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RÉALISÉ EN PARTENARIAT AVEC LE MAGAZINE CHRONIQUES DISQUES, DVD JOHANN SEBASTIAN BACH (1685-1750) 6 Partitas de la Clavier-Übung I Rafael Puyana (clavecin) Sanctus 3 CD SCS027028029. 2013. 2 h 36’ n Disparu en mars 2013 à l’âge de 81 ans, Rafael Puyana recherchait depuis quelques années la compagnie des mi- cros que sa longue carrière avait plutôt tenue à distance. Par-delà l’aspect émouvant de ce qui constitue – sauf er- reur – son dernier enregis- trement (effectué à son do- micile parisien), ce superbe livre-disque revêt une dimen- sion singulière à plus d’un ti- tre : dans la notice, le dernier élève de Wanda Landowska argumente ses choix (tempos, ornementations…), fait valoir sa fréquentation du répertoire baroque et sa connaissance de la facture instrumentale, n’hésitant pas, au passage, à flétrir de mauvaises traditions. Pourtant, on aurait tort d’y voir une attitude docte et pro- fessorale : en véritable dé- miurge plus fidèle à l’esprit qu’à la lettre, Puyana nous li- vre une interprétation haute en couleurs des Six Partitas. Cet instrument, dont il nous est relaté l’origine et donné à voir la splendeur, n’est autre que le fameux clavecin à trois claviers de Hieronymus Al- brecht Hass (1740). Grisé par ce qu’il a sous les doigts et avec la volonté de tirer profit de ses multiples potentialités, le claveciniste colombien confère une di- mension orchestrale aux suites de danses par le biais des re- gistrations, tel le registre « na- sal », afin d’évoquer la musette ou le jeu de 16’ pieds dans le 1 n PIANISTE n°85 n mars-avril 2014 C omment ressentez-vous l’univers musical de Tansman ? J’ai eu un premier coup de foudre pour sa musique en enregistrant, en 2006, sa musique de chambre pour clarinette. Le choc s’est amplifié en gravant les 24 Intermezzi et la Petite Suite. Puis, l’une des deux filles du compositeur, Mireille Tansman, m’a parlé des Ballades, et je me suis lancé à nouveau dans l’aventure. La musique de Tansman est pudique dans l’expression de la nostalgie et de la souffrance. Bien qu’il possédât un sens aigu de l’humour, Tansman dissimulait sa fragilité dans la musique. Elle demeure finalement assez proche de la sensibilité de son compatriote, Chopin. Parlez-nous de l’esthétique de sa musique… Je peux vous parler « des » esthétiques du compositeur. Son œuvre est un kaléidoscope sonore. Des harmonies, des accords n’appartiennent qu’à lui. Ils sont sa « signature ». Mais si le style est reconnaissable, il appartient aussi à son époque. Les Huit Cantilènes en hommage à J.S. Bach sont assurément d’une veine romantisée et la Suite dans le style ancien, d’une écriture toute néoclassique. Les influences de Stravinski, Prokofiev, Szymanowski (dans les Ballades, par exemple) et de Ravel, un certain esprit français d’avant-guerre sont perceptibles. La technique héritée de Chopin demeure éminemment pianistique, fluide. Tansman était un grand interprète dont on devine le jeu, la délicatesse du toucher. Étant naturellement attirée par la musique française, je comprends ce goût pour la nuance, les demi-teintes. Comment seraient les niveaux de difficultés de ces pièces ? Les Huit Cantilènes sont abordables pour un bon amateur, de niveau moyen. Le travail de cette musique très polyphonique doit se concentrer sur le phrasé, la qualité du legato, l’emploi des pédales. Pour les niveaux inférieurs, la Petite Suite est parfaite pour les débutants-moyens. Les plus avancés techniquement s’intéresseront à une sélection d’Intermezzi. Tansman aborde une virtuosité comparable à celle de l’Opus 11 de Scriabine et des Préludes de Chopin. Les Ballades se situent également à un niveau supérieur. Comment voyez-vous l’avenir de la musique de Tansman ? Le musicien français d’origine polonaise et son œuvre ont subi les aléas de l’Histoire (la Seconde Guerre mondiale, puis l’exil). Par la suite, sa musique a été peu enregistrée, ce qui explique qu’elle soit encore largement ÉLIANE REYES TANSMAN, PASSIONNÉMENT LA PIANISTE BELGE CONSACRE UN NOUVEAU DISQUE CHEZ NAXOS À L’ŒUVRE D’ALEXANDRE TANSMAN. UN JALON IMPORTANT DANS LA REDÉCOUVERTE D’UN COMPOSITEUR MÉCONNU. JEAN-BAPTISTE MILLOT Capriccio de la Deuxième Par- tita qui dégage une orgie so- nore digne d’un autre capric- cio, espagnol celui-là… Idéale pour varier les reprises et ca- ractériser ce que Bach appe- lait les « galanteries », cette variété de timbres pourra ail- leurs paraître envahissante. Aussi la Sarabande de la Par- tita en si bémol perd-t-elle en confidentialité ce qu’elle gagne en exaltation. Mais une fois le principe admis, cette version peu idiomatique ne laissera pas de vous dévoiler ses merveilles, redevables tout autant à une intelligence lu- mineuse du texte qu’à un art accompli du phrasé. Splen- dide. Jérémie Bigorie LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770-1827) Symphonies n os 3 et n° 8 [

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R É A L I S É E N P A R T E N A R I A T A V E C L E M A G A Z I N E

CHRONIQUES DISQUES, DVD

JOHANN SEBASTIANBACH(1685-1750)

6 Partitas de la Clavier-Übung IRafael Puyana (clavecin)Sanctus 3 CD SCS027028029.2013. 2 h 36’n Disparu en mars 2013 àl’âge de 81 ans, Rafael Puyanarecherchait depuis quelquesannées la compagnie des mi-cros que sa longue carrièreavait plutôt tenue à distance.Par-delà l’aspect émouvantde ce qui constitue – sauf er-reur – son dernier enregis-trement (effectué à son do-micile parisien), ce superbelivre-disque revêt une dimen-sion singulière à plus d’un ti-tre : dans la notice, le dernierélève de Wanda Landowskaargumente ses choix (tempos,ornementations…), fait valoirsa fréquentation du répertoirebaroque et sa connaissancede la facture instrumentale,n’hésitant pas, au passage, àflétrir de mauvaises traditions.Pourtant, on aurait tort d’yvoir une attitude docte et pro-fessorale : en véritable dé-miurge plus fidèle à l’espritqu’à la lettre, Puyana nous li-vre une interprétation hauteen couleurs des Six Partitas.Cet instrument, dont il nousest relaté l’origine et donné àvoir la splendeur, n’est autreque le fameux clavecin à troisclaviers de Hieronymus Al-brecht Hass (1740).Grisé par ce qu’il a sous lesdoigts et avec la volonté detirer profit de ses multiplespotentialités, le clavecinistecolombien confère une di-mension orchestrale aux suitesde danses par le biais des re-gistrations, tel le registre « na-sal », afin d’évoquer la musetteou le jeu de 16’ pieds dans le

1 n PIANISTE n°85 n mars-avril 2014

Comment ressentez-vousl’univers musical deTansman? J’ai eu un premier coup de

foudre pour sa musique enenregistrant, en 2006, sa musique dechambre pour clarinette. Le choc s’estamplifié en gravant les 24 Intermezziet la Petite Suite. Puis, l’une des deuxfilles du compositeur, Mireille Tansman,m’a parlé des Ballades, et je me suislancé à nouveau dans l’aventure. Lamusique de Tansman est pudique dansl’expression de la nostalgie et de lasouffrance. Bien qu’il possédât un sens

aigu de l’humour, Tansman dissimulaitsa fragilité dans la musique. Elledemeure finalement assez proche de lasensibilité de son compatriote, Chopin.Parlez-nous de l’esthétique de samusique… Je peux vous parler «des» esthétiquesdu compositeur. Son œuvre est unkaléidoscope sonore. Des harmonies,des accords n’appartiennent qu’à lui.Ils sont sa «signature». Mais si le styleest reconnaissable, il appartient aussi à son époque. Les Huit Cantilènes enhommage à J.S. Bach sont assurémentd’une veine romantisée et la Suite dans

le style ancien, d’uneécriture toute néoclassique.Les influences de Stravinski,Prokofiev, Szymanowski(dans les Ballades, parexemple) et de Ravel, uncertain esprit françaisd’avant-guerre sontperceptibles. La techniquehéritée de Chopin demeureéminemment pianistique,fluide. Tansman était ungrand interprète dont ondevine le jeu, la délicatessedu toucher. Étantnaturellement attirée par la musique française, je comprends ce goût pourla nuance, les demi-teintes. Comment seraient les niveaux de difficultésde ces pièces ?Les Huit Cantilènes sontabordables pour un bonamateur, de niveau moyen.Le travail de cette musiquetrès polyphonique doit se concentrer sur le phrasé,la qualité du legato,l’emploi des pédales. Pourles niveaux inférieurs, la Petite Suite est parfaitepour les débutants-moyens.

Les plus avancés techniquements’intéresseront à une sélectiond’Intermezzi. Tansman aborde unevirtuosité comparable à celle de l’Opus 11 de Scriabine et des Préludesde Chopin. Les Ballades se situentégalement à un niveau supérieur. Comment voyez-vous l’avenir de lamusique de Tansman ? Le musicien français d’origine polonaiseet son œuvre ont subi les aléas del’Histoire (la Seconde Guerre mondiale,puis l’exil). Par la suite, sa musique a été peu enregistrée, ce qui expliquequ’elle soit encore largement

ÉLIANE REYESTANSMAN, PASSIONNÉMENTLA PIANISTE BELGE CONSACRE UN NOUVEAUDISQUE CHEZ NAXOS À L’ŒUVRE D’ALEXANDRETANSMAN. UN JALON IMPORTANT DANS LA REDÉCOUVERTE D’UN COMPOSITEUR MÉCONNU.

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Capricciode la Deuxième Par-tita qui dégage une orgie so-nore digne d’un autre capric-cio, espagnol celui-là… Idéalepour varier les reprises et ca-ractériser ce que Bach appe-lait les « galanteries », cettevariété de timbres pourra ail-leurs paraître envahissante.Aussi la Sarabande de la Par-tita en si bémol perd-t-elle en

confidentialité ce qu’ellegagne en exaltation. Mais unefois le principe admis, cetteversion peu idiomatique nelaissera pas de vous dévoilerses merveilles, redevables toutautant à une intelligence lu-mineuse du texte qu’à un artaccompli du phrasé. Splen-dide.

Jérémie Bigorie

LUDWIG VANBEETHOVEN(1770-1827)

Symphonies nos 3 et n° 8

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mars-avril 2014 n PIANISTE n°85 n 2

et de clarté correspondaientidéalement à l’écriture bee-thovénienne. La structuredes partitions, leur concen-tration rythmique (7e), lecantabile quasi schubertien(6e), tout convergeait versune vision symphonique –une polyphonie décantée etprécise – de l’œuvre parLiszt et par Martynov. Ici,l’instrument paraît déjàmoins présent alors qu’il eutfallu privilégier davantagela présence de la matière so-nore, la “personnalité” duclavier. On a le sentimentque les micros se sont éloi-gnés du clavier. Les tim-bres si ronds dans le mé-dium et les graves, les aigusperlés perdent de leur net-teté dans les passages pul-sés. Le centre du clavier sebrouille (Scherzo et finale del’Héroïque). Et pourtant,Martynov se « bat » avecune sensibilité magnifique,pensant « orchestre » àchaque mesure de la Marchefunèbre de l’Héroïque. Le résultat est saisissant devérité. Tout comme dans la8e Symphonie, d’autant plusen adéquation avec l’instru-ment que la prise de son aété modifiée. Davantaged’aération, de clarté et definesse équilibre l’ambitusdu Blüthner. Malgré nosquelques réserves, ce vo-lume demeure chaudementrecommandable.

StéphaneFriédérich

FERRUCCIO BUSONI(1866-1924)

«Dernières œuvres pour piano ». Élégies.Sonatines. Toccata.Klavierübung (extr.).

Journal indien. Fantaisie d’après J. S.BachMarc-André Hamelin (piano)Hyperion 3 CD CDA679513.2011, 2012. 3 h 15’nCette anthologie rassemblecertaines des pages toutespostérieures à 1907, c’est-à-dire datant de la maturité deBusoni. La muse large et gé-néreuse du musicien, à l’ins-tar de celle de Michel-Ange,brasse les matériaux les plusdivers. Certains morceauxaffichent fièrement leur ita-lianité, comme l’Élégie n° 2,All’Italia, qui juxtapose lasentimentalité appuyée demélodies napolitaines au briovertigineux de la tarentelle.D’autres, à l’opposé, culti-vent une germanité inspiréede Bach (idolâtré par l’au-teur), férue d’artificescontrapuntiques, de chro-matismes et de dissonan ces :tel est l’univers plus intel-lectuel du Klavierübung dontles contrepoints aérés an-noncent les inspirationsmystiques tardives d’unHindemith. L’exercice (pratique spor-tive du clavier et jeux in-tellectuels du contrepoint)est la pierre angulaire deces musiques dont il justifieaussi bien l’éblouissante vir-tuosité pianistique quel’écriture abrupte souventvoisine du dernier Beetho-ven (Fantaisie d’après J.S.Bach, Variations cano-niques). Mais la plume deBusoni est aussi celle d’unbrillant styliste, capable des’assimiler la personnalitéde ses devanciers avec uneliberté telle que ses adap-tations deviennent des œu-vres originales : tel est leprincipe des innombrables« Bach-Busoni » ; mais cetalbum nous propose égale-ment du « Chopin-Bu-soni » et surtout du « Bi-zet-Busoni » (Sonatine n° 5)très attrayant par sa volu-bilité et ses citations deCarmen. Et il y a enfin Bu-soni le futuriste, tissantdans sa Sonatine n° 2

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ALEXANDRE TANSMAN (1897-1986)Suite dans le style ancien. Ballades nos 1 à 3. Arabesques. Cinq Impressions. Huit CantilenasÉliane Reyes (piano)Naxos 8.573021. 2013. 1 h 14’n Le piano de Tansman est à la fois intri-gant et généreux. Intrigant car les influencesqui se croisent (néoclassiques, romantiques,impressionnistes…) se diluent dans l’éner-gie personnelle d’une écriture qui ne s’em-barrasse pas des contraintes de choix es-thétiques. Tansman écrit comme cela luivient – du moins, c’est la sensationqu’éprouve l’auditeur – déroutant par l’ori-ginalité de tel accent ou telle harmoniequi «décalent» l’atmosphère de la phrase. Généreux, ensuite, parce que ces œuvresne retiennent pas leur émotion. Quand ils’agit de laisser «filer» le chant du cantabileitalien (Suite dans le style ancien), ou bienl’austère polyphonie héritée de Buxtehude(Cantilènes en hommage à Bach), ce pianoporte l’émotion jusqu’à l’ultime souffle devie des résolutions harmoniques. Pour sonsecond volume consacré au piano seul ducompositeur, Éliane Reyes joue parfaite-ment de l’ambivalence, du caractère in-saisissable des traits et arpèges. Le toucherest aussi volatile qu’il peut être puissantet massif dans les ballades. Le jeu se fonddans les partitions. Dans les Ballades, ilsert la logique d’une architecture complexe.À cette modernité de forme répond uneautre modernité, celle d’un travail sur lesharmonies dans les Arabesques et les CinqImpressions. Ces pièces de 1930 et 1934ouvrent magnifiquement des perspectivessonoristes entendues chez Mompou et,bien plus tard dansle piano de BillEvans. Avec Tans-man, on découvre ununivers captivant,servi ici par une in-terprète qui sait ledéfendre S. F.

En concert10 mars, Conservatoire de Nice : récitaldans la série des concerts Blüthner. www.eliane-reyes.com

méconnue bien que beaucoup de jeunes pianistes aient joué sespièces à vocation pédagogique,merveilleusement bien écrites. J’ai faitentendre sa musique à des interprètestels que Martha Argerich et VladimirAshkenazy qui ne la connaissaient pas et en furent surpris. L’œuvre de Tansman prendra sa juste placedans quelques années. Et je suis sûrequ’elle sera éminente ! Envisageriez-vous une intégrale audisque ? Vous voulez dire enregistrer 19 CD de musique pour piano seul, plus 6 CD avec les pièces à quatre mains et deux pianos ? Je n’en sais rien pourl’instant. L’avenir nous le dira. Recherchez-vous certains types depianos ? J’apprécie les pianos «typés» commeles Blüthner, aux sonorités rondes, aux basses chaleureuses. Ils offrent untoucher moelleux, mais aussi puissantsans être jamais clinquant. Les pianosanciens sont souvent très beaux mais ils manquent de son. Il fautpourtant les connaître et c’est la raisonpour laquelle j’ai fait des stages avecPaul Badura-Skoda. Parlez-nous de vos projets… Le Palazzetto Bru Zane apporte sonsoutien à mon prochain disqueconsacré à des pièces variées dont lessonates de Benjamin Godard. Ce double CD sortira fin 2015 auxéditions Grand Piano. Finalement,j’aime par-dessus tout ce grandromantisme : celui de Chopin et parconséquent de Tansman, du côtépolonais, et de Godard, du côté français !

Propos recueillis par Stéphane Friédérich

(transcriptions FranzLiszt)Yuri Martynov (piano)Zig Zag Territoires ZZT336 2CD.2013. 1 h 21’n Après les deux premiersvolumes présentant lesSymphonies nos 1, 2, 6 et 7,sidérantes de justesse, d’in-telligence, de musicalité,avouons ici une légère dé-

win Beunk en lieu et placede l’Erard de 1837 jouédans les deux premiers vo-lumes. Le problème est quenous entendons un pianoancien autrement moinsriche que le précédent. Lesvariations de couleurs, detimbres inhérentes à lastructure de l’Erard, ce mé-lange de texture granuleuse

ception. L’engagement deYuri Martynov n’est nulle-ment en cause. L’artiste estdans ce domaine et à ce joursans concurrence. Mais,puisque ce projet d’une in-tégrale repose aussi sur lechoix d’un instrument, ilfaut bien juger celui-ci. Ils’agit d’un Blüthner de1867, de la collection d’Ed-