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Initiation à la poésiePoèmes du Moyen Âgeà nos jours POÈMES

HAÏKUSCALLIGRAMMES

CHANSONS

Initiation à la poésiePoèmes du Moyen Âge à nos jours

Choix des poèmes, présentation, notes, questions et après-texte établis par

Josiane Grinfas-Tulinieriprofesseur de Lettres

Classiques Contemporains&

14. Charles Baudelaire, « L’étranger » . . . . . . . . . . . . . . . . 3215. Arthur Rimbaud, « Ma bohème » . . . . . . . . . . . . . . . . 3316. Paul Verlaine, « Gaspard Hauser chante : » . . . . . . . . 34

xxe siècle – Grandir avec la poésieEnfances 17. Paul Éluard, « Je mènerai mon enfant » . . . . . . . . . . . 3618. Jacques Charpentreau, « Les beaux métiers » . . . . . . . 3719. Jacques Prévert, « Page d’écriture » . . . . . . . . . . . . . . . 3820. Jean-Luc Moreau, « Chanson de l’ogre » . . . . . . . . . . . 41Frères animaux21. Paul Fort, « Complainte du petit cheval blanc » . . . . . 4322. Guillaume Apollinaire, Raoul Dufy, « Le chat » . . . . . 4423. Jacques Prévert, « Le chat et l’oiseau » . . . . . . . . . . . . 4624. René Char, « Le martinet » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48Le monde frappe à la porte25. Paul Fort, « La mer » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4926. Pierre Reverdy, « En face » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5027. Jules Supervielle, « Docilité » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5128. Guillevic, « Recette » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5329. Claude Roy, « L’enfant qui battait la campagne » . . . . 54À la rencontre de l’autre30. Robert Desnos, « C’était un bon copain » . . . . . . . . . 5531. Jacques Prévert, « Dans ma maison » . . . . . . . . . . . . . 5732. Marcel Béalu, « Poème à dire » . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6033. Maurice Carême, « Bonté » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6134. Léopold Sédar Senghor, « Poème à mon frère blanc » . . 62

3Sommaire

Jouer avec les mots35. Max Jacob, Yves Pinguilly, « Pour les enfants et pour les raffi nés » . . . . . . . . . . . . . . . . 6336. Boby Lapointe, « L’hélicon » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6637. Guillevic, « Image » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6938. Jacques Roubaud, « Le crocodile » . . . . . . . . . . . . . . . 7039. Pierre Coran, « Le chameau » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

Après-texte

Pour comprendreÉtapes 1 à 7 (questions) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

Groupements de textesLes fables antiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86Haïkus : le dit de l’homme et de la nature . . . . . . . . . . . . 88

Information / DocumentationBibliographie, Internet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

4 Sommaire

5Présentation

LA VOIX DU POÈTE

Qu’est-ce qu’une « initiation » ? C’est un enseignement qui permet à l’homme d’accéder à des connaissances, à des réalités jusque-là mystérieuses pour lui : le langage de la nature, par exemple. Le premier des poètes, Orphée, savait charmer les ani-maux sauvages avec sa lyre et son chant a même convaincu les divinités des Enfers de lui rendre celle qu’il aimait. Quel était ce don ? Les Anciens racontaient qu’il « entendait » l’harmonie de la nature, qu’il était remonté des Enfers porteur de secrets et de connaissances refusés aux autres mortels et qu’il désirait ouvrir pour eux les portes du monde des ombres. Il y a donc un lien entre la poésie et l’initiation.

La poésie semble parfois une terre un peu étrangère et les poètes des êtres d’une autre planète : ils paraissent avoir une façon diff é-rente de voir et d’entendre le monde ; leurs images nous étonnent. Pourtant nous ne sommes pas si diff érents d’eux. Il suffi t d’écou-ter ce qu’ils nous disent et de les suivre. Le ciel, la mer, les nuages, le bruit des arbres ou les murs de la ville nous entourent ; parfois, nous ne faisons pas attention à eux ; parfois, ils attirent notre regard et nous fascinent, comme si nous les voyions pour la pre-mière fois. Nos yeux les voient autrement ; alors, nous sommes un peu poètes. Mais, à la diff érence des poètes, nous n’avons pas toujours le besoin de « dire » cette expérience, de la communi-quer ; et puis, souvent, il nous manque les mots pour l’exprimer.

Les poètes ont ce pouvoir de changer leur regard sur le monde, tout le temps ou le temps d’un poème. Ils savent métamorphoser

Moyen Âge – XVIe siècleSi loin, si proches

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Moyen Âge – XVIe siècle

ANONYME xie siècle1. « La mort de Roland », La Chanson de Roland (1070), extraitCette chanson de geste raconte les exploits de Roland, neveu de Charlemagne, pendant la guerre que celui-ci mène en Espagne contre les Sarrasins. Blessé, il rassemble les corps de ses compagnons et défend son épée, Durandal. Mais il sent qu’il meurt.

Roland sent que la mort le prend tout : de sa tête elle des-cend vers son cœur. Jusque sous un pin il va courant ; il s’est couché sur l’herbe verte, face contre terre. Sous lui il met son épée et l’olifant1. Il a tourné sa tête du côté de la gent païenne2 : il a fait ainsi, voulant que Charles dise, et tous les siens, qu’il est mort en vainqueur, le gentil comte. À faibles coups et souvent, il bat sa coulpe3. Pour ses péchés il tend vers Dieu son gant.

Transposition en français moderne par Joseph Bédier, 1922.

1. Le cor.2. Vers l’Espagne, vers le peuple qui n’est pas chrétien.3. Se frappe la poitrine du poing, en signe de péché.

Si loin, si proches 9

MARIE DE FRANCE 115411892. « Le chèvrefeuille » (v. 1160), extraitInspirée par la « matière de Bretagne », cette poétesse relate les amours de Tristan et de la reine Yseult, si « parfaites, mais si dou-loureuses », sous la forme d’un lai, poème narratif, qui compare les amants au chèvrefeuille s’enroulant autour du coudrier, l’un ne pouvant vivre sans l’autre.

Tristan fut d’autant plus enchanté de ce qu’il venait d’apprendre que la reine devait infailliblement1 traverser la forêt pour se rendre à Tintagel2. En eff et, le roi et son cortège passèrent le lendemain. Yseult ne devait pas tarder à venir ; mais comment lui apprendre que son amant est si près d’elle ? Tristan coupe une branche de coudrier3, la taille carrément et la fend en deux, sur chaque côté de l’épaisseur il écrit son nom avec un couteau, puis met les deux branches sur le chemin, à peu de distance l’une de l’autre. Si la reine aperçoit le nom de son ami, ainsi que cela lui était déjà arrivé, il n’y a pas de doute qu’elle ne s’arrête.

Elle devinerait sur-le-champ qu’il avait longtemps attendu pour la voir. D’ailleurs elle ne peut ignorer que Tristan ne peut vivre sans Yseult, comme Yseult ne peut vivre sans Tristan. Il vous souvient, disait-il en lui-même, de l’arbre au pied duquel est planté du chèvrefeuille. Cet arbuste monte, s’attache et

1. De façon sûre.2. La capitale du royaume de Marc, oncle de Tristan et époux d’Yseult.3. Noisetier.

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10 Moyen Âge – XVIe siècle

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entoure les branches. Tous deux semblent devoir vivre long-temps, et rien ne paraît pouvoir les désunir. Si l’arbre vient à mourir, le chèvrefeuille éprouve sur-le-champ le même sort. Ainsi, belle amie, est-il de nous. Je ne puis vivre sans vous comme vous sans moi, et votre absence me fera périr.

Transposition en français moderne par B. de Roquefort.

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RUTEBEUF 1230v. 12853. « La complainte Rutebeuf » (v. 1260)Ce pseudonyme est celui d’un trouvère jongleur, pauvre de condi-tion et lettré, qui vit à l’époque de Saint Louis. Il dit simplement et de touchante façon les misères de l’existence humaine.

Que sont mes amis devenusQue j’avais de si près tenus Et tant aimés ?Je crois qu’ils sont trop clairsemés1,Ils ne furent pas bien semés Et sont faillis2.De tels amis m’ont mal bailli3,Car dès que Dieu m’eut assailli De maint côté4,N’en vis un seul dans mon hôtel.Je crois, le vent les a ôtés, L’amour est morte,Ce sont amis que vent emporte,Et il ventait devant ma porte.

Adaptation Gustave Cohen, Librairie Delagrave, 1933.

1. Dispersés.2. M’ont fait défaut.3. M’ont mal traité.4. De plusieurs côtés.

12 Moyen Âge – XVIe siècle

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CLÉMENT MAROT 149615444. « D’Anne qui lui jeta la neige », Épigrammes, I, 24 (v. 1535)Remarqué par François Ier, le jeune poète devient valet de Marguerite d’Alençon, sœur du roi et future Marguerite de Navarre. Mais, accusé d’avoir mangé du lard en carême, Clément Marot connaît la prison. Libéré par grâce royale, il rejoint ses protecteurs et tombe amoureux d’Anne d’Alençon pour laquelle il écrit de doux poèmes.

Anne, par jeu, me jeta de la neige,Qui je cuidais1 froide certainement ;Mais c’était feu ; l’expérience en ai-je,Car embrasé je fus soudainement.Puisque le feu loge secrètement,Dedans la neige, où trouverai-je placePour n’ardre point2 ? Anne, ta seule grâceÉteindre peut ce feu que je sens bien,Non point par eau, par neige, ni par glace,Mais par sentir un feu pareil au mien.

1. Croyais.2. Pour ne pas brûler.

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PIERRE DE RONSARD 152415855. « Sur la mort de Marie », Second livre des amours (1578)En 1574, prêtant sa voix à la douleur du roi Henri III qui vient de perdre Marie de Clèves, son aimée, Ronsard se souvient d’un de ses amours, Marie Dupin, disparue depuis peu. Il lui off re ce poème, délicate comparaison de la jeune femme avec la jeune et fragile rose.

IV

Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose,En sa belle jeunesse, en sa première fl eur,Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,Quand l’Aube de ses pleurs au point du jour l’arrose ;

La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose,Embaumant les jardins et les arbres d’odeur ;Mais battue ou de pluie, ou d’excessive ardeur,Languissante1 elle meurt feuille à feuille déclose2.

Ainsi en ta première et jeune nouveauté,Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,La Parque3 t’a tuée, et cendre tu reposes.

Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,Ce vase plein de lait, ce panier plein de fl eurs,Afi n que vif, et mort, ton corps ne soit que roses.

1. Sans forces.2. Ouverte.3. Divinité antique qui coupait le fi l de la vie ; donc la mort.

POUR COMPRENDRE

Étape 1 Si loin, si proches ............................................................................................. 74Étape 2 Fables et chansons populaires ........................................................ 76Étape 3 Portraits de poètes ........................................................................................... 78Étape 4 Enfances – Frères animaux .............................................................. 80Étape 5 Le monde frappe à la porte – À la rencontre de l’autre ........................................................................ 82Étape 6 Jouer avec les mots ......................................................................................... 84Étape 7 Synthèse ........................................................................................................................... 85

GROUPEMENTS DE TEXTESLes fables antiques ........................................................................................................................... 86Haïkus : le dit de l’homme et de la nature ............................................... 88

INFORMATION/DOCUMENTATIONBibliographie, Internet ............................................................................................................. 92

Après-texte

POUR

COM

PREN

DRE

LirePoème 1 (p. 8)

1 Relevez, dans cette strophe, les éléments qui identifi ent le chevalier. Vers qui vont ses dernières pensées ?

2 Cette chanson était récitée et mimée par un jongleur. Quels gestes imaginez-vous à la lecture de ces vers ?

3 On entend à la rime le son « an ». Quel ton peut-on lui associer : doux ? grave ? triste ? violent ?

Poème 2 (p. 9-10)

4 Quel personnage ce poème par-tage-t-il avec La Chanson de Roland (poème  1)  ? Quelle épreuve vit ce personnage ? Vers qui son cœur est-il tourné ?

5 Relevez les champs lexicaux de l’enlacement et de la mort. Quelle idée de l’amour expriment-ils ?

6 Identifi ez cette construction  : « Je ne puis vivre sans vous comme vous sans moi » (l. 20-21).

Poème 3 (p. 11)

7 Relevez les indices de la première personne du singulier. Sont-ils nom-breux  ? Quelle est la visée de ce poème ?

8 Quelle infortune le poète déplore-t-il ? Quel élément en est le symbole ?

Qu’entend-on dans le « u » de la rime des deux premiers vers ?

Poème 4 (p. 12)

9 Combien de vers compte cette épi-gramme ? Quel nom donne-t-on à ce type de strophe ?

10 Quel jeu le poète ajoute-t-il à celui des amants ?

11 Précisez les deux sens du mot « feu » dans ce poème. Quel est celui qui domine : le sens propre ou le sens fi guré ?

Poème 5 (p. 13)

12 Sur quelle comparaison ce poème progresse-t-il ? Identifi ez le comparé, le comparant, l’outil et les points de comparaison.

13 Quelles sont les offrandes du poète à Marie ? Que rappellent-elles ? Comment le poète s’adresse-t-il à la jeune femme ?

14 Quel est le mot qui clôt le premier et le dernier vers ? De l’amour ou de la mort, qui est le plus puissant ?

Poèmes 2 et 5

15 Le lai de Marie de France et le sonnet de Ronsard établissent une comparaison entre la fl ore et l’amour. Sur quels points de comparaison s’appuient-ils ?

74 SI LOIN, SI PROCHES

POUR

COM

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QUELQUES FORMES POÉTIQUES : LE LAI, L’ÉPIGRAMME ET LA COMPLAINTE

• Le lai est une forme très ancienne, sans doute d’origine bretonne, qui se développe au XIIe siècle. Il était souvent accompagné à la harpe par un artiste qui, comme l’aède antique, chantait les légendes et leurs

héros. Les vers sont des octosyllabes où domine une rime, regroupés en strophes de taille variée.• L’épigramme est une forme d’origine antique  : le mot désignait une courte inscription, en prose ou en vers, que l’on traçait sur un monument ou un tombeau. Elle était le support préféré de la satire et se développait vers le trait d’esprit du dernier vers. Chez Clément Marot, il s’agit d’un poème court (de huit à dix vers) qui exprime avec légèreté le sentiment amoureux. Beaucoup des épigrammes qu’il a créées sont dédiées à cette Anne.• La complainte est un poème de forme variable qui raconte les malheurs d’un personnage, historique ou fi ctif, voire du poète lui-même. Elle est la version populaire de l’oraison funèbre.

À SA

VOIR

POÈMES 1 À 5 PAGES 8 À 13

Écrire16 En vous aidant du poème de Rute-beuf, écrivez un poème sur le thème de la mort d’un animal aimé.

Chercher17 Recherchez l’étymologie latine du mot « geste ». Qu’est-ce donc que la « geste » d’un chevalier ?

18 Qui étaient Tristan et la reine Yseult  ? Résumez l’histoire de ces deux amants célèbres.

19 Rutebeuf était un «  trouvère  ». Cherchez la défi nition de ce mot.

Initiation à la poésiePoèmes du Moyen Âge à nos joursMarie de France, Rutebeuf, Marot, Ronsard, La Fontaine, Nerval, Hugo,Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, Éluard, Apollinaire, Jacob, Fort, Supervielle, Desnos, Reverdy, Prévert, Carême, Guillevic, Lapointe, Char, Roy, Béalu, Senghor, Charpentreau, Roubaud, etc.

Pierre Seghers disait de la poésie : « Je la tiens pour essentielle à l’homme autant que les battements de son cœur. » Parcourant les siècles du Moyen Âge à nos jours, ce recueil révèle la permanence du langage poétique qui sort du cœur des hommes et permet la rencontre avec soi-même, avec le monde et avec l’autre.

En proposant une grande diversité des formes et motifs poétiques (vers libres ou variés, calligrammes, haïkus, chan-sons), cet ouvrage permettra aux élèves de s’initier à la poésie en découvrant − ou redécouvrant − certains des plus beaux poèmes d’hier et d’aujourd’hui. Grâce à un accompagnement pédagogique complet, ils appréhenderont l’ensemble du pro-cessus de leur création.

NIVEAU 1 : recommandé pour les classes de sixième.

Les poèmes du Moyen Âge au XXIe siècle sont recommandés dans les

programmes de 6e dans le cadre de l’initiation à la poésie.

ISBN 978-2-210-74051-8

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