col03-02: investigation épidémiologique et évaluation des marqueurs moléculaire de la...

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© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Médecine et maladies infectieuses 44 (2014) 5-6 15 es Journées Nationales d’Infectiologie Communications orales libres COL03 – Médecine tropicale et voyages COL03-01 Incidence et facteurs associés aux épisodes fébriles d’origine palustre en zone de forte transmission chez la femme enceinte infectée par le VIH Duvignaud (1), Denoeud-Ndam (1), Girard (2), Zannou (3), Cot (1) (1) UMR 216 IRD – Université Paris-Descartes, Paris, France, (2) Hôpi- tal Saint-Antoine – Université Pierre-et-Marie-Curie, Paris, France, (3) Centre national hospitalier universitaire – Université d’Abomey- Calavi, Cotonou, Bénin. Introduction – objectifs : La morbidité liée au paludisme chez les gestantes infectées par le VIH reste méconnue. Nous avons mené une étude de cohorte afin d’estimer le taux d’incidence et de déterminer les facteurs associés aux épisodes fébriles d’origine palustre en zone de forte transmission chez des gestantes infec- tées par le VIH. Matériels et méthodes : 432 participantes à un essai randomisé de prévention du paludisme gestationnel comparant un traitement préventif intermittent par la méfloquine à une prophylaxie quotidienne par le cotrimoxazole ont été incluses. Elles étaient suivies à trois reprises au cours de la grossesse. Un épisode fébrile était défini comme d’origine palustre confirmée en cas de positivité de la goutte épaisse ou d’un test rapide pour Plasmodium falciparum et d’origine palustre pré- sumée en cas d’administration présomptive d’un traitement antipaludique. Résultats : Le taux d’incidence des épisodes fébriles d’origine palustre confirmée était de 127,9 pour 1 000 personnes-année (IC 95 % : 77,4-211,2). En analyse multivariée, le nombre de CD4 (pour 50 cellules/mm³ Risque Relatif [RR] = 0,82 ; IC : 0,71-0,96), le début du traitement antirétroviral avant ou dès le début de la grossesse (RR = 0,34 ; IC : 0,12-0,98) et les antécédents de paludisme symp- tomatique en début de grossesse (RR = 7,10 ; IC : 2,35-22,49) étaient associés à la survenue d’un épisode fébrile d’origine palustre confirmée ou présumée. Conclusion : Le paludisme est responsable d’une morbidité importante chez la femme enceinte infectée par le VIH et l’immunodépression cellulaire en est un des principaux déterminants. L’instauration précoce d’un traitement antirétroviral pourrait contribuer à réduire cette morbidité. COL03-02 Investigation épidémiologique et évaluation des marqueurs molécu- laire de la résistance à la sulfadoxine-pyrimethamine chez Plasmo- dium falciparum H.-Y. Darar (1), S.-D. Dirir (2) (1) Institut national de Santé publique, Djibouti, Djibouti, (2) Institut national de Santé publique, Djibouti, Djibouti. Introduction – objectifs : Une épidémie de paludisme sévit depuis le 27 janvier 2013 bien que le pays ait opté pour une stratégie de pré élimination. Nos objectifs étaient de décrire les caractéristiques de cette flambée, de déterminer la prévalence des mutations N51I, S108N et C59R du gène pfdhfr et les mutations A540E et K437G du gène pfdhps et de reconstituer les différents haplotypes pfdhfr et pfdhps. Matériels et méthodes : Tous les sujets admis pour un accès palustre ont été recensés à partir du registre de consultation. Un cas d’accès palustre était défini sur des critères cliniques et une goutte épaisse positive. Les analyses moléculaires (PCR niché) avaient porté sur 53 échantillons des sujets paludéens de façon aléa- toire (PCR niché). Le traitement adopté était l’Artésunate Sulfadoxine-Pyrimétha- mine. Résultats : Nous avons colligé 3 448 cas avec un sex ratio de 3,3 en faveur des hommes. Les sujets de 10 à 20 ans sont les plus touchés. Parmi les 28 cas de décès enregistrés, 23 cas ont présentés un accès grave sans facteurs associés. 100 % des patients étaient infectés par Plasmodium faciparum. L’analyse par PCR-RFLP des codons 108, 51 et 59 du gène pfdhfr (49 sur 53 isolats) avaient montré 92 % de mutation sur les allèles 51I et 108N, 58 % sur l’allèle 59R alors que ceux des codons 540 et 437 du gène pfdhps (47 sur 53 isolats) une mutation de 10 % sur l’allèle mutant 437G et une sur l’allèle mutant 540E. Nos résultats montrent que l’haplo type dominant est le double mutant 108N + 51I (100 %) et l’haplo type triple mutant 108N/51I/59R (60 %). Conclusion : La particularité de cette épidémie est son retour cyclique quin- quennal (2009, 2003, 1999, 1994, 1989). Les fréquences de mutations associées et de l’halotype triple mutant 108N + 51I + 59R prédit un échec clinique de la SP. COL03-03 Risque de transmission verticale du virus de la dengue en période périnatale et au cours de l’allaitement L. Arragain (1), N. Sigur (1), A.-C. Gourinat (2), A. Barthel (2), C. Cazorla (1), J.-P. Grangeon (3), E. Descloux (1) (1) CHT, Nouméa, Nouvelle-Calédonie, (2) Institut Pasteur, Nouméa, Nouvelle-Calédonie, (3) DASS, Nouméa, Nouvelle-Calédonie. Introduction – objectifs : La dengue est l’arbovirose humaine la plus fré- quente. Le risque de transmission virale de la mère à l’enfant est mal connu. Nous avons étudié le risque de transmission verticale du virus de la dengue en période périnatale et au cours de l’allaitement. Matériels et méthodes : Nous rapportons un cas suspect de transmission du virus de la dengue par le lait maternel et les résultats préliminaires d’une étude prospective menée pendant la plus grande épidémie de dengue survenue en Nou- velle Calédonie en 2012-2013. Le virus a été détecté et quantifié par RT-PCR chez des femmes enceintes ou allaitantes (sang, lait) et leurs nourrissons (sang, liquide gastrique), dans le sang de cordon et le placenta. Résultats : En juillet 2012, pour la première fois, nous avons mis en évidence le virus de la dengue dans le lait maternel d’une patiente virémique à l’accouche- ment. Le sang de cordon était négatif à la naissance, le virus a été détecté dans le lait maternel puis le sang du nouveau-né. Les charges virales étaient similaires dans le lait et le sang maternel. Sur 10 813 cas de dengue en 2012-2013, 10 femmes étaient virémiques à l’accouchement (1 accouchement prématuré, 3 complications hémorragiques, 1 décès). 9/10 nourrissons (90 %) ont été contaminés et malades (1 thrombopénie profonde, 1 encéphalopathie). Parmi 35 femmes virémiques allaitantes, le virus a été détecté dans 9/12 (75 %) prélèvements de lait (3 prélèvements tardifs négatifs). Conclusion : Le risque de transmission verticale du virus de la dengue lorsque la mère est virémique à l’accouchement est très élevé (90 %) avec un risque de complications obstétricales et néonatales. Les voies de transmission restent à élucider mais un risque de transmission par le lait maternel ne peut être écarté. Des études complémentaires sont nécessaires pour élaborer des recommandations préventives.

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Page 1: COL03-02: Investigation épidémiologique et évaluation des marqueurs moléculaire de la résistance à la sulfadoxine-pyrimethamine chez Plasmodium falciparum

© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Médecine et maladies infectieuses 44 (2014) 5-6

15es Journées Nationales d’Infectiologie

Communications orales libres

COL03 – Médecine tropicale et voyages

COL03-01Incidence et facteurs associés aux épisodes fébriles d’origine palustreen zone de forte transmission chez la femme enceinte infectée parle VIH

Duvignaud (1), Denoeud-Ndam (1), Girard (2), Zannou (3), Cot (1)(1) UMR 216 IRD – Université Paris-Descartes, Paris, France, (2) Hôpi-tal Saint-Antoine – Université Pierre-et-Marie-Curie, Paris, France, (3) Centre national hospitalier universitaire – Université d’Abomey-Calavi, Cotonou, Bénin.

Introduction – objectifs : La morbidité liée au paludisme chez les gestantesinfectées par le VIH reste méconnue. Nous avons mené une étude de cohorte afind’estimer le taux d’incidence et de déterminer les facteurs associés aux épisodesfébriles d’origine palustre en zone de forte transmission chez des gestantes infec-tées par le VIH.

Matériels et méthodes : 432 participantes à un essai randomisé de préventiondu paludisme gestationnel comparant un traitement préventif intermittent par laméfloquine à une prophylaxie quotidienne par le cotrimoxazole ont été incluses.Elles étaient suivies à trois reprises au cours de la grossesse. Un épisode fébrileétait défini comme d’origine palustre confirmée en cas de positivité de la goutteépaisse ou d’un test rapide pour Plasmodium falciparum et d’origine palustre pré-sumée en cas d’administration présomptive d’un traitement antipaludique.

Résultats : Le taux d’incidence des épisodes fébriles d’origine palustreconfirmée était de 127,9 pour 1 000 personnes-année (IC 95 % : 77,4-211,2). Enanalyse multivariée, le nombre de CD4 (pour 50 cellules/mm³ Risque Relatif [RR]= 0,82 ; IC : 0,71-0,96), le début du traitement antirétroviral avant ou dès le débutde la grossesse (RR = 0,34 ; IC : 0,12-0,98) et les antécédents de paludisme symp-tomatique en début de grossesse (RR = 7,10 ; IC : 2,35-22,49) étaient associés à lasurvenue d’un épisode fébrile d’origine palustre confirmée ou présumée.

Conclusion : Le paludisme est responsable d’une morbidité importante chez lafemme enceinte infectée par le VIH et l’immunodépression cellulaire en est un desprincipaux déterminants. L’instauration précoce d’un traitement antirétroviralpourrait contribuer à réduire cette morbidité.

COL03-02Investigation épidémiologique et évaluation des marqueurs molécu-laire de la résistance à la sulfadoxine-pyrimethamine chez Plasmo-dium falciparum

H.-Y. Darar (1), S.-D. Dirir (2)(1) Institut national de Santé publique, Djibouti, Djibouti, (2) Institutnational de Santé publique, Djibouti, Djibouti.

Introduction – objectifs : Une épidémie de paludisme sévit depuis le27 janvier 2013 bien que le pays ait opté pour une stratégie de pré élimination.Nos objectifs étaient de décrire les caractéristiques de cette flambée, de déterminerla prévalence des mutations N51I, S108N et C59R du gène pfdhfr et les mutationsA540E et K437G du gène pfdhps et de reconstituer les différents haplotypes pfdhfret pfdhps.

Matériels et méthodes : Tous les sujets admis pour un accès palustre ont étérecensés à partir du registre de consultation. Un cas d’accès palustre était défini surdes critères cliniques et une goutte épaisse positive. Les analyses moléculaires

(PCR niché) avaient porté sur 53 échantillons des sujets paludéens de façon aléa-toire (PCR niché). Le traitement adopté était l’Artésunate Sulfadoxine-Pyrimétha-mine.

Résultats : Nous avons colligé 3 448 cas avec un sex ratio de 3,3 en faveur deshommes. Les sujets de 10 à 20 ans sont les plus touchés. Parmi les 28 cas de décèsenregistrés, 23 cas ont présentés un accès grave sans facteurs associés. 100 % despatients étaient infectés par Plasmodium faciparum. L’analyse par PCR-RFLP descodons 108, 51 et 59 du gène pfdhfr (49 sur 53 isolats) avaient montré 92 % demutation sur les allèles 51I et 108N, 58 % sur l’allèle 59R alors que ceux descodons 540 et 437 du gène pfdhps (47 sur 53 isolats) une mutation de 10 % surl’allèle mutant 437G et une sur l’allèle mutant 540E. Nos résultats montrent quel’haplo type dominant est le double mutant 108N + 51I (100 %) et l’haplo typetriple mutant 108N/51I/59R (60 %).

Conclusion : La particularité de cette épidémie est son retour cyclique quin-quennal (2009, 2003, 1999, 1994, 1989). Les fréquences de mutations associées etde l’halotype triple mutant 108N + 51I + 59R prédit un échec clinique de la SP.

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Risque de transmission verticale du virus de la dengue en périodepérinatale et au cours de l’allaitement

L. Arragain (1), N. Sigur (1), A.-C. Gourinat (2), A. Barthel (2),C. Cazorla (1), J.-P. Grangeon (3), E. Descloux (1)(1) CHT, Nouméa, Nouvelle-Calédonie, (2) Institut Pasteur, Nouméa,Nouvelle-Calédonie, (3) DASS, Nouméa, Nouvelle-Calédonie.

Introduction – objectifs : La dengue est l’arbovirose humaine la plus fré-quente. Le risque de transmission virale de la mère à l’enfant est mal connu. Nousavons étudié le risque de transmission verticale du virus de la dengue en périodepérinatale et au cours de l’allaitement.

Matériels et méthodes : Nous rapportons un cas suspect de transmission duvirus de la dengue par le lait maternel et les résultats préliminaires d’une étudeprospective menée pendant la plus grande épidémie de dengue survenue en Nou-velle Calédonie en 2012-2013. Le virus a été détecté et quantifié par RT-PCR chezdes femmes enceintes ou allaitantes (sang, lait) et leurs nourrissons (sang, liquidegastrique), dans le sang de cordon et le placenta.

Résultats : En juillet 2012, pour la première fois, nous avons mis en évidencele virus de la dengue dans le lait maternel d’une patiente virémique à l’accouche-ment. Le sang de cordon était négatif à la naissance, le virus a été détecté dans lelait maternel puis le sang du nouveau-né. Les charges virales étaient similairesdans le lait et le sang maternel.

Sur 10 813 cas de dengue en 2012-2013, 10 femmes étaient virémiques àl’accouchement (1 accouchement prématuré, 3 complications hémorragiques,1 décès). 9/10 nourrissons (90 %) ont été contaminés et malades (1 thrombopénieprofonde, 1 encéphalopathie).

Parmi 35 femmes virémiques allaitantes, le virus a été détecté dans 9/12 (75 %)prélèvements de lait (3 prélèvements tardifs négatifs).

Conclusion : Le risque de transmission verticale du virus de la dengue lorsquela mère est virémique à l’accouchement est très élevé (90 %) avec un risque decomplications obstétricales et néonatales.

Les voies de transmission restent à élucider mais un risque de transmission parle lait maternel ne peut être écarté. Des études complémentaires sont nécessairespour élaborer des recommandations préventives.