communiquÉ de presse soft spot...les protagonistes d’une romance tropicale. ils s’enlacent...

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE Le dur et le mou Lors d’une conversation parue en 1966 dans le magazine Art Forum, Claes Oldenburg, l’artiste pop américain, initiateur de sculptures pâtissières monumentales et molles, disait vouloir « transporter l’œil dans les doigts ». On trouve beaucoup de doigts chez Jessica Lajard. Employés comme des figures métonymiques, souvent hypertrophiés, ils évoquent une réalité de la matière et du toucher indissociable de la pratique de la céramique et du plaisir sensuel qu’elle apporte. À travers ce motif, Lajard revisite également la colonne (ou la torsade), dont les évolutions et la valeur paradigmatique ont fait l’histoire de la sculpture et de l’architecture. Elle explore ce que l’érection ou l’affaissement d’un objet peut lui ajouter de vital, d’organique ou de grotesque. Dans une installation présentée au salon de Montrouge, en 2014, Love birds, deux doigts d’une hauteur d’un mètre quatre-vingt sont les protagonistes d’une romance tropicale. Ils s’enlacent tendrement, comme un couple d’amoureux. Leur balancement évoque celui des palmiers s’inclinant pour rechercher la lumière, stimulés par leurs hormones. En sculpture, le passage de la verticale à l’horizontale marque aussi tout l’art de l’informe moderne. Avec un sens certain de l’ellipse, Hangover évoque une débandade : il est un décor passé à la moulinette, vomi sur le squelette d’un transat. De façon plus métaphysique, Where is the icosahedron? adresse une curieuse question au visiteur placé devant onze variations d’un modèle de construction en bois, structurellement proche de l’œuf au plat, et dont le jaune a pris la forme d’un solide géométrique. Cette absurde interprétation de l’informe semble parodier les jeux de construction éducatifs « liant formes de la nature (ou de la vie), formes de connaissance (géométrie, mathématiques et sciences) et formes esthétiques (art) » 1 . L’origine du monde La contrainte physique et technique de manipulation de la matière appelle une pensée de la forme et de ses possibles dérivations fictionnelles. Lajard dit ainsi ressentir l’effet d’un dialogue entretenu avec la matière qui, si elle se plie à ses doigts peut également lui résister, ou réagir d’une façon imprévisible qui en infléchira l’apparence finale. Lorsqu’elle pratique le moulage, l’histoire est autre. La logique du négatif et du positif qui en sous-tend le processus introduit chez elle un humour basé sur ce que l’interprétation la plus simple possible d’un objet pourrait donner. Elle entre dans une analyse plus réfléchie de la forme comme elle s’adonnerait à un jeu avec des règles bien définies. En résidence à Limoges, ville mondialement connue pour sa porcelaine blanche, Lajard a réalisé une série de modules cylindriques décomposant le corps humain en deux unités complémentaires et presqu’identiques : la tête et le tronc. Leur similitude et leur principe d’emboîtement appellent l’imaginaire à étudier tout l’éventail de leurs combinaisons. On est en pleine réduction à des formulations géométriques et démultiplication infinie en série, dans l’esprit de l’art minimal. Ce parti-pris esthétique se conjugue avec les origines industrielles de la porcelaine et sa blancheur. Eye candy , le titre de l’œuvre, synthétise efficacement le raccourci de l’œil et du toucher qu’elle suggère. Les parties amovibles, des pointes de chantilly, obstruent les organes faciaux des robots et coiffent d’un gland crémeux le cylindre planté sur les modules-tronc. (…) Un appétit de conquête et d’appropriation du banal traverse l’œuvre de Jessica Lajard. En s’affranchissant des limitations de la culture, de l’esthétique et du goût, elle atteint ces émanations d’une énergie à l’œuvre que sont la vitalité et l’humour. Marguerite Pilven, 22 mai 2016 Diplômée d’une Licence de philosophie (spécialisation Esthétique à la Sorbonne) et d’une Maîtrise en histoire de l’art, Marguerite Pilven est critique d’art. Elle est auteure invitée du dispositif d’aide à la production de textes du Centre d’art contemporain La Traverse. 1 Villa Arson, Fröbel Fröbeled, Aurélien Froment, 2014. Source : villa-arson.org Soft Spot 07.06 > 02.07.2016 Une exposition de JESSICA LAJARD

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Page 1: COMMUNIQUÉ DE PRESSE Soft Spot...les protagonistes d’une romance tropicale. Ils s’enlacent tendrement, comme un couple d’amoureux. Leur balancement évoque celui des palmiers

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Le dur et le mouLors d’une conversation parue en 1966 dans le magazine Art Forum, Claes Oldenburg, l’artiste pop américain, initiateur de sculptures pâtissières monumentales et molles, disait vouloir « transporter l’œil dans les doigts ». On trouve beaucoup de doigts chez Jessica Lajard. Employés comme des figures métonymiques, souvent hypertrophiés, ils évoquent une réalité de la matière et du toucher indissociable de la pratique de la céramique et du plaisir sensuel qu’elle apporte. À travers ce motif, Lajard revisite également la colonne (ou la torsade), dont les évolutions et la valeur paradigmatique ont fait l’histoire de la sculpture et de l’architecture. Elle explore ce que l’érection ou l’affaissement d’un objet peut lui ajouter de vital, d’organique ou de grotesque. Dans une installation présentée au salon de Montrouge, en 2014, Love birds, deux doigts d’une hauteur d’un mètre quatre-vingt sont les protagonistes d’une romance tropicale. Ils s’enlacent tendrement, comme un couple d’amoureux. Leur balancement évoque celui des palmiers s’inclinant pour rechercher la lumière, stimulés par leurs hormones.En sculpture, le passage de la verticale à l’horizontale marque aussi tout l’art de l’informe moderne. Avec un sens certain de l’ellipse, Hangover évoque une débandade : il est un décor passé à la moulinette, vomi sur le squelette d’un transat. De façon plus métaphysique, Where is the icosahedron? adresse une curieuse question au visiteur placé devant onze variations d’un modèle de construction en bois, structurellement proche de l’œuf au plat, et dont le jaune a pris la forme d’un solide géométrique. Cette absurde interprétation de l’informe semble parodier les jeux de construction éducatifs « liant formes de la nature (ou de la vie), formes de connaissance (géométrie, mathématiques et sciences) et formes esthétiques (art) »1.

L’origine du mondeLa contrainte physique et technique de manipulation de la matière appelle une pensée de la forme et de ses possibles dérivations fictionnelles. Lajard dit ainsi ressentir l’effet d’un dialogue entretenu avec la matière qui, si elle se plie à ses doigts peut également lui résister, ou réagir d’une façon imprévisible qui en infléchira l’apparence finale. Lorsqu’elle pratique le moulage, l’histoire est autre. La logique du négatif et du positif qui en sous-tend le processus introduit chez elle un humour basé sur ce que l’interprétation la plus simple possible d’un objet pourrait donner. Elle entre dans une analyse plus réfléchie de la forme comme elle s’adonnerait à un jeu avec des règles bien définies.En résidence à Limoges, ville mondialement connue pour sa porcelaine blanche, Lajard a réalisé une série de modules cylindriques décomposant le corps humain en deux unités complémentaires et presqu’identiques : la tête et le tronc. Leur similitude et leur principe d’emboîtement appellent l’imaginaire à étudier tout l’éventail de leurs combinaisons. On est en pleine réduction à des formulations géométriques et démultiplication infinie en série, dans l’esprit de l’art minimal. Ce parti-pris esthétique se conjugue avec les origines industrielles de la porcelaine et sa blancheur. Eye candy, le titre de l’œuvre, synthétise efficacement le raccourci de l’œil et du toucher qu’elle suggère. Les parties amovibles, des pointes de chantilly, obstruent les organes faciaux des robots et coiffent d’un gland crémeux le cylindre planté sur les modules-tronc. (…) Un appétit de conquête et d’appropriation du banal traverse l’œuvre de Jessica Lajard. En s’affranchissant des limitations de la culture, de l’esthétique et du goût, elle atteint ces émanations d’une énergie à l’œuvre que sont la vitalité et l’humour.

Marguerite Pilven, 22 mai 2016

Diplômée d’une Licence de philosophie (spécialisation Esthétique à la Sorbonne) et d’une Maîtrise en histoire de l’art, Marguerite Pilven est critique d’art. Elle est auteure invitée du dispositif d’aide à la production de textes du Centre d’art contemporain La Traverse.

1 Villa Arson, Fröbel Fröbeled, Aurélien Froment, 2014. Source : villa-arson.org

Soft Spot07.06 >

02.07.2016Une exposition de Jessica LaJard

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ÉVÉNEMENTS AUTOUR DE L’EXPOSITION Informations, réservations :

[email protected]

Samedi 11 juin 2016 de 15h00 à 16h15, WELCOME MAMYS, PAPYS AND KIDS !

Visite commentée intergénérationnelle, à partir de 7 ans.Réservations nécessaires

Mercredi 22 juin 2016 à 19h, EN COMPAGNIE DE JESSICA LAJARD

Visite commentée par l’artiste.

Samedi 25 juin 2016 de 15h00 à 16h15,LES VISITES BLOUPBLOP

Visite commentée pour les 8-13 ans.Réservations nécessaires

Mardi 28 juin 2016 de 19h à 21h,ATELIER D’ÉCRITURE

Atelier d’écriture animé par Marc Verhaverbeke,de l’Association des Amis de la Librairie L’Établi.

Jauge limitée. Réservation nécessaire.

PARTENAIRES DE LA TRAVERSELa Mairie d’aLfortviLLe

ConseiL régionaL d’iLe-de-franCeParisart.CoM

Le PôLe CuLtureLgroLsCh

artistik rezoLa Muse en CirCuit - Centre nationaL de Création MusiCaLe

Le théâtre studio Boesner Paris

CONTACTwww.cac-latraverse.com

Tel : [email protected]

assoCiation artyardsous la présidence de M. Arnaud Aussibal

[email protected]

EXPOSITIONdu mardi 7 juin au samedi 2 juillet 2016

VERNISSAGEMardi 7 juin 2016 de 18h à 22h, en présence de l’artiste et de Monsieur le Sénateur-Maire d’Alfortville, Luc Carvounas.

COMMISSARIATBettie NiN & cédric taLiNg

AUTEURE INVITÉEMarguerite PiLveN

CAC - LA TRAVERSE Centre d’art contemporain d’Alfortville9, rue Traversière 94140 Alfortville

Le centre d’art accueille :- tous les publics en accès libre et gratuit, du mercredi au samedi de 14h à 18h et en nocturne les mercredis jusqu’à 20h. – les scolaires et groupes sur RDV, pour des visites commentées du lundi au jeudi de 10h à 18h et le vendredi de 10h à 13h. Selon la formule choisie, la visite sera suivie ou non, d’un atelier de pratique artistique. Réservations, informations : [email protected] Fermé dimanches et jours fériés. L’ensemble de l’espace du centre d’art est accessible aux personnes handicapées moteurs. Chiens-guides bienvenus.

VENIREn transport en commun :Métro 8, Ecole Vétérinaire + bus 103, arrêt Salvador Allendeou RER D, arrêt Maisons-Alfort – Alfortville (Sortie côté «Alfortville» + 8 minutes de marche)

En voiture :Sortie Porte de Bercy, direction A4 Metz-Nancy, première sortie Alfortville.Autolib’ 39, rue du Port à l’Anglais. Autolib’ 1bis, Avenue Joseph Franceschi.Autolib’ 61, quai Blanqui.Autolib’ 16 avenue du Général Malleret.

AVEC LE SOUTIEN DE

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

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0207

LATRAVERSECentre d’artcontemporaind’Alfortvi l le9 rue traversière94140 Alfortville94140 Alfortville01 56 29 37 21cac-latraverse.com

Vernissagemardi 07 juinde 18h à 22h

Visites libres et gratuites tout public du mercredi au samedi de 14h à 18h. Mercredis jusqu’à 20h. Visites des groupes et scolaires du lundi au jeudi de 9h à 18h sur RDV.Tarifs et reservations >Tarifs et reservations >[email protected]

AgendaSamedi 11/06 de 15h00 à 16h15WELCOME MAMYS, PAPYS AND KIDSVisite intergénérationnelle.De 7 ans à 77 ans et +

Mercredi 22/06 à 19hEN COMPAGNIE DE JESSICA LAJARDEN COMPAGNIE DE JESSICA LAJARDVisite commentée par l’artiste.

Samedi 25/06 de 15h00 à 16h15LES VISITES BLOUPBLOPVisite commentée pour les 8-13 ans.

Soft Spot JESSICA LAJARD

COMMUNIQUÉ DE PRESSE