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Philippe Haddad CITATIONS TALMUDIQUES EXPLIQUÉES 150 citations pour se FAMILIARISER avec le TALMUD et DÉCOUVRIR la tradition juive Religion EYROLLES PRATIQUE

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Philippe Haddad

citations talmudiquesexpliquées150 citations pour se FAMILIARISER avec le TALMud et dÉCOuVRIRla tradition juive

Citations talmudiques expliquéesAccessible, précis et complet, ce livre propose 150 citations extraites

des textes fondateurs de la tradition juive, le Talmud de Jérusalem et

le Talmud de Babylone. En tant que commentaire de la Torah, le Talmud

a produit autant d’analyses rigoureuses que de récits, d’anecdotes, de

dialogues imaginaires, d’adages ou de sentences que nous vous invitons

à découvrir dans cet ouvrage. Pour chaque citation, vous trouverez :

• le contexte de sa rédaction ;

• ses différentes interprétations ;

• l’actualité de son message.

ReligionEYROLLES PRATIQUE

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PhILIPPE hAddAd est diplômé du séminaire israélite de France. Rabbin de la communauté ULIF Copernic à Paris, il est également aumônier des scouts israélites de France. Il est déjà l’auteur de La Torah, dans la collection Eyrolles pratique.

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Tous les thèmes du judaïsme Une approche immédiate Un auteur spécialiste

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Philippe Haddad

citations talmudiquesexpliquées150 citations pour se FAMILIARISER avec le TALMud et dÉCOuVRIRla tradition juive

Citations talmudiques expliquéesAccessible, précis et complet, ce livre propose 150 citations extraites

des textes fondateurs de la tradition juive, le Talmud de Jérusalem et

le Talmud de Babylone. En tant que commentaire de la Torah, le Talmud

a produit autant d’analyses rigoureuses que de récits, d’anecdotes, de

dialogues imaginaires, d’adages ou de sentences que nous vous invitons

à découvrir dans cet ouvrage. Pour chaque citation, vous trouverez :

• le contexte de sa rédaction ;

• ses différentes interprétations ;

• l’actualité de son message.

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PhILIPPE hAddAd est diplômé du séminaire israélite de France. Rabbin de la communauté ULIF Copernic à Paris, il est également aumônier des scouts israélites de France. Il est déjà l’auteur de La Torah, dans la collection Eyrolles pratique.

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Tous les thèmes du judaïsme Une approche immédiate Un auteur spécialiste

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CITATIONS TALMUDIQUES

EXPLIQUÉES

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CITATIONS TALMUDIQUES

EXPLIQUÉES

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CITATIONS TALMUDIQUES

EXPLIQUÉES

Philippe Haddad

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Éditions Eyrolles61, bd Saint-Germain75240 Paris Cedex 05www.editions-eyrolles.com

Mise en pages : Istria

Le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992 interdit en effet expressé-ment la photocopie à usage collectif sans autorisation des ayants droit. Or, cette pratique s’est généralisée, notamment dans les établissements d’enseignement, pro-voquant une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est

aujourd’hui menacée.En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiel-lement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.

© Groupe Eyrolles, 2013, 2017

ISBN : 978-2-212-56713-7

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SOMMAIRE

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9La sagesse du Talmud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

L’Écrit et la Parole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9Le rite et la pensée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11

Pour lire ce livre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13

Partie 1 Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15

Partie 2 L’humanité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37

Partie 3 Les vertus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119

Partie 4 La foi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147

Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174

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« Pour acquérir la sagesse, étudie les proverbes. »

Le roi Salomon

« Un proverbe, quand il vient à propos, est toujours bon à entendre. »

Plaute

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INTRODUCTION

La sagesse du Talmud

L’Écrit et la Parole

Chaque religion possède ses écrits fondateurs. Le judaïsme n’échappe pas à la règle qui s’appuie sur la Torah.Stricto sensu, la Torah correspond au Pentateuque, c’est-à-dire les cinq livres de Moïse. Au sens large, le terme désigne la totalité de la Bible, soit un ensemble de vingt-quatre livres, canonisés par les rabbins, et appelés dans la tradition chrétienne l’Ancien Testament1.L’objet de notre premier ouvrage publié aux Éditions Eyrolles, La Torah, visait à présenter une lecture en survol de ces vingt-quatre livres bibliques. Avec ce second volet, nous proposons de découvrir un autre aspect de cette Torah : sa dimension orale.En effet, qui veut connaître le judaïsme dans sa dimension reli-gieuse ne peut ignorer l’histoire de cette pensée largement féconde. Aujourd’hui encore, les milieux croyants, des plus scrupuleux aux plus libéraux, étayent leur rapport à Dieu, à l’homme et au monde, à travers cette littérature. Même dans l’univers israélite laïc, des écri-vains, des peintres, voire des scientifiques2 se réfèrent souvent à cette spécificité de la Torah orale.Définissons-la !La croyance en l’existence de cette Torah orale – l’hébreu dit Torah chébéal pé « Torah sur la bouche » – constitue un acte de foi pour le judaïsme traditionnel. Ainsi Moïse ne reçoit pas uniquement de la part de Dieu un Décalogue gravé sur des tables de pierre et un

1. Aujourd’hui on utilise aussi l’expression « Première Alliance ».2. Par exemple Haïm Béziz, Un mathématicien juif, Ed. Beauchesne.

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rouleau de parchemin contenant la parole divine, mais il recueille du Législateur suprême un commentaire « de bouche à bouche3 ».L’imaginaire rabbinique a été prolixe à décrire cette rencontre comparable à celle d’un maître et de son disciple : Dieu, le Rabbi et Moïse, le talmid ; le sommet du Sinaï se métamorphosant alors… en maison d’étude.Dans cette logique, le rapport à la Torah écrite ne se limite plus à une lecture répétitive dans le cadre normatif de la liturgie synagogale annuelle. Elle ouvre sur des interprétations aussi plurielles que le nombre de consciences qui s’investissent pour l’interpréter.Une tradition orale, justement, enseigne qu’il existe 600  000 commentaires de la Torah. Or ce chiffre correspond au nombre d’Hébreux présents lors de la théophanie du Sinaï. Une manière d’affirmer qu’il existe autant de commentaires que de commenta-teurs. Ainsi chaque étudiante, chaque étudiant véhicule son propre éclaircissement, pour peu qu’il décide d’investir de sa pensée et de son cœur dans le Livre.Chemin faisant, la Torah orale s’élargit d’enseignements nouveaux, telle une rivière impétueuse abreuvée par de nombreux cours d’eau émergeant ici et là. Si les premiers affluents proviennent des temps les plus reculés du peuple hébreu, cette Torah orale va connaître un véritable développement au retour de l’exil babylonien, avec Esdras, autour du cinquième siècle avant l’ère chrétienne.À cette époque, la tradition orale demeure. Mais les temps changent avec les siècles. La destruction du second Temple de Jérusalem en 70 par Titus, suivie de l’échec de la guerre des Juifs contre Rome en 133-135, qui entraîne le martyr de tant de Rabbis, oblige à coucher cette mémoire par écrit.Entre 200 et 220, Rabbi Yéhouda Hanassi, Juda le Prince, président du grand Sanhédrin, dirige la compilation de cette somme de savoir. Cette première forme écrite prend le nom de Michna, « Enseigne-

3. Nombres 22, 8.

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11Introduction

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ment répété  », soit soixante traités divisés en Six Ordres (Chicha Sédarim).La Michna, trop ramassée en son texte, est à son tour commentée par les Rabbis4 palestiniens, rescapés des catastrophes, et parallèle-ment par les Rav babyloniens. Ce grand commentaire, présenté sous forme de discussions, est nommé Guémara ou « Complément  ». L’ensemble Michna et Guémara porte le nom de Talmud, « ce qui est étudié », divisé en deux Talmud : le Talmud de Jérusalem et le Talmud de Babylone.À côté de ces deux monuments littéraires, d’autres livres sont compo-sés qui rassemblent des textes qui n’ont pu trouver leur place dans les premières compilations, comme les Chapitres de Rabbi Eliézer ou le Traité des Pères de Rabbi Nathan auxquels nous nous référerons aussi dans cet ouvrage.

Le rite et la pensée

En étudiant le Talmud, nous découvrons une herméneutique spéci-fique au judaïsme rabbinique ou pharisien, fondée sur des clefs d’in-terprétation parfois originales.Concrètement, il existe treize règles pour déduire des lois rituelles (par exemple le raisonnement a fortiori ou le raisonnement par analogie) et trente-deux règles pour déduire des enseignements à caractère moral, religieux et spirituel (par exemple la parabole ou la valeur numérique des lettres5). De quoi s’agit-il exactement ?Le premier aspect de la Torah orale se nomme halakha ou « démarche rituelle », le second aggada ou «  récit ». La halakha gère la praxis juive au quotidien, le rite (la prière, l’alimentation, la vie familiale, le travail, les solennités, etc.) ; la aggada inspire la pensée et le cœur du croyant.

4. En Judée (Palestine), on appelait un maître Rabbi « Mon maître », en Babylonie, Rav « Maître ». Signalons que les deux titres proviennent de la racine rav « beaucoup », un maître représentant beaucoup de savoir. Un lien avec notre rab de la cantine ?!5. Gamatria ou numérologie.

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À sa manière, le judaïsme propose un équilibre entre la lettre et l’es-prit.Le rituel quotidien composé de gestes, d’objets de culte, de devoirs ou d’interdits, même s’il peut paraître de prime abord contraignant (surtout dans un monde qui se défait sans cesse de la contrainte au profit de la satisfaction individualiste) perpétue la communauté des croyants. Et il rend surtout possible une transmission concrète à la jeunesse.Il reste indéniable que le passage d’une génération à l’autre s’ac-complit davantage dans le partage d’un vécu que dans la diffusion d’idéaux, aussi nobles soient-ils, toujours éthérés. La fraternité, par exemple, constitue l’un des triptyques de notre République fran-çaise. Pourtant sans une éthique républicaine concrète et obligeante, la valeur demeurera une inscription anonyme sur les frontispices de nos mairies.D’un autre côté, le rite court toujours le risque de se dénaturer, de s’étioler, de se scléroser, sans un sens qui lui offre une sève vivi-fiante, une âme pour l’illuminer. La aggada remplit ce rôle qui, pour tout rite ou pour tout verset, présente un bouquet d’interprétations, donnant à penser un au-delà du gestuel, un au-delà du textuel.Certes, et on le découvrira dans notre ouvrage, l’herméneutique rabbinique reste souvent déroutante, déconcertante pour le fidèle cartésien. Les versets, les mots sont ici criblés, tamisés, déconstruits, reconstruits, décomposés, transformés, selon une logique étonnante. Tout se passe comme si les phrases et les vocables constituaient un corps complexe qu’un chimiste de la pensée voulait mieux isoler.Il faudra, cher ami lecteur, accepter ce jeu de la pensée pré-carté-sienne ou a-cartésienne, une autre pensée ou une pensée autre, celle dont a si brillamment parlé Michel Foucault dans Les Mots et les Choses.Par-delà la méthode, l’originalité talmudique s’exprime dans ses conclusions qui ouvrent sur une sagesse qui, à défaut de s’inscrire dans la (post-)modernité, parle (ou peut parler) à l’éternel humain. N’est-ce pas en cela qu’une sagesse se reconnaît ?

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Que ce soit du côté du rite ou du côté de la pensée, le Talmud a produit autant d’analyses rigoureuses que de récits, d’anecdotes, de dialogues imaginaires, ainsi que des dires, des adages et des sentences, dont nous avons alimenté notre ouvrage. Soit 150 bouchées de citations.Ces expressions, devenues parfois proverbiales, n’ont jamais possédé un caractère absolu, en s’imposant à l’ensemble des croyants – d’au-tant plus qu’un autre maître avançait le plus souvent l’idée inverse6 – mais ils ont indubitablement donné sa coloration au judaïsme histo-rique.

Pour lire ce livreParmi les milliers de citations qui parsèment « la mer du Talmud », il a fallu faire le choix de nos 150 citations concernant Dieu, l’homme, la société, la vie, etc.Selon notre subjectivité d’auteur, nous avons retenu les aphorismes qui nous paraissaient présenter quelque intérêt pour le lecteur non initié au judaïsme. Notre ouvrage se voulant «  livre d’ouverture  » plutôt qu’« ouvrage de référence », nous avons volontairement omis le nom des énonciateurs, sauf rares exceptions, pour ne garder que l’esprit du message.Bien qu’ayant choisi un ordre logique à notre sommaire, un tel opuscule offre pour autant l’avantage d’être lu à partir de n’importe quelle entrée.En parcourant nos pages, l’homme cultivé pourra entendre dans ces énoncés antiques de Judée et de Babylonie quelques réminiscences de sentences émanant d’autres lieux ou d’autres temps. Comment expliquer le phénomène ? Comment justifier que des hommes, de contrées et d’époques si différentes – et sans jamais avoir entendu la langue de l’autre – aient pu formuler des sagesses parallèles ?

6. Le Talmud se fonde sur le principe d’opposition ou mahloketh. Cf. « Celles-ci et celles-là sont les paroles du Dieu vivant. »

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N’est-ce pas en scrutant l’âme humaine universelle que l’on trou-vera la réponse ? Les hommes d’autrefois et ceux d’aujourd’hui, ceux d’Orient et d’Occident ne sont sans doute pas si différents sur les questions fondamentales : le sens de la vie, l’amour, le bonheur ou la mort. Seule la manière spécifique de le dire fera toute la singularité du propos.En remerciant de nouveau les éditions Eyrolles, et tout particulière-ment Agnès Fontaine, de leur confiance, nous espérons que nos 150 citations offriront une saveur mémorable à ceux qui goûteront ces hors-d’œuvre de la pensée juive.

Abréviations

TB = Talmud de Babylone

TJ = Talmud de Jérusalem

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PARTIE 1

DIEU

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« Chalom (“Paix”) est le nom de Dieu, Emet (“Vérité”) son sceau. »

TB Chabbat 55a.

Le Dieu biblique possède plusieurs noms, dont YHWH (lire Adonaï) et Elohim. Désirant conserver ces noms saints au temps liturgique, le Talmud crée des formules pour désigner l’Être suprême : « Le Saint, béni soit-Il », « Notre Père qui est aux cieux » ; parfois il utilise des valeurs morales.Qu’est-ce qu’un nom ? Le mot par lequel le sujet peut être appelé. Qu’est-ce qu’un sceau ? La trace qu’un sujet libre laisse de lui-même.• Le nom de Dieu ? Chalom. La paix s’entend comme l’harmonie

des contraires. L’univoque, l’uniformité n’appartiennent pas à la paix de Dieu. D’ailleurs, Dieu fonde les dualités  : ciel – terre, lumière – obscurité, féminin – masculin, etc.

• Le sceau divin  ? Emet. La vérité traduit la permanence, la constance. « Le mensonge possède plusieurs visages, la vérité, un seul. »

Paix et vérité s’affrontent-elles parfois ? Au nom de la paix, nous acceptons des arrangements qui ébranlent la vérité ; nos existences connaissent nos petits mensonges. La vérité, quant à elle, ne peut accepter le moindre compromis sans se trahir elle-même. Dilemme cornélien !Le Talmud place au final la Paix avant la Vérité : effacer la signature pour sauvegarder le nom.Quand règne la paix, celle des peuples, des croyants, la recherche de la vérité peut s’envisager. Hélas combien de fois au nom des « véri-tés » – religieuses ou politiques – la paix a-t-elle été bafouée pour le malheur des hommes ?

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« La Torah est le nom de Dieu. »TB Chabbat 105a.

La Talmud considère les travaux qui caractérisent l’activité humaine par rapport à l’activité animale ; entre autres l’écriture. En écrivant, l’homme traduit sa pensée, il mémorise et communique. L’écriture permet aussi de recopier le rouleau de la Torah, les Saintes Écritures. Pour les maîtres, cette Torah ne renvoie pas seulement à l’histoire antique d’Israël, mais l’ensemble du livre de Moïse serait le nom divin.Le Talmud justifie son dire par le principe de notarikon7, qui prend les lettres d’un mot en initiales d’une phrase. Ici le mot inaugural du Décalogue, ANOKHY « Je suis » devient l’acrostiche de : Ana Nafchi Kétivat Yéhévit, « J’ai placé Mon être dans l’Écriture ».En affirmant que l’ensemble de la Torah désigne le nom divin, le Talmud veut prolonger la théophanie du Sinaï pour chaque géné-ration, qui considérera alors le rouleau avec ferveur et vénération.Dieu s’incarne dans un livre à méditer, à étudier et à transmettre. Il se dissimule, tel un filigrane, dans la texture des récits bibliques, de la législation du Sinaï ou dans les oracles de Moïse.Si la présence divine reste toujours sujette au doute, son dévoilement pourra s’accomplir par l’appropriation incessante d’une parole qui parle le langage des hommes.Le texte devient prétexte d’une rencontre ultime entre la créature et son Créateur. Le visage de l’étudiant penché sur le folio hébraïque relève d’un face-à-face éloquent.

7. Du latin notarius, « écrivain ».

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« Là où tu trouves la grandeur de Dieu, là tu trouves Son humilité. »

TB Méguila 31a.

Analysant la Bible, le Talmud met en exergue les voies par lesquelles Dieu se révèle. Versets à l’appui, il montre que la toute-puissance divine n’écrase jamais ses créatures, mais qu’elle se conjugue avec l’amour de Dieu pour les plus faibles.En Deutéronome (10, 17) : « L’Éternel, votre Dieu, est le Dieu des dieux et le Maître des maîtres, souverain, puissant et redoutable… » Et au verset suivant : « Il fait justice pour l’orphelin et la veuve. »En Isaïe (57, 15) : « Ainsi parle l’Éternel très haut et suprême, Celui qui habite l’Éternité et qui a nom le Saint. » Et à la fin du verset : « Il est dans les cœurs contrits et humbles, pour vivifier l’esprit des pauvres, ranimant le cœur des affligés. »Dans les Psaumes (68, 5) : « Exaltez Celui qui chevauche dans les hauteurs célestes, Éternel est Son nom. » Au verset suivant : « Dieu est père des orphelins, défenseur des veuves… »Le Talmud souligne deux dimensions divines que les théologiens nomment transcendance et immanence. Dieu est transcendant, car son Être se situe au-dessus de toute réalité mondaine. A contrario, Dieu est immanent, car Dieu agit au sein de Sa création.Grandeur et humilité de Dieu ne se contredisent pas. Ce Dieu insai-sissable par la pensée, que les Cieux ne peuvent contenir, se dévoile comme le Dieu des opprimés et des malheureux, initiant un chemin à imiter par les hommes.

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