comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

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Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ? Synthèse du débat ouvert du 29 juin 2014 et de témoignages recueillis durant l’été par les Jeunes Démocrates de l’Isère Les dernières élections, et en particulier celles de ce printemps 2014, ont donné lieu à une montée simultanée de l’extrême-droite et de l’abstention en mettant en avant la méfiance croissante qu’expriment les citoyens vis-à-vis des responsables politiques. Ce sont les mêmes constats que faisait Jean Lassalle en 2013 lors de sa marche de 8 mois à la rencontre des Français. En tant que jeunes citoyens engagés en politique, cette actualité nous interpelle et nous avons voulu, avec les Jeunes Démocrates de l’Isère, organiser un dialogue ouvert qui s’est tenu le 29 juin dernier à Grenoble pour échanger autour de ce sujet. Nous avons aussi profité de cette réflexion pour lancer la discussion autour de nous avec des personnes non engagées en politique, dans le but de comprendre quelles sont les raisons à la base de ce « ras-le-bol » et quelles solutions les citoyens voudraient proposer. Si comme l’exprimaient des participants l’heure semble être à la résignation pour une partie des citoyens (« je n’attends plus rien des politiques »), comme cela a aussi été exprimé, « si les gens ne votent pas, le vote perd tout son sens » : la démocratie fonctionne avec la participation du peuple. Dès lors, nous nous sommes interrogés sur ce qui pourrait permettre de rétablir la confiance entre les citoyens et les politiques, pour recréer le lien entre les deux, et amener les citoyens à être parties prenantes des décisions politiques. Animés par ces constats, nous sommes alors allés à la rencontre de jeunes isérois non engagés en politique à travers tout le département, pour approfondir cette réflexion avec eux, comprendre leur rapport à la politique et les encourager à s’engager. Nous vous présentons ici le compte-rendu de toutes les idées échangées, notre contribution pour répondre à la question : comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

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Dans un contexte de méfiance d'une grande partie des citoyens envers la classe politique, les Jeunes Démocrates de l'Isère ont souhaité lancer une grande réflexion sur cette question pour comprendre comment expliquer ce fossé entre les citoyens et les politiques, et trouver des solutions pour redonner confiance en la politique et encourager les citoyens à davantage s'impliquer.Ce grand dossier est la synthèse de nombreux échanges que nous avons eus au cours de cet été :- lors du débat ouvert organisé fin juin à Grenoble sur cette question- lors d'échanges avec de nombreuses personnes non politisées tout au long de l'été- lors de l'action "Place (au) orange" menée par les Jeunes Démocrates de l'Isère au mois de septembre pour échanger avec des jeunes de tout le département, en particulier autour de cette question.

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Page 1: Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la

politique ?

Synthèse du débat ouvert du 29 juin 2014 et de témoignages

recueillis durant l’été par les Jeunes Démocrates de l’Isère

Les dernières élections, et en particulier celles de ce printemps 2014, ont donné lieu à une montée

simultanée de l’extrême-droite et de l’abstention en mettant en avant la méfiance croissante

qu’expriment les citoyens vis-à-vis des responsables politiques. Ce sont les mêmes constats que faisait

Jean Lassalle en 2013 lors de sa marche de 8 mois à la rencontre des Français.

En tant que jeunes citoyens engagés en politique, cette actualité nous interpelle et nous avons voulu,

avec les Jeunes Démocrates de l’Isère, organiser un dialogue ouvert qui s’est tenu le 29 juin dernier à

Grenoble pour échanger autour de ce sujet. Nous avons aussi profité de cette réflexion pour lancer la

discussion autour de nous avec des personnes non engagées en politique, dans le but de comprendre

quelles sont les raisons à la base de ce « ras-le-bol » et quelles solutions les citoyens voudraient

proposer.

Si comme l’exprimaient des participants l’heure semble être à la résignation pour une partie des

citoyens (« je n’attends plus rien des politiques »), comme cela a aussi été exprimé, « si les gens ne

votent pas, le vote perd tout son sens » : la démocratie fonctionne avec la participation du peuple. Dès

lors, nous nous sommes interrogés sur ce qui pourrait permettre de rétablir la confiance entre les

citoyens et les politiques, pour recréer le lien entre les deux, et amener les citoyens à être parties

prenantes des décisions politiques.

Animés par ces constats, nous sommes alors allés à la rencontre de jeunes isérois non engagés en

politique à travers tout le département, pour approfondir cette réflexion avec eux, comprendre leur

rapport à la politique et les encourager à s’engager.

Nous vous présentons ici le compte-rendu de toutes les idées échangées, notre contribution pour

répondre à la question : comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

Page 2: Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

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Table des matières

1/ Moraliser la vie politique ................................................................................................................ 3

1) Des affaires et des attitudes politiciennes qui donnent une image négative de la politique aux citoyens ..... 3

2) Vers une évolution des institutions favorisant l’exemplarité des élus ............................................................. 4

2/ Une autre communication entre les citoyens et les politiques ......................................................... 6

1) Un éloignement des politiques ressenti par les citoyens ................................................................................. 6

2) Montrer une autre image de l’action politique aux citoyens ........................................................................... 8

3) Rendre la réflexion politique plus accessible aux citoyens ............................................................................ 10

3/ Rapprocher les citoyens de la prise de décisions ........................................................................... 14

1) Des citoyens résignés qui aimeraient pouvoir contribuer de façon utile ....................................................... 14

2) La difficulté des politiques à mobiliser les citoyens ....................................................................................... 17

3) Former à l’engagement et l’encourager pour donner une plus grande place à la participation citoyenne .. 19

Conclusion ........................................................................................................................................ 22

Bibliographie / Sources d’inspiration ................................................................................................ 23

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1/ Moraliser la vie politique

Pour un certain nombre de citoyens, la première réaction exprimée en parlant des politiques est « tous

pourris ». Que veulent dire les citoyens quand ils expriment ce ressenti ? Comment pourrait évoluer le

système politique pour encourager davantage ceux qui s’y engagent aux comportements les plus

constructifs ?

1) Des affaires et des attitudes politiciennes qui donnent une

image négative de la politique aux citoyens

Les affaires qui touchent les responsables politiques sont très mal perçues par l’opinion, en donnant le

sentiment aux citoyens que les politiques sont malhonnêtes.

- Les affaires impliquant les politiques ont pris une grande place dans les médias ces derniers

temps (Cahuzac, Bygmalion, démission récente du ministre Thévenoud suite au non-paiement de

ses impôts…)

- « On a un sentiment « 2 poids, 2 mesures » en terme de justice, que les politiques ne sont pas

responsables de ce qu’ils font »

Les citoyens sont également agacés par le ton des échanges entre responsables politiques. Ils

aimeraient un débat plus constructif, qui permettrait une action politique plus efficace.

- « Il faudrait avant tout arrêter les manœuvres politiques classiques en particulier les postures

d'opposition systématique à toute politique effectuée par un autre parti »

- « Les gens ne votent pas parce qu’ils ont l’impression que les guerres internes sont plus

importantes que les idées »

- « Il faut respecter les dimensions d'une élection. En particulier les élections municipales ne sont

pas un message envers le gouvernement en place. Je trouve insupportable qu'on nous dérobe le

scrutin municipal pour lequel on peut voir souvent concrètement les conséquences de nos choix

électoraux au profit de messages supposément envoyés au pouvoir en place.»

- Sentiment de « formatage », d’une même façon de parler, « l’impression que c’est du cinéma et

qu’il n’y a pas de fond, pas comme De Gaulle qui incarnait ses idées »

- « Avec la compétition entre partis, les politiques croient qu’ils doivent forcément passer leur

temps à critiquer les autres pour être élus. On dirait qu’ils se sentent obligés de passer plus

d’énergie à démonter ce que font les autres qu’à construire un projet et à écouter les citoyens.

Même si les critiques peuvent apporter au débat, elles sont parfois très basses et ces échanges

Page 4: Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

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paraissent factices voire stupides du point de vue des citoyens. Il faudrait des échanges plus

constructifs entre les politiques des différents partis. »

Ces affaires et ces attitudes politiciennes déçoivent les citoyens et entraînent un sentiment de « tous

pourris ». Ce mécontentement est une des causes du vote en faveur des extrêmes et de l’abstention (ce

dernier choix étant prisé par ceux qui ne veulent pas voter par les partis de gouvernement tout en

refusant d’aller vers les extrêmes).

L’avis d’un élu sur ce ressenti des citoyens

Si de nombreux citoyens ont cette image négative des politiques en entendant ces affaires dans les

médias, elles ne concernent tout de même qu’une faible part des responsables politiques : tous ne sont

pas à mettre dans le même sac.

- Sur le « tous pourris » : sentiment des élus que les gens ne font pas la part des choses, « on le vit

très mal quand on y consacre du temps et de l’énergie »

- « Il n’y a pas plus de gens malhonnêtes en politique qu’ailleurs, en politique on les voit

simplement plus »

Les affaires qui concernent des politiques impactent ainsi l’image de l’ensemble de la classe politique,

et, ajoutées aux attitudes politiciennes, donnent l’impression aux citoyens que les politiques ne sont pas

sincères. Mais cette image est aussi une souffrance pour les politiques lorsqu’ils sont tenus

collectivement responsables d’attitudes individuelles. Citoyens comme responsables politiques

gagneraient ainsi à ce que le système politique valorise avant tout les attitudes les plus constructives.

2) Vers une évolution des institutions favorisant l’exemplarité des

élus

La moralisation de la vie politique apparaît comme une des priorités à mettre en œuvre pour rétablir le

lien de confiance entre citoyens et politiques, car de par leurs responsabilités, les politiques ne peuvent

être considérés comme crédibles par les citoyens sans être exemplaires.

Cette moralité doit d’abord être entraînée par la loi, premier rempart contre les dérives et garantie que

les politiques aient des limites à respecter, c’est pourquoi de nombreuses voix s’élèvent pour qu’une loi

de moralisation ambitieuse soit votée.

- Proposition de faire voter une loi de moralisation par référendum, pour que ce ne soit pas les

élus qui légifèrent sur ce qui les concernent directement (« Les élus font ce qu’ils veulent s’ils

Page 5: Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

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choisissent eux-mêmes quelles règles ils doivent suivre, combien ils sont payés… Cette loi doit

être votée par les citoyens pour que ce soit réellement démocratique »)

- Plus de transparence financière de la part des partis, règles claires et contrôle rigoureux des

indemnités représentatives de frais de mandat

- Travail sur les peines d'inéligibilités en matière de délits politiques

- Loi définissant un cadre spécifique pour régir la démocratie interne des partis politiques

Il apparaît ainsi comme fondamental pour que les citoyens leur fassent confiance que les élus soient

exemplaires : bien qu’ils aient des défauts comme tout être humain, leur responsabilité les oblige à

avoir une attitude modélisante pour être crédibles.

- « Il est primordial que les élus soient exemplaires et soient soumis exactement aux mêmes règles

que les autres citoyens, car pour garder le lien de confiance qui les lie aux citoyens il ne faut pas

qu’ils apparaissent comme des privilégiés »

- « Un éducateur ne peut pas apprendre à ne pas taper en tapant. Un responsable politique ne

peut pas apprendre aux citoyens à respecter la loi s’il ne la respecte pas. »

- « L'exemplarité, surtout pour les élus, est fondamentale dans la mesure où les élus représentent

les citoyens »

Le rôle de responsable politique demande ainsi des efforts spécifiques, ou mieux, d’être choisi de façon

désintéressée, avec pour seule ambition de servir la collectivité.

- « Le politique doit être dans l’état d’esprit de faire ça pour les autres, dans un état d’esprit de

dévouement et non pas juste pour gérer les affaires courantes. Être politique, ce n’est métier,

c’est un engagement pour les autres. »

- «Elu, c’est un rôle de service »

- « Les meilleurs politiques sont ceux qui incarnent ce qu’ils défendent, qui le vivent »

- Comment, en démocratie, arriver à valoriser les hommes politiques qui ont des valeurs, du bon

sens, et qui incarnent tout cela ?

- Comment mettre ça au cœur des campagnes politiques et du débat citoyen ?

La moralisation de la vie politique doit ainsi passer à la fois par un encadrement plus fort des pratiques

politiques par la loi, et par une prise de conscience des élus que la crédibilité de leur action est

directement liée à leur honnêteté et leur sincérité.

Page 6: Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

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2/ Une autre communication entre les citoyens et les

politiques

Les enquêtes d’opinion montrent qu’une part assez faible des citoyens font confiance aux responsables

politiques, les citoyens se montrent souvent très critiques envers ceux-ci et n’ont pas forcément le

sentiment qu’ils les représentent. De l’autre côté, les responsables politiques éprouvent de la difficulté

à se faire comprendre des citoyens et à créer du lien avec eux. Comment changer cette perception de

« fossé » entre les citoyens et les politiques ?

1) Un éloignement des politiques ressenti par les citoyens

Le manque de lien entre citoyens et politiques s’exprime d’abord par un sentiment des citoyens de ne

pas être écoutés par les politiques.

- Sentiment d’une partie des gens que l’Europe ne comprend pas, ne tient pas compte des

citoyens, déçus du « passage en force » pour le traité européen : les Français ont voté non alors

que le traité de Lisbonne a été ratifié deux ans plus tard -> manque de démocratie dans les

institutions de l’UE

- Sentiment que les politiques ne protègent pas assez (sentiment que les politiques n’ont pas de

pouvoir face au monde économique), « Le sentiment d'impuissance qui s'exprime vis-à-vis du

monde politique, c'est le même que celui qui s'exprime vis-à-vis du monde économique »

- « Notre système français n’oblige pas à des conseils citoyens, à la prise en compte de la volonté

des français » (exemple de l’urbanisme : pas d’obligation légale à consulter les personnes)

- « Les scientifiques ont le sentiment de ne pas forcément être écoutés par les politiques,

notamment pour le réchauffement climatique »

D’autre part, les responsables politiques évoluent dans un milieu qui n’est pas très représentatif de ce

que vit l’ensemble de la population, ce qui donne aux citoyens le sentiment que les politiques sont en

décalage avec leur réalité.

- Manque de confiance lié à l’éloignement avec les représentants (éloignement « physique » : peu

de rencontres, et « psychologique » : pas la même vie) -> on accorde plus volontiers sa confiance

au maire de son village à la campagne, plus on monte en échelon, plus il y a un éloignement avec

les citoyens

« Dans les villages, on est beaucoup plus amenés à donner sa confiance à l’élu local, parce qu'il

partage le même quotidien que nous »

Page 7: Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

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- La plupart des responsables politiques sont issus du même milieu social -> les citoyens issus

d’autres milieux ne se sentent pas forcément représentés

- « ENA = vase clot » -> apprendre à voir les choses sous un angle théorique et administratif, pas

dans la réalité

- Problème des élus qui n’ont jamais connu autre chose que le monde politique

- « Plus les élus sont techniques, moins ils sont proches »

- Les politiques ne comprennent pas cet éloignement

« Tous pourris non, mais tous lointains oui »

L’avis d’un élu sur cette question de l’éloignement

Les élus ont de leur côté le sentiment que l’engagement en politique, et le temps qu’il demande, ne

permet pas plus de proximité, même s’ils veulent faire de leur mieux pour créer du lien avec les

citoyens. Les compétences demandées par le rôle d’élu peuvent de plus être un obstacle à la diversité

des profils des représentants.

- « Il ne faut pas oublier que les élus sont des individus, des parents qui mettent leurs enfants à

l’école, prennent les transports en commun… »

- « Difficile d’avoir la même vie que les citoyens, la représentation nationale est très incompatible

avec la vie professionnelle »

- Concernant l’idée d’avoir des ministres ayant une profession liée à ce domaine : « Tant mieux

qu’on n’ait pas de médecins ministres de la santé, car être ministre demande du recul, une vision

globale, de ne pas avoir de parti-pris »

- « Si on veut attirer les meilleurs, les individus les plus compétents, il faut des salaires qui soient

du même type que ce qu’ils auraient dans le privé, il faut que la fonction publique soit attractive

pour les gens qui ont les compétences »

- « Les grandes fortunes françaises ne viennent pas de la politique »

Ce sentiment d’éloignement n’est ainsi pas perçu de la même manière par les politiques et les citoyens,

mais témoigne en tout cas d’un manque de compréhension entre ces deux mondes. Pour qu’il y ait

davantage d’écoute et de proximité, il apparaît avant tout nécessaire de créer plus de liens entre

citoyens et politiques.

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2) Montrer une autre image de l’action politique aux citoyens

Une responsabilité partagée entre politiques, citoyens et médias

Alors que les citoyens sont souvent dégoûtés de l’image des politiques qu’ils voient dans les médias, les

responsables politiques ont le sentiment que leur action est déformée par les médias, qui donnent un

espace important aux affaires et aux querelles internes mais n’approfondissent pas toujours les sujets

de fond. Cependant, cette information de fond reste accessible aux citoyens, qui doivent s’y intéresser

afin qu’elle soit davantage valorisée.

- Sentiment par certains citoyens d’être manipulés par les médias, sentiment d’une connivence

entre pouvoir médiatique, politique et économique

- Poids de la communication dans la politique, et importance de cette communication pour être

élu

- « Les citoyens ne font pas confiance aux jeunes qui arrivent, ils veulent un renouvellement des

politiques mais votent pour ceux qu’ils connaissent »

- « Les gens se plaignent des affaires politiques mais ils réélisent Balkany ! »

- « La communication – et ainsi l’argent –permet de gagner une élection seulement si les citoyens

préfèrent voter pour celui qui communique bien que pour celui qui réfléchit bien. Il faut

responsabiliser les citoyens, qu’ils aient conscience de l’importance de s’informer de manière

approfondie. Les politiques et les médias mettraient plus en avant la réflexion de fond si c’était

ce qui marchait pour être écouté. »

- « Les gens s’en foutent de Trierweiler, ce qui les intéresse c’est l’emploi »

- « Les médias ne cherchent pas tous à faire de la bonne information, ils cherchent à faire de

l'information qui s'achète, parce que c'est ça qui les fait fonctionner »

- « J’expliquais à des personnes non politisées une des réflexions qu’on avait à ce moment-là au

sein de notre parti, des questions qu’on se posait et un débat qu’on organisait sur ce sujet. J’ai

été très étonnée de leur réaction, dans la discussion ils venaient de passer 1/4h à critiquer les

politiques, et là ils nous félicitaient pour ce qu’on faisait, ils trouvaient ça très intéressants ; ils

étaient très étonnés qu’au sein des partis on se pose comme ça des questions de fond. Ils n’en

entendaient jamais parler donc ils n’imaginaient pas que cela puisse être le quotidien dans un

parti politique. Cet aspect là de la politique ils le trouvaient très intéressant, ils aimeraient que

les médias en parlent plus plutôt que de parler de politique politicienne. D’autant plus que c’est

en valorisant le débat de fond que ça donne envie aux partis de s’y concentrer. »

- « Il faudrait plus d’optimisme dans les médias, un regard plus positif »

Page 9: Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

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- « Il faut donner envie aux citoyens de chercher une information approfondie »

- « Il faudrait une meilleure formation des journalistes aux impacts de leur travail, qu’ils puissent

mieux prendre conscience de la façon dont sont lus leurs articles et de l'influence qu'ils ont dans

l'opinion »

- Dans quelle mesure pourrait-on encourager les médias à faire une information plus complète et

les citoyens à chercher cette information ?

- Comment faire pour donner envie aux médias de ne plus parler des petites phrases mais des

idées en profondeur, comment rendre la politique « sexy » ?

- « Si les élus donnent l’impression d’être arrogants, c’est qu’ils ne savent pas communiquer »

- « Crevons l’abcès, si les politiques font l’effort d’être proches, mais que ce n’est pas ressenti par

les citoyens, ils doivent lancer le débat »

Une meilleure communication, et ainsi une meilleure compréhension, entre les citoyens et les

politiques, demande ainsi une attitude responsable, et ouverte, à la fois des politiques, des citoyens et

des médias : ces derniers étant souvent le lien entre les deux premiers.

Page 10: Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

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3) Rendre la réflexion politique plus accessible aux citoyens

De nombreuses réflexions sont actuellement menées pour trouver comment rapprocher la politique

des citoyens, autant sur la forme que sur le fond.

« Il ne faut pas changer l’image des politiques, qui se changera d’elle-même quand il y aura

un changement du système, il faut changer plutôt la politique »

Plus de relations entre les politiques et les citoyens

Pour que les citoyens se sentent plus écoutés et comprennent mieux l’action politique, il faut créer

davantage de lieux d’échanges entre les citoyens et les politiques.

- La pédagogie est la solution pour faire comprendre l’intérêt des élections

- Plus de rencontres entre les politiques et les Français (ex : démarche « La Grande Enquête » des

Jeunes Démocrates)

- « Les gens attendent qu'on leur parle directement, pas par lettres, pas par le journal, mais

directement. Par exemple, appeler quelqu'un au téléphone et parler serait long mais mille fois

plus efficaces qu'envoyer mille mails qui seront sans réponse. Ecrire un article, c'est très bien,

mais ce n'est pas suffisant. Ca n'a aucun impact sur les gens de mon lycée par exemple, les gens

ne lisent pas, ne veulent pas se renseigner. Il faut aller à eux ! »

- Aller davantage chercher les citoyens, jusque sur leur lieu de vie ?

- Inciter les élus à aller voir directement les gens pour comprendre leurs attentes

- « Les citoyens ont l’expertise des situations qu’ils vivent, il faut aller leur demander dans leur

quotidien »

- « Allons vers les gens pour les écouter. Pourquoi pas lancer une page, un forum pour que les

gens expriment leurs ressentis et qu'on les écoute, qu'on prenne le temps de comprendre. »

- Sur les réseaux sociaux : engagement plutôt éphémère (+ risque de manipulation), il faut

encourager engagement dans la durée, plus qu’un simple soutien => internet : un outil mais pas

« l’outil » (relation par tweet : c’est bien qu’il y ait un lien direct mais le politique doit prendre en

compte l’intérêt général, pas juste l’avis d’une personne)

- Mise en place du parrainage citoyen pour certaines élections ?

- « Je pense que les jeunes des partis politiques pourraient organiser en commun avec d'autres

partis des événements festifs ou sérieux avec des intervenants d'autres cultures. L'idée est de

casser les barrières habituelles qu'elles soient culturelles ou politiques. »

- « Les gens attendent un rassemblement de tous, de vrais citoyens »

Page 11: Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

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Vers une évolution des institutions pour un pouvoir plus représentatif

Un grand nombre d’idées émergent aujourd’hui pour rendre le système politique plus représentatif des

citoyens et de leurs opinions.

- Favoriser le renouvellement des responsables politiques (non cumul des mandats, dans le temps

et en nombre de mandats simultanés)

- Comptabiliser le vote blanc (« De toute façon ça ne sert à rien de voter blanc, ça ne compte

pas »)

- Plus de proportionnelle (exécutif + assemblée -> un parti a beaucoup trop de pouvoir ; en cas de

proportionnelle, on est plus responsabilisé car son vote a plus d’impact)

- Autre mode de scrutin ? (exemple : vote de valeur où on donne une note à chaque candidat, ce

qui pousse les citoyens à s’intéresser à tous les programmes plutôt que de voter « utile »,

souvent par défaut)

- Quel avenir pour les nouveaux partis français prônant des idées démocrates ? (Nouvelle Donne,

Rassemblement citoyen, Nous Citoyens, Front Démocrate, Parti Pirate, etc. ; et plus ancien le

Mouvement Démocrate)

- Est-ce contradictoire de vouloir changer le système politique en participant au jeu de la

compétition entre partis ? / Et inversement, est-ce nécessaire ?

- Faut-il supprimer les partis politiques ? (qui sont en un sens des « assemblages » d’idées et de

revendications parfois antagonistes) Sont-ils le meilleur moyen ou non de faire vivre le débat

politique ?

- Quelles alternatives pourraient exister ?

- Pourrait-on inventer un autre système électoral et/ou un autre système de gouvernance

permettant que la compétition entre partis ait moins de place et les propositions des citoyens

plus de place ?

Serait-il possible/souhaitable d’aller vers un système où les représentants sont tirés au sort ?

(avantages : implication directe des citoyens, personnes décisionnaires représentant la

diversité de la population, moins de problème de politiques « carriéristes » et de postures

politiciennes ; inconvénients : question de la légitimité des représentants ne représentant

pas toujours les opinions des citoyens, de la continuité de l’action politique en cas de

changement fréquent de l’assemblée, des compétences des personnes qui font les lois)

Avoir une assemblée à moitié élue, à moitié tirée au sort ?

-> cela permettrait de profiter des avantages des deux systèmes, avec un enrichissement

mutuel : les élus apporteraient leurs compétences à rédiger des loi et leur culture politique,

et les citoyens « lambdas » leur rapport à la réalité, leur diversité et leur spontanéité.

Page 12: Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

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- Proposition d’une VIe République, mise en place d’une nouvelle Constitution pour faire évoluer

les institutions, avec en particulier :

> la prise en compte du vote blanc,

> le non-cumul des mandats,

> plus de proportionnelle,

> une seule assemblée législative ou une diminution du nombre de députés et de sénateurs,

pour qu’ils soient plus responsables de leur mission,

> un seul chef de l’exécutif (président ou 1er ministre), l’autre ayant un rôle de représentant de

l’Etat plus symbolique (« il faut distinguer ces deux rôles pour que les critiques envers la

politique menée ne soient pas de paire des critiques envers le représentant de la France »)

- « Pourquoi ne pas confier l'immense chantier de l'organisation du métier politique et donc des

partis, pièce centrale du dossier, à un « Haut Conseil de la démocratie » tiré au sort et non

renouvelable, qui serait chargé d'élaborer, hors des injonctions du pouvoir politique, toutes les

règles de fonctionnement de la profession politique.» Michel Offerlé (Professeur à l'Ecole

normale supérieure-Ulm) – article du Monde1

La question de la formation des responsables politiques est également soulevée, la connaissance du

terrain étant en effet au moins aussi importante que les connaissances théoriques.

- Une école telle que l’ENA, formant de nombreux responsables politiques selon une vision très

administrative et théorique, est-elle pertinente en l’état ? -> Proposition de la supprimer, ou de

réformer ses enseignements pour qu’ils rapprochent plus les futurs décisionnaires qui y sont

formés de la réalité

- Proposition d’avoir des spécialistes à la tête des ministères et non des hommes politiques sans

expérience professionnelle (spécialistes du domaine mais ayant du recul pour éviter des conflits

d’intérêts)

- Proposition que pour accéder à telle ou telle responsabilité il faille avoir fait des stages dans

différents secteurs (entreprises…), « pour s’être confronté soi-même à ce que les gens vivent. »

« Rien que symboliquement cela aurait déjà de la valeur. »

- « Il faudrait un système où du bon sens et des valeurs, ça suffise pour être un bon décideur

politique »

1 Cf bibliographie

Page 13: Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

13

Face à ce « fossé » ressenti entre citoyens et hommes politiques, dont témoignent aussi des

responsables politiques2, il s’avère ainsi nécessaire de faire évoluer les institutions pour que les

représentants aient une vie plus proche des citoyens.

Besoin de plus de débats et d’information approfondie

En envisageant de faire davantage appel à l’avis des citoyens, il faut permettre à ceux-ci d’avoir accès à

une information leur donnant les clés pour comprendre la société et se faire une opinion approfondie,

tous les citoyens ne se sentant pas à l’aise pour analyser l’actualité politique.

- « Il faut aider à faire un comparatif neutre entre les partis »

- « Il faudrait un magazine neutre de 2 ou 3 pages dans les facs, aussi souvent que possible, avec le

20 minutes, présentant tous les partis politiques et l'information politique. »

- « Il faut faire des réunions de plusieurs partis politiques ensemble »

- « Il faut organiser de vrais débats avec des intervenants des différents partis et idées (avec

notamment des spécialistes des sujets abordées) centrées sur les idées et non sur les postures »

- « Il faut que les politiques et les médias expliquent mieux l’Union européenne, parce que ça nous

concerne mais qu’on ne comprend pas forcément comment elle fonctionne »

Plus qu’une question d’image, il apparaît ainsi nécessaire de repenser la relation entre les citoyens et

les politiques, qui ne peuvent mieux se comprendre qu’en étant davantage en contact.

2 Cf la tribune de Michèle Delaunay indiquée dans la bibliographie

Page 14: Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

14

3/ Rapprocher les citoyens de la prise de décisions

Etymologiquement, la démocratie repose sur le principe d’un pouvoir exercé par le peuple, cependant

aujourd’hui un grand nombre de citoyens se sentent éloignés de la politique et n’y prennent pas part.

Qu’est-ce qui les retient de participer, et comment orienter l’idéal et les compétences que chacun

porte vers un engagement pour la collectivité ?

1) Des citoyens résignés qui aimeraient pouvoir contribuer de

façon utile

Beaucoup de citoyens n’ont jamais envisagé de faire remonter leurs idées et leur avis aux élus, ne

s’imaginant pas que leur participation puisse apporter quelque chose. Peu de citoyens font la démarche

de prendre part à la vie politique, alors même qu’ils aimeraient être plus écoutés par les élus. Manque

d’intérêt ou résignation, pourquoi est-ce que si peu de citoyens font la démarche de s’engager ?

- « Les gens autour de moi me donnent l'impression de ne pas s'intéresser à la politique, et de ne

pas la comprendre : trop compliqué, langage technique, ils s'y perdent »

- « La politique, ça donne mal au crâne »

- Parmi les raisons de l’abstention : pas d'idées sur la question ; pas envie de se renseigner, donc

pas envie de voter pour n'importe quoi ; ne pas se sentir concerné, trouver les élections

lointaines et ne pas en voir l'importance

- « Beaucoup attendent des politiques qu’ils « fassent leur boulot », se sentant bien pris de leur

côté par leur famille et leur travail »

- « Adhérer à un parti politique, pour quoi faire ? »

- « Comment peut-on être utile dans un parti politique ? »

- « Les gens ne veulent pas s'engager parce qu'ils pensent ne pas avoir les armes, ne sont pas

formés » - « Les partis politiques sont inaccessibles »

- « Pour les gens, s’encarter est une démarche lourde, il faut changer ça »

- « On ne montre pas assez au simple citoyen que sa parole est importante »

- « Les citoyens ne savent pas comment faire remonter leurs idées »

Page 15: Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

15

- « Les gens ne savent pas pourquoi ils s’engageraient parce qu’ils ont le sentiment que c’est

réservé à une élite »

- « Les gens n’imaginent pas avoir quelque chose à apporter à la politique »

- « Le frein principal des gens pour s'impliquer, c'est qu'ils se pensent incompétents »

L'exemple est donné en lien avec les budgets participatifs, « les gens pensent qu'ils ne sont pas

capables de le faire, s'ils ne s'impliquent pas c'est qu'ils n'osent pas »

- « Le problème, si les gens ne s'engagent pas, à mon sens, c'est qu'ils sont dans un état passif et

attendent qu'on vienne. Alors venons. Mes parents critiquent continuellement les hommes

politiques, notre manière de faire de la politique. Je leur ai dit que ça ne servait à rien de

critiquer s’ils ne s'engageaient pas, tout comme ceux qui critiquent sans avoir voté. »

- « Les gens n’aiment pas la politique politicienne et ne veulent pas s’engager dans cette politique-

là »

- « les gens ont le sentiment que ce n’est pas au sein de la politique qu’ils pourront le mieux

défendre leurs idées »

- « Dans les partis, il faut considérer les militants comme des sources d’idées et non pas seulement

comme des colleurs d’affiche »

- « Les citoyens sont résignés car ils ne voient pas comment avoir un impact sur les problèmes du

monde à leur échelle »

- « Mon vote ne compte pas car ce n’est qu’une voix sur des dizaines de millions »

- Les gens aimeraient changer le monde mais ils ne savent pas comment faire -> résignation

- Les gens ne veulent pas juste être consultés, mais aussi participer aux décisions

- Besoin pour les gens de voir/comprendre que quand ils s’impliquent, ça sert à quelque chose =>

la question de l’utilité de l’engagement est centrale

- « Ce sont aux politiques de dire et de montrer aux citoyens qu’ils peuvent s’impliquer »

- « Lors de ma 1e réunion politique, il y a eu un déclic : quand on m’a demandé mon avis »

Les besoins exprimés par les citoyens :

Que la politique soit plus accessible, moins de complexité dans les débats, dans le

processus de décision

S’ils s’engagent : que ce soit utile, que cela ait un impact réel

Qu’on aille vers eux (les gens ne vont pas forcément chercher l’info approfondie,

s’informer sur tous les aspects, les enjeux : manque de temps, de passion… mais ils sont

Page 16: Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

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intéressés quand on va vers eux) -> faire comprendre l’importance des élections et en

quoi ça les concerne

Un potentiel de compétences qui peut être puisé dans la société

- 10 à 15 millions bénévoles dans des associations en France => un potentiel important de

personnes prêtes à donner de leur temps pour la collectivité

- un niveau d'étude de plus en plus élevé, qui développe de plus en plus le sens critique et le recul

(ex : en cours d'histoire avant on apprenait d’abord des dates, maintenant d’abord à analyser et

à construire sa pensée)

Ainsi, si les citoyens ont des attentes et un avis, beaucoup n’ont pas le sentiment d’être faits pour la

politique et n’ont jamais envisagé d’y participer. Pourtant, l’organisation de la vie collective concerne

tout le monde, l’enjeu est alors de le faire comprendre aux citoyens, tout en faisant en sorte que chacun

puisse se sentir à l’aise et à sa place en participant à la vie politique.

Page 17: Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

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2) La difficulté des politiques à mobiliser les citoyens

Du côté des élus, si de plus en plus tentent de mettre en place des instances de démocratie

participative, celle-ci fonctionnerait mieux avec une meilleure participation et une meilleure formation

de la population.

Une participation faible des citoyens aux processus de démocratie participative

- « Dans beaucoup de villes les municipalités organisent des formations (ex : formation au

budget), des ateliers participatifs ou ont des démarches de démocratie participative, mais seule

une petite minorité de gens s’y rendent, c’est difficile de toucher une population suffisamment

vaste pour un vrai débat »

- « Les responsables politiques ressentent une difficulté à attirer les citoyens à donner leur

opinion »

- « L’intérêt est très différent selon le type de personnes : quand on organise une concertation, on

a souvent affaire aux mêmes personnes (engagés, associatifs, retraités, passionnés par la chose

publique, qui y passent beaucoup de temps, environ 100 à 200 personnes à Grenoble donc une

petite minorité).

Une 2e catégorie : ceux qui s’y intéressent quand ils sont concernés (parents d’élèves, riverains

pour l’immobilier,…), qui apporteront leur réflexion sur la concertation (quelques centaines,

maximum 5% de la population)

La 3e catégorie, la grande majorité de la population : personnes qu’on ne voit jamais dans les

phases de concertation (au plus émettent parfois un avis sur Internet sur les réseaux sociaux ou

en commentaires d’articles)

- « La majorité délègue à une minorité, le noyau engagé, l’expression de l’opinion, la décision »

- « Les élus se demandent si les personnes engagées, participant aux instances de démocratie

participative, sont représentatives de l’ensemble de la population »

- Grandes questions des élus : comment avoir l’écoute des citoyens ? Leur implication ?

Comment recueillir l’avis des personnes qui n’utilisent pas les moyens d’expression qu’on leur

propose ? (obligation d’aller les voir, mais lorsque l’élu a beaucoup de travail il n’a pas beaucoup

de temps pour ça ; impossible pour le Président de discuter avec 65 millions de personnes)

Comment rendre la démocratie participative attractive pour les citoyens ?

Page 18: Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?

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Des critiques parfois en décalage avec les contraintes des élus

- « Les mesures politiques s’appliquent sur un temps long (par exemple : 4-5 ans pour faire une

nouvelle école), les élus prennent des décisions à long terme, alors que les gens voudraient que

leurs problèmes soient résolus à court terme »

- « Les citoyens n’ont pas toujours conscience des obstacles administratifs, financiers… que

peuvent rencontrer les élus, et ne comprendront donc pas que la solution proposée ne

correspondent pas exactement à leur demande »

- « Certains pensent que les arguments des politiques sont forcément de mauvaise foi, et n’ont

pas confiance, ne croient pas par principe les politiques («ils ont entendus ça, lu sur internet, on

leur a dit… », le dialogue est difficile avec certains habitants qui n’ont pas forcément les

connaissances financières/organisationnelles… »

- « Il faut à un moment mettre la main dans le cambouis pour comprendre et savoir »

- « Avoir un avis constructif, ça demande du travail, de l’investissement » => Effort nécessaire de la

part des citoyens

- « En tant qu’élus, on a le sentiment que les gens ne prennent pas le temps de s’informer

correctement, de façon approfondie, de se former à mieux comprendre les problèmes ; qu’ils

sont dans un rôle de consommateurs »

- « Les gens ne font pas confiance mais ne font pas l’effort de se former pour changer les choses, il

faut les responsabiliser »

Ainsi, si les citoyens souhaitent que leur avis soit davantage pris en compte, la mise en place d’une

démocratie plus participative demande un investissement réciproque des citoyens et des élus, afin de

rendre ces instances de démocratie participative efficaces.

Cela demande une ouverture de la part des élus (« Les élus croient que quand les citoyens donnent leur

avis, c’est pour casser leur projet »), mais aussi une volonté de se former et d’être constructif pour les

citoyens.

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3) Former à l’engagement et l’encourager pour donner une plus

grande place à la participation citoyenne

Puisqu’une partie des citoyens se sentent démunis pour s’impliquer dans la politique en estimant n’être

pas faits pour ça, une des pistes d’actions pour favoriser cette participation est de « donner les billes »

aux citoyens pour qu’ils jouent un rôle actif dans la société : de créer des lieux où ils puissent participer

à leur niveau et de les former à l’engagement citoyen.

- La démocratie fonctionne beaucoup mieux quand les citoyens s’engagent

> Démocratie : « par le peuple, pour le peuple » : elle fonctionne quand chacun s’y implique

(vote, mais plus)

> Avis d’un élu : « Ceux qui comprennent le mieux les contraintes des politiques sont ceux qui

ont une expérience de l’engagement »

> La classe politique est très homogène en termes d’origine sociale et de formation, alors que

plus de diversité dans les profils des politiques apporterait beaucoup plus de créativité dans les

débats

> « Le monde politique a besoin de gens qui s’y investissent avec un autre état d’esprit »

Faire prendre conscience à chacun qu'il a de bonnes idées à apporter aux autres dans ses

domaines de compétences ; donner envie de faire de la politique

- Comment rendre le système politique plus accessible à des personnes qui en sont éloignées ?

- Témoignage de personnes qui ont été jurés pour des procès et à qui ça a donné envie de

s’engager (cf article de Rue89 sur ce sujet3)

Beaucoup ne s’engagent pas spontanément mais lorsqu’ils y sont amenés cela leur donne envie

de poursuivre

- « Comment faire pour que les citoyens se disent : « ce soir, plutôt que d’aller boire un verre, j’ai

envie d’aller débattre politique » ? » -> « Il faut parler de ce que les gens vivent au quotidien, de

sujets qui les intéressent », ex : café débat sur l’immobilier en invitant les personnes qui

travaillent là-dedans

- « Il faut un encouragement, une reconnaissance et une valorisation de l'engagement politique

et/ou associatif »

3 Voir bibliographie

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- Quelle formation pour les citoyens ?

- Est-on assez formé pour avoir conscience du vote que l’on fait, des actions que l’on peut mener

si l’on décide de se présenter à une élection, etc. ?

- Former dès l’école à la participation constructive : création d’une matière scolaire (ex : pendant

les temps périscolaire à l’école, puis en classe de 3e ou 2nde), où les élèves montent des projets

citoyens/solidaires par groupes de 5 à 10, qui pourraient être encadrés par des jeunes adultes en

service civique

- Développer le parcours citoyen au sein de l’école

- « Il faut s’engager de façon collective pour changer les choses »

- Démocratie participative :

o Budgets participatifs (cf démarches de plusieurs villes comme Paris)

o Instances participatives : Conseils citoyens indépendants en projet à Grenoble (les

citoyens par quartiers disposent d’un budget pour mettre en place des projets), conseils

citoyens de Bayrou à Pau (rencontre entre le maire ou les adjoints et les citoyens qui le

souhaitent), Commission jeunesse Rhône-Alpes (jeunes Rhônalpins volontaires faisant

des propositions pour les politiques de jeunesse)

- Avoir des bureaux dans les villes où les gens puissent transmettre leurs idées

- Qu’un fonctionnaire de l’Etat se rende à chaque mouvement de revendication pour en prendre

note et faire remonter (comme au Japon)

- Plus de référendums comme en Suisse ?

- Voter par internet ?

Mettre en place régulièrement des référendums par vote électronique ?

- « Il faut développer la participation politique via des consultations numériques. Les grands

débats de société devraient donner lieu à des enquêtes auprès de leur électorat menées par les

partis exploitant les technologies de l'information. »

- Trouver des formes de concertations avec les citoyens attractives (ludiques ?)

- Utilité des médias participatifs (Rue89 où toute personne ayant une expérience sur un sujet peut

écrire une tribune pour en témoigner, Particité, journal récent grenoblois en ligne, où les

lecteurs sont invités à participer à la création de l’information)

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- Pouvoir proposer à l'Assemblée nationale des amendements "citoyens"

- Ateliers législatifs citoyens4

- « Mon vote ne compte pas car ce n’est qu’une voix sur des dizaines de millions »

=> décentralisation pour amener la prise de certaines décisions à l’échelle locale et rapprocher le

lieu de prise de décision des personnes que cela concerne

- « Le non cumul exige, d'une part, de rapprocher les élus nationaux des élus locaux, ces derniers

étant porteurs des intérêts de leur collectivité. Les élus locaux seront plus que jamais chargé

d'informer, de transmettre et de convaincre de la nécessité de certaines politiques au profit des

besoins locaux, tandis que le député, comme le sénateur, arbitrera entre les divergences, pour

faire converger les intérêts.

D'autre part, l'élu national doit maintenir un lien étroit avec le territoire sur lequel il est élu. Il

devra créer des techniques de délibération avec les citoyens de sa circonscription pour faire

connaître son travail, évoquer les enjeux nationaux dont il a la charge, et débattre des

orientations envisageables. » (C. Untermaier – article sur les Ateliers législatifs citoyens)

- « L'homme d'État fait confiance au peuple. Alors, celui-ci prend conscience que les grandes

décisions lui appartiennent vraiment et il sait se hausser au niveau de son devoir historique. » –

Pierre Mendès-France, La République moderne, 1962

Différentes pistes sont ainsi envisageables pour amener les citoyens à davantage d’engagement, pour

qu’ils acquièrent les compétences leur permettant de participer à la prise de décisions. C’est important

d’une part pour aller vers plus de démocratie, mais également pour faire progresser le niveau des

politiques menées, car c’est dans l’intelligence collective qu’on réunit le plus de compétences.

4 Cf tribune de Cécile Untermaier (voir bibliographie)

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Conclusion

Aujourd’hui, de plus en plus de citoyens réclament une évolution du système politique, en ne le

trouvant pas assez constructif et représentatif : la démocratie peut largement être améliorée. Le

manque de compréhension entre élus et citoyens met en évidence la nécessité de rapprocher

davantage ces deux mondes. Tout ce qui permet de créer des liens entre citoyens et politiques est ainsi

une bonne chose, car d’une part les citoyens ressentent le besoin de participer davantage à la prise de

décisions, et d’autre part les élus ont besoin de l’implication des citoyens pour jouer leur rôle de façon

efficace.

En ce sens, de nombreuses évolutions de la société actuelle offrent des perspectives et sont un ressort

sur lequel s’appuyer :

- Les nouvelles technologies, et en particulier Internet, donnent de grandes possibilités pour

communiquer de façon plus rapide, permettre à chacun d’avoir accès à une information

approfondie, d’exprimer son avis et d’échanger ;

- De nouvelles formes d’engagement citoyen apparaissent, avec en particulier le dispositif du

service civique qui touche de plus en plus de jeunes ;

- Une nouvelle culture du « collaboratif » émerge : avec le développement de la consommation

collaborative (covoiturage…), des journaux participatifs, du crowdfunding…

Il existe ainsi de nombreuses pistes sur lesquelles fonder un nouveau système politique. A l’aube de ce

débat de société, nous devons imaginer de nouvelles idées pour recréer la démocratie ; comme le disait

Victor Hugo : « Il n’y a rien de plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue ».

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Bibliographie / Sources d’inspiration

Réinventons la politique avec les Ateliers législatifs citoyens,

Cécile Untermaier (Députée PS de Saône-et-Loire) – Le Huffington Post,

http://www.huffingtonpost.fr/cacile-untermaier/politique-ateliers-legislatifs-

citoyens_b_4359799.html?utm_hp_ref=tw

Le tunnel, ou comment faire carrière sans mettre un pied dans la vraie vie,

Michèle Delaunay (Députée PS de la Gironde),

http://www.michele-delaunay.net/delaunay/blog/le-tunnel-ou-comment-faire-carriere-sans-mettre-un-

pied-dans-la-vraie-vie

Trois scénarios de rénovation pour sortir du champ de ruines,

Yves Sintomer (Professeur de science politique) – Le Monde,

http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/08/28/trois-scenarios-de-renovation-pour-sortir-du-champ-

de-ruines_4477704_3232.html

Il faut revoir les règles du métier politique,

Michel Offerlé (Professeur à l’ENS-Ulm) – Le Monde,

http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/08/28/il-faut-revoir-les-regles-du-metier-

politique_4478339_3232.html

Des organisations rejetées et pourtant essentielles,

Pierre Bréchon (Professeur à Sciences Po Grenoble) – Le Monde,

http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/08/28/des-organisations-rejetees-et-pourtant-

essentielles_4478340_3232.html

Article sur l’expérience de juré en cours d’assise :

« C’est impossible qu’une telle personne ait commis ce meurtre »,

Camille Polloni - Rue89, http://rue89.nouvelobs.com/2013/01/20/cest-impossible-quune-telle-

personne-ait-commis-ce-meurtre-238682

Et différents échanges avec des citoyens :

- Lors du débat ouvert « Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ? »

organisé le 29 juin 2014 à Grenoble,

- Avec des personnes plus ou moins politisées, de différents milieux, issues de notre entourage ou

rencontrées lors de covoiturages, au cours de l’été 2014,

- Lors d’échanges avec des jeunes rencontrés dans des villes iséroises à l’occasion de notre action

« Place (au) orange ! » en septembre 2014.