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Clés pour comprendre le marché de l’art contemporain Définir ce qu’est une œuvre d’art contemporain est d’une simplicité enfantine : sa datation doit être comprise en 1945 et aujourd’hui. Dans ce vaste ensemble on trouve aussi bien les géants de la création que les inconnus et les sans grade. « L’impressionniste », de Jérôme Dufay (2017) Selon les chiffres publiés par la Maison des Artistes, en 2010 la France comptait près de 49 000 artistes professionnels officiellement déclarés, auquel il convient d’ajouter les artistes professionnels d’occasion, vendant leur œuvres sans en faire état dans leurs déclarations de revenus au fisc ou à l’organisme social de référence. Sans doute faut-il multiplier le chiffre des inscrits à la MDA par 5 ou 6 pour obtenir le vrai nombre d’artistes tirant quelques subsides de leur talent. Cela porterait donc le nombre d’artistes-vendeurs à près de 300 000. Peut-être.

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Clés pour comprendre le marché de l’art

contemporain

Définir ce qu’est une œuvre d’art contemporain est d’une simplicité enfantine : sa datation doit être

comprise en 1945 et aujourd’hui.

Dans ce vaste ensemble on trouve aussi bien les géants de la création que les inconnus et les sans

grade.

« L’impressionniste », de Jérôme Dufay (2017)

Selon les chiffres publiés par la Maison des Artistes, en 2010 la France comptait près de 49 000

artistes professionnels officiellement déclarés, auquel il convient d’ajouter les artistes professionnels

d’occasion, vendant leur œuvres sans en faire état dans leurs déclarations de revenus au fisc ou à

l’organisme social de référence.

Sans doute faut-il multiplier le chiffre des inscrits à la MDA par 5 ou 6 pour obtenir le vrai nombre

d’artistes tirant quelques subsides de leur talent. Cela porterait donc le nombre d’artistes-vendeurs à

près de 300 000. Peut-être.

Malaise chez les plasticiens professionnels

Il reste que déclarés officiellement ou non, rares sont les artistes à pouvoir vivre de leur création. La

réflexion la plus souvent entendue dans les salons d’art contemporains est : « Mes ventes annuelles

ne couvrent pas mes achats pour peindre. J’en suis largement de ma poche ».

En vérité, il existe un véritable malaise dans le monde de l’art contemporain dû à un marché de l’art

que se partagent quelques privilégiés, dont l’immense majorité des créateurs – parmi lesquels se

trouvent des talents d’exception – est exclue. Le gâteau du marché de l’art, en France, est une

propriété gardée, verrouillée, cadenassée. La plèbe plasticienne n’a que quelques miettes du festin.

Pour comprendre comment fonctionne le marché de l’art, en chiffres et statistiques, voici plusieurs

données rassemblées auprès des plus grands opérateurs, tel Artprice, ou encore l’INSEE, qui

observent les évolutions en temps réel ou par enquête auprès des galeristes, salles des ventes, salon

et foire d’art contemporain.

Asphyxie à la française

On lira également l’explosive analyse de la plasticienne écrivaine Aude de Kerros extraite du site

www.contrepoints.org. Des vérités qui visent directement un système français vérolé par les

structures étatiques asphyxiant la création et les créateurs.

Ventes aux enchères 2014

- Le marché mondial a plafonné à 1,76 milliards de dollars US.

- La France s’est placée au 4ème rang mondial de ce marché, avec un chiffre d’affaires de 168

millions d’euros (en chute de 13% par rapport à 2013).

Notre analyse

Le recul du chiffre d’affaires 2014 des ventes aux enchères d’art contemporain en France était à

contre-courant des ventes aux enchères dans le reste du monde, en pleine progression. Cela

correspond à une période difficile avec une lourde progression de l’imposition sur les revenus

plombant tous les marchés.

Collectionneurs d’art contemporain

- 73% sont des hommes

- 37% des collectionneurs possèdent moins de 50 œuvres originales

- 43% avaient entre 20 et 30 ans au moment de leur premier achat.

Notre analyse

Contrairement à une idée répandue, le principal décisionnaire au sein du couple en matière

d’acquisition d’œuvre d’art, comme placement spécularif, n’est pas la femme mais l’homme. L’idée de

créer « sa collection » d’œuvre arrive très tôt, dès que le permet l’autonomie financière.

Vente d’art en ligne

Œuvre signée Betty Février (2018).

- 24% des acheteurs disent que les réseaux sociaux ont pesé sur leur décision d’achat.

- Les ventes en ligne d’art contemporain ont progressé de + 19% entre 2013 et 2014.

Notre analyse

Le marché des ventes d’art en ligne reste fortement minoritaire. Mais c’est un marché en forte

progression sur lequel les plasticiens ont intérêt à être présents. Même si les ventes restent rares,

Internet constitue une belle vitrine visible 24h/24 partout dans le monde.

Cap sur 2020

L’entrée des pays émergents sur le marché mondial booste considérablement les ventes d’art

contemporain. Alors que ce marché fluctuait vers 3,3 milliard de dollars US en 2016, les experts

estime que ce marché va tripler de taille d’ici à 2020 pour dépasser la barre des 9 milliards.

La ruée des banques sur les rendements de l’art contemporain

Leader mondial de la cotation avec 118 millions d’œuvres tracées de 628 000 artistes, Artprice a

calculé que le rendement d’une œuvre d’art de 20 000 euros est en moyenne de 9% par an, et

grimpe de 12 à 15% pour une œuvre de plus de 100 000 euros.

Confrontés à des rendements financiers historiquement faibles, les banques et fonds

d’investissement se ruent de plus en plus sur le marché de l’art.

Juteux marché des musées

Le Louvre d’Abu Dhabi, dessiné par l’architecte Jean Nouvel.

Il s’est ouvert plus de musées d’art dans le monde entre 2000 et 2014 que durant les 19è et 20è

siècles réunis. Chaque année, 700 nouveaux musées de stature internationale ouvrent leurs portes,

dont 70% en Chine. Or, ces musées doivent acheter des œuvres en grande quantité (4 à 5 000 pièces

en moyenne, tirant le marché vers le haut.

Quelques exemples : A Marrakech (musée YSL), Le Cap (Zeitz Mocaa), Miami (Institute of contempary), Athènes (EMST), San Francisco (Selfies), Tokyo (Yayoi Kusama), Pékin (Guardian), Rio (Image et son), Dundee (V&A), ... et en France, à Paris (Lafayette Anticipations, art numérique, ), Tours (Olivier Debré), Toulouse (Aéropostale), Nogent (Camille Claudel), Strasbourg (Planetarium),.. sans parler des rénovations, agrandissements, extensions (Amiens, musée de Picardie…).

Et sont déjà annoncés pour 2018/20, des nouveautés à Bordeaux (deux grands musées en 2018 !), Reims, Auch, Nîmes, Carnac, Perpignan, Nantes,... et rien qu'à Paris deux « blockbusters » à venir, la fondation Pinault (Bourse de commerce, devis de 200 millions d'euros), et celle artisanat-LVMH (ex musée des Arts et traditions populaires, coût de 160 millions d'euros dont 60 millions rien que pour le désamiantage !).

La démocratisation de l’art

Longtemps réservé aux plus riches, le marché de l’art s’est incroyablement démocratisé ces dernières

années grâce à la dématérialisation de l’information et la financiarisation. De 500.000 collectionneurs

dans l'après-guerre, les consommateurs d'art sont aujourd’hui plus de 70 millions sur tous les

continents.

La multiplication des sites d’art, par les artistes eux-mêmes et le développement des galeries

virtuelles, adossés à l’émergence de nouveaux pays riches, ne peut qu’accélérer la progression du

marché de l’art et l’arrivée en masse de nouveaux collectionneurs.

Des collectionneurs d’art de » plus en plus nombreux, dès l’âge de 20 ans…