiques et de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) se sont engagés dans la promotion de plusieurs techniques agricoles auprès des ménages agricoles et de diverses stratégies de renforcement des organisations de producteurs et d’accès au marché. Cependant, malgré les différentes approches utilisées à cet effet, la pauvreté persiste.

En effet, les différentes interventions ne sont pas parvenues à améliorer la productivité de manière significative et à grande échelle, à travers un système de production agricole durable. Cette situation est liée en partie au fait que les différentes interventions en faveur du développement rural prennent peu en compte les principaux facteurs qui influencent les prises de décision des ménages dans le cadre de l’intensification durable de l’agriculture (IDA). C’est pourquoi le projet de recherche SITAM — Gestion des compromis pour une intensification durable de l’agriculture — cherche à comprendre les motivations profondes et la manière dont les petits agriculteurs gèrent les compromis et les synergies dans le cadre de l’IDA. Cette initiative se veut un outil d’information pour l’État et ses partenaires en faveur de politiques agricoles bâties sur les aspirations réelles des ménages agricoles qui œuvrent à réaliser, d’une manière concourante, trois objectifs interdépendants sur les plans économique, environnemental et social.

Le projet de recherche SITAM s’est déroulé entre juillet 2016 et décembre 2019 dans deux communes rurales contrastées sur le plan de l’accessibilité (facile et difficile), toutes deux dans la région est du Burkina Faso. Il s’agit des communes de Bilanga (de la province du Gourma) et de Tibga (de la province de la Gnagna). La méthodologie de recherche a compris entre autres : une étude de base des systèmes de production et moyens

d’existence dans les deux communes ; la définition, avec des acteurs locaux, des indicateurs économiques, sociaux et environnementaux de l’intensification durable de l’agriculture (IDA) ; une enquête quantitative auprès de 138 ménages sélectionnés au hasard dans huit villages (quatre par commune) ; des études de cas longitudinales d’une sélection de ménages dans deux villages (un par commune) ; une série d’ateliers et de réunions avec des acteurs aux niveaux des communes et de la région pour partager les résultats et développer et valider les recommandations ; la publication d’une note politique et des rencontres avec des acteurs clés à Fada N’gourma (capitale régionale) et Ouagadougou (capitale du Burkina Faso) pour présenter les messages clés et permettre les échanges.

Les études de cas des ménages se sont déroulées entre février 2018 et mai 2019 dans les villages de Bolontou (commune de Tibga) et Pognankanré (commune de Bilanga). L’approche adoptée par le projet a consisté à suivre douze ménages agricoles de près à travers des études de cas à raison de six ménages par village, afin de comprendre comment ils gèrent les compromis et les synergies dans le cadre de l’IDA et comment se fait l’allocation des ressources limitées entre des stratégies différentes. Le ménage est ici défini comme étant l’unité familiale qui travaille sur le(s) même(s) champ(s) et partage le même grenier.

Les enquêtes ménages et les entretiens ont permis de répertorier les sept principaux compromis suivants :

• Compromis 1 : Économiser le facteur « travail » en utilisant les herbicides contre les mauvaises herbes VS prendre plus de temps pour désherber manuellement (ou ne pas désherber) et préserver le fourrage et la qualité des autres ressources naturelles (eau, sol, air) ;

• Compromis 2 : Utiliser les fongicides pour le traitement des semences avant le semis et des insecticides chimiques pour lutter contre les prédateurs (insectes/rongeurs, etc) de cultures VS ne pas utiliser de produits chimiques pour traiter les semences et les cultures en vue de protéger le bétail et surtout la volaille qui pourraient les consommer ;

• Compromis 3 : Augmenter la superficie des terres cultivées pour augmenter le niveau de production végétale VS sauvegarder les zones de pâture ou contrôler la charge sur les aires de pâture afin d’accroître la production animale ;

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RAPPORT PAYS DE L’IIED

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• Compromis 4 : Laisser les résidus de récolte dans le champ pour l’alimentation du bétail et la protection physique du sol VS enlever les résidus de récolte pour l’alimentation du bétail ou la production de compost (fertilisation des champs) VS enlever les résidus pour fournir de l’énergie pour la cuisine ;

• Compromis 5 : Labourer les champs avec la traction bovine (sans tenir compte du type de sol) pour gagner du temps/économiser les efforts VS labourer les sols légers à la traction asine ou manuellement afin de les protéger contre l’érosion ;

• Compromis 6 : Utiliser la main-d’œuvre pour la production agricole VS utiliser la main-d’œuvre pour des activités non agricoles (y compris la scolarisation des enfants) ; et

• Compromis 7 : Vendre des vivres pour acheter d’autres biens et services de base VS stocker l’ensemble de la récolte afin de maximiser la sécurité alimentaire du ménage.

Les animations ont permis de comprendre que tous les ménages ont pour source de main-d’œuvre la famille puis l’entraide sociale. Tous les ménages pratiquent des semis manuels. La préparation des sols est surtout le labour à la charrue asine ou bovine, accompagné ou non d’autres aménagements (Conservation des eaux et des sols, Défense et restauration des sols – CES/DRS). La majorité des ménages remplacent progressivement les outils manuels comme la pioche, la daba, etc, par la charrue à traction animale. Peu de ménages pratiquent purement la traction animale sur l’ensemble des champs. La plupart des ménages utilisent les semences locales provenant de leurs propres récoltes. Outre les semences locales, sept ménages sur douze disent utiliser des semences améliorées. Cependant, les sources d’approvisionnement de ces semences améliorées sont variées et parfois non fiables. Par ailleurs, les semences dites améliorées ne sont pas systématiquement renouvelées par les ménages dans les délais préconisés par la recherche. Les semences locales utilisées sont généralement sélectionnées en fonction de leur adaptabilité au contexte environnemental (y compris leur tolérance à la sécheresse), mais aussi des préférences alimentaires des ménages.

L’analyse des études de cas a permis de comprendre les contextes dans lesquels les ménages évoluent sur le plan des services dont ils bénéficient, des conditions climatiques, etc. Les ménages agricoles allouent les ressources en fonction de la disponibilité des facteurs de production, mais aussi des objectifs visés. Les objectifs des ménages agricoles sont les suivants :

1. La sécurité alimentaire : c’est-à-dire la capacité de produire ou de se procurer des quantités suffisantes de nourriture souhaitable tout au long de l’année ;

2. La cohésion sociale : c’est-à-dire la vie en commun, la réputation sociale ;

3. Le revenu : pour soutenir la sécurité alimentaire et pour subvenir aux autres besoins de base du ménage ; et

4. La qualité de l’environnement : notamment les ressources en eau, biomasse, biodiversité, etc.

La plupart des ménages agricoles ont foi en l’avenir de l’agriculture. Ils mènent à la fois une production agricole et une production animale. L’engrais chimique est très peu utilisé. La production animale contribue à la gestion de la fertilité des sols, mais elle permet aussi aux ménages d’accumuler des biens qui peuvent être vendus au marché pour subvenir aux besoins. L’élevage est la source de revenus la plus importante pour les ménages, à l’exception de ceux qui reçoivent des transferts de fonds importants de la part de membres de la famille en dehors du village.

Deux études de cas sont présentées en détail pour illustrer la diversité des ménages agricoles dans la zone d’étude, leurs différentes situations socio-économiques et les résultats sur le plan de la sécurité alimentaire. Alors que les deux ménages concernés comportent cinq personnes âgées de douze ans et plus, l’un d’entre eux (ménage 10) est considéré comme relativement « riche », laboure toutes ses terres (2,5 hectares de champs de case) en utilisant la traction animale et peut produire suffisamment de nourriture pour douze mois. L’autre ménage (ménage 8) est considéré comme « pauvre », ne possède pas de charrue ou d’animal de traction et malgré la plus grande superficie de ses champs (3,75 hectares de champs domestiques et de brousse), l’exploitation est principalement manuelle et ne produit suffisamment de nourriture que pour cinq à huit mois de l’année.

Le chef du ménage 10 a vécu en Côte d’Ivoire pendant un certain temps. Il a deux enfants dans un emploi non agricole rémunéré et scolarise ses autres enfants. Il espère que ses enfants retourneront un jour à l’agriculture, mais uniquement par choix (pour le plaisir). Aucun membre adulte du ménage 8 n’a jamais été scolarisé et les deux enfants n’ont pas atteint l’âge scolaire. Le ménage 8 pense qu’il y a un bon avenir dans l’agriculture, à condition d’utiliser les technologies de CES et d’avoir accès aux engrais et aux semences améliorées. Le ménage 10 aimerait produire plus de compost de haute qualité, mais face aux pénuries il utilise l’eau principalement pour la consommation domestique et l’élevage.

En interaction avec les acteurs du développement rural, des recommandations clés de politique agricole pour une IDA au sein des petits exploitants familiaux ont été formulées et consolidées. Les recommandations décrivent la stratégie et responsabilisent les acteurs de la mise en œuvre. Leur application pourrait créer

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des conditions favorables à une IDA et, de ce fait, stimuler la lutte intégrée contre la pauvreté au sein des exploitations agricoles familiales et des ménages ruraux. Les recommandations ainsi formulées se résument en quatre messages clés.

Pour accélérer la transition vers une intensification durable de l’agriculture, il est nécessaire de :

1. Agir sur les mécanismes d’accès aux intrants à travers : l’accompagnement spécifique des petits exploitants agricoles pour l’approvisionnement en matériels agricoles (semi-mécaniques) adaptés à leurs besoins ; le renforcement du dispositif de services de conseil afin de mettre à disposition, dans chaque village, des producteurs-formateurs en aménagements CES/DRS et autres techniques ; l’accompagnement des petits exploitants agricoles pour une meilleure gestion intégrée de la fertilité des sols, non seulement par les engrais minéraux (microdosage), mais surtout par la subvention des fertilisants organiques et, en fonction des zones agroclimatiques, par certains aménagements CES/DRS à haute intensité de main-d’œuvre.

2. Concilier les deux objectifs de production végétale et animale à travers : la mise en œuvre des chartes foncières locales permettant aux communautés et aux collectivités de sécuriser et de gérer des espaces communautaires de pâturage de manière participative et consensuelle ; le renforcement des capacités techniques et matérielles des ménages pour leur permettre de valoriser la biomasse pour alimenter le bétail ; l’intégration de la production du fourrage dans les habitudes des ménages agricoles.

3. Freiner l’utilisation des herbicides non homologués à travers : l’application rigoureuse de la loi portant contrôle des pesticides tout en mettant en place des mécanismes de veille citoyenne (brigades de veille) en collaboration avec les collectivités ; l’amélioration de l’accès aux produits homologués tout en sensibilisant les communautés sur les risques de l’utilisation abusive de tels produits et en assurant la formation des producteurs

pour leur emploi adéquat ; l’accompagnement des exploitants dans la lutte intégrée contre les ravageurs des cultures, y compris la promotion de la production et de l’utilisation des biopesticides.

4. Améliorer la disponibilité et la gestion de l’eau, afin de réduire la corvée pour satisfaire les besoins domestiques et de l’élevage et permettre la production de compost de bonne qualité à travers : une amélioration de la couverture des besoins en eau par village (nombre de points d’eau et débit) ; le recensement et la promotion des systèmes locaux de gestion rationnelle des eaux de ruissellement (impluviums, boulis, puits maraîchers, etc).

En conclusion, l’étude permet de constater que les politiques et les interventions agricoles actuelles répondent aux objectifs économiques immédiats des exploitants familiaux, mais ne prennent pas suffisamment en compte les objectifs environnementaux et sociaux à long terme. Pour y parvenir, l’État et ses partenaires devraient réorganiser les subventions et les appuis techniques afin d’aider notamment les petits exploitants à s’investir également dans des actifs et à adopter des pratiques avantageuses à long terme. Ces réorientations pourraient inclure des engagements à long terme en matière de gestion intégrée de la fertilité des sols, une meilleure gestion de la rationalisation des eaux de ruissellement, la lutte intégrée contre les ravageurs, la mécanisation appropriée pro-environnementale et la mise en place de services techniques de proximité pour soutenir la transformation des produits agricoles.

Malgré ce manque de soutien, de plus en plus d’agriculteurs adoptent déjà quelques pratiques allant dans le sens de l’intensification de leur production agricole pour s’adapter à la dégradation des ressources naturelles et au changement climatique. Le défi consiste à orienter cette intensification vers un équilibre Pareto-optimal, dans lequel les impacts environnementaux à long terme sont définis et internalisés. Il semble inapproprié de s’attendre à ce que les petits agriculteurs fassent des choix éclairés qui tiennent compte de la durabilité, alors que la politique agricole continue de mettre l’accent sur les « gains à court terme » dans le choix des projets/programmes.

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COMPROMIS DANS L’INTENSIFICATION DURABLE DE L’AGRICULTURE

14 www.iied.org

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RAPPORT PAYS DE L’IIED

www.iied.org 15

1 Le projet SITAM1 — Gestion des compromis pour une intensification durable de l’agriculture — est l’un des projets du Programme de recherche et apprentissage de l’intensification durable de l’agriculture en Afrique, SAIRLA2. Il a été mis en œuvre au Burkina Faso, au Ghana et au Malawi durant la période 2016-2019. Le présent rapport s’est principalement focalisé sur des études de cas à Bolontou (dans la province du Gourma) et Pognankanré (dans la province de la Gnagna), dans la région est du Burkina Faso.

Le projet visait à déterminer les facteurs qui influencent les décisions des ménages à allouer ou non les ressources à l’agriculture et à formuler, sur cette base, des recommandations aux décideurs pour la formulation de politiques agricoles. Le but étant d’instaurer une IDA qui tienne compte des défis et opportunités auxquels font face les petits exploitants, en particulier les agriculteurs pauvres et les agricultrices, dans la gestion des compromis entre production, durabilité et autres facteurs socio-économiques et environnementaux.

Avant les études de cas sur les ménages, une étude sur les systèmes agricoles et moyens de subsistance

1 SITAM : Supporting smallholder farmers’ decision-making : Managing trade-offs and synergies for sustainable intensification, https://www.iied.org/trade-offs-sustainable-intensification2 SAIRLA : Sustainable Agricultural Intensification Research and Learning in Africa, https://sairla-africa.org/

dans les sites de l’étude avait été faite, suivie d’une enquête quantitative sur les ménages pour évaluer leurs performances selon une gamme d’indicateurs de l’IDA.

Les études de cas sur les ménages avaient pour objectif de comprendre comment différents ménages et différents membres au sein des ménages percevaient et envisageaient l’IDA et, en particulier, ce qui influençait les décisions des agriculteurs qui établissent des compromis et des synergies. Comme le montre la Figure 1 ci-dessous, cela concerne « l’étape 4 » de SITAM, qui consiste à « analyser en profondeur les perceptions des petits exploitants agricoles ». Les ménages sélectionnés pour les études de cas ont été choisis à dessein parmi les ménages de l’enquête quantitative, afin de représenter un degré de risque faible.

Le travail sur le terrain a été effectué par le personnel de l’Association Nourrir sans Détruire (ANSD), partenaire du SITAM, appuyé par un chercheur de l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA). La formation initiale et le support technique ont été assurés par l’IIED et Practical Action.

Introduction

1. Comprende lecontexte et lesstratégies desubsistance

3. Typologie desménages(enquête

quantitative)

2. Identificationdes indicateurs

pourl’intensification

durable del’agriculture

4. Études des casde producteurs

pour comprendreleurs perceptionset leurs prises de

décisions

Figure 1 Étapes de recherche SITAM

Page 16: Compromis dans l’intensification durable de l’agriculturel’intensification durable et à en bénéficier au Burkina Faso, en Éthiopie, au Ghana, au Malawi, en Tanzanie et en

COMPROMIS DANS L’INTENSIFICATION DURABLE DE L’AGRICULTURE

16 www.iied.org

Il est particulièrement intéressant de comprendre, sur la base des réponses des différentes catégories de ménages d’agriculteurs, la convergence ou la divergence de leurs perceptions de l’IDA, et les divers facteurs qui influent sur leurs décisions en la matière. La démarche a pris en compte les perceptions des femmes et des jeunes (en tant que décideurs clés ou observateurs exclus du processus décisionnel), ainsi que les obstacles spécifiques qu’ils rencontrent pour progresser vers une intensification durable.

Les résultats des études de cas ont permis de formuler des recommandations spécifiques sur la manière de promouvoir efficacement l’intensification durable de l’agriculture auprès des petits exploitants agricoles du Burkina Faso. Le processus de formulation et d’amendement des recommandations clés a été interactif et a pris en compte les acteurs du développement rural, depuis la communauté jusqu’aux décideurs communaux, régionaux et nationaux. Les recommandations consolidées ont fait l’objet de multiples échanges entre les acteurs du développement rural.

Outre ses points forts, la présente étude a aussi des limites. En effet, certains ménages agricoles ont une connaissance limitée et une mémoire parfois défaillante de certaines questions agricoles, comme la politique agricole du gouvernement et son déroulement, les dates exactes de certains évènements marquants de l’exploitation familiale. De plus, la disponibilité de tous les membres des ménages lors des multiples entretiens n’était pas toujours garantie.

Le présent rapport résume les résultats des activités de recherche menées dans le cadre du projet de recherche SITAM. Il fait ressortir les principales recommandations de politique agricole formulées à l’issue des études de cas sur les ménages agricoles.

Récapitulatif des activités menées Le projet SITAM a été mené entre juillet 2016 et décembre 2019 et s’est focalisé sur deux communes contrastées en matière d’accessibilité (facilement et difficilement accessible) : Bilanga (Gnagna) et Tibga (Gourma), toutes deux dans la région de l’est du Burkina Faso.

Il s’est déroulé en dix étapes (activités) principales, à savoir :

1. Une analyse des systèmes de production et des moyens de subsistance menée par un consultant3

3 Rapport disponible ici : https://sairla-africa.org/resources/sitam-analysis-rural-livelihoods-farming-systems-and-resilience-burkina-faso/ 4 Rapport disponible ici : https://sairla-africa.org/resources/sitam-analysis-of-quantitative-household-survey-burkina-faso/

Des entretiens sur les moyens de subsistance durables avec des informateurs clés aux niveaux local et national ont été réalisés en février 2017. Les informations collectées ont été traitées selon le cadre des moyens d’existence durables de Carney (1998).

2. Une identification participative des indicateurs de l’intensification durable de l’agriculture (IDA) faite par l’INERA de l’Est et l’ANSD

Des indicateurs de l’IDA (économiques, environnementaux et sociaux) ont été développés conjointement par l’INERA de l’Est, l’ANSD et les acteurs locaux en février 2017.

3. Une enquête quantitative auprès des ménages réalisée par l’INERA de l’Est, l’ANSD et l’IIED

Une enquête quantitative sur un échantillon de 138 ménages choisis au hasard et répartis dans 8 villages a été faite en mai 20174.

Cette étude quantitative a permis la sélection de douze ménages pour les études de cas. Cette sélection s’est faite à partir d’une analyse en composante principale (ACP – Jolliffe et Cadima 2016) qui a permis d’agréger les indicateurs de l’IDA par ménage et de les classer selon le principe de Pareto en trois dimensions (économique, sociale et environnementale). L’ACP est une technique qui consiste essentiellement à relayer les données de plusieurs variables dans un axe X et Y normalisé, puis à établir de nouvelles variables en fonction des corrélations les plus fortes, afin de mieux indiquer les tendances générales. Le résultat est une ou deux composantes principales qui ne sont pas corrélées et qui devraient capturer la majorité de la variation présentée par les variables initiales. La règle générale lors de la réalisation d’une ACP consiste à inclure tous les composants principaux ayant une valeur propre supérieure à 1 et à exclure les autres. L’ACP est particulièrement utile pour l’intensification durable de l’agriculture, en raison du cadre qui divise les propriétés de l’intensification durable en de grandes dimensions.

La réalisation de l’ACP a permis d’attribuer un score à chacun des 138 ménages agricoles en fonction de la gamme de variables incluses. Les relations à deux variables d’intérêts ont été établies à l’aide des diagrammes de dispersion et du cadrage Pareto-optimal. Ces diagrammes ont été utilisés pour déterminer la performance relative (élevée/moyenne/faible) des ménages en termes de dimensions d’intensification durable.

4. Des études qualitatives sur les compromis/synergies de l’IDA réalisées par l’INERA est et l’ANSD auprès des douze ménages sélectionnés

Page 17: Compromis dans l’intensification durable de l’agriculturel’intensification durable et à en bénéficier au Burkina Faso, en Éthiopie, au Ghana, au Malawi, en Tanzanie et en

RAPPORT PAYS DE L’IIED

www.iied.org 17

Il s’agit de la phase principale de la recherche, qui a duré près de 16 mois. La collecte de données s’est réalisée au niveau de la communauté et au niveau des ménages dans chacun des deux villages. Les principaux outils utilisés étaient (a) des exercices participatifs au niveau de la communauté (9) et des ménages (14) pour collecter et traiter des informations et valider les conclusions émergentes ; et (b) des entretiens semi-structurés auprès d’un ou plusieurs membres des ménages. Chaque exercice et chaque entretien a été conçu autour d’un thème spécifique et l’ensemble a été organisé en phases programmées sur les 16 mois dans le but d’avoir une approche progressive de la collecte, l’analyse et la validation des données (voir Annexe 5 pour plus de détails). La visualisation a été utilisée pour orienter la discussion et permettre l’implication de tous les participants. Cette méthodologie a permis de cerner les facteurs contextuels et favorables (aux niveaux communautaires et national — y compris les interventions en matière de politique agricole) ainsi que les processus de prise de décision des ménages. La méthodologie de recherche s’appuie sur les expériences de l’approche PRA (Participatory rural appraisal) communément appelée MARP (Méthode active de recherche et de planification participative) en Afrique de l’Ouest. Le PRA est « une méthodologie utilisée dans les processus interactifs de développement social : c’est une manière d’apprendre des acteurs, avec les acteurs et par les acteurs ». Le PRA reflète les valeurs de l’ONG partenaire de l’ANSD impliquée dans cette recherche et permettait d’explorer le contexte complexe de la prise de décision par les ménages.

Lors des visites, les données antérieures ont été triangulées et toute différence, dans les pratiques ou les perceptions, entre hommes et femmes a été notée.

Les résultats de chaque exercice ont été documentés sous forme de récits et de tableaux pour présenter des informations quantitatives ou catégorielles. Les données ont ensuite été analysées en partant des catégories de compromis proposées par Musumba et coll. (2017). Il s’agit des catégories suivantes : (a) un domaine de durabilité (productivité, économie, environnement, humain et social), (b) comparaison de différents domaines, (c) comparaison de différentes échelles spatiales, (d) comparaison de différentes durées, et (e) comparaison de différents types d’agriculteurs (membres de la population). Une version simplifiée de ce format a également été utilisée pour les sessions de retour d’information et de validation dans les communautés5.

5 Un rapport des résultats initiaux des études de cas, produit en mai 2018, est disponible ici : https://sairla-africa.org/resources/sitam-initial-findings-from-household-case-studies-in-burkina-faso-may-2018/ 6 Le rapport intermédiaire SITAM Burkina Faso, publié en novembre 2018, est disponible ici : https://sairla-africa.org/resources/sitam-burkina-faso-interim-report-november-2018/

5. Production d’un rapport intermédiaire, SITAM Burkina Faso

Un rapport intermédiaire des résultats à mi-parcours des études de cas a été produit en novembre 2018. Ce rapport a fait ressortir le cadre de la présente recherche et les compromis, découlant des études de cas, auxquels les petits exploitants agricoles font face dans le cadre de la production agricole6.

6. Analyses supplémentaires – production des infographies

Plusieurs infographies ont été produites. Elles illustrent les caractéristiques socio-économiques des ménages par village.

7. Restitution des résultats des études et formulation des recommandations

De mars à juillet 2019, les résultats des études de cas ont été restitués aux acteurs au niveau des communes et ensuite de la région. À l’occasion, les résultats ont été vérifiés (triangulés) et des recommandations clés ont été formulées et consolidées.

8. Rédaction et communication de la note politique

D’août à novembre 2019, en interaction avec les acteurs, une note de politique agricole a été formulée. Les messages clés (recommandations) de cette note politique ont fait l’objet de communication et de partage principalement avec les acteurs du développement rural.

9. Rapport général SITAM Burkina Faso

Le présent rapport général est le rapport intermédiaire actualisé. Il a été produit en décembre 2019 et fait le récapitulatif des résultats de la mise en œuvre du projet SITAM Burkina Faso.

10. Atelier national de restitution des résultats du projet de recherche SITAM Burkina Faso

En février 2020 sera tenu l’atelier national de restitution des résultats du projet SITAM Burkina Faso. Cet atelier permettra de communiquer et d’harmoniser la compréhension des décideurs politiques (nationaux et régionaux) concernant les principales recommandations issues de la recherche. Il connaîtra principalement la participation des organisations paysannes et des organes en charge de la conception des politiques agricoles au Burkina Faso. Cet atelier vise une prise en compte desdites recommandations dans les politiques agricoles pour une IDA au sein des petits exploitants agricoles au Burkina Faso.

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COMPROMIS DANS L’INTENSIFICATION DURABLE DE L’AGRICULTURE

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Présentation de la zone d’étude Le Burkina Faso, situé au cœur de l’Afrique occidentale, figure parmi les pays du Sahel qui peinent à relever le défi de la sous-alimentation. Selon l’Institut de la statistique et de la démographie (INSD) 2015, le pays a enregistré une population d’environ 19 752 000 d’habitants7 et une croissance démographique de 3,1 %. Cette population est composée de 52 % de femmes et caractérisée par sa jeunesse et sa ruralité. Selon le Programme National du Secteur Rural 2 (PNSR2), le secteur rural (agriculture, élevage, environnement) a contribué à environ 32,46 % à la formation du produit intérieur brut (PIB) durant la période 2005–2015 et emploie environ 80 % de la population active. Le pays est caractérisé par une agriculture de type pluvial, dominée par des petites exploitations familiales et vivrières. La même source indique qu’au moins 86 % des pauvres (alimentaires ou monétaires) vivent en zone rurale et que 77,9 % des individus qui vivent sous le seuil de pauvreté sont des agriculteurs vivriers.

Les exploitations familiales, au lieu d’être une porte d’entrée efficace pour lutter contre la pauvreté alimentaire et économique, ont contribué à la perte de la fertilité des sols, du fait de leur vulnérabilité face au changement climatique et de la faiblesse des revenus des ménages agricoles limitant les initiatives de gestion durable des ressources naturelles8. En effet,

7 https://data.worldbank.org/country/burkina-faso?display=graph 8 Statistique MARH, 20089 https://fr.wikipedia.org/wiki/Bilanga_(d%C3%A9partement)

l’agriculture au Burkina Faso est lourdement influencée par l’irrégularité des pluies, la pauvreté des sols et le dysfonctionnement du marché. Selon la FAO, 20,7 % de la population du Burkina Faso était sous-alimenté en 2015 (FAO, 2015).

En milieu rural burkinabè, l’élevage (la production animale) constitue la seconde activité économique après l’agriculture (production végétale). Il est la principale source de revenus monétaires des ménages ruraux. Le paysage socio-économique du monde rural burkinabè a connu un changement ces dernières années. En effet, la quasi-totalité des ménages agricoles mène des activités de production à la fois végétale et animale. Le programme de recherche de SITAM s’est exécuté dans la région de l’est du Burkina Faso, comme le montre la carte 1 suivante. Il a couvert le village de Bolontou dans la commune rurale de Tibga (province du Gourma) et le village de Pognankanré dans la commune rurale de Bilanga (province de la Gnagna), tous deux dans la région de l’est du Burkina Faso.

La commune de Bilanga, qui a pour coordonnées GPS 120 33’ 00’’ Nord, 00 02’ 00’’ Ouest9, appartient à la zone soudano-sahélienne et a une pluviométrie irrégulière.

Les chefs-lieux des communes de Tibga et de Bilanga sont un carrefour d’échange de produits vivriers et de vente de bétail. La principale source de revenus monétaires est l’élevage, tandis que la principale source de sécurité alimentaire est l’agriculture.

Carte 1 Localisation de la région de l’est du Burkina Faso

Carte créée à l’aide de www.mapchart.net

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RAPPORT PAYS DE L’IIED

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Bolontou, commune rurale de Tibga, province du GourmaLa commune est caractérisée par cinq types de sol : des sols sableux (propices aux cultures du mil, du sorgho, de l’arachide, du niébé) ; des sols sablo-gravillonnaires (généralement non cultivés) ; des sols gravillonnaires (exploités pour le sorgho) ; des sols sablo-argileux dans les plaines (emblavés en maïs, mil et arachide) ; et des sols limoneux dans des bas-fonds (propices au riz, au maïs et au sésame). La végétation est caractérisée par un tapis herbacé dont les espèces les plus importantes sont : Diheteropogon amplectans, Eleusine indica, Andropogon pseudapricus et Andropogon gayanus.

L’ethnie mossi est majoritaire dans la commune, suivie de celle des Gourmantchés. La population autochtone est enracinée dans l’animisme. La religion musulmane se positionne au second rang. Les catholiques et les protestants y sont minoritaires.

Le flux migratoire dans la commune concerne surtout les jeunes et correspond à des mouvements internes (vers les centres commerciaux tels que Tibga) et externes (vers les sites d’orpaillage, dans la ville régionale de Fada N’Gourma). Pour ce qui est de la migration internationale, les jeunes s’orientent vers les pays voisins (surtout la Côte d’Ivoire) à la recherche d’emplois plus rémunérateurs.

La commune a pour principales cultures vivrières le mil, le sorgho, le niébé, le maïs, le riz, la patate douce et le voandzou. Les cultures de rente, qui sont des cultures secondaires, sont généralement le soja, l’arachide et

le sésame. La superficie moyenne exploitée dans la commune de Tibga est de quatre hectares par ménage. Selon l’étude de base sur les systèmes de production et les moyens de subsistance menée en 2017 dans le cadre du programme de recherche SITAM, la commune de Tibga a une taille moyenne de huit membres par ménage.

Pognankanré, commune rurale de Bilanga, province de la GnagnaLa commune a enregistré, ces dix dernières années, une pluviométrie moyenne de 723 mm/an. Elle est caractérisée par quatre types de sols : des sols argilo-sableux (les plus dominants et les plus pauvres) ; des sols brun-rouge et profonds (pour les cultures de contre-saison) ; des sols de bas-fonds (lourds et utilisables en cultures irriguées comme en cultures pluviales). Parmi les espèces agroforestières les plus présentes, il y a l’acacia (Acacia sp), le néré (Parkia biglobosa), le karité (Vittelaria paradoxum), le baobab (Adansonia digitata) et le tamarinier (Tamarindus indica).

Les gourmantchés constituent l’ethnie majoritaire de la commune de Bilanga. On y trouve des villages entièrement Gourmatchés. Le deuxième groupe dominant est l’ethnie peulh et le groupe minoritaire est l’ethnie mossi. L’animisme est la religion la plus pratiquée des populations autochtones. La religion musulmane se positionne au second rang. Les catholiques et les protestants sont minoritaires.

Les flux migratoires dans la commune concernent surtout les jeunes et correspondent à des mouvements internes (vers les centres commerciaux tels que Bilanga, Bogandé, Fada N’Gourma) et externes (vers

Principaux résultats issus de l’étude de base

2

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COMPROMIS DANS L’INTENSIFICATION DURABLE DE L’AGRICULTURE

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les sites d’orpaillage). Pour ce qui est des migrations internationales, les jeunes s’orientent vers les pays voisins (surtout la Côte d’Ivoire) pour chercher des emplois plus rémunérateurs.

La superficie moyenne exploitée est de 2,5 ha/ménage. La commune a pour principales cultures le mil, le sorgho, l’arachide, le riz irrigué et des cultures maraîchères. Selon l’étude de base sur les systèmes de production et les moyens de subsistance, la taille moyenne des ménages dans la commune de Bilanga est de douze membres/ménage.

Dans les communes, l’agriculture est pratiquée de façon traditionnelle et utilise principalement des outils manuels comme la daba, la houe, le coupe-coupe et la traction animale, telle que la charrue. La semence améliorée, bien qu’en partie subventionnée par l’État et des partenaires, reste peu utilisée dans les parcelles d’exploitation (Figure 2).

La terre est le premier facteur de production et appartient à des lignées d’autochtones. La femme mariée accède à la terre par l’intermédiaire de son mari, de la famille de son mari ou de sa famille biologique. Les migrants ont accès à la terre par emprunt à durée déterminée.

L’élevage est la principale source de revenus monétaires des ménages, viennent ensuite l’agriculture, le commerce et l’orpaillage. Le système d’élevage dans les deux villages est de type traditionnel. Les ménages agricoles y exploitent la force tractive des animaux de trait ainsi que leurs déjections. La main-d’œuvre pour ces deux grands sous-secteurs d’activités reste quasiment familiale dans les deux villages. Bolontou et Pognankanré bénéficient de l’encadrement des services étatiques et d’autres projets partenaires dont l’objectif commun est de lutter contre la pauvreté en milieu rural.

10 https://sairla-africa.org/resources/sitam-analysis-of-quantitative-household-survey-burkina-faso/

L’État, pour faire face à la pauvreté alimentaire, met en œuvre des politiques de subvention à la production et à la consommation en faveur des ménages démunis. En effet, les intrants agricoles ainsi que les vivres sont vendus à des prix sociaux aux ménages les plus pauvres pendant la période de soudure.

En somme, en raison des revenus faibles des ménages agricoles vivriers associés à la forte croissance démographique, on observe une dégradation des ressources naturelles dans les deux communes. Environ 57 % des ménages des deux communes (Bilanga et Tibga) sont en état de sous-alimentation.

Principaux résultats de l’étude quantitative des ménages10 L’étude quantitative des ménages a été menée sur 138 ménages, répartis dans 8 villages des deux communes d’intervention du projet SITAM.

Il ressort de cette étude que la taille moyenne des ménages agricoles est de 11 membres par ménage. Ces ménages, pour la plupart (71,7 %), n’ont bénéficié d’aucune formation. Seulement 13 % des membres de la population d’étude sont affiliés à des organisations ou associations paysannes. La grande majorité des ménages agricoles (soit 95,7 %) sont propriétaires terriens. L’agriculture est menée de façon manuelle (houe, daba, pioche, etc) et est semi-mécanisée (avec principalement l’utilisation de la charrue asine). La principale occupation des ménages est l’agriculture, et l’élevage est leur principale source de revenus monétaires.

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Affiche uniquement les tailles relatives des parcelles (pas leur disposition)

1

53

Min: 0.05

Max: 7.4ÉCHELLE (acres)

CLÉ

épandage des feuilles mortes/résidus de récoltes

défricher (coupe de buissons)brûlis

utilisation des herbicides

RNA/paillage de feuillesaucun des précédents

95

1

12

84

11

7

3

10

6

2

Pognankanré

Bolontou

Figure 2 Préparation des terres avant semis

Source: études de cas sur les ménages

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De façon générale, les ménages perçoivent assez bien les trois dimensions de la durabilité de l’IDA, à savoir environnementale, économique et sociale. La partie ci-dessous porte sur l’économie de la perception des ménages pour ces dimensions, dont l’équilibre est la situation souhaitée en IDA.

Dimension environnementaleDans les deux villages, les exercices communautaires font ressortir que les ressources naturelles se sont appauvries en qualité et en quantité à cause, entre autres, de la démographie galopante, des aléas climatiques, de la faible et mauvaise gestion des ressources (naturelles, matérielles et financières). Selon l’analyse des systèmes de production et des moyens de subsistance menée en 2017, les champs de brousse connaissent une dégradation plus remarquable que les champs de case. En effet, la brousse subit la pression agricole à travers le défrichement et l’extension des superficies exploitées. Les zones de pâture manquent de plus en plus de fourrage dû au fait que seules les terres agricoles dénudées et abandonnées sont disponibles pour le pâturage des animaux. Il faut aussi noter l’emploi des herbicides hautement toxiques comme le Gramoxone11, qui sont d’ailleurs interdits par le Comité Sahélien des Pesticides (CSP)12 et l’Union

11 Contient le Paraquat https://www.syngenta.ca/Productsdetail/Gramoxone12 http://www.insah.org/doc/liste_globale_pesticides_autorises_par_CSP_version_mai-2018.pdf 13 Classe OMS II : Insecticide / Fongicide : autorisé pour le traitement des semences du cotonnier et de maïs.

européenne. De plus, selon les données collectées dans le cadre du programme SITAM à l’échelle communale, les herbes pulvérisées au Gramoxone restent pendant un moment nocives pour les animaux qui les broutent. En outre, le produit peut se retrouver dans les eaux des mares à travers les ruissellements d’eau et l’érosion des sols. Selon les ménages, les fongicides comme le Calthio13 causent la mortalité des oiseaux et de la volaille qui mangent les semences traitées.

Les ménages perçoivent que la fertilité des champs de case s’est particulièrement améliorée grâce à un ensemble de nouvelles techniques culturales et d’apports en fertilisants (organiques et minéraux). En général, ils notent que la densité d’arbres dans les champs exploités s’est améliorée ces derniers temps avec la pratique de la régénération naturelle assistée (RNA). Cette technique est pratiquée sur au moins une partie de l’exploitation par onze des douze ménages de l’étude de cas (voir la Figure 2 pour plus d’informations sur les techniques de préparation des terres utilisées en 2018 par ménage et par champ). Alors que le nombre de têtes d’animaux a diminué globalement au cours des dernières années à Pognankanré, le nombre des animaux de trait, comme les ânes et les bœufs, s’est fortement accru.

Perception de la durabilité chez les agriculteurs

3

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Cette transition vers la culture attelée n’est pas cependant sans risques pour l’environnement. Par exemple, le ménage 10 explique : « Labourer avec les bœufs est rapide et remue la terre en profondeur pour un rendement agricole meilleur. Cependant, la traction bovine n’est bonne que pour les sols lourds. Si on laboure les sols légers avec les bœufs, cela accélère l’érosion du sol en cas de grosses pluies ».

Avec les nouvelles techniques de CES comme le zaï, le paillage des champs avec des feuilles mortes, les cordons pierreux, l’apport de fertilisants (fumier, compost et engrais minéral), etc (Figure 2), les ménages améliorent la fertilité des terres.

Dimension économiqueDe façon générale, les ménages perçoivent que les rendements agricoles ont connu une baisse au cours des cinq dernières années. Cependant, l’emploi des semences améliorées et locales à cycles courts, la microdose d’engrais chimique, les aménagements des champs en cordons pierreux ou en bandes enherbées, en zaï et parfois en demi-lunes sont cités comme des stratégies qui peuvent améliorer les rendements agricoles, surtout ceux du sorgho, du niébé et, dans une moindre mesure, du maïs et du sésame. Par exemple, le ménage 9 fait des tests expérimentaux de variétés de maïs dans ses champs avant d’adopter celles qui lui donnent plus de rendement agricole. Le même ménage estime que le Calthio, produit de traitement des semences contre les ravageurs, ralentit le développement des cultures et donc des rendements agricoles.

Les champs à proximité des cases sont plus productifs, car ils bénéficient davantage d’apports en fertilisants, comme les ordures ménagères, de même que d’apports en aménagements, comme le zaï, les cordons pierreux, etc.

Quant à la force de travail, la traction humaine à tendance à diminuer pour faire place à la traction animale. En effet, les jeunes les plus valides sont affectés par les flux d’émigration vers les centres commerciaux et les pays voisins comme le Niger et la Côte d’Ivoire (exemple du ménage 12). Les irrégularités et les arrêts précoces des pluies, l’insuffisance de matériels pour les aménagements des exploitations agricoles (comme le zaï, les demi-lunes, les cordons pierreux, etc), et les difficultés d’accès à l’eau pour la production du compost sont autant de limites à la productivité agricole.

La vaine pâture et la divagation des animaux endommagent souvent les cultures. Cependant, les propriétaires des champs ne sont pas très souvent dédommagés au nom des relations sociales (car les animaux appartiennent à d’autres ménages du même village ou d’un village allié). Au niveau de l’élevage, la

plupart des ménages de Pognankanré estiment que la rentabilité de l’élevage des ânes s’est accrue durant les cinq dernières années (double objectif : source de main-d’œuvre pour le labour et de revenus). Cependant, le nombre de têtes d’animaux est en baisse du fait qu’ils préfèrent vendre au fur et à mesure pour contourner les épidémies aviaires de la volaille, les infections intestinales du bétail surtout en saison pluvieuse, et l’insuffisance de pâturage et d’aliments pour le bétail. Les ménages accordent les meilleurs soins (traitements vétérinaires, alimentation) aux animaux de trait afin de les rendre plus rentables dans le labour. Les connaissances des ménages en valorisation des résidus de récolte et du fourrage pour le bétail sont très limitées à cause de l’insuffisance d’encadrement par les services vétérinaires. Pour prévenir les épidémies animales, il faut suivre un calendrier de traitements vétérinaires et donc avoir des moyens importants. Cet ensemble de difficultés fait que les investissements dans l’élevage se trouvent très limités alors qu’il est le principal pourvoyeur de revenus monétaires pour les ménages.

Dans l’agriculture comme dans l’élevage, on note un problème d’allocation des facteurs de production pour l’atteinte de rendements plus élevés. Cet état de fait paraît être en partie causé par les interventions non coordonnées des projets et surtout le faible encadrement des villages par des services agricoles et vétérinaires.

Dimension socialeAu niveau de la dimension sociale de l’agriculture, on note que tous les ménages (douze au total) associent les activités de culture et d’élevage et estiment que les deux sous-secteurs sont complémentaires (voir en Figure 3, les occupations principales des membres des douze ménages par sexe et par âge).

L’utilisation des produits comme le Gramoxone et le Calthio compromet la cohésion sociale entre ménages agricoles d’un même espace à cause des dommages qu’ils causent, surtout sur la santé des animaux. Par exemple le ménage 9 préfère employer les produits chimiques dans les champs de brousse plutôt que dans les champs de case. Pour lui, grâce à la distance qui sépare ces champs, le risque sur la santé des animaux est moindre lorsque ces produits chimiques sont utilisés dans les champs de brousse.

De façon générale, comme le montre la Figure 4 suivante, les ménages considèrent que la sécurité alimentaire, du point de vue de la quantité d’aliments, s’est améliorée au cours de ces dernières années (entre 2013 et 2017). Cependant, la saison pluvieuse de 2017 a été marquée par des poches relativement longues de sécheresse qui ont causé de mauvaises récoltes, surtout chez trois ménages.

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Pognankanré

Bolontou

CLÉagriculture

élève/étudiant

élevage

commerce

autres métiers

ne travaille pas

>6046–6026–4512–256–11

<6 (les deux sexes)

Chef de ménage

# Les numéros attribués aux ménages indiquent, par ordre, leur taille de population (1 = le plus grand ménage)

95

1

12

84

11

7

3

10

6

2

Figure 3 Structure et occupations des ménages par sexe et par âge

Source: études de cas sur les ménages

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Cette situation est liée à une amélioration des rendements agricoles du fait de l’adoption de nouvelles techniques culturales d’adaptation au changement climatique, mais aussi d’une pluviométrie relativement stable ces dernières années au Burkina Faso. Au cours des cinq dernières années, l’année 2017 a été particulièrement marquée par des poches de sécheresse et 2015 par une pluviométrie plus stable. Pour satisfaire les autres besoins de base du ménage (par exemple la scolarisation des enfants, les dépenses de santé), la plupart des ménages sont souvent obligés de vendre des produits agricoles comme le niébé, l’arachide et le sésame, mais surtout les animaux. Par exemple le ménage 9 ne peut se nourrir avec sa récolte que pendant une durée maximale de onze mois, mais il a vendu des céréales pour pouvoir subvenir à d’autres besoins urgents de son ménage.

Les femmes ont généralement accès aux champs les moins fertiles. De plus, leurs champs bénéficient de moins d’aménagement en gestion intégrée de la fertilité des sols. Cependant, les récoltes des femmes constituent une réserve non négligeable pour les ménages. Par exemple le ménage 8, en parlant de la saison 2017/2018, dit ceci : « Cette année, je suis pauvre en céréales et en animaux, alors que ma femme et ma belle-fille en ont. Je compte sur elles pour m’en sortir cette année ».

Sur les douze ménages, six parvenaient à couvrir leurs besoins alimentaires du point de vue de la quantité à partir de leurs propres récoltes en 2017–2018. Parmi les six ménages en situation d’insécurité alimentaire au moment de l’étude, quatre n’arrivaient à se nourrir que sur une période maximale de huit mois de l’année (voir la Figure 6).

Du point de vue de l’équité, en prenant en compte l’aspect genre, dans les deux communes, la femme possède des animaux au même titre que son mari. Les femmes des ménages monogames sont plus impliquées dans les instances décisionnelles que les femmes des ménages polygames. Cependant, les femmes des ménages polygames sont économiquement plus autonomes que celles des ménages monogames.

Bon nombre de ménages croient en l’avenir de l’agriculture, surtout avec les nouvelles techniques agroécologiques actuelles et les semences précoces. Cependant, ils préfèrent que leurs enfants aient l’opportunité de travailler ailleurs, dans des emplois plus rémunérateurs. Par exemple le ménage 10 dit ceci : « Je souhaite que mes enfants qui sont toujours à l’école trouvent un bon travail et que ceux qui sont fonctionnaires ne reviennent plus à l’agriculture sauf par plaisir, car l’agriculture nourrit peu son homme ».

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COMPROMIS DANS L’INTENSIFICATION DURABLE DE L’AGRICULTURE

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2017

2016

2015

2014

2013

95 128 117 1061 432

BolontouPognankanré

AU

CU

N

CLÉScore desécurité alimentaire

le plus grandle plus bas

Figure 4 Sécurité alimentaire : tendances par ménage (2013-2015)

Source: études de cas sur les ménages

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Définitions et cadrePour les besoins de ce projet, nous définissons un compromis comme « une situation dans laquelle on a à concilier (ou à choisir entre) plusieurs objectifs souhaitables, mais dans une certaine mesure incompatibles ». La gestion des compromis consiste à maximiser le niveau global de réalisation. Les synergies existent lorsque la réalisation d’un objectif améliore la réalisation d’un autre. La performance globale est plus grande que si les deux n’avaient pas été liés. Les stratégies de subsistance des agriculteurs ont pour objectif de maximiser les synergies et de minimiser les compromis, dans la limite des ressources disponibles (y compris leurs propres connaissances et compréhension).

Pour analyser les compromis, nous avons utilisé le cadre de Musamba et al. (2017) :

Compromis au niveau de la ferme et du ménageCompromis 1 : Économiser le facteur « travail » en utilisant les herbicides contre les mauvaises herbes VS prendre plus de temps pour désherber manuellement (ou ne pas désherber) et préserver le fourrage et la qualité des autres ressources naturelles (eau, sol, air)

Objectif économique à court terme :

• Obtenir une bonne récolte à l’année 1

• Économiser sur la main-d’œuvre à l’année 1

Objectif environnemental et économique à long terme :

• Protéger le support de production (terres) et les ressources naturelles (fourrage)

Données : enquête niveau village.

Gérer des objectifs concurrents ou compatibles : compromis et synergies

4

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En général, la saison pluvieuse s’installe tardivement en raison des changements climatiques. Elle est courte, ce qui fait que, dès les premières pluies, la préparation du sol et les semis s’enchaînent. Dans les champs fertiles, l’herbe est généralement en avance sur les cultures. Cette situation exige que le sarclage soit fait le plus tôt possible pour déraciner les mauvaises herbes. Les activités culturales comme la préparation du sol et les semis semblent être en concurrence avec l’émigration. De plus, la main-d’œuvre familiale est limitée du fait de l’émigration des jeunes actifs vers les grands centres.

Pour pallier l’insuffisance en main-d’œuvre, les ménages trouvent des herbicides chimiques qu’ils pulvérisent sur les herbes pour les anéantir. Ces produits pulvérisés tuent les herbes, mais affectent aussi le sol. L’efficacité des herbicides dépend aussi du niveau de dosage et du type d’herbe. Après une pulvérisation, le produit reste présent sur les feuilles des herbes pendant quelques jours, sauf en cas de survenue d’une forte pluie. Pendant la pluie, les résidus de l’herbicide pénètrent le sol et suivent les courants d’eau pour rejoindre les eaux de mares, les puits non protégés, etc.

Il existe deux types d’herbicides : les herbicides homologués et les herbicides prohibés, c’est-à-dire interdits par l’État burkinabè. Les herbicides homologués sont réputés être adaptés aux caractéristiques du climat et de la végétation du

Burkina Faso. Les herbicides prohibés sont jugés potentiellement toxiques pour le paysage burkinabè. Ce sont des produits importés des pays comme le Ghana et le Nigéria où ils sont approuvés. La pulvérisation avec les produits prohibés tels que le Gramoxone, tue rapidement les herbes. Or, de tels produits sont beaucoup plus toxiques que les produits homologués et encroûtent plus vite le sol en tuant les micro-organismes qui y vivent. La présence de micro-organismes est pourtant la preuve qu’un sol vit. Du point de vue environnemental, les herbicides dégradent la fertilité du sol sur une longue période. La conséquence de cet appauvrissement du sol est le manque de nutriments pour le développement des cultures et des herbes. Selon les deux communautés, l’emploi des herbicides (surtout interdits), sur des sols sans protection physique (comme les tapis herbacés), conduit à une baisse très sensible des rendements agricoles dans un délai moyen de trois ans. Cet ensemble de conséquences néfastes sur la fertilité du sol est l’une des causes de l’extension des superficies exploitées en vue de maintenir au moins le même niveau de production et donc la réduction de la jachère.

Jusqu’à ce que les herbes pulvérisées à l’herbicide soient lavées par une forte pluie, la présence de molécules d’herbicide sur les plantes constitue un poison pour les animaux et parfois les hommes.

Tableau 2 Catégories des compromis et synergies, avec exemples

CATÉGORIE DÉCISION EXEMPLE DE COMPROMIS

SYNERGIE POSSIBLE

Dans un même domaine

Allocation de la terre à différentes spéculations

Légumineuses vs maïs La culture intercalaire augmente la récolte des deux types.

À travers les domaines Résidus de culture Fourrage vs fertilité du sol Système intégré avec utilisation efficace du fumier

Niveau d'utilisation des intrants

Production vs pollution L'engrais stimule le cycle amélioré du carbone dans un sol

À travers les échelles spatiales

Utilisation des terres — intensification ou extensification

La recherche de la rentabilité au niveau des exploitations familiales peut entraîner une perte d'habitat à l'échelle du paysage du fait de l'expansion de l'agriculture

L’investissement dans une agriculture diversifiée élargit les habitats (partage des terres)

Au fil du temps Préférence temporelle dans la gestion des sols

Gain immédiat et perte à long terme vs perte à court terme et gain à long terme

Légumineuses à usages multiples pour l'alimentation, le fourrage, le carburant, le revenu ou la fertilité du sol

Entre les types d'agriculteurs

Normes de pâturage communautaire pendant la saison sèche

Les producteurs de cultures contrôlent les résidus vs éleveurs avec libre accès

Le fumier des éleveurs enrichit les sols des agriculteurs

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Du point de vue économique et à court terme, cette situation compromet les rendements de l’élevage et nuit à la santé de l’homme. En effet, les espèces comme Corchorus Sp (boulvenka en mooré) et les Amaranthus Sp (bouroubour en mooré) sont des plantes qui poussent avec les herbes et dont les feuilles sont utilisées pour la cuisine. Les traces des herbicides dans les eaux produisent les mêmes effets, surtout sur les petits et les gros bétails, ce qui conduit souvent à des conflits entre ménages autour des dédommagements.

Les produits homologués sont peu disponibles dans ces deux villages et sont peu connus des ménages analphabètes. En effet, les produits homologués se distinguent par des emballages comportant des informations sur la maison de production, la toxicité du produit et les mesures de sécurité à prendre par l’utilisateur, ce qui suppose une bonne maîtrise de la lecture. En revanche, les produits prohibés comme le Gramoxone, disponibles à moindre coût, ne mentionnent généralement pas l’adresse de la maison de production. Ce problème est exacerbé par le fait que les ménages analphabètes ne respectent pas les dosages prescrits et les mesures de protection indiqués.

Au niveau communal comme au niveau communautaire (village), il ressort que les facteurs qui favorisent l’utilisation accrue des herbicides sont la méconnaissance des effets, l’installation tardive des pluies et le manque de main-d’œuvre dû à la migration des jeunes plus actifs et à la scolarisation des enfants. De plus, les services étatiques manquent de rigueur dans l’application de la réglementation concernant la commercialisation des produits chimiques agricoles.

Compromis 2 : Utiliser les fongicides pour le traitement des semences avant le semis et des insecticides chimiques pour lutter contre les prédateurs (insectes/rongeurs…) de cultures VS ne pas utiliser de produits chimiques pour traiter les semences et les cultures en vue de protéger le bétail et surtout la volaille

Objectifs économiques à court terme :

• Économiser la semence en évitant les ressemis

• Combattre les ravageurs des cultures pour éviter les effets néfastes sur les rendements agricoles

• Protéger la volaille et le bétail de la toxicité des produits chimiques

Objectif environnemental à long terme :

• Sauvegarder la qualité des ressources naturelles comme les eaux, la qualité du fourrage, etc

Objectif social à court, moyen et long terme :

• Sauvegarder le vivre ensemble en évitant des dommages sur les animaux d’autrui

Données : ménage 9

Selon le ménage 9, une fois semées, certaines graines de semences sont souvent déterrées et picorées par la volaille, comme les poules, les pintades et les oiseaux. Cette situation, ajoutée à la main-d’œuvre agricole limitée en cas de ressemis, amène les ménages à traiter les semences avant les semis. Parmi les produits de traitement on peut citer le Calthio, qui vise à diminuer la population des ravageurs de semences dans le sol, comme les termites, et les oiseaux. Selon le ménage 9, le Calthio, fongicide le plus populaire, est une menace pour la volaille qui divague beaucoup plus dans les champs de case. Le traitement des semences avant les semis, en général au Calthio, est très souvent lié aux revenus bas des ménages qui cherchent à réduire le risque financier. Quand la semence est payée sur le marché, protéger l’investissement, en évitant que les ravageurs n’empêchent sa germination, devient une nécessité absolue. En outre, la plupart des ménages méconnaissent les prescriptions inscrites sur les notices des produits, surtout celles qui concernent les dosages.

Les cultures dès la germination sont susceptibles d’être attaquées par des ravageurs comme les chenilles légionnaires. Les attaques sont souvent spécifiques à des cultures. Pour lutter contre les ravageurs de plants, les ménages agricoles utilisent des insecticides. Les traitements sont très souvent répétés surtout quand il s’agit de semences améliorées, car en général, celles-ci résistent moins aux ravageurs.

Les cultures pulvérisées aux insecticides sont nocives pour la santé animale et humaine pendant une période de rémanence. Les feuilles du niébé et des oseilles sont beaucoup consommées en période de soudure. Avec l’avènement des insecticides, les ménages sont de plus en plus prudents quand il s’agit de cueillir des feuilles de cultures (niébé, oseille) pour la cuisine. En effet, ils doivent désormais se rassurer que les cultures n’ont pas été récemment traitées aux insecticides.

Encadré 2 : ménage 9

« Le traitement de la semence contre les termites du sous-sol permet d’économiser en semences, mais ne favorise pas le développement des cultures et risque la vie de la volaille. Pour des raisons sociales, je préfère utiliser les semences traitées au Calthio dans les champs de brousse où la volaille est très peu présente. »

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Affiche uniquement les tailles relatives des parcelles (pas leur disposition)

1

53

Min: 0.05

Max: 7.4ÉCHELLE (acres) CLÉ

semences améliorées

semences locales et semences locales traitées

pas d’information

84 7

121110

95 6

1 32

Pognankanré

Bolontou

Figure 5 Types de semences utilisées par les ménages

Source: études de cas sur les ménages

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www.iied.org 31

BolontouPognankanré

Acquérir de la nourriture ou de l'argent supplémentaire

Mesures de gestion des stocks

Mois de consommation de sa propre production

Vendre des animaux d'élevage et produits dérivésUtiliser les transferts de fonds pour acheter de la nourritureMener des activités non-agricoles généra-trices de revenus

Contrôler les quantités consommées afin d'épargn-er des stocks contre la soudure alimentaireCesser de vendre la produc-tion propre au profit de l'autoconsommation

Produire et consommer des cultures précoces/spéci-fiques pendant la soudure alimentaire

Acheter de la nourriture supplémentaire au moment de la récolte où les prix sont basLe chef de ménage achète de la nourriture à partir des contributions des membres actifs

Manger des aliments non préférés

Réduire les repas

Ne pas manger toute la journée

Réduire le repas des adultesManger plus de feuilles/légumes cultivées ou sauvages

119 12657 1021 3 4 8

CLEF Stratégie d'adaptation par visite/période

Mesures de consommation

11 mois 5–8 mois

Visite 1Visite 2Visite 3

Figure 6 Situation alimentaire des ménages et stratégies d’adaptation

Source: études de cas sur les ménages

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Compromis 3 : Augmenter la superficie des terres cultivées pour augmenter le niveau de production végétale VS sauvegarder les zones de pâture ou contrôler la charge sur les aires de pâture afin d’accroître la production animale.

Objectif économique à court terme :

• Augmenter la production agricole

Objectif économique à long terme :

• Augmenter la production animale

Objectifs environnementaux et sociaux à long terme :

• Améliorer la fertilité du sol par une utilisation accrue des engrais organiques (fumier, compost)

• Sauvegarder le vivre ensemble en évitant les conflits agriculteurs-éleveurs du fait de dégâts sur les animaux d’autrui et d’envahissement des zones de pâture

Améliorer la résilience économique des ménages par la diversification des productions

Données : ménages 2, 4, 5, 6, 8, 9, 10

De façon générale, les ménages des deux villages ont estimé que les rendements des exploitations agricoles étaient en baisse ces cinq dernières années. Pour améliorer ou, à défaut, maintenir le niveau de sécurité alimentaire au sein du ménage, l’augmentation des superficies agricoles est l’une des options. Dans la même période, la croissance démographique est restée forte et a joué en faveur de l’augmentation des superficies agricoles sans qu’elle soit automatiquement suivie d’une augmentation relative des autres facteurs de production. Avec la modernisation, les besoins des ménages se sont aussi multipliés du point de vue diversité alimentaire et autres besoins de base.

La Figure 6 récapitule la situation de la sécurité alimentaire des ménages en période de soudure (août 2018) ainsi que les stratégies d’adaptation.

L’augmentation des superficies agricoles peut permettre d’accroître la production agricole et de ce fait, réduire l’insécurité alimentaire. Les excédents de production agricole sont injectés dans le marché et permettent d’améliorer les revenus agricoles monétaires. À l’inverse, l’augmentation des superficies agricoles réduit la superficie des terres en jachère et des zones à vocation pastorale et forestière, réduisant ainsi l’espace de pâture pour les animaux. À côté de cela, les quelques zones de pâture sont peu garnies en fourrage. Alors que le revenu agricole peut s’améliorer à court terme avec l’augmentation des superficies agricoles, la productivité en élevage baisse. Une augmentation du nombre d’animaux dans des espaces de pâture déjà limités entraîne également une surcharge sur les zones de pâture. Du point de vue social, cette situation donne lieu à des conflits entre ménages agricoles ou entre villages.

La pression sur les ressources de pâture est déjà d’actualité. On assiste à un retard dans la régénérescence du fourrage et donc à un problème de disponibilité de fourrage capable de répondre, en temps réel, aux besoins alimentaires des animaux. À côté de cela, les résidus de récolte sont peu transformés et améliorés pour nourrir de façon saine les animaux. Il en résulte que malgré la plus grande rentabilité de l’élevage par rapport à l’agriculture en termes de tendance ces cinq dernières années, les ménages choisissent de vendre progressivement le bétail de sorte à maintenir un nombre réduit de têtes, en fonction de leurs réserves en aliments pour bétail. Du point de vue économique, la résultante est une réduction du rendement de l’élevage (par rapport à son potentiel) et une insuffisance de fumier pour le compostage.

L’élevage est la principale source de revenus monétaires des douze ménages agricoles étudiés. Les revenus monétaires tirés de ce sous-secteur permettent aux ménages d’une part de faire face à d’autres besoins pressants de base comme la scolarisation des enfants, les soins de santé, etc, et d’autre part de faire des achats de vivres pour compléter le manque céréalier. Sept des douze ménages suivis en 2018 ont vendu des animaux afin de pouvoir acheter un complément de nourriture au début de l’hivernage (Figure 6). Cette stratégie pour assurer la sécurité alimentaire semble particulièrement importante pour les ménages n’ayant pas d’autres sources de revenus (travail non agricole, remises). Les producteurs agricoles intègrent la production agricole et la production animale, car ils estiment que l’avenir de l’agriculture ne peut se construire sans l’élevage. Il est ainsi difficile de trouver un ménage dans les communautés de l’étude qui a opté pour une seule activité. Améliorer l’intégration agriculture-élevage à l’échelle du ménage, et plus loin à l’échelle communautaire, est donc nécessaire pour atteindre la sécurité alimentaire et améliorer les revenus monétaires tirés de l’élevage.

Compromis 4 : Laisser les résidus de récolte dans le champ pour l’alimentation du bétail et la protection physique du sol VS enlever les résidus de récolte pour l’alimentation du bétail ou la production de compost (fertilisation des champs) VS enlever les résidus pour fournir de l’énergie pour la cuisine 

Objectifs économiques à court terme :

• Accroître la production animale

• Avoir du combustible pour la cuisson des aliments

Objectifs économiques à long terme :

• Conserver les sols (réduire l’érosion et l’infestation des mauvaises herbes)

• Accroître la production agricole

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Objectif environnemental à long terme :

• Améliorer la fertilité des sols

Données : ménages 1, 2, 3, 6, 10

Après la récolte se pose la problématique de la gestion des résidus de récoltes. Les résidus de récoltes ont trois principaux usages : la fertilisation des exploitations agricoles, l’alimentation du bétail et l’énergie de cuisine. Pour fertiliser les exploitations, les résidus peuvent rester sur place dans les champs ou être déplacés vers les parties dénudées. Les résidus laissés aux champs peuvent aussi apporter une protection physique au sol contre le soleil, le vent et les pluies torrentielles en début de saison. Cependant le bétail en pâture libre en saison sèche broute les résidus de récolte restés sur place et laisse souvent le sol encore nu.

Pour l’alimentation du bétail, les résidus de récoltes tels que les fans de niébé sont collectés pour nourrir les animaux pendant la période sèche. Les résidus de céréales sont aussi collectés pour l’alimentation du gros bétail. Les restes de ces résidus de récolte sont ensuite mélangés avec les déjections des animaux (parqués ou en divagation) pour servir à produire du compost. Cependant, la production de compost de bonne qualité rencontre une limite liée au faible accès à l’eau. En effet, les faibles ressources en eau poussent parfois les ménages à décider comment répartir la consommation du ménage, l’abreuvage des animaux et la production de compost.

Les principales sources d’énergie de cuisine en zone rurale au Burkina Faso sont le bois et les tiges des céréales. Pour les cuisines de petites marmites, les études de cas ont montré que les femmes des ménages ramassent les tiges des céréales, en commençant par les champs de case puis les champs de brousse. La cendre tirée des tiges de céréales est utilisée pour produire de la potasse qui sert à faciliter la cuisson des aliments.

Selon les ménages, du point de vue économique, l’utilisation des résidus pour fertiliser le sol augmente les rendements agricoles par la restauration de la fertilité des sols. De plus, utiliser les résidus de récolte pour alimenter le bétail fait accroître les rendements d’élevage.

Pour le ménage 10 par exemple, la répartition s’impose dans la mesure où la quantité de résidus de récolte est limitée par rapport aux besoins multiples. L’obstacle à un compostage de qualité est surtout, selon les ménages, la rareté d’eau à un certain moment de la saison sèche. Les points d’eau sont distants des concessions. De plus, selon les services techniques, la nappe phréatique

de ces zones est faible. Par exemple en juin 2018, il n’y avait qu’un seul forage actif pour tout le village de Pognankanré.

Compromis 5 : Labourer les champs avec la traction bovine (sans tenir compte du type de sol) pour gagner du temps et économiser les efforts VS labourer les sols légers à la traction asine ou manuellement afin de les protéger contre l’érosion.

Objectifs économiques à court terme :

• Économiser le temps et la main-d’œuvre avec la traction bovine

• Accroître davantage les rendements agricoles avec la traction bovine

Objectif environnemental à long terme :

• Réduire l’érosion des sols sur les sols légers en optant plutôt pour la traction asine moins économique en temps et en effort

Données : ménages 9, 10

Pour la préparation des champs aux semis, comme le montre la Figure 7 ci-dessous, tous les ménages sauf un (ménage 12) labourent au moins une partie de leurs champs d’exploitation avec la traction asine ou la traction bovine.

La traction bovine est plus rapide par rapport à la traction asine et permet d’aller plus vite et en profondeur du sol. Le sol ainsi remué facilite le développement des cultures. Cependant, le labour en profondeur favorise l’érosion du sol par les eaux de ruissellement. En effet, en l’absence d’aménagements comme les cordons pierreux ou bandes enherbées, le sol labouré est exposé aux courants d’eau en cas de grosses pluies.

Face à cette situation, le ménage 10 laboure à la traction bovine les sols lourds et les nouveaux champs défrichés (autrefois en jachère). Pour les champs dont le sol est léger comme ceux de type limoneux, le ménage 10 renonce à l’économie du temps de travail offerte par la traction bovine et choisit de labourer ces types de champs avec la traction asine, qui est plus lente, mais ne cause pas autant de dommages à la structure du sol.

La traction bovine est aussi favorisée par les subventions. En effet, à chaque rentrée de saison pluvieuse, l’État met à la disposition des ménages agricoles des charrues bovines et des animaux de trait (surtout des bœufs) à des prix relativement bas. Parallèlement à l’aide de l’État, des ONG de développement rural font la promotion de la traction bovine.

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Affiche uniquement les tailles relatives des parcelles (pas leur disposition)

1

53

Min: 0.05

Max: 7.4ÉCHELLE (acres) CLÉ

charrue bovine

labour manuel

charrue asine

84 7

121110

95 6

1 32

Pognankanré

Bolontou

Figure 7 Méthodes de labour des sols

Source: études de cas sur les ménages

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RAPPORT PAYS DE L’IIED

www.iied.org 35

Affiche uniquement les tailles relatives des parcelles (pas leur disposition)

1

53

Min: 0.05

Max: 7.4ÉCHELLE (acres)

CLÉ

diguette en terre

cordons pierreux

zaï

aucun

bandes enherbées

84 7

121110

95 6

1 32

Pognankanré

Bolontou

Figure 8 Conservation des eaux et des sols

Source: études de cas sur les ménages

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COMPROMIS DANS L’INTENSIFICATION DURABLE DE L’AGRICULTURE

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Compromis 6 : Utiliser la main-d’œuvre pour la production agricole VS utiliser la main-d’œuvre pour des activités non agricoles

Objectifs économiques à court et moyen terme :

• Augmenter la production agricole par la mise à disposition de main-d’œuvre

• Augmenter le revenu monétaire tiré de la production agricole

Objectif économique à long terme :

• Augmenter et diversifier les revenus monétaires du ménage (en assurant l’avenir des enfants à travers la scolarisation)

Objectif social à long terme :

• Renforcer la résilience du ménage aux chocs

Données : tous les ménages

Ces dernières années, les rendements agricoles peinent à s’améliorer au Burkina Faso. Cette situation s’explique entre autres par la surexploitation des ressources naturelles et les effets du changement climatique. Le changement climatique se manifeste dans les pays du Sahel par des poches de sécheresse, des inondations, un début tardif et un arrêt précoce des pluies. Face à cette situation, les innovations en matière de techniques culturales sont une condition nécessaire. C’est ainsi que les aménagements des champs en techniques agroécologiques sont en promotion. Parmi ces techniques figurent les aménagements comme le zaï, les cordons pierreux, les bandes enherbées (voir la Figure 8) ainsi que la RNA, l’emploi de la fumure organique, des semences précoces, de la microdose d’engrais, etc. Dix ménages sur douze ont bénéficié de services d’encadrement technique (étatiques ou ONG) et de formations sur les techniques agroécologiques. Ces techniques créent des conditions environnementales favorables pour une agriculture rentable. En effet, elles protègent les sols de l’érosion, améliorent l’humidité du sol pour les cultures et favorisent la régénération du couvert végétal.

Grâce à ces pratiques, les rendements de certaines cultures, surtout le sorgho et le niébé, se sont améliorés ces cinq dernières années et ont permis une amélioration de la sécurité alimentaire des ménages agricoles. Du point de vue social, les antiérosifs constituent en même temps des délimitations des champs d’exploitation et contribuent, à long terme, à la diminution des conflits fonciers entre ménages. Les aménagements de type conservation des eaux et des sols/défense et restauration des sols (CES/DRS) favorisent l’accroissement des rendements agricoles. Cependant, ils demandent plus de main-d’œuvre.

La saison pluvieuse se déroule de mi-mai à mi-octobre. Les préparations des champs se déroulent en général avant le mois de juin. Pendant cette période, les enfants scolarisés ne sont pas encore en période de vacances scolaires. Pourtant, dans la production agricole, les enfants constituent un appui important en main-d’œuvre pour leur ménage d’origine. Ils commencent à exécuter des travaux champêtres dès leur bas âge afin d’aider à éradiquer l’insécurité alimentaire de leur ménage. Les enfants aident par exemple à transporter la fumure organique de la concession aux champs d’exploitation pendant les mois d’avril-mai. Tout juste après les semis, ils sont chargés de veiller à ce que la volaille et les oiseaux ne déterrent pas les semences. Ils sont aussi chargés de faire paître les animaux dans les zones où il y a suffisamment de fourrage. Les plus petits sont généralement chargés de s’occuper des nourrissons afin de donner du temps à leurs mères pour le travail. En fonction de leur âge, ils contribuent à renforcer la disponibilité de main-d’œuvre pour les activités agricoles et d’élevage. Malgré la reprise de l’école en octobre, les enfants doivent quand même sécuriser les cultures contre les oiseaux granivores.

Certains membres adultes des ménages mènent d’autres activités génératrices de revenus comme le commerce général, la transformation-vente des produits agricoles, etc. Cette stratégie répond à un objectif de réduction des risques agricoles liés à l’environnement climatique incertain. En outre, certains ménages envoient des enfants en ville pour des travaux saisonniers rémunérateurs. Le retour par transfert monétaire permet aux ménages de compenser le manque à gagner, de payer de la main-d’œuvre, du matériel agricole ou d’autres nécessités de base (voir la Figure 3 Structure et occupations des ménages).

En dehors de la disponibilité de la main-d’œuvre familiale, plusieurs facteurs externes influencent l’adoption des techniques agroécologiques par les ménages : il y a l’intervention des services techniques de l’agriculture et de l’élevage, mais aussi des projets, des ONG et des associations qui appuient l’État et les ménages agricoles pour leur permettre d’obtenir de meilleurs résultats.

Compromis 7 : Vendre des vivres pour acheter d’autres services de base VS maximiser la sécurisation alimentaire du ménage

Objectif social à court terme :

• Répondre aux besoins non alimentaires du ménage

Objectif économique à court terme :

• Maximiser la sécurité alimentaire du ménage

Données : ménages 2, 9

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Les ménages agricoles mènent en général des activités de production agricole et de production animale (voir la Figure 3). La production agricole est la principale source de sécurité alimentaire et la production animale la source de revenus monétaires du ménage. Certains ménages arrivent à dégager des excédents de production agricole, qu’ils commercialisent. C’est le cas, notamment, du niébé et du sésame.

En fonction des catégories de richesse, les plus pauvres possèdent moins de ressources animales. Ils sont souvent obligés de vendre les produits agricoles et plus précisément les vivres pour pouvoir satisfaire d’autres besoins de base, comme les soins médicaux et les besoins d’éducation des enfants. Ce niveau de pauvreté amène les ménages déjà en insécurité alimentaire à vendre des vivres pour un autre besoin pressant. Du point de vue social, à court terme cette situation empire la situation alimentaire du ménage. Elle réduit également le rendement du travail des membres du ménage affaiblis par la faim.

L’un des facteurs qui contraignent la vente de vivres est l’augmentation des besoins des ménages due à la modernisation. La vente de vivres améliore les revenus monétaires agricoles, mais pourrait nuire à la sécurisation alimentaire. Elle témoigne très souvent de la profondeur de la pauvreté monétaire en milieu rural. En effet, les ménages 2 et 9 parviennent à nourrir leurs familles sur douze mois, mais ne peuvent pas dégager des excédents de production (Figures 4 et 6). Cela signifie que la moindre vente de produits agricoles rend ces ménages vulnérables à l’insécurité alimentaire.

En ce qui concerne l’urgence d’un programme de sécurité alimentaire, l’État, à travers la Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (SONAGESS), a mis en place une subvention à la consommation de céréales pour les personnes en situation de pauvreté exacerbée. Par ailleurs, selon les ménages de Pognankanré, grâce à la promotion des techniques agroécologiques, certaines cultures, comme les céréales, ont connu des rendements agricoles croissants ces cinq dernières années.

Plusieurs stratégies sont utilisées pour faire face à la période de soudure se déroulant généralement en période des pluies. Les ménages agricoles utilisent alors beaucoup plus de feuilles, comme celles de l’oseille, du niébé, etc, pour alourdir leurs rations alimentaires afin d’économiser le peu de nourriture qui reste dans le grenier.

Pendant la saison sèche, le ménage 6, par exemple, achète des vivres, vendues à bas prix en cette saison, pour atteindre la sécurité alimentaire (voir la Figure 6). Sa principale source de revenus est la couture, une activité non agricole. Pendant la saison sèche, les prix des denrées alimentaires sont au plus bas. Cette stratégie permet au ménage d’économiser sa récolte pour mieux se nourrir pendant la saison pluvieuse où les travaux champêtres nécessitent plus de ressources alimentaires.

Synergies au niveau de la ferme et du ménageComme stratégies ou objectifs qui évoluent en synergie, nous avons :

Synergie 1 : Utilisation des résidus de récolte pour alimentation des animaux ET production de fumier pour le compostage en vue de la fertilisation des exploitations familiales.

En conditionnant les résidus de récolte pour alimenter les animaux, le ménage gagne du fumier et des rejets de résidus qu’il utilise dans le compostage en vue de fertiliser ses exploitations familiales.

Synergie 2 : Élevage des animaux de trait ET labour des exploitations agricoles par la traction animale dans l’agriculture.

L’agriculture est semi-mécanisée avec l’utilisation de la traction animale dans le labour des champs. Les bœufs et les ânes, en plus d’être source de revenus, constituent une source de main-d’œuvre agricole pour le ménage.

Synergie 3 : Financement de l’agriculture ET utilisation d’une partie de la main-d’œuvre pour mener d’autres activités génératrices de revenus.

Les activités génératrices de revenus permettent aux ménages de générer des ressources susceptibles d’améliorer l’équipement agricole, y compris l’achat d’animaux qui, à leur tour, favorisent l’intégration agriculture-élevage et donc l’intensification durable de l’agriculture. Enfin, avec les revenus générés, les ménages se constituent une source de résilience face aux mauvaises récoltes.

Synergie 4 : Scolarisation des enfants ET meilleure gestion des ressources naturelles.

En améliorant le niveau d’éducation des enfants, les ménages sont mieux outillés pour une gestion rationnelle du support de production (sols, ressources naturelles).

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COMPROMIS DANS L’INTENSIFICATION DURABLE DE L’AGRICULTURE

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Deux ménages sur douze ont été choisis, un dans chaque village, pour faire l’objet d’un résumé. Ces deux ménages se diffèrent par leur niveau de sécurité alimentaire et se trouvent dans le village de Pognankanré (ménage 8) et le village de Bolontou (ménage 10).

Ménage 8Le ménage 8 a été fondé en 1961. Il est composé de sept membres, dont cinq actifs, et mène des activités agricoles et non agricoles. Le premier vélo du ménage a été acheté en 1981. Il ne possède actuellement aucun bovin. Il dispose de trois vélos, d’environ 48 têtes de volaille et de six têtes de chèvres. Depuis 2003, il fertilise une partie de ses champs avec du compost et, selon l’historique du ménage, a adopté depuis 2002 des techniques antiérosives telles que les bandes enherbées et les cordons pierreux, en vue de freiner la vitesse du ruissellement d’eau de pluie. Cependant, aucune de ces techniques n’a été appliquée sur les champs cultivés en 2018 (Figure 8). En matière d’appuis, le ménage a bénéficié de sensibilisation, de formation en soins vétérinaires, en maraîchage, à la vie associative, en CES/DRS et a reçu des dons de semences améliorées. En matière d’activités génératrices de revenus, la femme du ménage vend du dolo pendant la saison sèche, le premier fils confectionne et vend des briques et la belle-fille vend du carburant pour les engins à moteur.

Le ménage 8 exploite des champs de case d’environ 1,6 hectare et des champs de brousse d’environ 3,3 hectares. Du fait de la pauvreté, ce ménage ne possède pas de charrue. Cependant, il a fait labourer un de ses champs à la traction asine et ce, grâce aux appuis de l’ANSD. Environ 1 hectare des champs de brousse bénéficie de fumier, de feuilles mortes

ou d’ordures ménagères. Le ménage produit le mil, le niébé, le sorgho, le maïs, l’arachide, le sésame et pratique la jachère et la rotation de cultures. En matière de sécurité alimentaire, le ménage connaît une instabilité fortement liée aux caprices des saisons. En effet, 2017 a été une période où presque sur toutes les cultures, la production des femmes du ménage a connu une baisse importante.

De façon générale, le niveau de sécurité alimentaire du ménage s’est amélioré ces dernières années, depuis le niveau très bas atteint en 2014 dû, en grande partie, à la pluviométrie en 2013. En période de soudure, la stratégie consiste à vendre certains animaux pour acheter des vivres et à réduire le nombre de repas et la quantité d’aliments servis. La semence utilisée est locale et provient de la propre récolte du ménage. En matière d’agroforesterie, en 2008 le ménage a planté 80 pieds de baobab dont les feuilles sont utilisées pour les sauces.

Les principaux obstacles aux rendements agricoles du ménage sont la précarité en matériels agricoles, l’appauvrissement des sols marqué par l’apparition de mauvaises herbes comme le Striga, et les mauvaises répartitions spatiotemporelles des pluies. Le ménage 8 fait face au compromis 3 : Augmenter les superficies pour accroître la production agricole VS sauvegarder les zones de pâture ou contrôler la charge sur les aires de pâture afin d’accroître la production animale. Il a opté pour l’introduction de la jachère depuis l’an 2001, afin de restaurer la fertilité de ses sols, mais aussi de disposer de fourrage pour son bétail.

Selon le ménage 8, avec l’adoption des techniques CES/DRS et l’accès aux fertilisants et semences améliorées, l’agriculture a véritablement un avenir.

Portraits de deux ménages

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Ménage 10Le ménage 10 a été fondé en 1975. Il est parti à l’aventure en 1975 en Côte d’Ivoire. Une partie du ménage est revenue dans le village en 1998 et le chef de ménage a suivi en 2013. Le ménage compte deux enfants employés comme fonctionnaires de l’État qui viennent en appui au ménage par des transferts monétaires et deux enfants toujours scolarisés, dont un au niveau secondaire. Ce ménage est composé de six membres et possède quatre animaux de trait (dont deux ânes et deux bœufs) ainsi que du matériel agricole, comme la charrue asine. Le ménage exploite uniquement des champs de case d’environ 2,5 hectares, où sont produites les spéculations comme le maïs, le sorgho, le niébé, l’arachide et le gombo. Pour la préparation des champs avant semis, le ménage fait du labour bovin sur les parcelles de sorgho et du labour à traction asine sur les parcelles de légumineuses. À la différence du ménage 8, le ménage 10 produit des cultures de rente : l’arachide et le niébé, qui sont vendus pour obtenir un revenu monétaire. Pour améliorer sa production agricole, le ménage 10 a adopté la rotation de cultures et met l’accent sur le labour par charrue (depuis 2009), la fumure minérale en microdose (depuis 2010) et le compostage (depuis 2014). En matière d’élevage, le nombre de têtes de volaille et de petits ruminants est en baisse, alors que celui des gros ruminants (ânes et bœufs) est en hausse depuis 2013. Le ménage utilise la semence locale à cycle court et jouit d’un niveau de sécurité alimentaire qui s’améliore et ne lui donne plus lieu de s’inquiéter. En matière d’encadrement agricole, le ménage 10 a bénéficié de sensibilisation et de formations de la part de l’Organisation catholique pour le développement et la solidarité (OCADES), de l’ANSD, du projet Hellen Keller International et des services d’encadrement agricole et d’élevage de l’État. Ces appuis portent sur les aménagements CES/DRS, le compostage, l’utilisation des semences améliorées, la gestion post-récolte et la production de la patate douce.

En termes de compromis, le ménage 10 préfère labourer les sols légers avec les ânes plutôt qu’avec les bœufs, qui remuent la terre en profondeur et économisent le temps de labour. Selon lui, le labour avec les ânes permet de mieux contrôler l’érosion face aux ruissellements des eaux de pluie.

Le ménage 10 a cité le problème d’accès à l’eau comme principal frein à une agriculture durable.

ENCADRÉ 1 MÉNAGE 10« Pour la production du compost, je collecte les ordures ménagères que je mets dans une fosse et je fais arroser le contenu avec les eaux usées (issues de la lessive). Il y a véritablement un problème d’accès à l’eau. Je suis conscient que mon compost avec des eaux savonneuses ne se compose pas bien, mais je dois aussi abreuver mes animaux ! »

Le ménage 10 fait face, entre autres, au compromis suivant : augmenter la superficie agricole pour améliorer la quantité produite VS contrôler la superficie agricole pour sauvegarder un espace de pâture pour le bétail. Face à ce compromis, le ménage a priorisé l’augmentation de la production agricole par l’augmentation des superficies des exploitations agricoles. Il ressort également des propos de ce ménage que les résidus de récolte, déjà en quantité limitée, sont soumis à plusieurs sollicitations, dont l’énergie de cuisine, l’alimentation du bétail et le compostage. Pour faire face à cette réalité, en saison sèche, le ménage laisse ses animaux en divagation, pour qu’ils broutent les arbustes et les résidus de récolte en traîne dans les champs agricoles.

Les sources de revenus monétaires de ce ménage sont les transferts de la part des enfants fonctionnaires, la vente du niébé, de la volaille, des petits ruminants et parfois la boucherie que le chef de ménage exerce.

Le ménage 10 souhaite que ses enfants scolarisés trouvent du travail autre que l’agriculture qui, pour lui, est peu rémunératrice.

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Figure 9 Caractéristiques principales du ménage 8 : démographie, biens et sécurité alimentaire

Source des données: SITAM études de cas

1. Éducation

82. Occupation

83. Groupements

8Clé pour âge et sexe

>6041–6022–4014–21<13

Chef de ménage

CLÉalphabétisés

autre

secondaire

primaire

aucun

CLÉagriculture

élève/étudiant

élevage

commerce

autres métiers

ne travaille pas

CLÉ

groupement de l’agriculture

AME APE (Association des mères / des parents d’élèves)CVD (Conseiller villageois de développement)

aucun

groupement de maraichage

4. Biens

85. Stratégies de survie

8Mois de consommation de sa propre production

Vendre des animaux d'élevage et produits dérivés

Acquérir de la nour-riture ou de l'argent supplémentaire

Cesser de vendre la production propre au profit de l'autoconsommationLe chef de ménage achète de la nourriture à partir des contributions des membres actifs

Mesures de ges-tion des stocks

Manger des aliments non préférés

Réduire les repas

Ne pas manger toute la journée

Réduire le repas des adultes

Mesures de consommation

6. Sécurité alimentaire

2017

2016

2015

2014

2013

8

CLEF Stratégie d'adaptation par visite/période 11 mois 5–8 mois

Visite 1Visite 2Visite 3

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Figure 10 Caractéristiques principales du ménage 10 : démographie, biens et sécurité alimentaire

Source des données: SITAM enquête quantitative

1. Éducation

102. Occupation

103. Groupements

10Clé pour âge et sexe

>6041–6022–4014–21<13

Chef de ménage

CLÉalphabétisés

autre

secondaire

primaire

aucun

CLÉagriculture

élève/étudiant

élevage

commerce

autres métiers

ne travaille pas

CLÉ

groupement de l’agriculture

AME APE (Association des mères / des parents d’élèves)CVD (Conseiller villageois de développement)

aucun

groupement de maraichage

4. Biens

105. Stratégies de survie 6. Sécurité alimentaire

2017

2016

2015

2014

2013

10

CLEF Stratégie d'adaptation par visite/période 11 mois 5–8 mois

Visite 1Visite 2Visite 3

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Figure 11 Ménage 8 - Pratiques agricoles par parcelle (spéculations/semences)

Source des données: SITAM études de cas

Affiche uniquement les tailles relatives des parcelles (pas leur disposition)

ÉCHELLE (acres)Max: 28

Min: 6

13

15

1. Taille et type de parcelles

8 CLÉ

bas-fonds

champs de case

champs de brousse

champs de village

2. Nombre de spéculations par parcelle

8 CLÉ

3

1

2

5

3. Types de culture

8

4. Source de semence

8 CLÉ

semences améliorées

semences locales et semences locales traitées

pas d’information

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Figure 12 Ménage 10 - Pratiques agricoles par parcelle (spéculations /semences)

Source des données: SITAM études de cas

Affiche uniquement les tailles relatives des parcelles (pas leur disposition)

ÉCHELLE (acres)Max: 28

Min: 6

13

15

1. Taille et type de parcelles

10 CLÉ

bas-fonds

champs de case

champs de brousse

champs de village

2. Nombre de spéculations par parcelle

10 CLÉ

3

1

2

5

3. Types de culture

10

4. Source de semence

10 CLÉ

semences améliorées

semences locales et semences locales traitées

pas d’information

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Figure 13 Ménage 8 - Pratiques agricoles par parcelle (pratiques et intrants)

Source des données: SITAM études de cas

5. Préparation des terres avant semis

8 CLÉ

épandage des feuilles mortes/résidus de récoltes

défricher (coupe de buissons)brûlis

utilisation des herbicides

RNA/paillage de feuillesaucun des précédents

6. Méthodes de préparation des terres

8 CLÉ

charrue bovine

labour manuel

charrue asine

7. Conservation des eaux et des sols

8CLÉ

diguette en terre

cordons pierreux

zaï

aucun

bandes enherbées

8. Fertilisation

8 CLÉ

engrais chimique

engrais organique

feuilles mortes/résidus de récolte

pas de fertilisation/pas d’information

9. Contrôle des maladies et nuisibles

8 CLÉ

aucun

fongicidetraitement chimique des attaques de plantes

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Figure 14 Ménage 10 - Pratiques agricoles par parcelle (pratiques et intrants)

Source des données: SITAM études de cas

5. Préparation des terres avant semis

10 CLÉ

épandage des feuilles mortes/résidus de récoltes

défricher (coupe de buissons)brûlis

utilisation des herbicides

RNA/paillage de feuillesaucun des précédents

6. Méthodes de préparation des terres

10 CLÉ

charrue bovine

labour manuel

charrue asine

7. Conservation des eaux et des sols

10CLÉ

diguette en terre

cordons pierreux

zaï

aucun

bandes enherbées

8. Fertilisation

10 CLÉ

engrais chimique

engrais organique

feuilles mortes/résidus de récolte

pas de fertilisation/pas d’information

9. Contrôle des maladies et nuisibles

10 CLÉ

aucun

fongicidetraitement chimique des attaques de plantes

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Cette partie fait le récapitulatif des différents échanges entre l’équipe de recherche et les autres parties prenantes, de la base aux décideurs, en vue de partager et de formuler ou amender de façon participative les messages clés qui découlent des études de cas.

Entretiens directsDes entretiens directs avec les décideurs au niveau régional ont été réalisés :

Mars-avril 2019 : il s’est agi de rencontrer les personnes-ressources (rencontrées au départ) et d’avoir des échanges avec elles sur les résultats de mi-parcours du projet SITAM. À cette occasion, le document de la situation de référence du projet SITAM Burkina Faso (S64-M3) leur a été communiqué et leur collaboration a de nouveau été sollicitée pour l’atteinte des objectifs communs.

Formulation et validation des messages clés

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Tableau 3 Partages des résultats intermédiaires

ACTEURS CONTACTÉS

CONSTAT

18 mars 2019 Entretien avec la Chambre Régionale d’Agriculture de l’Est (Président CRA + son chargé de planification)

18 mars 2019 Entretien avec le directeur pays Île de Paix

28 mars 2019 Entretien avec le directeur par intérim de l’association pour l’Appui et la Promotion Rurale du Gulmu (APRG)

01 avril 2019 Entretien avec le directeur de l’Association pour la Recherche et la Formation en Agroécologie (ARFA)

02 avril 2019 Entretien avec le directeur régional de l’Agriculture et des Aménagements hydrauliques (équipe : directeur + son chef de service Suivi-évaluation + son chef de service Production végétale)

08 avril 2019 Entretien avec la Confédération Paysanne du Faso (acteur national)

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Processus de formulation des messages clésDans un premier temps, l’équipe technique (INERA est et ANSD) a analysé les données qualitatives émanant des études de cas en faisant ressortir trois messages clés. Ces messages ont été restitués auprès de chacune des deux communautés qui ont contribué à leur approfondissement et les ont enrichis. Les messages modifiés ont été restitués dans chacune des deux communes puis au niveau régional et enfin aux acteurs nationaux comme la Confédération paysanne du Faso (CPF) et la Fédération nationale des organisations paysanne (FENOP) qui ont contribué à leur consolidation.

Les restitutions ont permis aux villages et aux communes de se prononcer sur la concordance des résultats de recherche. Les résultats ont été favorablement appréciés à l’unanimité et consolidés.

Étaient présents à ces rencontres, les agents d’encadrement technique de l’agriculture, de l’élevage, de l’environnement, les élus locaux (politiques, représentants des agriculteurs et des coutumiers des villages concernés), les ménages enquêtés et les représentants d’autres villages environnants. Des ONG, associations, structures de la société civile œuvrant dans le développement rural aux niveaux régional et national étaient également présentes.

À l’occasion de ces trois niveaux de restitutions, les compromis ainsi que les messages clés ont été enrichis avec la contribution des acteurs du développement rural et ont donné lieu à une note politique.

Processus de communication de la note politique 01 août 2019 : Communication des résultats de SITAM à l’Assemblée Consulaire de la Chambre Régionale d’Agriculture. Elle a regroupé les représentants des producteurs venus des cinq provinces de la région est du Burkina Faso. Les résultats de recherche ont été fort bien appréciés par les élus des producteurs.

11 septembre 2019 : Communication de la note politique au secrétaire permanent de la coordination des politiques sectorielles agricoles du Burkina Faso (CP/CPSA), à Ouagadougou. Lors de cet entretien, les résultats ont été appréciés positivement par le Secrétaire Permanent du SP/CPSA. Celui-ci a estimé que les résultats de cette étude pourraient être pris en compte dans la formulation de la politique nationale du secteur rural (phase 3) qui se déroulera en 2020. Cependant, il a indiqué qu’il serait intéressant que cette étude fasse ressortir la hiérarchie des menaces agricoles et leur influence sur le comportement des ménages agricoles.

12 septembre 2019 : Communication de la note politique au Cadre Régional/Coordination des Politiques Sectorielles Agricoles (CR/CPSA) à Fada N’Gourma. Étaient présents les acteurs du développement rural de la région, les élus politiques, le gouvernorat, les techniciens du SP/CPSA.

Les participants ont apprécié l’actualité de la thématique et des résultats exposés. Ils ont débattu des résultats et apporté des modifications dans le sens de l’amélioration de ladite note.

RESTITUTION AU NIVEAU VILLAGEDATE INTITULÉ05 avril 2019 à Bolontou Restitution des résultats de recherche SITAM au village de Bolontou (Tibga)

06 avril 2019 à Pognankanré Restitution des résultats de recherche SITAM au village de Pognankanré (Bilanga)

RESTITUTION AU NIVEAU COMMUNALDATE INTITULÉ06 juin 2019 à Tibga Restitution des résultats de recherche aux autorités communales

07 juin 2019 à Bilanga Restitution des résultats de recherche aux autorités communales

RESTITUTION AU NIVEAU RÉGIONALDATE INTITULÉ26 juillet 2019 Fada N’Gourma

Restitution des résultats de recherche aux autorités régionales

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13 septembre 2019 : Communication de la note politique à la CPF à Ouagadougou, en présence du secrétaire permanent et de ses techniciens. La CPF a également bien apprécié la note politique SITAM en ce sens que les recommandations sont en adéquation avec la vision de la CPF en termes de politique nationale du secteur rural. Cependant, elle a proposé d’importantes améliorations qui ont été prises en compte.

09 et 10 octobre 2019 : Présentation des résultats de SITAM à la Conférence internationale sur la transition agroécologique en Afrique subsaharienne, tenue à Dakar du 08 au 10 octobre 2019. Le support de communication était une affiche.

Les participants ont exprimé un grand intérêt pour la thématique et le résumé des résultats du projet SITAM Burkina Faso décrits dans l’affiche. Certains ont demandé les fichiers de l’affiche et de la note politique par voie de courriel pour approfondir leur compréhension de la démarche ainsi que des résultats engrangés.

16 octobre 2019 : Communication scientifique des résultats de SITAM Burkina Faso au Symposium international sur les sciences tenu à Ouagadougou,

auquel ont assisté des chercheurs, des professeurs d’université ainsi que des étudiants. L’actualité de la thématique ainsi que les résultats exposés ont été appréciés. Les participants ont posé des questions sur la stratégie adoptée par l’équipe pour influencer les décideurs politiques. Cependant, ils ont débattu de la représentativité de l’échantillon utilisé dans les études de cas.

Octobre 2019 : Finalisation et partage de la note politique et du rapport intermédiaire avec les partenaires par courriel.

La note politique ainsi que le rapport intermédiaire ont été transmis par courriel aux partenaires lors de l’atelier régional de SITAM Burkina Faso.

Novembre 2019 : Partage du support papier de la note politique avec les partenaires.

Le support papier de la note politique a été transmis aux trois partenaires nationaux : le SP/CPSA, la FENOP et la CPF. Au niveau régional, il a été transmis à trois directions régionales en charge du développement rural (à savoir Gestion de l’environnement, Agriculture et Ressources animales).

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La gestion de ces compromis demande, au-delà du ménage, l’implication des collectivités territoriales.

Message 1 : adressé aux ménages, aux organisations paysannes, aux ONG, aux collectivités territoriales et à l’État au niveau central.

La recherche a produit un résultat qui attribue l’amélioration de la production agricole aux techniques CES/DRS. Cependant, malgré les efforts consentis par l’État et ses partenaires, on constate un faible niveau d’adoption de ces techniques par les petits exploitants agricoles du fait de l’insuffisance de matériel agricole, de main-d’œuvre, de connaissances techniques et d’accès aux fertilisants organiques et minéraux (microdoses).

Cette situation alimente la vulnérabilité des ménages au changement climatique et l’expansion inopportune des superficies exploitées (en vue d’accroître la production), source d’emploi abusif d’herbicides, de pesticides et d’engrais chimiques.

Message 1 : Pour accélérer la transition vers une intensification durable de l’agriculture, il est nécessaire d’agir sur les mécanismes d’accès aux intrants à travers :

• l’accompagnement spécifique des petits exploitants agricoles dans l’approvisionnement en matériels agricoles (semi-mécaniques) adaptés aux types de sols et aux spécificités de l’agriculture familiale ;

• le renforcement et l’élargissement de la couverture du dispositif de conseil d’exploitation familiale, en y impliquant davantage les organisations paysannes afin de disposer dans chaque village de producteurs formateurs aptes à apporter leur expertise en aménagements CES/DRS et autres techniques à leurs pairs ; et

• l’accompagnement des petits exploitants agricoles pour une meilleure gestion intégrée de la fertilité des sols, non seulement par l’amélioration de l’accès aux engrais minéraux (microdosages), mais aussi et surtout par une augmentation importante des subventions allouées aux fertilisants organiques. De plus, en fonction des zones agroclimatiques, certains aménagements CES/DRS à haute intensité de main-d’œuvre (exemple cordons pierreux) pourraient bénéficier de subventions de l’État.

Message 2 : adressé aux ménages, aux collectivités territoriales, aux ONG et à l’État central.

La quasi-totalité des ménages qui s’investissent dans la production animale ont deux objectifs : tirer des revenus qui contribuent à satisfaire d’autres besoins de base et à mieux résister aux chocs et ; utiliser le fumier pour la fertilisation des sols. Cependant, le constat est que l’agriculture envahit de plus en plus les zones de pâture. L’insuffisance de fourrage limite le potentiel de production animale et provoque l’exacerbation des tensions sociales.

Message 2 : Pour accélérer la transition vers une intensification durable de l’agriculture, il est nécessaire de concilier ces deux objectifs à travers :

• la mise en œuvre des chartes foncières locales (inscrites dans la loi 034-2009/AN portant régime foncier rural au Burkina Faso) permettant aux communautés et aux collectivités de délimiter, aménager et sécuriser des espaces communautaires de pâturage dans chaque village de manière participative et consensuelle ;

Recommandations – messages clés

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• le renforcement des capacités techniques et matérielles des ménages (par exemple en faucheuse mécanique) à valoriser la biomasse pour alimenter le bétail ; et

• l’intégration de la production de fourrage (comme le « mucuna ») dans les habitudes des ménages agricoles.

Message 3 : adressé aux collectivités territoriales, aux ONG et à l’État central

Afin de maximiser la production agricole, certains ménages sont dans une dynamique d’extensification des superficies de leurs exploitations. Pour exploiter de grandes superficies de terre tout en réduisant le temps de préparation et d’entretien de ces champs, ils se tournent vers l’emploi tous azimuts d’herbicides dont ceux non homologués. Cette pratique s’est avérée nuisible à la santé du sol, des animaux et des hommes et est source de tension au sein des communautés. De ce fait, il devient urgent de prendre des mesures adéquates allant dans le sens d’une intensification durable de l’agriculture.

Message 3 : Pour accélérer la transition vers une intensification durable de l’agriculture, il est nécessaire de :

• appliquer rigoureusement la loi portant contrôle des pesticides (décret no 2017-0431/PRES promulguant la loi no026-2017/AN du 15 mai 2017) tout en mettant en place des mécanismes de veille citoyenne, en collaboration avec les collectivités ;

• améliorer davantage l’accès aux produits homologués tout en sensibilisant les communautés sur les risques de l’utilisation abusive de tels produits et en assurant la formation des producteurs pour leur emploi adéquat ;

• accompagner les petits exploitants agricoles dans la lutte intégrée contre les ravageurs des cultures, y compris la promotion de la production et de l’utilisation des biopesticides ; et

• mettre en place dans chaque village une brigade de veille, tenant lieu de commission ad hoc et adossée au Conseil villageois de développement (CVD) pour alerter les organes compétents des cas de commercialisation de produits chimiques prohibés.

Message 4 : adressé aux ménages, aux collectivités territoriales et à l’État central

L’étude a montré que le faible accès à l’eau est une entrave sérieuse à l’amélioration des rendements des exploitations agricoles familiales. En effet, l’accès à l’eau, pour satisfaire les besoins domestiques, de production de compost et d’abreuvage des animaux, est très limité pour la quasi-totalité des ménages. Associée à la croissance démographique et au réchauffement climatique, l’insuffisance d’eau constitue l’une des principales limites à l’intégration agriculture-élevage et de ce fait, à l’intensification durable de l’agriculture.

Il devient urgent de trouver des mesures efficaces pour améliorer la disponibilité et la gestion de l’eau au regard de son importance dans l’intensification durable de l’agriculture.

Message 4 : Pour accélérer la transition vers une intensification durable de l’agriculture, il est nécessaire de :

• améliorer la couverture des besoins en eau en augmentant le nombre de points d’eau par village ; et

• recenser et promouvoir des systèmes locaux de collecte et de gestion rationnelle des eaux de ruissellement (impluviums, puits saisonniers traditionnels « boulis », puits maraîchers, etc).

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Les petits exploitants agricoles sont plus sensibles aux changements défavorables de l’environnement interne et externe et réagissent lentement à certaines mesures qui, bien que favorables, restent toujours peu accessibles. Ils priorisent les objectifs économiques à court terme au détriment de ceux à long terme (environnementaux et sociaux).

La capacité des agriculteurs à réussir la gestion des objectifs concurrents dépend des ressources dont ils disposent et du contexte socio-économique, environnemental et institutionnel plus large. Les politiques et les interventions agricoles actuelles répondent aux besoins immédiats des agriculteurs, mais ne prennent pas suffisamment en compte les objectifs environnementaux et sociaux à long terme. Pour y parvenir, l’État et ses partenaires devraient réorganiser les subventions et les appuis techniques afin d’aider notamment les petits exploitants à s’investir également dans des actifs et à adopter des pratiques avantageuses à long terme. Ces réorientations

pourraient inclure des engagements à long terme en matière de gestion intégrée de la fertilité des sols, une meilleure gestion des eaux de ruissellement, la lutte intégrée contre les ravageurs, la mécanisation appropriée pro-environnementale et la mise en place de services techniques de proximité pour soutenir la transformation des produits agricoles.

Malgré ce manque de soutien, de plus en plus d’agriculteurs adoptent déjà quelques pratiques allant dans le sens de l’intensification de leur production agricole pour s’adapter à la dégradation des ressources naturelles et au changement climatique. Le défi consiste à orienter cette intensification vers un équilibre Pareto-optimal, dans lequel les impacts environnementaux à long terme sont identifiés et internalisés. Il semble inapproprié de s’attendre à ce que les petits agriculteurs fassent des choix éclairés qui tiennent compte de la durabilité, alors que la politique agricole met l’accent sur les « gains à court terme » dans le choix des projets/programmes.

Conclusion générale8

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AnnexesAnnexe 1 Politique des pesticides (herbicides, fongicides, insecticides) au Burkina FasoLes pays du Comité inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) ont mis en place un Comité Sahélien des Pesticides (CSP) dont le siège est à Bamako (Mali). Ce comité est chargé d’homologuer les pesticides efficaces et adaptés au contexte de la zone CILSS et de veiller à ce que seuls les pesticides homologués y soient commercialisés. Neuf pays sont membres de cet organe de régulation des pesticides, dont le Burkina Faso. Une adhésion de tous les pays du CILSS devrait permettre des contrôles efficaces des flux de pesticides dans la zone CILSS. Cependant, tous les pays du CILSS n’ont pas les mêmes contextes climatiques. C’est pourquoi la Côte d’Ivoire et le Ghana notamment n’ont pas adhéré à ce comité. Le Burkina Faso, quant à lui, a voté une loi sur les pesticides en 1996 et l’a révisée en 1998 puis en 2017. Cette loi no 0206-2017/AN du 15 mai 2017 portant contrôle de la gestion des pesticides consacre la mise en place d’un comité national de contrôle et de gestion des pesticides ainsi que la création de postes de contrôle aux frontières terrestres, aéroportuaires, et ferroviaires. Ces postes de contrôle sont au nombre de vingt dans tout le pays, dont deux dans la région de l’est. Ils sont gérés par des agents assermentés du ministère en charge de l’agriculture, appelés des inspecteurs phytosanitaires. Pour ce qui est de la région de l’est, les deux postes de contrôle sont à Kantchari et à Nadiagou. Ils visent le contrôle des flux de pesticides entre Burkina Faso-Niger et Burkina Faso-Benin. Le comité national de contrôle des pesticides se réunit deux fois par an (en juin et en décembre). Selon la loi nationale, les produits homologués par le comité sahélien du CILSS doivent être commercialisés par des distributeurs agréés par le comité national de régulation des pesticides. Ce comité est chargé d’étudier les produits à homologuer au niveau national avant de transmettre les dossiers au

comité sahélien pour agrément. Il est également chargé de livrer des agréments aux commerçants nationaux qui remplissent les critères de sélection. En dehors des surveillances au niveau des frontières, le comité national fait des contrôles inopinés à l’intérieur du pays et a le pouvoir de saisir les produits prohibés qu’il trouve sur le marché. Depuis 2017, le comité national a mené un seul contrôle inopiné dans la région de l’est. Le dispositif de contrôle des pesticides manque d’efficacité, faute de décrets d’application sur la dernière version de la loi sur la régulation des pesticides. Les agents des services régionaux de l’agriculture n’ont qu’un pouvoir de sensibilisation des producteurs. Les pesticides prohibés que l’on rencontre dans la région de l’est viennent, dans la plupart des cas, de pays comme le Ghana et le Nigéria. Dans la province du Gourma, il y a quatre distributeurs agréés. Même avec les pesticides homologués, il est à noter que les mesures de sécurité de la personne qui pulvérise doivent être strictement respectées pour éviter les problèmes de santé. Les femmes en âge de procréer et les enfants doivent être tenus loin des pesticides aussi bien homologués que non homologués. Cependant, dans la pratique, ces mesures ne sont pas connues par tous ou sont négligées par des producteurs. De plus, il y a les détournements de destination des pesticides qui accélèrent la dégradation de l’environnement. En effet, un insecticide destiné au traitement du niébé ne doit pas être utilisé pour le traitement du coton. Au regard de tous ces risques, les ministères de la Santé, de l’Environnement, des Ressources en eau et des ONG tirent la sonnette d’alarme en appelant l’État à prendre des mesures fermes. Les différentes menaces liées à l’emploi des pesticides ont été démontrées par de nombreux travaux scientifiques (OMS, 1991 ; Adechian et coll., 2015).

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0 - ouvrier agricole  1 - propre champ 2 - propre champ et entraide

1 - seulement fumier 2 - fumier et engrais

0 - aucune 1 - seulement champs de case 2 - champs de case et champs de brousse

1 - houe 2 - houe et traction animale 3 - seulement traction animale

0 - aucun 1 - un peu 2 - beaucoup

0 - aucun  1 - un peu  2 - beaucoup

0 - aucune 1 - quelques  2 - beaucoup

1 - variétés locales 2 - locales et améliorées  3 - seulement améliorées

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Annexe 5 Outils d’étude de casEXERCICE ÉCHELLEPhase 1 – Mise en scène

P1.1 Enquête quantitative et analyse des données communauté

P1.2 Analyse communautaire des principaux indicateurs de l’IDA communauté

Phase 2 – Contexte communautaire et tendances

P2.1 Carte de ressources du village communauté

P2.2 Tendances dans l'évolution des ressources environnementales communauté

P2.3 Historique et sources de soutien, intrants et services techniques agricoles communauté

P2.4 Retour d’information sur les tendances et influences des systèmes agricoles communauté

Phase 3 – Système de production actuel et futur

P3.1 Histoire du ménage ménage

P3.2 Carte des fermes et tendances de production ménage

P3.3 Appréciation du système agricole actuel dans une perspective de l’IDA ménage

Phase 4 – Sécurité alimentaire, revenus et type d’intervention

P4.1 Historique du système agricole et changements ménage

P4.2 Historique de l'engagement des ménages avec les services agricoles et l'accès aux intrants

ménage

P4.3 Tendances de la sécurité alimentaire des ménages ménage

P4.4 Tendances des revenus et des prêts des ménages ruraux ménage

P4.5 Étude de cas sur les ménages – session de restitution communauté

Phase 5 – Opérations agricoles, mécanismes d'adaptation et décisions clés

P5.1 Suivi des opérations principales des exploitations agricoles du ménage (3 visites durant la saison)

ménage

P5.2 Mécanismes d'adaptation pour faire face à la faim lors de la saison de soudure (3 visites durant l’année)

ménage

P5.3 Évaluation par les ménages des décisions agricoles et des compromis ménage

Phase 6 – Facteurs favorables/défavorables et recommandations

P6.1 Discussion de groupe sur les facteurs favorables/défavorables à la bonne gestion des compromis

communauté

P6.2 Session de restitution, validation des conclusions et recommandations communauté

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Annexe 6 Principales caractéristiques des exploitations familiales au Burkina FasoCARACTÉRISTIQUES

BOLONTOU (GOURMA)

POGNANKANRÉ (GNAGNA)

Pluviométrie annuelle moyenne 822 mm (Fada N’Gourma)

Principales cultures de base Sorgho, mil, niébé, arachide, sésame

Principaux animaux d’élevage Volaille (poules, pintades), petits ruminants (chèvres, moutons), gros bétail (bœufs, ânes)

Volaille (poules, pintades), petits ruminants (chèvres, moutons), gros bétail (bœufs, ânes)

Nombre de ménages 315 ménages (estimation 2018) 192 ménages (estimation 2018)

Taille moyenne du ménage 7 13

Proportion moyenne de membres du ménage ayant un revenu non agricole

33,33% 16,66%

Taille moyenne des exploitations 3,41 ha 3,83 ha

Superficie moyenne par actif

% des terres agricoles où des engrais minéraux ont été utilisés

07,31% 0%

% des terres agricoles où l’engrais organique a été utilisé

70,73% 43,47%

% des terres agricoles où les CES/DRS ont été appliquées

43,90% 56,52%

% des ménages utilisant la traction animale (asine ou bovine) dans la préparation des champs

100% 89,13%

% des ménages utilisant les pesticides ou herbicides

04,87% 21,73%

Situation de la sécurité alimentaire (moyenne)

- 6,75 mois

Proportion des ménages ayant un membre dans les organisations paysannes

16,7% 50%

Prêt agricole Absence de prêt agricole Absence de prêt agricole

* CES/DRS (Conservation des Eaux et des Sols/Défense et Restauration des Sols) regroupe zaï, cordons pierreux, etc.

Source : enquête quantitative

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Knowledge Products

International Institute for Environment and Development 80-86 Gray’s Inn Road, London WC1X 8NH, UK Tel: +44 (0)20 3463 7399 Fax: +44 (0)20 3514 9055 email: [email protected] www.iied.org

L’IIED est une organisation de recherche-action et de politique, qui promeut le développement durable en vue d’améliorer les économies locales et de protéger l’environnement sur lequel elles s’appuient. L’Institut est spécialisé dans l’établissement de liens entre les priorités locales et les défis mondiaux. L’IIED est basé à Londres et œuvre en Afrique, en Asie, en Amérique latine, au Moyen-Orient et dans le Pacifique avec certaines des populations les plus vulnérables au monde. L’Institut travaille avec elles pour faire entendre leur voix dans les instances de prise de décision qui les concernent, des conseils de village aux conventions internationales.

Financé par : Administré par :

Les petits exploitants agricoles du Burkina Faso sont confrontés à un défi constant : choisir entre de nombreux objectifs sociaux, économiques et environnementaux, souvent concurrents, tout en répondant aux attentes d’intensifier leurs pratiques agricoles de manière durable et de produire « plus avec moins ». Les agriculteurs gèrent cette situation en faisant des compromis, en choisissant et en hiérarchisant les objectifs en fonction de la situation du ménage et en mettant en balance les gains de productivité/financiers immédiats et les objectifs à long terme.

Ce rapport présente les résultats du projet SITAM, qui a étudié comment les agriculteurs du Burkina Faso gèrent ces compromis. Il tire des conclusions et des recommandations sur ce que le gouvernement national et infranational peut faire pour soutenir des choix plus durables au niveau des exploitations agricoles au Burkina Faso.