chavannes_confucius

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    CONFUCIUS

    par

    douard CHAVANNES (1865-1918)

    1903

    Un document produit en version numrique par Pierre Palpant,collaborateur bnvole

    Courriel : [email protected]

    Dans le cadre de la collection : "Les classiques des sciences sociales"dirige et fonde par Jean-Marie Tremblay,professeur de sociologie au Cgep de Chicoutimi

    Site web : http ://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiquesdessciencessociales/index.html

    Une collection dveloppe en collaboration avec la BibliothquePaul-mile-Boulet de lUniversit du Qubec ChicoutimiSite web : http ://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm

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    Un document produit en version numrique par Pierre Palpant, collaborateur bnvole,Courriel : [email protected]

    partir de :

    Confucius,

    par Edouard CHAVANNES (1865-1918)

    Article paru dansLa Revue de Paris, 15 fvrier 1903, pages 827-844.

    Club des Libraires de France, Paris, mai 1956.

    Police de caractres utilise : Times, 12 points.Mise en page sur papier format Lettre (US letter), 8.5x11

    dition complte le 30 novembre 2004 Chicoutimi, Qubec.

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    Confucius vcut de lan 551 lan 479 avant Jsus -Christ. Vers la mmepoque, Pythagore apparut dans le monde grec, et cest dans ce temps, selontoute vraisemblance, que le Bouddha rpandit ses enseignements en Inde.

    Ainsi, aux environs de lan 500 avant notre re, lhumanit parvint presquesimultanment, en Chine, sur les rives du Gange et dans les les de la merge, une maturit intellectuelle qui se manifesta par une floraison de larflexion philosophique sur toute ltendue du monde civilis. Si noussommes les hritiers de la pense grecque et si le bouddhisme reprendmaintenant une force nouvelle au Siam et au Japon, les ides de Confucius,elles aussi, sont loin davoir termin leur destine ; depuis 2380 ans que lematre est mort, son autorit ne fut peut-tre jamais plus respecte que de nosjours.

    Si nous nous enqurons dabord de ce qua crit Confucius, nous nesommes pas peu surpris, au moment o nous nous attendions trouver unphilosophe, de rencontrer un historien. Le seul ouvrage, en effet, dont il soitsrement lauteur, est une chronique de la principaut de Lou, sa patrie,pendant les deux cent quarante-deux annes comprises entre lan 722 et lan481 avant Jsus-Christ. Notre tonnement augmente encore lorsque la lecturede ces annales nous en rvle toute la scheresse et la monotonie. Dans celivre, lob servation rigoureuse de lordre chronologique par annes et mm epar mois morcelle laction et sup prime toute continuit dans le rcit ; la tropgrande concision nuit la clart, car les faits deviennent inintelligibles quandils sont isols des circonstances qui les amnent ou les suivent ; lem ploiconstant des termes les plus gnraux et les plus vagues dpouille lhistoire de

    tous les dtails caractristiques qui lui donnent la vie ; enfin les vnementsdont il est fait mention sont si peu varis quun rudit chinois a pu les classeren vingt-deux catgories exactement, qui toutes concernent la vie des princes ;cette chronique a l troitesse et laridit dun almanach de cour ou dunmmento de diplomate.

    Avec ses dfauts vidents, elle a cependant une importance capitale. AvantConfucius, en effet, personne en Chine navait eu lide dcrire lhis toire.Sans doute, il existait dans chaque royaume fodal des archives, et desfonctionnaires spciaux taient chargs denregistrer les vnements au jour le jour ; mais les documents ainsi forms et conservs navaient jamais trunis, coordonns, publis. Confucius fut le premier qui entreprit une pareille

    tche et il est le vritable pre de lhis toire en Chine. Cela est si vrai que sescourtes annales sont devenues pour les crivains postrieurs le fondement dela chronologie exacte ; on ne remonte gure plus loin que leur point de dpartet, au sicle qui les suit, les dates perdent de leur prcision.

    Ce nest pas cependant un amour dsintress de la science qui incitaConfucius composer un tel livre. Son ambition tait dun autre ordre ; il seproposait avant tout dexercer une influence di recte sur les hommes de sontemps. Lhistoire est lexprience des princes ; elle leur montre les exemples

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    quils doivent sefforcer ou craindre dimiter ; on peut donc la concevoircomme une politique en action, et cest bien ainsi encore que la comprenait,au XIe sicle de notre re, le clbre Sseu-ma Kouang lorsquil intitulait songrand ouvrage historique : Miroir gnral servant bien gouverner . Le but

    auquel tendait Confucius tait de rendre les princes plus sages.Lhistoire est instructive, non seulement par les vnements quelle

    rappelle, mais encore par la manire dont elle les raconte ; la faon mme dontelle relate les faits implique souvent un jugement sur les hommes. Le VIIe etle VIe sicles avant notre re furent en Chine une poque trouble o lergime fodal craquait de toutes parts et menaait de se disloquer ; il y eutalors plus dune circonstance o la rgle fut viole, et plus dun cas o laconscience publique se demanda de quel ct tait le bon droit ; on loueConfucius de stre toujours prononc avec une parfaite quit. Nos principesde critique scientifique ne nous permettent pas de souscrire cetteapprciation sans rserves : lorsque le Fils du Ciel reut dun de ses vassaux

    lordre de venir une runion et fut con traint de sy rendre, si Confucius, afinde dissimuler ce que lincident avait doutrageant pour la ma jest royale,dclare que le souverain se trouva au lieu du rendez-vous parce quil tait allchasser, nous estimons que lauteur manque la vracit. Il nen reste pasmoins certain que, aux yeux de ses contemporains, il fit preuve de sens moralen blmant ainsi sous une forme voile la conduite dun seigneur as sezarrogant pour faire violence son suzerain. Il ne faut pas dailleurs donnerdans le travers de certains critiques chinois qui voient sous chaque mot desannales de Confucius une intention cache, mais il serait tout aussi absurde deprendre le contre-pied de lopinion gnralement admise en Chine, et de nierque cet ouvrage expose certains faits avec le dsir de transformer lhistoire enune leon morale.

    Ainsi Confucius ne fut historien que parce quil se proposait dtrelinstituteur des rois. Bi en plus, il ncrivit sa chronique que dans sa vieillesse,lorsquil eut reconnu linutilit de ses efforts pour agir autrement que par lelivre. Mais avant davoir recours ce pis -aller, il avait voulu jouer lui-mmeun rle la cour des princes. Confucius va donc nous apparatre maintenantcomme un homme politique.

    Sa vie entire se passa chercher entre les divers royaumes qui separtageaient la Chine celui o ses avis pourraient tre suivis. Il tait siconvaincu de lexcellence de ses principes qu il disait : Si quelquun savaitmemployer, en un an il obtiendrait un rsultat passable, et, aprs trois ans, il

    obtiendrait la perfection. Ses efforts pour trouver un souverain qui lcou tt furent vains ; diverses

    reprises il fut bien accueilli ; il occupa mme des charges importantes et putfaire preuve des vraies qualits dun homme dtat ; mais, au bout duncertain temps, quelque raison toujours lobligeait partir et interrom pait sonuvre commence. Parmi les princes qui le reurent leur cour, lun, effraysans doute de la tche norme quil lui proposait, lui dclara quil se trouvaittrop vieux pour mettre ses prceptes en pratique ; un deuxime fut dtourn de

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    lui par ses ministres qui craignaient de se voir vincs ; un troisime, layantappel de hautes fonctions, devenait puissant grce lui, lorsque lesouverain dun tat rival lui envoya, pour le dtacher de son conseiller,quatre-vingts jolies danseuses dont les charmes lui firent ngliger son mentor ;

    un autre enfin, pris dune femme aussi clbre par sa grce que par sadpravation, monta en char avec elle et un eunuque, puis obligea le sage lesaccompagner sur la place publique ; Confucius dit alors en soupirant : Jenai encore vu personne qui aime la vertu com me on aime une belle femme.

    Ces checs successifs ntaient pas sans lattris ter : Suis-je donc,disait-il, comme une courge amre qui ne peut que pendre sa tige et qui nestpas mangeable ? Un jour quil avait t fortuite ment spar de ses disciples,un homme qui lavait aperu le dcrivit comme ayant lapparence dun chienqui avait perdu son matre ; Confucius, qui lon rapporta ce propos,lapprouva, disant : Que je ressemble un chien sans matre, cest bien cela,cest bien cela.

    De tels regrets auraient pu produire le dcouragement dans une meordinaire. Mais Confucius avait une trop haute ide de sa mission pour selaisser abattre. De son temps, certains sages dgots du monde cherchaientdans une vie obscure et inactive prserver leur intgrit morale ;quelques-uns feignaient mme la folie ou la stupidit pour paratre incapablesdtre utiles leurs semblables ; ils blmaient Confucius de son obstination lutter : Vous ne rformerez point le sicle, lui disaient-ils, et votre mrite nepeut que vous mettre en pril ; retirez-vous, cachez-vous, et vous atteindrez auseul bonheur auquel il soit permis, dans les circonstances actuelles, de pr-tendre.

    Confucius cependant condamnait comme une dsertion du devoir social laprudence de ces solitaires, orgueilleux de leur vaine perfection : On nesaurait, rpondait-il, sassocier avec les oiseaux et les animaux. Si je nemassocie pas avec les hommes daujourdhui, avec qui aurais -je des re-lations ? Si lempire tait vert ueux, quaurais -je besoin de le changer ? Iltrouvait ainsi dans la perversit mme de son poque une raison nouvelledagir. Nest -il pas, disait-on encore de lui, celui qui sait que son uvre estimpossible et qui cependant sy applique ? Ce sarcasme est le plus grand desloges ; ceux-l sont les prophtes qui savent que la cime vers laquelle ilstendent est inaccessible aux yeux du vulgaire et qui gardent pourtant au plusprofond de leur cur une telle foi dans les principes sacrs dont ils sont lesdpositaires quils en proclament le triomphe prochain au mpris des

    apparences. Confucius tait un inspir ; il sentait en lui une force surhumainequi lobligeait marcher dans sa voie ; il se croyait un instrument entre lesmains dune puissance invisible et sans gale ; il devait tre le hraut que leCiel avait charg dannoncer la vrit dans le monde comme le fonctionnairequi, la cloche battant de bois la main, allait par les villes et les villagesrpandre les enseignements du souverain. En deux occasions o sa vie fut engrand danger, il se montra sans aucune crainte ; le Ciel, en lui confiant lacause du bien et de la justice, ne lavait -il pas rendu inviolable ?

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    Confucius ne parvint pas transformer le monde politique ; cependant son

    influence fut norme sur ses contemporains ; il ne cessa jamais dtre entourdauditeurs fidles et nombreux ; les relations quil entretint avec ses disciples

    durent lui causer ses plus douces joies ; il les traitait comme un pre traite sesfils et les appelait ses jeunes enfants ; il ne cherchait leur en imposer paraucun artifice : Pensez-vous, leur disait-il, que je vous dissimule quelquechose ? je ne vous dissimule rien ; il nest rien que je fasse sans vous lemontrer ; voil comme je suis. Parfois il se plaisait, par une dlicatefamiliarit, diminuer la distance que sa supriorit morale maintenait entreeux et lui ; il les exhortait lui confesser leurs sentiments en toute franchise,sans le considrer comme un matre : Quoique je sois peut-tre dun jourplus g que vous, nen tenez pas compte. Confucius recevait tous ceux quivenaient lui, sans se proccuper de leur vie passe, car il estimait que le seuldsir dentendre ses en seignements tait une preuve suffisante de conversion ;

    il les admettait, quelque pauvre que ft le prsent que, suivant la coutume, ilslui apportaient pour se faire agrer de lui ; il ne leur demandait quune sincrevolont dapprendre et une intel ligence prompte saisir le sens de ses parolessouvent nigmatiques. Il tudiait leur caractre, et, une mme question posepar deux dentre eux, il faisait des rponses diffrentes parce que le mme avisne pouvait convenir deux tempraments divers. Il tait vritablement leurdirecteur de conscience, aimant veiller en eux la rflexion philosophique,les raillant avec douceur quand leurs paroles ou leurs actes taient endsaccord avec ses prceptes. Il ne se contentait pas de les instruire, il lesaimait ; il a des accents qui viennent du cur lorsquil parle de celui quune

    mort prmature avait enlev son affection. Ses disciples, leur tour, luiavaient vou une vnration sans bornes ; leurs yeux, nul ne pouvait lui trecompar et, si le Ciel avait voulu que ce roi non couronn rgnt, il aurait sansdoute sauv le monde en tablissant cette prdominance du bien quilsouhaitait et quil croyait possible : Notre matre, disait lun deux, ne peuttre gal, de mme quon ne peut monter au ciel par un esca lier. Si notrematre avait t la tte dune principaut, alors on aurait pu dire : ce quilrend ferme reste ferme ; la voie quil montre, on y marche ; il assure latranquillit et on vient lui ; il donne une impulsion et lharmonie se produit ;pendant sa vie il est glorieux ; aprs sa mort il est pleur ; un tel homme,comment pourrait-on lga ler ?

    Ainsi la biographie de Confucius nous le rvle comme un puissantouvrier daction morale ; tous ceux qui vcurent dans son intimit subirent sonascendant invincible ; lui-mme se croyait destin rgnrer le monde et necessa jamais daffirmer que sa doctrine tait capable damener sur la terre lergne de la justice et du bonheur. Quels taient ces principes quil professait ?

    Notre tche devient ici difficile, Confucius nayant jamais fait un expossystmatique de ses croyances. Le seul livre qui nous fasse connatrequelques-unes de ses opinions est le Liun iu, dans lequel sont rapportes ses

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    conversations avec ses disciples ou avec des princes. On pourrait comparer cetouvrage aux Entretiens mmorables de Socrate par Xnophon ; mais, tandisque Socrate a eu la bonne fortune dtre immortalis par un des crivains lesplus lgants de la Grce, la mmoire de Confucius na t conserve que

    dans un recueil anonyme auquel une cole tout entire a collabor. Dun bout lautre de ce livre on ne dcouvre pas trace de composition ; les propos dumatre se suivent sans quaucun lien logique les rattache les uns aux autres,sans quaucune raison srieuse puisse tre donne de la division en sectionstelle quelle est accepte aujourdhui. Si lon na pas de fil direc teur pour seguider, on se perd dans cette poussire de menues anecdotes et on risque demconnatre le vrai caractre de la pense de Confucius. Aussi les lecteurssuperficiels du Liun iu ont-ils accrdit lopinion que le grand sage chinois nefut quun brave homme plein de bon sens qui dbite des lieux communs et quiradote parfois un peu.

    Cependant on na pas le droit de traiter aussi lgrement un homme qui a

    exerc dans le temps et dans lespace une influence si prodigieuse quelle nepeut tre compare qu celle du Bouddha, du Christ ou de Mahomet.Confucius, il est vrai, na pas forg de toutes pices une philosophie spcu -lative. Il a fait mieux que cela : il a donn une rgle daction, une direction devie. Ceux qui remuent et transforment lhumanit, ce ne sont pas lesabstracteurs de quintessence ; ce sont ceux qui disent simplement la fouleincertaine : Suivez-moi, je vous montrerai le bon chemin. Leur parole a delautorit parce quils ont eu lintuition de quelques -unes de ces notions plusfcondes que celles auxquelles se hausse la dialectique des logiciens ; ilsportent en eux des ides mres dans le sein desquelles slaborent desmtaphysiques latentes, et ce sont elles qui donnent leur front lerayonnement surnaturel, lueur divine qui jette une clart sur lobscure destinehumaine.

    Si les grands fondateurs dans lordre religieux et moral ne sont pas desraisonneurs subtils, ils ne se glorifient pas non plus de la raret ou de lori -ginalit de leurs conceptions. Ce quils annoncent aux hommes leur est apparuavec lvidence des vrits ternelles, et leur voix veille de longs chos dansle cur innombrable de la multitude parce qu elle nest que la rvlation de ce

    qui existe confusment dans les profondeurs inconscientes de toute me. Jeninvente rien, disait Confucius, je ne fais que transmettre. Ce quiltransmettait ainsi la postrit, ctait la rponse quavaient balb utie avantlui pendant des sicles les plus sages parmi les Chinois, lorsquils se de -mandaient quel est le but de lactivit humaine et par quels moyens il convientde la guider.

    Cherchons donc maintenant dcouvrir dans les enseignements deConfucius lessence de la mo rale telle que la conue la race chinoise.

    Tout dabord, il y a une morale, cest --dire une discipline des murs quirefrne les dsirs gostes et les passions des sens : Lhomme qui agit tou - jours en vue de son intrt, disait Confucius, est fort hassable. Lhommesuprieur comprend la justice ; lhomme vulgaire comprend son intrt . La

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    richesse nest sans doute pas mprisable en elle -mme, et le sage consentirait prendre le plus humble mtier sil tait sr de pouvoir ainsi l atteindre ;mais, comme la possession des biens matriels est incertaine, il vaut mieux nepas la rechercher. La pauvret est prfrable lopulence mal acquise. Le

    matre disait : Avec du riz grossier manger, avec de leau boire, avecmon bras pli pour oreiller, je puis encore tre heureux dans de tellesconditions ; mais les richesses et les honneurs qui viennent de linjustice sontpour moi comme des nuages flottants ; les richesses et les honneurs sontce que les hommes dsirent mais, si on ne peut pas les obtenir par la voie cor-recte, il ne faut pas sy arrter ; la pauvret et une condition humble sont ceque les hommes redoutent : mais il ne faut pas les viter si on ne peut yparvenir par la voie correcte. Ce nest donc pas latt rait des choses sensiblesqui doit dterminer les hommes dans leur conduite ; cest le dsir de bienagir ; la noble maxime : Fais ce que dois, advienne que pourra se retrouvedans cette phrase : Mettre en premier lieu la considration de ce qui est faire et en dernier lieu la considration du succs, nest -ce pas l honorer lavertu ? Souvent le devoir se prsente nous sous une forme peu attrayante,mais le sage doit avoir lnergie de laccomplir quoi quil lui en cote : Voirce qui est juste et ne pas le faire, cest manquer de courage. Rien enfin nestplus loign des maximes utilitaires que cette pense : Le sage rsolu,lhomme de bien ne rechercheront point la vie au dtriment de lexcellence ;ils iront jusqu sacrifier leur v ie pour rendre parfaite leur excellence.

    Puisque le devoir existe, sur quoi se fonde-t-il ? Substituera-t-on laconsidration de nos intrts immdiats celle des rcompenses et des peinesdune vie future ? Admettra-t-on quil existe un tre suprme qu i doit tre lejusticier du monde ? Confucius ne recourt pas ces postulats pour tablir lamorale ; il ne se proccupe point de ce qui arrivera aprs la mort ; il refuse desexpliquer sur les dieux ; sa philosophie sadresse aux vivants et trouve dansla vie mme sa raison dtre. Le ma tre disait : Sappliquer la justice quiest due aux hommes, respecter les mnes, mais se tenir loin deux, cest cequon peut appeler la sagesse. Un de ses disciples lui ayant demand dequelle manire on devait servir les mnes, il rpondit : Quand vous ntespas encore capable de servir les hommes, comment pourriez-vous servir lesmnes ? Et, comme le mme disciple linterro geait sur la mort, il ajouta : Quand vous ne savez pas encore ce que cest que la vie, comment sau-

    riez-vous ce que cest que la mort ? Un des rdacteurs du Liun iu nous dit : Les sujets sur lesquels le matre ne parlait pas taient les prodiges, les actesde violence, les rbellions et les dieux.

    La morale confucenne na donc sa source ni dans lintrt qui rsulte desrapports de lhomme avec le monde extrieur, ni dans une religion quisupposerait des rapports entre lhomme et un mon de suprasensible. Elle nadautre base que la connaissance de la nature humaine. Cette natur e estfoncirement bonne ; de naissance, lhomme a dans son cur des instinctsexcellents ; cest plus tard seulement que se dveloppent en lui les sen timentsmauvais. Sil apprend connatre sa vraie nature, il distinguera sans peine lesgermes de perfection qui subsistent dans son me aussi longtemps quils nont

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    pas t touffs par les passions des sens ; quand il aperoit ainsi ce quiconstitue lessence de son tre, cest pour lui comme une illumination qui luirvle le sens de la vie ; elle le renouvelle et le rgnre, et de cette connais-sance rsulte ncessairement la vertu. Mais encore faut-il dfinir ce quon

    entend par le bien et par la vertu. Lhomme est un tre social et le bien en soinest autre que le bien social. Ce qui est mauvais et artificiel dans lhomme, cesont les dsirs gostes ; ce qui est bon et primitif en lui, ce sont les tendancesaltruistes. Lindividu est un membre de lhumanit ; il est solidaire de sessemblables, et il na pas le droit dagir comme sil tait seul au monde. Lefondement de la morale est donc la constatation faite par notre intelligenceque nous ne sommes que des parties dun grand tout, et que notre nature nepeut se dvelopper normalement que si nous contribuons pour notre part laprosprit de le nsemble. La morale et la politique ne sont pas dailleurs deuxchoses distinctes, car la vie prive et la vie publique sins pirent en dfinitivetoutes deux des devoirs sociaux. En morale comme en politique,lindividualisme est lerreur, le socialisme e st la vrit.

    Mais il y a socialisme et socialisme, et celui de Confucius na rien decommun avec les thories quon dsigne de nos jours par ce nom. Confu ciusnest pas un rvolutionnaire ; la socit quil veut amliorer, non bouleverser,est celle mme quil a sous les yeux et quil a contribu plus que tout autre faire durer jusqu nos jours. La so cit chinoise est constitue sous la formepatriarcale. La famille est comme un organisme indissoluble qui se perptuede gnration en gnration et dont tous les membres sont anims dun mmeesprit. Un organisme vivant est une hirarchie dans laquelle lordre estmaintenu par des centres nerveux subordonns les uns aux autres ; de mme lafamille repose sur lautorit paternelle et sur le droit dan esse, le precommandant ses enfants et les ans leurs cadets. Au-dessus de la famillestage toute une srie dassociations de plus en plus vastes, coules dans lemme moule, et aboutissant un dernier terme qui est ltat. Ltat est unefamille infiniment agrandie. Entre le prince et le pre il y a une diffrence dedegr, non de nature. Comme le pre lve ses enfants, ainsi le prince nourritet instruit son peuple ; et comme les enfants obissent leur pre sans discuterses ordres, ainsi le peuple se laisse guider par son souverain sans chercher comprendre ses intentions. Despotisme au sommet, servilit la base, tel estltat que suppose cette conception politique.

    En appliquant la forme patriarcale le principe que le fondement de lamorale est la connaissance de la nature humaine, nous allons voir se construiretoute la doctrine de Confucius.

    Si nous considrons la socit patriarcale depuis son aspect molculairequi est la famille jusqu son aspect total qui est ltat, elle se pr sente nouscomme un ensemble dlments de valeurs diffrentes qui sont sous ladpendance les uns des autres. Pour que la machine fonctionne bien, il fautque chaque lment, dune part, soit soumis ceux qui lui sont suprieurs, et,dautre part, dir ige ceux qui lui sont infrieurs. Si le prince agit en prince et lesujet en sujet, si le pre agit en pre et le fils en fils, le bon ordre ne peut

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    manquer de rgner. On pourrait assurer ce rsultat par un code pnal inflexibleet minutieux ; mais on no btiendrait ainsi que lapparence de lharmonie, etles hommes, maintenus par la crainte seule, ne seraient pas rellementvertueux. A la force qui simpose du dehors, Confucius subs titue une nergie

    interne qui doit maner de lme mme. Le souverain bien tant le bien social,ceux qui gouverneront les autres seront ceux qui connatront quel est ce bienet comment la nature humaine peut y atteindre ; ainsi le pre est le chef de lafamille parce quil sait quel est le bien de la famille et quels ordres il doitdonner ses enfants pour quils y concourent ; de mme le prince est le chefde ltat parce que ses dcrets ont pour effet de faire raliser par ses sujets lebien de ltat dont il est seul juge. Cette connaissance est une suprioritmorale devant laquelle les hommes sinclinent parce quils prouvent devantelle du respect ; la discipline est ainsi obtenue, non par la contrainte, mais parune adhsion volontaire. La soumission est motive par le respect ; lecommandement se lgitime par la connaissance. Telle est lorigine de touteautorit et de toute obissance.

    Examinons dabord la notion du respect et montrons les consquences quien drivent.

    Le respect devant varier suivant le degr de supriorit de la personne laquelle il sadresse, i l est ncessaire de rglementer les formes par lesquellesil sexprime. Quand un paysan est tir de son village pour tre incorpor danslarme, il apprend quil a des suprieurs et on lui enseigne lattitude quil doitobserver devant eux ; bien plus, la hirarchie des chefs se traduit par desinsignes dtermins qui fixent dune manire visible et nette le respect qui leurest d. Dans les cours, ltiquette est un ensemble dusages qui prvient touteinfraction au respect exig par le souverain. Enfin le protocole des affairestrangres est la science des formes que doit prendre le respect. Nous voyonsdonc que, partout , o les relations des hommes sont fondes sur ce sentiment,on a codifi la manire dont il devait se manifester.

    Dans la philosophie de Confucius, le respect tant la base de toutes lesrelations humaines, il a fallu rdiger un protocole universel qui prvt lamanire dont un homme devra se conduire dans les diverses circonstances dela vie. Telle est lorigine des rites chinois. Les rites sont des prescriptions quiont leur raison dtre dans les posi tions diverses que les hommes occupent lesuns par rapport aux autres et qui marquent le respect des uns, la prminencedes autres. Ils distinguent lhomme de la bte, car lanimal ne connat dautresupriorit que la force physique, et cest pourquoi le respect et les rites qui endrivent lui sont inconnus. Cest aussi par les rites, cest --dire par les formesdu respect, que la pit filiale diffre des soins que nous donnons auxanimaux.

    Aux rites, Confucius ajoute la musique. La hirarchie sociale a des degrsqui sont marqus par les rites, mais un lien rassemble toutes ces parties, etcest ce que symbolise la musique. Les rites divisent, la musique unit, et, par

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    leur double opration, se trouve ralise la simplicit dans la multiplicit.Quand un rgiment passe, musique en tte, officiers, sous-officiers et soldatsforment autant de catgories qui se spcifient par leur costume, leur rang etleur attitude, mais dans les sons de la fanfare, hymne de triomphe ou appel

    aux armes, respire lme commune qui plane sur eux tous. Cependant cettecomparaison nest pas suffi sante pour faire comprendre toute la pense deConfucius. La musique dont il parle consistait en danses mimes avecaccompagnement de chants et dinstruments de musique ; ces reprsentations,qui commmoraient des vnements anciens et qui sont peut-tre lorigine duthtre chinois, se donnaient dans des circonstances solennelles ; on peut lesrapprocher des ftes nationales o la Rvolution franaise trouvait un moyendducation civique. Les danses, les chants et lorchestre fai saient vibrer lunisson les curs des assistants et leur rvlaient par quelles fibresmystrieuses ils se rattachaient les uns aux autres et dpendaient du pass deleur race.

    Les rites et la musique sont dune insondable profondeur. Celui qui encomprendrait parfaitement la valeur symbolique serait celui qui auraitprsente son esprit la constitution sociale de lhumanit entire . Il existe unrite suprme qui est celui du sacrifice ti par lequel le souverain exprime sonrespect au Ciel : Celui qui saurait le sens de ce sacrifice, dit Confucius,apercevrait aussi clairement le monde que la paume de sa main . En effet, cerite est comme laxiome pri mordial duquel se tirent, par voie de consquencelogique, la srie infinie des rites secondaires ; en pntrant ce symbole onaurait la vision soudaine de toute la morale et de toute la politique. A desdegrs divers, les rites, quels quils soient, suppo sent, pour tre accomplisdune manire conscien te, une connaissance exacte des rapports plus ou moinscomplexes qui existent entre les hommes ; les rites de la pit filiale, parexemple, ne sexpliquent que par une analyse rigoure use des notions qui sontcontenues dans les concepts de pre et de fils . Mais il est manifesteque cette science ne peut tre lapanage que dun trs petit nombre depersonnes. Quel sera donc le sentiment qui fera se conformer aux rites la fouleincapable den comprendre le sens ?

    Cest ici quintervient de nouveau le respect. Le respect est lorigine de

    limitation. Lhomme tend imiter ce quil admire : Tel matre, disons-nous,tel valet. Confucius a bien vu limportance capitale de ce fait psychologique.A ses yeux le peuple na pas besoin de comprendre ; il na qu imiter. Cestaux classes dirigeantes, et plus particulirement au souverain, quil appartientde donner le bon exemple. Cet exemple sera ncessairement suivi. Si leprince, disait Confucius, conduit le peuple au moyen des lois et le retient danslunion au moyen des chtiments, le peuple sabstient de mal faire, mais il neconnat aucune honte. Si le prince dirige le peuple par sa vertu et fait rgnerlunion par les rites, le peuple a honte de mal faire et il atteint au bien. Celui qui gouverne son peuple en lui donnant de bons exemples est commeltoile polaire qui demeure immobile pendant que toutes les autres toiles semeuvent autour delle. La vertu du prince est comme le vent ; la vertu des

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    Une des consquences de lorganisation patriar cale de la socit est deconfrer au pass un prestige merveilleux ; le respect quon doit au presaugmente encore lorsquil se reporte sur les an ctres, et, plus on remonte le

    cours des ges, plus il semble quon se rapproche de la perfection. Cestpourquoi les souverains dont il importe surtout de connatre les hauts faits etles paroles, ce sont les trs anciens. Confucius croyait trouver dans les plusvieux monuments de la littrature les leons les plus hautes ; il fit lui-mmeune recension des deux principaux ouvrages que lan tiquit avait lgus sonpoque, le Chou king ou Livre par excellence et le Cheu king ou Livredes vers . Le Chou king est essentiellement une runion de discours ; cestune sorte de Conciones dans lequel se sont conservs les harangues et lesordres des princes dautrefois ; quant au Livre des vers, il se compose, enmajeure partie, de posies qui, daprs la tradition, taient re cueillies dans lesdivers royaumes pour quon pt ainsi tre inform de lopinion p ublique et

    pour que les chefs dtat apprissent corriger leurs fautes. Ces deux recueilsqui, au regard de la critique europenne, ne paraissent contenir que desdocuments historiques, sont devenus pour les Chinois des sujets perptuelsddification ; cest dans leurs pages quils dcouvrent les vrits fonda -mentales de la science sociale.

    Les hommes qui sont aptes gouverner, ce seront en dfinitive ceux quiauront compris la signification des enseignements politiques et morauxcontenus dans ces textes. Ainsi a pris naissance la classe des lettrs, quiprtend tre investie de toutes les fonctions publiques, car elle a prouv saconnaissance de la nature humaine par son habilet amplifier, dans desconcours littraires, telle ou telle maxime extraite des classiques.

    A prendre cependant le systme de Confucius dans sa rigueur, il ny aquune seule personne qui puisse possder la science intgrale : cest lesouverain. Son rang suprme lui permet, sil est parfaitement intelligent,dembrasser du n regard lensemble de la socit ; dautre part, il est aussi leseul homme dont la moralit importe vraiment, puisque, sil est bon, ildterminera, par la force de son exemple, la vertu de tous ceux qui sontau-dessous de lui. Voil pourquoi Confucius a cherch, sa vie durant, unprince qui voult suivre ses conseils ; sil lavait trouv, il aurait fait de lui lergnrateur dun royaume.

    Les philosophes confucens se sont longuement complu dcrire lutopiedu souverain parfait ; cest elle quexpose nt notamment deux petits traits, quimanent de lcole du matre, le Ta hio ou la grande tude , et le Tchoungyoung ou le centre et lharmonie . La grande tude enseigne au prince dvelopper en lui-mme les principes de vertu qui sont inns dans son me, rnover son peuple, et en outre rendre durable cette double excellence. Pouraccomplir cette tche, il doit commencer par connatre exactement la naturehumaine ; de cette connaissance driveront successivement, et par unenchanement ncessaire, la rformation de sa propre personne, puis celle desa famille, enfin celle de son royaume.

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    Ce nest pas seulement dans la socit des hommes que le souverainparfait assure le bon ordre, cest encore dans le ciel et sur la terre, commelindiq ue le Tchoung young en traant le portrait merveilleux du Saint. LeCiel, la Terre et lHom me forment une trinit mystique ; le Ciel couvre toute

    chose ; la Terre supporte toute chose ; lHomme est plac entre le Ciel et laTerre et les unit. Si lHomme a git mal, des cataclysmes se produiront dans leCiel, des flaux sur la Terre ; si lHomme au contraire est vertueux, il donnera laction bienfaisante du Ciel et de la Terre un complment ncessaire et,grce lui, lharmonie rgnera. Un bon prince est d onc comme la clef devote qui maintient la stabilit tout la fois de ldifice social et du mondephysique. Il est ample et tendu comme le ciel ; cest un abme, cest unesource, il est semblable une eau profonde ; quand il apparat, il nestpersonne dans le peuple qui ne le respecte ; quand il parle, il nest personnedans le peuple qui ne le croie ; quand il agit, il nest personne dans le peuplequi ne soit heureux. Cest pourquoi sa renomme inonde tout le royaume duMilieu et parvient jusquaux barbares du Sud et du Nord. Dans tous les lieuxo vont les bateaux et les chars, dans tous ceux o pntre la force delhomme, dans tous ceux que recouvre le ciel et que supporte la terre, danstous ceux quclairent le soleil et la lune et o tomb ent le givre et la rose,quiconque a le sang et la respiration lhonore et laime. Et cest pourquoi londit : Il est lgal du Ciel.

    A son fate, la morale confucenne aboutit ainsi la conception delabsolue sagesse dun roi que tous les hommes tendent spontanment imiterdans la mesure de leurs forces et de leur intelligence, et que lunivers matriellui-mme rvre. Nest -ce pas, sous une autre forme, lide du royaume deDieu sur la terre, et ne retrouvons-nous pas ici le rve dont se sont bercs tousceux qui ont eu foi dans la justice, tous ceux qui ont pens quun jourviendrait o le bien serait vainqueur, plus fort que les lois de la physique, plusfort que les passions humaines ?

    Dans cette brve esquisse de la pense de Confucius, nous avons peut-trealtr sa physionomie en la prsentant sous une forme trop systmatique ;rduite ainsi en raisonnements, elle semble une thorie abstraite et lon seraittent den dis cuter la valeur scientifique. Mais la doctrine de Confucius est enralit une action plutt quune spculation ; elle ne se dmontre pas, ellesaffir me ; elle nest que lnonc dogmatique des prin cipes directeurs qui ontprsid lorganisation de la socit chinoise. En Confucius le gnie de la

    race a pris conscience de lui-mme, et cest ainsi quil domine de sa hautestature toute lhistoire de lExtrme -Orient. Au bord lointain de lhorizon sedresse, dans lattitude que les rites prescrivent, le colosse qui de ses fortesmains a ptri la plus nombreuse des agglomrations humaines. Il a vu sefonder et scrouler des empires, et les dynasties les unes aprs les autres luirendirent hommage ; des peuples divers, Annamites, Japonais, Corens etMandchous, sont venus tour tour se soumettre sa rgle ; des religions aussise sont succdes, et le vieux penseur assistait au crpuscule de ces dieux quil

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    avait vus natre. Maintenant, cest en core lui que nous rencontrons devantnous, au moment o nous posons le pied sur le rivage de la Chine immense,et, comme le laboureur de Virgile, qui, devant les ossements gigantesquesexhums par sa charrue, smerveille de la taille de ces guerriers dun autre

    ge, nous sommes tonns de le trouver si grand.

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    Nom du document : chavannes_confucius.docDossier : C:\CSS\Envoi021204\chavannes_edouardModle : C:\WINDOWS\Application

    Data\Microsoft\Modles\Normal.dotTitre : ConfuciusSujet : srie ChineAuteur : Edouard ChavannesMots cls : Chine antique, Chine classique, ethnologie de la Chine,

    mythologie chinoise, civilisation chinoise, philosophie chinoise, religionchinoise, ancient China, anthropologie de la Chine, confucianisme, grandshommes

    Commentaires :http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sc

    iences_sociales/index.html

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