climatique, nouvel adversaire de l'humanitaire

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La Revue Indépendante des Professionnels du Développement Le changement climatique, nouvel adversaire de l'humanitaire Ebola en RDC L'Hebdomadaire BANQUE MONDIALE Renflouement «record» du fonds pour les pays pauvres SECURITE Protéger les données, une question de "vie ou de mort" Monde Afrique 23 nouveaux cas en quatre jours Première condamnation pour Béchir Combats et violences s'intensifient #352 - Lundi 16 Décembre 2019 Greta Thunberg, personnalité de l’année Niger Soudan Le Journal du Développement prend des vacances ! Le prochain numéro sera publié lundi 6 janvier Joyeuses fêtes à tous ! Cameroun L'armée frappée par l'attaque jihadiste la plus meurtrière

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La Revue Indépendante des Professionnels du Développement

Le changement climatique, nouvel adversaire de l'humanitaire

Ebola en RDC

L'Hebdomadaire

BANQUE MONDIALERenflouement

«record» du fonds pour les pays

pauvres

SECURITEProtéger les

données, une question

de "vie ou de mort"

Monde Afrique

23 nouveaux cas en quatre jours

Première condamnation pour Béchir

Combats et violences s'intensifient

#352 - Lundi 16 Décembre 2019

Greta Thunberg, personnalité de l’année

Niger

Soudan

Le Journal du Développement prend des vacances !Le prochain numéro sera publié lundi 6 janvier

Joyeuses fêtes à tous !

Cameroun

L'armée frappée par l'attaque jihadiste la plus meurtrière

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3 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT N° 352 - Lundi 16 Décembre 2019

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Croix-Rouge : "Nous ressentons les effets du changement climatique"

“Nous étions préparés à d e s o u r a -g a n s q u e

nous connaissions déjà (...) nous n’avions pas anticipé la puissance de Dorian”, a expli-qué la cheffe de la Croix-Rouge pour les Bahamas, Terez Curry, en marge d’une conférence internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève.

“On peut le voir comme un désastre du changement clima-tique”, a-t-elle ajouté.

Bien qu’il soit difficile de faire un lien direct entre le changement climatique et Dorian ou d’autres tempêtes, les experts s’accordent à dire que l’élévation de la tempéra-ture augmente de façon impor-tante le risque de catastrophes climatiques plus fréquentes et de plus forte intensité.

“Effet de loupe”

“Nous constatons que les fortes tempêtes deviennent de plus en plus fortes”, a confirmé Maarten van Aalst, directeur du Centre Climatique de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

“Le changement climatique a un effet de loupe sur le risque”, a-t-il ajouté, mettant l’accent sur les canicules plus fréquen-

tes et plus meurtrières en Eu-rope, les incendies de forêts aux Etats-Unis, en Australie et même récemment en Suède, près du Cercle arctique.

“Et l’intensité des cyclones les plus puissants est en aug-

mentation”, a-t-il rappelé.C’était certainement le cas

de Dorian quand il a frappé les Bahamas, a souligné Mme Curry. L’énorme tempête d’une magnitude historique a fait au moins 63 morts et 463 dis-parus.

Plus de 7.000 habitants des îles Abacos ou de Grand Bahama, les plus touchées, ont perdu leur habitation, et 75% des constructions ont été

détruites dans certaines zones par l’ouragan de catégorie 5, selon l’ONU.

“Avant Dorian, nous pen-sions que nos toits étaient bons, que nos normes de con-struction étaient adaptées, que

nous étions préparés”, a-t-elle raconté. “Aujourd’hui, nous sommes dans l’après-Dorian et tout a changé”.

Les Bahamas sont pour-tant habitués à voir passer des ouragans chaque année et ont déjà eu à subir de puissantes tempêtes, mais Dorian, survenu après un été marqué par des températures record, avait une telle force que tout le monde a été pris par surprise.

“Nous pensons vraiment que nous ressentons les effets du changement climatique”, a estimé Mme Curry.

Le réchauffement clima-tique fait partie des thèmes majeurs qui ont été discutés pendant cette conférence, qui a rassemble quelque 3.000 participants.

Davantage de prévention

Les délégués réunis à Genève ont appelé à une reconnais-sance mondiale de l’impact humanitaire dû au change-ment climatique et à des efforts concertés pour répondre aux risques croissants.

La Croix-Rouge appelle par ailleurs les pays donateurs à permettre aux fonds d’aide humanitaire d’être versés avant qu’un désastre survienne, afin de faciliter la préparation et de réduire ainsi les souffrances de la population, selon M. van Aalst.

“Il est nécessaire d’investir davantage dans la prévention”, a-t-il recommandé, soulignant que “nous ne pouvons déjà pas faire face et les risques continu-ent de monter”. “Se préparer simplement à répondre (à une catastrophe) n’est pas suffi-sant”, conclut-il. AFP

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L’île de Grand Abaco après le passage de l’ouragan Dorian, le 14 septembre 2019

Avant que l’ouragan Dorian frappe les Bahamas en septembre, les responsables locaux de la Croix-Rouge pen-saient que le pays était bien préparé pour faire face à la tempête, avec des normes de construction, de nombreux abris et une aide pré-positionnée. Ils s’étaient trompés...

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Menaces sur les principaux "greniers à blé" de la planète

Le changement clima-tique laisse planer la menace de mauvaises récoltes simultanées

dans les principales régions de production mondiales, selon deux études publiées lundi 9 décembre dans la revue Nature Climate Change.

Dans la première, des cher-cheurs de l’institut IIASA, basé en Autriche, ont étudié les chiffres de production de la FAO pour de grandes zones de production (Etats-Unis, Argen-tine, Europe, Ukraine/Russie, Chine, Inde, Australie et Brésil) représentant, en 2012, 56% de la production mondiale de blé, 56% de celle de maïs, 73% du soja et 38% du riz.

Pics des prix, famine

Pour les trois premières cultures, l’analyse montre “une augmentation significative de la probabilité” de mauvaises récoltes liées au climat dans plusieurs régions productrices en même temps, expliquent les auteurs.

Ainsi pour le soja, qui sup-

porte mal les températures su-périeures à 30 degrés: 1,2% des journées ont dépassé ce seuil dans toutes les principales pro-

vinces de production chinoises en même temps sur la période 1967/1990, contre 18,4% sur la période 1991/2012.

Si toutes les régions produc-trices de soja dans le monde subissaient de tels aléas en même temps, les pertes de production pourraient s’élever à 12,55 millions de tonnes, con-tre 7,2 millions en 88/89, une

des pires années enregistrées, calculent les auteurs.

“Les chocs climatiques su-bis par la production agricole

contribuent aux pics de prix et à la famine et pourraient déclencher d’autres risques sys-témiques, comme des troubles politiques ou des migrations”, note l’auteure principale, Fran-ziska Gaupp.

Dans l’autre étude, des chercheurs, notamment de l’Institut sur le changement climatique de Potsdam (Alle-

magne), mettent en garde sur un risque “multiplié par 20” de canicules simultanées affectant des zones de production de l’hémisphère nord, en raison de modifications des régimes des “courants-jet” (ou jet stream), vents de très haute altitude qui jouent notamment un rôle im-portant dans la formation des dépressions.

“De plus en plus de canicules de plus

en plus sévères”

Des événements qui pour-raient toucher en même temps des zones représentant jusqu’à un quart de la production mon-diale, selon les chercheurs.

“Nous allons voir de plus en plus de canicules de plus en plus sévères frappant des régions différentes en même temps. Ce qui peut affecter la disponibilité en nourriture non seulement dans les régions affectées mais dans des régions plus lointaines qui peuvent enregistrer pénu-ries et augmentations des prix”, relève Jonathan Donges, un des co-auteurs. AFP

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uaRécolte du blé en Chine

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Les principaux “greniers à blé” mondiaux sont sous la menace de conditions extrêmes qui pourraient les frap-per en même temps, causant une chute spectaculaire de la production aux conséquences risquées, avertissent deux études.

Soudan du Sud : Les inondations risquent de provoquer une famine

Les inondations dévastatrices qui ont frappé le Sou-dan du Sud, après

une période de sécheresse intense, pourraient provo-quer une famine dans plu-sieurs régions du pays ces prochains mois, a mis en garde le Programme ali-mentaire mondial (PAM), jeudi 12 décembre.

Près d’un million de per-sonnes subissent les effets des inondations qui ont submer-gé des villes entières, selon l’ONU, aggravant une situation humanitaire déjà catastrophi-que après six ans d’une atroce guerre civile.

Quelque 5,5 millions de Sou-danais du Sud pourraient souf-frir de la famine début 2020, à une période où la population

commence ordinairement à bénéficier de la récolte des mois précédents, selon le PAM.

Mais l’avant-dernière récolte a été brûlée par la sécheresse et la dernière noyée par les eaux.

“Le nombre de personnes ayant besoin d’aide va augmen-ter, en raison de l’ampleur ca-tastrophique des destructions causées par les inondations depuis octobre, faisant suite à

la sécheresse qui a frappé cer-taines régions du pays plus tôt dans l’année”, a déclaré le PAM dans un communiqué.

Besoin de 242 millions d’euros “maintenant”

“Si nous n’obtenons pas de financements au cours des prochaines semaines, nous se-

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Le nombre de per-sonnes néces -sitant une aide alimentaire im-

médiate au Sahel est le “double” de celui de l’an passé à la même époque, a annoncé lundi 9 décembre le Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS).

“L’insécurité civile s’est exa-cerbée cette année au Mali, au Burkina Faso et au Nigeria, du coup les populations essen-tiellement rurales sont empê-chées d’accéder à leurs moyens d’existence, l’agriculture ou l’élevage, alors qu’elles continu-ent de subir l’insécurité clima-tique”, a expliqué Mahalmou-dou Hamadoun, coordonnateur de ce programme régional.

Insécurité, déplacements

Selon lui, en cette fin 2019, 9,4 millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire, con-tre 4,8 millions il y a un an.

“Des villages entiers ont été déplacés au Burkina Faso, les infrastructures sont fermées, écoles, centres de santé, les gens n’ont plus la possibilité de rester chez eux”, a ajouté Sibili Jean Zoundi, responsable du Club Sahel de l’OCDE.

Les trois pays les plus tou-

Sahel : 9 millions de personnes ont besoin d'aide alimentaire immédiate

chés par la faim (en phase de “crise”, au stade 3 sur une échelle de 5) sont le Nigeria (4 millions de personnes), le Niger (1,5 million) et le Burkina Faso (1,2 million), a indiqué le

Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) basé au siège de l’OCDE à Paris.

L’insécurité a provoqué une “forte augmentation” du nom-bre de personnes déplacées hors de leur foyer, “accentuant la pression sur les ressources alimentaires” et la désorgani-sation des “moyens d’existence locaux” comme les marchés, observe le RPCA.

Selon les projections du réseau, de juin à août 2020, le nombre de personnes en besoin d’aide alimentaire sera encore plus élevé, à 14,4 millions.

Pour les mois à venir, trois foyers d’aggravation principaux sont pointés du doigt par les experts:

- La région autour du lac Tchad, ou sévit le groupe Boko

Haram- La région du Liptako Gour-

ma, où se rejoignent les trois frontières du Niger, Mali et Burkina Faso et où se dévelop-pent rapidement des attaques jihadistes multipliant le nom-bre de déplacés et de réfugiés, en particulier au Burkina Faso (480.000 personnes dépla-cées)

- Une vaste région chevau-chant le nord du Sénégal et la Mauritanie où la sécheresse a créé un déficit fourrager impor-tant, et qui nécessitera une aide importante pour la nutrition

du bétail.Le réseau RPCA se réunit

chaque année en décembre à Paris ou dans un pays africain pour prévoir les besoins alimen-taires de la région au printemps lors de la délicate période dite de “soudure”, où les récoltes de l’année précédente sont consommées alors que celles de l’année en cours ne sont pas encore engrangées.

Revoir les programmes d’aide

“Cette réunion est la 35e réunion du même type et cela fait 35 fois qu’on ne règle pas le problème” de la sécurité ali-mentaire dans cette zone du monde, s’est ému le ministre de l’Agriculture du Niger, Albadé Abouba lors de la rencontre.

“Autour du lac Tchad, on a imputé la montée de la vio-lence à la paupérisation de la population dûe à la baisse des ressources naturelles, et en particulier à l’assèchement du lac. L’aspect religieux, je n’y crois pas beaucoup, il faut dont mettre l’accent sur les projets structurants pour pouvoir ré-gler la situation” a-t-il dit.

“Si les solutions d’assistance mises en oeuvre jusqu’à présent n’ont pas donné de résultat, il faut les changer”, a-t-il tran-ché. AFP

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Un centre de santé et de nutrition au Burkina Faso

rons confrontés à une véritable famine. Nous avons besoin d’aide et nous en avons besoin maintenant”, a souligné le di-recteur exécutif du PAM, David Beasley.

L’agence onusienne affirme avoir besoin de 242 millions d’euros au premier semestre 2020.

Le terme famine est em-ployé dans le cadre d’un sys-tème mondial de classification, l’échelle IPC, élaboré par plu-

sieurs agences humanitaires. On parle de famine dès lors

que plus de 20% de la popula-tion d’une région donnée ne disposent plus que d’un accès très limité à la nourriture de base, que le taux de mortalité est supérieur à deux personnes pour 10.000 par jour et qu’une malnutrition aiguë touche plus de 30% de la population.

“La famine déclarée en 2017 au Soudan du Sud avait été vaincue après quatre mois, à l’issue d’une réponse hu-manitaire concertée à grande échelle”, a rappelé le PAM. “Les

experts assurent maintenant que les perspectives de sécurité

Soudan du SudSuite de la page précédente

CICR

Distribution de vivres au Soudan du Sud

alimentaire du pays n’ont ja-mais été aussi sombres”. AFP

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Djibouti : 22 millions de dollars de dégâts

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“Il faut s’attaquer aux vraies causes des problèmes: la pauvreté, la pré-

carité, l’insécurité alimentaire”, a fait valoir Sibiri Jean Zoundi, directeur adjoint du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, qui a piloté lundi 9 décembre au siège de l’OCDE à Paris une réunion d’experts, de bailleurs de fonds, d’agences de l’ONU et d’ONG autour de la préven-tion des crises alimentaires qui s’aggravent dans cette région du monde.

Responsable désignée de l’aggravation de l’insécurité alimentaire: la montée des vio-lences et l’adhésion croissante des jeunes au jihadisme dans certaines régions.

Déficits fourragers

Car cette année, les récoltes de céréales ont été en légère hausse par rapport à l’an passé (+1,7%) et par rapport à la moyenne des cinq dernières années (+14%), à 75,1 millions de tonnes. Celles de tuber-cules et racines, estimées à 191 millions de tonnes, ont progressé de 17,1% dans les 16 pays, comparées à la moyenne quinquennale.

Côté élevage, la crise s’illustre par “d’importants déficits four-ragers dans certaines localités

de la bande sahélienne” (Bur-kina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad), la

Mauritanie et le Sénégal étant les plus touchés, indique le RPCA (réseau de prévention des crises alimentaires).

“Ces déficits fourragers, ajoutés aux difficultés d’accès à certains pâturages en raison de la crise sécuritaire”, entraînent dans ces zones marquées par la transhumance tradition-nelle des troupeaux “une forte concentration du bétail dans quelques zones sécurisées in-habituelles ainsi qu’un départ précoce à la transhumance”, ajoute le communiqué final de cette 35e réunion.

Un “cocktail explosif” pour M. Zoundi: Cette situation porte un “risque majeur”

d’“aggravation des conflits” traditionnels dans la région entre agriculteurs et éleveurs

pour l’accès aux ressources, avertissent les experts qui re-commandent “d’anticiper” des distributions d’aliments pour le bétail dans les zones d’accueil des troupeaux.

Besoins de financement

Les experts ont aussi déploré le mauvais fonctionnement des marchés alimentaires locaux ou de bétail, “fortement per-turbés” par “l’insécurité civile”, “la recrudescence du grand banditisme”, mais aussi “la fermeture de frontières entre le Nigeria et ses voisins béninois et nigériens” qui bloque les échanges commerciaux, notam-

ment de bétail.Les éleveurs transhumants,

souvent peuls, touaregs ou maures, sont “preneurs de so-lutions permettant de réduire l’amplitude des transhumances, et leur permettant d’accéder aux services de base”, a pour sa part plaidé Blamah Jalloh, cor-donnateur du réseau RBM des “éleveurs mobiles” qui réunit 75 organisations d’éleveurs dans neuf pays de la région, soit quelque deux millions d’éleveurs au total.

“Il faut qu’ils développent la production de fourrage” pour leurs animaux, a jugé le minis-tre nigérien de l’Agriculture, Ab-aldé Abouba. Mais les besoins de financement sont criants. Pour faire avancer l’agriculture dans une région aussi aride, il faut améliorer la gestion de l’eau, construire des retenues, développer des systèmes de lutte contre le gaspillage par le stockage alimentaire.

La réunion s’est terminée sur un appel aux bailleurs de fonds pour financer des projets structurants et non la seule aide alimentaire d’urgence.

“L’agriculture seule ne peut pas régler seule le problème du jihadisme, mais le développe-ment peut aider à le contrer”, a estimé le ministre. Pour Bla-mah Jalloh, “l’agriculture est un vecteur de paix”. AFP

Sahel : Face au climat, l'agriculture et l'élevage comme vecteurs de paix

Une éleveuse de chèvres dans la région de Kayes, au Mali

FAO

Au Sahel, où conflits intercommunautaires, violences jihadistes et insécurité alimentaire préparent un “cocktail explosif” sur fond de changement climatique, l’agriculture et l’élevage peuvent être vecteurs de paix, à condition de recevoir des financements structurels d’urgence, estiment les experts.

Les autorités de Djibouti ont estimé à plus de 22 millions de dollars les dégâts causés par les inondations qui ont frappé le pays en novembre.

Plus de 150.000 personnes ont été affectées par ces inondations, selon les autorités qui ont aussi fait état de dix morts.

Mercredi 11 décembre, le ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Ali Youssouf, a expliqué que ce montant était néces-saire pour les foyers sinistrés et les infrastructures et équipements

publics endommagés.Il a fait cette annonce à l’occasion d’une réunion avec des dip-

lomates, des agences de l’ONU et des ONG internationales.Le ministre a réaffirmé par ailleurs l’engagement de son

gouvernement à élaborer une nouvelle stratégie de mitigation des risques liés au changement climatique, “avec des moyens humains et financiers, ainsi que les équipements et les matériels adéquats”.

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Zimbabwe : Neuf dollars par mois, le prix de la survie

Anna Kubeta est l’une des bénéficiaires. A 63 ans, malvoyante et presque infirme,

elle s’entasse dans une petite maison d’Epworth avec son fils, au chômage, une petite-fille et les trois jeunes enfants de sa soeur, tous en âge scolaire.

Longtemps soutenue à bout de bras par la seule solidarité familiale, la grand-mère a vu son quotidien et celui de sa famille changer grâce à cette aide financière.

Avant, “on s’en sortait tout juste”, explique-t-elle, “on don-nait aux enfants du porridge au goûter, maintenant ils ont du popcorn et des chips et ils sont ravis”. “On peut même se payer de la viande et de la farine”, renchérit son fils, Aaron Munyoro.

60% des habitants en insécurité alimentaire

Selon l’ONU, la sécheresse qui affecte l’Afrique australe depuis plusieurs saisons et la crise économique sévère qui frappe le Zimbabwe depuis une vingtaine d’années ont placé 60% des 15 millions d’habitants du pays en situation d’insécurité alimentaire.

En visite dans le pays, la rapporteur spéciale onusienne sur le droit à l’alimentation, Hilal Elver, a récemment mis en garde contre les risques d’une crise à grande échelle.

Quelque 5,6 millions de personnes dans les zones ru-rales du Zimbabwe ont besoin d’aide alimentaire, auxquels il

faut ajouter 2 millions de cita-dins, déjà largement privés de services publics de base, d’eau potable, d’électricité ou d’accès

aux soins.Pour leur venir en aide,

le PAM, la coopération bri-tannique et l’ONG danoise DanChurchAid expérimentent depuis juin à Epworth un pro-gramme de dons en liquide qui vise près de 4.000 foyers vul-nérables, soit environ 20.000 personnes.

“Elles reçoivent chacune 9 dollars par mois pendant qua-tre mois, utilisés d’abord pour acheter de la nourriture et amé-liorer leur sécurité alimentaire”, détaille la coordinatrice du projet, Susan Marimira, de DanChurchAid.

L’idée est simple, mais sur le terrain elle se heurte aux dures réalités financières du pays.

L’argent est crédité sous forme numérique sur les télé-phones portables des bénéfici-

aires qui, ensuite, le changent en liquide auprès de leur opéra-teur.

Selon Aaron Munroyo, au

chômage depuis quinze ans, ces opérateurs en prélèvent une part pour payer leur service. “Ça peut aller jusqu’à 50%”, se plaint-il, “on pouvait acheter plus quand on recevait les dol-lars en liquide”.

“Les premières aides ont été versées en juin en dol-lars américains, mais depuis, le gouvernement a interdit l’usage des devises étrangères dans le pays”, confirme Mme Marimira.

Culture des champignons

Le régime du président Em-merson Mnangagwa a prohibé en juin les transactions cou-rantes en dollars américains pour assécher le marché noir et tenter de ralentir une infla-

tion galopante à trois chiffres. Jusque-là, sans résultat.

En plus de donner de l’argent aux personnes les plus mena-cées, DanAidChurch forme une partie des bénéficiaires à la cul-ture des champignons, afin de prolonger leurs revenus.

“Nous espérons ainsi qu’à la fin des paiements, les familles seront capables de mieux as-surer leur subsistance par le biais d’activités qui complètent leur sécurité alimentaire et leurs revenus”, explique Chipo Chipudhla, de DanChurchAid.

Mère de trois enfants, Memo-ry Ruvinga, 30 ans, assure ain-si tirer tous les trois, quatre jours jusqu’à 2,5 dollars de sa plantation de champignons. Ces revenus ne suffisent pas à payer les frais de scolarité de ses trois enfants mais permettent au moins de leur fournir trois repas par jour.

“Avant, on ne mangeait qu’à midi et le soir, on n’avait pas les moyens d’un petit-déjeuner”, dit-elle.

En quelques mois, le projet du PAM a prouvé son effica-cité.

Ses promoteurs ont com-mencé à l’étendre à 100.000 autres habitants de huit autres zones urbaines menacées par la famine.

Cette assistance doit se pour-suivre jusqu’en octobre pro-chain, à condition de trouver l’argent nécessaire. Le mois dernier, le PAM a affirmé ne disposer que d’un tiers des 293 millions de dollars nécessaires à ses opérations au Zimbabwe.

Ish Mafundikwa, AFP

C L I M A T

Neuf dollars par mois. C’est ce que versent le Programme alimentaire mondial (PAM), la coopération britan-nique et DanChurchAid aux habitants du township d’Epworth, dans les faubourgs de la capitale Harare. Un ultime rempart face à la famine dans un Zimbabwe au bord de la faillite économique et brûlé par une sécheresse historique.

PAM

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La RD Congo peine à protéger sa forêt tropicale, vitale pour le climat

Les trafics du bois par les officiels eux-mêmes sont dénoncés à voix haute à Kisan-

gani, chef-lieu de la province forestière de la Tshopo (nord-est).

“Il y a les députés et les mili-taires qui font le bois”, affirme le président des exploitants artisanaux, Félicien Liofo. “Ils ne paient pas de taxes. C’est de la concurrence déloyale”.

Sur la route RN4 à l’entrée de la ville, un poste de contrôle vérifie les documents des ex-ploitants forestiers, ainsi que le volume et l’origine des grumes qu’ils transportent.

“Soldats en uniformes”

“Des soldats en uniformes ouvrent parfois eux-mêmes la barrière avec les armes. Ils vous menacent de tirer”, déplore l’officier de police judiciaire (OPJ) de service, qui dénonce les “trafics d’influence” des militaires, des députés et des ministres provinciaux.

“On ne peut pas les atta-quer. Ils font de l’exploitation à travers des personnes interpo-sées”, soupire le coordonnateur provincial de l’environnement et du développement durable, Félicien Malu.

En théorie, sa “coordination provinciale” dispose de 1.200 agents pour toute la province (200.000 km2), afin de faire respecter les dispositions du code forestier de 2002.

Mais “les agents ne sont pas payés”, affirme le coordonna-teur, qui a remplacé en septem-bre son prédécesseur, suspendu pour “coulage des recettes” (détournement de fonds).

Manquent aussi les moyens matériels (bateaux, motos, pick-up). “On ne peut pas organiser des missions de contrôle. Il y

a beaucoup de rivières à tra-verser et de voies routières non réhabilitées”.

En forêt, c’est parfois la loi de la jungle. A 40 km de Kisangani, une entreprise agro-industrielle congolaise, la Scipec, a coupé 850 hectares pour planter des palmiers à huile. “En 2020, nous allons faire une exten-sion de 650 ha”, se félicite son gérant, avec le bruit d’une tron-çonneuse en fond sonore.

Un exploitant forestier in-dustriel, la CFT, assure, carte

à l’appui, que la palmeraie s’est installée sur sa propre concession, obtenue en toute légalité auprès des autorités congolaises.

Moratoire de 2002

Début 2019, après enquête, Global Witness a accusé un haut-gradé de l’armée congo-laise, le général Gabriel Amisi Kumba, d’avoir “contourné la loi en acquérant puis en reven-dant les permis forestiers”. Soit une “violation du moratoire” en vigueur depuis 2002 sur l’octroi des nouvelles concessions, selon l’ONG.

Avec ce moratoire et le code

forestier de 2002 également, la RDC est pourtant sur le pa-pier bien armée pour protéger sa forêt, qui couvre plus de la moitié de son territoire (1,5 mil-lion de km2 au total).

Un “puits à carbone”

Sa préservation est vitale: le bassin du Congo est un “puits à carbone” qui stocke “six ans d’émissions mondiales de CO2”, d’après l’Initiative pour la forêt de l’Afrique cen-

trale (Cafi, partenariat de pays occidentaux avec la RDC, le Congo-Brazzaville, le Gabon, le Cameroun, la Centrafrique et la Guinée-Equatoriale).

Selon les chiffres officiels, à peine 8% de la surface forestière en RDC est exploitée (120.000 km2), à travers une soixantaine de concessions à des industri-els et quelques communautés locales.

En contrepartie, les industri-els doivent payer toute une série de taxes (abattage de déboise-ment, exportation...).

Ils doivent respecter un “plan d’aménagement” qui divise leur concession en “assiettes an-nuelles de coupe”. A l’intérieur

de ces périmètres annuels d’abattage, ils n’ont le droit de couper qu’un certain nombre d’arbres (de l’ordre d’un à l’hec-tare par exemple pour la CFT près de Kisangani).

Oeuvres sociales

Le cahier des charges prévoit enfin des oeuvres sociales pour les villages qui se trouvent dans les concessions: respect des forêts “sacrées” (le cimetière des ancêtres), construction de routes, d’écoles, de centres de santé.

L’initiative pour la forêt d’Afrique centrale (Cafi, avec la Norvège et la France en tête) indique aussi qu’elle “finance actuellement des programmes dont le but est de prévenir l’émission de 40 millions de tonnes de CO2” en RDC.

Le Cafi s’est engagé à verser 200 millions de dollars jusqu’en 2020 à la RDC à travers un “fonds national pour la réduc-tion des émissions liées à la dé-forestation et à la dégradation des forêts”.

Les autorités congolaises plaident de leur côté pour une levée du moratoire de 2002 sur les nouvelles concessions.

Cette demande “fait flipper les ONG occidentales”, re-connaît Tosi Mpanu Mpanu, consultant, ambassadeur et représentant de la RDC aux conférences climat.

Directement visée, Green-peace s’oppose en effet à toute activité industrielle (bois, pé-trole...) dans 445.000 km2 de tourbières à cheval sur les deux Congos.

En 2018, la forêt primaire tropicale a reculé en RDC com-me nulle part ailleurs au monde à part au Brésil (481.248 hect-ares, soit 4.812 km2), d’après Global Forest Watch. AFP

Transport de grumes en provenance de la forêt équatoriale en RDC

La République démocratique du Congo abrite la plus grande partie de la forêt humide équatoriale en Afrique, dont la préservation est vitale dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais l’Etat est trop faible pour la protéger efficacement.

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Greta Thunberg, personnalité de l'année du magazine Time

“Wow, c’est incroya-b l e , j e partage ce

grand honneur avec tous ceux du mouvement FridaysForFu-ture et les militants du climat partout”, a-t-elle réagi après l’annonce, depuis la conférence sur le climat COP25 de Madrid où elle se trouve.

L’ex-président américain Ba-rack Obama, via sa fondation, et son ex-secrétaire d’Etat Hillary Clinton ont salué le choix du magazine.

“Personne n’est trop petit pour avoir un impact et changer le monde”, a tweeté la fondation Obama. “On ne pouvait pas trouver mieux comme person-nalité de l’année”, a abondé Mme Clinton.

Depuis qu’elle a commencé en août 2018 à faire grève, seule, tous les vendredis devant le Parlement suédois, “Greta”, comme tout le monde l’appelle, a inspiré des foules croissantes de jeunes et de moins jeunes, prêts à descendre dans la rue tous les vendredis dans le cadre des “Fridays For Future” afin de réclamer aux dirigeants du monde entier de prendre des mesures radicales pour limiter le réchauffement de la planète.

“Comment osez-vous?”

La démonstration en a été faite en septembre, lorsque des manifestations monstres ont noirci les rues de villes de tous les continents, tirant la sonnette d’alarme juste avant un sommet de l’ONU sur le climat.

Lors de ce sommet, l’adoles-cente était intervenue à la tri-bune avec un discours cinglant dénonçant l’inaction des puis-sants de la planète, martelant son discours de “Comment

osez-vous?” accusateurs.Des images d’elle tançant

d’un regard noir le président américain Donald Trump, cli-mato-sceptique qui a fait des Etats-Unis le seul pays de la planète à s’être retiré de l’accord de Paris sur le climat, avaient

aussi fait le tour du monde.Elle a interrompu cette année

sa scolarité pour voyager, privi-légiant les moyens de transport zéro carbone, véhicules électri-ques, trains et bateaux.

C’est après 15 jours de traver-sée de l’Atlantique en voilier qu’elle avait débarqué à New York en août, et c’est sur un autre voilier qu’elle est repartie en no-vembre pour l’Europe, à chaque fois avec l’aide d’admirateurs

bénévoles. A la COP25, elle dénonce

une fois encore le manque de leadership des dirigeants mon-diaux, qui tardent à accoucher d’engagements efficaces pour réduire les émissions.

Greta Thunberg, qui a dit

publiquement souffrir d’une forme légère d’autisme, tient partout le même discours, même si sa frustration semble avoir augmenté ces derniers mois, au fil de rencontres avec des dirigeants qui n’ont débou-ché sur aucun geste radical pour le climat.

Pour ses partisans, cette obstination fait sa force. Mais pour ses détracteurs, nombreux également, elle ne fait que se

répéter et ferait mieux de re-tourner à l’école.

Certains l’attaquent parfois violemment via les réseaux sociaux, la taxant de naïve-té, d’exagérer la gravité de la crise climatique ou même de l’inventer, ou encore de cher-cher le vedettariat.

L’adolescente s’est efforcée de calmer le jeu, invitant notam-ment les plus de trois millions de personnes qui la suivent sur Twitter à ne réagir aux insultes que par des messages positifs.

La plus jeune à recevoir le titre

Le magazine Time l’a choisie parmi cinq autres finalistes: Donald Trump, la chef des dé-mocrates au Congrès américain Nancy Pelosi, la star de l’équipe des Etats-Unis féminine de foot-ball Megan Rapinoe, l’agent de la CIA qui a averti du coup de téléphone entre Donald Trump et le président ukrainien, à l’origine de procédure en des-titution du président, et les manifestants pro-démocratie de Hong Kong.

Jamais le magazine améri-cain, qui décerne ce titre depuis 1927, n’avait honoré quelqu’un d’aussi jeune.

En 2018, c’est le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, tué au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, qui avait été désigné à titre posthume par le magazine, avec d’autres journalistes sym-bolisant la quête de la vérité et les risques qu’ils prennent pour l’obtenir.

En 2017, la distinction avait également été remise à titre col-lectif, aux personnes qui avaient “brisé le silence” face aux agres-sions sexuelles, déclenchant le mouvement MeToo à travers le monde. AFP

C L I M A T

Après avoir “raté” le prix Nobel de la paix, la militante suédoise Greta Thunberg est devenue mercredi 11 décembre, à 16 ans, la plus jeune “personnalité de l’année” du magazine Time, témoin de sa capacité à mobiliser des millions de personnes à travers le monde autour de la bataille pour le climat.

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La France va accueillir 400 demandeurs d'asile bloqués en Grèce

La France va ac-cueillir 400 de-mandeurs d’asile de Grèce “dans

les prochains mois”, a an-noncé jeudi 12 décembre l’ambassadeur de France à Athènes dans une inter-view à l’agence de presse grecque ANA.

“Nous voulons aider la Grèce à faire face à l’augmentation des flux migratoires de ces derniers mois”, en accueillant “400 personnes qui ont atteint le territoire grec”, a déclaré l’ambassadeur, Patrick Mai-sonnave.

Pour les déboutés du droit d’asile, l’ambassadeur a précisé que la France allait “collaborer avec la Grèce et l’Agence euro-péenne de contrôle des fron-tières Frontex pour leur renvoi dans leurs pays d’origine”.

“Nous allons également ren-forcer la lutte contre les réseaux de trafic d’immigration clandes-tine” avec “la présence d’experts français en Grèce”, a ajouté M. Maisonnave.

La Grèce est redevenue en 2019 la première porte d’entrée des migrants et réfugiés en Europe.

Le flux migratoire via les îles de la mer Egée face à la Turquie reste le plus important de ces dernières années avec plus de 55.000 arrivées en 2019, selon le Haut-commissariat des Na-tions unies pour les réfugiés (HCR).

Les arrivées via la frontière terrestre avec la Turquie sont également en augmentation depuis 2018. En 2019, plus de 14.000 personnes ont em-prunté ce chemin périlleux, selon le HCR.

Refonte du système européen

“Le système européen de gestion des demandeurs d’asile doit certainement changer. La situation dans les ‘hot-spots’ est très grave”, a estimé l’am-bassadeur.

Plus de 37.000 personnes s’entassent actuellement dans les cinq “hot-spots” de Lesbos,

Samos, Chios, Leros et Kos - les camps où sont effectués leur enregistrement - pour une ca-pacité théorique de seulement

6.200 places, selon les derni-ers chiffres du gouvernement grec.

L’initiative française est la première depuis la fin du pro-gramme européen de “reloca-lisations” mis en place en 2015, au plus fort de la crise migra-toire, visant alors à soulager l’Italie et la Grèce de l’afflux de migrants fuyant la guerre ou la misère.

Après de difficiles tractations,

les Etats membres avaient alors décidé à la majorité de répartir 160.000 personnes en deux ans dans les pays de l’Union.

Mais finalement seules 29.000 personnes ont été “re-localisées”, la France en ayant accepté environ 2.700.

La question de la répartition des demandeurs d’asile reste un casse-tête dans l’Union européenne, les quatre pays dits de Visegrad (la République Tchèque, la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie) s’opposant tou-jours à leur accueil.

AFP

T E M P S F O R T ST E M P S F O R T ST E M P S F O R T SMonde

Des Kurdes d’Irak dans un centre grec

HCR

Six migrants retrouvés morts de froid à la frontière gréco-turque

Six migrants ont été retrouvés morts de froid dans la région

de l’Evros, à la frontière entre la Grèce et la Tur-quie.

Les six migrants, deux femmes africaines et quatre hommes dont les âges étaient évalués de 18 à 30 ans, sont morts d’hypothermie entre jeudi 5 et dimanche 8 décem-bre, a déclaré Pavlos Pavlidis, le médecin légiste de l’hôpital d’Alexandroupoli en charge des

autopsies.Aucun document d’identité

n’a été retrouvé sur ces mi-grants, rendant le processus d’identification complexe.

Un mur de 12 km de long

La région frontalière de l’Evros séparant la Grèce de la Turquie est un lieu de pas-sage privilégié par les passeurs depuis la signature de l’accord UE-Turquie en 2016 et le ren-forcement des patrouilles na-

vales en mer Egée. Malgré un mur de 12 km de

long à la frontière gréco-turque, les trafiquants ont trouvé des points de passage pour les migrants, situés au sud des barbelés.

Le gouvernement grec a an-noncé en novembre l’embauche de 400 garde-frontières dans la région de l’Evros et le renfor-cement de la surveillance à la frontière avec des radars infra-rouges.

La traversée de la rivière est particulièrement dangereuse.

De nombreux migrants ont été retrouvés noyés ces dernières années.

Des réseaux de passeurs en-tassent également souvent des dizaines de migrants dans des voitures, conduites à grande vitesse pour échapper aux con-trôles policiers, entraînant des accidents fréquents.

Début novembre, 41 mi-grants ont été découverts vi-vants, cachés dans un camion frigorifique intercepté sur une autoroute du nord de la Grèce.

AFP

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Protéger les données personnelles, une question de "vie ou de mort"

Dans leurs actions de terrain, le CICR comme d’autres recourent à l’outil

devenu essentiel des données personnelles pour mieux répon-dre aux besoins des populations en souffrance.

Mais l’utilisation à mau-vais escient de cette mine d’or d’informations peut avoir des conséquences dramatiques, par exemple dans le cadre d’une situation de conflit, ont averti plusieurs experts lors d’une conférence internationale du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève.

Tombés entre de mauvaises mains, des éléments comme l’état de santé ou les spécifici-tés ethniques et religieuses de certains groupes, relevés par les humanitaires pour adapter leur aide, peuvent exposer ces populations à des attaques ciblées.

Profilage

Des informations sur des personnes disparues peuvent au même titre être très recher-chées par telle ou telle faction pour retrouver un ennemi...

“Le profilage et le suivi des personnes qui sont susceptibles d’intéresser les parties au conflit est hautement problématique”, explique Massimo Marelli, res-ponsable de la protection des données au CICR.

Cela peut être une question “de vie ou de mort”, résume-t-il.

Comme d’autres organisa-tions humanitaires, le CICR plaide donc pour la création d’un “espace humanitaire nu-mérique”, où les données per-

sonnelles pourraient bénéficier du même niveau de protection internationale que les installa-tions sanitaires ou les ambu-lances par exemple.

A Genève, les délégués de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et les responsables du monde entier ont fait un pas dans cette direction en accep-tant de renforcer la protection des données recueillies dans le cadre des efforts visant à réunir les familles déchirées par les conflits et les catastrophes naturelles.

L’accès des Etats aux données

Mais le niveau de protection a fait l’objet de vifs débats.

Le projet de résolution pré-voyait que les Etats parties aux Conventions de Genève s’en-gagent à ne pas exiger un accès à ces données, mais le texte approuvé ne fait qu’“exhorter” les Etats à s’abstenir de les de-mander. Un revers diploma-tique lié aux réticences améri-caines, selon une source proche des discussions.

Cette résolution adoptée reste cependant une “avancée importante dans le débat sur

la protection de l’espace hu-manitaire pour les données personnelles”, estime le chargé de relations publiques du CICR, Ewan Watson.

Selon lui, “c’est un excellent point de départ pour des discus-sions futures”.

Les approches en matière de protection des données varient considérablement d’un pays à l’autre, et certains Etats sont désireux d’exploiter les énormes quantités de données recueillies par les humani-taires, au nom de leur sécurité nationale ou de leur politique migratoire.

“Grand danger”

Catherine Andersen, con-seillère au ministère norvégien des Affaires étrangères, qui a joué un rôle important dans la recherche d’un consensus à Genève, a affirmé que son pays était “satisfait” du résultat des débats, mais a reconnu que les négociations avaient été “très difficiles”.

D’autres se montrent plus inquiets.

“Nous nous trouvons dans un moment de grand danger mais aussi d’immenses oppor-

tunités”, a déclaré Nathaniel Raymond, du Yale Jackson Institute for Global Affairs.

Les capacités croissantes de collecte des données à travers les appareils mobiles connectés, ainsi que l’explosion de la puis-sance de calcul informatique, permettent aux ONG de tra-vailler plus efficacement.

Les humanitaires, au lieu de distribuer directement des vivres aux déplacés ou sur-vivants de catastrophes, re-courent aussi davantage au transfert électronique d’argent, par le biais notamment des téléphones, pour aider les per-sonnes dans le besoin et soute-nir le commerce local.

“Champ de bataille”

Mais les données générées par ces transactions sont autant d’informations qui peuvent être analysées.

L’inquiétude est grande, d’autant que les humanitaires recourent également de plus en plus à la biométrie pour notam-ment réduire la fraude dans les processus de distribution alimentaire.

Les possibilités d’abus sont “infinies”, souligne Nathaniel Raymond, citant par exemple le cas d’un militaire qui pourrait tenter de récupérer, en ayant accès à de telles données, des enfants soldats démobilisés.

“C’est un champ de bataille”, a-t-il dit, appelant à protéger ce nouvel espace humanitaire. Mais une question se pose: si la Croix-Rouge est devenue sym-bole de protection universelle dans tout conflit, “comment mettre une croix rouge sur un serveur informatique?”

Nina Larson, AFP

T E M P S F O R T ST E M P S F O R T ST E M P S F O R T SMonde

CICR

A l’heure du tout numérique, la protection des données personnelles peut devenir une question de “vie ou de mort” pour certains bénéficiaires de l’aide humanitaire, affirme le CICR.

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12 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT N° 352 - Lundi 16 Décembre 2019

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107 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 0 - AVRIL 2012

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13 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT N° 352 - Lundi 16 Décembre 2019

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David Malpass

Banque mondiale : Renflouement "record" du fonds pour les pays pauvres

F I N A N C E M E N T S

La branche de la Banque mondiale dédiée aux pays pauvres a reçu

des promesses de renfloue-ment “record” de 82 mil-liards de dollars sur les trois prochaines années, dont 53 milliards pour l’Afrique, a indiqué son président David Malpass, vendredi 13 décembre.

Avec sept milliards de plus que sur la période 2017-2020, “nous sommes parvenus à un accord sur le plus grand

renflouement de l’histoire de l’Association internationale de développement (IDA)”, a affir-mé le président de la Banque mondiale.

L’IDA s’est renflouée grâce aux contributions de 52 Etats et les fonds récoltés sur les marchés financiers.

Sahel, lac Tchad

“Cet engagement de nos par-tenaires est un signal fort de leur soutien à la mission urgente de mettre un terme à la pauvreté extrême”, a ajouté le président

de la Banque, précisant que 74 pays bénéficieront de ce fonds

refinancé tous les trois ans.“Ces fonds aideront les pays

à faire face aux défis posés par le changement climatique, l’inégalité de genre, et des si-tuations de fragilité comme des conflits ou de la violence, notamment dans la région du Sahel, celle du lac Tchad et la corne de l’Afrique”, a expliqué la Banque mondiale.

Depuis 2017, l’IDA, créée en 1960, émet des obligations sur les marchés pour financer son action alors qu’elle dépendait jusqu’en 2017 exclusivement des contributions des pays.

Afrique

La Banque mondiale a accordé au Niger un appui budgétaire de 350 millions de dollars, destiné à la mise en œuvre du Pro-

gramme d’appui budgétaire pour l’année 2019, a rapporté vendredi 13 décembre l’Agence nigérienne de presse (ANP, officielle).

Le programme prévoit des réformes dans la promotion du genre, le renforcement de l’accès à l’électricité et à l’eau et l’amélioration de la transparence et de la gestion de la dette publique.

La Banque africaine de développement (BAD) a accordé ven-dredi 13 décembre au Sénégal une enveloppe de 41,4 milliards

de francs CFA (63 millions d’euros), destinée au lancement de la première phase du Projet d’Appui et de Valorisation des Initiatives Entrepreneuriales des femmes et des jeunes (PVAI1), a rapporté l’Agence de presse sénégalaise (APS, publique).

“Le PAVI1 permettra de financer les initiatives entrepreneuriales des femmes et des jeunes sur toute l’étendue du territoire national en apportant non seulement un accompagnement technique sur la professionnalisation aux différents métiers, mais également en matière de gestion d’entreprise”, a déclaré le ministre sénégalais de l’Economie, du plan et de la coopération, Amadou Hott.

Le projet prévoit de financer plus de 14.000 initiatives, de générer 150.000 emplois directs et indirects dont 60% destinés aux femmes.

Le PAVI1 permettra également de former “plus de 27.000 entrepreneurs dont 55% de femmes, d’appuyer la transformation digitale de 2.200 entreprises et formaliser 3.500 autres, dont 50% sont dirigées par des femmes”, a détaillé le ministre.

SénégalLa BAD soutient les femmes et les jeunes

NigerAppui budgétaire de la Banque mondiale

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Page 14: climatique, nouvel adversaire de l'humanitaire

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RDC : La corruption au centre d'une nouvelle mission du FMI

F I N A N C E M E N T SAfrique

Le Fonds monétaire international (FMI) a prolongé d’un an le programme économique et financier triennal conclu avec la

Côte d’Ivoire, avec un décaissement immédiat de 133,4 millions de dollars.

La décision a été prise à l’issue de la 6e revue de l’accord, précise le FMI dans un communiqué reçu mardi 10 décembre.

Le programme vise à encourager la croissance inclusive et la ré-duction de la pauvreté, soutenir la discipline budgétaire, renforcer la mobilisation des recettes intérieures, garantir la soutenabilité de la dette et assurer la pérennité de l’équilibre de la balance des paiements.

Le directeur général adjoint du FMI, Mitsuhiro Furusawa, a souligné qu’il était impératif de poursuivre la “gestion prudente” de la dette publique grâce à une combinaison équilibrée de sources de financement extérieure et intérieure.

Pour lui, il est également important d’accélérer la restructura-tion des banques publiques et de continuer à renforcer les cadres réglementaires de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

Le FMI projette pour la Côte d’Ivoire un taux de croissance d’environ 7,5% en 2019-2020.

Le Fonds moné-taire internation-al (FMI) a enta-mé une nouvelle

mission en République démocratique du Congo, pour se pencher entre au-tres sur la lutte contre la corruption.

“La mission est là pour re-garder les lois et les institu-tions dans les domaines des fi-nances publiques, de la Banque

L’ONU a lancé un appel de 295 millions de dollars pour sou-tenir les activités humanitaires au Burkina Faso en 2020,

a annoncé le porte-parole adjoint des Nations unies à New York, Farhan Haq, mercredi 11 décembre.

Le Plan de réponse doit permettre de livrer “une assistance humanitaire vitale” à 1,8 million de personnes.

“Au Burkina Faso, la population fait face à une crise de protec-tion sans précédent suite à la montée de l’insécurité et à l’érosion de l’accès aux services de base dans les régions situées le long des frontières avec le Mali et le Niger”, a souligné M. Haq.

En 2020, l’ONU estime que quelque 2,2 millions de personnes nécessiteront une assistance humanitaire vitale, près du double des 1,2 million de personnes qui se trouvaient dans le besoin au début 2019.

“A l’heure actuelle, près d’un tiers de la population est touchée par la crise”, a insisté le porte-parole de l’ONU.

centrale, de la lutte contre le blanchiment de l’argent et aussi dans la lutte contre la corruption”, a déclaré mardi 10 décembre le représentant du FMI à Kinshasa, Philippe Egoume.

“Recommandations à l’intention du gouvernement”

La mission, qui va durer jusqu’au 20 décembre, veut

repérer “les vulnérabilités qui peuvent entraîner des situations de mauvaise gouvernance”.

Cette mission du FMI, la troisième en moins d’un an, “va formuler des recommandations à l’intention du gouvernement”, ont ajouté les services du Pre-mier ministre congolais.

Lundi 9 décembre, l’UE a souligné “la persistance de la corruption, du blanchiment d’argent, des atteintes au droit de propriété et du détourne-

ment de fonds publics” près d’un an après l’investiture du nouveau chef de l’Etat.

La RDC occupe la 161e place dans le classement de Trans-parency international sur la corruption publié en janvier 2019.

En juillet, le nouveau prési-dent Félix Tshisekedi avait promis la fin du règne des “intouchables corrupteurs et corrompus”.

AFP

Côte d'IvoireLe FMI prolonge son programme d'un an

Burkina FasoL'ONU demande 295 millions de dollars

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Niger : Les Etats-Unis offrent des équipements militaires

F I N A N C E M E N T S

Les Etats-Unis vont donner au Niger 60 véhicules blin-dés et des équipe-

ments militaires, d’un coût total de 21 millions de dol-lars, pour la force antijiha-diste du G5-Sahel, indique un communiqué publié mardi 10 décembre.

Treize véhicules blindés Mamba, 86 systèmes radios et quatre containers blindés ont déjà été remis la semaine pré-cédente au ministère nigérien de la Défense.

Les 47 autres véhicules “blin-dés tactiques”, des pièces de rechange et des équipements de protection individuelle seront

bientôt acheminés au Niger. Ces équipements sont destinés aux militaires nigériens enga-gés dans les opérations de la force antijihadiste du G5-Sahel (Niger, Tchad, Mali, Burkina Faso et Mauritanie), précise l’ambassade.

Avion de transport militaire

Les Etats-Unis vont par ail-leurs fournir au Niger un avion de transport militaire Hercules C-130 en février 2020. Ils ont déjà fourni plus de 14 millions de dollars en formations de pilotes, d’équipages, de mécaniciens et en pièces détachées.

Washington avait offert en

2015 au Niger deux avions de type Cessna C-208 pour surveiller son vaste territoire, ainsi que des véhicules blindés de transport de troupes et des petits bateaux à moteur.

Le Niger a également, début 2019, reçu un bâtiment abritant un centre de communication et de transmissions militaires pour aider ce pays à lutter contre les groupes islamistes, notamment Boko Haram.

Washington a accru ces der-nières années sa présence mili-

taire au Niger, qui lui a permis de construire une importante base de drones à Agadez (nord) dont le coût est estimé à une centaine de millions de dollars et qui donne aux Etats-Unis une plateforme de surveillance de premier plan au Sahel.

En 2015, le Niger et les Etats-Unis avaient signé un accord sur “la sécurité et la bonne gou-vernance”, selon lequel les deux pays s’engageaient “à travailler ensemble sur la lutte contre le terrorisme”.

Afrique

LES EMIRATS ARABES UnIS (EAU) ont offert plus de 251 millions de dollars d’aide budgétaire et 30 véhicules blindés au Mali, à l’occasion de la visite officielle du Premier ministre malien Boubou Cissé, a annoncé vendredi 13 décembre un communiqué de la Primature du Mali.

. . . L ’ A C T U A L I T E E N B R E F . . .

U ne milice soutenue par le gouvernement nigérian et en lutte contre le groupe Boko Haram dans le nord-est du pays, a

rendu leur liberté à 461 enfants soldats qui combattaient dans leurs rangs, a annoncé l’Unicef, mardi 10 décembre.

Ces enfants, âgés de 12 à 13 ans, avaient été recrutés entre 2013 et 2017 par la Force opérationnelle conjointe civile (CJTF). Ils ont été remis aux autorités de la ville de Maiduguri, capitale de l’Etat

de Borno, dans le nord-est du pays.Selon l’Unicef, sur les 3.737 enfants soldats liés à la CJTF dans

cette région, 1.727 ont ainsi été libérés et ont accédé à des services de réintégration.

“C’est lorsque les enfants apprennent et acquièrent des compé-tences que les économies ont une chance de progresser”, a affirmé Geoffrey Ijumba, directeur du bureau de l’Unicef à Borno.

Nigeria / 461 enfants soldats libérés dans le nord-est

Guinée / nouvelle grande manifestation contre le président Condé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

L es Guinéens ont à nouveau manifesté en masse mardi 10 décembre à Conakry et en province contre un éventuel

troisième mandat du président Alpha Condé.Un responsable de l’opposition a chiffré à un million le nombre

de personnes ayant marché dans la capitale à l’appel du Front national de défense de la Constitution (FNDC), qui mène depuis le 14 octobre la contestation contre l’ambition prêtée à Alpha Condé de modifier la loi fondamentale afin de briguer un troisième

mandat l’an prochain.Des témoins ont également rapporté la mobilisation de mil-

liers de personnes dans les villes de Mamou et Dalaba (centre) et Labé (nord).

Aucun incident significatif n’a été rapporté. Au moins 20 civils ont été tués lors des précédentes manifesta-

tions depuis le 14 octobre, ainsi qu’un gendarme. Des dizaines de personnes ont été arrêtées.

.comNos informations sont

actualisées tous les jours sur notre site Internet

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Epidémie d'Ebola en RD Congo : 23 nouveaux cas en quatre jours

Vingt-trois nou-veaux cas de fièvre hémor-ragique Ebola

ont été enregistrés en quatre jours dans l’est de la République démocra-tique du Congo, près de zones où la lutte contre l’épidémie est “paralysée” par l’insécurité, ont indi-qué jeudi 12 décembre les autorités sanitaires.

Il s’agit d’une nette hausse des nouveaux cas, qui étaient tombés à “10 par semaine”, comme l’avait déclaré le 22 novembre le responsable con-golais des équipes anti-Ebola Jean-Jacques Muyembe.

16 cas en deux jours

La flambée a été répertoriée dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu.

Dix nouveaux cas ont été en-registrés dans la seule journée

du mardi 10 décembre au Nord-Kivu, à Mabalako. Six autres avaient été notifiés la veille, dont “trois tradipraticiens”, selon le Comité multisecto-

riel de la riposte à l’épidémie (CMRE).

Mercredi, trois cas ont été rapportés dans le Nord-Kivu, dont un dans la localité de Bi-ena qui n’avait connu aucune

notification depuis 85 jours.L’activité de la riposte anti-

Ebola est “paralysée” dans trois zones de santé (Beni, Biakato, Mangina) pour “des raisons

sécuritaires”, ajoute le CMRE.Le 28 novembre, une char-

gée de la vaccination et deux chauffeurs ont trouvé la mort dans une attaque contre une installation des équipes anti-

Ebola à Biakato (Ituri). Un policier a été tué dans une at-taque simultanée à Mangina (Nord-Kivu).

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) puis Médecins sans frontières (MSF) ont retiré leurs équipes non congolaises de Biakato.

Sensibilisation

Jeudi matin à Kinshasa, huit confessions religieuses ont pris l’engagement “de sensibiliser les groupes armés et des jeunes qui s’attaquent régulièrement aux installations et aux agents de la riposte à la maladie à virus Ebola, en utilisant des canaux existants”. C’est ce qu’a expli-qué Boniface Daegbo, respon- sable de l’organisation carita-tive catholique Caritas-Congo.

Au total, 2.210 personnes sont mortes de l’épidémie Ebo-la depuis la déclaration de l’épi-démie le 1er août 2018.

AFP

S A N T EAfrique

Activité de sensibilisation sur le virus Ebola à Goma

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La Côte d’Ivoire et le groupe pharmaceu-tique suisse Roche

ont renouvelé vendredi 13 décembre un accord de partenariat sur cinq ans pour la fourniture à prix réduits de médica-ments contre des mala-dies graves, notamment le cancer.

“Ce nouveau partenariat permettra à tous les patients ivoiriens atteints de cancer, d’hépatite B, d’anémie rénale chronique et d’hémophilie A d’avoir un accès gratuit et illi-

Accord entre Roche et la Côte d'Ivoire pour la fourniture de médicaments

mité aux médicaments Roche”, selon le communiqué de presse du groupe, un des leaders mon-diaux de la pharmacie et des biotechnologies.

130 millions d’euros

L’accord, signé à Abidjan par le ministre ivoirien de la Santé Aka Aouélé et le président du conseil d’administration de Roche Christoph Franz, stipule que l’entreprise fournira pour 86 milliards de francs CFA (130 millions d’euros) sur cinq ans de médicaments, mais aussi de matériel de diagnostic et d’aide

à la formation, l’Etat ivoirien ne payant que 20 milliards de francs CFA sur cette somme.

Ce nouveau partenariat a été signé dans le centre national d’oncologie médicale et de ra-diologie Alassane Ouattara, ouvert en janvier 2018, doté de technologies de pointe et qui est devenu un “centre de référence en Afrique de l’Ouest capable d’offrir aux patients les meil-leurs traitements standards”, selon M. Franz.

En presque deux ans, ce cen-tre, le premier en Côte d’Ivoire, a traité près de 2.500 patients, a indiqué sa directrice Judith

Didi-Kouko Coulibaly. Médecin oncologue, elle a es-

timé “capital” cet accord. “Cela change le pronostic de plusieurs cancers pour de nombreux pa-tients”, qui n’auraient pas les moyens de payer les millions de francs CFA que coûtent nor-malement ces traitements.

Le volet formation du précé-dent accord a permis à la Côte d’Ivoire de passer de quatre à 14 oncologues, et 40 autres doivent être formés dans les cinq ans à venir avec le nouveau partenariat, a-t-elle souligné.

AFP

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Page 17: climatique, nouvel adversaire de l'humanitaire

17 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT N° 352 - Lundi 16 Décembre 2019

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La Sierra Leone condamnée à réintégrer les élèves enceintes

E D U C A T I O N

E n 2015, la Sierra Leone avait officielle-ment interdit aux filles enceintes de se

rendre à l’école, à la suite de l’épidémie d’Ebola de l’année précédente, alors que quelque 14.000 filles étaient enceintes, selon l’ONU.

Pendant l’épidémie, des mil-liers de filles orphelines, dont les parents étaient décédés d’Ebola, s’étaient tournées vers la prostitution pour survivre, selon Amnesty International. Pour d’autres, la grossesse était le résultat de viols.

Politique “discriminatoire”

En 2018, l’ONG Femmes con-tre la violence et l’exploitation dans la société (WAVES) et d’autres groupes de la société civile ont contesté cette inter-diction devant la cour de justice de la Cédéao après l’échec de recours à l’échelle nationale.

En rendant sa décision jeudi

à Abuja, la juge Dupe Atoki a déclaré que cette “politique prohibitive devait être renver-sée immédiatement”, estimant qu’elle était “discriminatoire

à l’encontre des adolescentes enceintes”.

La cour a également con-damné un programme spécial du gouvernement soutenu par la Grande-Bretagne et l’ONU, offrant une scolarité limitée aux

filles enceintes.“La création d’écoles pour

adolescentes enceintes où qua-tre matières sont enseignées trois jours par semaine est

discriminatoire et constitue une violation du droit à une éducation égalitaire”, a ajouté la juge.

Hannah Yambasu, directrice de WAVES en Sierra Leone, a salué cette décision, estimant

qu’il était essentiel de “protéger les filles et de garantir qu’elles puissent terminer leurs études supérieures”.

Le jugement sera-t-il exécuté?

Marta Colomer, directrice adjointe d’Amnesty Interna-tional pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, s’est elle aussi fé-licité de cette décision contrai-gnante pour le gouvernement de la Sierra Leone.

“La décision d’aujourd’hui est un moment décisif pour les milliers de filles qui ont été exclues de l’école et dont le droit d’accéder à l’éducation sans dis-crimination a été violé”, a-t-elle déclaré dans un communiqué.

“Ce jugement engage la Si-erra Leone”, a-t-elle dit, tout en restant prudente. “Le problème est que par le passé, certains jugements de la Cédéao ont rencontré des difficultés pour être exécutés”, a-t-elle noté.

AFP

Afrique

Le gouvernement rwandais a annoncé mercredi 11 décem-

bre la suppression de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 18% sur les servi-ettes hygiéniques, afin de les rendre plus accessibles aux jeunes filles, souvent forcées à s’absenter de l’école durant leurs mens-truations.

Le Rwanda est le dernier pays en date à supprimer cette taxe, de plus en plus dénoncée par

Une jeune fille de 16 ans et son enfant, à Koidu, en Sierra Leone

La cour de justice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a ordonné jeudi 12 décembre à la Sierra Leone de lever “immédiatement” l’interdiction controversée faite aux jeunes filles enceintes d’aller à l’école.

Le Rwanda supprime la TVA sur les serviettes hygiéniques

les femmes à travers le monde, qui estiment que les tampons et serviettes hygiéniques sont un produit de première nécessité et ne devraient à ce titre pas être soumis à des taxes.

Intense lobbying

“A partir de maintenant, le gouvernement du Rwanda a ajouté les serviettes hygiéniques à la liste des biens exemptés de TVA, dans le but de les rendre plus accessibles”, a annoncé le ministère du Genre et de la

Promotion de la famille.Cette mesure a été prise

après un intense lobbying d’or-ganisations et groupes fémi-nistes souhaitant que le prix des serviettes hygiéniques soit abaissé.

“C’est un pas dans la bonne direction, mais pas la solution ultime”, a réagi Annette Mu-kiga, une activiste féministe. “C’est une honte que des filles quittent l’école juste en raison d’un processus biologique, donc cette mesure du gouvernement est bonne”.

“Notre but, c’est que les serviettes hygiéniques soient gratuites, pas simplement bon marché, mais gratuites dans toutes les écoles, afin que les filles n’aient plus à se soucier de ce défi”, a ajouté l’activiste.

Une étude menée en 2017 par le ministère de l’Education a montré que les filles âgées de 16 ans et plus avaient 8% de chances en plus que les garçons de quitter l’école, particulière-ment dans les zones rurales.

Une des raisons évoquées par (Suite prochaine page)

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Page 18: climatique, nouvel adversaire de l'humanitaire

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Le “mémorial Norbert Zongo”

Le Burkina demande à nouveau à la France d'extrader François Compaoré

J U S T I C E

L a justice burki-nabé et des orga-nisations profes-sionnelles des

médias et de défense des droits humains ont réi-téré vendredi 13 décembre à Ouagadougou un ap-pel aux autorités françai-ses pour l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso.

Le frère de l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré est mis en cause dans l’assassinat en 1998 de Norbert Zongo, jour-naliste d’investigation indépen-dant très critique vis-à-vis du pouvoir de l’époque.

En juin, la Cour de cassation française avait validé l’extradi-tion de François Compaoré vers le Burkina Faso. Le gouverne-ment français doit désormais prendre un décret pour rendre effective son extradition qui pourrait encore alors être con-testée par ses avocats.

“nous demandons à la France de clarifier sa

position”

“Nous avons obtenu un avis favorable sur l’extradition (...) Actuellement, nous attendons que ce monsieur puisse être ex-tradé pour qu’il puisse être en-tendu par le juge d’instruction”, a déclaré le procureur du Faso Laurent Poda, lors d’une con-férence de presse organisée à l’occasion du 21e anniver-saire de l’assassinat de Norbert Zongo.

“Je puis dire que ce dossier est suffisamment avancé, et si nous avons la personne dont l’extradition a été demandée, (cela) peut faire avancer, pour-

quoi pas aboutir, à un jugement et c’est ce que le peuple entier attend”, a-t-il indiqué.

“Nous demandons à la France de clarifier sa position

par rapport à cette demande d’extradition de François Com-paoré. Nous ne comprenons pas qu’alors que le président français en personne l’avait promis à Ouagadougou (en avril 2018) François Compaoré ne soit toujours pas extradé, et ce,

malgré le quitus de la justice française”, a lancé le président du Collectif contre l’impunité, Chrisogone Zougmoré, lors d’une cérémonie d’hommage à

Norbert Zongo. “Nous lançons un appel à la

France pour qu’on nous envoie François Compaoré”, a-t-il poursuivi.

Pour le procureur Laurent Poda, “on n’a pas de raison de douter de la bonne foi de l’Etat

français. Mais si à la fin on dit qu’il ne peut plus être extradé, nous allons prendre cette déci-sion définitive en compte”.

Pas d’inculpation au Burkina

“C’est clair que c’est pas par-ce quelqu’un n’est pas là qu’on ne peut pas (le) juger”, a-t-il poursuivi.

Agé de 64 ans, François Compaoré avait été arrêté à l’aéroport parisien Charles-de-Gaulle en octobre 2017 en exé-cution d’un mandat d’arrêt émis par les autorités burkinabè.

A ce jour, François Compa-oré n’est pas inculpé dans son pays, à la différence de trois ex-soldats du Régiment de sé-curité présidentielle, l’ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré.

Directeur de l’hebdomadaire L’Indépendant, Norbert Zongo avait été assassiné le 13 décem-bre 1998, alors qu’il enquêtait sur le meurtre du chauffeur de François Compaoré. Le journaliste, âgé de 49 ans, auteur de plusieurs enquêtes retentissantes dénonçant une mauvaise gouvernance sous le régime Compaoré, avait été tué avec trois de ses compagnons. Les quatre dépouilles avaient été découvertes calcinées dans une voiture.

Comme l’assassinat de l’ex-président burkinabè Thomas Sankara en 1987, le meurtre de Norbert Zongo garde une forte charge symbolique au Burkina, où chaque année, le 13 décem-bre, des milliers de Burkinabè se rassemblent pour demander justice pour l’assassinat du journaliste.

AFP

Afrique

le rapport est le manque d’accès à des serviettes hygiéniques.

Le Kenya est considéré com-me le premier pays à avoir sup-primé les taxes sur les produits liés à l’hygiène menstruelle. De nombreux pays lui ont emboîté

le pas ces dernières années.La Tanzanie, elle, a décidé

en juin de réintroduire cette taxe après l’avoir supprimée en 2018, la jugeant contreproduc-

RwandaSuite de la page précédente

tive au regard du fait que les revendeurs n’avaient pas baissé leurs prix dans la foulée de la suppression de la TVA.

AFP

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Page 19: climatique, nouvel adversaire de l'humanitaire

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Omar el-Béchir

Soudan : Première condamnation à l'encontre de l'ex-président Béchir

J U S T I C E

L’ex-président s o u d a n a i s O m a r e l -Béchir, des-

titué en avril par l’armée sous la pression d’un mou-vement de contestation inédit après 30 ans au pouvoir, a été condamné samedi 14 décembre par un tribunal de Khartoum à deux ans en centre correc-tionnel, pour corruption.

Il s’agit de la première déci-sion de justice visant l’ancien homme fort du Soudan.

M. Béchir est apparu devant le “tribunal spécial”, écoutant le verdict debout dans une cage métallique et vêtu de sa robe blanche traditionnelle et de son turban, après avoir été amené de la prison de Kober à Khar-toum où il est détenu depuis son éviction du pouvoir.

Dans ce procès qui a com-mencé au mois d’août, et qui concerne des fonds perçus de l’Arabie saoudite, M. Béchir en-courait jusqu’à 10 ans de prison. Samedi, il a été déclaré coupable de “corruption” et “possession de devises étrangères”.

Le juge Al-Sadeq Abdel-rahmane a expliqué que l’ex-président serait placé dans un

centre correctionnel pour les personnes âgées, car selon la loi soudanaise, toute personne

âgée de plus de 70 ans ne peut être placée en prison.

Béchir fera appel

A l’issue de l’audience qui a duré plus d’une heure et demie, l’un de ses avocats, Ahmed Ibrahim, a indiqué qu’il ferait appel “devant la cour d’appel et devant la haute cour”.

Le juge a également pro-noncé la confiscation des fonds retrouvés au domicile de M. Béchir après son arrestation en

avril, soit 6,9 millions d’euros, 351.770 dollars et 5,7 millions de livres soudanaises.

Au cours des audiences pré-cédentes, M. Béchir, avait as-suré que l’argent n’avait pas été utilisé à des fins personnelles mais pour des “dons”.

Si l’ex-président a reconnu avoir perçu un total de 90 millions de dollars de la part de dirigeants saoudiens, le procès ne concernait que 25 millions de dollars reçus, peu avant sa chute, du prince héri-tier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce premier procès n’évoque

pas les lourdes accusations portées depuis une décennie contre M. Béchir par la Cour pénale internationale (CPI), qui a émis contre lui deux mandats d’arrêts pour “crimes de guerre”, “crimes contre l’humanité” et “génocide” au Darfour.

D’autres affaires en cours

A ce jour, le gouvernement de transition mis en place en septembre, n’a pas autorisé l’extradition de l’ex-dirigeant à La Haye où siège la CPI.

Outre l’affaire de corrup-tion et les accusations devant la CPI, M. Béchir pourrait de-voir répondre d’autres crimes présumés devant la justice de son pays.

Le 12 novembre, les autorités ont émis un nouveau mandat d’arrêt à son encontre pour son rôle dans le coup d’Etat de 1989, sur lequel une commission spé-ciale du parquet de Khartoum enquête.

Selon le procureur général, M. Béchir est aussi mis en cause pour des meurtres commis lors des manifestations ayant con-duit à son éviction. A ce jour, il n’a pas eu à répondre de ces accusations.

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La Gambie ausculte son sombre passé, sans dissiper le fantôme de Jammeh

C ette conclusion n’est que provisoire. Le pe-tit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest

devrait replonger début 2020 et pour une année supplémentaire dans les horreurs des années Jammeh quand une commis-sion instaurée en 2017 après le départ de l’ex-dictateur repren-dra ses auditions de témoins, victimes ou exécutants.

Jusqu’alors, la Commission vérité, réconciliation et ré-parations n’a pas entamé les convictions des nostalgiques de l’ancien autocrate qui, récem-ment, réclamaient son retour dans les rues de Banjul.

Officier arrivé à la tête de la Gambie par un coup d’Etat en 1994, Yahya Jammeh a di-rigé pendant 22 ans un régime de féroce répression. Il a été contraint de s’exiler en Guinée Equatoriale en janvier 2017, cédant à une intervention mili-taire africaine après avoir rejeté sa défaite à la présidentielle face à l’opposant Adama Barrow.

20 ans d’exactions

La Commission vérité a été établie la même année. Mission: enquêter sur les violations des droits humains entre 1994 et 2016, favoriser la recherche de la justice et des réparations pour les victimes, oeuvrer à la réconciliation.

La Commission pourra re-commander des poursuites. Elle ne pourra pas prononcer de condamnations.

Depuis que la Commission a ouvert ses auditions en jan-vier 2019, les Gambiens ont assisté au spectacle fascinant et éprouvant consistant à explorer le passé, dans une salle imper-

sonnelle au plafond bas et à l’éclairage artificiel.

En personne ou par vidéo-conférence, 190 femmes ou hommes, notables ou anonymes, en costumes traditionnels ou en uniformes, ont répondu en anglais ou en langue locale aux

questions dépassionnées mais sensibles et acérées du chef conseiller Essa M. Fall et de son adjointe Horeja Bala Gaye, traduites simultanément en langage des signes.

Témoignages accablants

Ils ont livré des témoignages accablants.

D’anciens membres d’un es-cadron de la mort personnel de l’ex-président (les “junglers”) ont reconnu avoir assassiné le journaliste Deyda Hydara, correspondant de l’AFP, plus de 50 migrants ouest-africains

échoués sur une plage, ainsi que d’anciens compagnons de route de M. Jammeh soupçonnés de vouloir le renverser.

“Nous vouions une loyauté aveugle à Yahya Jammeh”, a expliqué l’un d’eux, Amadou Badjie.

Une ancienne reine de beauté a rapporté en larmes comment l’ancien président l’avait violée pour lui faire payer d’avoir re-jeté sa demande en mariage.

De mi-novembre jusqu’à dé-but décembre, 44 témoins ont relaté une chasse aux sorcières menée en 2009. Un millier de personnes ont été enlevées, accusées de faits de sorcellerie, selon Amnesty International. On les a forcés à ingurgiter d’étranges décoctions, avec de graves conséquences sur leur santé, ont dit les témoins.

Les raisons n’en sont pas claires. Yahya Jammeh passe

pour extrêmement supersti-tieux, et aurait cru que des sorciers avaient causé la mort de sa tante.

L’an prochain, la Commis-sion s’intéressera au traitement à base d’herbes que Yahya Jam-meh avait inventé contre le sida et qui aurait été administré de force à des patients.

Jammeh, le retour ?

Yahya Jammeh s’est fait discret en exil. Mais la Commis-sion ne semble pas altérer le soutien dont il bénéficie parmi certains Gambiens.

Son parti, l’Alliance patri-otique pour la réorientation et la construction (APRC) avec laquelle il semble rester en contact, a réuni en novembre des milliers de sympathisants qui ont réclamé son retour.

La Commission relève de “la chasse aux sorcières”, assène Yankuba Colley, un membre de l’APRC, elle cherche “juste à faire dire aux témoins que c’est Jammeh le responsable de ces crimes”.

Fabakary Tombong Jatta, le chef actuel de l’APRC, organise des réunions chez lui où le re-tour de l’ancien leader est sur toutes les lèvres. “Il a le droit de revenir (...) Ce n’est qu’une question de temps”, prédit M. Jatta.

D’autres demandent le re-tour de Yahya Jammeh, mais pour qu’il soit jugé.

La Commission est “vrai-ment en train de monter un dossier contre lui”, observe Reed Brody, avocat pour Hu-man Rights Watch. L’attente générale, c’est que la Commis-sion demande son extradition, dit-il.

J U S T I C EAfrique

Meurtres, tortures, exorcisme... La Gambie vient d’achever un an de douloureux et cathartique retour sur son histoire récente et les crimes imputés à l’ancien président Yahya Jammeh et son régime.

Yahya Jammeh à l’ONU en 2014

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HCR

La Suède et le Haut-c o m m i s s a r i a t pour les réfugiés (HCR) ont an-

noncé jeudi 12 décembre le lancement d’un projet-pilote auprès des popula-tions déplacées en Ougan-da pour les aider à créer leur entreprise.

Environ 100.000 personnes, dont 70% de femmes, seront éligibles à un prêt pour créer leur activité dans l’agriculture, l’artisanat, la restauration, le commerce, les stations de charge pour téléphones por-tables, etc.

L’expérience, étalée sur cinq ans, est menée par le HCR, l’Agence suédoise de développement et de coopéra-

tion internationale (Sida) et la fondation de micro-crédit Grameen créée au Bangladesh par Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix 2006.

“Esprit d’entreprise”

“L’esprit d’entreprise est largement sous-utilisé parmi les réfugiés et nous croyons en leur capacité à gérer et rem-bourser leurs emprunts”, fait valoir Carin Jämtin, directrice générale de Sida.

Sida va apporter 50 millions de couronnes (4,8 millions d’eu-ros) pour garantir les prêts, et 29 millions aux programmes de formation et d’assistance tech-nique, précise un communiqué de l’agence suédoise.

“De nombreux réfugiés dans

le monde le sont sur une longue période, sans possibilité pour

eux de revenir dans leurs ré-gions d’origine où sévissent guerres et conflits. Et ce, alors qu’ils manquent de possibilités

de subvenir à leurs besoins dans les pays où ils ont trouvé refuge,

notamment parce qu’ils n’ont pas accès au capital et n’ont pas le droit de travailler”, souligne Sida.

Ouganda : Le micro-crédit pour aider les réfugiés à créer leur entreprise

D E P L A C E S / R E F U G I E SD E P L A C E S / R E F U G I E SD E P L A C E S / R E F U G I E SAfrique

Un camp de réfugiés sud-soudanais au nord de l’Ouganda

T rente candidats à l’émigration - 20 Gambiens et 10 Sénégal-ais - ont été interpellés mercredi 11 décembre sur la Corniche

ouest de Dakar, a rapporté l’Agence sénégalaise de presse (APS, publique), citant des sources policières.

“Vers 5h du matin, une pirogue en provenance de la Gambie et en partance pour l’Espagne a débarqué ces malheureux candidats à la plage de Soumbédioune”, selon un communiqué.

L’Union européenne (UE) a débloqué, mercredi 11 décembre, un soutien financier de 101,7 millions d’euros pour aider

le Maroc dans sa lutte contre la migration irrégulière et le trafic d’êtres humains.

“Avec cette nouvelle aide, nous approfondissons notre parte-nariat avec le Maroc pour réduire davantage le nombre d’arrivées de migrants illégaux sur la route de la Méditerranée occidentale et éviter que des personnes ne mettent leur vie en danger”, a souligné le commissaire européen au Voisinage et à l’élargissement, Olivér Várhelyi, cité dans un communiqué.

S’inscrivant dans le cadre du Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique, l’aide annoncée prévoit en outre un montant de 41 mil-lions d’euros pour la protection des migrants, des enfants et des communautés vulnérables en Libye, et 5 millions d’euros pour favoriser les opportunités économiques en Afrique du Nord à travers notamment l’entrepreneuriat régional.

MigrationsL'UE donne 100 millions d'euros au Maroc

Migrations30 personnes arrêtés au Sénégal

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L’a r m é e n i -gérienne a subi ses plus lourdes per-

tes depuis qu’elle est con-frontée au défi jihadiste, lors de l’attaque mardi 10 décembre du camp d’Inates, dans l’ouest, qui a fait 71 morts.

“Malheureusement, on déplore le bilan suivant: 71 militaires tués, 12 blessés, des portés disparus, et un nombre important de terroristes neu-tralisés”, selon un communiqué du ministère de la Défense, lu à la télévision nationale.

L’attaque a été revendiquée par l’Etat islamique.

“Les combats”, qui ont duré trois heures, ont été “d’une rare violence combinant des tirs d’artillerie et l’emploi de véhi-cules kamikazes par l’ennemi”, a ajouté le ministère, estimant le nombre de “terroristes lour-dement armés” à “plusieurs centaines”.

Des “terroristes” venus du Mali

“Les terroristes ont pilonné le camp à l’aide d’obus et de mortiers. Les explosions de mu-nitions et de carburant sont sur-tout à l’origine de ce bilan très lourd”, a indiqué une source sécuritaire nigérienne.

Parmi les victimes figurent le commandant de la compagnie et son adjoint, ont rapporté des sources sécuritaires, an-

nonçant également la mort de 57 ennemis.

Les assaillants, venus du nord du Mali à bord de plu-sieurs colonnes de véhicules, de blindés et de motos, ont attaqué

la compagnie sur trois fronts, selon les mêmes sources.

Des assauts de plus en plus audacieux

Cette attaque, la plus meur-trière depuis le début de l’offe-nsive jihadiste en 2015 au Ni-ger, met clairement en lumière les difficultés des forces armées à lutter contre les assauts de plus en plus audacieux des groupes islamistes armés. Et ce, en dépit de la présence de 4.500 militaires français de la force Barkhane et de forces américaines.

Après des attaques de type guérilla “hit and run” (on frappe

L'armée du Niger frappée par l'attaque jihadiste la plus meurtrière depuis 2015

et on s’enfuit), comme des em-buscades montées avec des mines posées le long des routes empruntées par des convois militaires, les groupes jihadis-tes n’hésitent plus désormais

à attaquer de front des postes militaires.

Incompréhension

Le ministre nigérien de la Défense, Issoufou Katambé, a avoué ne pas s’expliquer com-ment des colonnes de jihadis-tes ont pu ainsi progresser et passer impunément à l’attaque dans une zone aussi surveillée que la région d’Inates.

A l’image de Kaka Touda, acteur de la société civile, les Nigériens ne comprennent pas qu’“avec toute la technolo-gie dont disposent (les forces étrangères) qui sont là pour nous accompagner, des terro-

ristes puissent traverser tout cet espace avec plusieurs colonnes de véhicules”.

“D’où viennent ces véhicules blindés, toutes ces armes plus sophistiquées utilisées par ces terroristes? Que font nos partenaires?”, s’est demandé à son tour Alio Oumarou, prési-dent du Conseil nigérien de la jeunesse.

Des Etats “dépassés”

“Il y a trop peu de soldats locaux, à qui il manque compé-tences et équipements. Les Français ne sont pas assez nombreux non plus”, répond Michael Shurkin, politologue à l’institut de recherche RAND.

“Ca va très mal et cela va continuer d’empirer”, craint cet ancien analyste de la CIA, résu-mant une pensée largement partagée dans la communauté des experts.

“La situation est hors de contrôle”, estime un responsa-ble du département américain de la Défense sous couvert de l’anonymat. “Les Etats sont dé-sorganisés, je pense qu’ils sont tout simplement dépassés”.

Plusieurs responsables ont appelé à renforcer la mobilisa-tion internationale.

“Il est urgent que nos alliés s’impliquent davantage”, a dé-claré le ministre français des Af-faires étrangères Jean-Yves Le Drian, évoquant non seulement les pays sahéliens mais aussi l’Otan et l’Union européenne.

Le JD avec agences

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Des soldats nigériens à l’entraînement

Trois militaires nigériens et quatorze “terroristes” ont été tués lundi 9 décembre dans une attaque contre un camp de l’armée

dans la région de Tahoua (ouest), proche du Mali, a indiqué le ministère nigérien de la Défense.

“Le bilan provisoire de l’attaque est le suivant: côté ami, trois militaires tués, quatre blessés. Côté ennemi: quatorze terroristes tués, plusieurs autres blessés”, précise le ministère dans un com-muniqué lu à la télévision d’Etat.

Selon le ministère de la Défense, l’attaque, qui a visé à 6h30 le

Niger Trois soldats et 14 "terroristes" tués dans l'ouestposte militaire d’Agando dans la région de Tahoua, a été menée “par des terroristes lourdement armés à bord de douze véhicules 4x4”.

“Après plus de deux heures d’intenses combats, la riposte énergique de nos forces de défense et de sécurité a permis de re-pousser l’attaque et de mettre en déroute les assaillants qui se sont exfiltrés vers un pays voisin” (le Mali), selon le communiqué.

“Un véhicule bourré d’explosifs a été saisi. Des armes et des munitions ont été récupérées”, toujours selon le communiqué.

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Par son ampleur, son organisation, l’attaque d’Inates marque-t-elle une nouvelle montée en puis-sance des groupes jiha-distes?

Depuis un an, il y a une concentration des attaques dans la zone dite des trois frontières (Mali, Niger, Burkina). Et les jihadistes se révèlent depuis peu capables de prendre d’assaut des postes défendus par une centaine de militaires.

Ce fut le cas le 1er novembre pour le poste malien d’Indelimane où 49 soldats maliens ont été tués. Peu de temps après, le 19 no-vembre, une colonne malienne est tombée dans une embuscade faisant 24 tués dans ses rangs. Ces deux attaques sont en train de conduire le Mali à évacuer ses postes isolés à la frontière du Niger pour regrouper ses unités.

Et puis il vient d’y avoir cette attaque analogue sur ce poste d’Inates avec la mort de 71 soldats nigériens. Au vu de cette mon-tée en puissance, en particulier par des groupes ralliés à l’Etat is-lamique, il faut certainement s’attendre à de nouvelles attaques.

Ce qui frappe ici, c’est que les jihadistes semblent maintenant contrôler la frontière entre Mali et Niger ainsi que la sophistication de ces attaques, avec utilisation de véhicules bourrés d’explosifs conduits par des kamikazes et l’emploi de mortiers.

Où sont les drones et avions de chasse des forces étrangères?

Les drones américains armés sont à Agadez, c’est-à-dire à 600 ou 700 kilomètres d’Inates. Les avions français à Njamena (et sur la base de Niamey, qui abrite aussi des drones, ndlr).

Le problème est que les moyens de communication du poste nigérien ont été détruits dès le début du combat et faute de backup, le poste s’est retrouvé totalement isolé.

Ce qui est plus inquiétant, c’est que les moyens de surveil-lance aériens français et américains n’aient pas permis de déceler des mouvements jihadistes impliquant certainement plusieurs dizaines de pickup armés convergeant sur une frontière qu’ils devaient certainement surveiller.

Faut-il complètement revoir la stratégie antijihadiste au Sahel? Que peut-on attendre du sommet Sahel en France au début 2020?

Barkhane a de nombreuses victoires tactiques à son actif mais sa stratégie est certainement à réexaminer car sa présence n’a nul-lement permis de réduire l’activité des jihadistes. Ils progressent même de manière très rapide au Mali et au Burkina.

Ce n’est pas une surprise quand on voit la taille de la zone d’action jihadiste, soit sept à huit fois celle de la France... Mais de manière générale, à étudier l’histoire des guerres asymétriques du 20e siècle, très rares sont les armées occidentales qui ont été capables de les gagner contre des adversaires déterminés, soutenus par une idéologie totalitaire ou une religion qui les galvanise.

Il aurait fallu dès 2013 mettre le paquet sur la réorganisation complète de l’armée malienne (...) pour la sortir du népotisme et de la corruption. Les dirigeants maliens n’ont jamais nettoyé leurs écuries d’Augias. Cela impliquait aussi de sortir 300 à 400 millions d’euros par an sur dix ans pour la financer. C’est plus facile de faire venir un bataillon de Pau...

Il n’y a pas grand chose (à attendre du sommet Sahel) si on continue à convoquer ainsi des chefs d’Etat qui ont aussi à gérer une opinion publique. L’intérêt serait de discuter une nouvelle approche avec Barkhane en deuxième ligne, au service du renforce-ment d’une armée malienne entièrement réorganisée, disciplinée, et respectueuse des droits de l’homme. Mais on peut se demander si c’est encore réalisable.

Propos recueillis par Marie Wolfrom, AFP

Serge Michailof, expert à l'IRIS :

Sahel : "Il faut certainement s'attendre à de nouvelles attaques"

L’attaque d’Inates, dans laquelle 71 soldats nigériens ont trouvé la mort mardi 10 décembre, témoigne d’un changement de braquet des jihadistes, qui mènent des assauts de plus en plus massifs et organisés, explique Serge

Michailof, expert à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS).

Au moins cinq villageois ont été tués mardi 10 décembre dans des attaques contre des villages dans le Sahel burkinabè, au

moment où le pays célébrait le 59e anniversaire de son indépen-dance.

“Mardi, des hommes armés non identifiés ont attaqué les vil-lages de Dablo et de Kelbo dans la province du Soum (Sahel), tuant au moins cinq personnes”, a indiqué un élu local.

Selon une autre source, parmi les victimes figure le chef du village de Kelbo.

Le gouvernement français a alerté ses ressortissants au Bénin sur des risques d’enlèvement dans les zones frontalières du

Burkina Faso, vendredi 13 décembre.“En raison de possibles incursions de groupes armés et du risque

d’enlèvement, il est formellement déconseillé de se rendre dans les zones frontalières du Burkina Faso, y compris les parcs nationaux de la Pendjari et du W, et les zones cynégétiques mitoyennes du parc de la Pendjari et de l’Atakora”, peut-on lire sur le site Internet du ministère français des Affaires étrangères.

Burkina FasoAu moins 5 civils morts dans des attaques

BéninLa France met en garde ses ressortissants

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Christophe Sivillon avec le ministre malien de l’Energie, Alhousseini Maiga

Le Mali expulse un représentant de l'ONU

Un représentant de la Mission de l’ONU au Mali a été déclaré per-

sona non grata par Ba-mako après des propos qui ont été interprétés com-me une façon d’avaliser l’indépendance d’une ville stratégique du nord.

“Le Premier ministre et le gouvernement ont décidé de déclarer persona non grata le chef du bureau régional de la Minusma à Kidal pour les propos qu’il a tenus la semaine dernière”, a annoncé le ministre des Affaires étrangères Tiébilé Dramé. Il a indiqué que Chris-tophe Sivillon avait 24 heures pour quitter le pays.

Le porte-parole de la Minus-ma, Olivier Salgado, a précisé que M. Sivillon avait été relevé de ses fonctions avant l’annonce faite par le ministre malien.

“Dès les premiers instants, nous avions compris les préoc-cupations du gouvernement (malien) et avions pris les dis-positions nécessaires”, a-t-il dit.

M. Sivillon s’est retrouvé au coeur d’une vive controverse, après de récents propos lais-sant penser, selon ses détrac-teurs, que la ville de Kidal ne relevait plus de la souveraineté malienne.

L’épineuse question de Kidal

Lors d’un congrès du Mou-vement national de libération de l’Azawad (MNLA, ex-ré-bellion touareg) début décem-bre, M. Sivillon, de nationalité française, avait introduit son intervention en saluant les responsables présents et les “délégations venues du Mali et de l’étranger”.

Les autorités et la classe politique maliennes avaient condamné les propos avec d’autant plus de vigueur qu’ils émanaient d’un responsable de l’ONU et que Kidal, à quelques

centaines de kilomètres de l’Algérie, du Burkina Faso et du Niger, est un sujet éminemment épineux du conflit malien.

Kidal fait partie de ces vastes

zones du Mali qui échappent de facto à l’autorité de l’Etat malien et est aujourd’hui, mal-gré la présence de bases fran-çaises et des forces onusiennes, sous le contrôle d’ex-rebelles

séparatistes touareg qui se sont soulevés contre le pouvoir central en 2012 avant de signer un accord de paix à Alger trois ans plus tard.

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Sahel : Etude sur les liens entre groupes jihadistes et trafics en tous genres

Une étude d’un cen-tre de recherche sud-africain pu-

bliée mardi 10 décembre met en lumière les liens étroits qu’entretiennent les groupes jihadistes présents au Sahel avec les nom-breux trafics de drogue, médicaments, armes, mo-tos, et carburant qui y sont opérés.

“Les activités illicites sont au coeur des stratégies de survie, d’implantation et d’expansion des groupes extrémistes dans le Liptako-Gourma”, indique l’Institut d’études de sécurité (ISS) dans ce rapport publié après deux ans de recherches dans la zone du Liptako-Gour-ma, large région transfrontalière entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger qui est aujourd’hui

l’épicentre de la crise sahéli-enne.

Selon l’ISS, les groupes ji-hadistes font preuve de “prag-matisme” et d’“opportunisme” vis-à-vis de ces trafics qui sont opérés depuis des dizaines d’années au Sahel et au Sahara, des régions immenses où les présences étatique et humaine sont très faibles.

“Se procurer des moyens de subsistance”

Ils peuvent ainsi “générer lo-calement des ressources finan-cières (...) afin de se procurer des moyens de subsistance et des moyens opérationnels (armes, munitions, motos, pièces dé-tachées, carburant, moyens de communication)”.

L’étude, menée auprès de 800 interlocuteurs membres

ou non de groupes armés jiha-distes, dont certains en prison, souligne que le lien entre trafics et jihadistes est “généralement indirect, en ce qu’ils ne sont pas propriétaires des produits trafiqués”.

Sur la question de la drogue notamment, l’ISS indique que les groupes jihadistes - ainsi que des groupes armés maliens signataires de l’accord de paix de 2015 - “seraient rétribués pour la nécessaire protection qu’ils fourniraient aux convois de marchandises”. S’ils ne sont pas acteurs directs du trafic, ces groupes ferment les yeux et en tirent un bénéfice.

“Leur survie en dépend”

Concernant les vols de bétail, l’ISS note que c’est un phé-nomène courant dans cette

région sahélienne et que les groupes jihadistes en tirent également un bénéfice. “Tous les groupes armés de la zone sont impliqués dans l’enlèvement du bétail; leur survie en dépend”, a ainsi indiqué à l’institut un ancien membre d’un groupe jihadiste au Niger en 2018.

Les jihadistes prélèvent aussi un impôt sur le bétail, la zakat, “une taxe que les éleveurs sont contraints de payer à des groupes ‘jihadistes’ en contre-partie d’une protection”. Le refus de payer cet impôt peut être fatal, comme l’a indiqué à l’ISS un commerçant nigérien: “J’ai été contraint de payer 5.000 FCFA (8 euros) pour mes deux vaches. Celui qui ne paie pas est tué et ses animaux emportés”.

AFP

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Au Cameroun, combats et violences s'intensifient dans l'ouest anglophone

La violence a franchi un nouveau seuil fin novembre dans les deux régions anglo-

phones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où le conflit fait rage depuis plus deux ans.

Un humanitaire camerou-nais d’une ONG partenaire de l’ONU a été kidnappé et tué dans le Nord-Ouest.

Le lendemain, un avion com-mercial de la compagnie aéri-enne camerounaise Camair-co a essuyé des tirs d’armes à feu à l’atterrissage à l’aéroport de Bamenda, chef-lieu du Nord-Ouest. L’attaque n’a pas fait de victime et son origine reste pour l’heure inconnue.

Le “Grand dialogue”

Pourtant, début octobre, après avoir fait preuve d’in-transigeance durant des mois, l’inamovible président Biya, au pouvoir depuis 37 ans, s’était décidé, sous la pression in-ternationale, à organiser un

Grand dialogue national pour “résoudre” la crise.

Le boycott de cette rencon-tre par les principaux chefs indépendantistes n’avait pas

empêché les participants de préconiser notamment une décentralisation par la création d’un “statut spécial” pour les deux régions. Une proposition

qui devait être avalisée par le chef de l’Etat mais en tout état de cause très éloignée des as-pirations fédéralistes, pour les plus modérés, et indépendan-tistes pour les groupes armés.

“Depuis la tenue du Grand dialogue, il n’y a pas eu d’avan-cée”, tonne Joshua Osih, le vice-président du premier parti d’opposition au Parlement, le Social democratic front (SDF).

Inquiétudes des humanitaires

Sur le terrain, les organisa-tions humanitaires s’inquiètent d’un net durcissement du con-flit.

“Depuis le Grand dialogue, nous observons une augmen-tation des violences, qui ont poussé toujours plus de civils à quitter leurs maisons”, témoi-gne James Nunan, le directeur du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) dans les deux régions.

S E C U R I T EAfrique

L’espoir d’un retour rapide à la paix dans l’ouest anglophone du Cameroun, né d’un “Grand dialogue” convoqué par le président Paul Biya il y a plus de deux mois, s’est déjà éteint: les combats entre armée et indépendantistes s’intensifient et les civils en sont les principales victimes.

La région de l’Ex-trême-nord du Ca- meroun est confron-

tée à un “regain d’atta-ques” de jihadistes nigéri-ans de Boko Haram qui y ont tué 275 personnes, des civils pour la plupart, depuis le début de l’année, a rapporté mercredi 11 décembre Amnesty Inter-national.

“Au moins 275 personnes ont été tuées, d’autres mutilées ou enlevées depuis le début de l’année avec le regain d’at-taques de Boko Haram dans l’Extrême-Nord du Cameroun”,

Regain d'attaques dans l'Extrême-Nordécrit l’organisation de défense des droits de l’homme dans un communiqué. Sur ces 275 homicides, 225 sont contre des civils, précise l’ONG.

Amnesty affirme avoir mené une enquête de terrain dans la région camerounaise, cible depuis cinq ans d’assauts de Boko Haram, documentant “des crimes de droit interna-tional et une série d’abus des droits humains commis” par les jihadistes nigérians.

Amnesty International rend notamment compte “des pil-lages et incendies de maisons et de centres de santé”, de même qu’elle révèle “l’homicide

d’un non-voyant” et le cas de “trois femmes amputées d’une oreille”.

Les habitants se sentent “complètement

abandonnés”

“Les personnes que nous avons rencontrées dans l’Ex-trême-Nord du Cameroun vi-vent dans la terreur. Beaucoup ont déjà été témoins d’attaques de Boko Haram et ont perdu des proches ou des connaissances”, a indiqué Samira Daoud, di-rectrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

“Elles se sentent complète-ment abandonnées”, a-t-elle souligné, précisant que “les au-torités camerounaises doivent de toute urgence renforcer leur protection dans les zones affectées”.

Depuis 2014, le Cameroun a dénombré près de 13.000 attaques de Boko Haram sur son territoire qui ont fait “plu-sieurs milliers” de morts, selon Yaoundé. Ces violences ont forcé plus de 250.000 person-nes à fuir leur domicile, et provoqué un afflux de 60.000 réfugiés nigérians.

AFP

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“On note également une multiplication du nombre de maisons incendiées et des at-taques contre des civils, par des groupes armés comme par des militaires”, poursuit M. Nunan.

En deux ans, ce conflit a poussé plus de 700.000 per-sonnes à fuir leur domicile. Entre 300 et 400 villages ont été détruits, et 91% des enfants sont déscolarisés, selon l’OCHA.

“Au moins 130 civils tués”

Depuis le Grand dialogue, “les violences se sont poursui-vies à un rythme soutenu”, con-firme Human Rights Watch.

Au moins 130 civils ont été tués depuis juillet, selon l’ONG

pour qui ce bilan est “très cer-tainement sous-évalué” faute de pouvoir recueillir sur le terrain des informations sur de probables autres victimes.

Sur place, “beaucoup sont toujours dans l’attente de la mise oeuvre des résolutions du Grand dialogue”, affirme Blaise Chamango, le respon- sable d’une ONG à Buea, chef lieu du Sud-Ouest.

“Les coeurs de certains se sont apaisés mais les actions de l’armée et de certaines au-torités continuent de renforcer l’animosité”, assure-t-il.

Pire, les combats pourraient s’intensifier dans les semaines à venir: “des milliers de combat-tants, femmes comme hom-mes, se sont retranchés dans des jungles du Sud-Ouest. Ils attendent des armes pour le grand combat”, croit savoir

un humanitaire sous couvert d’anonymat.

En parallèle, “le gouverne-ment aurait équipé des groupes d’autodéfense et des milices pour contrer des groupes ar-més”, s’inquiète OCHA dans son dernier rapport.

Boycott des législatives

Dans le reste francophone du pays, la crise anglophone est revenue au centre de l’attention, alors que deux des principaux partis d’opposition ont prévu de boycotter les législatives du 9 février prochain, invoquant notamment la persistance de la guerre.

Certains acteurs du Grand dialogue restent toutefois op-timistes.

C’est le cas de l’influent ar-chevêque de Douala, le cardinal

Christian Tumi, considéré com-me un partisan du fédéralisme. “J’ai bon espoir que la situation s’améliore”, déclare-t-il, ap-pelant à la patience.

“Des groupes de jeunes nous ont contactés pour dire qu’ils veulent bien quitter la brousse mais redoutent l’accueil du gou-vernement” après avoir déposé les armes, ajoute-t-il.

A l’international, les Etats-Unis ont fait monter la pression sur Yaoundé, en annonçant fin octobre retirer un traitement commercial préférentiel au Ca-meroun en raison de violation des droits humains.

Au même moment, la France, ancienne puissance coloniale, affirmait elle vouloir renforcer sa coopération avec le Came-roun.

Reinnier Kaze, Jean-Baptiste Ketchateng, AFP

CamerounSuite de la page précédente

Nouveaux cas d'humanitaires assassinés au Nigeria

Quatre otages nigérians dont d e s h u m a n i -taires, enlevés

en juillet dans le nord-est du pays par un groupe jihadiste, ont été exécutés, a annoncé vendredi 13 décembre Action contre la faim (ACF).

“Le groupe armé responsa-ble de l’enlèvement de travail-leurs humanitaires le 18 juillet dernier, a assassiné quatre autres otages”, écrit ACF, sans préciser l’identité des exécutés. Parmi les six personnes enlevé-es en juillet, toutes nigérianes, une avait déjà été exécutée en septembre.

“Echec des pourparlers”

Action contre la faim de-mande “la libération immédiate de sa dernière otage détenue”.

Selon le groupe de surveil-lance des mouvements jihadis-

tes Site, citant le journaliste ni-gérian qui avait en septembre posté la vidéo de l’exécution du premier otage, la mort des qua-tre hommes “est le résultat de l’échec des pourparlers avec le gouvernement nigérian”.

Grace, la dernière otage et seule femme du groupe, est “condamnée à une vie d’escla-vage”, selon ce journaliste.

Le 18 juillet, cette employée de l’ONG française, deux chauf-feurs et trois membres du personnel du ministère de la Santé avaient été enlevés dans l’attaque de leur convoi sur la route entre la capitale de l’Etat du Borno, Maiduguri, et la ville de Damasak, dans le nord du Nigeria. Un chauffeur avait été tué dans l’embuscade.

L’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), affilié au groupe jihadiste Etat islamique (EI), avait publié, peu après l’enlèvement, une vidéo de l’employée d’ACF demandant la libération des otages. Les cinq

autres prisonniers - des hom-mes - se tenaient derrière elle.

Iswap, une faction du groupe armé Boko Haram ayant fait scission en 2016, est particu-lièrement active dans cette région reculée proche du lac Tchad et frontalière avec le Niger, où il mène depuis un an des attaques répétées contre les forces de sécurité nigérianes.

Enlèvements contre rançon

Jeudi encore, quatorze membres des milices civiles anti-jihadistes et un policier ont été tués dans une attaque menée par le groupe dans le nord-est du pays.

Et début décembre, des hommes de l’Iswap ont enlevé quatorze personnes dont deux humanitaires.

Action contre la faim avait vu ses locaux au Nigeria fermés sans préavis à l’automne par l’armée, qui accusait l’ONG

d’avoir “aidé et encouragé les terroristes et leurs atrocités”. ACF avait pu reprendre ses ac-tivités dans le pays fin octobre.

Une source humanitaire ba-sée dans la région avait expliqué que ces fermetures soudaines pouvaient être liées avec les négociations menées pour faire libérer les otages.

Selon le journaliste nigérian cité par Site, une source au sein d’Iswap aurait expliqué vendredi que “le gouvernement n’était pas sincère et ne res-pectait pas les délais”.

Les humanitaires sont ré-gulièrement pris pour cible par les jihadistes, qui pratiquent les enlèvements contre rançon pour financer leurs opéra-tions ou pour échanger avec le gouvernement nigérian leurs captifs contre des membres de leur groupe faits prisonniers, menaçant de tuer leurs victimes si leurs revendications sont pas satisfaites.

AFP

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