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1 CHIRURGIE DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR Volume 2 Professeur J.J. ROMBOUTS et Professeur Ch. DELLOYE CHAPITRE VII : PATHOLOGIE PAR REGION I. Ceinture scapulaire et humérus Plan A. Rappel physiologique 1. Anatomie fonctionnelle de l'épaule 2. Mouvements de l'épaule B. Pathologie traumatique 1. Fracture de la clavicule 2. Luxation acromio-claviculaire 3. Fracture de l'extrémité supérieure de l'humérus Fracture du col chirurgical Fracture du col anatomique 4. Fracture de la diaphyse humérale 5. La luxation traumatique de l'épaule Luxation antérieure Luxation antérieure récidivante Luxation postérieure C. Pathologie non traumatique de l'épaule 1. Tendinopathie de la coiffe des rotateurs La calcification La tendinite La rupture 2. L'épaule gelée ou la capsulite rétractile

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1

CHIRURGIE DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR

Volume 2

Professeur J.J. ROMBOUTS et

Professeur Ch. DELLOYE

CHAPITRE VII : PATHOLOGIE PAR REGION

I. Ceinture scapulaire et humérus

Plan

A. Rappel physiologique

1. Anatomie fonctionnelle de l'épaule

2. Mouvements de l'épaule

B. Pathologie traumatique

1. Fracture de la clavicule

2. Luxation acromio-claviculaire

3. Fracture de l'extrémité supérieure de l'humérus

Fracture du col chirurgical

Fracture du col anatomique

4. Fracture de la diaphyse humérale

5. La luxation traumatique de l'épaule

Luxation antérieure

Luxation antérieure récidivante

Luxation postérieure

C. Pathologie non traumatique de l'épaule

1. Tendinopathie de la coiffe des rotateurs

La calcification

La tendinite

La rupture

2. L'épaule gelée ou la capsulite rétractile

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A. Rappel physiologique

1. Anatomie fonctionnelle de l'épaule

La ceinture scapulaire est une chaîne articulaire qui arrime le membre supérieur au corps. L'épaule en

est le principal complexe articulaire. C'est la plus mobile des articulations du corps. C'est aussi la

plus exposée à l'instabilité car les pièces osseuses comme telles sont peu congruentes et la stabilité

repose essentiellement sur les ligaments et les tendons. Ce sont les tendons dits de la coiffe des

rotateurs qui sont les plus menacés par l'usure car ils assurent un rôle de coapteurs càd qu'ils

maintiennent la tête humérale contre la glène durant toute l'élévation. Une élévation harmonieuse et,

si nécessaire avec force, requiert un deltoïde normal et une coiffe saine.

Les mouvements complexes de l'épaules sont assurés par l'articulations gléno-humérale, l'acromio-

claviculaire , la sterno-claviculaire et deux plans de glissement que sont la bourse séreuse acromio-

deltoïdienne et la scapulo-thoracique. Cette dernière assure le glissement de l’omoplate sur la paroi

thoracique. Lors de l'élévation, l'omoplate bascule au fur et à mesure de l'élévation du bras. Dans les

180° d'élévation, 120° sont réalisés dans la gléno-humérale et 60° dans la bascule de l’omoplate.

L'épaule est donc une articulation complexe, requérant une synergie articulaire et musculaire. Elle est

donc fragile, menacée à la fois par l'instabilité et l'enraidissement.

2. Mouvements de l'épaule

Abduction-adduction

L'abduction est l'élévation du bras dans le plan frontal (c'est une élévation latérale). Elle est due à la

contraction simultanée du deltoïde et du supra-épineux. Ce dernier "plaque" la tête contre la glène,

évitant l'ascension de la tête humérale. L'amplitude maximale est de 180° (verticale) et résulte de la

mobilisation combinée de la gléno-humérale et scapulo-thoracique, cette dernière fournissant le tiers

de l'amplitude totale (120° + 60°).

L'adduction se fait grâce aux muscles rhomboïde, grand rond, grand dorsal et grand pectoral. Elle est

de 60° maximum.

Antéflexion-extension

L'antéflexion ou élévation antérieure (ou encore antépulsion!) nécessite les muscles deltoïde, coraco-

brachial et grand pectoral puis le trapèze et grand dentelé pour atteindre 180°.

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L'extension est réalisée par les muscles petit et grand ronds, deltoïde (faisceau postérieur) et grand

dorsal.

Rotations interne et externe

La rotation interne a une course de 60° lorsque la main est placée devant le tronc et de 120°, la main

derrière le tronc. Elle résulte de l'action des muscles grand dorsal, grand rond, sous-scapulaire et

grand pectoral. Elle peut être évaluée par la position de la main par rapport à une vertèbre (par ex.

RI = D7).

La rotation externe atteint 60° environ et est due aux muscles infra-épineux et petit rond.

Autres mouvements

L'élévation antérolatérale (ou élévation tout court !) est une référence internationale fort utilisée.

C'est une abduction dans le plan de l'omoplate càd une abduction située entre l’abduction pure et

l'antéflexion. Elle est beaucoup utilisée car la plupart du temps, sa valeur représente la valeur

moyenne de l'antéflexion et l'abduction.

La circumduction est un mouvement complexe combinant tous les mouvements élémentaires de

l'épaule et qui permet au bras de faire 360°. On ne le mesure pas en pratique mais on parle de

mouvement complet ou incomplet.

B. Pathologie traumatique de l’épaule

1. Fracture de la clavicule

Généralités

Il s'agit d'une fracture fréquente chez l'enfant (chute à vélo). Elle se situe la plupart du temps au

tiers moyen. Le déplacement est constant, le fragment interne étant attiré par le sterno-cléido-

mastoïdien.

Examens

Une radiographie de face est suffisante pour affirmer le diagnostic.

Lésions associées

Le pédicule vasculaire sous-clavier, le plexus brachial et la plèvre peuvent être concernés par le

traumatisme ou par un des fragments osseux. Par ailleurs, la clavicule étant sous-cutanée,

l'ouverture de la peau reste possible.

Traitement

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Il est conservateur dans la très grande majorité des cas. Bandage en anneaux ou en 8 ou Dujarrier.

Chez l'enfant, il sera gardé 15 à 21 jours et chez l'adulte 4 à 6 semaines. Une ostéosynthèse par

plaque et vis peut être discutée lorsqu'il y a souffrance de la peau ou irritation du plexus sous-jacent

ou encore en cas d'incompatibilité avec une longue immobilisation (ex : indépendant).

2. La luxation acromio-claviculaire

Généralités

Cette luxation résulte souvent d'un accident de sport. On distingue 3 stades d'intensité croissante.

Anatomopathologie et traitement

On distingue les trois stades classiques d'une entorse.

I : entorse du ligament acromio-claviculaire. Ce ligament est un renforcement de la capsule

supérieure. A ce stade, il a été distendu. Douleurs localisées. Bras en écharpe à titre antalgique

pour 8 jours.

II : subluxation. Déchirure du ligament acromio-claviculaire. Petit diastasis de l'interligne et décalage

des surfaces articulaires. Saillie modérée ou absente. Même traitement.

III : véritable luxation articulaire avec déchirure du ligament acromio-claviculaire mais aussi des

ligaments coraco-claviculaires qui relient solidement la clavicule à l’omoplate par l'apophyse

coracoïde. La couverture musculaire peut parfois être également atteinte. Radiologiquement, la

luxation est évidente. Cliniquement, la saillie de la clavicule sous la peau peut être importante. Une

pression au doigt de l'extrémité distale de la clavicule efface cette saillie : c'est la classique "touche de

piano". En cas de doute, des clichés dynamiques peuvent quantifier le déplacement.

Le traitement du grade III est soit conservateur soit chirurgical. La préférence est actuellement

donnée au traitement conservateur car les études prospectives ont montré une normalisation plus

rapide avec le traitement conservateur. Appareil de Dujarrier pour 15-21 jours. Le patient doit être

averti de la persistance de la saillie cutanée dans ce cas.

Le traitement chirurgical s'adresse plus volontiers aux séquelles (douleurs) et une stabilisation

secondaire peut être proposée dans ces cas.

3. Fracture de l’extrémité supérieure de l’humérus

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a) Fracture du col chirurgical

Le trait de fracture passe en dessous des tubérosités. Elle est soit engrenée soit non engrenée. Elle

résulte d'une chute directe ou plus souvent, sur le coude ou la main. L'ostéoporose est un facteur

favorisant. Une luxation peut être associée plus rarement.

Clinique

Le patient tient son avant-bras avec la main du côté valide et la tronc incliné du côté invalide.

L'impotence est totale. Une ecchymose brachio-thoracique (dite de Hennequin) est un signe de

confirmation mais tardif.

Imagerie

Un cliché de face et au moins un cliché avec le profil de l'omoplate et si possible un dernier avec un

profil axillaire. Ceci afin de ne pas méconnaître une luxation-fracture. L'imagerie permettra de

classer la fracture soit selon le mécanisme lésionnel (fracture par abduction ou adduction soit suivant

le nombre de fragments).

Traitement

80 % de ces fractures sont peu ou pas déplacées et ne demandent qu'une immobilisation limitée à

15-21 jours dans un bandage de Dujarrier. Ce temps court est observé pour éviter un

enraidissement de l'épaule chez les personnes de plus de 40 ans. En effet, laisser l’épaule

immobilisée plus longtemps provoquerait une raideur importante qui serait très gênante longtemps.

Chez les enfants, le temps d'immobilisation sera de 6 semaines avec la plupart du temps, une

immobilisation par plâtre thoraco-brachial.

En cas de déplacement (20 %), une réduction avec ou sans ostéosynthèse percutanée sera réalisée.

Complications

• Lésions associées du plexus brachial.

• Nécrose céphalique (rare si pas de luxation associée).

• Capsulite rétractile (enraidissement).

b) Fracture du col anatomique

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La fracture passe sous le cartilage articulaire, isolant ainsi la calotte épiphysaire. L'impaction peut

encore enfoncer cette calotte en valgus ou en varus et isoler le trochin ou le trochiter. Un refend

articulaire est également possible.

4. Fracture de la diaphyse humérale

Ces fractures sont caractérisées par la possibilité de survenue d'une paralysie radiale qui est

observée dans environ 15 % des cas. Le nerf radial passe en effet dans la gouttière de torsion qui est

médiodiaphysaire. La récupération de cette paralysie est la règle dans 95 % des cas et endéans les

3-4 mois. Cette fracture peut être traitée par une plâtre ou par embrochage de plusieurs broches qui

occupent la cavité médullaire (embrochage dit de Hacketal) ou encore par un clou ou enfin et plus

rarement, par plaque (notamment lorsqu’il faut aller explorer le nerf).

5. La luxation traumatique de l’épaule

La luxation de l'épaule est la perte des rapports anatomiques de la cavité gléno-humérale. Cette

luxation est dans la grande majorité des cas d'origine traumatique. Elle est antérieure dans 95 % des

cas et s'observe alors entre 15 et 30 ans la plupart du temps. L'épisode de luxation entraîne une

lésion du plan capsulo-ligamentaire et du bourrelet. Celui-ci est une structure fibrocartilagineuse qui

permet l'insertion du ligament à l'os. La désinsertion traumatique du bourrelet antéro-inférieur dans

la luxation traumatique entraînera automatiquement celui du ligament gléno-huméral inférieur.

Outre la douleur importante et l'impotence totale, on recherchera des signes cliniques évocateurs.

a) La luxation antérieure

Elle résulte d'un mouvement forcé en abduction, rotation externe et rétropulsion.

- signe de l'épaulette: saillie de l'acromion

- coup de hache dans le deltoïde

- bras en rotation externe

- vacuité de la glène et saillie de la tête dans le grand pectoral.

Radiologie

Le diagnostic ne pose pas de problème lorsque l'épaule est luxée.

Si il n'y a pas eu de radiographies lors de l'épisode, il faut rechercher les signes indirects de la

luxation : impaction osseuse de la zone postérosupérieure de la tête par la glène et dite encoche de

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Malgaigne ou de Hill-Sachs, arrachement du rebord antéro-inférieur de la glène. Ces signes

s'apprécient sur des clichés en incidence de face et de profil d'omoplate ou de glène (incidence dite

de Bernageau, du nom du radiologue qui l'a codifiée).

Complications

• Fracture du trochiter.

• Lésion du plexus brachial ou du nerf circonflexe (n. mixte : sensibilité du moignon de l'épaule qui

sera recherchée systématiquement et innervation du muscle deltoïde).

• Rupture de la coiffe après 40 ans (y penser chez une personne de plus de 40 ans dont l'épaule

n'évolue pas bien en rééducation).

• Récidive de la luxation.

Réduction

Celle-ci sera d'autant plus facile que le délai est court. En effet, après 5 minutes, une contracture

musculaire puissante s'installe, rendant la réduction plus difficile.

Procédés

1. décubitus dorsal

• Traction douce sur l'avant-bras et en abduction progressive. Une contre-traction se fait sur le

thorax tandis qu'une autre personne appuie sur la tête.

• Patient couché, tête sur un oreiller. Traction douce sur coude fléchi en rotation externe et la main

en supination se place sous la tête. Une fois l'épaule réduite, le bras est placé le long du corps.

2. décubitus ventral

Patient sur un brancard ou table. La réduction s'obtient en laissant pendre le bras et en tirant au

besoin sur l'avant-bras.

Immobilisation : Dujarrier 21 jours. Chez la personne âgée de > 30 ans, l'épaule ne sera immobilisée

que 15 jours maximum.

b) Luxation antérieure récidivante

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La survenue d'un épisode de luxation traumatique de l'épaule expose à la récidive. Cette récidive est

d'autant plus fréquente que l'âge de la première luxation est jeune.

Si le premier épisode remonte avant l'âge de 20 ans, le risque de récidive est d'environ 55 %. Entre

les épisodes, l'intervalle est asymptomatique ou le patient peut présenter une appréhension. Celle-

ci traduit la peur de se luxer à nouveau. Le patient peut avoir renoncé à des activités sportives par

exemple.

Cette appréhension, pathognomonique de la luxation antérieure récidivante, est reproduite par

l'armé du bras càd le bras en rotation externe et abduction au-delà de 90°.

En cas d'appréhension importante et après 3 épisodes de luxation, on recommande la cure

chirurgicale. La technique la plus utilisée est l'opération de Bankart qui réinsère le ligament gléno-

huméral antérieur détendu sur la glène. Cette technique donne d'excellents résultats dans 95 % des

cas. Il y a 5 % de récidive. Une autre opération consiste à mettre une butée osseuse prélevée au

dépens de la pointe de la coracoïde et munie de ses insertions tendineuses. Cette butée resangle et

renforce le point faible du ligament détendu. Au passif de cette méthode, le sacrifice d'une anatomie

normale et une arthrose potentielle.

c) Luxation postérieure

Elle résulte d'un mouvement forcé en rotation interne, antéflexion.

Celle-ci est beaucoup plus rare (< 5 %) mais reste trop souvent méconnue. Elle est causée par des

contractions violentes (épilepsie, alcool, électrocution) des rotateurs internes de l'épaule (latissimus

dorsi, pectoralis maior).

Clinique

Bras en rotation interne.

Suppression ou limitation passive de la rotation externe.

Radiologie

Même luxée, le diagnostic d'une épaule luxée derrière n'est pas évident !

Incidences de face, de profil d'omoplate et axillaire (Jacobson)

Réduction

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Traction simple en s'aidant d'une pression manuelle sur la tête. Immobilisation dans une attelle

mettant le bras en légère rotation externe pour 21 jours.

Si la luxation date de plus de 3 semaines, il est probable que la réduction sera chirurgicale.

C. Pathologie non traumatique de l’épaule

1. Tendinopathie de la coiffe des rotateurs

Ce groupe de pathologie est responsable de la grande majorité des motifs de consultation après la

cinquantaine. Après les lombalgies, la douleur à l'épaule est le 2e motif de consultation du médecin

généraliste ( Bergenudd et Nilsson, Clin. Orthop. 308, 264, 1994).

Anatomie

La coiffe des rotateurs de l'épaule est classiquement constituée de l'insertion terminale de 4 tendons :

• au sommet : tendon du muscle supraépineux (m. supraspinatus);

• devant, celui du muscle sous-scapulaire (m. subscapularis);

• derrière, celui du muscle infraépineux (m. infraspinatus) et du petit rond (m. teres minor).

• On y rattache le tendon du long chef du biceps (caput longum biceps brachii).

Les 4 tendons forment une coiffe tendineuse sur la tête de l'humérus. Entre le subscapulaire et le

supraépineux, existe un intervalle constitué uniquement du plan capsulaire. Le long chef du biceps

est intraarticulaire et s'insère sur le sommet de la glène.

Fonction

La coiffe maintient la tête humérale centrée sur la glène, elle coapte activement la tête. Elle évite

l'ascension de la tête lors de la contraction du deltoïde.

Pathogénie

Le tendon du supraépineux se trouve dans un défilé ostéofibreux constitué par la partie antérieure de

l'acromion et le ligament acromio-coracoïdien. Lors de l'élévation, si il y a ascension de la tête (et

donc du tendon), un conflit apparaît. Ce conflit peut aussi s'observer si le contenu augmente de

volume comme en cas de calcification. La pathologie de la coiffe peut être assimiler à une pathologie

de conflit canalaire.

Synonyme

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Périarthrite scapulo-humérale ou PSH. Ce vocable, créé au 19e siècle ne signifie pas grand chose et

est un vocable "fourre tout". Il était (est) donné à toute pathologie dégénérative de l'épaule sans

atteinte radiologique de la gléno-humérale.

Clinique

Toute pathologie de la coiffe entraîne douleur et impotence variable.

La douleur est le premier symptôme. Celle causée par l'épaule a les caractères suivants:

• L'épicentre est le moignon de l'épaule (le patient empaume l'épaule pour situer la douleur).

• Elle irradie fréquemment vers le bras (V deltoïdien ou la face antérieure du bras) et vers

l'épicondyle (ne pas infiltrer !) et plus rarement vers la main.

• L'irradiation dans le trapèze ou l'omoplate est fréquente (il faut exclure alors une cervicalgie

primaire).

• Le réveil nocturne est constant en phase aiguë et l'appui sur le côté impossible.

L'impotence est variable, allant d'une gêne à l'impossibilité d'exécuter un mouvement (épaule

pseudo-paralytique). Une cervicalgie secondaire peut également s'installer suite au mouvement de

compensation de l'épaule.

L'examen clinique d'une épaule passe d'abord par celui de la colonne cervicale. La ceinture scapulaire

est ensuite examinée en notant une éventuelle atrophie musculaire. Après, on recherche les

mobilités avant de réaliser quelques manoeuvres spécifiques.

• Présence d'une arc douloureux entre 60-120° lors de l'abduction active.

• Douleur provoquée par la contraction contre résistance du tendon enflammé et mesure de la

force.

Supra-épineux: écartement du bras contre résistance, coude au corps.

Infra-épineux: rotation externe contrariée de l'avant-bras, coude au corps et fléchi à 90°.

Sous-scapulaire : rotation interne contrariée de l'avant-bras, coude au corps et fléchi à 90°.

Sémiologie spécifique

• Manoeuvre de Jobe : les bras sont mis en abduction de 90° avec une antéflexion de 30° (=

élévation dans le plan de l'omoplate). Les pouces sont dirigés en bas. L'examinateur tente alors

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d'abaisser les bras. Si la résistance est indolore, le test est négatif. Si le patient ne peut résister, il

y a rupture très probable du supra-épineux.

• Manoeuvre de Neer : le clinicien placé derrière le patient, élève passivement le bras du patient

tout en bloquant l'omoplate. Il y a un conflit entre le trochiter et la partie antérieure de

l'acromion et le ligament acromio-coracoïdien (conflit antéro-supérieur). Ce geste le reproduit.

• Manoeuvre de Hawkins : on imprime une rotation interne au bras qui est antéfléchi à 90° et

coude à 90°, en abaissant l'avant-bras. Même signification que le test précédent.

• Manoeuvre de Gilchrist ou appelée encore palm-up de Speed : élévation antérieure du bras

contre résistance, coude tendu et paume de la main vers le haut (supination). Ce test explore le

long biceps et la partie antérieure du supraépineux. Test assez peu spécifique.

• Manoeuvre de Yergason : coude fléchi à 90°, on demande de faire une supination contrariée de

l'avant-bras.

• Manoeuvre de Gerber (appelée aussi lift-off test) : le patient place la main derrière, sur la

fesse. On lui demande d'éloigner la main de la fesse. La manoeuvre est impossible en cas de

rupture complète du sous-scapulaire (rare). Elle est douloureuse en cas de rupture partielle

(moins rare).

Imagerie

La radiographie standard reste le moyen le plus simple de dépistage d'une rupture du supra-épineux.

Sur une radiographie de face de l'épaule, la distance entre l'acromion et le sommet de la tête doit être

égale ou supérieure à 9 mm. Cette distance permet d'éliminer une rupture. Elle sera suspectée en

cas de distance inférieure. Une distance inférieure à 7 mm permet d'affirmer la rupture du supra-

épineux. La même radiographie de face mais avec une abduction contrariée de +/- 20° (Manoeuvre

de Leclercq) sensibilise le test.

En effet en cas de rupture, l'espace sera encore plus diminué (> 30 %) avec la contraction du

deltoïde.

L'échographie, l'arthroscanner et la résonance sont des examens complémentaires qui ne seront

demandés qu'en seconde intention.

a) La tendinite du supra-épineux (supraspinatus)

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Douleur plus ou moins vive et à la contraction contrariée du supraspinatus orienteront vers ce

diagnostic clinique. Chez le jeune sportif, il faut incriminer un problème d’entraînement (non

respect de palier dans l'effort, absence d'étirements musculaires avant l'effort).

L'examen clinique ne montre pas de perte de force et la radiographie ne montre pas de pincement de

l'espace acromio-huméral ou de calcification.

Le traitement est le repos, l'évitement momentané du mouvement causal, la prescription d’anti-

inflammatoires si nécessaire.

b) La tendinopathie calcifiante

La calcification d'un tendon de la coiffe est une pathologie fréquente. C'est à l'épaule que le tendon

est le plus souvent le siège de cette minéralisation. C'est à nouveau le supraépineux qui est le plus

fréquemment atteint, suivi de l'infraépineux et plus rarement du sous-scapulaire. La prédominance

féminine est nette, 2 fois plus que chez l'homme et survient entre 30 et 65 ans. La pathogénie reste

obscure: un fibrocartilage apparaît dans le tendon par métaplasie locale. Celui-ci se minéralise de

façon indolore. La calcification est enchâssée dans le tendon. Elle est la plupart du temps indolore

et ce, pendant de longues années. Elle peut aussi devenir douloureuse à la suite d'un effort ou d'un

mouvement répétitif. C'est la dissolution de la masse calcique vers la bourse sous-acromio-

deltoïdienne qui serait à l'origine de la douleur. Tantôt sourde, tantôt violente. Dans ce cas, la crise

hyperalgique survient la nuit, empêche les gens de dormir et parfois de rester couché. Cette phase

hyperalgique est synonyme de disparition progressive de la calcification.

Une calcification finit toujours par disparaître (avec ou sans crise hyperalgique) et ne revient en

principe jamais dans le même tendon. On ne peut malheureusement pas prédire cette disparition

spontanée. Le délai peut aller jusqu'à 10 ans...

Le traitement est symptomatique : anti-inflammatoires, infiltration sous-acromiale si nécessaire. En

plus, pendant une crise : application de glace. En cas de douleur rebelle, on pourra considérer une

arthroscopie pour réaliser soit l'ablation de la calcification soit une acromioplastie qui permet une

course plus aisée du tendon dans le défilé sous-acromial.

c) Les ruptures de la coiffe des rotateurs

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La rupture représente le point final de l'accumulation de microlésions intratendineuses qui finissent

par rompre le tendon. Elle survient en général après 50 ans. Le mode de début est tantôt brutal,

posttraumatique, tantôt insidieux. On peut considérer que dans 95 % des cas, le point de départ de

la rupture est le supraépineux et que cette déchirure peut s'étendre soit vers l'arrière dans

l'infraépineux soit vers l'avant, dans le biceps ou le sous-scapulaire.

Une rupture de tendon de la coiffe ne guérit jamais. En cas de rupture importante, le muscle du

tendon rompu s'atrophie progressivement et d'une façon irréversible. Le tendon déchiré peut aussi

se rétracter.

Cette rupture peut ne jamais être symptomatique ou elle peut redevenir asymptomatique (c'est le

but du traitement conservateur). Enfin, dans d'autres cas, elle reste symptomatique et invalidante.

Cliniquement, à la douleur peut aussi s'ajouter une perte de la mobilité active (pas nécessaire au

diagnostic) et une perte de la force si la douleur est très importante.

Le traitement est chirurgical dans les formes récentes chez des personnes actives (+/- < 70 ans). En

effet, ce traitement est le seul capable d'assurer la réparation du tendon et l'indolence à long terme.

Le cas échéant, une arthroscopie avec acromioplastie (sans réparation tendineuse) peut être efficace

sur les symptômes mais ne met pas à l'abri d'une récidive de la douleur. Enfin, le traitement médical

(et la kinésithérapie) est lui aussi capable de rendre une épaule indolente (AINS, infiltrations) mais

expose à la récidive chez un patient actif.

(On admet que trois injections intraarticulaires est le maximum autorisé pour éviter les effets

néfastes de la cortisone in loco. Il faut éviter à tout prix l'injection intratendineuse qui provoque

douleur et surtout nécrose.)

2. L’épaule gelée ou la capsulite rétractile

Définition

Raideur douloureuse de l'épaule, d'apparition insidieuse et qui diminue la mobilité PASSIVE (et

donc active). C'est l'élévation (= abduction dans le plan de l'omoplate càd entre l'abduction classique

et l'antéflexion) et la rotation externe qui sont les plus limitées.

Ce diagnostic peut être posé devant une élévation passive limitée à moins de 100° et une rotation

externe diminuée de plus de 50 % par rapport à l'autre côté.

Etiologie

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Elle reste inconnue. L'affection se localise au début dans la partie supéroantérieure de la capsule

(intervalle dit "des rotateurs" c-à-d celui situé entre le tendon du supraépineux et le sous-scapulaire).

Il y a un épaississement inflammatoire qui rétrécit la capsule (présence de myofibroblastes dans la

capsule comme dans la maladie de Dupuytren) (Bunker and Anthony: J. Bone Joint Surg., 77B,

677, 1995).

L'épaule gelée est tantôt primitive (idiopathique), tantôt secondaire à une pathologie de l'épaule

(rupture de coiffe, calcification etc.) ou à une pathologie associée (diabète, maladie de la thyroïde,

infarctus du myocarde, cancer pulmonaire, prise de phénobarbital etc.). Une hyperlipidémie

(cholestérol et triglycérides) est observée contrairement à la population contrôle (J. Bone Joint Surg.

77B, 684, 1995).

L'affection touche avec une nette prédominance les femmes et de préférence vers la cinquantaine.

Evolution

Elle est classiquement divisée en trois phases :

• phase douloureuse : apparition insidieuse d'une douleur qui devient vite bruyante à

prédominance nocturne. Elle dure environ 6 mois. Apparition progressive d'une raideur.

• phase de raideur (phase d'état) : elle est dominée par la raideur qui handicape la personne. La

douleur est devenue tolérable si elle n'est pas oubliée. Durée: +/- 1-1,5 ans.

• phase de résolution : récupération progressive de la raideur. La récupération peut ne pas être

complète. Le cycle peut durer 2 ans. Cette longue durée doit être expliquée au patient sous

peine d'une déprime profonde.

Diagnostic

Aucun test de laboratoire n'est spécifique. Le diagnostic est clinique. La scintigraphie montre une

captation modérée par l'épaule. La capsulite peut également faire partie d'une algodystrophie avec

apparition de symptômes à la main. La radiographie ne montre qu'un aspect moucheté de

l'épiphyse humérale, en plus de signes associés d'autres pathologies de l'épaule si il s'agit d'une

capsulite secondaire (calcifications etc.).

Traitement

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La physiothérapie, la kinésithérapie sont des moyens précieux pour éviter une aggravation de la

raideur. Elles permettent, semble-t-il, de récupérer plus vite une meilleure mobilité. Les

infiltrations de cortisone n'ont pas fait la preuve de leur efficacité mais sont prescrites classiquement

dans cette pathologie tant elle est douloureuse et invalidante.

Enfin, les manipulations sous narcose peuvent accélérer le regain de mobilité et faire diminuer la

douleur. Une capsulotomie sous arthroscopie semble également efficace et peut être proposée en

dernier lieu.

II. Pathologie du coude

A. Traumatologie

1. Fractures de l’extrémité inférieure de l’humérus

• Fractures instables intéressant souvent la surface articulaire.

• Possibilité de lésion du nerf cubital et de l’artère humérale.

• Indications chirurgicales en cas de fracture articulaire déplacée de l’adulte.

• Problématique de la fracture supracondylienne de l’enfant (voir vol. 1) : risque de cubitus

varus.

2. Luxation du coude

• Possibilité d’instabilité articulaire.

3. Fracture de l’olécrane

• Indication chirurgicale (hauban) systématique en cas de fracture déplacée, sauf chez le grand

vieillard.

4. Fracture de la tête radiale

• La tête radiale stabilise le coude et transmet les forces de la main à l’humérus.

• La fracture de la tête radiale est souvent associée à des lésions ligamentaires du coude ou de la

membrane interosseuse (lésion d’Essex Lopresti).

• Une fracture non déplacée est traitée conservativement.

• Les fractures déplacées qui sont synthésables doivent l’être.

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• La résection de la cupule radiale peut entraîner une déformation du coude en valgus et une

instabilité. Il peut être indiqué de remplacer la tête radiale « éclatée » par un implant

prothétique temporaire ou définitif.

5. Luxation de la tête radiale

• Fracture de Monteggia = association d’une fracture du cubitus à une luxation de la tête radiale.

• La luxation isolée existe chez l’enfant. Elle peut être apparemment isolée, mais effectivement

associée à une incurvation plastique du cubitus (voir vol. 1).

B. Pathologie orthopédique du coude

1. Epicondylite ou « Tennis elbow » : c’est une enthésopathie de surcharge.

2. Epitrochléite ou « Golfer elbow ».

3. Corps étranger intraarticulaire : « Souris »

• ostoéchondromatose synoviale

• ostéochondrite disséquante

• fracture ostéochondrale.

Symptômes : blocages.

Traitement : exérèse arthroscopique si le nombre de corps étrangers le permet.

4. Neuropathie du nerf cubital du coude

• Syndrome du tunnel cubital.

• Beaucoup plus fréquent que la compression au niveau du poignet dans le canal de Guyon.

• Distinguer

− les nerfs cubitaux hypermobiles

− les nerfs cubitaux fixes

− les compressions extrinsèques suite à une pathologie du coude

− les conséquences des déviations axiales et des instabilités posttraumatiques.

• Traitement chirurgical à proposer en cas d’atteinte évolutive

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− neurolyse simple

− épitrochléectomie

− translocation du nerf cubital (profonde ou semi-profonde).

III. Pathologie de l’avant-bras

Rappel : le mouvement de prosupination concerne les articulations radiocubitales supérieures et

inférieures et la membrane interosseuse. Il est permis grâce à la forme particulière du radius qui a

deux courbures (manivelle radiale). Les pathologies radiocubitales et les modifications

morphologiques du rachis sont susceptibles d’interférer avec ce mouvement.

A. Fracture diaphysaire des deux os de l’avant-bras

Ce sont des fractures instables.

L’ostéosynthèse est généralement nécessaire. Elle se fait classiquement par plaque vissée, mais il

y a une tendance à utiliser les moyens de stabilisation souples centromédullaires.

La consolidation est lente (3 à 4 mois).

En cas de traumatisme des tissus mous, et en particulier de contusion musculaire, risque de

syndrome de loge ou de Volkman (voir vol. 1).

La synostose radiocubitale est une complication rare, qui entraîne un blocage de la prosupination.

B. Fracture diaphysaire d’un os de l’avant-bras

MONTEGGIA = fracture du cubitus + luxation radiale proximale.

GALEAZZI = fracture du radius + luxation radiocubitale inférieure.

IV. Pathologie du poignet

A. Traumatologie

1. Fracture de l’extrémité inférieure du radius

• C’est la fracture la plus fréquente.

• Classification :

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− extraarticulaire

◊ en extension = Pouteau-Colles

◊ en flexion = Goyrand-Smith

− articulaire

◊ partielle = marginale antérieure ou Barton

cunéenne interne (Die Punch)

cunéenne externe

◊ complète = fracture en T ou en Y - fracture comminutive du sujet jeune.

• Ces fractures sont instables car il y a souvent une comminution métaphysaire.

• Chez le sujet jeune, on ne peut accepter une réduction approximative.

• Traitement :

− réduction par manoeuvres externes sous anesthésie de plexus brachial

− stabilisation :

◊ plâtre

◊ broches percutanées

◊ fixateur externe

− ostéosynthèse des fractures articulaires, en particulier des fractures marginales

antérieures de Barton (plaque vissée « en console »).

• Complications

− déplacement secondaire

− cal vicieux

− incongruence radiocubitale

− algodystrophie (Sudeck)

− syndrome du canal carpien

− rupture du long extenseur du pouce.

2. Lésions traumatiques du carpe

Grande variété de lésions passant souvent inaperçues dans les conditions de la médecine

d’urgence →

• nécessité d’examens itératifs

• incidences radiologiques spécifiques

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• épreuves dynamiques

• et même scintigraphie.

Il s’agit principalement

• de fracture du scaphoïde carpien

• des luxations dont la périlunaire et le transscaphopérilunaire du carpe

• des lésions ligamentaires (entorses graves) menant aux instabilités du carpe.

a) Fracture du scaphoïde carpien

• Lésion du sujet jeune.

• Diagnostic difficile : outre les incidences classiques de face et de profil, nécessité de

radiographies de _ pour dérouler le petit os dans son plan d’élection.

• Consolidation lente.

• Vascularisation « terminale » (risque d’ostéonécrose).

• Risque élevé de pseudarthrose.

• Celles-ci se compliquent de « collapsus du carpe » à long terme.

Traitement

• Fractures stables non déplacées : simple immobilisation plâtrée pendant 8 à 16 semaines.

Pour immobiliser le scaphoïde, il est nécessaire d’immobiliser la colonne du pouce et

d’entraver la prosupination.

• Fractures instables ou très déplacées : ostéosynthèse (vis AO, vis de Herbert, double

brochage).

• Pseudarthrose

− évidement-greffe : Matti-Russe

− ostéosynthèse-greffe : Herbert-Fisk.

b) Les luxations du carpe

• Les luxations les moins rares sont les luxations rétrolunaires du carpe et la luxation

transscaphorétrolunaire. La classique luxation isolée du semi-lunaire (énucléation en avant)

est très rare.

• Clinique : poignet douloureux « cloué ».

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• RX : bien vérifier chacun des interlignes du carpe.

• Traitement :

− la réduction orthopédique est généralement possible, mais le carpe reste souvent

instable → nécessité de stabiliser la réduction par brochage(s) percutané(s)

− en cas de luxation transscaphoïdienne, il est nécessaire d’ostéosynthéser la fracture du

scaphoïde.

• N.B. Les luxations anciennes, négligées parce que non reconnues, entraînent des séquelles

majeures difficiles à traiter.

c) L’instabilité du carpe

L’instabilité du carpe est de reconnaissance récente. Le système ligamentaire est complexe. La

lésion la plus caractéristique est le diastasis scapholunaire, qui se manifeste par un

élargissement de l’espace entre le scaphoïde et le semi-lunaire, principalement en inclinaison

cubitale du poignet.

Le semi-lunaire déstabilisé peut basculer ventralement (V.I.S.I. = Ventral Intercalated Segment

Instability) ou dorsalement (D.I.S.I. = Dorsal Intercalated Segment Instability) en fonction des

lésions associées.

Ces instabilités du carpe peuvent être la conséquence d’un traumatisme unique, de traumatismes

itératifs, ou encore être la conséquence du déséquilibre entraîné par une modification anatomique.

Le collapsus du scaphoïde en cas de pseudarthrose ancienne peut entraîner une désorganisation

du carpe.

Un cal vicieux du radius avec modification de la pente articulaire peut entraîner ce que l’on

appelle une « instabilité d’adaptation ».

Traitement

• le traitement des lésions fraîches utilise les broches de stabilisation et des sutures

ligamentaires (ancres Mitek)

• le traitement des lésions anciennes est difficile : ligamentoplasties, capsulodèses, arthrodèses

localisées.

Evolution

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L’évolution des instabilités scapholunaires invétérées se fait vers la décompensation arthrosique.

Ce type particulier de dégénérescence s’appelle en anglais le SLAC-WRIST (Scapho-Lunate-

Advanced-Collapse).

B. Affections non traumatiques du poignet

1. Arthrose

• Incongruence posttraumatique après fracture articulaire du radius.

• Instabilité du carpe.

• Poignet sénile.

2. Nécrose aseptique : la maladie de Kienböck du semi-lunaire

V. Pathologie de la main

A. Traumatologie

1. Les fractures du métacarpe et des phalanges

• Base du premier métacarpien

− extraarticulaire

− Bennett : petit fragment interne permettant la subluxation trapézométacarpienne

− Rolando : fracture en Y.

• Diaphyse des métacarpiens II à V Attention à la rotation !

• Col du 5e métacarpien

− fracture du boxeur

− bascule palmaire jusqu’à 30° bien tolérée

− technique du brochage « en faisceau ».

• Phalanges proximales et médianes

− indications opératoires fréquentes en cas d’atteinte articulaire (fracture-luxation)

− problématique de la rotation en cas de fracture spiroïde

− consolidation rapide des fractures diaphysaires (immobilisation d’une durée rarement

supérieure à 3 semaines).

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2. Les entorses et luxations des doigts

• Articulation métacarpophalangienne du pouce - le pouce du skieur - le problème de

l’interposition de la dossière.

• Articulation I.P.P. : mauvais pronostic des luxations traumatiques - nécessité fréquente d’une

stabilisation chirurgicale.

3. Les plaies de la main

La main est un organe exposé aux lésions traumatiques, et en particulier aux plaies. Du fait de la

structure anatomique de la main, les lésions tendineuses ou nerveuses sont fréquentes.

Quelques principes

• au niveau de la main, plaie minime ne signifie pas plaie bénigne;

• toute plaie de la main impose un examen complet de la sensibilité et de la motricité;

• la plaie d’un seul tendon fléchisseur a peu de signes cliniques;

• il n’y a pas de signe clinique de l’atteinte articulaire;

• l’atteinte partielle d’un nerf sensitif est difficile à reconnaître;

• dans des conditions d’urgence, l’atteinte de la branche motrice du nerf médian ou même du

nerf cubital est souvent méconnue sur base de l’examen clinique.

Recommandations

• toute plaie de la main qui dépasse le tissu graisseux sous-cutané doit être explorée dans des

conditions « chirurgicales »;

• un examen radiographique sera demandé systématiquement en cas de plaie profonde ou de

lésion contuse.

4. Les lésions des tendons de la main

La découverte d’une lésion du tendon fléchisseur justifie l’anesthésie locorégionale ou

l’anesthésie générale avec hémostase préventive par garrot pneumatique.

La plupart des plaies des tendons extenseurs peuvent par contre être réparées sous anesthésie

locale.

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KLEINERT

Suture d’un tendon fléchisseur

Point en cadre ou laçage intratendineux

suture du péritendon

Mobilisation passive assistée selon Kleinert

Attelle de STACK

Attelle de CALBERG

a) Les lésions des tendons extenseurs

• Au niveau de l’IPD

Plaie tendineuse

• lésion avec ouverture de l’articulation

• risque de blessure de la matrice de l’ongle

• nécessité d’appuyer la suture par un appareillage d’extension (broche ou attelle)

• technique de la ténodermodèse en cas de plaie nette.

Rupture tendineuse (sous-cutanée)

• doigt en maillet (Mallet Finger)

• distinguer les

− formes complètes (avec rupture de l’appareil rétinaculaire)

− formes incomplètes (chute du P3 sur P2 inférieure à 60°)

• dans les formes incomplètes : appareillage suivant Stack ou Abouna en permanence, jusqu’à la

fin de la 6e semaine, de façon intermittente pendant 2 autres semaines

• dans les formes complètes : il vaut mieux stabiliser l’articulation par brochage (broche fine) en

extension (et non en hyperextension) pendant les 3 premières semaines.

• Le traitement sera ultérieurement poursuivi de la même façon.

• Au voisinage de l’IPP (syndrome de la boutonnière)

Section tendineuse

Le problème est dominé par l’état des téguments et les possibilités de couverture cutanée.

Lorsque les conditions locales sont favorables, le tendon sera réparé.

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→ la bandelette centrale sera suturée (points en U) ou réimplantée (laçage + point transosseux) à

la base de la deuxième phalange;

→ les extensions latérales réparées (petits points en U) seront laissées dans leur position

normale latérodorsale.

L’IPP est maintenue en extension par brochage jusqu’à guérison cutanée (2 à 3 semaines). Le

doigt est ensuite placé dans un appareil type Bunnel-Calberg jusqu’à la fin du deuxième mois.

En cas de perte de substance cutanée, la réparation tendineuse sera conseillée si la couverture

peut être obtenue primairement par un lambeau de rotation.

Schéma de l’ultrastructure du nerf périphérique expliquant l’organisation du réseau vasculaire

1. Interfasciculaire

2. Epineurale

3. Périneurale

4. Epi-périneurale

SUTURES NERVEUSES

En cas de plaie contuse, irrégulière, avec perte de substance cutanée et tendineuse, la réparation

comportera le recouvrement de l’articulation par un plan cutané (lambeau local). L’IPP est

immobilisée en extension.

Rupture sous-cutanée

• lésions fraîches et lésions récentes (vues dans les 3 premiers mois) : l’appareillage suivant

Bunnel-Calberg pendant 2 mois permet d’obtenir d’excellents résultats;

• lésions anciennes : corriger la déformation par appareillage, ensuite réparation secondaire si

encore nécessaire après appareillage. Si lésion fixée non correctible par appareillage,

l’arthrodèse sera souvent la moins mauvaise solution.

• Au niveau de l’articulation MP

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réparer le tendon et l’appareil rétinaculaire (lamina transversa) par des points en U monofil 000,

lentement résorbable (PDS, monocril);

en cas de lésion contuse ou de lésion ancienne, le Barber wire de Jenning est utile;

S.P.O. : immobiliser le poignet en extension et le doigt en position de protection pendant 3

semaines.

• Au dos de la main

Ces lésions sont facilement réparées par suture. Le pronostic est favorable.

5. Les lésions des nerfs

La réparation des nerfs peut se faire par suture primaire ou greffe secondaire.

a) Suture primaire

• formellement conseillée :

− nerfs sensitifs de la main

− section nerveuse incomplète

• à considérer :

− plaie nette du tronc nerveux (sans contusion), associée à des lésions tendineuses (qui

rendront l’exploration secondaire laborieuse), surtout chez les enfants.

• technique :

− utilisation du microscope opératoire

− suture par groupes fasciculaires (= épipérineurale) (sans dissection intrafasciculaire)

− utilisation du fil fin : (par exemple : Ethilon 9/0 ou Dermalon 10/0)

• suture primaire déconseillée

− si contusion des extrémités nerveuses

− si le rapprochement nécessite une « tension » importante

− si plaie souillée avec perte de substance.

Dans ces cas : repérer les 2 extrémités nerveuses et les amarrer l’une à l’autre avec un fil de nylon

laissé long.

b) Greffe nerveuse secondaire à proposer

Moment ?

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Idéalement après cicatrisation cutanée, disparition des manifestations trophiques et récupération

fonctionnelle.

Néanmoins, il vaut mieux intervenir sans délai excessif (les résultats deviennent médiocres après

9 mois. Les récupérations sont mauvaises après 18 mois, sauf chez l’enfant).

En pratique, la greffe secondaire se situera généralement entre la 4e et la 6e semaine en cas de

lésion nerveuse isolée. Au 3e mois, en cas de lésion tendineuse associée.

c) La récupération nerveuse

Elle peut être suivie grâce au signe de Tinel (1916) : la récupération du tronc nerveux entraîne une

sensation « électrique » dans le territoire cutané innervé par le nerf en question. L’endroit de

sensibilité à la percussion se déplace vers l’extrémité distale du membre au fur et à mesure de la

récupération.

La vitesse de récupération nerveuse est de l’ordre de 1 mm/j dans les cas favorables, et pendant

les premiers mois; le « passage » de la suture prend plusieurs jours.

La percussion se fait en allant de l’extrémité distale vers l’extrémité proximale pour éviter des

douleurs parasites.

6. Les mutilations de la main

Principes

• 2 étapes :

− la chirurgie d’urgence

− la chirurgie réparatrice secondaire

• en urgence, distinguer :

− les amputations nettes « en guillotine », qui font discuter la réimplantation digitale

− les mains « déchiquetées », qui posent un problème de couverture cutanée

− les plaies complexes ou multiples

• but : la chirurgie d’urgence - le traitement initial doit :

− conserver le maximum

− résoudre de façon définitive les problèmes qui peuvent l’être

− prévenir les complications liées à la conservation de fragments nécrosés.

L’attitude variera donc suivant les conditions de travail

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• en milieu spécialisé, attitude très conservatrice, surveillance en hospitalisation

• en pays en voie de développement : éviter l’infection - débridement.

7. Les amputations traumatiques

L’amélioration des techniques chirurgicales et les progrès de l’anesthésie et de la réanimation ont

permis la réussite de replantations de segments de membres complètement amputés.

a) Historique

L’étude expérimentale des replantations de membres a été entreprise dès le début de ce siècle

chez l’animal (Carrel & Guthrie, 1906).

La première réimplantation d’un bras humain amputé a été effectuée à Boston le 23 mai 1962 par

l’équipe de Malt (Malt & McKhann, 1964). Peu après, Chung-Wei Chien réimplantait un avant-

bras à Shangaï le 2 janvier 1963 (Chen & al., 1963).

Au cours des vingt dernières années, plus d’une centaine de cas de réimplantations de bras et

d’avant-bras ont été publiés.

b) Classification

Il faut distinguer les amputations proximales qui posent des problèmes généraux (la

revascularisation d’un membre ischémique crée un risque sérieux de complications générales) des

amputations distales (doigts), qui posent des problèmes techniques particuliers (microchirurgie).

• Les amputations proximales

La légitimité de la réimplantation d’un membre amputé à un niveau proximal reste discutable. Il

faut prendre en considération le bénéfice fonctionnel possible et les risques liés au geste

chirurgical, qui est grevé d’une morbidité et d’un risque vital significatifs.

L’évaluation à long terme de réimplantations réussies démontrent que l’on peut espérer obtenir

un résultat fonctionnel satisfaisant, particulièrement chez l’enfant.

Les chances de réussite de la réimplantation sont dans des conditions normales de l’ordre de 50 à

60 %. La morbidité est liée à la durée de l’anesthésie, à l’importance des pertes sanguines, à la

revascularisation de tissus ischémiques et à la longueur du traitement postopératoire, qui

nécessitera généralement des interventions itératives.

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Les complications sont fréquentes. Certaines compromettent la viabilité (thromboses) ou la

fonction du membre (retard de consolidation osseuse, raideurs articulaires). Les plus graves

(hémorragies, embolies, syndrome de revascularisation, nécrose tubulaire rénale, infections)

entraînent un risque vital. Compte tenu de ces éléments, nous pensons que la réimplantation

proximale d’un membre supérieur n’est légitime que dans des conditions optimales (patient

jeune, en bon état général sans lésion traumatique associée, conservation du membre dans de

bonnes conditions et délai de revascularisation raisonnable).

• Les amputations distales

La réimplantation d’un doigt amputé est une intervention techniquement difficile, qui nécessite

une expérience de la microchirurgie. Dans de bonnes conditions (amputation nette), les équipes

entraînées ont un taux de succès élevé. La qualité des résultats est cependant souvent imparfaite,

du fait d’une revascularisation précaire (syndrome d’intolérance au froid), d’un déficit de

mobilité (raideur articulaire et adhérences tendineuses) et d’une récupération sensitive

incomplète.

La replantation doit être tentée en cas d’amputation du pouce ou en cas d’amputation de

plusieurs doigts longs. Quand un seul doigt long est amputé, le bénéfice de la réimplantation

serait surtout esthétique, si bien que l’indication est discutable.

c) Conditions de réimplantation

• Le segment amputé doit être conservé dans de bonnes conditions, c’est-à-dire :

− mettre le segment amputé dans un linge propre sec

− l’introduire dans un sac en plastique, qui sera laissé ouvert

− déposer ce sac sur de la glace fondante.

Eviter donc :

de plonger le segment à replanter dans du liquide

de « congeler » le segment à replanter.

• Le moignon doit permettre la réimplantation.

Eviter donc : les hémostases avec des pinces traumatisantes. Un pansement compressif assurera

généralement une hémostase suffisante.

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• Le patient doit être en bon état général et son système vasculaire indemne de lésions évoluées

d’artériosclérose (sujet jeune).

• L’équipe chirurgicale doit être entraînée à ce type de chirurgie.

B. Pathologie non traumatique de la main

1. Affections congénitales cfr. Volume 1.

2. Affections tumorales

Des tumeurs peuvent se développer au niveau de tous les tissus de la main. Parmi les tumeurs

des tissus mous, la plus banale est le kyste synovial. Citons aussi la tumeur à cellules géantes

des gaines tendineuses. La tumeur glomique sous-unguéale a une symptomatologie douloureuse

caractéristique.

Parmi les tumeurs osseuses, l’enchondrome a sa localisation préférentielle au niveau de la main.

Toutes les autres tumeurs osseuses peuvent se rencontrer, mais il s’agit d’une localisation rare,

particulièrement pour les tumeurs malignes qui sont exceptionnelles.

a) Kyste synovial (en anglais « ganglion »)

Il s’agit d’une tumeur mésenchymateuse kystique, contenant du liquide mucoïde. Ces kystes se

rencontrent avec prédilection au niveau du poignet. Ils peuvent communiquer avec l’articulation

ou en être indépendants. On considérait classiquement qu’ils étaient formés au départ d’une

hernie synoviale, la plupart des auteurs considèrent actuellement qu’il s’agit d’une tumeur

indépendante de l’articulation.

Les kystes synoviaux peuvent disparaître spontanément. On a proposé de les traiter par

écrasement ou injection intracavitaire d’hydrocortisone. Il peut être nécessaire d’en pratiquer

l’exérèse chirurgicale. Les récidives sont fréquentes et ne pourront être évitées que si

l’intervention est menée dans des conditions parfaites d’anesthésie et d’hémostase, permettant

de pratiquer l’ablation complète de la tumeur et de la structure qui lui a donné naissance. La

tendance actuelle est de les traiter par simple aspiration s’ils sont situés à un endroit aisément

accessible.

b) Chondrome

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L’enchondrome isolé ou multiple (mal d’Ollier) est une tumeur d’origine cartilagineuse, qui se

rencontre avec prédilection au niveau des phalanges proximales et des métacarpiens.

Cette tumeur peu symptomatique est souvent découverte à l’occasion d’une fracture

pathologique.

Radiologiquement, l’os est « soufflé » par une tumeur radiotransparente. La corticale amincie

n’est pas dépassée. C’est généralement à l’occasion d’une fracture pathologique qu’on est amené

à traiter des tumeurs. Il faut cureter tout le tissu cartilagineux, bourrer la cavité ainsi créée par de

l’os spongieux, éventuellement de l’os de banque lyophilisé ou de la poudre d’os de banque, et

immobiliser la fracture.

3. Affections abarticulaires

a) Maladie de Dupuytren

La maladie de Dupuytren consiste en un épaississement et une rétraction fibreuse primaire de la

main et des doigts, pouvant aboutir à la flexion irréductible d’un ou de plusieurs doigts. Les 4e et

5e doigts sont généralement les premiers atteints.

L’étiologie de cette affection n’est pas connue, elle se voit surtout chez les hommes au-dessus de

40 ans. Une prédisposition génétique existe : la maladie ne s’observe quasi que chez les sujets de

race blanche et d’origine nordique. L’épilepsie traitée par les barbituriques est un facteur

favorisant. Elle se rencontre aussi dans le cadre du syndrome épaule-main des coronariens. Elle

est parfois associée à la maladie de Ledderhose (rétraction de l’aponévrose plantaire) et à la

maladie de la Peyronie (sclérose des corps caverneux).

Anatomie pathologique

Classiquement, il s’agit d’une rétraction de l’aponévrose palmaire moyenne. En fait, la maladie

débute entre peau et aponévrose où apparaît du tissu fibreux néoformé.

Microscopiquement, on observe deux types de tissu pathologique qu’il est tentant de considérer

comme deux stades évolutifs de la maladie :

du tissu fibroblastique disposé régulièrement en tourbillon, avec mitoses cellulaires,

du collagène dense, orienté en fibres parallèles formant les brides rétractiles.

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Traitement

Le traitement médical comportant l’injection locale de corticoïdes associée au redressement forcé

des doigts est décevant et inutilement douloureux.

La fasciotomie enzymatique est restée au stade expérimental (Bassot 1965, Hueston 1971).

L’intervention chirurgicale sera proposée dès que la rétraction des doigts est fixée. Par des

incisions permettant de gagner de la peau palmaire par plastie en Z, on pratique l’incision des

tissus fibreux rétractés (aponévrectomie à la demande).

L’aponévrectomie totale élargie à visée préventive n’améliore pas significativement le pronostic,

compte tenu d’un taux plus élevé de complications. Les aponévrotomies à l’aveugle sont

dangereuses. Elles ne sont plus guère utilisées que comme temps préparatoire à

l’aponévrectomie dans des rétractions ultimes ou chez des patients ne pouvant supporter une

intervention chirurgicale de plus longue durée.

Récemment, le mode de l’aponévrotomie à l’aiguille a été relancée. Il s’agit d’une aponévrotomie

à l’aveugle, qui peut également se complique de lésion pédiculaire.

b) Ténosynovite de Quervain (1895)

Il s’agit d’une sténose douloureuse de la gaine des tendons du long abducteur et du court

extenseur du pouce, à l’endroit où ces tendons passent sur la styloïdoradiale.

Le traitement médical (infiltration locale de cortisone - immobilisation temporaire) vient

généralement à bout des symptômes. Il est rare que la section chirurgicale de la gaine fibreuse

soit nécessaire (prendre garde à ne pas léser la branche cutanée sensitive du nerf radial).

c) Syndrome du canal carpien

Il répond à une souffrance fonctionnelle sensitivomotrice du nerf médian au niveau de la loge

interne du canal carpien.

Physiopathologie

Si le contenu du canal augmente (synovite spécifique, aspécifique, tumeur, cal tendineux) ou si le

canal est trop étroit (luxation antérieure du semi-lunaire, cal vicieux du poignet), le nerf médian

peut être comprimé.

Symptômes

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• Troubles sensitifs subjectifs : acroparesthésie dans le territoire du médian pouvant devenir de

vraies douleurs irradiant en amont et en aval; aggravées la nuit par les efforts et les

mouvements extrêmes du poignet; par contre, soulagées par massage léger.

• Troubles moteurs : manque de stabilité du pouce par parésie des muscles thénariens externes.

• Troubles trophiques.

L’examen objective les anomalies décrites ci-dessus. Le diagnostic peut être confirmé par

− le test de Möberg

− l’électromyographie et la mesure de vitesse de conduction du nerf médian.

Une radiographie du poignet est utile.

Traitement

• Médical : l’injection locale d’un corticoïde-retard dans la synoviale des fléchisseurs guérit la

majorité des formes légères.

• Chirurgical : la chirurgie est réservée aux cas résistants. Il s’agira de l’ouverture du canal à ciel

ouvert ou avec contrôle endoscopique par section du ligament carpien. La plastie ou l’exérèse

du ligament ainsi que la neurolyse fasciculaire ne sont plus guère pratiquées.

Syndrome canal de Guyon

L’affection est plus rare que le syndrome du canal carpien : elle consiste en une compression du

nerf cubital au niveau du poignet. Elle ne s’observe quasi qu’en cas de lésion anatomique de la

région sous forme d’un kyste synovial ou d’une thrombose de l’artère cubitale (syndrome

hypothénarien du « marteau »). Le syndrome du canal de Guyon idiopathique n’existe

probablement pas. L’endroit de prédilection de compression du nerf cubital est le tunnel

épitrochléen (cfr. p. 26).

4. Ostéonécroses

a) Maladie de Kienböck

C’est l’ostéonécrose aseptique du semi-lunaire. Kienböck parlait d’ostéomalacie

posttraumatique (1910). L’origine traumatique n’est pas la règle. Il s’agit d’une affection

idiopathique qui se rencontrerait surtout en cas de dysharmonie de longueur des deux os de

l’avant-bras par insuffisance du cubitus (variante en moins de Hulten).

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Le Kienböck s’observe chez des adultes jeunes.

Cette maladie se manifeste par des douleurs à la mobilisation du poignet. C’est l’examen

radiographique qui permet de poser le diagnostic : à la phase d’état, le semi-lunaire est déformé,

légèrement aplati, sa trabéculation est disparue et l’os a un aspect hétérogène. Rapidement, des

signes d’arthrose secondaire apparaissent.

Le traitement conservateur comporte l’immobilisation du poignet pendant la phase douloureuse

(attelle amovible).

Plusieurs interventions ont été proposées. L’extirpation pure et simple du semi-lunaire laisse

des séquelles, c’est pourquoi on a prôné son remplacement par une prothèse en Silastic

(Swanson) ou par un lambeau capsulaire (Flap arthroplasty).

L’allongement du cubitus proposé par Personn, Desenfants & Verbrugge a une base

physiopathogénique.

Au stade d’arthrose évoluée, l’arthrodèse périlunarienne du carpe, parfois l’arthrodèse

radiocarpienne resteront les seules solutions.

Des études récentes discutent le bien fondé de la chirurgie de Kienböck et il y a une tendance à

privilégier le traitement conservateur.

b) Maladie de Thieman

C’est l’ostéochondrite juvénile de l’épiphyse basale des phalanges, affection bénigne guérissant

spontanément sans séquelles.

5. Affections dégénératives des articulations

a) Nodosités d’Heberden et nodosités de Bouchard

L’arthrose des articulations interphalangiennes distales (nodosités d’Heberden) et l’arthrose des

articulations interphalangiennes proximales (nodosités de Bouchard) sont justifiables d’un

traitement physiothérapique en période douloureuse. C’est ici que la mobilisation sous paraffine

chaude trouve sa meilleure indication.

b) Rhizarthrose

On appelle rhizarthrose du pouce l’arthrose de l’articulation trapézométacarpienne. La

dégénérescence arthrosique de cette petite articulation remarquablement mobile se rencontre

surtout chez la femme d’âge mûr.

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Elle se manifeste par des douleurs d’apparition progressive à la base du pouce. Ces douleurs ont

un caractère nettement mécanique (accentuées par les mouvements et soulagées par le repos).

Tardivement, la mobilité du pouce en opposition, en antépulsion et en abduction est limitée,

particulièrement si le métacarpien est subluxé en dehors.

Le traitement médical (antiinflammatoires, immobilisation temporaire, infiltration locale de

corticoïdes) suffit généralement à soulager les patients.

Chez des patients actifs et particulièrement chez ceux qui exercent une activité manuelle, la

persistance de la douleur et la gêne fonctionnelle peuvent justifier une solution chirurgicale.

La technique chirurgicale la plus utilisée est la trapézectomie avec interposition du petit palmaire

(« anchois ») et « suspension » du 1er métacarpien. Les arthroplasties totales et les arthrodèses

trapézométacarpiennes ne sont plus guère pratiquées (cfr. volume 1, p 129).

6. Pathologie infectieuse

a) La tuberculose

La main était le siège de prédilection de l’inoculation directe cutanée.

L’arthrite tuberculeuse du poignet (tumeur blanche du poignet) est une forme classique de

tuberculose ostéoarticulaire.

Au niveau de la main, l’infection des phalanges et des métacarpiens a un aspect caractérisé :

atteinte centromédullaire avec élargissement de l’os et atteinte secondaire de l’articulation (spina

ventosa).

La ténosynovite tuberculeuse est difficile à diagnostiquer. Il s’agit d’une synovite riziforme avec

crépitation. Il faut faire le diagnostic différentiel avec la synovite rhumatoïde.

b) Infections banales = panaris (en anglais « felon »)

Ces infections sont très fréquentes et graves. En l’absence d’un traitement correct et précoce, les

séquelles peuvent être très importantes.

La porte d’entrée est généralement une plaie, une piqûre, une écharde. Le germe en cause est

dans la majorité des cas un staphylocoque doré coagulase + (80 %); vient ensuite le streptocoque

hémolytique (10 %). Des germes variés peuvent se rencontrer dans des conditions étiologiques

particulières (piqûres anatomiques et morsures).

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Le diagnostic doit être fait précocement, qu’il s’agisse d’un panaris des doigts ou d’un phlegmon

de la main. L’infection se manifeste par :

• une douleur spontanée lancinante, pulsable, spontanée mais soulagée par la surélévation;

• de l’oedème et de la rougeur (la douleur exquise signe une suppuration débutante).

Anatomie pathologique : 4 stades

1. Cellulite

2. Suppuration

3. Diffusion à éviter à tout prix par un traitement correct et précoce.

4. Nécrose superficielle

Le traitement doit être entrepris dès le stade de la cellulite. Il comprendra :

• l’immobilisation,

• l’administration d’antibiotiques actifs (c’est-à-dire généralement antistaphylococciques) par

voie générale à forte dose,

• la prévention antitétanique,

• le traitement chirurgical réglé (« there is no place for plunging the knife blindly into an abcess

in a struggling patient ») se fera sous anesthésie générale, avec champs exsangue et

instruments adaptés, et respectera les principes généraux de la chirurgie de la main, en

particulier pour ce qui concerne les voies d’abord.

Le chirurgien pratiquera suivant le stade évolutif et la localisation l’excision suture (Scott &

Vilain), l’incision simple ou l’incision drainage. Dans tous les cas, on demandera une culture et

un antibiogramme.

Formes cliniques

Panaris : c’est l’infection aiguë de l’une quelconque des parties constituantes du doigt.

On distingue :

• panaris superficiels situés dans une des couches de la peau;

• panaris phlycténoïde, collection purulente ayant décollé l’épiderme du derme. Il est bénin. Il

faut le distinguer du panaris profond qui se fistulise;

• panaris péri-unguéaux ou tourniole;

• panaris sous-unguéaux;

• panaris anthracoïdes : c’est le furoncle du dos de la première phalange;

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• panaris cellulaires sous-cutanés : ce sont les cellulites des doigts. Ils sont toujours graves et

susceptibles de se propager.

− Le panaris de la pulpe est le plus fréquent. Il se complique fréquemment d’ostéite;

− le panaris de la deuxième phalange : il se propage vers la peau palmaire et s’il n’est pas

traité à temps, il entraîne une nécrose cutanée qui nécessitera après guérison de

l’infection, une couverture par lambeau cutané;

− le panaris de la première phalange, qui succède à un traumatisme ou à un durillon forcé,

il fuse généralement vers la commissure;

• panaris profond compliqué : le panaris des gaines est redoutable, il expose au phlegmon

profond de la main. Il succède à une blessure de la gaine tendineuse souvent suite au

traitement incorrect d’un panaris pulpaire (inoculation opératoire de la gaine);

• phlegmon de la main : l’aponévrose superficielle permet de distinguer les phlegmons

superficiels des phlegmons profonds.

Phlegmons superficiels :

• phlegmon érythémateux bénin,

• phlegmon phlycténulaire ou ampullaire, durillon forcé, couvercle épidermique a enlever sans

attendre la fusée commissurale,

• phlegmon anthracoïde : furoncle du dos de la main, évolution bénigne.

Profonds sous-aponévrotiques (dramatiques)

• des espaces cellulaires,

• des gaines digitocarpiennes devenues rares, car les panaris sont soignés.

Traitement des phlegmons

• traiter le panaris originel,

• inciser le cul-de-sac supérieur,

• laver la gaine.

7. La main rhumatismale

La polyarthrite chronique évolutive entraîne au niveau des mains des déformations complexes.

Les lésions initiales sont dues à la prolifération de la synoviale articulaire et tendineuse. La

synovite articulaire distend et désorganise l’appareil capsulo-ligamentaire complexe des doigts.

A un stade plus évolué, le cartilage et l’os sont érodés.

La problématique de la main rhumatoïde est développée au chapitre IVI (volume 1, p136-150)

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VI. Pathologie du bassin

A. Les fractures du bassin

1. Classification

• Fractures stables sans atteinte de l’articulation coxofémorale :

− fracture du cadre obturateur,

− fracture isolée de l’aile iliaque.

• Fractures partiellement stables ou instables sans atteinte de l’articulation coxofémorale :

− fracture de l’anneau pelvien,

− fracture de Malgaigne,

− classification de Tile,

− intérêt du CT Scan pour rechercher les lésions sacrées.

• Fractures du cotyle :

− fracture articulaire → risque d’arthrose,

− colonne antérieure ou postérieure,

− fractures transversales.

2. Lésions associées

• Hémorragie des plexus veineux sacrés, en particulier en cas de diastasis pubien (« open

book »). Intérêt de la stabilisation en urgence par fixateur externe. Indication occasionnelle

d’artériographie et d’embolisation (en cas par exemple de lésion de l’artère fessière ou d’une

de ses branches).

• Lésions du plexus lombosacré.

• Rupture urétrale.

• Rupture vésicale.

• Plaies périnéales (rectum, vagin).

3. Traitement

• Fractures stables extraarticulaires :

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− simple repos au lit,

− ! prévention antithromboembolique.

• Fractures instables extraarticulaires :

− fixateur externe,

− vissage sacro-iliaque,

− ostéosynthèse du pubis.

• Fracture du cotyle :

− non ou peu déplacée : traction-suspension 3 semaines,

− déplacées :

◊ évaluer par _ / CT Scan,

◊ indications chirurgicales fréquentes.

B. Orthopédie du bassin

Le bassin est un des sièges d’élection du chondrosarcome.

VII. Pathologie de la hanche

A. La luxation traumatique de hanche

• nécessite un traumatisme important

• plusieurs variétés : postérieure, antérieure, inférieure

• fréquence des fractures associées : rebord cotyloïdien, tête fémorale (PIPKIN)

• attitude de la « baigneuse surprise » en cas de luxation postérieure

Complications

• étirement du nerf sciatique

• nécrose aseptique de la tête fémorale : survient principalement en cas de réduction tardive

Traitement : réduction orthopédique précoce (urgence 1) sous anesthésie générale.

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Surveillance

• intérêt du CT Scan après réduction pour s’assurer de l’absence de fragment ostéochondral

intraarticulaire

• IRM pour dépister une rare nécrose aseptique.

B. Fracture de l’extrémité supérieure du fémur

• fréquent chez la personne âgée (ostéoporose)

• met en jeu le pronostic vital (par l’intermédiaire des complications : décubitus, encombrement

pulmonaire, désorientation, désordres électrolytiques, complications thromboemboliques)

chez le vieillard fragile

• problème de santé publique : prévention primaire et secondaire.

1. Fractures du col du fémur

Classification

Classification anatomique : sous-capitales

transcervicales

basicervicales

Classification radiologique : GARDEN

Classification biomécanique : PAUWELS.

Complications

Risque majeur de nécrose aseptique posttraumatique (> 30 % en cas de Garden IV) et de

pseudarthrose (Pauwels III = trait vertical).

Traitement

chez le jeune : ostéosynthèse d’urgence (triple vissage)

chez la personne âgée :

ostéosynthèse des fractures engrenées

arthroplastie céphalique des fractures déplacées

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entre 55 et 70 ans (?) : discuter l’arthroplastie totale de hanche en cas de fracture déplacée ou de

lésions arthrosiques associées.

2. Fractures pertrochantériennes

Généralités

• fracture extraarticulaire en zone spongieuse

• localisation privilégiée des métastases (fractures pathologiques).

Classification

• multiples classifications

• distinguer les fractures stables des fractures instables (fragment isolant le petit trochanter).

Traitement : ces fractures doivent être opérées

• anciennement : ostéosynthèse par clou-plaque

• actuellement, deux techniques ayant leurs indications respectives :

− ostéosynthèse par vis-plaque,

− enclouage centromédullaire proximal avec vissage « verrouillé » du col (clou de Zickel,

clou GAMMA, PFN).

C. La hanche non traumatique

Plan

1. La maladie luxante de la hanche

2. La hanche douloureuse de l’enfant

3. L’épiphysiolyse fémorale supérieure

4. La coxarthrose

5. La nécrose aseptique de la tête du fémur.

1. La maladie luxante de la hanche

2. La hanche douloureuse de l’enfant

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Introduction

Une multitude de pathologies de l’enfant peuvent avoir comme premier symptôme un refus de

marcher, une boiterie ou une douleur dans la région de la hanche.

La cause la plus fréquente de boiterie ou de douleurs de hanche chez l’enfant de 3 à 8 ans est la

coxite transitoire, encore appelée synovite bénigne ou « rhume de la hanche ». La nature même

de cette affection bénigne reste mal connue. Il s’agit en fait d’un diagnostic d’exclusion qui ne

peut être retenu qu’après avoir éliminé toute autre pathologie.

Clinique

• L’enfant qui refuse de marcher ou de prendre appui sur un membre sans autre plainte

présente parfois une pathologie de hanche, mais il faut avant tout rechercher une raideur

rachidienne car cela peut être le premier signe d’une spondylodiscite bénigne du petit enfant

et rechercher une douleur provoquée qui nous orienterait par exemple vers une fracture de

jambe sans déplacement ou vers une lésion du pied.

• La coxite transitoire se manifeste souvent par une boiterie indolore ou peu douloureuse,

apparaissant subitement chez un enfant par ailleurs en parfaite santé. A l’examen clinique, le

seul signe pourra être une discrète limitation de l’abduction ou des rotations de hanche.

• Lorsque la douleur domine le tableau, il faut d’abord s’assurer qu’il s’agit d’une douleur de

hanche. Dans ce cas, les mouvements extrêmes sont toujours douloureux. L’existence d’une

douleur provoquée par la mobilisation de la hanche permettra de reconnaître une douleur

d’origine coxofémorale d’une douleur d’origine abdominale, rachidienne ou neurologique.

Une attitude antalgique du membre inférieur peut s’observer en cas de pathologie appendiculaire

(appendicite) par le mécanisme d’une contracture réflexe du psoas (psoïtis). Une hanche très

douloureuse à la mobilisation doit avant tout faire évoquer le diagnostic d’arthrite septique,

affection redoutable dont le diagnostic précoce est capital.

Dans une série récente de 60 enfants de moins de 5 ans hospitalisés pour mise au point d’une

douleur de hanche ou d’un refus de marcher, 14 (25 %) présentaient une pathologie infectieuse

(arthrite septique, ostéomyélite, abcès des tissus mous ou spondylodiscite). Il s’agit en fait des

principaux diagnostics à ne pas « manquer » chez le jeune enfant.

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Diagnostic différentiel

Le tableau I reprend en fonction de l’âge les causes de douleur de hanche chez l’enfant. Les

affections reprises dans la partie gauche du tableau s’observent en l’absence de toute altération

de l’état général. Les pathologies notées du côté droit s’accompagnent « en principe » de

manifestations générales ou d’une majoration des paramètres biologiques d’inflammation.

Tableau I

Le diagnostic de ces pathologies peut être difficile. Ehrlich & Zaleske ont retrouvé dans les

archives du Mas’General à Boston 38 cas de douleurs ostéoarticulaires sans explication initiale.

Une pathologie caractérisée fut finalement identifiée dans presque tous les cas, mais avec un délai

allant de 3 mois à 7 ans (moyenne de 11.4 mois). Il s’agissait d’affections aussi diverses que

l’algodystrophie ou ostéoporose transitoire, une fracture de stress ou encore une maladie

d’Addison ou une leucose.

La coxite transitoire

La coxite transitoire s’observe principalement chez l’enfant entre 4 et 10 ans. Les symptômes

peuvent être mineurs (discrète boiterie) ou bruyants (refus de marcher). Il peut y avoir un peu

de température, une discrète élévation de la VS et de la leucocytose. Les radiographies ne

montrent pas d’anomalie osseuse, ni de pincement articulaire. Il peut y avoir un épanchement

articulaire perceptible à l’échographie (+/- 40 % des cas selon McGoldrick & al.). La

scintigraphie peut être positive (50 % des cas selon Haueisen & al.).

On ne connaît pas l’étiologie de la coxite transitoire.

L’affection guérit spontanément en quelques jours, mais il existe des formes traînantes. Les

récidives sont rares, mais il existe des formes récurrentes.

Elle n’entraîne pas de séquelle significative, mais on a décrit des accélérations de la croissance du

côté atteint (coxa-magna, discrète inégalité de longueur des membres inférieurs).

L’arthrite septique

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L’arthrite infectieuse de la hanche reste, à l’ère des antibiotiques, une affection grave dont le

pronostic ne peut être amélioré que par un diagnostic très précoce et la mise en route immédiate

d’un traitement efficace.

En quelques heures, la nécrose purulente de la synoviale et la chondrolyse articulaire peuvent

entraîner des lésions irréversibles alors qu’au stade tout à fait initial, l’affection répond bien à une

antibiothérapie adéquate par voie générale.

Les germes les plus souvent en cause sont le staphylocoque doré chez le grand enfant et

l’haemophilus influenzae chez le petit enfant.

Les manifestations générales d’infection peuvent être larvées au début.

Le diagnostic est posé sur base de l’examen du liquide articulaire. L’examen bactériologique doit

comporter un examen direct au Gram, une mise en culture et l’étude de la sensibilité des germes

isolés. L’examen cytologique permettra le diagnostic de certitude s’il y a plus de 100.000

leucocytes par microlitre, mais au début, le comptage peut ne pas dépasser 20 à 30.000 éléments.

L’ostéochondrite fémorale supérieure

L’ostéochondrite primitive de la hanche (O.P.H.) ou maladie de Legg-Calvé-Perthès est une

affection de l’épiphyse fémorale qui suit un ou des épisodes ischémiques d’étiologie inconnue et

se caractérise par une résorption de l’os nécrosé parallèlement à une reconstruction

ostéocartilagineuse. Au cours de la phase d’évolution, l’épiphyse est susceptible de se déformer.

Il en résulterait une altération de la mécanique articulaire que le traitement tente d’éviter. Il faut

distinguer la maladie de Legg-Calvé-Perthès de la dysplasie de Meyer, qui guérit sans séquelle

significative dans les formes caractéristiques. La limite entre les deux affections est cependant

peu précise, d’autant plus que Meyer lui-même estimait que 20 % des cas évoluaient vers la

maladie de Legg-Calvé-Perthes.

Coxite transitoire et ostéochondrite

Il a été postulé que la synovite transitoire pouvait entraîner un gonflement articulaire susceptible

d’occasionner une obstruction vasculaire produisant ultérieurement une ostéochondrite. Cette

hypothèse n’a pas été démontrée, mais les séries récentes suggèrent une relation entre les deux

affections dans 0.6 à 6 % des cas.

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Il importe donc de prévenir les parents des enfants atteints de coxite transitoire de cette

éventualité rare et leur recommander de faire pratiquer un examen radiologique de contrôle si le

moindre symptôme apparaît dans les mois qui suivent.

Conduite à tenir

Lorsqu’un enfant présente une douleur de hanche ou une boiterie d’apparition récente, il faut

pratiquer outre l’examen clinique et la prise de la température, une radiographie du bassin, une

biologie inflammatoire, un examen hématologique complet et une échographie de hanche. Si la

hanche est très douloureuse, si l’enfant est fébrile, si sa biologie révèle un syndrome

inflammatoire, une hyperleucocytose ou une neutrophilie, il faut ponctionner la hanche, si

l’échographie a révélé un épanchement articulaire. L’objectif est de ne pas ignorer une arthrite

septique.

La radiographie standard permettra parfois de poser d’emblée le diagnostic en cas

d’ostéochondrite avérée par exemple.

L’échographie est devenue une étape importante de la mise au point de la hanche douloureuse de

l’enfant. Elle permet de dépister les épanchements articulaires importants justifiant une

ponction à titre de diagnostic ou de thérapeutique. Dans la coxite transitoire, il y a un

épanchement articulaire modéré dans près de la moitié des cas. Cet épanchement peut entraîner

un élargissement de l’interligne articulaire analogue à celui que l’on observe au stade tout à fait

initial de la maladie de Legg-Calvé-Perthes. Dans la coxite transitoire, l’élargissement est dû à

l’épanchement. En cas d’ostéochondrite, il est dû à un épaississement cartilagineux.

L’échographie permet donc d’orienter le diagnostic entre ces deux affections au stade tout à fait

initial.

La scintigraphie osseuse au méthylène diphosphonate de technétium 99 est un examen sensible,

mais peu spécifique. Elle est surtout utile dans les hanches douloureuses atypiques pour

éliminer les pathologies squelettiques qui peuvent mimer la coxite transitoire (cfr. tableau I).

Pour distinguer la simple synovite de l’ostéochondrite au stade initial, il faut avoir recours à des

clichés tardifs réalisés avec un collimateur à points (pin-hole). La technique en est délicate.

La résonance magnétique nucléaire (IRM) est une excellente technique pour rechercher une

nécrose osseuse. Chez l’enfant, cette technique pose un problème du fait de la longueur du

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temps de pose qui impose l’anesthésie. Elle est peut-être utile pour confirmer le diagnostic

d’une maladie de Legg-Calvé-Perthes au stade débutant. La sensibilité de la méthode doit encore

être démontrée.

En pratique La figure I reprend sous forme d’un « arbre de décision » l’attitude à avoir face à

une douleur de hanche ou une boiterie d’apparition récente chez le jeune enfant.

Résumé

Chez l’enfant, face à une douleur de hanche, une boiterie d’apparition récente ou un refus de

marcher, les diagnostics à évoquer d’abord sont la coxite transitoire, l’arthrite septique de hanche

et l’ostéochondrite fémorale supérieure (Legg-Calvé-Perthes).

D’autres affections peuvent plus rarement être en cause. Il faut donc rester vigilant surtout si

l’enfant présente une altération de l’état général ou des douleurs importantes.

La coxite transitoire est une affection bénigne spontanément résolutive en quelques jours.

L’arthrite septique évolue rapidement, elle peut détruire l’articulation en quelques jours; son

pronostic ne peut être amélioré que par un diagnostic très précoce et la mise en route immédiate

d’un traitement antibiotique efficace en hospitalisation. La maladie de Legg-Calvé-Perthès qui se

caractérise par une résorption de l’os nécrosé, parallèlement à une reconstruction

ostéocartilagineuse, devra faire l’objet en temps utile d’une consultation spécialisée.

Les indications des examens complémentaires (biologie, ponction articulaire, échographie,

radiographie, scintigraphie, résonance magnétique) sont discutées sur base des publications les

plus récentes et la conduite à suivre à la fois sur le plan du diagnostic et du traitement est

présentée sous forme d’un arbre de décision.

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3. L’ostéochondrite fémorale supérieure ou maladie de Legg Calve Perthes

• C'est une maladie bénigne, entraînant des douleurs, habituellement discrètes, ainsi q'une

boiterie. (Mais attention, toute boiterie n'est pas synonyme d'ostéochondrite; elle est

fréquente chez le petit enfant).

• Elle atteint les enfants de 3 à 8 ans environ, surtout les garçons (huit fois sur dix).

Habituellement, une seule hanche est atteinte. Dans quelques cas, l'autre peut être aussi,

avec léger décalage dans le temps.

• L'origine de la maladie est d'ordre "vasculaire": l'artère qui nourrit la tête fémorale se

bouche (pour une raison inconnue), provoquant une destruction (nécrose) de la tête.

L'ostéochondrite n'est donc ni contagieuse ni héréditaire. Cette tête devient alors

fragile, se fragmente et peut s'aplatir. Elle se réparera d'elle-même progressivement, dans

tous les cas, mais l'intérêt du traitement est de conserver à la tête sa sphéricité pendant

ce stade de fragilité. Toutes les méthodes concourent à ce' but. En outre, la chirurgie peut

accélérer ce cycle évolutif.

• La guérison s'obtient en un an environ, et cette période représente un handicap

temporaire. Certaines formes (très bénignes) ne nécessitent même pas de traitement

mais une simple surveillance.

Le traitement

• Il est destiné à éviter autant que possible la déformation de la t^te fémorale et donc la

survenue d'une arthrose à l'âge adulte.

• Il vise à placer la tête fémorale dans une position de recentrage dans le cotyle, qui joue

le rôle d'un moule.

• Il est jalonné par des consultations à intervalles réguliers auprès du chirurgien (et

éventuellement de l'appareilleur-prothésiste), avec des radiographies de la hanche. Le

kinésithérapeute a un rôle important tout au long des étapes.

• Dans certains cas, il peut être utile de recourir à d'autres examens radiologiques

(scintigraphie, arthrographie, résonance magnétique nucléaire…) pour apprécier le stade

d'évolution de la maladie ou pour aider le chirurgien dans le choix d'un traitement.

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4. L’épiphysiolyse fémorale supérieure

Synonyme : coxavara de l’adolescent.

Description

Lors de la poussée de croissance prépubertaire, peu avant la fermeture des cartilages de

croissance, il y a un moment de fragilité du cartilage épiphysaire sous-capital du fémur. Celui-ci

cède par cisaillement, ce qui permet un déplacement en bas et en arrière de l’épiphyse (coxavara

retorsa).

Il existe des formes aiguës et des formes chroniques.

Elle se voit surtout chez des adolescents obèses (on parlait jadis de syndrome adiposo-génital).

L’ostéodystrophie rénale est également un facteur favorisant.

Signes cliniques

• Il faut y penser chaque fois qu’un adolescent se plaint d’une douleur de hanche. Il ne faut pas

oublier que l’adolescence est plus précoce chez les jeunes d’origine méditerranéenne (l’EPFS

se voit dans ces populations dès l’âge de 9-10 ans).

• « Le » signe clinique appelé signe DREHMANS se voit à un stade tardif : il s’agit d’une

rotation externe obligée lors de la flexion de la hanche.

Examens

Un examen radiographique du bassin avec une incidence de Lavenstein (profil vrai) s’impose en

cas de douleur de hanche, de boiterie ou d’impotence fonctionnelle de l’adolescent. L’examen

radiographique doit être répété si les symptômes persistent après un premier examen négatif.

Le CT Scan est utile pour évaluer l’importance du déplacement et planifier le traitement

chirurgical.

Traitement

Il est impératif de fixer l’épiphyse par vissage, avant que le déplacement ne progresse donc à un

stade précoce.

En cas d’épiphysiolyse aiguë à grand déplacement, on peut mettre une traction continue

prudente et laisser « revenir » l’épiphyse.

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Il est très dangereux de réduire sous anesthésie générale.

Des opérations complexes (opération de Dunn) ont été décrites pour corriger les grands

déplacements. Elles sont grevées d’un risque de complication significatif.

Complications

Les complications peuvent être très graves et laissent des séquelles majeures.

• Nécrose aseptique de l’épiphyse : l’épiphyse basculée en arrière est vascularisée par une lame

vasculaire postérieure peu élastique, qui peut être détruite par des manoeuvres intempestives

de réduction.

• Coxite laminaire ou chondrolyse ou nécrose aseptique du cartilage articulaire : il s’agit d’une

complication redoutable avec disparition progressive de cartilage articulaire. On retrouve des

lésions inflammatoires et des lésions ischémiques. La hanche s’enraidit. Le traitement est la

traction au lit par bande collée et la décharge articulaire pendant une période très prolongée,

mais il est rare que l’interligne se reconstitue.

• Coxavara retorsa : les grands déplacements perturbent la mécanique de la hanche, entraînant

boiterie, raccourcissement, attitude vicieuse en rotation externe et ultérieurement, une

coxarthrose.

! L’épiphysiolyse n’est pas fréquente, mais un diagnostic retardé est gravement

préjudiciable pour l’adolescent.

5. La coxarthrose

Se référer au chapitre général sur l’arthrose.

6. Nécrose aseptique de la tête du fémur

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Il est classique de séparer les nécroses aseptiques de la tête fémorale de cause connue, des

nécroses aseptiques primitives ou idiopathiques.

Les principales étiologies connues de la nécrose aseptique de la tête fémorale sont les radiations

ionisantes, les fractures du col fémoral, les luxations traumatiques de la hanche, la maladie des

caissons et la drépanocytose.

Dans le groupe des nécroses aseptiques primitives ou idiopathiques, plusieurs facteurs

étiologiques ont été mis en évidence.

L’hypercorticisme est actuellement une cause reconnue de la nécrose de la tête fémorale qui était

particulièrement fréquente chez les patients ayant subi une transplantation rénale avant

l’introduction de la cyclosporine. Il semble que l’hypercorticisme thérapeutique puisse

également être en cause dans les cas de nécrose qui compliquent certaines maladies du collagène,

comme le lupus érythémateux disséminé. Il est proposé de classer les nécroses

« postcortisoniques » dans le groupe des nécroses de cause connue, bien que le mécanisme

pathogénique liant l’hypercorticisme à la nécrose épiphysaire reste mal compris.

L’hyperuricémie, la pancréatite chronique et l’éthylisme chronique sont les causes « supposées »

de la nécrose aseptique de la tête fémorale.

L’hypercorticisme, la diathèse goutteuse, la pancréatite chronique et l’éthylisme ont comme

point commun de s’accompagner de perturbations du métabolisme des lipides pouvant expliquer

une perturbation de la circulation épiphysaire fémorale par des micro-embolies graisseuses.

Introduction

Les facteurs étiologiques de la nécrose aseptique de la tête fémorale sont multiples. On peut

considérer que la cause de la nécrose osseuse est connue quand elle est induite par des radiations

ionisantes, un traumatisme, la maladie des caissons, la drépanocytose ou anémie à cellules

falciformes et la maladie de Gaucher.

Depuis les années 70 (Smyth & Leidholt, 1973; Catto, 1976), l’hypercorticisme exogène est

considéré comme une étiologie connue et non plus supposée de la nécrose de la tête fémorale,

bien que la pathogénie en reste très controversée.

Etiologies connues

• Radiations ionisantes

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Les nécroses aseptiques induites par les radiations ionisantes sont liées à la mort cellulaire de l’os

et du tissu hématopoïétique. La nécrose osseuse peut résulter d’une irradiation externe,

thérapeutique par exemple, ou de l’absorption accidentelle de radio-isotopes à tropisme osseux.

L’irradiation thérapeutique à haut kilovoltage est susceptible d’entraîner une ostéonécrose à

partir d’une dose de 3 à 4.000 centigrays (Woodard & Coley, 1947). Une dose supérieure à

5.000 centigrays crée régulièrement des lésions osseuses. La dose entraînant des lésions radiques

est plus élevée chez l’enfant, tandis que l’os du vieillard est plus sensible (Woodard & Coley,

1947; Woodard, 1957). Pour ce qui concerne la hanche, c’est le traitement des cancers pelviens

par radiothérapie externe et curiethérapie endocavitaire qui risquent d’entraîner des lésions

d’ostéonécrose. Les radiolésions de la hanche n’intéressent que rarement la tête fémorale

isolément. Elles comportent des lésions du cotyle et du col fémoral (Duparc & al., 1974). Une

complication sérieuse de l’irradiation de l’extrémité supérieure du fémur est la fracture du col du

fémur (Woodard, 1957; Jeffery 1962; Duparc & Frot, 1971).

L’absorption de radio-isotopes à dose suffisante pour entraîner des lésions d’ostéonécrose ne

peut relever que de situations exceptionnelles. Un exemple classique est l’ostéonécrose

maxillaire observée autrefois chez des ouvriers peignant des cadrans lumineux avec des

substances radioactives (de Sèze et Ryckewaert, 1971). Les isotopes utilisés dans les réacteurs

nucléaires ont été étudiés expérimentalement : le plutonium comme l’yttrium et l’americium, se

localisent dans la moelle osseuse et les cellules endothéliales, tandis que le radium est incorporé à

l’hydroxyapatite (Catto, 1976).

• Nécrose post-traumatique

Les nécroses compliquant les fractures du col du fémur et les luxations de la hanche sont liées à

l’interruption de la circulation épiphysaire. L’anatomie rend compte de la vulnérabilité de la

circulation céphalique dans son trajet intrasynovial (Trueta & Harrison, 1953).

Les artères épiphysaires latérales, qui assurent la vascularisation des 2/3 supérieurs de la tête du

fémur, circulent sur la face supérieure du col fémoral et pénètrent dans l’os à proximité de la

jonction entre le col et la tête recouverte de cartilage. Cette situation anatomique a pour

conséquence que ces vaisseaux sont interrompus dans presque toutes les fractures déplacées du

col fémoral. Les artères métaphysaires inférieures vascularisent le reste de la tête fémorale.

Lorsque ces deux groupes vasculaires sont interrompus, la vascularisation n’est assurée que par

l’artère du ligament rond, qui est inconstante chez le sujet âgé, et n’assure chez l’adulte la

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vascularisation que d’une très petite partie « fovéale » de la tête du fémur. D’après Trueta &

Harrison (1953), il existe des anastomoses entre les différents systèmes vasculaires irriguant la

tête du fémur, tandis que leur existence est niée par d’autres auteurs (Sevitt & Thompson, 1965).

L’artère du ligament rond, qui est peu importante dans des conditions normales, pourrait avoir

un rôle dans la revascularisation de la tête du fémur après fracture du col (Barnes, 1967).

Les fractures déplacées du col du fémur se compliquent de nécrose dans un pourcentage élevé des

cas, quel que soit le traitement. L’incidence clinique et radiologique est de l’ordre de 20 à 30 %

(Fielding & al., 1962; 33 %, Banks, 1962; 39 %, Linton, 1944). L’étude histologique des têtes

fémorales réséquées après fracture déplacée du col du fémur permet de constater des lésions

d’ostéonécroses localisées ou étendues dans 60 à 80 % des cas (84 %, Sevitt, 1964, 66, Catto,

1965).

Après luxation traumatique de la hanche, le risque de nécrose de la tête fémorale est déterminé

par la gravité des lésions traumatiques locales et par le délai entre l’accident et la réduction

(Trojan, 1959; Merle d’Aubigné, 1959; Brav, 1962). Le pronostic des luxations simples réduites

précocement est favorable, avec une incidence de nécrose inférieure à 10 % (Trojan, 1959;

Creyssel & al., 1959; Hunter, 1969). L’association d’une fracture du cotyle ou de la tête

fémorale sont des facteurs péjoratifs. Un délai supérieur à 12 heures entre le moment du

traumatisme et celui de la réduction double le risque de complication ischémique de la tête

fémorale (Brav, 1962). Les lésions radiologiques de nécrose avasculaire peuvent apparaître

tardivement, jusqu’à 2 ans après le traumatisme (Nicoll, 1952).

En dehors des fractures et des luxations, le rôle d’un traumatisme dans la genèse d’une nécrose

aseptique de la tête fémorale reste controversé. Il semble cependant indéniable dans certaines

observations rapportées dans la littérature (Arlet & al., 1973). Il est possible que des

mouvements forcés de l’articulation coxofémorale entraînent des lésions capsulaires intéressant

les vaisseaux épiphysaires avant leur pénétration dans l’os. La tendance actuelle est donc

d’admettre l’imputabilité d’une nécrose qui se déclencherait dans les suites d’un traumatisme de

ce type.

• Nécroses dysbariques

Les nécroses de la maladie des caissons sont de 2 types. Il faut distinguer les nécroses

médullaires diaphysaires qui se localisent préférentiellement à l’extrémité inférieure du fémur, et

à l’extrémité supérieure du tibia, des lésions juxta-articulaires, qui sont plus fréquentes à

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l’extrémité supérieure de l’humérus qu’au niveau de la tête fémorale (McCallum & al., 1966;

Ohta & Matsunaga, 1974; Catto, 1976).

Il est communément admis que c’est la libération, sous forme de bulles, des gaz inertes dissous

dans les tissus et le sang qui produit une obstruction mécanique des vaisseaux terminaux.

Actuellement, d’autres mécanismes pathogéniques sont pris en considération, tels que

l’altération des protéines et des lipides plasmatiques qui adhèrent aux interfaces sang/gaz. En

outre, des agrégats plaquettaires peuvent devenir circulants et libérer leurs constituants

(Chryssanthou, 1978). La maladie des caissons concerne des groupes de patients exerçant une

profession les exposant à des pressions élevées, principalement les plongeurs et les travailleurs

des constructions sous-marines. L’incidence des lésions osseuses chez les travailleurs en

hyperbarisme est de l’ordre de 10 à 20 % en Grande Bretagne (Trowbridge, 1977). Au Japon,

près de 60 % des plongeurs professionnels examinés par l’équipe de Kawashima (1978)

présentaient des lésions d’ostéonécrose. Des antécédents d’accident de décompression sont

signalés avec une fréquence très variable : 15,8 % pour Kindwall (1974), 53,3 % pour

Kawashima & al. (1978).

• La drépanocytose

La drépanocytose est une anémie hémolytique, chronique et héréditaire, caractérisée par la

présence dans le sang d’hématies falciformes contenant une hémoglobine anormale, l’hémoglobine

S. Il s’agit d’une maladie moléculaire où la substitution d’un seul acide aminé (la valine

remplaçant l’acide glutamique dans la région amino-terminale de la chaîne α est responsable de la

cristallisation de la désoxyhémoglobine S sous faible pression d’oxygène (Dean & Schechter,

1978). Lors des crises aiguës de déglobulisation, les hématies falciformes provoquent des

thromboses et des embolies vasculaires responsables des nécroses tissulaires, médullaires et

osseuses. Les homozygotes sont gravement atteints bien qu’avec des variations individuelles

notables. Des décès par embolie graisseuse ont été décrits dans des cas de nécroses médullaires

et osseuses très étendues (Shelley & Curtis, 1958).

Dans la drépanocytose, le mécanisme élémentaire de la nécrose osseuse est donc une obstruction

des vaisseaux par des agglomérats de globules rouges.

• Maladie de Gaucher

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La maladie de Gaucher est une maladie héréditaire et métabolique, caractérisée par un déficit

enzymatique en -5-glucosidase au niveau des lysosomes. Il en résulte une accumulation de

glucocérébrosides au niveau des lysosomes des macrophages et des cellules réticuloendothéliales

de la rate, du foie, du poumon et de la moelle osseuse (Hers & Van Hoof, 1973).

Décrite par Gaucher en 1882, ce sont Cushing & Stout (1926) qui ont rapporté le premier cas

avec atteinte osseuse, en l’occurrence l’articulation coxofémorale. Pour certains auteurs

(Moseley, 1973; Jaffe, 1972), c’est la prolifération des cellules de Gaucher au niveau de la moelle

qui provoquerait à la longue une ischémie vasculaire responsable des lésions de nécrose

diaphysaire et épiphysaire. Comme dans la drépanocytose, les nécroses médullaires étendues

peuvent entraîner la mort par embolie graisseuse (Smith & al., 1978).

• Hypercorticisme thérapeutique

Les nécroses cortisoniques de la tête fémorale ont d’abord été incluses dans les séries de nécroses

idiopathiques. Comme d’autres auteurs (Smyth & Leidholt, 1973; Catto, 1976), nous pensons

qu’actuellement elles sortent de ce cadre et qu’il s’agit d’une étiologie bien établie. A l’examen

des séries dites historiques des nécroses idiopathiques de la tête fémorale, il ressort que

l’hypercorticisme thérapeutique se retrouve dans les antécédents avec une fréquence non

négligeable. Pour les cas traités à l’hôpital Cochin (Massias & al., 1962; Merle d’Aubigné & al.,

1965), les fréquences respectives sont 36 et 34 %.

La série anglo-saxonne la plus importante est celle de Patterson & al. (1964), qui publie les cas de

nécrose idiopathique de la tête fémorale rencontrés à la Mayo Clinic de 1935 à 1960.

L’hypercorticisme thérapeutique est signalé dans 9,6 % des cas.

L’essor de la transplantation rénale a fourni des groupes homogènes de patients traités par des

corticostéroïdes. Les premiers cas de nécrose aseptique de la tête fémorale chez des transplantés

rénaux ont été publiés par Starlz & al. (1964).

Dans la littérature, la fréquence de l’ostéonécrose de la tête fémorale après transplantation varie

de 3 % (Kinnaert & al., 1972) à 37 % (Cruess & al., 1968) (tableau 1). Harrington & al. (1971)

ont modifié l’incidence de l’ostéonécrose après greffe rénale en raccourcissant la durée du

traitement initial aux corticostéroïdes, mais ceci n’a pas été confirmé par d’autres auteurs. Dans

l’état actuel des publications, il reste difficile de se faire une idée précise de la fréquence de

l’ostéonécrose comme complication de la greffe rénale, étant donné que certains auteurs insèrent

dans leur série des échecs précoces qui n’ont pas reçu de corticostéroïdes pendant une période

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prolongée, et que d’autres ne retiennent que les transplantés soumis au traitement

immunodépresseur pendant plus de 6 mois. Pour les services de néphrologie et de

transplantation des Cliniques Universitaires St-Luc, 14,4 % des patients transplantés et traités

aux immunodépresseurs pendant plus de 3 mois ont développé une nécrose de la tête fémorale

(Rombouts & al., 1972); cette fréquence a diminué dramatiquement avec l’introduction de la

cyclosporine à partir de 1983.

Le rôle prépondérant des corticostéroïdes dans l’apparition des nécroses épiphysaires et

métaphysaires après transplantation est admis par la plupart des auteurs, mais le mécanisme

pathogénique en reste très controversé.

Les corticostéroïdes ont un effet analgésique très marqué. Il en résulte que l’ostéoporose, qu’ils

induisent, évolue insidieusement. La réduction du volume absolu osseux favorise l’apparition de

tassements vertébraux et de fractures périphériques (Nagant de Deuxchaisnes & al., 1973).

D’autre part, l’administration de corticostéroïdes à dose thérapeutique, pendant une période

prolongée, induit une hyperlipidémie et aggrave les troubles lipidiques préexistants (Skanse & al.,

1959; Harvengt, 1973; Roux & al., 1978). Les perturbations lipidiques au cours de l’insuffisance

rénale et après transplantation sont bien connues (Ibels & al., 1975). Dans une étude à court

terme, Ibels & al. (1978) ont montré que 61 % des transplantés présentaient une hyperlipidémie

dont le typage est hétérogène. Plus récemment, Nicolas & al. (1979) ont constaté que, si

l’incidence des troubles lipidiques est de 51 % deux ans après la greffe rénale, à long terme, c’est-

à-dire 10 ans après la greffe rénale, cette fréquence tombe à 25 %. L’âge et le sexe sont des

facteurs qui doivent entrer en ligne de compte plus que la dose moyenne quotidienne de

prednisolone reçue par les patients.

L’hypothèse d’une micro-embolie graisseuse comme mécanisme de l’ostéonécrose a été avancée

pour la première fois par Fisher & Bickel (1969). Cette hypothèse a été plus largement

documentée par Cruess & al. (1975) et Fisher (1978).

Le rôle respectif des microfractures et des micro-embolies graisseuses dans la genèse de

l’ostéonécrose cortisonique de la tête fémorale reste toutefois à être précisé.

Le lupus érythémateux disséminé (LED) a été considéré comme un facteur étiologique de la

nécrose aseptique de la tête fémorale. Il semble bien que dans la majorité des cas, c’est le

traitement aux corticostéroïdes et non l’affection lupique elle-même qui engendre la nécrose.

Dubois & Cozen (1960) ont rapporté les 11 premiers cas d’ostéonécrose de la tête fémorale dans

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une série de 400 observations de LED. 10 des 11 patients avaient été traités par des

corticostéroïdes avant l’apparition de la nécrose.

La fréquence de l’ostéonécrose de la tête fémorale dans le LED varie de 3 à 10 %.

Les cas d’ostéonécrose rapportés ont presque tous été traités par de fortes doses de cortisone; il

existe une corrélation très significative entre l’apparition de la nécrose et la dose journalière de

corticostéroïdes, indépendamment de la dose totale de cortisone administrée. De rares cas de

LED non traités par des corticostéroïdes se sont compliqués d’ostéonécrose de la tête fémorale

(Siemsen & al., 1962; Velayos & al., 1966; Ropes, 1976). Que l’ostéonécrose du LED puisse

être induite par des lésions vasculaires suite à l’apparition de complexes immuns circulants est

une hypothèse plausible mais non démontrée.

Etiologies supposées

L’hyperuricémie et la goutte, la pancréatite et l’éthylisme chroniques sont des étiologies dites

« supposées » de la nécrose idiopathique de la tête fémorale.

• Ethylisme

L’éthylisme chronique se retrouve avec une fréquence très élevée dans les séries de nécroses dites

idiopathiques de la tête fémorale : 18 % pour Serre & Simon (1962), 17 % pour Patterson & al.

(1964), 40 % pour Louyot & Gaucher (1970).

Outre une hyperuricémie, l’éthylisme chronique peut engendrer une hyperlipidémie et celle-ci

s’observe essentiellement chez les éthyliques atteints de stéatose hépatique. La perturbation

porte sur toutes les fractions lipidiques mais en particulier sur les triglycérides, dont les valeurs

peuvent atteindre 10 g/dl et les chylomicrons qui sont des particules sphériques susceptibles

d’obstruer les capillaires (Wilson & al., 1970). Cette hyperlipidémie est transitoire et régresse

dès l’instauration d’un sevrage. En cas d’éthylisme, l’hypothèse d’une micro-embolie graisseuse

proposée par Jones & al. (1968), comme mécanisme de l’ostéonécrose de la tête fémorale, paraît

vraisemblable, bien que la preuve histologique n’en soit pas faite formellement. La tendance

actuelle est donc d’exclure les nécroses aseptiques d’origine éthylique du cadre des nécroses

idiopathiques au même titre que les nécroses aseptiques induites par les corticostéroïdes.

Diagnostic différentiel

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L’algodystrophie idiopathique de la hanche.

Traitement

Les formes localisées en dehors du quadrant portant de la tête fémorale (rôle de l’IRM dans

l’évaluation) peuvent rester stables et ne pas évoluer vers l’effondrement. Dans ces cas, le

traitement sera symptomatique pendant la phase aiguë (analgésiques, décharge).

Le traitement chirurgical peut avoir pour objectif de favoriser la revascularisation du séquestre

(forage, greffe vascularisée), de le mettre à l’abri des contraintes mécaniques (ostéotomie fémorale

de varisation ou de déflexion selon Sugioka), ou de pallier à la destruction de la hanche

(arthroplastie totale).

Les interventions conservatrices et en particulier les greffes vascularisées et les ostéotomies

n’ont pas donné des résultats réguliers.

L’arthroplastie de hanche est régulièrement la seule solution pour traiter cette pathologie, mais il

s’agit souvent de patients jeunes et actifs, dont l’os n’a pas toujours une résistance mécanique

idéale.

P.S.: Ce chapitre sur la nécrose aseptique de la tête du fémur a fait l'objet d'une mise à jourrécente qui est rédigée en anglais et est annexé.

VIII. Pathologie de la cuisse

A. Pathologie traumatique : la fracture de la diaphyse fémorale

• Un traumatisme important est nécessaire pour fracturer le fémur d’un adulte.

• Les pertes de sang sont importantes.

• Il y a souvent des lésions associées (polytraumatisme).

• Les lésions de voisinage sont plutôt rares (lésion du nerf sciatique et de l’artère fémorale).

• Risque de complication générale : « le syndrome de l’embolie graisseuse » (cfr. vol. 1, p. 38).

Traitement d’urgence

Immobiliser la fracture pendant le transport (attelle de Thomas).

Installer le patient en traction par broche transosseuse si on ne peut pratiquer l’ostéosynthèse

d’emblée.

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Traitement

Ostéosynthèse par enclouage centromédullaire verrouillé à foyer fermé.

Pour limiter le risque de syndrome d’embolie graisseuse, il est préconisé d’utiliser un clou non

alésé (UFN), voire un fixateur externe chez les polytraumatisés présentant soit plusieurs

fractures diaphysaires, soit un traumatisme thoracique associé.

B. Pathologie non traumatique

La cuisse est un des sièges de prédilection des lipomes, liposarcomes et myosarcomes.

IX. Pathologie du genou et de la jambe

Plan

A. Anatomie fonctionnelle

1. L'articulation fémoro-tibiale

2. L'articulation fémoro-patellaire

B. Pathologie traumatique

1. Fracture du fémur distal

2. Fracture de la rotule

3. Fracture des plateaux tibiaux

4. Fracture diaphysaire de la jambe

5. Les entorses du genou

Entorse du LLI ou LLE

Rupture du LCA

Triade de O'Donoghue

6. Syndrome méniscal

C. Pathologie non-traumatique

1. Syndrome méniscal

2. Syndrome fémoro-patellaire

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Subluxation et luxation de la rotule

Chondromalacie rotulienne

Arthrose fémoro-patellaire

3. Affections génératrices de corps étrangers

L'ostéochondrite

L' (ostéo)chondromatose synoviale

4. Déviations angulaires du genou

5. La gonarthrose

6. Les hygromas

A. Anatomie fonctionnelle

Le genou est le complexe articulaire le plus large du corps humain.

Le genou est composé de deux articulations: la fémoro-tibiale et la fémoro-patellaire.

1. L’articulation fémoro-tibiale

On y distingue 2 compartiments : l'externe constitué par l'articulation du condyle fémoral externe et

du plateau tibial externe et l'interne constitué du condyle et plateau internes.

La congruence entre le tibia et le fémur n'est réalisée parfaitement que par l'interposition de 2

croissants de fibrocartilage appelés ménisques.

La stabilité passive de l'articulation est assurée par de puissants ligaments. Les ligaments

collatéraux interne et externe maintiennent passivement le genou dans le plan frontal tandis que les

ligaments croisés, le croisé antérieur et le croisé postérieur, insérés au centre de l'articulation assurent

la stabilité dans le plan sagittal. Le croisé antérieur limite l'avancée du tibia sous le fémur. Le croisé

postérieur limite la course postérieure du tibia. Ces deux ligaments s'enroulent lors de l'extension du

genou.

La capsule articulaire est renforcée derrière à hauteur des condyles et limite l'extension du genou.

La stabilité active est apportée par les muscles (quadriceps, ischio-jambiers, tenseur du fascia-lata,

poplité). Seuls les muscles et en particulier le quadriceps confèrent au genou une stabilisation

active. Le genou est verrouillé par l'action du quadriceps. "Pas de bon genou sans bon quadriceps".

La fémoro-tibiale autorise des mouvements de flexion-extension et de rotation. Aucune rotation

n'est possible sur un genou étendu (essayez de faire pivoter votre tibia sans faire bouger votre

fémur, vous n'y parviendrez pas lorsque le genou est étendu. En flexion, les ligaments se détendent

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et le tibia pivote facilement). Le genou a l'apparence d'une articulation à un seule charnière.

Cependant l'axe de rotation ni même celui de la flexion ne sont fixes. La structure du genou impose

un mouvement de rotation interne lors des 20 premiers degrés de flexion et l'inverse lors des 20

derniers degrés d'extension. Lors de la flexion, il y a un roulement des condyles sur leur plateau

respectif dans les 20 premiers degrés de flexion et auquel s'ajoute un glissement des condyles pour

obtenir une flexion maximale de 160°.

2. Articulation fémoro-patellaire

Elle est constituée par la rotule et la trochlée fémorale. La rotule est l'os sésamoïde (os situé dans

l'épaisseur d'un tendon) le plus volumineux du corps et fait partie de l'appareil extenseur du genou

en s'interposant entre le tendon du quadriceps et le tendon rotulien inséré sur la tubérosité tibiale

antérieure.

Ces deux tendons font entre eux un angle ouvert en dehors de 15°. Cet angle Q augmente en cas de

genu valgum, la rotation externe du tibia. Lors de la contraction du quadriceps, l'appareil extenseur a

tendance à aligner rotule et ligament (tendon) rotulien. Ceci a pour effet d'attirer la rotule vers le

côté externe du genou.

La rotule ne se luxe pas car elle est retenue par :

• l'aileron interne, puissante formation fibreuse qui unit le rebord rotulien au condyle interne

• le vaste interne, qui par sa contraction attire la rotule en interne

• le relèvement (la hauteur) de la berge externe de la trochlée.

L'étude cinématique des rapports entre rotule et trochlée montre qu'en extension complète, il n'y a

pas de contact entre les deux surfaces articulaires. A 30°, il y a contact entre la trochlée et les deux

versants de la rotule à sa partie inférieure. A 60°, le même contact existe mais avec le pôle supérieur

de la rotule. Au-delà de 60°, la rotule reste en contact avec le fémur par son pôle supérieur.

La rotule assure la protection du quadriceps, favorise le glissement du tendon tout en augmentant

son bras de levier. Ce bras est maximal à 45° de flexion.

B. Pathologie traumatique du genou

1. Fracture du fémur distal

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Fracture supra- et éventuellement intercondylienne. Résulte d'un traumatisme important. Elle est

favorisée par l'ostéoporose chez les personnes âgées.

Le fragment distal est toujours basculé vers l'arrière suite à l'action des gactrocnémiens.

Le traitement est chirurgical (lame-plaque, vis-plaque, clou verrouillé) quand elle est déplacée.

2. Fracture de la rotule

Elle est consécutive à une chute sur le genou fléchi. Etant une fracture articulaire, elle exige le plus

souvent un traitement chirurgical (broche et cerclage) de façon à minimiser le risque d'arthrose post-

traumatique. Un diastasis intraosseux peut être palpé cliniquement en cas de fracture transversale

complète.

3. Fracture des plateaux tibiauxCette fracture résulte le plus souvent d'un écart forcé du genou en valgus ou varus (par ex. un piéton

renversé par une voiture). La fracture produit soit une séparation soit un tassement ou les deux

composantes. Une rupture du ligament latéral et/ou des ligaments croisés peut être associée en

fonction de la gravité du traumatisme. Une paralysie du sciatique poplité externe (SPE ou fibulaire

commun) peut également s'observer suite à une compression ou un étirement du nerf.

Si la déformation est minime, un traitement conservateur (traction ou plâtre cruro-pédieux) peut être

réalisé pour une durée totale de 6 semaines (à la différence d'une fracture diaphysaire, une fracture

de l'os spongieux consolide plus rapidement). Si l'enfoncement est supérieur à 10 mm, une

réduction chirurgicale est nécessaire.

4. Fracture diaphysaire de la jambeLe tibia est l'os long le plus fréquemment fracturé. La fracture peut être causée par un traumatisme

direct (coup) ou indirect (torsion, chute). C'est aussi la localisation la plus fréquente des fractures

ouvertes car un tiers de sa surface est sous-cutanée et non protégée par les masses musculaires (à la

différence des fractures du fémur qui est bien entouré par les muscles, ce qui explique que l'on peut

perdre plus de sang dans une fracture du fémur).

Chez l'enfant, le traitement est conservateur pour une durée variable entre 2 et 3 mois.

Si nécessaire, une réduction orthopédique sous anesthésie peut être réalisée.

Chez l'adulte, le traitement est soit chirurgical, soit conservateur.

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• Le traitement chirurgical de choix reste l'enclouage centromédullaire càd la mise en place d'un clou

après avoir alésé la cavité (alésage : à l'aide d'une fraise, mise à dimension du canal médullaire pour le

passage du clou).

Le clou peut être verrouillé, càd que pour empêcher la rotation d'un des fragments osseux autour du

clou, on peut les solidariser par une ou deux vis transfixiant le clou et l'os en passant par un ou deux

orifices du clou.

En cas de fracture ouverte, l'os ne sera plus alésé pour éviter d'augmenter la dévascularisation. En

cas de fracture largement ouverte, un fixateur externe sera posé exclusivement.

• Le traitement peut être également conservateur : réduction orthopédique si nécessaire, plâtre cruro-

pédieux pour +/-4 semaines et ensuite plâtre de Sarmiento (nom du chirurgien qui a mis cette

technique au point) pour 2 mois. L'appui est réalisé progressivement vers la 4-6e semaine. L'appui

doit être toujours indolore.

5. Les entorses du genou

La pratique sportive a fait augmenter la fréquence de ce type de traumatisme. Les ligaments

collatéraux et les croisés sont vulnérables aux contraintes en traction et rotation.

Eléments de gravité

• la non reprise du sport après quelques instants indique une lésion importante;

• le traumatisme appuyé (chute d'un skieur dont les sécurités n'ont pas fonctionné) plaide

également pour une lésion importante;

• la sensation d'instabilité du genou est en faveur d'une entorse grave.

Ponction articulaire

Elle peut aider au diagnostic et soulager le patient.

Repérer l'angle supéro-externe de la rotule. Marquer un trait à 1.5 cm sous cet angle.

Badigeonner à l'alcool iodé et enfoncer l'aiguille à travers ce point. Un liquide séreux sera en faveur

d'une lésion méniscale tandis que si il y a une hémarthrose, le diagnostic de présomption sera en

faveur d'une rupture du croisé antérieur, d'une fracture ostéochondrale ou d'une luxation de rotule.

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Gravité d'une entorse

Grade I : distension du ligament. Douleur sur le trajet du ligament latéral. Aucune laxité. Bandage

élastique.

Grade II : Rupture de quelques fibres du ligament, pouvant conduire à une laxité en flexion à 30°.

Genou stable en extension. Genouillère 4 semaines.

Grade III : rupture complète du ligament latéral. Laxité en flexion et extension. Application de

glace. Ponction en option. Attelle cruro-pédieuse. Chirurgie en option.

Il faut 6 semaines à un ligament pour cicatriser complètement.

Sémiologie du genou

• Signe du choc rotulien

En cas d'épanchement de synoviale ou d'hémarthrose, il est possible de soulever la rotule en

chassant le liquide du cul-de-sac quadricipital. La rotule est ainsi soulevée. Il est alors possible de

lui imprimer une pression vers la trochlée avec laquelle elle prend contact à la manière d'un glaçon

que l'on enfonce mais qui revient ensuite à la surface.

• Recherche d'une laxité latérale

Ces tests recherchent une distension du ligament collatéral en faisant bailler l'interligne interne ou

externe fémoro-tibial. En cas de laxité, on perçoit le contact du plateau avec le condyle fémoral.

En extension, il n'y a aucune laxité càd que toute latéralisation d'un genou étendu n'entraîne aucun

déplacement anormal en cas d'intégrité. Il est par contre physiologique d'obtenir une petite laxité en

légère flexion. Il faut donc comparer les genoux. Seule une asymétrie sera pathologique.

a) Entorse du ligament latéral interne (LLI) ou externe (LLE)

L'étirement voire la rupture du LLI est l'entorse la plus fréquente du genou. Elle est causée par un

choc externe au niveau du genou, le pied restant bloqué dans sa position initiale, étirant le ligament

par un traumatisme en valgus (par ex. piéton renversé par une voiture). Isolé, il n'occasionne qu'une

douleur située sur le ligament (le patient localise précisément la douleur) et il n'y a pas en règle

générale un hémarthrose associé, sauf en cas de rupture complète. La rupture complète n'est jamais

isolée (cfr. infra). Une paralysie du SPE (sciatique poplité externe) peut compliquer une entorse du

LLE.

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L'examen radiologique permet d'exclure une fracture épiphysaire et peut montrer l'arrachement

osseux d'une insertion ligamentaire.

Les lésions du 1er et 2e degrés sont traitées par une genouillère plâtrée pour 3 à 6 semaines.

Une entorse du LLI non traitée peut se solder par une ossification de son insertion proximale

(fémorale)(maladie de Pellegrini-Stiéda) et être source d'une gêne chronique.

b) Rupture du ligament croisé antérieur

Il s'agit fréquemment d'un accident sportif (hyperextension brutale telle un tir du pied dans le vide,

une mauvaise réception au sol [basket] ou un faux pas). Le patient ressent un craquement audible

avec parfois, une impression de déboîtement. Impotence et gonflement immédiats. La radiographie

est négative et permet de différencier cette rupture avec une luxation de la rotule. La radiographie

peut également montrer surtout chez les adolescents, une fracture-arrachement d'une épine tibiale.

Le diagnostic est surtout clinique mais il peut être malaisé de faire le diagnostic sur un genou gonflé

et aigu.

Le test de Lachmann peut reproduire ce mouvement antérieur du tibia sur un genou fléchi à 10°. On

empaume le fémur et on provoque un mouvement de tiroir sur le tibia. Il s'agit d'un signe sensible et

spécifique d'une rupture du ligament croisé antérieur.

Un tiroir antérieur peut également être recherché sur un genou fléchi à 90° mais celui-ci ne sera

positif qu'en cas de lésion du ligament, associée à une atteinte de la capsule.

Lorsque le diagnostic n'a pas été fait en aigu et que le patient se plaint d'une douleur chronique ou

d'une instabilité, on peut tester le croisé antérieur par une manoeuvre supplémentaire : test du

ressaut antéro-externe (jerk test ou pivot shift) : on met le pied en rotation interne avec une main

tandis que l'autre appuie sur la partie haute et externe du tibia (étirement en valgus). En fléchissant

progressivement le genou à 40°, la partie antéro-externe du tibia subluxée vers l'avant en extension se

réduit en flexion avec un ressaut (= jerk). La manoeuvre peut être réalisée en partant de la flexion

vers l’extension. Dans ce cas, le ressaut est perçu lors de l’apparition de la subluxation antérieure

du plateau tibial externe.

Le traitement est symptomatique.

• Si nécessaire, ponction évacuatrice de l'hémarthrose en cas de douleur importante.

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• Immobilisation de 3-4 semaines en commençant par une attelle cruro-pédieuse provisoire et relais

par une genouillère plâtrée. Rééducation ensuite du quadriceps, genou tendu. Eventuellement,

orthèse de stabilisation du genou lors d'activités sportives.

• Si malgré ce traitement conservateur ou si la pratique sportive du patient est exigeante, un

traitement chirurgical peut alors être proposé. Il consiste à substituer le ligament croisé déficient

par une autogreffe prélevée aux dépens du tiers central du tendon rotulien et comprenant une

insertion osseuse à chaque extrémité (opération de Kenneth-Jones). Si ce prélèvement s'avère

délicat, on peut choisir d'utiliser une allogreffe tendineuse munie de son attache osseuse (tendon

rotulien ou achilléen). Quel que soit le type d'implant tendineux, celui-ci peut être implanté soit

à ciel ouvert soit, et c'est mieux, par arthroscopie.

A ce type d'opération qui est articulaire, il est encore possible de préférer une chirurgie extra-

articulaire qui consiste à limiter la rotation interne du plateau tibial et empêcher le ressaut. La reprise

du sport sera beaucoup plus rapide.

L'hospitalisation est de courte durée (+/- 5 jours). La rééducation est immédiate. Reprise des

activités sportives de loisir à 6 mois et de haut niveau à 1 an.

c) Triade de O’Donoghue

Elle est provoquée par une traumatisme appuyé et violent du genou en valgus (contact sportif,

ruade etc.). Il s'agit d'une rupture complète du LLI, d'une déchirure du ménisque interne et d'une

rupture du ligament croisé antérieur. Le traitement est chirurgical (à ciel ouvert ou arthroscopie).

6. Syndrome méniscal

Les ménisques sont deux structures semi-lunaires de fibrocartilage. Ils augmentent la surface de

contact entre le tibia et les condyles et par conséquent répartissent mieux les contraintes

mécaniques. A l'âge adulte, le ménisque n'est plus vascularisé que dans son tiers périphérique, là où

il adhère à la capsule par son épaisseur. Son tiers interne, càd son versant articulaire est libre, non

vascularisé. On considère qu'une lésion distante de plus de 5 mm de la capsule n'a aucune chance de

se réparer. En dehors de ses attaches capsulaires en périphérie, les surfaces méniscales en regard du

cartilage sont libres.

Les lésions méniscales sont surtout l'apanage des sportifs (football) : le genou fléchi et en charge est

latéralisé par une chute ou un contact alors que le pied est bloqué. La lésion méniscale peut survenir

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suite à un mouvement de flexion extension du genou lorsque la rotation physiologique du tibia sur le

fémur est contrariée par le blocage du pied et/ou la dynamique du tronc. Les lésions méniscales et

ligamentaires peuvent coexister. Les lésions méniscales chez le jeune sont longitudinales, alors que

l'atteinte dégénérative (le vieillissement provoque une plus grande rigidité du ménisque) sera plutôt

horizontale.

Clinique

• Douleur à l'interligne fémoro-tibiale.

• Epanchement de synovie dans le décours du traumatisme.

• Atrophie discrète du quadriceps si lésion chronique.

• Blocage du genou en flexion. L'extension complète n'est pas possible. Le blocage peut être

passager ou permanent.

La manoeuvre de Mac Murray permet de reproduire la douleur et parfois le déclic dans l'interligne

articulaire. Il met sous contrainte le ménisque suspect en réalisant une flexion complète du genou et

en mettant le pied en rotation externe (pour le ménisque interne). En étendant progressivement la

jambe (avec le pied en rotation externe), on peut reproduire la douleur ou le déclic dans l'interligne.

La manoeuvre d'Apley ("le grinding test"- to grind = moudre) permet de distinguer une douleur

séquellaire d'une entorse de celle d'une douleur méniscale. Le patient est couché sur le ventre. Le

genou est fléchi à 90°. Dans la première partie du test, on n'appuie pas sur la jambe et on imprime

une rotation externe pour tester le ménisque interne (et vice versa pour l'externe). Le test est

reproduit en appuyant ensuite sur la jambe.

Les mouvements de rotation sans appui testent les ligaments tandis qu'avec appui, ce sont les

ménisques qui sont testés. En cas d'entorse, les deux manœuvres peuvent être positives tandis

qu'avec les ménisques, ils ne peuvent produire la douleur qu'en appui.

La manoeuvre de recherche du blocage méniscal (Généty)

Elle permet de faire le diagnostic de blocage en flexion du genou.

Patient en décubitus ventral, jambes en porte à faux. Vue de profil, la jambe du côté du genou

bloqué est un peu plus haute que l'autre. Ce test n'a pas de valeur en cas d'épanchement.

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Diagnostic

Une radiographie standard exclura une fracture ou une ostéochondrite fémorale.

L'arthrographie du genou reste le moyen d'imagerie le plus accessible. La résonance est également

très performante pour visualiser les ménisques et les croisés. L'arthroscopie permet la visualisation

directe et le traitement. L'indication pour ces techniques varie d'un chirurgien à l'autre.

Traitement

Un traitement conservateur pourrait être proposé en cas de lésion asymptomatique et proche du

tiers externe (proche de la capsule, càd susceptible de guérir spontanément).

La résection partielle si possible du ménisque se fera sous arthroscopie. Elle sera proposée en cas

de symptômes. Le patient est capable de marcher à nouveau endéans les 12 heures. Le bandage

peut être ôté à 24 heures. Les activités sportives peuvent être reprises après 6 semaines. Dans

certains cas, il est possible de réaliser une allogreffe de ménisque pour substituer le ménisque détruit

et ainsi, éviter l'apparition d'une arthrose fémoro-tibiale à long terme.

C. Pathologie non traumatique du genou

1. Syndrome méniscal

Lésion dégénérative

Un dérangement interne du genou peut se produire chez la personne de plus de 50 ans sans

commémoratif de chute ou d'entorse. La palpation de l'interligne est alors douloureuse et la

sémiologie méniscale peut être positive. Ce sont des lésions dégénératives du ménisque qui sont

très bien traitées par arthroscopie.

Le ménisque discoïde externe

Malformation du ménisque qui est resté sous forme embryonnaire et ne s'est pas résorbé dans sa

partie centrale pour donner la forme semi-lunaire.

Le ménisque discoïde se traduit par l'apparition d'un ressaut et d'un déclic audible caractéristique

lors de la flexion-extension chez l'enfant ou un jeune de moins de 18 ans. Il peut être

asymptomatique puisqu'il est retrouvé dans 7 % des genoux en autopsie. Les symptômes

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s'amenuisent dans les mois suivants et la résection par arthroscopie ne sera proposée que si

nécessaire.

2. Syndrome fémoro-patellaire

(voir aussi le chapitre sur la chondropathie rotulienne, tome 1).

Ce vocable regroupe un ensemble d'affections de l'appareil extenseur du genou.

• Subluxation et luxation de la rotule

Episodes de subluxation voire même de luxation de la rotule lors de la flexion du genou. La rotule se

subluxe toujours en dehors étant donné l'angle Q. Le traumatisme initial quand il existe, est mineur.

L'épisode résulte la plupart du temps d'une contraction musculaire soudaine. Cette instabilité

rotulienne survient plus volontiers chez l'adolescente. A la suite d'un faux pas ou en descendant les

escaliers, apparition brutale et fugace d'une sensation de décrochage avec dérobement du genou

(suite à l'inhibition réflexe du quadriceps) et chute éventuelle. Cliniquement, l'angle Q est augmenté.

La palpation et la translation externe de la rotule mettent en évidence une laxité rotulienne en dehors

et éventuellement une appréhension (signe de Smillie). Rarement, l'examen clinique montre un choc

rotulien modéré. La rotule peut être en position haute et externe.

Radiologiquement, on retrouve fréquemment une dysplasie fémoro-patellaire et/ou une subluxation

externe. Il faut demander une incidence axiale à 30° de flexion. Une subluxation latérale se manifeste

par un élargissement de l'interligne interne et la latéralisation de la rotule sur la berge externe de la

trochlée. Parfois, une ossification du rebord interne de la rotule signe un antécédent d'arrachement

de l'aileron interne. La fémoro-patellaire peut également être le siège d'une dysplasie de la trochlée

ou de la rotule.

Traitement : genouillère plâtrée 4-6 semaines après le premier épisode. Rééducation du quadriceps.

Intervention sur les tissus mous (section de l'aileron externe par arthroscopie, abaissement du vaste

interne) si le cartilage de croissance est encore présent. Transposition de la tubérosité tibiale

antérieure (TTA) en dedans (opération d'Emslie-Trillat) si le cartilage est fermé.

• Chondromalacie rotulienne

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Il s'agit d'une maladie du cartilage de la rotule dont l'étiologie reste obscure. Les lésions peuvent

évoluer depuis l'oedème, la fissuration, l'ulcération jusqu'à l'arthrose. Ces lésions font suite à la

surcharge du cartilage. Cette lésion peut devenir symptomatique à la suite d'une contusion (chute

sur la rotule, impaction sur le tableau de bord). Elle siège plus volontiers sur la facette interne de la

rotule. Une lésion en miroir peut se retrouver sur la trochlée. L'évolution est lente et caractérisée

par un syndrome fémoro-patellaire chronique (cfr. infra). Le traitement est d'abord médical, kinési-

thérapeutique et éventuellement chirurgical (avancement de la TTA : opération de Maquet).

• Arthrose fémoro-patellaire

Elle succède en général à une subluxation rotulienne chronique (qui a pu rester indolore) ou à une

chondromalacie évoluée.

Cette arthrose est caractérisée par un syndrome fémoro-patellaire :

− douleur à la descente des escaliers,

− douleur à la flexion prolongée du genou (signe du cinéma).

Cliniquement, une douleur à la pression de la rotule peut être retrouvée en appuyant la rotule sur la

trochlée et en la mobilisant, genou étendu (signe du rabot).

L'ascension contrariée de la rotule provoque la douleur (signe de Zöhlen). La palpation des facettes

articulaires peut reproduire la douleur.

Le traitement est chirurgical (prothèse, patellectomie, nettoyage articulaire sous arthroscopie)

lorsque le traitement médical devient insuffisant.

c) Affections génératrices de corps étrangers

• L’ostéochondrite disséquante

La problématique de cette affection chez l’enfant est développée au tome 1.

Affection caractérisée chez l’adulte par l'individualisation plus ou moins complète d'un fragment

d'os sous-chondral nécrosé et revêtu de son cartilage articulaire. Libéré dans la cavité, le fragment

constitue alors une "souris articulaire" ou un corps libre dans l'articulation. L'évolution vers la

libération dans l'articulation reste inconstante et des guérisons càd la cicatrisation du fragment en

place peuvent s'observer chez l’enfant principalement. L'affection est parfois bilatérale mais peut

exister au niveau d'autres articulations telles le coude, la cheville ou la hanche. Elle a une prédilection

pour les surfaces convexes : elle intéressera au genou, la partie externe du condyle interne.

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La pathogénie reste actuellement obscure mais la majorité des auteurs s'accordent pour une origine

traumatique ou microtraumatique; c’est une pathologie de surcharge.

Clinique

Elle dépend du stade de l'affection. Elle peut être asymptomatique ou ne causer qu'une gêne après

un effort ou une instabilité ("passage à travers") ou encore une hydarthrose chronique ou à

répétition. Si le fragment se libère, la douleur mécanique devient plus importante, de même que des

épisodes de blocage du genou peuvent apparaître.

Imagerie

Il est classique de considérer 3 stades.

• Stade 1 : stade de la nécrose. Ilot osseux nécrotique non isolé du voisinage.

• Stade 2 : l’îlot osseux s'est isolé du socle osseux sous-jacent. Le cartilage articulaire n'est pas

rompu. Stade de la séquestration. Ce stade peut encore être réversible.

• Stade 3 : stade de la libération. L’îlot devient "une souris articulaire", source potentielle de

blocage articulaire.

La résonance permet de stadifier avec plus de précision et d'analyser l'atteinte éventuelle du

cartilage.

Traitement

Il est rare d'observer la libération du fragment avant la fermeture du cartilage de croissance. Le

traitement sera toujours conservateur chez l'enfant. Abstention d'activités sportives (pour éviter les

sollicitations tangentielles du cartilage), genouillère plâtrée pour 3 semaines si nécessaire. Chez

l'adolescent et l'adulte, une arthroscopie sera réalisée en cas de symptômes et le fragment sera refixé

ou enlevé selon les cas.

• L’(ostéo)chondromatose synoviale

Affection de la synoviale qui produit par métaplasie des nodules de cartilage ou d'os. Ces nodules

peuvent se détacher de la synoviale et se déplacer dans la cavité articulaire.

Ils peuvent croître, nourris par la synoviale. Tant qu'il n'y a pas d'ossification, les corps étrangers

produits ne sont pas visibles à la radiographie.

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Cliniquement, il y des épisodes de blocage accompagnés de douleurs chroniques et hydarthrose.

Le traitement consiste à l'ablation des corps par arthroscopie.

4. Déviations angulaires du genou dans le plan frontal

Le fémur oblique en bas et en dedans, forme avec le tibia vertical un angle fémoro-tibial de 5 à 10°

ouvert en dehors. Les contraintes mécaniques s'appliquent aux 2 membres inférieurs en charge selon

l'axe mécanique de chaque membre. Celui-ci relie le centre de la tête fémorale au milieu de la

mortaise tibiale, en passant par le milieu du genou.

En station debout, pieds joints, les genoux et les malléoles se touchent.

Le genu valgum est défini par un angle fémoro-tibial supérieur à 10° avec un axe mécanique qui

passe en dehors du centre du genou. La distance entre les deux malléoles augmente et est supérieure

à 10 cm. On parle de "genoux en x" ou "genoux cagneux".

Le genu varum est défini par un angle fémoro-tibial inversé, ouvert en dedans. L'axe mécanique

passe en dedans du milieu du genou. Les malléoles se touchent. On parle de "genoux arqués"

"genoux entre parenthèses".

En général, les déviations dans le plan frontal sont bien tolérées longtemps. Les patients ne

consultent soit que pour raison esthétique lorsque la déviation est importante, soit que lorsque le

genou devient douloureux, càd qu'au moment où se constitue l'arthrose.

Les étiologies de ces déviations sont diverses.

La déviation peut être physiologique : en effet, les nourrissons ont un genu varum qui peut

s'observer jusqu'à 3-4 ans au plus tard. Ensuite, l'enfant développe un genu valgum qui se normalise

vers 6-7 ans avec la croissance.

• Genu varum pathologique

Ecart intercondylien supérieur à 10 cm.

Maladie de l'épiphyse tibiale interne (maladie de Blount) ou séquelle traumatique du cartilage. Le

rachitisme est une autre cause classique.

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Le traitement est conservateur dans les déviations mineures, sauf si la déformation évolue après l'âge

de 8 ans.

• Genu valgum pathologique

Ecart intermalléolaire supérieur à 10 cm. Séquelle traumatique ou rachitisme sont les causes les plus

fréquentes d'un valgus pathologique.

Chez l'enfant, une correction chirurgicale sera rare sauf dans les cas de tibia vara (maladie de Blount).

Chez l'adolescent, un arrêt temporaire de l'activité d'un cartilage de croissance par agrafage du côté

long permet de rétablir la symétrie de croissance.

Chez l'adulte, une déviation angulaire provoquera une arthrose du compartiment surchargé

(compartiment externe si genu valgum). Une ostéotomie de correction sur l'épiphyse tibiale ou

fémorale permet d'arrêter la progression des lésions en réaxant le membre inférieur.

5. La gonarthrose

Etiologies

Le genou est l'articulation la plus atteinte par l'arthrose. L'atteinte est primitive sans déséquilibre

apparent du genou (forme essentielle) mais peut également être secondaire suite à une fracture

articulaire, une ablation d'un ménisque, une déviation axiale ou encore une instabilité chronique du

genou ou à toute pathologie articulaire chronique.

Clinique

La gonarthrose se traduit par des douleurs mécaniques (au dérouillage, à la marche, à la fatigue).

Craquements et dérobements sont possibles, de même que l'atrophie du quadriceps.

Traitement

Le traitement dépendra de l'étiologie. L'ostéotomie sera indiquée dans les déviations angulaires.

Une prothèse ne remplaçant que le compartiment atteint ou l'ensemble du genou pourra être

proposée également mais plus volontiers chez les personnes de plus de 65 ans. En cas de contre-

indications chirurgicales, on peut infiltrer le genou avec un dérivé de la cortisone type Lederspan.

6. Les hygromas

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Il s'agit d'une inflammation des bourses séreuses qui sont nombreuses au genou.

a) Le kyste poplité

Il s'agit d'un kyste séreux développé aux dépens d'une des bourses postérieures du genou, soit celle

du tendon poplité, soit celle du jumeau (gastrocnémien) interne ou encore une autre.

Le point particulier est qu'il y a presque toujours communication entre la bourse et la cavité

synoviale postérieure du genou.

Le kyste peut s'étendre le plus souvent derrière le jumeau interne. Ce kyste n'est présent qu'en cas

d'irritation de la synoviale et est donc une lésion "satellite" d'une pathologie intraarticulaire

(problème rotulien ou méniscal, arthrose, arthrite rhumatoïde). Il est accessible à la palpation qui

permet d'apprécier la fluctuation, le patient étant en décubitus ventral.

Cliniquement, il peut entraîner une gêne fonctionnelle et des douleurs discrètes.

L'échographie est le moyen le plus commode de le mettre en évidence. L'excision est rarement

nécessaire si la cause première est traitée. Une arthroscopie-lavage peut être également efficace. Le

diagnostic différentiel doit évoquer un anévrisme (masse pulsatile). Le kyste poplité rompu peut

causer un oedème du mollet qui ne sera pas confondu avec une phlébite profonde.

Chez l’enfant, le kyste poplité n’est généralement pas en rapport avec l’articulation du genou; il

peut disparaître spontanément. Il faut donc confirmer le diagnostic par échographie et suivre

simplement l’évolution clinique.

b) Hygroma prérotulien

Collection séreuse au devant de la rotule (genou du parqueteur). La collection est prérotulienne,

extraarticulaire (absence de choc rotulien). Celle-ci est secondaire à un traumatisme le plus souvent

répété de façon inhabituelle. Le traitement est conservateur.

X. Pathologie de la cheville

A. Pathologie traumatique

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1. Rupture du tendon d’Achille

• Elle est causée par un impact violent sur un tendon sous tension. C’est souvent un accident

sportif chez l’amateur d’une quarantaine d’années.

• On note une douleur en coup de fouet, suivie d’une impotence fonctionnelle relative (la

marche est souvent encore possible).

• Il faut distinguer la rupture du tendon d’Achille du « claquage » musculaire.

Signes cliniques

On palpe la solution de continuité.

Signe de Thompson.

Impossibilité de se mettre sur la pointe du pied.

Examen complémentaire : l’échographie.

Traitement

Bien qu’il y ait eu des écoles préconisant le traitement conservateur par immobilisation plâtrée

en équin pendant deux mois, le traitement classique est chirurgical.

• Soit suture tendineuse classique.

• Soit suture tendineuse renforcée par le plantaire grêle.

• Soit suture percutanée.

2. Les ruptures ligamentaires de la cheville

En bref, les « entorses » de la cheville sont fréquentes. Il faut distinguer les entorses bénignes

des entorses graves entraînant une laxité articulaire.

La laxité articulaire est soit la conséquence de traumatismes sportifs majeurs entraînant la rupture

complète de plusieurs ligaments, soit le résultat de traumatismes itératifs chez des patients ayant

une laxité articulaire constitutionnelle.

Distinguer

• les entorses en varus ou inversion, qui lèsent le complexe ligamentaire externe,

• les entorses en valgus ou éversion, qui se compliquent souvent d’une fracture malléolaire.

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Signe clinique : l’hématome en « oeuf de pigeon ».

Bilan

• radiographie standard

• épreuves dynamiques en varus-valgus (en l’absence de fracture)

• recherche du tiroir antérieur de Castaing

• (examen sous anesthésie)

• (arthrographie).

Traitement

• entorse bénigne : strapping ou appareillage type Aircast;

• entorse grave avec laxité :

− immobilisation plâtrée s’il s’agit d’un premier accident,

− réparation chirurgicale en cas de lésion majeure chez le jeune sportif.

Instabilité séquellaire

Il existe des interventions pour instabilité séquellaire en varus principalement. Il faut toujours

essayer d’abord la prescription d’une semelle rétablissant le valgus de l’arrière pied et une

rééducation proprioceptive.

On pratique actuellement en cas d’instabilité handicapante, des interventions de remise sous

tension des ligaments plutôt que des ligamentoplasties.

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Pour en savoir plus:

Message d’actualité.Les entorses externes de la cheville.

J.J.Rombouts

Service de chirurgie orthopédique et de traumatologie des cliniques universitaires Saint-Luc, 1200 Bruxelles.Mots clés : Entorse, déchirure ligamentaire, instabilité, traumatisme, cheville, articulation tibio-tarsienne.

RESUME

Au cours de ces dix dernières années, l’attitude thérapeutique face aux entorses de la chevilles’est considérablement modifiée. Plusieurs études rétrospectives et quelques études prospectivesont démontré que le traitement chirurgical ou le traitement orthopédique comportant uneimmobilisation plâtrée prolongée n’était pas supérieur au traitement fonctionnel.Parallèlement, les moyens d’investigation et en particulier les techniques d’imagerie ont étédéveloppés. Ces examens complémentaires ont montré la grande fréquence des lésions associéesaux ruptures du complexe ligamentaire externe de la cheville ont permis de démembrer ce que l’oncommence à appeler le « syndrome de l’entorse externe ».Quel qu’ait été le traitement de l’accident initial, des patients développent une instabilité chronique de la cheville.Le traitement conservateur du syndrome d’instabilité chronique de la cheville a bénéficié de l’apport des techniquesde rééducation proprioceptive et des progrès de l’appareillage. Le traitement chirurgical de la laxité externechronique de la cheville a évolué vers des techniques de reconstruction ligamentaire plus anatomiques préservant lesmuscles longs qui sont des stabilisateurs dynamiques de la cheville .

INTRODUCTION

L’entorse de la cheville est un des traumatismes le plus fréquent en pratique générale comme enpratique sportive ou militaire. Des études prospectives ont démontré que les traumatismes aigusde la cheville représentaient 16 à 21 % des lésions traumatiques survenant lors de la pratiquesportive (1).C’est surtout le complexe ligamentaire externe qui est vulnérable.Ce complexe ligamentaire externe de la cheville est constitué de trois ligaments: le ligamentpéronéoastragalien antérieur, le ligament péronéocalcanéen et le ligament péronéoastragalienpostérieur. Le ligament péronéoastragalien antérieur est presque horizontal lorsque le pied est àangle droit. Par contre, il est presque vertical lorsque le pied est en équin et il a alors un rôle deligament collatéral(2).Comme la plupart des entorses en inversion du pied surviennent en équin,c’est le ligament le plus fréquemment lésé. Près de deux tiers des entorses de la chevilleconcernent le ligament péronéoastragalien antérieur isolément. Si le traumatisme en inversion estplus important, le ligament péronéocalcanéen peut également être lésé. Brodström a observé deslésions combinées de ces deux ligaments chez 20% de ses patients alors qu’il n’a jamais observéde lésion isolée du ligament péronéocalcanéen(3). Des investigations plus récentes semblentdémontrer que les lésions combinées sont plus fréquentes encore.

CLASSIFICATION

Classiquement on distingue les entorses bénignes des entorses graves. Une classification en troisniveaux de gravité s’est imposée :

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- Les entorses de grade 1 sont de simples étirements ligamentaires sans lésionmacroscopiquement visible des ligaments. Il peut y avoir un gonflement et une douleur localemais il n’y a ni déficit fonctionnel ni instabilité objective.

- Les entorses de grade 2 comportent une lésion ligamentaire en continuité. Il y a généralementdes signes locaux sous forme d’un gonflement et d’une douleur élective. Il peut exister unelimitation de la mobilité articulaire qui est due principalement à la douleur et un certain degréd’instabilité articulaire.

- Les entorses de grade 3 se caractérisent par une rupture ligamentaire complète avecgonflement, hématome instabilité et laxité articulaire.

Au niveau de la cheville, l’apparition immédiate d’un hématome pré et sous malléolaire externe("hématome en œuf de pigeon") est considéré comme un signe de gravité.

DIAGNOSTIC CLINIQUE

L’anamnèse va permettre d’évaluer l’importance et le mécanisme du traumatisme. La position dela cheville lors de l’accident est importante à connaître pour définir la lésion. Le blessé ou sonentourage signale souvent la perception d’un craquement.L’examen clinique comportera classiquement (4):-L’inspection qui permet d’observer le gonflement local et l’hématome. En cas d’entorseclassique du complexe ligamentaire externe, le gonflement et l’hématome sont localisés en pré etsous-malléolaire. Un gonflement plus haut situé doit évoquer une lésion de la syndesmose. Ungonflement plus distal au stade aigu évoque une lésion sousastragalienne ou médiotarsienne.-La palpation a pour but de localiser une douleur élective ou une déformation.-Il faut toujours palper le tendon d’Achille à la recherche d’une éventuelle solution de continuité.-L’examen de la mobilité montrera une restriction de la mobilité liée à la douleur et permettrasurtout de localiser plus précisément la lésion en fonction du type de mouvement qui provoquela douleur principale. Il faut en effet dépister des lésions plus rares mais aussi plus graves que labanale entorse externe comme les luxations du Lisfrancs qui peuvent survenir à l’occasion detraumatismes apparemment mineurs (comme par exemple une mauvaise réception sur la pointedu pied lors de la pratique de la danse de salon).-Divers tests cliniques peuvent être utiles, comme par exemple l’examen de la mobilité active dupied en éversion-inversion à la recherche d’une luxation des tendons péroniers et surtoutl’examen de la flexion plantaire de la cheville contre résistance à la recherche d’une rupture dutendon d’Achille.-L’examen systématique comprend la palpation des pouls et des tests de sensibilité.-Les tests de stabilité articulaires sont difficiles à réaliser au stade aigu. Le test du tiroir antérieurde la cheville a été décrit par un auteur de langue allemande dès 1934(5,6). Il est connu dans lalittérature française sous le nom de test de Castaing (7). C’est le ligament péronéoastragalienantérieur qui limite le déplacement vers l’avant de l’astragale dans la mortaise tibiopéronière. Unelésion associée du ligament péronéocalcanéen ne majore pas le mouvement de tiroir. L’instabilitépeut également être testée par le test de bascule astragalienne (« talar tilt test »).Ce test estsurtout utilisé lors du bilan radiologique pour objectiver une laxité articulaire (épreuves en varus-valgus).La bascule astragalienne en varus peut varier de 0° à 25° chez un individu normal. Il estdonc important d’examiner les deux chevilles avant de conclure à une laxité posttraumatique.C’est la rupture combinée des ligaments péronéoastragaliens et péronéocalcanéens qui permet lesbascules pathologiques de l’astragale dans la mortaise.

BILAN COMPLEMENTAIRE.

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Tout traumatisme de la cheville justifie un examen radiographique standard (8, 9) avant desmanœuvres propédeutiques appuyées et des tests d’instabilité. L’examen standard a évidemmentpour objectif d’exclure une fracture. Il s’agit de rechercher les fractures malléolaires maiségalement des lésions plus rares comme les fractures du sustentaculum tali. En cas de douleurmal localisée ou de gonflement diffus, il faut une fois de plus examiner avec attention lesarticulations tarsométatarsiennes dont les luxations peuvent échapper à un examen trop rapide.Les examens spécifiques sont (4):-Les épreuves dynamiques de la cheville qui seront réalisées au stade aigu sous anesthésie localesi on suspecte une laxité majeure chez un jeune sportif (cf discussion thérapeutique).-Il n’existe malheureusement pas de test simple permettant d’évaluer la stabilité de l’articulationsous astragalienne. Si la clinique est évocatrice d’une pathologie sousastragalienne oumédiotarsienne, il faudra avoir recours à la tomographie axiale computerisée(CTScan) ou à larésonance magnétique nucléaire (IRM) (10, 11, 12).-L’arthrographie opaque de la cheville a été popularisée par Broström (3).Elle n’est plus guèreutilisée au stade aigu. Il persiste comme indication de l’arthrographie de cheville l’évaluationd’une instabilité subjective lorsqu’il ne peut être démontré de laxité articulaire alors que lastatique et la fonction neuromusculaire n’est pas altérée. Cet examen invasif est actuellement leplus souvent remplacé par l'IRM.-La résonance magnétique nucléaire permet de visualiser les lésions ligamentaires (10, 11) et enparticulier les lésions du ligament astragalocalcanéen (12) qui constitue le pivot de l’articulationsousastragalienne dont l’évaluation clinique et radiographique est difficile. Cet examen permetégalement de documenter les lésions ostéochondrales qui peuvent compliquer les lésionsligamentaires.-L’échographie permet d’analyser les ligaments de la cheville et en particulier le faisceau antérieuret le faisceau moyen du plan ligamentaire latéral avec une précision de l’ordre de 2 mm (13, 14).-La scintigraphie osseuse est un examen sensible mais peu spécifique qui est indiqué en cas dedouleurs persistantes inexpliquées . En cas d'hyperfixation, elle permet d'orienter un examenradiologique complémentaire.-L’arthroscopie n’a pas d’indication au moment du bilan lésionnel. Cette technique permet detraiter des lésions séquellaires et en particulier d’enlever les fragments ostéochondraux libérés.

TRAITEMENT

Le traitement des entorses de la cheville a fait l’objet d’un nombre considérable de recherches etde discussions au cours de ces dernières années.Il est admis que les entorses bénignes de grade 1 et 2 guérissent rapidement sans séquelle quelque soit le traitement. Par contre en ce qui concerne les entorses dites graves de grade 3,lacontroverse se poursuit.

Traitement des entorses bénignes :Immédiatement après le traumatisme, l’application de glace et d’un bandage compressif peutdiminuer les phénomènes inflammatoires et en conséquence accélérer la récupération.L’application d’un support externe sous forme d’un bandage élastique ou adhésif ou d’uneorthèse peut diminuer la douleur et augmenter le confort.Enfin, après quelques jours de repos, un traitement de kinésithérapie comportant des exercices detonifications des muscles péroniers et une rééducation proprioceptive peut accélérer larécupération du niveau de performance sportive.

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Chez les cadets de l’armée américaine, Jackson et coll.(15) font état d’une incapacité sportive de8 jours en cas d’entorses de grade 1 et de deux semaines en cas d’entorses de grade 2.

Traitement des entorses graves :Le traitement des entorses graves du complexe ligamentaire externe reste très discuté. Il a étérecommandé de traiter chirurgicalement les entorses graves du jeune sportif et de traiter par sixsemaine d’immobilisation plâtrée les déchirures ligamentaires de la cheville du sujet sédentaire.Récemment, le traitement fonctionnel par simple protection à l’aide d’une orthèse a été proposéet démontré efficace.Kannus et Renström en 1991 (1) ont revu en détail les études contrôlées comparant ces troistraitements. Je traduis ci-dessous leur discussion :-Il y a cinq études qui comparent le traitement chirurgical et l’immobilisation plâtrée. Troisauteurs (16,17,18)concluent que l’immobilisation plâtrée est le traitement de choix. Clark et coll(19) recommandent également l’immobilisation plâtrée si ce n’est chez le jeune athlète avec unebascule astragalienne de plus de 15°, qu’ils opèrent. Prins (20) recommande l’opération de façonquasi systématique.-Il y sept études qui comparent les trois types de traitement. Quatre (21,22,23,24)recommandent sans réserve le traitement fonctionnel et trois(3,25,26) font une réserve à proposdes lésions majeures du jeune athlète qui reste candidat à la réparation chirurgicale..Kannus et Renström (1) concluent que, sur base de leur revue de la littérature, le traitement dechoix des entorses graves de la cheville (rupture complète du complexe ligamentaire externe) estle traitement fonctionnel. Ce traitement fonctionnel comprend une brève période de protection àl’aide d’un bandage adhésif ou non ou encore d’une orthèse. La mise en charge est autoriséerapidement et un traitement de rééducation proprioceptive est prescrit. La duré de l’appareillagen’est pas précisée dans cet article qui fait état de 0 à 5 semaines. Les auteurs apportent lesarguments suivants :-Le traitement fonctionnel est le moins onéreux et est celui qui permet la reprise d’activité la plusrapide.-En l’absence de différence quant à la qualité de la cicatrisation ligamentaire, le traitementfonctionnel est celui qui donne le moins de complication (la simple immobilisation plâtrée estgrevée de risques propres comme les phlébothrombose et les compressions du nerf sciatiquepoplité externe qui ne peuvent toujours être prévenues).-Si le traitement doit se solder par une instabilité résiduelle, les interventions chirurgicalessecondaires donnent actuellement de très bons résultats (cf les situations séquellaires).Ces études n’apportent cependant pas une réponse satisfaisante à certaines situationsparticulières comme les lésions anatomiques majeures qui restent une indication opératoire ( parexemple une avulsion ostéopériostée du complexe ligamentaire externe déterminant unesubluxation rotatoire de l’astragale dans la mortaise ). En outre elle ne prennent pas enconsidération les lésions dégénératives survenant à très long terme chez les sportifs soumis à deslésions itératives(27).On peut conclure que, de nos jours, sauf situation particulière, le traitement des entorses gravesde la cheville peut être un traitement fonctionnel. De nombreuses orthèses sont apparues sur lemarché. L’efficacité de plusieurs d’entre elles a été démontrée (28,29).Des études comparativesn’ont pas jusqu’à présent démontré de supériorité définitive de l’un ou l’autre modèle(30,31,32). Nous utilisons des orthèses de protection latérale restreignant modérément lamobilité en flexion extension.

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LES SITUATIONS SEQUELLAIRES

Après un traumatisme de la cheville, les principales séquelles sont à court terme les douleursrésiduelles et l’instabilité subjective. A plus long terme, il peut y avoir une dégénérescencearthrosique qui peut devenir handicapante (27).

Les douleurs persistantes :Les douleurs persistantes après entorse de la cheville peuvent être dues à des lésions intra ouextraarticulaires comme des conflits cicatricels (33) des fractures ostéochondrales ou des lésionstendineuses (34).Bassett et coll. (33) ont décrit en 1999 un épaississement du fascicule antéroinférieur du ligamentpéronéotibial antérieur dont la résection a soulagé leurs patients. Récemment, Gerber et coll.(35) ont confirmé qu'une lésion associée de la syndesmose tibiopéronière était une causefréquente de douleurs résiduelles.On a également décrit des lésions longitudinales des tendons péroniers (36) et même desavulsions ou des luxations de tendon du muscle jambier postérieur (37, 38).Certaines lésions intraarticulaires peuvent être traitées par endoscopie (39).L'avènement de l'imagerie en résonance magnétique nucléaire a démontré que les lésions associéesétaient beaucoup plus fréquentes qu'on ne le suspectait. Il peut s'agir de lésions osseuses sévères(40) ou de simples contusions qui ne péjorent pas nécessairement le pronostic (41, 42) ou encorede lésions de l'articulation sous astragalienne ou du sinus du tarse (43). Beaucoup de douleursrésiduelles après entorses sont dues à des lésions associées.Celles-ci sont tellement fréquentes que Fallat et coll. (44) recommandent d'utiliser plutôt le termede "syndrome de l'entorse externe". La première démarche en cas de consultation pour douleursrésiduelles est donc de rechercher une lésion associée.

L'instabilité résiduelle :Quel qu'ait été le traitement initial, 20 % des patients qui ont présenté une entorse de grade 3 seplaignent d'instabilité résiduelle (45). Cette instabilité résiduelle peut être liée à une laxité del’articulation tibiotarsienne en tiroir ou en varus et être péjorée par une instabilitésousastragalienne(46).La première étape lors d’une consultation pour instabilité de la cheville est d’évaluer lemorphotype et l’état neuromusculaire. Il faut ensuite évaluer objectivement la laxité par des testsradiologiques dynamiques. Un tiroir antérieur de plus de 10 mm est pathologique. Une bascule del’astragale dans la mortaise tibiopéronière de plus de 10 degrés est pathologique dans la majoritédes cas. En cas de laxité constitutionnelle,la limite du pathologique est une différence de 5 degréspar rapport au coté non symptomatique (45).L’évaluation de la laxité sous-astragalienne est difficile (12, 43, 47). La fréquence des lésionssousastragaliennes et leur rôle dans les instabilités résiduelles a probablement été sous-estimé(48).Une instabilité subjective justifie un traitement par rééducation proprioceptive de la cheville,unrehaussement du bord externe de la semelle de la chaussure et une protection par bandagecollé(« taping ») lors de la pratique sportive. Le but de la rééducation proprioceptive de lacheville est d’optimaliser l’équilibre entre les muscleséverseurs et les inverseurs du pied etd’arriver à compenser les structures ligamentaires externes déficientes par une contractionadéquate et en temps utile des éverseurs (49,50,51).Une instabilité subjective entraînant des accidents répétés associée à une laxité objectivée doiventfaire considérer l’indication d’une stabilisation chirurgicale par ligamentoplastie externe.L’objectif de la ligamentoplastie est de restaurer une stabilité passive de l’arrière pied. Dans la

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majorité des cas, compte tenu du caractère complexe des lésions, il faut reconstruirefonctionnellement le ligament péronéoastragalien antérieur et le ligament péronéocalcanéen.Beaucoup de techniques anciennes sacrifiaient le court péronier latéral qui est le principalstabilisateur dynamique de la cheville (Elmslie,52 ; Evans,53 ; Watson-Jones,54 ;Castaing,55).Les techniques de réparation directe ont été popularisées par Bodström (3) et par Duquennoy(56,57). Bodström(3) réalise une suture secondaire directe des ligaments après axcision du tissucicatriciel. Duquennoy(56,57) comme Karlsson et coll.(58) remettent le complexecapsuloligamentaire externe sous tension par réinsertion transosseuse à la malléole externe. Il estrecommandé de retendre dans tous les cas les deux ligaments principaux (péronéoastragalienantérieur et péronéocalcanéen). Ces interventions ont un taux de succès supérier à 80 %. Leséchecs surviennent principalement chez les patients hyperlaxes : dans cette situation,il vautprobablement mieux renforcer la suture par uneplastie à l’aide du plantaire grèle ou de fascia lata.Les indications persistantes de ligalmentoplactie au court péronier latéral concernent les laxitésde la cheville observées en cas de paralysie éventuellement après arthrodèse du couple de torsion(cette situation se rencontre principalement dans les neuropathies périphériques héréditaires detype Charcot-Marie).

L’arthrose posttraumatique :Il est d’observation courante que les entorses récidivantes et la laxité chronique se compliquent,principalement chez le sportif , de lésions dégénératives de la cheville. Ces arthroses aprèsentorses constituent avec les arthroses compliquant les fractures de la cheville des indicationsd’arthrodèse tibioastragalienne.Il y a paradoxalement peut de publications récentes sur ce sujet. La publication classique deHarrington en 1979 fait état d’une série de 36 patients qui au stade des lésions dégénérativesdébutantes ont été bien soulagés par des interventions stabilisatrices. L’étude de Gross et Martiréalisée en Suisse chez des anciens joueurs de volleyball de haut niveau révèle 19 arthroses chez22 joueurs dont 8 ont étés opérés pour entorse grave. Il n’est pas démontré que le traitement deslaxités chroniques de la cheville prévient la dégénérescence arthrosique mais on peut le supposer(45).

PREVENTIONL’étude des lésions séquellaires démontre bien que si la majorité des entorses ont une évolutionbénigne il s’agit néanmoins d’une pathologie qui entraîne des incapacités de travail et dont lesconséquences peuvent être handicapantes à long terme. Le port de souliers de sportsadaptés(59), de protections stabilisatrices(60) et, en cas d’instabilité d’orthèses (28, 29, 30, 31,32) ou la réalisation d’un taping ainsi que le choix d’un revêtement de sol adéquat sont desmesures préventives qui relèvent de la médecine du sport. Le traitement chirurgical des laxitéschroniques de la cheville devrait probablement également contribuer à réduire les séquellestardives de ces accidents.

SUMMARYThe treatment of acute complete (grade III) tears of the lateral ligamants of the ankle hasgenerated much controversy in the medical literature. The functional treatment is becomed thestandard treatment as it has been shown that there is no striking difference in the long termresults whatever the treatment was (operative repair and cast,cast alone,or early controlledmobilization).Functional treatment includes only a short period of protection by tape bandage,or brace,andallows early weight-bearing. Major trauma with avulsion of bone and severe ligamentous damage

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on both the medial and the lateral sides of the ankle remains however a situation in whichoperation should still be considered in the acute phase.Secondary operative reconstruction can be performed in case of persistant instability and laxityof the ankle. Secondary anatomic repair as proposed by Bodström,Duquennoy et al. andKarlsson et al. has a hight rate of success and avoid the potential morbidity of haversing a part ofthe totality of the peroneus brevis or other tendon grafts.The evaluation of the injured ankle is improving and in selected patientsultrasonography,arthrography,magetic resonance imaging or bone scintigraphy may be useful forfurther evaluation of the injury. The frequency of associated injuries has probably beenunderestimated . If the ankle sprain is often thought of as an injury involving only the lateralankle ligaments,there are varied and multiple components to the common sprained ankle .Thiscondition would perhaps more approprialy be designed as the sprained ankle syndrome.

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3. Les fractures malléolaires

Les fractures de cheville sont fréquentes.

On observe régulièrement la combinaison de lésions ligamentaires et de fractures malléolaires.

La classification des fractures malléolaires est complexe. Elle intègre le mécanisme de la fracture

et la lésion.

La fracture bimalléolaire classique porte le nom de fracture de DUPUYTREN.

On appelle fracture de MAISONNEUVE l’association d’une lésion interne (fracture de malléole

ou entorse grave à une fracture haute du péroné).

En cas de lésion de la syndesmose tibiopéronière, on parle de DIASTASIS. Ce diastasis peut

survenir suite à des lésions ligamentaires, mais aussi suite à des fractures déstabilisant la cheville.

Traitement

Les fractures malléolaires sont des fractures articulaires instables. Sauf exception, elles sont

traitées par ostéosynthèse.

4. Fracture du pilon tibial

Fracture articulaire généralement instable.

5. Fracture de l’astragale

Traumatisme important.

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Risque de nécrose aseptique car le corps a une vascularisation terminale qui peut être

interrompue par la fracture.

Nécessité d’ostéosynthèse en cas de fracture déplacée.

6. Fracture du calcanéum

Chute d’un lieu élevé.

Atteinte fréquente de la surface articulaire = FRACTURE TRANSTHALAMIQUE.

L’enfoncement du thalamus peut être évalué en mesurant l’angle de Böhler.

Ces fractures, quand elles sont déplacées, donnent des séquelles importantes que l’on peut tenter

de minimiser par un traitement chirurgical.

7. Luxation de Lisfranc

Problème de diagnostic !!!

B. Pathologie non traumatique de la cheville

1. Ostéochondrite de l’astragale - ostéochondrose ou fracture ostéochondrale ?

2. Ostéophytose antérieure de la cheville chez le joueur de football (« impigement »).

3. Tendinopathie du jambier postérieur.

4. Tendinopathie du tendon d’Achille

• éviter les injections de corticostéroïdes car elles fragilisent le tendon (risque de rupture);

• essayer une talonnette surélevant le talon; choisir une matière absorbante (sorbothane -

podofoam).

XI. Pathologie du pied

A. Pathologie traumatique

1. Pathologie traumatique de l’arrière pied : voir traumatismes de la cheville.

2. Fractures des métatarsiens

L’apophyse styloïde du 5e métatarsien peut être avulsée avec l’insertion du tendon du court

péronier latéral lors d’un mouvement d’inversion du pied. En cas de déplacement peu important,

c’est une lésion bénigne qui peut être traitée par un simple bandage et la protection de la marche

par des cannes béquilles jusqu’à indolence.

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Il faut distinguer cette avulsion de la fracture de Jones, qui est plus distale et nécessite une

immobilisation plus stricte et plus prolongée.

Les fractures des métatarsiens, particulièrement si elles surviennent au niveau du col, doivent être

correctement réduites et stabilisées car un cal vicieux peut entraîner des métatarsalgies.

Les métatarsiens sont un des endroits de prédilection des fractures de fatigue ou « fractures de

marche ».

On peut observer des luxations, principalement au niveau de l’articulation métatarsophalangienne

du gros orteil. Elles sont généralement stables après réduction.

3. Fractures de phalange

Les fractures fermées de phalange des orteils surviennent généralement à la suite d’un choc direct

ou à un écrasement. Elles sont généralement stables et ne nécessitent qu’un traitement simple :

soulier médical à semelle rigide (sabot) et syndactylisation par taping.

Les fractures ouvertes des orteils peuvent être associées à des lésions sévères des tissus mous.

Elles surviennent souvent suite à des accidents de tondeuses à gazon.

Le pronostic dépend de la gravité des tissus mous. Il faut s’assurer de la prévention

antitétanique et réaliser un débridement adéquat, préalablement à toute chirurgie reconstructrice.

B. Pathologie non traumatique

1. Le pied de l’enfant

Voir vol. 1, chap. IV

2. Les troubles statiques du pied chez l’adulte

Le pied plat de l’adulte

• peut être la conséquence d’un trouble statique de l’enfance et se compliquer d’arthrose;

• peut être associé à une malformation du squelette (« barre » tarsal coalition), il se caractérise

alors par sa rigidité;

• peut être la conséquence d’un traumatisme et avoir été entraîné par une fracture du calcanéum

par exemple;

• peut être la conséquence d’une rupture dégénérative du tendon du muscle jambier postérieur;

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• s’observe en cas d’atteinte des articulations de l’arrière pied au cours de la polyarthrite

rhumatoïde.

Le pied creux de l’adulte

La réduction des zones d’appui plantaire peut entraîner des hyperkératoses de surcharge.

L’avant-pied rond

C’est le trouble statique le plus fréquent chez l’adulte.

Il est lié à « l’affaissement » de l’arche métatarsienne.

Le trouble statique peut être complexe et comprendre

• une déformation en hallux valgus du 1er rayon;

• des métatarsalgies moyennes avec durillon.

Il peut se compliquer

• de fracture de fatigue des métatarsiens;

• de luxation d’origine dégénérative des articulations métatarsophalangiennes des 2e et 3e

rayons;

• de névrome de Horton (compression du nerf intermétatarsien);

• d’orteil en marteau.

Le traitement préventif est le port de chaussures correctes ne comprimant pas l’avant-pied.

Le traitement curatif est le port d’une semelle orthopédique adaptée avec appui rétrocapital.

La chirurgie de l’avant-pied est délicate. Les indications doivent être posées avec circonspection

en particulier chez le jeune.

Certaines interventions comme les résections des têtes des métatarsiens peuvent entraîner des

séquelles majeures difficilement rattrapables si elles ne sont pas réalisées à bon escient.

3. Diagnostic différentiel des douleurs chez l’adulte

Aigu : penser à la goutte.

Subaigu : penser aux fractures de fatigue et au névrome de Morton.

Chronique : les lésions de surcharge, les troubles statiques, les lésions arthrosiques.

Toujours penser à éliminer

• une polyneuropathie

• une radiculalgie d’origine lombaire

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• un trouble vasculaire.

L’épine calcanéenne, l’aponévrosite plantaire, le syndrome du sinus du tarse, les syndromes de

compression de la branche talonnière du nerf tibial interne sont des diagnostics à n’évoquer

qu’après avoir éliminé les principales causes évoquées d’abord.

4. Les problèmes podologiques

L’ongle incarné

• prévention : hygiène adéquate, chaussures de largeur convenable;

• prédisposition : l’ongle en tuile;

• complication : le bothryomycome chronique ou le panaris périunguéal;

• traitement conservateur : soins pédicures (orthonyxis), antisepsie;

• traitement chirurgical : le simple désonglement n’est pas un traitement adéquat; la cure

chirurgicale nécessite une technique précise et n’est justifiée qu’en cas d’échec des mesures

conservatrices.

Le cor au pied est un durillon (hyperkératose). Il faut le distinguer de la verrue vulgaire.

L’hyperkératose est la conséquence d’une lésion de frottement qu’il faut corriger. Elle peut être

éliminée par des soins pédicures (râpe) ou par de la vaseline salicylée (R/ acide salicylique 5 g,

vaseline ad 30 g).

Il est dangereux d’appliquer le traitement d’une verrue vulgaire à un cor au pied. Il faut donc

établir le diagnostic avec précision.

L’oeil de perdrix s’appelle en anglais « soft corn ». Il s’agit d’un durillon « mou » qui se

développe au point de pression entre deux orteils en cas de saillie d’une joue condylienne

phalangienne. Il est favorisé par les souliers étroits et pointus.

XII. Pathologie de la colonne vertébrale

Plan

A. RAPPEL PHYSIOLOGIQUE

1. Anatomie fonctionnelle

2. Anatomie topographique

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3. Neuroanatomie

B. PATHOLOGIE TRAUMATIQUE DE LA COLONNE VERTEBRALE

1. Généralités

2. Rachis cervical

3. Rachis dorsolombaire

C. PATHOLOGIE NON TRAUMATIQUE DE LA COLONNE VERTEBRALE

1. Les cervicobrachialgies

2. La myélopathie cervicale

3. Les lombalgies

4. Les lomboradiculalgies

5. Autres irradiations dans le membre inférieur

6. Le canal lombaire étroit

7. Le spondylolisthésis

8. Troubles statiques, cyphose et scoliose

A. Rappel physiologique

1. Anatomie fonctionnelle

La colonne est composée de 24 vertèbres (7 cervicales, 12 dorsales, 5 lombaires), le sacrum et

coccyx appartenant au bassin. La colonne ou rachis est un système complexe :

• qui soutient le corps et la tête,

• qui protège la moelle et les racines,

• qui est maintenu par un puissant haubanage musculaire.

Hormis les deux premières cervicales, chaque vertèbre comprend

• un corps vertébral qui s'articule avec la vertèbre voisine par le disque intervertébral. Le corps

vertébral est constitué d'os spongieux entouré d'un os cortical. Sa face supérieure et inférieure

représente le plateau vertébral. Il est séparé du disque par un cartilage. C'est par cette interface

que se font les échanges métaboliques du disque. Le disque intervertébral comprend en son

centre le nucleus pulposus qui est un gel riche en eau. Ce noyau (sous pression) est contenu par

un anneau fibreux. Ce système permet d'amortir les contraintes mécaniques de façon efficace;

• deux articulations supérieures et inférieures à l'arrière, les lames, les apophyses et les pédicules;

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• le canal vertébral dans lequel se trouve la moelle épinière est circonscrit par le corps et le disque à

l'avant et le pédicule et les lames derrière.

Chaque pièce osseuse est unie à sa voisine par des ligaments et deux articulations, outre le disque.

Les mouvements de la colonne se font dans les trois plans de l'espace :

• flexion-extension

• inclinaison latérale

• rotation.

2. Anatomie topographique

Colonne cervicale

Elle permet la flexion, l'extension et la rotation de la tête.

Les 2 premières cervicales sont particulières. C1 ("l'atlas") n'a pas de corps et ressemble à un

anneau à 2 articulations latérales. C2 ("l'axis") possède l'apophyse odontoïde qui est solidarisée à

C1 par un ligament puissant, le ligament transverse. L'articulation C1-C2 permet la moitié de la

rotation de la colonne cervicale, l'autre moitié se répartissant entre C2 à C7.

Les autres vertèbres C3 à C7 ont un aspect similaire. Elles ont un corps qui s'articule avec le disque

sus et sous-jacent. Latéralement, le corps est limité par l'apophyse unciforme. Les vertèbres

s'articulent entre elles par les apophyses articulaires. Devant celles-ci, il y a les apophyses

transverses dans lesquelles passe l'artère vertébrale. Les 2 artères vertébrales se rejoignent dans le

crâne pour former le tronc basilaire. La flexion et l’extension sont maximales entre C4 et C6. Il n'y

a presque aucun mouvement entre C7-D1.

Colonne dorsolombaire

Les 17 pièces osseuses augmentent de taille vers la région caudale. Les disques intervertébraux sont

plus épais à chaque passage vers le niveau caudal. Seul, le disque L5-S1 est moins épais que le L4-

L5, le plus large de toute la colonne.

Schématiquement, le canal rachidien divise la vertèbre en une partie antérieure avec le corps et une

postérieure avec les deux pédicules, lames et apophyses (transverses, articulaires et épineuse).

Au thorax, les côtes limitent la mobilité de la colonne thoracique.

La moelle épinière s'arrête au niveau L1-L2 et se prolonge par la queue de cheval.

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3. Neuroanatomie

La moelle est en continuité avec le cerveau, s'étendant du foramen magnum jusqu'à L2. La moelle

occupe 50 % du canal médullaire au niveau cervical et un peu moins plus bas. La moelle est

entourée par la dure-mère. Entre les deux, circule le liquide céphalo-rachidien qui protège la moelle

en amortissant les chocs. La moelle est encore protégée par la graisse épidurale qui se trouve entre

la dure-mère et le canal rachidien.

La moelle épinière ne descend que jusqu'à L1-L2. (En fait, la moelle a grandi moins vite que la

colonne osseuse). En dessous, il n'y a plus que des racines. Les racines sont en contact des disques

intervertébraux et les parois osseuses. Elles peuvent être menacées par une saillie discale ou un

ostéophyte. A chaque segment, une racine sort par le trou de conjugaison. Pour les racines

thoraciques et lombaires, les racines ont les noms de la vertèbre sus-jacente (ex. la racine L4 passe

entre L4-L5). Pour les racines cervicales, elles ont le nom de la vertèbre sous-jacente à l'exception de

C8 (7 vertèbres cervicales, 8 racines cervicales) (ex. C5 passe entre C4-C5, C8 entre C7 et D1).

B. pathologie traumatique de la colonne vertébrale

1. Généralités

Il faut un traumatisme violent pour provoquer une lésion de la colonne.

Les lésions varient en fonction de la topographie

• charnière dorsolombaire : c'est le siège le plus fréquent des traumatismes et notamment des

tassements

• colonne cervicale : siège de luxation-fracture fréquente

• colonne dorsale : siège de fracture comminutive et fréquence élevée de paraplégie.

On estime à 800 cas le nombre annuel de paraplégies traumatiques en France (Argenson, 1995).

2. Rachis cervical

Les traumatismes de la colonne cervicale prédominent chez le sujet jeune avec un pic de 20 à 30 ans.

Ce sont les accidents de voiture qui en sont la cause principale. La 2e cause est représentée par les

accidents de plongée.

Mécanismes des lésions

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On distingue classiquement les lésions par hyperflexion, hyperextension et des lésions en

compression.

On peut observer des entorses, des luxations ou des fractures.

On peut individualiser certaines fractures :

• fracture de Jefferson : fracture-séparation de l'atlas (C1)(compression)

• "Burst fractures" : fracture comminutive du corps vertébral (compression)

• fracture du pendu (hangman): fracture des pédicules de l'axis (C2) (hyperextension)

• fracture en "tear drop" : fracture-luxation postérieure du corps. Un fragment antérieur est

souvent repoussé prenant l'aspect d'une goutte de larme ("tear") (hyperflexion).

Sur le plan ostéoarticulaire, 3 conséquences sont possibles

L'instabilité qui peut apparaître d'emblée ou secondairement. Elle se traduit par un déplacement

anormal qui peut menacer la moelle. Les lésions peuvent être instables d'emblée ou n'être

qu'instables provisoirement càd le temps de la consolidation (90 jours environ). Si la probabilité

d'une consolidation orthopédique est mince, il vaut mieux recourir à la fixation chirurgicale pour

assurer cette consolidation. Enfin, les lésions instables durablement (pour lesquelles aucune

consolidation spontanée ne peut être espérée) seront également fixées chirurgicalement.

• Un cal devient vicieux quand l'angulation frontale est > à 10° et sagittale > 15°.

• Une sténose du canal rachidien peut menacer de compression la moelle et doit être levée

lorsqu'elle atteint 30 % du diamètre antéro-postérieur du canal vertébral.

Lésions neurologiques

Une lésion radiculaire peut être causée par une facette luxée ou fracturée ou par une fracture de

l'apophyse unciforme. Ces lésions se rapprochent de celles du nerf périphérique.

Les lésions médullaires peuvent être intrinsèques ou extrinsèques.

Intrinsèques

Possibilité d'une sidération ou commotion médullaire : il s'agit d'un bloc spinal sans lésion

anatomique. Cette sidération ne dure que 48 heures maximum. Passé ce délai, le tableau est dû à des

lésions anatomiques. La réapparition d'un réflexe bulbo-caverneux (voir infra) signe la fin d'une

sidération éventuelle.

La contusion médullaire : lésions élémentaires d'hémorragies, nécrose, oedème, thrombose.

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La rupture médullaire est rare.

Extrinsèques

Compressions par le disque ou l'os fracturé ou luxé.

Examen clinique

Ramassage et transport

Sur les lieux de l'accident

Dès les premières minutes, le pronostic vital et fonctionnel d'un traumatisé cervical peut être

compromis par des manipulations inadéquates.

Tout blessé est a priori suspect d'une lésion vertébrale.

Maintien des fonctions vitales (cathéter iv, perfusion lente, atropine 0.5-1 mg iv si bradycardie <

55/min, oxygène 6-9l/min., Trendelenburg 30°) pour prévenir un arrêt cardiaque. Un tétraplégique

présente une bradycardie réflexe, une hypotension liées à la lésion médullaire et une hypothermie

par vasodilatation périphérique.

Premier examen sommaire sans bouger le malade : recherche de point douloureux, examen

neurologique. Réconforter le blessé et le couvrir (risque d'hypothermie).

Transport

En cas de suspicion ou chez un blessé inconscient, placement d'un collier mousse si disponible

(attention, ce collier peut donner un sentiment de fausse sécurité par l'immobilisation relative qu'il

donne et peut être gênant en cas d'emphysème sous-cutané suite à une lésion thoracique ou

trachéale) ou mieux, attelle rigide postérieure et sangle frontale.

Toute manipulation du blessé se fait en monobloc avec traction douce longitudinale.

Patient conscient : immobilisation en décubitus dorsal dans un matelas-coquille ou équivalent.

Patient inconscient : vérifier d'abord la liberté des voies aériennes (langue, dentier, corps étranger).

On considère ici que le risque de vomissement et de fausse déglutition fait préférer le décubitus

latéral en maintenant une traction.

Admission

Maintien des fonctions vitales.

Bilan clinique et ostéoarticulaire.

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Bilan neurologique.

Bilan neurologique

L'examen neurologique détaillé à l'admission est impératif.

Examen de la motricité

Flexion de hanche L2

Extension du genou pour L3

Flexion dorsale de la cheville pour L4

Extension des orteils pour L5

Flexion plantaire de la cheville pour S1

Flexion du coude pour C5

Extension du poignet pour C6

Extension du coude pour C7

Flexion des phalanges distales pour C8

Abduction 5e doigt pour D1

Examen de la sensibilité (tact, piqûre, sens de la position des doigts, douleur).

Elle est évaluée dermatome par dermatome de C2 à S4 pour le toucher et la piqûre.

Réflexes : recherche du caractère asymétrique, Babinski).

Fonctions végétatives.

Le niveau de la paraplégie est défini par la limite supérieure du déficit sensitif et moteur constaté.

Les lésions seront classées tétraplégies complètes ou incomplètes.

Le score de Frankel classe les lésions de complète (score A) à incomplète (scores B, C, D) et le

score E désigne l'absence de lésion neurologique. Les chances de récupération d'une lésion complète

après 48 heures sont quasi nulles.

Une lésion sera incomplète (épargne d'origine sacrée : en effet, les métamères sacrés sont souvent les

derniers à être épargnés) s’il persiste

• une sensibilité périanale, une contraction du sphincter anal (toucher rectal);

• la découverte d'un tonus anal ou d'une sensibilité transforme la paraplégie de complète en

incomplète;

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• réflexe bulbo-caverneux ou clitoridoanal : la pression du gland ou du clitoris ou la traction légère

sur la sonde vésicale (stimule le trigone vésical) provoque la contraction réflexe du sphincter anal.

Si le réflexe est absent et le sphincter atone, une sidération médullaire ne peut pas être exclue.

Après 48 heures, s’il n'y a aucune motricité ni sensibilité et que le réflexe bulbo-caverneux est à

nouveau présent, le diagnostic d'une lésion complète peut être confirmé.

Lorsqu'il y a une lésion médullaire traumatique, on peut protéger la moelle et améliorer le pronostic

par un traitement cortisonique à haute dose de courte durée : Solu-Médrol (méthylprednisolone) IV,

30 mg/kg à l'admission et endéans les 8 premières heures après le traumatisme suivi d'une injection

à 5 mg/kg/h pendant 24 heures, puis ce traitement est arrêté.

Traitement ostéoarticulaire

Lésions non déplacées et stables : collier mousse ou minerve plus rigide selon les cas.

Lésions instables : traction par halo crânien (réduction, contention) puis chirurgie ou minerve ou

halo-jaquette.

La chirurgie peut se faire par voie antérieure et/ou par voie postérieure (la chirurgie peut être

indiquée en cas de visualisation en résonance d'un oedème avec une compression car une réversibilité

peut être espérée contrairement à la visualisation d'une hémorragie intramédullaire, qui péjore le

pronostic).

L'objectif de la chirurgie est double :

• décomprimer la moelle

• stabiliser la colonne.

Soins à un tétraplégique : voir syllabus de médecine physique et réadaptation.

3. Rachis dorsolombaire

C'est la région thoracolombaire qui est la plus exposée aux traumatismes car elle fait la transition

entre une zone rigide et une zone mobile. Une hyperflexion forcée est la cause la plus fréquente. La

région de D12 à L2 compte plus de 50 % des traumatismes de la colonne vertébrale. Cette zone

représente environ 40 % de toutes les lésions de la moelle épinière. Dans les fractures

thoracolombaires, on observe 30 % de lésions neurologiques.

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Comme pour les blessés du rachis cervical, on insistera sur la valeur de l'examen neurologique à

l'admission.

Il faut pouvoir répondre aux questions suivantes : y a-t-il une atteinte neurologique et si oui, est-elle

complète ou partielle ?

Lésions sans complications neurologiques

Le blessé ne peut se plaindre que de lombalgies aiguës. On recherchera alors une douleur à la

palpation des épineuses et une contracture des muscles paravertébraux.

On se méfiera d'un iléus réflexe posttraumatique qui peut égarer le diagnostic vers une pathologie

abdominale.

(Une lésion du rachis peut simuler ou au contraire masquer une lésion viscérale associée.Une fracture d'une vertèbre dorsale peut donner un élargissement du médiastin simulant unerupture artérielle mais peut aussi s'associer à une dissection aortique. Une fracture de lacolonne lombaire peut donner une défense abdominale et une dialyse rosée par le biais d'unhématome rétropéritonéal).

Une radiographie complétée par un scanner ou résonance confirmera le diagnostic.

La consolidation est de règle en 2 à 3 mois. Les séquelles sont dominées par les douleurs suite à

l'arthrose et à une déformation résiduelle éventuelle.

La majorité de ces fractures ne nécessite qu'un traitement simple : repos au lit quelques jours, suivi

de kinésithérapie. Certaines fractures doivent être immobilisées dans un corset plâtré après

réduction, le cas échéant. Une fracture instable, càd susceptible de s'aggraver ou de se déplacer, sera

traitée chirurgicalement.

Lésions avec complications nerveuses

Les complications neurologiques dépendent du niveau : moelle jusqu'à L1 et queue de cheval (cauda

equina), du déplacement initial et de la réserve d'espace disponible du canal rachidien. On retiendra

surtout que c'est la violence du traumatisme initial qui induit en majeure partie la lésion

neurologique. Nous n'avons aucune emprise sur cette "lésion primaire".

• Une paraplégie complète (paralysie flasque des membres inférieurs) peut être le fait d'une

sidération médullaire. Celle-ci peut être objectivée par la disparition du réflexe bulbo-caverneux.

La sidération ne dure pas plus de 48 h maximum. Si le réflexe réapparaît et qu'il n'y a aucune

amélioration de la sensibilité ou motricité périnéale, la paralysie est complète. Le non-retour du

réflexe bulbo-caverneux a la même signification, càd que le centre médullaire de ce réflexe est lésé.

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Outre l'atteinte motrice et sensitive, il y a une atteinte des sphincters avec rétention vésicale et

incontinence anale.

• Une décompression chirurgicale précoce sera peut-être indiquée dans certains cas de paraplégie

incomplète et compression médullaire ou radiculaire. Le traitement sera aussi chirurgical en cas

de lésions déplacées ou instables. Une lésion stable avec une paraplégie complète d'emblée peut

être traitée par corset.

C. Pathologie non traumatique de la colonne vertébrale

1. Les cervicobrachialgies

Elles surviennent plus volontiers au niveau C5-C6/C6-C7, qui sont les niveaux les plus mobiles.

Une hernie peut créer un conflit radiculaire et/ou médullaire, en fonction de sa localisation latérale ou

centrale. Un ostéophyte peut également comprimer une racine.

Clinique

Douleur d'apparition progressive ou présente d'emblée au lever sous forme de raideur du cou (peut

aller jusqu'au torticolis), associée à une douleur du cou irradiant dans l'épaule ou l'omoplate voire

jusque dans les doigts. Des paresthésies peuvent accompagner cette douleur. La douleur est

augmentée à la toux, l'éternuement (impulsivité). L'hypoesthésie est souvent présente, de même

que la parésie. Une asymétrie des réflexes aide à localiser la cause : bicipitale (C5-C6), tricipitale

(C7).

Diagnostic

La radiographie standard permet d'exclure d'autre causes de douleur cervicale mais ne peut

visualiser un conflit discoradiculaire. La tomodensitométrie ou la résonance permettront de

faire le diagnostic.

Diagnostic différentiel

• Tumeur médullaire (absence de réponse au traitement symptomatique, résonance).

• Cervicarthrose (signes neurologiques absents).

• Syndrome de la traversée cervicothoracique (imagerie).

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Traitement

Il est conservateur dans la grande majorité des cas. Repos au lit si nécessaire, collier mousse ou

minerve en plastique en fonction de l'acuité des symptômes. Antalgiques et AINS. Péridurale

cervicale. En cas de douleur rebelle ou de signes déficitaires, une discectomie percutanée ou

chirurgicale (abord antérieur) sera réalisée.

2. La myélopathie cervicale

Il s'agit d'une compression médullaire progressive suite à une diminution du canal rachidien (arthrose

cervicale). Elle produit une faiblesse musculaire, une aréflexie aux membres supérieurs et une

spasticité et une hyperréflexie aux membres inférieurs. Une incontinence sphinctérienne peut

également être présente dans les cas évolués.

Une tétraplégie peut également se produire à la suite d'un mouvement banal chez un sujet avec une

cervicarthrose évoluée. La moelle étant à l'étroit, une hyperextension peut provoquer une ischémie

et la paralysie.

Le traitement est chirurgical et consiste à élargir le canal par un abord antérieur.

3. Les lombalgies

Incidence

Seulement 2/10 personnes passeront leur existence sans douleur rachidienne. Les lombalgies

représentent la première cause de consultation en pathologie de l'appareil locomoteur. Elles sont

transitoires le plus souvent, ne persistant plus de 2 mois que chez 10 % de patients. 7 % de

patients restent lombalgiques plus de 6 mois.

L'identification de la structure anatomique en cause n'est pas toujours évidente.

Facteurs de risque

Le risque de devenir lombalgique est augmenté en cas d'antécédents de traumatisme lombaire, en cas

d'arthrose des mains, genoux et hanche; l'exposition aux vibrations causées par des véhicules ou

machines industrielles est aussi un facteur de risque. Néanmoins, le poids des facteurs

psychosociaux apparaît encore plus important. Plus que le travail en station debout prolongée, un

travail en antéflexion, les efforts de soulèvement, un travail

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monotone ou peu satisfaisant sont plus importants dans les lombalgies.

Etiologies

La lombalgie n'est pas une maladie mais un symptôme. Le traitement sera le plus souvent

symptomatique et non causal.

Il faut d'abord déterminer le caractère inflammatoire ou mécanique des douleurs.

Lombalgies d'horaire inflammatoire

Le caractère inflammatoire est défini par l'horaire nocturne de la douleur, réveillant le patient dans la

2e partie de la nuit et se poursuivant par un dérouillage matinal de longue durée.

• Lombalgies extrarachidiennes

− fissuration d'anévrisme aortique,

− dissection de l'aorte,

− tumeurs du pelvis ou rénale...

• Lombalgies rachidiennes

− Infection (spondylodiscite ou spondylite. Diagnostic par ponction-biopsie.

Localisation au rachis d'hémopathies malignes.

− Tumeur osseuse (ostéome ostéoïde) ou nerveuse (neurinome etc., lombalgie avec grande

raideur et Rx négative).

− Spondylarthrite ankylosante (lombalgies inflammatoires avec fessalgies à bascule).

− Après 50 ans, évoquer de principe face à une lombalgie persistante une métastase

vertébrale ou un myélome.

Lombalgies d'horaire mécanique

Ce sont les lombalgies les plus fréquentes. Tantôt aiguës (< 3 mois), tantôt chroniques.

Lombalgies aiguës

C'est le lumbago ("tour de rein" en langage populaire). Douleur brutale, violente dans le bas du dos à

la suite d'un effort banal et anodin. La douleur est exacerbée par le moindre effort, la toux.

Sensation de blocage lombaire.

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Clinique

En phase aiguë, il y a souvent une attitude antalgique avec un spasme paravertébral important

consécutif à une pathologie vertébrale sous-jacente avec soit une déviation latérale du rachis

lombaire dite "en baïonnette" ou une attitude en cyphose.

Raideur lombaire mesurée par la distance doigts-sol lorsque cette manoeuvre peut être réalisée. Le

schéma en étoile de Maigne est utile pour apprécier les mobilités et surtout l’évolution de celle-ci.

L'indice de Schöber est un autre repère quantitatif mais peu reproductible. En flexion antérieure, il

mesure l'allongement d'une distance de 10 cm à partir de l'interligne lombo-sacré en station verticale.

Chez un sujet normal, cette distance s'allonge jusqu'à 15 cm en flexion maximale.

Evolution : favorable. Guérison en une semaine. Anti-inflammatoires et décontracturants (débuter

par une IM (max. 2 x/j pendant 2 j) : Voltaren [diclofenac], Rofenid [kétoprofène], Feldène

[piroxicam], Tilcotil [tenoxicam] ou suppo 1 à 2 x/j : Voltaren 100 mg, Indocid ou Dolcidium 100

mg ou Rofénid 100 mg). Repos si possible au lit.

Les radiographies sont inutiles, sauf si le diagnostic n'est pas évident ou si le 1er épisode chez un

patient de > 50 ans (suspecter une métastase).

Diagnostic différentiel : tassement d'une vertèbre ostéoporotique chez une femme de > 60 ans. La

douleur siège de préférence à la jonction dorsolombaire. Disparition progressive des douleurs en 3-6

semaines.

Lombalgies chroniques

Dans plus de la moitié des cas, aucun diagnostic lésionnel précis ne sera porté.

La plupart du temps, la lombalgie relève cliniquement d'une origine discale :

• douleur lombaire basse, centrale ou en barre

• douleur à la flexion du tronc

• douleur pendant ou après un effort de soulèvement ou après vibrations (équitation, tracteur,

camion)

• raideur segmentaire du rachis lombaire

• relèvement en s'appuyant sur les cuisses ou en fléchissant les genoux

• soulagement en décubitus dorsal.

Parfois, la lombalgie relève plus d'une douleur d'origine facettaire. En effet, les apophyses

articulaires postérieures sont mises en charge en hyperextension du tronc. Cette origine sera

suspectée lors de:

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• douleur au relèvement du tronc,

• douleur latéralisée, paravertébrale et unilatérale,

• douleur en décubitus dorsal (lors du changement de position),

• douleur augmentée en hyperextension ou en torsion du tronc.

Ces douleurs peuvent irradier dans l'aine, la fesse ou la cuisse mais plus rarement plus bas.

Enfin, les lombalgies peuvent être également d'origine mixte, càd à la fois discale et facettaire chez

des patients âgés de plus de 50 ans (ex. canal lombaire étroit).

Le traitement sera le plus souvent symptomatique :

• médicamenteux (antalgiques, AINS, antidépresseurs),

• kinésithérapie (école du dos, voir Médecine physique),

• physiothérapie,

• lombostat (action dissuasive, plus qu'une contention mécanique vraie qui nécessiterait

d'immobiliser la cuisse aussi...),

• manipulations en décoaptation des facettes s’il s'agit d'un syndrome facettaire,

• rhizolyse lombaire : thermocoagulation des branches nerveuses des articulaires postérieures,

• chirurgie (arthrodèse, discectomie). Celle-ci n'est réalisée que dans des cas bien sélectionnés.

4. Les lomboradiculalgies

La sciatique et la cruralgie sont des douleurs ressenties dans un territoire radiculaire précis la plupart

du temps, à la suite d'un conflit entre la racine et le disque. Ce conflit résulte le plus souvent d'une

hernie discale mais peut aussi survenir sur un contact avec un ostéophyte ou résulter d'une

compression du nerf par une tumeur se développant dans le bassin. Elle survient le plus souvent

vers 30-40 ans et peut se voir à partir de l'adolescence et jusqu'à vers 60 ans.

Symptômes

• Un effort déclenchant est retrouvé dans la moitié des cas.

• La radiculalgie apparaît après un épisode de lombalgies (avec souvent une diminution

voire une disparition de la douleur lombaire).

• Des antécédents de lombalgies ou de lumbagos sont fréquemment retrouvés.

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• La douleur est due à l'inflammation du nerf tandis que la compression est responsable de

paresthésies (fourmillements, brûlure), de crampes. La douleur peut être très intense ("sciatique

hyperalgique", intolérable, clouant le patient au lit).

Topographie de la douleur radiculaire

• L5 : fesse, zone postéro-externe de la cuisse et de la jambe, dos du pied et face dorsale du gros

orteil. Une douleur en étau de la cheville est évocatrice de L5.

• S1 : fesse, face postérieure de la cuisse et jambe, bord externe du pied, plante et petits orteils.

La topographie n'est pas toujours aisée à localiser quand l'atteinte est incomplète.

Facteurs de majoration de la radiculalgie

• Impulsivité; augmente à la toux, défécation, éternuement. Signe le conflit disco-radiculaire.

• Manoeuvre de Lasègue : l'élévation progressive du membre inférieur, genou tendu, réveille la

douleur à partir d'un certain angle. Plus l'angle est petit, plus la sciatique est sévère. Cette

manoeuvre étend progressivement la racine et permet de reproduire la douleur. Attention : au-

delà de 70°, il n'y a plus de traction sur la racine, de sorte qu'une douleur apparaissant à partir de

cet angle n'a plus de valeur.

• Le Lasègue contralatéral : l'élévation de la jambe du côté indolore réveille la douleur du côté

douloureux (ce signe est pathognomonique d'une hernie discale importante).

• Apparition de la douleur radiculaire à la flexion de la nuque : signe de Néri.

• Position : la sciatique typique est bien soulagée par le décubitus. (Si le patient est réveillé la nuit

par la douleur, il faut penser à une tumeur ou à un syndrome facettaire).

Examen neurologique

Il précise la souffrance radiculaire et sa gravité.

Sensibilité : rechercher une hypoesthésie superficielle (palpation symétrique)

Hypoesthésie bord externe du pied, talon : S1.

Hypoesthésie dos du pied, 1er espace interdigital : L5.

Hypoesthésie face interne tibia : L4.

Motricité : demander au patient un test simple

Marche sur la pointe des pieds : S1.

Marche sur les talons : L5.

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Vérifier la symétrie de la force.

Réflexes : la recherche a une valeur localisatrice.

Absence ou asymétrie d'un réflexe rotulien : L4, L3.

Absence ou asymétrie d'un réflexe achilléen : S1.

Etiologie

L'atteinte de la racine est due à une hernie discale dans 95 % des cas.

Tantôt, c'est le nucleus et l'anneau fibreux qui le contient qui font saillie dans le canal ("protrusion"),

tantôt, c'est le nucleus seul qui fait irruption dans le canal à travers une fissure de l'anneau fibreux

(hernie discale).

Il ne faut cependant pas oublier que tout processus infectieux ou tumoral peut comprimer la racine

ou son trajet plus distal ("atteinte tronculaire") et provoquer les mêmes symptômes. L'atteinte

radiculaire peut encore être d'origine métabolique (polynévrite diabétique) ou virale (zona)

Evolution

On estime qu'environ 85 % des sciatiques par conflit disco radiculaire guérissent en quelques jours

sans traitement ou avec un traitement symptomatique léger (repos, AINS, antalgiques). Si

l'anamnèse et l'examen clinique permettent d'affirmer le diagnostic, il ne faut pas demander d'examen

complémentaire (sauf si suspicion de fracture, si patient âgé ou état général altéré).

Aucun signe clinique n'est prédictif de l'évolution favorable ou défavorable de la sciatique (une

sciatique très invalidante, avec attitude antalgique et un Lasègue serré peut guérir totalement).

Formes cliniques

Il convient d'isoler des formes graves pour lesquelles un traitement chirurgical est indiqué.

Sciatique hyper algique : ce qualificatif évoque le caractère intolérable de la douleur qui cloue le

patient au lit et lui interdit tout effort de toux, éternuement. De plus, la douleur répond mal aux

AINS voire à la cortisone (1,5 mg/Kg/j) pendant 3 jours.

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Syndrome de la queue de cheval : l'apparition brutale d'une parésie flasque des membres

inférieurs, associée à des troubles sphinctériens et une anesthésie périnéale en selle réalise un

syndrome complet de la queue de cheval, généralement provoqué par une hernie discale massive.

L'intervention doit être réalisée le plus rapidement possible pour minimiser les séquelles sensitives

et/ou motrices.

L'atteinte peut être incomplète, se traduisant par une atteinte du sphincter urinaire se manifestant

soit par une incontinence soit par une rétention indolore avec mictions par regorgement. Y sont

associées plus ou moins une atteinte de la sensibilité périnéale, une diminution de la sensation de

passage des urines et/ou matières fécales.

Dans ces cas, le traitement sera également chirurgical. Le degré d'urgence sera fonction de la sévérité

de l'atteinte et surtout de la rapidité de celle-ci.

Sciatique paralysante : présence d'un déficit moteur égal à 3 au testing musculaire : incapacité à

réaliser un mouvement complet sans résistance. Elle intéresse dans 80 % des cas la racine L5. Le

déficit dans la zone S1 est plus rare et la parésie moins intense.

Si l'atteinte porte sur l'ensemble des muscles dépendant de la racine lésée (L5 : extenseurs gros

orteils et orteils, fibulaires), si elle s'installe en quelques heures ou si elle s'aggrave, l'indication

chirurgicale sera posée. L'expectative est de mise s’il y a des signes évidents de récupération. La

récupération motrice est inconstante et non prédictible. On estime qu'un déficit d'installation

rapide et égal à 3 a plus de chance de récupérer avec la chirurgie.

Examens complémentaires

Les radiographies standard permettent d'exclure une pathologie tumorale, inflammatoire ou

infectieuse. Un grand cliché de face et un profil centré sur L4-L5 suffiront. Un 3/4 sera demandé en

cas de lyse isthmique (spondylolisthésis). Ces clichés permettent le comptage des vertèbres

lombaires et de détecter toute anomalie de transition entre L5 et le sacrum.

Un scanner ou une RMN ne seront demandés qu'en cas d'échec du traitement médical et avant un

traitement chirurgical.

L'EMG ne sera utile qu'en cas de doute ou d'atteinte peu typique.

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Traitement médical

• Repos : il sera indiqué si cela est possible pour une huitaine de jours dans la phase aiguë. Il ne

semble pas utile dans les sciatiques chroniques.

• Lombostat : son action thérapeutique n'a pas été démontrée mais il a l'avantage de réduire la

mobilité du patient (sa présence n'empêche pas la mobilisation des 2 derniers disques lombaires).

Il peut être porté par intermittence, pour les activités contraignantes. Il peut être remplacé par

un corset en plâtre ou en résine.

• AINS : ils ont leur place puisqu’il y a une composante inflammatoire.

• Corticothérapie :

− la voie générale n'a que peu de justification sauf dans les sciatiques hyper algiques (1-

1,5 mg/Kg/j prednisone);

− la voie épidurale est la plus logique puisqu'elle permet d'atteindre le lieu du conflit avec

un minimum d'effets généraux. L'infiltration peut être renouvelée trois fois;

− l'infiltration foraminale (par le trou de conjugaison) est logique si le conflit se passe à

la sortie du trou de conjugaison.

• Traction lombaire : son efficacité n'a pas été démontrée. Elle oblige au repos au lit.

• Manipulations vertébrales : elles sont de principe contre-indiquées en cas de hernie discale.

• Kinésithérapie : elle est utile une fois passée la phase algique pour prévenir les récidives en

développant les muscles para vertébraux et les lombopelviens.

• Traitements percutanés : ils sont une alternative à la chirurgie classique. Ils évitent le canal

rachidien.

Chimionucléolyse : la chympapaïne est une enzyme végétale dérivée de la papaye et capable de

digérer les glycoaminoglycanes du nucleus pulposus. L'injection se fait sous anesthésie locale et

sédation. Elle donne 70 % d'efficacité. Elle peut provoquer des accidents allergiques et beaucoup

plus rarement neurologiques. Elle occasionne également un pincement discal.

Nucléotomie percutanée : elle réalise une décompression mécanique du disque par retrait du

matériel discal à la pince. Pour accéder au nucleus, il faut réaliser une trépanation de l'annulus. Ceci

permet de créer une fenêtre permanente par laquelle la pression du disque est diminuée. Elle ne

cause pas de pincement discal ni de lombalgies. Elle n'a qu'une action indirecte sur la hernie qu'elle

n'enlève jamais (la pression diminue). Aucune complication sérieuse n'a été rapportée. Elle est

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efficace dans 60 % des sciatiques rebelles. Dans notre expérience, un quart des patients devra avoir

ensuite une intervention classique.

Intervention chirurgicale classique : la discectomie chirurgicale.

Patient opéré sur le ventre. Abord limité au côté douloureux. Exérèse du ligament jaune qui permet

l'accession dans le canal rachidien. La racine est réclinée, la hernie est excisée et le disque est cureté

localement. (Ainsi, pour une hernie refoulant la racine S1 gauche, seule la racine gauche est abordée

et le disque L5-S1 sera cureté par le côté gauche). Hospitalisation : 6 jours, lever 3e jour. Reprise

du travail : entre 2 à 3 mois en fonction du type d'activité. Lombostat éventuellement. L'efficacité

de la chirurgie est de l'ordre de 85 % de guérison ou de bons résultats.

5. Autres irradiations dans le membre inférieur

Lombalgies d'origine facettaire, donnant des pseudo-sciatalgies dépassant rarement le creux poplité.

La douleur diminue à la marche, à la mise en cyphose lombaire.

Sciatique non discale d'origine tumorale, infectieuse.

Méralgie paresthésie ou névralgie du nerf fémoro-cutané. Dysesthésie de la face externe de la cuisse

(engourdissement, brûlure, picotements). Elle est liée à une atteinte tronculaire du nerf lors de son

passage dans la fosse iliaque interne ou de son émergence sous le ligament inguinal. La méralgie se

traite par infiltration du nerf avec un corticoïde.

La cruralgie : elle est nettement moins fréquente que la sciatique.

Elle survient en général plus tard que la sciatique, le plus souvent entre 50-60 ans, càd 15 ans plus

tard que la sciatique.

La lombalgie peut ne pas être présente mais la douleur est toujours présente dans la cuisse, à sa face

antéro-externe puis, le cas échéant, croise et descend à la face antéro-interne de la jambe. La douleur

est d'intensité variable mais souvent intense.

Elle est objectivée par la manœuvre de Lasègue inversée (ou d'Ely) : patient en décubitus ventral.

L'examinateur fléchit le genou sur la cuisse, mettant ainsi en tension le nerf crural (fémoral).

L'épreuve est positive quand elle reproduit la douleur quadricipitale.

Clinique

Aréflexie ou hyporéflexie rotulienne si atteinte de la racine L3 ou L4.

Hypoesthésie superficielle de la face antérieure de la cuisse.

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Parésie assez fréquente du quadriceps (rarement inférieure à 3, responsable alors de dérobement à la

marche ou à la descente des escaliers.

Amyotrophie rapide.

Imagerie

Scanner ou résonance qui objective un conflit entre le disque et la racine.

Traitement

Il est médical dans 95 % des cas et la réponse est favorable endéans les 3 mois. Il est chirurgical

dans les rares formes sans réponse.

6. Le canal lombaire étroit

Affection se traduisant par des lombalgies et des douleurs dans les membres inférieurs.

Clinique

Plus fréquent chez l'homme après 40 ans. Le tableau clinique est très variable. Le plus classique est

celui d'un homme ayant des douleurs fessières ou dans les membres inférieurs après la marche. Ces

douleurs disparaissent en se couchant ou en se penchant en avant.

Le patient peut adopter une marche de "singe" (penché en avant) pour diminuer ou retarder les

douleurs. L'hypoesthésie ou paresthésie (engourdissement, sensation de "peau morte") et une

faiblesse musculaire ("jambes de coton" ou vite fatigables) sont plus tenaces que les douleurs.

Rouler à bicyclette ou monter une pente est plus facile. Des troubles génitosphinctériens peuvent

apparaître à la marche.

Les symptômes apparaissent constamment à la marche avec un périmètre remarquablement fixe

chez le même patient. Dans les formes évoluées, ils peuvent être présents dès la mise en station

debout ou en extension lombaire. Les symptômes disparaissent à l'arrêt et plus facilement si le sujet

peut s’asseoir ou s'accroupir.

La douleur a un caractère uni- ou pluriradiculaire dans une ou les deux jambes.

En outre, le patient se plaint souvent de lombalgies qui sont cependant moins vives et nettes que

dans un conflit disco radiculaire.

Signes objectifs

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Ils sont pauvres. L'examen est souvent normal au repos, sauf une raideur lombaire variable. La

manœuvre de Lasègue peut être négative ou discrètement positive. L'examen neurologique peut

mettre en évidence une abolition d'un réflexe, une hypoesthésie ou une faiblesse musculaire. Ces

signes sont la plupart du temps discrets.

L'examen recherchera un signe de Babinski qui doit rester négatif et des pouls périphériques (exclure

une artérite : la claudication ischémique apparaît plus vite à la marche et cède plus rapidement au

repos. La diminution de sensibilité si elle existe, n'est pas radiculaire).

Physiopathologie

Il s'agit d'un rétrécissement du canal rachidien contenant le sac et les racines. Cette sténose peut être

congénitale (achondroplasie) ou le plus souvent d'origine dégénérative. Expérimentalement, il faut

réduire le diamètre du sac dural d'environ 40 % pour observer une stase veineuse et un trouble de la

conduction.

Outre le mécanisme de compression statique, une ischémie des racines peut aussi s'observer au

cours de la marche, la sténose empêchant la dilatation artérielle présente normalement au cours de

l'effort.

Traitement

Le traitement sera d'abord médical et symptomatique : AINS, lombostat, kinésithérapie, et en cas de

radiculalgie invalidante : péridurale d'un corticoïde retard.

La chirurgie sera indiquée dans les atteintes radiculaires et surtout lorsqu'il existe des signes

neurologiques. L'âge en soi ne doit ni faire reculer ni repousser l'intervention. L'opération consiste à

décomprimer les racines en travaillant sur le disque et/ou le pourtour du canal. Une arthrodèse sera

réalisée dans le même temps s’il y a un risque d'une déstabilisation secondaire à la décompression.

Les résultats obtenus sont bons dans 75 % des cas. La claudication et la radiculalgie déficitaire ou

non répondent mieux que les lombalgies à la chirurgie.

7. Le spondylolisthésis

Glissement antérieur d'une partie de la vertèbre (le sens du déplacement est jugé d'après la vertèbre

sous-jacente) à la suite d'une lyse bilatérale. Cette spondylolyse est une solution de continuité

résultant la plupart du temps d'une fracture de fatigue au niveau de l'isthme, càd la partie située

entre les apophyses articulaires (pars interarticularis). Cette fracture se constitue durant l’enfance

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ou l'adolescence. Elle est localisée la plupart du temps au niveau de L5. C'est surtout en extension

lombaire que cette zone est soumise à des contraintes importantes (12 % chez les gymnastes, 5 %

dans la population générale). Le listhésis est un glissement antérieur de la partie vertébrale "libérée"

càd le corps, les pédicules et les apophyses articulaires supérieures et les transverses. Les lames,

les articulaires inférieures et l'épineuse restent en place.

L'affection est souvent latente, les individus porteurs pouvant mener une vie active et même

sportive. Un petit nombre d’entre eux deviendront symptomatiques, présentant une lombalgie

aiguë ou chronique. Une radiculalgie secondaire peut également s'observer : soit par hernie discale,

qu'elle soit au-dessus du listhésis ou qu'elle soit plus rarement au niveau de la zone de glissement,

soit par étirement ou irritation de la racine au niveau de la lyse (irritation par le cal ou la tentative de

réparation).

Le déplacement de la vertèbre olisthésique peut parfois être important, créant une lordose et une

irritation des ischio-jambiers par bascule du bassin. Le risque de déplacement vertébral est surtout

présent pendant la période de croissance.

Radiologie

Sur les clichés de 3/4, la perte de continuité est objectivée par l'apparition d'un collier sur le petit

chien. Le déplacement quand il est présent, s'apprécie le mieux sur le profil.

Traitement

Il ne s’adresse qu’aux patients symptomatiques et est conservateur : kinésithérapie, port d'un

lombostat en période de douleur. La suppression des sources de vibrations (équitation, moto, vélo

tout-terrain etc.) est impérative en cas de lombalgies.

Lorsque les lombalgies deviennent rebelles, une arthrodèse lombo-sacré L5/S1 postérolatérale ou

inter somatique sera envisagée.

8. Les scolioses

Une scoliose est une déviation dans le plan frontal de la colonne vertébrale. C’est la déformation

la plus fréquente du rachis. Elle peut être :

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• Non-structurale, posturale. On parle d’une attitude scoliotique. La vertèbre n’est pas

déformée , la scoliose est souple, réductible et disparaît avec le traitement de la cause sous-

jacente. Le plus souvent, cette attitude est sans cause apparente. Il s’agit alors de grands

enfants qui prennent une mauvaise position avec une incurvation latérale dans une attitude

asthénique comprenant très souvent une cypholordose. Les autres causes les plus fréquentes

sont une inégalité de longueur des membres inférieurs, entraînant un déséquilibre du bassin

(toujours vérifier l’horizontalité du bassin en mettant les mains sur les crêtes iliaques lors de

l’examen d’une colonne) ou une contracture musculaire dûe à une hernie discale ou encore à

une spondylodiscite et entraînant un déséquilibre du tronc.

La courbure disparaît lorsque le patient se penche en avant ou que l’horizontalité du bassin

est rétablie (cale sous le pied) . Radiologiquement, la vertèbre n’est pas en rotation et la

scoliose disparaît sur un cliché radiologique de face en position couchée.

• Structurale. La scoliose est le résultat d’une déformation tridimensionnelle de la vertèbre.

Elle s’accompagne toujours d’une gibbosité plus ou moins apparente, résultant de la rotation

axiale de la vertèbre. « Pas de rotation vertébrale, pas de scoliose ». La gibbosité est

recherchée en faisant pencher vers l’avant le patient. Elle devient évidente lorsque

l’angulation de la scoliose est supérieure à 20°. Elle est située du côté convexe de la

courbure.

La radiographie debout de face permet

• de confirmer le diagnostic de scoliose en montrant la courbure associée à la rotation

vertébrale. La rotation vertébrale s ‘apprécie en observant la position de l’épineuse ou

des pédicules par rapport au corps vertébral sur un cliché de face.

• de mesurer la courbure tridimensionnelle. La méthode de Cobb prolonge le plateau

supérieur de la vertèbre proximale et le plateau inférieur de la vertèbre distale les plus

inclinées sur l’horizontale. Une perpendiculaire à la ligne de prolongement est ensuite

tracée et l’angle ouvert en haut ou en bas est ensuite mesuré. Cette méthode ne mesure

que sur une seule projection la déformation et n’a donc qu’une valeur relative.

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• De déterminer les vertèbres caractéristiques.

1. La vertèbre sommet est la seule vertèbre horizontale de la courbure. Elle

présente le maximum de rotation. Suivant sa localisation, on distingue le plus

souvent:

La scoliose dorsale avec un sommet situé entre D7-D10

La scoliose dorso-lombaire lorsque le sommet est entre D11-L1, à la

charnière dorso-lombaire.

La scoliose lombaire quand le sommet se trouve entre L2-L4.La scoliose dorsale et lombaire càd une scoliose à 2 courbures vraies

associées.

2. Les vertèbres limites de la courbure sont la première et la dernière vertèbre de

la courbure qui présentent une rotation vertébrale.

3. Les vertèbres neutres sont la dernière et première vertèbres qui ne présentent

pas de rotation vertébrale.

• De déterminer l’existence de contre-courbures de compensation de part et d’autre

d’une courbure scoliotique. Il s’agit de courbure sans rotation vertébrale, véritables

« attitudes scoliotiques » et dont le rôle est la rééquilibration du rachis permettant à la

tête de se placer sur la verticale passant par le sacrum. Leur aggravation suit celle de la

courbure primitive.

Etiologies

Scoliose idiopathique : Elle représente 70 % des cas. Cependant on retrouve une fois sur 4 une

notion familiale. Toute autre cause de scoliose sera recherchée avant de faire ce diagnostic (cfr.

infra).

Scoliose congénitale : Elle est secondaire à une malformation vertébrale. On recherchera d’autres

malformations notamment urinaire, cardiaque ou o.r.l..

Scoliose paralytique : toutes les affections neurologiques de l’enfant peuvent s’accompagner

d’une scoliose. L’évolutivité de la scoliose dépend de la maladie neurologique. Parmi celles-ci :

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- La poliomyélite

- L’infirmité motrice cérébrale

- Les myopathies avec un risque scoliogène augmenté après perte de la marche

- Le spina-bifida

- L’arthrogrypose

Scoliose d’autre origine :

- Maladie neurologique : Recklinghausen, Friedreich, Charcot-Marie

- Maladie chromosomique : Trisomie 21

- Maladie du tissu conjonctif : maladie de Marfan, Ehler-Danlos

- Scoliose raide et douloureuse : hernie discale, tumeur médullaire,

spondylodiscite.

LES SCOLIOSES IDIOPATHIQUES

Ce sont les plus fréquentes et leurs étiologies restent inconnues actuellement.

Evolutivité

L’évolution d’une scoliose idiopathique se fait vers l’aggravation. Dans un premier temps, elle

est lente et puis s’accélère dès le début de la puberté et ce, jusqu’à la fin de croissance càd à

l’ossification complète de la crête iliaque . [ L’âge osseux prime sur l’âge civil. Le test de Risser

apprécie l’ossification de la crête iliaque sur un cliché de face. L’ossification débute à la partie

antérieure de la crête vers 13 ans chez la fille et 15 ans chez le garçon et progresse vers l’arrière.

La maturation osseuse est achevée lorsque l’ossification est radiologiquement complète].

Après la croissance, la scoliose n’évolue plus sauf celles de plus de 50°.

Retenons donc que pendant la puberté, l’angulation peut tripler ou quadrupler. Toute scoliose

qui s’aggrave de 1° par mois est une scoliose évolutive. A angulation initiale identique, le

pronostic dépend de l’âge de découverte et du potentiel résiduel de croissance. A âge de

découverte identique, le pronostic dépend de l’angulation initiale.

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Classification chronologique

L’âge de découverte a donc une importance pronostique considérable et permet de distinguer :

- La scoliose du nourrisson : décelée avant l’âge de 1 an. Elle est spontanément

résolutive dans la plupart des cas.

- La scoliose infantile : elle apparaît entre 1 et 3 ans. Elle est généralement

sévère, pouvant atteindre 100° d’angulation en fin de croissance.

- La scoliose juvénile : elle apparaît après l’âge de 3 ans et avant la puberté.

- La scoliose de l’adolescent : elle apparaît au cours de la puberté et avant la

maturation osseuse complète.

Classification topographique

Dans les scolioses idiopathiques, on distingue les courbures principales ou structurales et des

contre-courbures compensatrices dites courbures mineures. La courbure principale est la moins

réductible en traction, elle est la plus centrale. La contre-courbure est moins structurale et plus

réductible.

En fonction de la vertèbre sommet, la scoliose présente des caractères particuliers:

- Dorsale (25%): elle est à convexité droite en général. La gibbosité est la plus

marquée dans cette variété et le risque respiratoire est majeur. En effet,

lorsque la courbure est supérieure à 80°, la capacité vitale est diminuée par un

syndrome restrictif important.

- Dorso-lombaire (20%) : Convexité droite habituelle. Elle peut déséquilibrer le

tronc.

- Lombaire (25%) : Convexité gauche habituelle. Elle peut être à l’origine de

lombalgie chez l’adulte.

- Double courbure comprenant une dorsale droite et une lombaire gauche (30%).

Elle est de diagnostic souvent tardif parce que souvent équilibrée dans chacune

des courbures.

- Cervico-dorsale: très rare et inesthétique par la gibbosité haute qui soulève

l’omoplate.

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Traitement

Attitude scoliotique

Il faut corriger le trouble sous-jacent si possible, prescrire de la gymnastique de rééducation

posturale lorsqu' il s’agit de mauvaises habitudes de maintien et favoriser la pratique des sports

d’extension tels la natation, volley, basket etc…

Scoliose structurale

• Kinésithérapie : Elle permet un assouplissement du rachis et de rendre plus aisée la

réduction de la déformation. A elle seule, elle n’apporte pas de correction permanente à une

courbure structurale.

• Traitement orthopédique : Contention par corset plâtré ou synthétique. Le choix du corset

sera en fonction de la topographie de la courbure. Ainsi, pour une scoliose dorsale, un

corset à têtière (type Milwaukee) est nécessaire ou encore un halo-corset (« halo-jacket »)

qui permet d ‘appliquer une force de traction crânienne. Une scoliose lombaire ou dorso-

lombaire peut être traitée par un corset court (type Lyonnais).

Entrepris avant la fin de la croissance, le traitement orthopédique a pour but de favoriser la

croissance vertébrale du côté concave de la courbure, dans l’espoir de stabiliser la courbure,

voire la diminuer. Une correction de 10° peut être espérée pour une courbure inférieure à

50° ou à défaut, sa stabilisation.

• Traitement chirurgical : Il corrige au moins partiellement la déviation et la stabilise par une

greffe vertébrale et une instrumentation (Cotrel-Dubousset, Lu que etc…) mise la plupart du

temps par voie postérieure. Il se fait de préférence après la poussée pubertaire, càd vers 13

ans chez la fille et vers 15 ans chez le garçon.

Le traitement des scolioses idiopathiques repose schématiquement sur l’angulation, le type,

l’âge de découverte et l’évolutivité de la courbure qui est surveillée tous les 6 mois ou tous

les ans selon l’âge. Le schéma thérapeutique suivant peut être proposé:

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• En dessous de 30°, la moitié des scolioses est évolutive. Celle qui s’aggrave d’1°/ mois

nécessite un traitement orthopédique. Pour les autres, surveillance annuelle au minimum.

• Au dessus de 30°, toute scoliose est évolutive et doit être traitée

- orthopédiquement jusqu’à 50°

- chirurgicalement au delà de 50°

Cependant, ce schéma est modifiable en fonction du type de courbure. Une scoliose

dorsale de 40° peut justifier une chirurgie pour éviter une aggravation de la fonction

respiratoire. A l’opposé, une scoliose à double courbure de 50° ne nécessite peut-être pas

une chirurgie car elle exigerait une arthrodèse très étendue

TABLE DES MATIERES

CHAPITRE VII : PATHOLOGIE PAR REGIONI. Ceinture scapulaire et humérusA. Rappel physiologiqueB. Pathologie traumatique de l’épauleC. Pathologie non traumatique de l’épauleII. Pathologie du coudeA. TraumatologieB. Pathologie orthopédique du coudeIII. Pathologie de l’avant-brasA. Fracture diaphysaire des deux os de l’avant-brasB. Fracture diaphysaire d’un os de l’avant-brasIV. Pathologie du poignetA. TraumatologieB. Affections non traumatiques du poignetV. Pathologie de la mainA. TraumatologieB. Pathologie non traumatique de la mainVI. Pathologie du bassinA. Les fractures du bassinB. Orthopédie du bassinVII. Pathologie de la hancheA. La luxation traumatique de hancheB. Fracture de l’extrémité supérieure du fémurC. La hanche non traumatiqueVIII. Pathologie de la cuisseA. Pathologie traumatique : la fracture de la diaphyse fémoraleB. Pathologie non traumatiqueIX. Pathologie du genou et de la jambeA. Anatomie fonctionnelleB. Pathologie traumatique du genouC. Pathologie non traumatique du genou

Page 117: CHIRURGIE DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR … · Traction douce sur coude fléchi en rotation externe et la main en supination se place sous la tête. Une fois l'épaule réduite, le bras

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X. Pathologie de la chevilleA. Pathologie traumatiqueLes entorses externes de la cheville 125B. Pathologie non traumatique de la chevilleXI. Pathologie du piedA. Pathologie traumatiqueB. Pathologie non traumatiqueXII. Pathologie de la colonne vertébraleA. Rappel physiologiqueB. pathologie traumatique de la colonne vertébraleC. pathologie non traumatique de la colonne vertébrale

le spondylolisthesisles scolioses