comité de suivi de l’appel à la paix et à la réconciliation ... oupes ont été éguliè ement...

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CONFERENCE-DEBAT La crise centrafricaine : défis et enjeux Agir en solidarité pour la paix durable en Centrafrique À l’occasion de la journée célébrant la cohabitation pacifique au Tchad, le 25 janvier 2014, le CSAPR a organisé une conférence-débat sur la crise centrafricaine. Ne pouvant rester indiffé- rent, le réseau continue de se mobiliser pour un retour à la paix et la stabilité. Cette conférence fut l’occasion de faire une analyse politico-sécuritaire des évène- ments en Centrafrique, de partager sur les initiatives existantes en faveur de la paix et d’envisager des propositions de sorties de crise. Le CSAPR a eu l’honneur d’accueillir des panélistes de haut niveau, acteurs politiques et sociaux de différentes ten- dances : - Dr Beyom Malo Adrien, Ministre conseil- ler à la Présidence de la République, Se- crétaire général du parti au pouvoir, le MPS (Mouvement Patriotique du Salut). - Dr Gali Gatta Ngothe, Député, Secrétaire Général du parti d’opposition UFD/PR (Union des Forces Démocratiques/Parti républicain), membre de la CPDC (Coordination des Partis pour la Défense de la Constitution). - Mr Mahamat Djigadjimbaye, coordinateur de la CASCIDHO (Coordination des associations de la société civile et de défense des droits de l’Homme). - Mr Pyrrhus Boguel, Président de la gouvernance associative de l’APLFT (Association pour la Promotion des Libertés Fondamentales au Tchad, association membre du CSAPR). Les échanges ont essentiellement porté sur la cause de la crise en Centrafrique et en particu- lier sur l’intervention militaire tchadienne. Depuis le début du conflit, des éléments de nos troupes ont été régulièrement accusées d’entretenir les violences en RCA aux côtés de la Sélé- ka. Le haut commissariat aux droits de l’homme a même indiqué en janvier 2014 avoir eu connaissance de « multiples témoignages de collusion » entre troupes tchadiennes et Séléka. De nombreux observateurs s’interrogent sur l’implication des autorités de notre pays dans le conflit et sur son potentiel soutien au mouvement rebelle. Selon le Secrétaire général du MPS, l’intervention chez le voisin centrafricain était inévitable : la protection des tchadiens en RCA et le risque de propagation du conflit nécessitaient son engagement. Ne pas intervenir aurait été perçu comme une fuite de responsabilité. Avec le sommet extraordinaire de la CEEAC présidé par le Tchad qui a poussé au retrait du Président de la transition Michel Djotodia, la communauté des Etats d’Afrique Centrale a permis l’ouver- ture d’une nouvelle perspective pour la résolution du conflit, avec l’instauration de la nouvelle transition démocratique. Mr Adrien Beyom a appelé à être « solidaire pour les actions en fa- veur de la paix », car « sans le Tchad, la zone aurait pu être totalement déstabilisée ». L’inter- vention du coordinateur de la CASCIDHO allait dans le même sens : « Nous avons une respon- sabilité très importante en RCA. Le Tchad a l’obligation a l’obligation d’envoyer l’armée pour asseoir la paix et veiller à la protection des Tchadiens ». Pour le député de l’opposition au contraire, le Tchad devait se retirer dès que possible du théâtre des opérations. Par les mots « J’accuse le pouvoir actuel », il a ouvertement désigné l’exécutif comme étant le responsable de la situation qui se déroule en RCA. Depuis des géné- rations, le Tchad ferait et déferait le pouvoir centrafricain: « Nous nous sommes transformés en parrains de chefs d’Etats en RCA, qui doivent tous faire un passage obligé par N’Djamena avant Bangui » a t-il déclaré. Dr Gali Gatta Ngothe affirme que le mouvement Séléka est bien La lettre du CSAPR vous permet de rester informés des activités du réseau. +235 66 29 48 65 +235 60 88 85 53 [email protected] www.initiative-paix-tchad.org LES BREVES Le 4 février, le coordonateur du CSAPR a ren- contré un Conseiller de l’ambassadeur de la RCA au Tchad pour échanger sur le conflit et sur les actions menées par le CSAPR pour la paix durable au Tchad et dans la sous-région. Suite à la sortie le 12 février de son 3ème communiqué de presse pour la restauration de la paix en RCA, le CSAPR a organisé le 17 février une rencontre d’échanges d’informa- tions sur le conflit centrafricain avec quel- ques membres de la société civile et le député Gali (UFD/PR). L’APLFT, TNV, l’AFDCPT, l’ACAT, et l’APAD étaient présents. Du 17 au 26 février, le CSAPR a été convié par l’ONG ACORD à la mission d’évaluation de ses actions menées dans le Guera auprès des structurations paysannes. Chargé d’éva- luer l’impact politique du projet, le CSAPR a pu constater une réelle élévation du niveau de conscience citoyenne des acteurs locaux, et de leur potentiel de propositions et d’influence dans leur milieu. Le CSAPR va lui aussi mener de plus en plus d’actions en milieu rural, où il existe une dynamique citoyenne en pleine émergence. Conférence-débat sur la crise centrafricaine…….p1 Appui à la communauté peule réfugiée…….………p2 Evaluation des activité de dialogue acteurs politi- ques - société civile…………………………………….…….p3 Voyage d’échanges Moundou-Goz Béida………....p4 Dialogue de femmes, dialogue de cultures…..…..p4 Programme Paix………………………………………..……..p5 La réaction des membres…………………….…………...p6 La lettre du CSAPR Comité de Suivi de l’Appel à la Paix et à la Réconciliation Avril 2014 Pour plus d’informations, contactez-nous ! Coordination Nationale BP 4559 -Bureau Inades formation Ardep Djoumal—N’Djamena

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CONFERENCE-DEBAT La crise centrafricaine : défis et enjeux

Agir en solidarité pour la paix durable en Centrafrique

À l’occasion de la journée célébrant la cohabitation pacifique au Tchad, le 25 janvier 2014, le

CSAPR a organisé une conférence-débat sur la crise centrafricaine. Ne pouvant rester indiffé-

rent, le réseau continue de se mobiliser pour un retour à la paix et la stabilité.

Cette conférence fut l’occasion de faire

une analyse politico-sécuritaire des évène-

ments en Centrafrique, de partager sur les

initiatives existantes en faveur de la paix et

d’envisager des propositions de sorties de

crise. Le CSAPR a eu l’honneur d’accueillir

des panélistes de haut niveau, acteurs

politiques et sociaux de différentes ten-

dances :

- Dr Beyom Malo Adrien, Ministre conseil-

ler à la Présidence de la République, Se-

crétaire général du parti au pouvoir, le

MPS (Mouvement Patriotique du Salut).

- Dr Gali Gatta Ngothe, Député, Secrétaire Général du parti d’opposition UFD/PR (Union des

Forces Démocratiques/Parti républicain), membre de la CPDC (Coordination des Partis pour

la Défense de la Constitution).

- Mr Mahamat Djigadjimbaye, coordinateur de la CASCIDHO (Coordination des associations

de la société civile et de défense des droits de l’Homme).

- Mr Pyrrhus Boguel, Président de la gouvernance associative de l’APLFT (Association pour la

Promotion des Libertés Fondamentales au Tchad, association membre du CSAPR).

Les échanges ont essentiellement porté sur la cause de la crise en Centrafrique et en particu-

lier sur l’intervention militaire tchadienne. Depuis le début du conflit, des éléments de nos

troupes ont été régulièrement accusées d’entretenir les violences en RCA aux côtés de la Sélé-

ka. Le haut commissariat aux droits de l’homme a même indiqué en janvier 2014 avoir eu

connaissance de « multiples témoignages de collusion » entre troupes tchadiennes et Séléka.

De nombreux observateurs s’interrogent sur l’implication des autorités de notre pays dans le

conflit et sur son potentiel soutien au mouvement rebelle.

Selon le Secrétaire général du MPS, l’intervention chez le voisin centrafricain était inévitable :

la protection des tchadiens en RCA et le risque de propagation du conflit nécessitaient son

engagement. Ne pas intervenir aurait été perçu comme une fuite de responsabilité. Avec le

sommet extraordinaire de la CEEAC présidé par le Tchad qui a poussé au retrait du Président

de la transition Michel Djotodia, la communauté des Etats d’Afrique Centrale a permis l’ouver-

ture d’une nouvelle perspective pour la résolution du conflit, avec l’instauration de la nouvelle

transition démocratique. Mr Adrien Beyom a appelé à être « solidaire pour les actions en fa-

veur de la paix », car « sans le Tchad, la zone aurait pu être totalement déstabilisée ». L’inter-

vention du coordinateur de la CASCIDHO allait dans le même sens : « Nous avons une respon-

sabilité très importante en RCA. Le Tchad a l’obligation a l’obligation d’envoyer l’armée pour

asseoir la paix et veiller à la protection des Tchadiens ».

Pour le député de l’opposition au contraire, le Tchad devait se retirer dès que possible du

théâtre des opérations. Par les mots « J’accuse le pouvoir actuel », il a ouvertement désigné

l’exécutif comme étant le responsable de la situation qui se déroule en RCA. Depuis des géné-

rations, le Tchad ferait et déferait le pouvoir centrafricain: « Nous nous sommes transformés

en parrains de chefs d’Etats en RCA, qui doivent tous faire un passage obligé par N’Djamena

avant Bangui » a –t-il déclaré. Dr Gali Gatta Ngothe affirme que le mouvement Séléka est bien

La lettre du CSAPR vous permet de rester informés

des activités du réseau.

+235 66 29 48 65 +235 60 88 85 53

[email protected]

www.initiative-paix-tchad.org

LES BREVES

Le 4 février, le coordonateur du CSAPR a ren-

contré un Conseiller de l’ambassadeur de la

RCA au Tchad pour échanger sur le conflit et

sur les actions menées par le CSAPR pour la

paix durable au Tchad et dans la sous-région.

Suite à la sortie le 12 février de son 3ème

communiqué de presse pour la restauration

de la paix en RCA, le CSAPR a organisé le 17

février une rencontre d’échanges d’informa-

tions sur le conflit centrafricain avec quel-

ques membres de la société civile et le député

Gali (UFD/PR). L’APLFT, TNV, l’AFDCPT, l’ACAT,

et l’APAD étaient présents.

Du 17 au 26 février, le CSAPR a été convié

par l’ONG ACORD à la mission d’évaluation

de ses actions menées dans le Guera auprès

des structurations paysannes. Chargé d’éva-

luer l’impact politique du projet, le CSAPR a pu

constater une réelle élévation du niveau de

conscience citoyenne des acteurs locaux, et de

leur potentiel de propositions et d’influence

dans leur milieu. Le CSAPR va lui aussi mener

de plus en plus d’actions en milieu rural, où il

existe une dynamique citoyenne en pleine

émergence.

Conférence-débat sur la crise centrafricaine…….p1

Appui à la communauté peule réfugiée…….………p2

Evaluation des activité de dialogue acteurs politi-

ques - société civile…………………………………….…….p3

Voyage d’échanges Moundou-Goz Béida………....p4

Dialogue de femmes, dialogue de cultures…..…..p4

Programme Paix………………………………………..……..p5

La réaction des membres…………………….…………...p6

La lettre du CSAPR Comité de Suivi de l’Appel à la Paix et à la Réconciliation

Avril 2014

Pour plus d’informations,

contactez-nous !

Coordination Nationale BP 4559 -Bureau Inades formation

Ardep Djoumal—N’Djamena

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« soutenu par Deby, qui lui aurait fournit des armes ». Selon

lui, des éléments de l’Etat-major de la Séléka auraient été en

visite à N’Djamena quelques jours avant les premières offensi-

ves sur Bangui. L’ingérence politique du Tchad serait justifiée

par la préservation d’intérêts stratégiques, notamment pétro-

liers et diamantifères. Il a par la suite insisté sur les conséquen-

ces néfastes de l’interventionnisme militaire tchadien, qui peut

entraver l’intégration de la sous-région en instaurant un climat

de méfiance entre les Etats de la zone.

Tous les intervenants ont exprimé leur inquiétude quant à la

future relation entre tchadiens et centrafricains, et notamment

sur l’importance du travail de réconciliation à accomplir. Le

CSAPR partage cette appréhension. Un fort sentiment anti-

tchadien s’est confirmé jour après jour depuis le début du

conflit. Aujourd’hui, Ils sont encore nombreux à être pourchas-

sés en Centrafrique par les anti-Balakas. L’amalgame tchadiens

= musulmans = Séléka est très prégnant. Le CSAPR appelle au

respect et à la tolérance. Les acteurs de la vie publique tcha-

dienne et centrafricaine doivent lutter contre ces stigmatisa-

tions basées sur l’ignorance. Et face à l’enlisement de la situa-

tion en RCA et à la difficulté des forces françaises et africaines à

rétablir le calme, le CSAPR appelle de nouveau au déploiement

de la mission onusienne le plus rapidement possible, d’autant

plus que le Tchad se retire à présent du théâtre des opérations.

En effet, le jeudi 3 avril, le chef de la diplomatie tchadienne,

Mr Moussa Faki Mahamat, a annoncé le retrait du contingent

tchadien de la MISCA, suite aux accusations répétées dont il a

fait l’objet. Avec environ 850 hommes, le Tchad aura fournit

l’un des plus importants contingents de la MISCA, forte de 6000

militaires. Ce coup de théâtre survient plus précisément après

la mort d’au moins 24 habitants de Bangui le 29 mars. Le haut

commissariat aux droits de l’homme les a accusé « d’avoir tiré

sans discrimination dans la foule », alors que les soldats se-

raient tombés dans une embuscade des anti-Balakas.

Les déclarations de Human Rights Watch du 5 février, après

celles du Commissariat aux droits de l’Homme de janvier,

avaient déjà particulièrement choqué : elles témoignaient de la

participation des troupes à de nombreux faits de violences et

affirmaient qu’elles avaient facilité le mouvement des chefs

rebelles. Il s’agit de très graves accusations portées contre l’ar-

mée tchadienne. Il importe aujourd’hui de faire la lumière de

manière objective et rationnelle sur ces évènements et plus

largement sur toutes les violations des droits de l’Homme com-

mises en Centrafrique. Le CSAPR avait déjà auparavant appelé à

l’ouverture d’une enquête internationale rigoureuse.

Le CSAPR s’engage dans le plaidoyer en faveur des réfugiés peuls centrafricains au Tchad

Le CSAPR mène un plaidoyer actif pour la protection de cette communauté marginalisée, gravement victime du conflit en

Centrafrique. Environ 40 000 peuls seraient aujourd’hui réfugiés au Tchad.

Depuis le début du conflit, le CSAPR a régulièrement échangé avec la société civile centrafricaine. C’est donc tout naturellement

que l’association pour l’intégration et le développement social des peuls Bororo de Centrafrique (AIPSPC) s’est tournée vers

nous pour l’appuyer dans ses actions au Tchad, où la plupart des membres s’y sont réfugiés. Le CSAPR a d’abord soutenu la dif-

fusion mi-février de son mémorandum : Les peuls bororo centrafricains réfugiés au Cameroun et au Tchad : des communautés

en danger. Suite à cela, le CSAPR a conduit la délégation auprès du Haut Commissariat aux Réfugiés et d’OXFAM pour qu’ils

puissent soumettre leurs revendications :

La représentante du HCR au Tchad, Mme Aminata Gueye, a affirmé que son organisation entendait favoriser la cohabitation

pacifique et lutter contre l’apatridie à travers plusieurs actions :

- la mise en place d’un projet pour la coexistence et l’éducation à la paix ciblant les réfugiés et autochtones pour minimiser les

risques de conflits, notamment religieux. Ce projet cherche aussi à contrer la stigmatisation subie par certaines minorités, y

compris les peuls, dans la communauté des réfugiés ainsi que chez les hôtes.

- le HCR est en pourparlers pour la dotation de documents d’état civil, dans le but de lutter contre l’apatridie.

- le HCR mène un plaidoyer auprès de l’Etat tchadien pour qu’il octroie des sites où les populations réfugiées pourraient s’instal-

ler avec leur bétail. Une étude de la cartographie des zones d’hébergement serait en cours.

En attendant, les peuls poursuivent leurs actions ; le CSAPR à leurs côtés. Fin mars, une délégation s’est rendue pendant 10

jours sur la zone des trois frontières Tchad-RCA-Cameroun. Sa mission : identifier les zones de rassemblement des réfugiés

peuls et leurs besoins d’urgence. Elle fut composée du CSAPR, de l’AIPSPC, de la coopération nationale des éleveurs du Tchad

(CONARET), et de l’association des jeunes nomades pour le développement rural et de l’élevage (AJNDRET). Un comité de

pilotage Tchad-Cameroun a été mis en place. Dans le futur proche, il s’agira de mettre en place une plateforme sous régionale

des organisations peules pour la défense des intérêts des peuples autochtones minoritaires.

Avec le soutien de :

trouver des sites qui préservent leur mode de vie d’éleveurs et favoriser la transhumance de leurs bêtes ;

favoriser l’enregistrement acceptable de cette population en tant que réfugiée ;

intervenir pour l’obtention des documents d’état civil pour éviter l’apatridie ;

participer à la lutte contre la discrimination que subit cette population.

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L’évaluation était nécessaire pour analyser les forces et les

faiblesses du processus et projeter les futures actions à mener.

Le CSAPR a sollicité pour l’évènement l’appui d’un expert inter-

national ayant une bonne connaissance des partis politiques et

de la société civile au Tchad, et la maitrise de la négociation

politique et de la médiation : Dr Christian Pout, chercheur à

l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC).

L’évaluation a permis de constater que le processus de dialo-

gue fut largement apprécié par les acteurs, tant sur le plan de

la diversité des activités proposées que sur l’état d’esprit géné-

ral. Les relations entre familles d’acteurs se sont nettement

améliorées. Au début du projet, février 2012, elles dialoguaient

difficilement suite aux crises politiques successives qui ont se-

couées le pays. Finalement, grâce à nos activités, elles sont

parvenues à échanger. Cependant, s’il y a eu « déblocage », la

méfiance est toujours de mise. Le dialogue doit être renforcé

avec l’ensemble de la classe politique tchadienne. Mais les der-

nières rencontres entre société civile et acteurs politiques sont

encourageantes : nous constatons une évolution favorable avec

l’entretien récent passé avec Mr Beyom Adrien Malo (MPS), sa

participation à la conférence-débat sur la crise centrafricaine

en tant que panéliste (p1), et notre récente rencontre avec Mr

Saleh Kebzabo, chef de file de l’opposition.

Pourquoi ce processus de dialogue ? Le renforcement du dialo-

gue entre les acteurs nationaux se présente encore comme une

nécessité dans le contexte national et sous régional actuel. La

crispation politique autour du cadre national de dialogue politi-

que (auquel la société civile est partie prenante), le retard dans

l’organisation du futur processus électoral, l’annonce l’année

dernière par le Gouvernement d’une tentative de déstabilisa-

tion des institutions sont autant d’éléments qui le justifient

déjà à suffisance. Le terrible conflit en RCA nous le démontre

aussi : il est nécessaire de conserver un lien entre les leaders de

la vie publique pour éviter, en cas de crise politique aigüe, les

instrumentalisations, les stigmatisations, les replis identitaires,

et a fortiori, la prise des armes. Les élites doivent savoir se par-

ler pour réagir rapidement, se mobiliser collectivement pour

éviter la résurgence des conflits. Tous doivent œuvrer à la cons-

truction d’une société citoyenne homogène et non à son déchi-

rement. Dans cette optique, il faut notamment stopper ces

clichés de compétition entre acteurs politiques et société civile

pour œuvrer au décloisonnement des dynamiques et faciliter la

résolution des crises potentielles.

Tous les participants à l’évaluation ont d’ailleurs affirmé qu’ils

existaient toujours de graves facteurs de déstabilisation du

pays et qu’il fallait ouvrir le débat entre acteurs politiques et

société civile sur ces questions : mauvaise gouvernance, cor-

ruption, décentralisation, justice instrumentalisée, confiscation

économique, inégalités intercommunautaires, ethnicisme des

forces de défense et de sécurité, etc...Les débats doivent inté-

grer de nouveaux acteurs et être répercutés à la base. Avec ces

éléments, le CSAPR s’engage en confiance sur un nouveau plan

triennal d’activités de dialogue multi-acteurs, toujours dans

l’optique de construction d’une société citoyenne et en paix.

Activités de dialogue acteurs politiques - société civile pour la consolidation de la paix au Tchad

Évaluation à mi-parcours

Selon les parties prenantes au processus de dialogue…

- le projet aura permis d’apporter le respect entre chaque famille

d’acteurs.

- on passe d’une logique de confrontation au dialogue.

- le CSAPR offre de véritables espaces de débats ouverts à tous, où

chacun peut s’exprimer librement.

- les débats du CSAPR permettent l’élaboration de propositions qui

trouvent un écho dans les médias et donc auprès des autorités.

- les femmes doivent participer davantage.

- il faut multiplier les actions en province où les échanges sont très

francs et où les autorités publiques sont ouvertes au dialogue.

- les autorités publiques doivent davantage être intégrés au processus

de dialogue

- les efforts de médiatisation des activités du CSAPR doivent être ac-

crues au niveau de la base, en vue de favoriser la construction d’une

opinion publique nationale et la construction d’une société citoyenne.

- de nouvelles activités de renforcement des capacités doivent être

organisées, notamment en matière de recherche et d’analyse. Les

acteurs ont des difficultés pour accéder à l’information et déplorent le

manque de base factuelle à leur disposition pour, par exemple, mon-

ter un plaidoyer et asseoir leurs revendications.

Le processus de dialogue « 2ème génération » est attendu !

Nos activités de dialogue organisées depuis 2012

à N’Djamena et en province :

forum d’échanges entre acteurs politiques et société civile ;

mission d’échange d’expériences sur les mécanismes de consolida-

tion de la paix au Burundi ;

caravane de consolidation de la paix dans 12 villes du pays ;

formation en communication politique à l’IRIC ;

cafés politiques (espaces de débats politiques)

fora régionaux de consolidation de la paix

Renforcement des capacités des cadres de dialogue pour la pré-

vention et la gestion des conflits

Les 15 et 16 janvier 2014, le CSAPR a organisé une évaluation des activités de dialogue entre acteurs politiques et société civi-

le. Depuis février 2012, le CSAPR mène en effet un projet soutenu par le Département Fédéral des Affaires Étrangères suisse,

qui vise la pérennisation du dialogue entre acteurs politiques et leaders de la société civile. Le résultat fut largement positif et

le CSAPR s’engage à présent sur la voie d’un nouveau plan triennal d’activités.

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En cas de crise au niveau local, ces cadres

peuvent contribuer à faire la différence.

En devenant des réseaux de confiance

entre acteurs, ils sont des mécanismes

d’alerte et d’intervention rapide pour la

résolution des conflits. L’exemple du co-

mité de médiation de Bangassou en RCA

est révélateur : après de très forte ten-

sions entre chrétiens et musulmans en

octobre 2013, les représentants des deux

communautés avaient mis sur place un

comité de médiation au sein duquel sié-

geaient musulmans et chrétiens ensem-

ble. Il sillonnait les quartiers et avait réus-

si à cantonner la violence.

A Moundou, le cadre de dialogue est

constitué des représentants de l’adminis-

tration, des organisations de la société

civile, des chefs traditionnels et religieux,

des forces de l’ordre. A Goz Beida, l’asso-

ciation pour la réconciliation et la cohabi-

tation pacifique en faveur de la paix dans

la région du Sila rassemble les représen-

tants des différentes communautés de la

région. Le caractère multi-acteurs consti-

tue véritablement une force puisque cela

permet une meilleure coordination, la

désignation de l’acteur le plus à même de

résoudre le conflit, qui va tirer sa légitimi-

té des autres acteurs du cadre.

Ces voyages auront permis de rendre

compte de l’importance des dynamiques

de dialogue existantes au sein des cadres.

Par exemple, les deux structures entre-

tiennent aujourd’hui de bonnes relations

avec l’administration, ce qui facilite indé-

niablement le déroulement des missions

de gestion des conflits. A Moundou, elle

est même intégrée au cadre. Ce rapport

pourrait être élargi à Goz Beida : en de-

hors de la délivrance des ordres de mis-

sion et de la sécurisation du terrain, ils

envisagent aussi une collaboration sur la

prévention des conflits (renforcement de

la communication ; identification en

amont des crises potentielles…).

Cette mission aura permis d’amorcer le

dialogue entre les différents acteurs de la

paix au Tchad, et d’envisager dans le fu-

tur la vulgarisation de leurs pratiques

dans d’autres localités du pays par les

acteurs eux-mêmes. En effet, ils ont pu

échanger sur les solutions que chacun a

mis en œuvre pour la résolution de cer-

tains conflits. Ils se sont rendus compte

que certaines solutions pouvaient être

dupliquées dans leur localité respective.

Les « tournées de paix » organisées par

les acteurs de Goz Beida furent fortement

appréciés des Moundoulais, tout comme

la matérialisation physique des couloirs

de transhumance par exemple.

Les acteurs ont émis le souhait de par-

courir le Tchad afin d’encourager la créa-

tion d’autres cadres de dialogue. L’enri-

chissement mutuel est clairement mani-

feste et l’engouement des acteurs lors

des voyages encourage le CSAPR à persé-

vérer dans l’appui aux initiatives locales

de paix.

Une grande rencontre des leaders féminins a eu lieu à Moundou du 16 au 20 décembre 2013, dans le cadre du projet « consolidation du dialogue interculturel par la construction des espaces de médiation sociale entre musulmans et chrétiens».

Ce forum a regroupé 60 femmes leaders venant de toutes les régions du Tchad, aussi bien du monde rural que urbain. Ces fem-mes sont catholiques, protestantes ou musulmanes. Dans l’optique de l’amélioration du vivre-ensemble, elles ont discuté de leur appréhension des rapports sociaux de genre en milieu musulman et en milieu chrétien. Les débats ont permis d’envisager des pistes d’actions pour faire avancer la cause des femmes dans leurs zones respectives, en tenant compte des différences socio-culturelles existantes. Elles ont notamment préconisé l’adoption du code de la famille qui permettrait l’évolution de leur statut.

Voyage d’échange d’expériences des cadres de dialogue de Moundou et Goz Beida

Dialogue de femmes, dialogue de cultures

« Les coutumes et les religions ne constituent pas un frein

au dialogue, c’est la peur de l’autre. Nous avons un passé

figé en nous ; l’histoire du Tchad nous a marqué […] Nous

devons avoir un code de la famille pour que la femme ait

un statut. Elle est considérée comme un objet et n’a pas

droit à l’héritage. Cela me fait mal. Il faut qu’il y ait des

femmes fortes au niveau du pouvoir pour nous soutenir. »

« Je vis à Goré. Je suis venue au forum avec une femme

musulmane. J’avais peur que son mari refuse qu’elle ne

parte. Mais il a finalement accepté. Par contre, une chré-

tienne qui était aussi invitée au forum a refusé de partir

car j’étais accompagné de la femme musulmane ! »

« Les discussions sur le thème de l’excision m’ont touché.

C’est une pratique néfaste pour la société et surtout pour

la fille tchadienne. Il faut que mes sœurs le comprennent.

Je refuse que ma fille soit excisée un jour. Je suis prête à

me battre contre cela. »

Porté par la Commission diocésaine Justice et Paix, ce projet de

construction d’espaces de médiation entre chrétiens et musul-

mans fut monté en collaboration avec le CSAPR, le Conseil supé-

rieur des affaires islamiques, l’Entente des Eglises et missions

évangéliques au Tchad, le Réseau pour la promotion de la paix et

de la citoyenneté au Tchad, l’Agence pour la coopération et la

recherche au développement. Déjà en 2010, puis en 2012, nous

nous étions engagés ensemble dans un processus interculturel

d’échanges pour le renforcement de la cohabitation interreligieu-

se. Le projet avait permis de construire une analyse commune

chrétiens-musulmans sur les enjeux du vivre-ensemble au Tchad.

les éléments suivants avait été mis en exergue : le peu de forma-

tion des leaders religieux, l’interprétation des Ecritures pour servir

des objectifs politiques, le double langage entre valeurs promues

et valeurs vécues (mariage mixte, partage des repas, participation

citoyenne…), etc. Le CSAPR affirme la nécessité de poursuivre le

travail de changement de perception sociale en élargissant les

lieux d’interconnaissance entre chrétiens et musulmans.

Les cadres de dialogue sont des structures de gestion des conflits au niveau local. Le CSAPR soutient leurs actions pour la paix.

Après une session de renforcement des capacités sur les mécanismes de prévention et de gestion des conflits fin 2013, le

CSAPR a organisé un voyage d’échange d’expériences : le cadre de dialogue de Moundou s’est rendu à Goz Beida (est du

Tchad) du 10 au 19 novembre 2013 et celui de Goz Beida s’est rendu à Moundou (sud du Tchad) du 22 au 29 décembre 2013.

Les voyages d’échanges ont été très appréciés

par les gouverneurs des régions du Sila et du

Logone Occidental, qui ont suivi au quotidien

le déroulement des missions. Le gouverneur

du Logone Occidental a déclaré que « ces

voyages sont les vraies activités de la société

civile qui vont permettre aux tchadiens de se

réconcilier ».

5

Le CSAPR s’engage dans le Programme Paix ! Initié par ACORD et

le CCFD-terre solidaire, il s’agit d’un Programme multi-acteurs, qui

vise l’amélioration du vivre-ensemble dans la sous-région (Tchad,

RCA, Soudan, Sud Soudan).

Il fut présenté à N’Djamena le 7 mars dernier par Mr Seid Sultane, directeur pays ACORD Tchad, Mr Bruno Angsthelm, chargé

de mission Afrique au CCFD-terre solidaire, avec la participation de Mr Abderamane Ali Gossoumian, coordonnateur du CSAPR.

Le Programme Paix favorise les processus de structuration de la société civile et des démarches pluri-acteurs, des dynamiques

transfrontalières et des actions sous-régionales. Nous l’appelons « Programme Paix » mais il s’agit bien plus en réalité d’une

vision et d’un engagement partagé entre les acteurs du monde de la solidarité et de la coopération. Il ne s’agit pas en effet d’un

programme au sens classique du terme avec un cadre opératoire et un financement global comme cela est la norme habituelle

de travail. Il s’agit plutôt d’un ensemble d’actions, de projets, d’études, de rencontres, et de programmes classiques, initié et

approprié par les sociétés civiles sous-régionales. Elles apporteront progressivement des réponses aux 3 causes profondes de

conflits retenues comme axes d’intervention à long terme : la compétition sur les ressources naturelles, les tensions identitaires

au sein des sociétés, la mauvaise gouvernance politique.

Partenaires du Programme Paix :

Au Tchad : ACORD Tchad, CSAPR, APAD/

REPPACT (réseau pour la promotion de la paix et de

la citoyenneté au Tchad), GRAMP-TC (Groupe de

recherches alternatives et de monitoring du projet

Pétrole Tchad Cameroun)

En RCA : ACORD RCA, OCDH (Observatoire centra-

fricain des droits de l’Homme)

Au Sud Soudan : ACORD SUD Soudan

Les 3 causes profondes de conflits ont pu être

identifiées suite à un travail de recherche méti-

culeux lancé par ACORD et le CCFD-terre

solidaire dans l’ensemble des 4 pays concer-

nés. Il était nécessaire, avant même d’envisa-

ger une stratégie sous-régionale partagée,

d’identifier les dynamiques communes des

conflits et les actions menées par les sociétés

civiles locales. L’ensemble de ces réflexions,

qui ont donc ouvert la voie au Programme Paix,

sont compilées dans l’étude « Des sociétés

prises au piège, conflits et enjeux régionaux ».

Programme Paix : un portail pour agir auprès des instances de décisions interétatiques

Le 21 février dernier, un forum des organisations de la société civile s’est

tenu à Maseru, au Lesotho. Le forum avait pour objet d’émettre des recom-

mandations au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine pour amé-

liorer leur accès à cette instance et faciliter leur interaction (révision de la

formule de Livingstone de 2008). Il a rassemblé des ONG œuvrant dans le

domaine de la paix et de la sécurité et qui sont présentes sur les théâtres

des conflits actuels : en RCA, au Soudan et Sud Soudan, en Somalie, ou en-

core au Mali. ACORD était présente, ainsi que le partenaire centrafricain

du Programme Paix, l’OCDH. Ce forum fut une excellente opportunité pour

nos partenaires du Programme Paix d’échanger avec d’autres ONG de haut

niveau engagées dans la sous-région, mais aussi avec les représentants du

Conseil de paix et de sécurité. Lors de la session du Conseil du 22 février,

l’OCDH, représenté par Mr Gervais Lakosso, a été invité à présenter ses

recommandations d’actions pour la résolution du conflit en RCA.

L’OCDH présente ses recommandations au Conseil de paix

et de sécurité de l’Union africaine pour la résolution du conflit

centrafricain

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QUI SOMMES-NOUS ?

Le CSAPR participe à la consolidation de la paix au Tchad. Il est né en 2002 suite au rassem-blement de plus de 150 acteurs de la vie publique tchadienne qui se sont mobilisés pour débattre de la résurgence des conflits au Tchad, de l’échec des différentes rencontres de réconciliation natio-nale et du recul de la démocratie pluraliste. Il regroupe aujourd’hui plus de 70 organisations sur toute l’étendue du territoire tchadien (organisations de développement, de mouve-ments de jeunes et de femmes, d’ONG de Droits de l’Homme, de syndicats…). Le CSAPR est présent en région à travers 18 points focaux qui jouent un rôle de relais, d'animation de débats et de mobilisation au niveau local.

Œuvrant dans le champ politique, le CSAPR promeut la construction d’une société ci-toyenne. Le CSAPR défend la libre expression politique en offrant des espaces de débats aux acteurs de la vie publique, et favorise l’émergence d’une opinion publique nationale. Toujours en rassemblant des acteurs de tendan-ces et d’horizons divers, Le Comité organise des fora, des cafés politiques, des conférences sur des sujets d’intérêt général en lien avec la conso-lidation de la paix et la réconciliation des tcha-diens.

Par la production d’études thématiques et par son plaidoyer, le CSAPR enrichit les débats. Car il est depuis l’origine une force de propo-sitions citoyennes. Il mène des actions de plai-doyer au niveau national, régional et internatio-nal. A travers ses mémos et ses analyses sur la situation politico-sécuritaire, le CSAPR n’hésite pas à contester les stratégies du gouvernement et/ou des partis politiques. Le CSAPR a par exemple fortement critiqué en 2007 le processus de sortie de crise basée sur le seul processus électoral et a défendu ses propres propositions de transition politique après les évènements de février 2008. En 2011, suite aux élections, le Comité a notamment mené une étude sur le fonc-tionnement des partis politiques tchadiens sur lequel les partis ont pu échanger lors d’un forum.

Le CSAPR a pour objectif : - l’organisation d’élections transparentes, avec une administration dépolitisée. - La réforme des services de défense et de sécurité, accompagné d’un processus de dé-sarmement-démobilisation-réinsertion effica-ce pour assurer la stabilité des institutions démo-cratiques et affermir l’Etat de droit. - Le développement de mécanismes favori-sant la réconciliation populaire, telle que la création d’espaces de dialogue multi-acteurs.

NOS PARTENAIRES

Mobilisons-nous pour une paix durable au Tchad !

La réaction des membres du CSAPR

Dr Younous Mahadjir, vice-président de l’UST (Union des Syndicats du Tchad)

« la Constitution a déjà été modifiée en 2005 et il y a des

rumeurs d’une nouvelle modification pour l’institution d’u-

ne vice-présidence. Dans notre lutte, nous avons toujours

combattu cette pratique de coup d’état constitutionnel qui

tue l’espoir dans ce pays. La Constitution est la loi fonda-

mentale qui définit les critères de gestion d’un pays, et no-

tamment la possibilité de l’alternance. Cette dernière est

porteuse d’espoir et d’amélioration de la situation sociale.

La pratique actuelle du blocage de l’alternance ne peut apporter la paix. La paix qu’on

nous miroite aujourd’hui n’est pas réelle mais une paix imposée par les armes. On

veut la paix des cœurs. Le respect de la loi, l’égalité de tous devant la loi sont des prin-

cipes républicains qui sont fondamentaux pour la conduite normale d’un pays.

Les dirigeants doivent comprendre que le Tchad est éternel et que ceux qui sèment les

choses néfastes le récolteront un jour. Ce qui manque à ce pays, c’est un dirigeant

honnête, patriote, qui accorde des responsabilités suivant les talents et mérites des

tchadiens. Les intellectuels ne manquent pas. Beaucoup se sont prostitués pour des

intérêts mesquins relevant d’une bassesse regrettable, mais il y en a aussi qui sont

restés fidèles aux nobles convictions et que l’on peut responsabiliser.

Si la gestion du pays se révèle être un échec à tous les niveaux, il faut que le Président

tire les leçons de cet échec et quitte le pouvoir. Il doit partir en organisant des élec-

tions sans se présenter lui-même. S’il le fait, ce sera un acte salutaire et hautement

nationaliste. S’il refuse, un jour la population le fera. Le fait que la population se taise

n’est aucunement une acceptation de ce qui se passe. Elle réagira un jour à un élé-

ment vibrateur qui la mettra en activité. Il sera trop tard pour l’arrêter. Le mieux serait

d’anticiper, car, qu’on ne se méprenne point, il n’y a pas de peuple peureux et il ne

faut jamais chercher à l’humilier.

A l’UST, nous serrons toujours prêt à dénoncer les dérapages orchestrés par le pouvoir

en place et notamment les fraudes électorales. La peur nous a quitté il y a longtemps.

La peur est l’élément le plus dangereux qui est en l’être humain mais le jour où elle

quitte l’homme, il est libéré de tous les maux. »

Nos membres partagent dans cette rubrique leurs analyses de la situation socio-

politique et sécuritaire actuelle.

Mr Issaka Dounia Haroun, président du COPES (Comité d’Organisation pour la Paix

dans les Etablissements Scolaires)

« Depuis un bon bout de temps, on constate que l’insécurité a

considérablement augmenté. Les cas d’assassinats sont de

plus en plus nombreux, et souvent pour de simples vols. La

question que l’on se pose est de savoir si les forces de l’ordre

font leur travail. On constate que les malfrats, une fois arrê-

tés, sont libérés par la suite. Rien n’est fait pour décourager

les criminels. La cherté de vie n’arrange rien. En plus de la

flambée des prix des denrées de première nécessité, il y a

aussi le prix des loyers qui augmentent exagérément et de manière anarchique au bon

gré des bailleurs. Très clairement, cette situation est aussi à l’origine du phénomène

de l’insécurité. Nous constatons que les gouvernants ne travaillent pas vraiment pour

le pays. Beaucoup de responsables n’ont aucun souci pour l’intérêt général. Ils n’ont

pas d’autres objectifs que celui de leurs intérêts particuliers égoïstes. Vous remarque-

rez par exemple qu’en cas de nominations à un poste ministériel, le bénéficiaire mobi-

lise ses parents pour des remerciements officiels pour la confiance placé en leur fils. Il

faut que cela cesse et les jeunes doivent être impliqués pour relever les défis en vue

d’un changement des paradigmes. Pour que le Tchad puisse se développer, tout le

monde doit se mettre au travail. »