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165 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 1 re ES-L – Livre du professeur Problématiques Séquences Supports Pour aller plus loin Quelles sont les spécificités de l’Union européenne ? Fruit d’un projet politique, l’Union européenne (UE) est un acteur original et incontournable du monde. Son espace reste différencié car tous les États n’adhèrent pas à toutes les politiques mises en place. Le degré d’intégration des pays est donc variable. 1 Un projet politique, une union d’États à géométrie variable Cartes enjeux, L’Union européenne à géomé- trie variable, p. 444 Cours 1. L’Union européenne, un espace à géométrie variable, p. 448 Photographie d’ouverture 1 er  janvier 2015 : la Lituanie entre dans la zone euro, p. 442 Comment l’Union européenne tente-t-elle de réduire les dispa- rités au sein de son territoire ? Les élargissements suc- cessifs ont entraîné de forts contrastes entre les régions de l’Union européenne. Depuis sa création, la construction européenne a mis en avant le principe de solidarité des territoires. La réduction des inégalités est donc un objectif prioritaire de l’UE mais la compétitivité des territoires doit également être prise en compte. 2 Disparités, inégalités socio-spatiales : l’action com- munautaire sur les territoires Cartes enjeux,  Les contrastes de richesse des régions de l’UE, p. 446 – La hiérarchie des villes euro- péennes (2015), p. 447 Cours 2. L’Union européenne, des dis- parités socio-spatiales, p. 450 Étude de cas, Une région ultrapériphérique de l’UE : la Guadeloupe, p. 462 Dossier, La Guyane, territoire ultra- marin de la France et de l’UE, p. 472 Vers le Bac Sujet 17 : l’action de l’Union européenne sur les territoires, p. 456 Sujet 18 : les inégalités socio-spatiales au sein de l’Union européenne (composi- tion), p. 458 Sujet 19 : les inégalités socio-spatiales du territoire de l’Union européenne (croquis), p. 458 Quels enjeux ? Quelles perspec- tives pour l’Union européenne ? Les différences de degrés d’intégration traduisent aussi des conceptions distinctes de la construction européenne. De ce fait, la définition des politiques prioritaires pour l’ave- nir et des limites spatiales de l’Union européenne demeurent problématiques. 3 Enjeux et perspectives Cartes enjeux, L’Union européenne entre associations, partenariats et alliances, p. 445 Cours 3. Des défis majeurs pour l’Union européenne, p. 452 Dossier, L’UE face au défi migratoire en Méditerranée, p. 454 Débat, Quel avenir pour l’Union euro- péenne dans le monde du XXI e  siècle ?, p. 494 L’Union européenne, dynamiques des territoires Géographie p. 442-459 Chapitre 7 La question s’insère dans le thème L’Union européenne : dynamiques de développement des territoires. Elle implique de s’interroger sur les singularités et les limites de l’Union euro- péenne, un espace central du continent européen, et de mettre l’accent sur le rôle de cet acteur majeur sur le développement des territoires et sur l’organisation du continent. Mettre en œuvre la question

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165© Magnard, 2015 – Histoire Géographie 1re ES-L – Livre du professeur

Problématiques Séquences Supports Pour aller plus loin• Quelles sont les spécificités de

l’Union européenne ? ➝ Fruit d’un projet politique,

l’Union européenne (UE) est un acteur original et incontournable du monde.

➝ Son espace reste différencié car tous les États n’adhèrent pas à toutes les politiques mises en place. Le degré d’intégration des pays est donc variable.

1Un projet politique, une union d’États à géométrie variable

• Cartes enjeux, L’Union européenne à géomé-

trie variable, p. 444• Cours 1.  L’Union européenne, un

espace à géométrie variable, p. 448

• Photographie d’ouverture 1er  janvier 2015 : la Lituanie

entre dans la zone euro, p. 442

• Comment l’Union européenne tente-t-elle de réduire les dispa-rités au sein de son territoire ?

➝ Les élargissements suc-cessifs ont entraîné de forts contrastes entre les régions de l’Union européenne.

➝ Depuis sa création, la construction européenne a mis en avant le principe de solidarité des territoires.

➝ La réduction des inégalités est donc un objectif prioritaire de l’UE mais la compétitivité des territoires doit également être prise en compte.

2Disparités, inégalités

socio-spatiales : l’action com-munautaire sur les territoires

• Cartes enjeux, –  Les contrastes de richesse

des régions de l’UE, p. 446 – La hiérarchie des villes euro-

péennes (2015), p. 447• Cours 2. L’Union européenne, des dis-

parités socio-spatiales, p. 450

• Étude de cas, Une région ultrapériphérique

de l’UE : la Guadeloupe, p. 462• Dossier, La Guyane, territoire ultra-

marin de la France et de l’UE, p. 472

• Vers le Bac – Sujet 17 : l’action de l’Union

européenne sur les territoires, p. 456

– Sujet 18 : les inégalités socio-spatiales au sein de l’Union européenne (composi-tion), p. 458

– Sujet 19 : les inégalités socio-spatiales du territoire de l’Union européenne (croquis), p. 458

• Quels enjeux ? Quelles perspec-tives pour l’Union européenne ?

➝ Les différences de degrés d’intégration traduisent aussi des conceptions distinctes de la construction européenne.

➝ De ce fait, la définition des politiques prioritaires pour l’ave-nir et des limites spatiales de l’Union européenne demeurent problématiques.

3Enjeux et perspectives

• Cartes enjeux, L’Union européenne entre

associations, partenariats et alliances, p. 445

• Cours 3.  Des défis majeurs pour

l’Union européenne, p. 452

• Dossier, L’UE face au défi migratoire en

Méditerranée, p. 454• Débat, Quel avenir pour l’Union euro-

péenne dans le monde du xxie siècle ?, p. 494

L’Union européenne, dynamiques des territoires

➤ Géographie p. 442-459

Chapitre 7

La question s’insère dans le thème L’Union européenne : dynamiques de développement des territoires. Elle implique de s’interroger sur les singularités et les limites de l’Union euro-péenne, un espace central du continent européen, et de mettre l’accent sur le rôle de cet acteur majeur sur le développement des territoires et sur l’organisation du continent.

◗ Mettre en œuvre la question

166 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 1re ES-L – Livre du professeur

Cartes enjeux

Une géopolitique de l’Union européenne ➤ p. 444-445

Utiliser la carte interactive✔ Saisir l’adresse du lien indiqué sur la page pour accéder

librement à la carte

Grâce à la légende interactive, on peut sélectionner des figurés et organiser l’analyse de la carte par type ou com-binaison d’informations. Dans cet exemple, la carte associe trois cartes thématiques qu’il est possible d’afficher séparément ou de combiner avant d’aboutir à la carte de synthèse.•  En repartant du fond de carte, on peut afficher la plage colorée seule afin de montrer l’étendue de l’UE à 28 avec les

enclaves russe, suisse et balkanique qui n’ont pas le même sens (voir carte 2 p. 445). De la même façon, on peut n’afficher que les figurés de la zone euro ou la limite de l’espace Schengen ; trois espaces européens se recoupent avec une configuration différente.

•  Il peut être plus intéressant d’ajouter l’une des deux autres cartes à la carte de l’UE qui sert de carte de référence. En ajoutant le figuré de la zone euro, celle-ci apparaît bien comme un sous-espace, les « absents » n’étant pas que des pays membres récents en attente de répondre aux conditions d’intégration. Les limites de Schengen soulignent une sorte de bloc continental qui intègre certains pays non membres de l’UE comme la Norvège et la Suisse.

•  En revenant à la carte de synthèse, l’inégale intégration des pays est mise en évidence par les multiples combi-naisons.

www.lienmini.fr/magnard-hg1-109

Carte 1 – L’Union européenne à géométrie variableLa carte souligne l’étonnante diversité territoriale de l’Union européenne. L’UE, qui compte désormais 28 États membres, a connu huit phases d’extension depuis le traité fondateur signé à Rome en 1957 par six pays de l’Europe occidentale : 1973, 1981, 1986, 1990, 1995, 2004, 2007 et 2013 (voir carte 1 de l’atlas p. 521). L’UE a aussi connu une extension outre-mer : l’île de Mayotte, dans l’océan Indien, devenue officiellement département français en mars 2011, est devenue le 1er  janvier 2014 une nouvelle Région ultrapériphérique de l’Union européenne (qui en compte désormais 9).Ce vaste ensemble fonctionne à plusieurs vitesses. Tous les États n’adhèrent pas à la zone euro ou à l’espace Schengen. Initiée en 1999 par 11 pays, la zone euro compte 19 États ; la Lituanie est le dernier des trois pays baltes à adopter l’euro en janvier 2015, après l’Estonie en 2011 et la Letto-nie en 2014. Six des neufs pays membres qui ne font pas partie de la zone euro sont des anciens PECO auxquels il convient d’ajouter deux pays d’Europe du Nord et surtout le Royaume-Uni qui a conservé la livre sterling.Quant à l’espace Schengen qui compte 26 États membres, seuls 22 États de l’UE en font partie alors que des États non membres de l’UE en font partie. Ce sont les trois États de l’AELE qui ont adhéré à l’Espace économique européen en 1992 (le Liechtenstein, la Norvège et l’Islande) et la Suisse. Les accords de Schengen, signés en 1985 et entrés en application en 1995, prévoient la libre circulation des personnes entre les États signataires et la suppression des contrôles systématiques aux frontières terrestres, aériennes et maritimes.

Carte 2 – L’Union européenne entre associa-tions, partenariats et alliancesLa carte permet de saisir l’attractivité de l’espace régional que constitue l’Union européenne. Plusieurs États sont candidats à l’entrée dans l’Union européenne. Cinq sont des candidats reconnus : Turquie, ancienne République

yougoslave de Macédoine, Serbie, Monténégro, Alba-nie, dont trois (Turquie, Serbie, Monténégro) sont déjà en négociation avec l’Union européenne. Les autres États issus de l’ex-Yougoslavie (Bosnie-Herzégovine et Kosovo) n’ont pas encore déposé de candidature mais sont consi-dérés comme des États ayant vocation à adhérer à l’UE dès qu’ils répondront aux critères d’adhésion. Par contre, trois États ont déjà refusé l’adhésion : la Norvège (en 1972 et 1994), la Suisse en 1992 et l’Islande qui a interrompu en 2013 le processus d’adhésion démarré en 2009.Sur les marges de l’UE, un certain nombre d’États béné-ficient de la politique de voisinage dans le cadre de deux structures :-  l’Union pour la Méditerranée qui, depuis 2008, est la relance du processus de Barcelone initié en 1995 : sont concernés seize pays voisins situés au sud de l’UE, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. La Bosnie et le Mon-ténégro ainsi que la Mauritanie (non représentée sur la carte) en font également partie.-  le partenariat oriental avec six pays de l’ancien bloc communiste est un accord d’association signé en 2009 dont la signature du premier volet avec l’Ukraine a été un des objets du conflit avec la Russie.L’UE regroupe sous ce vocable toutes les actions entre-prises afin de créer et d’entretenir avec tous les États limitrophes ou proches les meilleures relations possibles : accords et traités, accès aux politiques communes notam-ment. Mais le fonctionnement reste limité vu les tensions géopolitiques.Par ailleurs, d’un point de vue militaire, 22 pays de l’UE sur 28 participent à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), organisation politique et militaire créée par les États-Unis au début de la guerre froide qui s’est élargie vers l’Est depuis 1989. Six membres de l’UE n’y sont pas pour cause de neutralité « historique » : Irlande, Suède, Finlande, Autriche, ainsi que Chypre et Malte. Inversement, des États non membres de l’UE en font par-tie : Islande, Norvège depuis 1949, Turquie (1952), Albanie (2009).

167© Magnard, 2015 – Histoire Géographie 1re ES-L – Livre du professeur

Cartes enjeux

Les territoires de l’Union européenne ➤ p. 446-447

Carte 1  –  Les contrastes de richesse des régions de l’UELa carte souligne par une palette de plages de couleur du jaune pâle au rouge, les importantes différences de niveaux de prospérité entre les États membres et au sein des États membres eux-mêmes. Pays le plus prospère de l’UE, le Luxembourg est plus de sept fois plus riche que la Roumanie et la Bulgarie, les derniers pays arrivés dans l’Union européenne, qui sont aussi les États membres les plus pauvres.L’examen du PIB par habitant par région (l’indicateur le plus courant pour mesurer le niveau de vie) montre un double gradient est-ouest et nord-sud :- les régions les plus prospères (PIB au-dessus de 125 % de la moyenne de l’UE à 27) correspondent aux espaces centraux de l’Union européenne, fortement urbanisés : la dorsale européenne, du bassin de Londres à l’Italie du Nord s’identifie nettement ;- les régions les plus pauvres (PIB en dessous de 75 % de la moyenne), à l’exception des régions ultrapériphériques se situent au sud de l’UE (Portugal, Italie du Sud, Grèce) et à l’est (États membres depuis 2004).À une échelle plus fine, infranationale, certaines inégali-tés sont mises en évidence :- le décalage fréquent entre la région capitale et les autres régions d’un pays : au-delà de l’exemple français avec l’Île-de-France, plusieurs capitales s’identifient aisément : Madrid, Lisbonne en Europe du Sud ainsi que toutes les capitales d’Europe centrale et orientale (Vienne, Bratis-lava, Prague, Varsovie, Budapest, Sofia, Bucarest) ;- des gradients régionaux nord-sud en Espagne et en Ita-lie, ouest-est en Allemagne.

Carte 2 – La hiérarchie des villes européennesLa carte apporte trois informations complémentaires concernant la hiérarchie des villes européennes : leur importance quantitative (figuré ponctuel proportionnel), qualitative (autre figuré ponctuel) et l’identification par une plage de couleur spécifique de l’espace central de la mégalopole européenne.Elle indique très clairement qu’un réseau de métropoles se partage la puissance économique de l’Union euro-péenne. Au sommet de la hiérarchie, les deux mégapoles mondiales (Londres et Paris), suivies par un ensemble de grandes villes importantes par leurs fonctions por-tuaires (Rotterdam, Amsterdam) ou de commandement (Bruxelles, Francfort, Milan) regroupées au sein de la dor-sale ou mégalopole européenne, qui court du bassin de Londres au Nord de l’Italie en passant par l’axe rhénan. Amsterdam est le meilleur exemple de décalage entre un poids quantitatif modeste (49e agglomération euro-péenne avec 1,1  million d’habitants) et des fonctions industrialo-portuaires et commerciales très importantes héritées de son siècle d’or.En dehors de l’espace central de la mégalopole, on retrouve aussi dans cette catégorie les capitales en essor (Madrid, Berlin) et des centres économiques solides (Barcelone). Si Bruxelles est souvent présentée comme la capitale de l’UE, on peut identifier plusieurs villes clés par l’implantation d’institutions importantes : Strasbourg (Parlement européen pour l’UE et, à l’échelle du conti-nent, Conseil de l’Europe), Luxembourg (secrétariat du Parlement, Cour de justice de l’Union européenne, Cour des comptes européenne) et Francfort (Banque centrale européenne).

168 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 1re ES-L – Livre du professeur

L’UE approfondit ses relations avec ses voisins méditer-ranéens (dans le cadre rebaptisé Union pour la Méditer-ranée depuis 2008) mais fait face à des flux migratoires intenses qui questionnent à la fois sa politique migratoire et sa cohésion.

◗ Corrigés1.  La photographie met en évidence le différentiel de richesse et de développement. Le golf, surtout dans une zone sèche et pauvre à l’extrémité septentrionale du continent africain, apparaît comme un paradis. Ceuta est une enclave espagnole en Afrique (depuis 1580). La fracture Nord-Sud qui scinde la Méditerranée est mise en évidence ainsi que les raisons économiques des migra-tions (chômage et pauvreté). Le texte indique une autre cause : l’instabilité politique, voire les guerres, depuis les printemps arabes de 2011, qui provoquent des flux de réfugiés demandeurs d’asile.L’attractivité de l’UE est telle que les migrants mettent leur vie en danger. L’enclave de Melilla est ceinturée par une clô-ture de 6 mètres de haut jalonnée de miradors. Des candi-dats à l’immigration sont juchés à califourchon, prêts à sau-ter pour arriver en Espagne, et surveillés par un membre de la Guardia Civil en haut de l’échelle. Il dissuade les migrants de passer et signale à ses collègues au sol ceux qui sautent.2. Les différentes routes sont de direction sud-nord : elles viennent de l’Afrique du Nord (Libye, Tunisie, Maroc), se dirigeant vers l’Europe du Sud : la traversée se fait à l’ouest vers l’Espagne, à Ceuta et Melilla, à Gibraltar, à Lampedusa ou en Sicile pour la partie centrale, vers l’Italie. Une nouvelle route, dont le point de départ est syrien, et qui se dirige vers la Grèce ou l’Italie en utilisant souvent des vieux cargos abandonnés en mer par les pas-seurs, prend de l’ampleur. La fréquentation de la route la plus occidentale, via les Canaries, diminue fortement en valeur relative et absolue.Les portes d’entrée dans l’UE se situent en Afrique du Nord (Ceuta et Melilla, les enclaves espagnoles au

Maroc), en Sicile et dans les Pouilles et en mer Egée. Seuls 7 États (sur 28) accueillent 42 % des migrants, cer-tains étant très petits (Chypre et Malte) ou lourdement endettés (Grèce).3. La convention de Schengen permet la libre circulation des personnes dans la majeure partie de l’UE, ce qui rend impossible le contrôle des frontières nationales et pose la question de la gestion commune des frontières extérieures. L’agence Frontex, basée à Varsovie, a pour mission depuis 2005 la surveillance de ces frontières et a vu son budget augmenter considérablement. Cela a permis la mise en place de Triton, une mission unique-ment de surveillance côtière et de sauvetage. Mais elle ne compense pas la disparition de Mare Nostrum qui avait été mise en place fin 2013 après un naufrage dramatique à proximité de Lampedusa : un plan de sauvetage des migrants en mer, y compris loin des côtes, qui était à la seule charge financière de l’Italie. Au printemps 2015, l’augmentation des flux et des drames humains au départ de la Lybie a entraîné un nouveau dispositif.4. Les défis sont de trois ordres et posent la question de la solidarité et de la gouvernance au sein de l’UE :– d’ordre humanitaire, avec un financement à l’échelle européenne d’un équivalent de Mare Nostrum et d’une répartition des migrants entre États : un projet de quotas par pays de la Commission européenne a suscité l’hosti-lité de plusieurs États en mai 2015 ;– d’ordre purement défensif, en renforçant Frontex ;–  de l’ordre de la coopération, en créant des filières légales de migrations et en anticipant dans le pays de départ les demandes d’asile. Ce qui permettrait de ne pas laisser la gestion de la question migratoire aux seuls pays d’arrivée qui, pour beaucoup de migrants, ne sont pas la destination souhaitée (Royaume-Uni, Allemagne, Suède).D’une manière plus large, au-delà de contenir les flux d’immigration légale, se pose la question d’une véritable politique migratoire de l’Union européenne qui pourrait répondre au vieillissement de la population européenne.

Dossier L’UE face au défi migratoire en Méditerranée ➤ p. 454-455

169© Magnard, 2015 – Histoire Géographie 1re ES-L – Livre du professeur

Étape 1 ✔ Analyser le sujet

• Le sujet porte sur l’ensemble des territoires qui composent l’UE, RUP comprises.

• Il s’agit ici de comprendre comment l’UE met en place des politiques qui ont un impact sur les territoires, en particulier sur les territoires les plus fragiles de l’espace communautaire.

Étape 2 ✔ Mener l’étude critique des documents

1. Lire les titres et observer les documents 

• Le document 1 est une carte thématique par plages colorées dont la légende permet d’établir une typo-logie des régions européennes en fonction de leur niveau de développement (de la plus développée à la moins développée).

• Le document 2 est l’extrait d’un article tiré du site institutionnel Toute l’Europe. Il permet de définir les grandes lignes de la politique régionale de l’UE qui est un domaine essentiel de son action.

2. Sélectionner les informations utiles pour répondre au sujet

• Travail sur la carte : l’UE classe les différentes régions en trois catégories en fonction de leur niveau de développement. On distingue les régions les moins développées (qui absorbent les deux tiers des aides, objectif de convergence), les régions intermédiaires (13 % des aides) et les régions développées (qui reçoivent 20 % des aides avec un objectif de compétitivité). Les régions les plus aidées correspondent aux PECO (« Pays d’Europe Centrale et orientale » : anciens pays communistes d’Europe de l’Est), certaines régions pauvres des façades méditerranéenne ou atlantique.

• Travail sur le texte : la stratégie de l’UE pour aider les territoires les plus fragiles est une distribution d’aides financières spécifiques selon des catégories prédéfinies : zones en reconversion industrielle (PECO), espaces connaissant aussi des retards importants liés à leur caractère rural isolé, insulaire, montagneux… Cette stratégie s’inscrit dans une perspective de développement durable car elle prend en compte à la fois des aspects sociaux (« exclusion ») et environnementaux (« lutter contre le changement climatique ») et économiques (« croissance et emploi »).

3. Porter un regard critique sur le document 2 

• Le texte n’évoque pas les très importantes difficultés financières récentes et encore actuelles d’États comme la Grèce suite à la crise de 2007-2008.

Étape 3 ✔ Pistes de réponse

• Voir manuel page 456.

SUJET L’action de l’Union européenne sur les territoires

Corrigé du sujet 17 p. 456ÉTUDE CRITIQUE DE DOCUMENTS

170 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 1re ES-L – Livre du professeur

Étape 1 ✔ Analyser le sujet et définir la problématique

• Les « inégalités socio-spatiales » renvoient aux différents contrastes socio-économiques qui peuvent tou-cher un territoire. Ces contrastes peuvent se révéler à différentes échelles (entre États de l’UE, au sein d’un même État, entre différentes régions…).

• Quelles sont les inégalités socio-spatiales au sein de l’espace de l’UE ? Quelles politiques l’UE tente-t-elle de mettre en œuvre pour réduire ces inégalités qui touchent son territoire à différentes échelles ?

Etape 2 ✔ Élaborer le plan

L’UE, d’importantes

disparités

L’UE, des espaces

nettement différenciés

Réduire les inégalités spatiales, objectif majeur de l’UE

-  Contrastes très forts entre une zone centrale très développée et des périphé-ries moins développées et moins riches.-  Difficultés spécifiques et plus mar-quées de certains : espaces ancienne-ment communistes d’Europe centrale et orientale, de certaines régions méditer-ranéennes et des RUP-  Fracture à l’intérieur de certains États (Italie du Nord  /  Italie du Sud par exemple, Espagne).Inégalités entre les capitales et le reste du territoire national dans de nombreux États de l’UE.

Un modèle centre-périphérie peut s’appliquer à la répartition de ces disparités :- Une Europe riche au centre : bassin de Londres, Île-de-France, Europe rhénane, Italie du Nord…-  Des périphéries dynamiques : grandes régions industrielles et urbaines (Lyon, Madrid, Berlin…).- Des régions en retard de développe-ment dans les États méditerranéens et plus récemment en Europe de l’Est dans les pays du dernier élargisse-ment…- Le cas spécifique des RUP

- Politique régionale de l’UE : objectif de convergence (régions les moins déve-loppées) et objectif de compétitivité-  Nombreux fonds européens et pro-grammes pour le développement : FSE, FEDER, Urban…

Étape 3 ✔ Pistes de réponse

Introduction

• Les 28 pays qui composent l’UE présentent d’importantes différences en termes de production de richesses et de développement. Ces inégalités socio-spatiales se manifestent à plusieurs échelles : entre pays, entre régions d’un même pays, entre villes et campagnes ou entre l’espace métropolitain et les territoires ultra-marins (RUP)…• Comment se manifestent les inégalités de développement entre les territoires de l’UE à différentes échelles ? Comment l’UE tente-t-elle de corriger ces inégalités ?• Une première partie permettra d’étudier les disparités qui affectent l’UE puis nous dresserons une typolo-gie des espaces européens en fonction de leur niveau de développement pour enfin se demander quelles actions l’UE déploie pour tenter de faire face à ces déséquilibres.

Développement

• L’ensemble du territoire de l’Union européenne présente d’importantes disparités.On peut tout d’abord relever de très nets écarts de développement qui distinguent les États anciennement intégrés et prospères des États entrés récemment dans l’espace communautaire et qui souffrent de retards conséquents. Ainsi le PIB par habitant est sept fois plus élevé au Luxembourg qu’en Bulgarie.À l’échelle de chaque État, des inégalités apparaissent aussi très clairement entre les régions : c’est le cas en Espagne où l’on peut opposer la Catalogne industrialisée et dynamique à l’Andalousie qui reste dépen-dante de l’agriculture et du tourisme. De même, les écarts de développement sont considérables entre les régions du Nord de l’Italie (Lombardie, Vénétie…) et le « Mezzogiorno ». Dans de nombreux États, la capitale émerge par rapport au reste du territoire : ceci est très net dans les États d’Europe centrale et orientale.

SUJET Les inégalités socio-spatiales au sein de l’Union européenne

Corrigé du sujet 18 p. 458COMPOSITION

171© Magnard, 2015 – Histoire Géographie 1re ES-L – Livre du professeur

Enfin, les inégalités se lisent aussi à l’échelle locale, par exemple entre les quartiers centraux des métro-poles (Londres, Milan, Madrid…) et leurs banlieues qui peuvent, dans certains cas, concentrer les difficultés sociales.

• Ces inégalités correspondent à une logique d’organisation spatiale qui entraîne une différenciation accrue des territoires opposant centre et périphéries.On peut tout d’abord distinguer un espace central qui correspond à la « mégalopole européenne ». On y trouve des métropoles particulièrement puissantes et deux villes mondiales : Paris et Londres. La mégalo-pole polarise les fonctions de commandement (sièges sociaux des FTN, bourse, activités de pointe…) et présente une très forte attractivité internationale (tourisme, IDE...).À l’inverse, les espaces les plus pauvres se situent dans les pays de l’Europe centrale et orientale (PECO), les zones rurales les plus éloignées de l’Europe du Sud et de l’Ouest mais aussi dans les régions ultra-périphériques (RUP) d’outre-mer (Guyane, Guadeloupe…).

• Face à cela, l’UE mène une politique de cohésion territoriale qui vise à réduire les écarts de développement entre régions par d’importants transferts financiers : 36 % du budget européen est consacré à cette politique régionale (1er poste de dépenses). Ses objectifs sont de réduire les disparités régionales, de restructurer les économies en difficulté, de créer des emplois…Les deux principaux fonds structurels qui mettent en œuvre cette politique d’harmonisation sont le FEDER et le FSE. Ils intègrent de plus en plus les exigences d’un développement durable de ces régions.

Conclusion

• Les disparités socio-spatiales qui affectent l’UE sont structurelles et multiples. L’insertion dans la mondia-lisation les accentue. Dans ce contexte, l’UE alloue plus d’un tiers de son budget à l’aide au développement à travers différentes actions mais l’exigence de compétitivité est également à prendre en considération.De plus, la crise financière que subissent actuellement certains États pourrait-elle remettre en cause cette politique de solidarité ?

172 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 1re ES-L – Livre du professeur

SUJET Les inégalités spatiales du territoire de l’Union européenne

Corrigé du sujet 19 p. 459CROQUIS

OcéanAtlantique

Merdu

Nord

MerMéditerranée

MALTE

ITALIE

FRANCE

ESPAGNE

IRLANDE

SUÈDE

FINLANDE

ESTONIE

LITUANIE

LETTONIE

POLOGNEALLEMAGNE

DANEMARKROYAUME-UNI

PAYS-BAS

BELGIQUE

SUISSEAUTRICHE

SLOVAQUIE

SLOVÉNIECROATIE

HONGRIE

ROUMANIE

BULGARIE

GRÈCE

RÉP. TCHÈQUE

PORTUGAL

CHYPRE

Dublin

Londres

Paris

Lyon

BarceloneMadrid

Lisbonne

Rhin/Ruhr

Milan

Rome

Sofia

Athènes

Bucarest

BudapestVienne

Prague

Berlin Varsovie

Stockholm

Helsinki

BruxellesLuxembourg

Strasbourg

Francfort

1.

2.

3.

Le « centre » de l’Union européenneLes périphériesintégrées au centreLes périphéries plus lointaines à dominante rurale

Aide aux régionsen retard de développement

Grand axe

Aménagement des réseauxde communication :

Métropolemondiale

Grande métropole

Ports de la« Northern Range »

Siège desinstitutionsde l’UE

Projet

500 km0

Les inégalités spatiales du territoire de l’Union européenneLes contrastesspaciaux

Les métropoles,moteur dudynamisme

Les actionsde l’Unioneuropéenne

Croquis –

173© Magnard, 2015 – Histoire Géographie 1re ES-L – Livre du professeur

Bibliographie

✔ V. Adoumié (dir.), Géographie de l’Europe, Hachette, 2013. ✔ P. Beckouche, Y. Richard, Atlas de la grande Europe, Autrement, 2013. ✔ R. Dehousse, L’Union européenne, La Documentation française, 2014. ✔ G.-F. Dumont, P. Verluise, Géopolitique de l’Europe, SEDES, A. Colin, 2011. ✔ B. Ellisalde (dir.), Géopolitique de l’Europe, Nathan, 2014. ✔ M. Foucher (dir.), L’Europe : entre géopolitiques et géographies, SEDES, 2009. ✔ Y. Jean, G. Baudelle, L’Europe, aménager les territoires, « collection U », A. Colin, 2009. ✔ J. Levy, Europe, une géographie, Hachette, 2011.

Sitographie

✔ Commission européenne, Eurostat, données thématiques et régionales, communiqués de pressehttp://ec.europa.eu/eurostat/home

✔ Europe en France : portail des fonds européens en France (nombreuses statistiques et cartes actualisées)www.europe-en-france.gouv.fr/

✔ Géoconfluences, dossier : « Territoires européens : régions, États, Union » notamment ➝ P. Orcier, « L’Europe entre associations, alliances et partenariats. L’état de l’Union européenne, de la zone euro, de l’espace Schengen et de l’Otan au 1er janvier 2015 »➝ S. Bourdin, « Les défis de la future politique régionale européenne 2014-2020 : on prend les mêmes et on recom-mence ? », 2014http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/territoires-europeens-regions-etats-union

✔ Partenariat en France 2014-2020, concertation sur les fonds européens, 2014-2020, onglet « Les thématiques », 20 entréeswww.partenariat20142020.fr/

✔ Y. Richard, « La crise européenne. Un regard de géographe », Échogéo, 2012http://echogeo.revues.org/13043

✔ Toute l’Europe, GIE d’information sur l’Union européennewww.touteleurope.eu/

174 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 1re ES-L – Livre du professeur

Les territoires ultramarins de l’UE et leur développement

➤ Géographie p. 460-479

Chapitre 8

La question s’insère dans le thème L’Union européenne : dynamiques de développement des territoires. Elle invite à analyser les relations entre l’UE et ses territoires ultramarins et leurs impacts sur les dynamiques de développement de ces territoires. Par les caractères physiques, économico-sociaux, les territoires ultramarins sont des « périphéries » au sein de l’UE. Certains sont intégrés à l’espace communautaire, d’autres sont associés. Malgré leurs difficultés, ils constituent des espaces attractifs au sein de leur environnement régional.

◗ Mettre en œuvre la question

Problématiques Séquences Supports Pour aller plus loin• Quelles sont les spécificités des

territoires d’outre-mer ? Comment l’Union européenne les prend-elle en compte ?

➝ Plusieurs États de l’Union euro-péenne possèdent des territoires outre-mer dont le statut est différent.

➝ Cependant, ils ont des caractères communs liés au fait d’être des péri-phéries très éloignées.

1Les caractéristiques

de la géographie ultramarine

• Atlas, Les territoires d’outre-mer

des États de l’UE, p. 530• Étude de cas, Une région ultrapériphé-

rique de l’UE : la Guadeloupe, p. 462

• Cours, 1. Les périphéries lointaines

de l’Union européenne, p. 466

• Photographie d’ouverture Paysage touristique du Sud de

la Martinique (la baie du Marin), p. 460

• Dossier, La Guyane, territoire ultramarin

de la France et de l’UE, p. 472

• Quelle est l’action communautaire à l’égard des RUP ? Quels impacts a-t-elle sur leur développement ?

➝ Les régions ultrapériphériques sont intégrées à l’UE, qui prend en compte leurs handicaps.

➝ De nombreux projets visent à favo-riser le développement et à mettre en avant les atouts de ces territoires.

2Les régions

ultrapériphériques entre intégration à l’UE et

coopération régionale

• Étude de cas Une région ultrapériphé-

rique de l’UE : la Guadeloupe, p. 464

• Atlas, Les territoires d’outre-mer

des États de l’UE, p. 530• Cours, 2. Un défi pour l’UE : intégrer

les régions ultrapériphé-riques, p. 468

• Dossiers –  La Guyane, territoire ultrama-

rin de la France et de l’UE, p. 472 –  La Réunion : protéger et valo-

riser les paysages, p. 358• Vers le Bac –  Sujet 20 : spécificités des ter-

ritoires ultramarins et action de l’UE, p. 476

• Quels sont les objectifs et les effets du partenariat entre l’UE et les PTOM ?

➝ Les pays et territoires d’outre-mer sont une mosaïque hétérogène de territoires qui ne sont qu’associés à l’UE.

➝ L’UE, néanmoins, se préoccupe de favoriser leurs échanges et leur développement.

3L’UE et les pays et

territoires d’outre-mer : une coopération

renforcée

• Cours 3. L’UE et les pays et terri-

toires d’outre-mer : une coo-pération renforcée, p. 470

• Dossier La Nouvelle-Calédonie, un par-

tenariat renforcé avec l’UE, p. 474

• Vers le Bac –  Sujet 21 : les territoires ultra-

marins de l’UE : des territoires en marge de l’Europe ?, p. 478

175© Magnard, 2015 – Histoire Géographie 1re ES-L – Livre du professeur

◗ Démarche et problématiques La Guadeloupe fournit un exemple significatif des défis à relever par les territoires ultramarins de l’UE. Cette île des Caraïbes connaît en effet des difficultés économiques liées à une faiblesse structurelle de son système produc-tif, mais aussi à sa situation géographique. Reconnue région ultrapériphérique de l’UE, elle bénéficie cepen-dant d’un ensemble d’aides économiques pour soutenir son développement et favoriser son insertion dans son espace régional.

◗ Corrigés

A – Des spécificités insulaires (p. 462-463)1. La Guadeloupe fait partie des Petites Antilles, elle se situe dans la mer des Caraïbes, c’est-à-dire à l’est de l’Amérique centrale dans l’océan Atlantique. Elle se trouve à 7 000 km de la métropole. C’est un archipel composé de deux îles principales, Grande-Terre et Basse-Terre, reliées par deux ponts qui permettent de franchir un étroit bras de mer (la Rivière Salée), et de trois autres îles appelées dépendances : les Saintes, la Désirade et Marie-Galante.2. L’archipel est confronté à plusieurs difficultés : - la discontinuité avec le reste du territoire métropolitain marquée par son éloignement, l’insularité qui renforce son isolement, la fragmentation territoriale liée à son caractère archipélagique ; - d’importants aléas naturels d’origine climatique (cyclones tropicaux) et géologique (séismes, volcanisme) ;- des difficultés économiques liées aux faiblesses structu-relles de son économie, dont le système productif repose surtout sur la production et l’exportation de produits agri-coles à faible valeur ajoutée (banane, sucre, rhum) et sur le tourisme, soumis aux aléas et à la concurrence des îles voisines ;- des difficultés sociales : la Guadeloupe est confrontée à un taux de chômage plus élevé qu’en métropole (25 % contre 10 % en métropole) ; à des prix plus élevés qu’en métropole en raison de l’importation de la plus grande partie des produits de consommation courante. Le coût élevé de la vie fait l’objet de fréquentes revendications.3. L’économie de la Guadeloupe est fragile car ses pro-duits sont peu compétitifs sur le marché extérieur en rai-son des coûts de production. Elle est fortement dépen-dante de quelques partenaires commerciaux (métropole,

départements français d’Amérique). Elle souffre aussi de l’étroitesse de son marché intérieur. 4 La Guadeloupe essaie de dépasser son insularité grâce à la modernisation de ses infrastructures de communica-tions, en particulier de son port à conteneurs, afin de pou-voir multiplier les échanges avec la métropole et avec ses voisins. Pour accueillir des porte-conteneurs dont la taille augmente sans cesse (+ 19 000 boîtes en 2015), les quais doivent être longs et profonds et le tirant d’eau élevé.

B – Quand l’Union européenne entre en scène (p. 464-465)1. À l’instar de la Martinique, la Guadeloupe a un statut juridique différent de ses voisins caribéens. Département et région d’outre-mer (DROM), elle est complètement intégrée au territoire français même si, dans le cadre de la politique de décentralisation, elle dispose d’une certaine souplesse pour adapter la loi aux spécificités locales. Il existe aussi une différence de niveau de vie entre elle et les îles voisines, dont la plupart sont moins développées.2. La Guadeloupe bénéficie des fonds structurels euro-péens (FEDER, FEADER, FSE, FEAM). Ces aides visent à favoriser le développement de l’île, en finançant des pro-jets pour diversifier et moderniser son économie, pour valoriser ces ressources naturelles, améliorer l’insertion professionnelle des jeunes… 3. La Guadeloupe est faiblement intégrée dans la Caraïbe pour des raisons économiques (écart de richesse, poli-tique française protectionniste…), culturelle (les îles voisines sont pour la plupart anglophones ou hispano-phones), mais aussi à cause de la faiblesse des infrastruc-tures de transport qui ne permettent pas d’importants échanges. 4. L’UE tente de faciliter l’intégration de la Guadeloupe dans l’espace caribéen en finançant des projets de coo-pération qui apportent des solutions aux problèmes com-muns à l’ensemble de la région comme, par exemple, la gestion des risques naturels dans une zone fortement exposée à de multiples aléas : cyclones, séismes, volca-nisme…

BilanL’exemple de la Guadeloupe permet de s’interroger sur les spécificités des territoires ultramarins et sur l’action de l’Union européenne pour promouvoir leur développe-ment et leur insertion régionale.

Étude de cas

Une région périphérique de l’UE : la Guadeloupe ➤ p. 462-465

Bibliographie et sitographie

✔ Région Guadeloupe : rubriques « RUP » et « Aides européennes »www.regionguadeloupe.fr/accueil/

✔ INSEE site regionalwww.insee.fr/fr/regions/guadeloupe

✔ L’Europe en Guadeloupewww.europe-guadeloupe.fr

✔ Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, Agrestehttp://agreste.agriculture.gouv.fr/en-region/guadeloupe/

176 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 1re ES-L – Livre du professeur

Le dossier présente un enjeu commun aux Régions ultrapériphériques : leur intégration dans l’UE et dans leur espace régional pour favoriser leur développement.

◗ Corrigés1. La Guyane se situe à 7 000 km de sa métropole et de l’UE. À l’échelle régionale, elle est en Amérique du Sud, au nord du géant émergent brésilien, à la porte du Mercosur.2. Les handicaps du territoire sont socio-économiques (faible PIB, pauvreté) et liés à l’enclavement : éloignement par rapport à la métropole, contrainte de la forêt tropi-cale humide, rupture réglementaire (droits de douane, normes, règles migratoires…) avec le voisin brésilien et l’environnement régional.3. La base de Kourou constitue un atout majeur car elle représente une production de richesse (15  % du PIB guyanais), une ressource fiscale (30 % de la taxe profes-sionnelle), des emplois (1 700 permanents + les emplois induits) et des investissements (infrastructures de trans-port, d’éducation et de formation). Symbolisé sur la photo à l’entrée du CSG (Centre spatial guyanais) par la maquette d’Ariane 5, Kourou regroupe sur 1 200 km² un ensemble d’installations destinées à l’assemblage et au lancement des fusées européennes (Ariane, Vega) et russes (Soyouz).

La latitude proche de l’équateur accroît l’efficacité des lan-cements, les faibles densités et la proximité de l’Atlantique réduisent les conséquences des accidents.4. La Guyane bénéficie des fonds structurels, instrument principal de l’UE pour le développement des RUP. La Commission finance également le programme Interreg Caraïbes (75 % des fonds) aux côtés des collectivités ter-ritoriales et des États. Les objectifs sont « le développe-ment des nouveaux moteurs de croissance à très forte valeur ajoutée » (R&D liée à Kourou), le renforcement du tissu économique local et l’insertion dans l’espace régio-nal. C’est dans cette perspective que s’inscrit le pont qui, en assurant le franchissement du fleuve, crée une conti-nuité routière et devrait entraîner des aménagements transfrontaliers entre les villes jumelles de St-Georges (France) et Oyapock (Brésil). Il traduit un volontarisme politique d’intégration régionale de la Guyane, visible à travers Interreg dont le logo associe l’UE et cinq RUP caribéens.5. La Guyane demeure très dépendante car ses ressources sont surtout issues des investissements de l’UE, par le biais de l’Agence Spatiale Européenne ou du FED, mais aussi de la métropole (rétribution des fonctionnaires, investis-sements directs, transferts aux collectivités territoriales).

La Nouvelle-Calédonie est un archipel comportant une grande île longue de 400 km. Ce territoire d’outre-mer possède un statut provisoire de « collectivité spécifique » en attendant qu’au plus tard en 2018, un référendum local prévu par les accords de Nouméa de 1988 décide de son indépendance ou de son maintien dans la République. Le nickel est sa principale richesse (entre 20 % et 40 % des réserves mondiales). Pays et territoire d’outre-mer au regard de l’UE, elle reçoit des aides surtout destinées aux secteurs social, économique et environnemental.

◗ Corrigés1. La Nouvelle-Calédonie est située dans le Pacifique Sud à 1 200 km au large de l’Australie, à 18 000 km de la Métro-pole. Elle bénéficie de la part de l’Union européenne du statut de Pays et territoire d’outre-mer (PTOM). Bien que moins avantageux que celui de Région ultrapériphérique, ce statut lui permet de bénéficier de l’aide de l’UE par l’intermédiaire du fonds européen de développement. En tant que membre associé du Forum des Îles du Pacifique, elle souhaite aussi jouer un rôle central dans le Pacifique pour aider au renforcement des liens entre l’UE et les autres territoires du Pacifique.2. L’activité principale est l’extraction et le traitement du nickel (4e producteur mondial). La Nouvelle-Calédonie recèle un tiers des réserves mondiales de nickel connues et assure près de 7 % de la production mondiale. L’ex-ploitation de ces énormes réserves est à l’origine de la

construction et de la mise en service récente de deux grandes usines métallurgiques : l’usine du Sud qui traite la ressource extraite du massif de Goro ; l’usine du Nord associée à l’exploitation du massif de Koniambo.Ce nickel constitue un enjeu économique et politique : d’une part c’est un potentiel majeur pour le développe-ment de la Nouvelle-Calédonie, d’autre part, les popula-tions kanakes du Nord de l’île attendent de son exploita-tion un rééquilibrage en faveur du Nord et en font la clé de leur autonomie.Les risques de pollution liés à l’exploitation du nickel sont importants : plusieurs accidents de pollution ont entraîné l’arrêt du complexe de Goro et la mise en place de mesures de réduction des risques, car l’usine est située à proximité d’une réserve spéciale marine, au centre du Grand Lagon sud, zone inscrite au Patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO.3. Elle bénéfice d’aides européennes via le Fonds euro-péen de développement (FED) et de prêts spécifiques de la Banque européenne pour soutenir son développement. Elle réaffirme régulièrement la communauté de valeurs qui l’unit à l’UE.4. Les objectifs des aides de l’UE en Nouvelle-Calédonie s’inscrivent dans le cadre des priorités données aux dif-férents fonds ; après l’accent porté sur le développement des infrastructures de transport (10e FED), le 11e FED insiste sur la gestion de l’environnement, la formation profession-nelle. Elles visent aussi à mettre en valeur les potentiels de l’île pour diversifier son économie (pêche et tourisme).

Dossier

Dossier

La Guyane, territoire ultramarin de la France et de l’UE ➤ p. 472-473

La Nouvelle-Calédonie, un partenariat renforcé avec l’UE ➤ p. 474-475

177© Magnard, 2015 – Histoire Géographie 1re ES-L – Livre du professeur

Étape 1 ✔ Analyser le sujet

• Les territoires ultramarins présentent des caractéristiques spécifiques car ils sont très éloignés de la métropole et connaissent des problèmes économiques et sociaux liés à des handicaps structurels. On les qualifie de « régions ultrapériphériques » (RUP).

Pour favoriser le développement de ces régions, l’Union européenne a mis en place des programmes spécifiques financés par différents fonds (FEDER, FSE…).

Étape 2 ✔ Mener l’étude critique des documents

1. Lire les titres et observer les documents 

Le document 1 est une affiche officielle, document promotionnel diffusé conjointement par l’UE et par la République française (logos en bas à gauche de l’image).

Le document 2 émane également de l’UE (site officiel), il propose une réflexion globale sur les liens qui unissent l’UE et les RUP (contraintes, atouts, avantages stratégiques).

2. Sélectionner les informations utiles pour répondre au sujet

• Travail sur l’image : le document insiste sur l’importance des financements européens dans le soutien aux activités agricoles et agroalimentaires en Guadeloupe : elle donne une information concrète, humaine, en indiquant non pas les sommes distribuées mais le nombre de bénéficiaires (4 480 agriculteurs de l’île).

• Travail sur le texte : ce document permet tout d’abord d’identifier différents handicaps structurels des RUP. Outre l’éloignement sont identifiées les conditions de relief et de climat ainsi que la situation de dépen-dance économique (exportation d’un nombre restreint de produits, importations massives nécessaires). En contrepoint, le texte cite plusieurs atouts de type géoéconomique (exportation de produits agricoles tropi-caux), mais aussi géostratégique : présence dans d’autres régions du monde comme les Caraïbes, l’océan Indien, et activités scientifiques et de haute technologie comme le lancement de fusées à partir de la base aérospatiale de Kourou. L’action de l’UE sur ces territoires se définit par des aides financières à travers les fonds structurels européens que sont le FEDER pour la réduction des disparités régionales et le FSE pour la politique sociale de l’Union européenne.

3. Porter un regard critique sur le document 1

• Le document montre une action positive de l’UE en faveur des agriculteurs guadeloupéens, mais ne mentionne pas les difficultés socio-économiques de ce secteur : manque de compétitivité, faiblesses des revenus, atteintes parfois à l’environnement (produits chimiques des bananeraies).

Étape 3 ✔ Pistes de réponse

• Voir manuel page 476.

SUJET Spécificités des territoires ultramarins et action de l’UE

Corrigé du sujet 20 p. 476-477ÉTUDE CRITIQUE DE DOCUMENTS

178 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 1re ES-L – Livre du professeur

Étape 1 ✔ Analyser le sujet et définir la problématique

1. Analyser le sujet

• Plusieurs États de l’Union européenne possèdent des territoires outre-mer, dits ultramarins, dont le statut est différent et parfois assez complexe. Ils sont éloignés de leur territoire national de référence et ont un degré d’autonomie variable par rapport à leur métropole.

• Ils sont « en marge de l’Europe » car, outre leur éloignement de leur métropole, leur importance écono-mique et leur niveau de développement sont beaucoup plus faibles.

• Le sujet doit donc évoquer l’éloignement, les disparités mais aussi les atouts de ces territoires.

• Les actions de l’UE doivent être mentionnées car le cadre européen et communautaire est bien présent dans l’intitulé du sujet.

2. Définir la problématique

• En quoi les territoires ultramarins de l’Union européenne ont-ils des caractères spécifiques qui en font des marges?

• Pourquoi l’Union européenne doit-elle agir vers ces territoires ? Quelles sont les actions communautaires à l’égard de ces territoires ?

• Ces territoires ne présentent-ils pas cependant des atouts pour l’UE ?

Étape 2 ✔ Élaborer le plan

Des périphéries en margeL’UE, des actions

en direction des territoires ultramarins

Les territoires ultramarins, un atout pour l’UE

–  Des territoires majoritairement insu-laires, morcelés et éloignés : handicaps structurels des «  RUP  » (isolement, caractère insulaire, faible superficie…), risques naturels (cyclones, séismes…).– Des territoires qui présentent d’impor-tants problèmes économiques et sociaux : taux de chômage élevé, revenu moyen par habitant inférieur à la moyenne euro-péenne, faiblesse et dépendances éco-nomiques…–  Des territoires aux statuts différents : les RUP sont des régions pleinement inté-grées à l’UE qui bénéficient de mesures spécifiques pour favoriser leur dévelop-pement, alors que les PTOM sont simple-ment associés à l’UE.

–  Des actions en direction des RUP : financement nombreux au travers des aides (fonds structu-rels : FSE, FEDER…) et initiatives européennes : Leader+, Interreg (projets de coopération avec les États voisins), Urban (développe-ment urbain durable).–  Des actions vers les PTOM du Fonds européen de développement (FED) : subventions en fonction des niveaux de développement (par exemple construction de routes à Wallis-et-Futuna).

– Des ressources importantes : ressources touristiques pour les îles tropicales (Réu-nion, Guadeloupe…) et productions agri-coles spécifiques (canne à sucre, rhum, bananes…). –  Une présence géostratégique de l’Eu-rope au cœur des grands océans : ces territoires fournissent de vastes ZEE (res-sources halieutiques, énergétiques…) et permettent une présence stratégique dans des zones éloignées de la métropole (Polynésie française au cœur de l’océan Pacifique, La Réunion et l’océan Indien…).–  Des laboratoires de l’UE : projets en faveur des énergies renouvelables (géo-thermie, solaire, éolien…) et programmes de protection de l’environnement.

Étape 3 ✔ Pistes de réponse

Introduction

• Les territoires ultramarins de l’Union européenne sont des espaces très éloignés de l’Europe, rattachés à cinq États de l’Union européenne. Par leurs caractéristiques physiques et socioéconomiques, ils appa-raissent comme des espaces périphériques de l’UE : sont-ils totalement en marge de l’Europe ?

SUJET Les territoires ultramarins de l’Union européenne : des territoires en marge de l’Europe ?

Corrigé du sujet 21 p. 478-479COMPOSITION

179© Magnard, 2015 – Histoire Géographie 1re ES-L – Livre du professeur

Après avoir examiné les caractéristiques de ces territoires, on envisagera l’action européenne vis-à-vis d’eux puis les atouts qu’ils peuvent représenter pour l’Europe et qui les rendent moins marginaux.

Développement : voir manuel page 478.

Conclusion

• Les spécificités des territoires ultramarins sont indéniables et représentent d’importants handicaps struc-turels naturels (éloignement, isolement, insularité, superficie, risques naturels…) et socioéconomiques (faiblesse et fragilité des différents secteurs économiques, pauvreté des populations…).

• De ce fait, ils bénéficient d’aides européennes pour leur développement, plus importantes pour les RUP que pour les PTOM. Leurs atouts et leur importance géostratégique sont cependant incontestables ; ils contribuent au rayonnement dans le monde de leurs États de rattachement et ne sont pas donc pas des marges à cet égard.

Bibliographie

✔ J.-C. Gay, L’outre-mer français, un espace singulier, coll. « SupGéo », Belin, 2008. ✔ Y. Colombel, D. Oster (dir.), La France, territoires et aménagement face à la mondialisation, Nathan, 2011.➝ consulter en particulier le chapitre 15 : « L’outre-mer français, entre désir d’autonomie et dépendance accrue ».

✔ P. Piercy, La France, le fait régional, Hachette Supérieur, 2014.➝ consulter en particulier le chapitre 12 : « Les terres d’outre-mer ».

✔ V. Adoumié (dir.), Les régions françaises, Hachette Supérieur, 2014.➝ voir la 7e partie : « L’outre-mer ».

✔ J.-C. Gay, « outre-mer, des statuts à la carte », L’Atlas de la France et des Français, Le Monde, 2014. ✔ J.-C. Gay, Les cocotiers de la France, Tourismes en outre-mer, Belin, 2009. ✔ F. Brial (et alii), Les outre-mer français, TDC n°1017, SCEREN-CNDP, 2011. ✔ R.-L. Budoc, Les outre-mer et l’international : quelle place dans le monde globalisé ?, Publisud, 2013. ✔ J.-C. Gay (dir.), Atlas de la Nouvelle Calédonie, IRD, Congrès de la Nouvelle-Calédonie, 2013.

Sitographie

✔ INSEE : rubrique « Régions » : Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, Réunion ; accès par région avec compa-raison entre les territoires ultramarins et avec la France métropolitaine :www.insee.fr/fr/regions/

✔ La France et ses territoires, 2015 :www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/FST15.pdf

✔ Ministère des Outre-mer : planisphère interactif, accès direct par territoirewww.outre-mer.gouv.fr/

✔ Association des PTOM de l’UE : entrée par territoires et par thèmeswww.octassociation.org/?lang=fr

✔ Partenariat 2014-2020 concertation sur les fonds européens : rubrique « Régions ultrapériphériques »www.partenariat20142020.fr/regions_ultraperipheriques.html

✔ Interreg Caraïbe 2014-2020 : onglet « Programme »www.interreg-caraibes.fr/joomla251/

✔ Association de Recherches et d’Études de la Caraïbe, Université de Caen : Atlas caraïbehttp://atlas-caraibe.certic.unicaen.fr/

✔ Région Guyane : onglets « Europe, coopération », « Développement économique », « Aménagement, désenclave-ment », « Développement durable »www.cr-guyane.fr/

✔ Académie de Nouvelle-Calédonie : conférence de J.-C. Gay, 2014http://histoire-geo.ac-noumea.nc/spip.php?article499

✔ M.-A. Lamy-Giner, « Mayotte, un DOM insulaire entre enclavement et ouverture », Géoconfluences, 2015http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/mobilites-flux-et-transports/corpus-documentaire/mayotte-un-dom-insulaire-a-desenclaver