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  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    37

    Chapitre 2

    Dtermination ultrasonore des constantes

    dlasticit

    2.1 Introduction ......................................................................................................................39

    2.2 Ondes ultrasonores dans un milieu anisotrope..............................................................41

    2.2.1 Equation de propagation..............................................................................................41

    2.2.2 Solution de lquation de propagation.........................................................................41

    2.2.3 Propagation suivant des directions particulires..........................................................43

    2.2.4 Rsolution numrique du problme direct...................................................................45

    2.3 Dtermination des constantes dlasticit : rsolution du problme inverse ..............47

    2.3.1 Dtermination par mesure de vitesses particulires.....................................................47

    2.3.2 Dtermination par optimisation ...................................................................................50

    2.3.3 Calcul des incertitudes par la mthode de Monte-Carlo..............................................53

    2.4 Dispositif exprimental.....................................................................................................57

    2.4.1 Principe de la mesure de vitesses ultrasonores en incidence oblique..........................57

    2.4.2 Banc ultrasonore en immersion ...................................................................................60

    2.5 Conclusion .........................................................................................................................61

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    38

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    39

    2.1 Introduction

    En science des matriaux, les constantes dlasticit des solides anisotropes sont des

    grandeurs physiques trs importantes. Dans le cadre de la mtallurgie physique, elles

    dcrivent le potentiel interatomique et lanharmonicit de ce dernier. Elles peuvent

    reprsenter une source dinformations considrables sur la plupart des processus

    mtallurgiques ayant lieu au sein dun matriau (transitions de phase, prcipitation). Pour le

    mcanicien, la connaissance des constantes dlasticit est indispensable pour le

    dimensionnement et le calcul des structures, ainsi que pour la validation des modles

    prdictifs. Enfin, la mesure de ces constantes peut constituer un moyen non destructif

    performant de caractrisation des matriaux, notamment de leur endommagement anisotrope.

    Les constantes dlasticit peuvent tre mesures par des mthodes mcaniques classiques

    bases, par exemple, sur des mesures dextensomtrie. Dans le cas des matriaux anisotropes

    labors sous forme de plaques minces, ce qui est gnralement le cas des matriaux

    composites [DUCR, 2000a], ces mthodes destructives donnent des rsultats imprcis et

    incomplets. Parmi les diffrentes mthodes de mesure des constantes dlasticit dveloppes

    ce jour [EVER, 1994], [ACHE, 2000], la mtrologie non destructive ultrasonore de ces

    proprits permet de saffranchir de ces inconvnients. Les ondes lastiques utilises en

    caractrisation des matriaux sont des ondes ultrasonores de faible amplitude et de frquence

    leve (f >200kHz). Les contraintes locales engendres lors du passage de londe ultrasonore

    sont bien infrieures la limite dlasticit du milieu de propagation. Ainsi, ltude de la

    propagation des ondes ultrasonores montre que la vitesse de propagation est directement lie

    aux proprits dlasticit du matriau tudi [AULD, 1973], [ROYE, 1996]. Lide de base,

    commune tous les dispositifs, consiste gnrer une onde ultrasonore de structure spatiale

    connue et mesurer sa vitesse de propagation pour dterminer les constantes dlasticit.

    Pour les matriaux faiblement dispersifs, la mesure des vitesses de propagation seffectue

    soit en contact direct [PAPA, 1991], soit en immersion [MARK, 1970], [HOST, 1983b],

    [ROUX, 1985], [HOST, 1987], [HOST, 1989], [ROKH, 1989], [ROKH, 1992], [CHU, 1992],

    [DUBU, 1996a]. Les mthodes ultrasonores contact direct ncessitent, pour la

    caractrisation des matriaux anisotropes, plusieurs prouvettes dcoupes dans diffrentes

    directions [PAPA, 1991]. Ceci est en contradiction avec laspect non destructif recherch et

    limite lutilisation de ces mthodes lorsque le but est de suivre les proprits dlasticit lors

    dun endommagement. Les mthodes en immersion, bases sur ltude de la transmission

    ultrasonore au travers dune lame faces parallles immerge dans de leau [MARK, 1970],

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    40

    prsentent lavantage majeur de permettre de nombreuses mesures de vitesses pour un nombre

    rduit de coupes orientes (une seule pour les matriaux orthotropes). En effet, linterface

    liquide-solide permet en incidence variable la gnration dau moins deux modes de

    propagation [AULD, 1973], [ROYE, 1996] et autorise un grand nombre de mesures de

    vitesses. Cette configuration convient particulirement aux matriaux anisotropes et permet

    par exemple la caractrisation sous charge [BAST, 1989b], [EL GU, 1989a], [AUDO, 1991b],

    [BAST, 1992], [EL GU, 1992c], [EL GU, 1992d], [EL BO, 1994], et le suivi en temprature

    [BAUD, 1997] des proprits dlasticit.

    Depuis les travaux de Markham [MARK, 1970], les mthodes en immersion connaissent

    un dveloppement soutenu tant au niveau mtrologique, en terme de mesure de vitesses, quau

    niveau de la rsolution du problme inverse. En immersion, le nombre de vitesses de phase

    des ondes ultrasonores mesures dans diffrents plans, est gnralement suprieur au nombre

    de constantes dlasticit dterminer. Ce problme surdtermin, est gnralement rsolu

    par optimisation. La premire procdure doptimisation, dveloppe par Hosten et Castagnde

    pour les matriaux isotropes transverses [HOST, 1983a], puis tendue successivement par

    Baste et Hosten [BAST, 1990] et Aristgui et Baste [ARIS, 1997a], [ARIS, 1997b], [ARIS,

    1997c] ltude des matriaux orthotropes et de symtrie moins leve, consiste dterminer

    les constantes dlasticit en minimisant la somme des carrs de lquation de Christoffel.

    Une autre approche, utilise notamment par Rokhlin et Wang [ROKH, 1989], [ROKH, 1992]

    et Dubuget [DUBU, 1996a], minimise la somme des carrs des carts entre les vitesses

    thoriques et exprimentales. Enfin, la mesure de la vitesse et de lattnuation de modes

    htrognes dans les milieux anisotropes viscolastiques, propose par Hosten et al. dans le

    cas des matriaux isotropes transverses [HOST, 1987], puis tendue lorthotropie par

    Hosten [HOST, 1991], [HOST, 1998] permet de dterminer les constantes dlasticit

    viscolastiques et de suivre leur volution avec la temprature [BAUD, 1997].

    Lobjectif de ce chapitre est de prsenter la mthode de mesure ultrasonore des constantes

    dlasticit des matriaux, dveloppe initialement au laboratoire par Mouchtachi [MOUC,

    1996] et Dubuget [DUBU, 1996a]. Le problme direct, abord dans un premier temps,

    consiste calculer les vitesses de propagation des ondes ultrasonores, les constantes

    dlasticit du milieu tant connues. Dans un deuxime temps, nous prsentons la mthode de

    rsolution du problme inverse qui consiste dterminer les constantes dlasticit partir de

    mesures de vitesses. Enfin, nous prsentons le dispositif de mesure des vitesses de

    propagation.

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    41

    2.2 Ondes ultrasonores dans un milieu anisotrope

    Ltude de la propagation des ondes ultrasonores dans les solides ncessite la connaissance

    de la structure de londe et des proprits du milieu de propagation [AULD, 1973], [ROYE,

    1996]. Dans la suite de cette tude, londe suppose plane, progressive et monochromatique,

    se propage dans un milieu lastique, anisotrope et homogne par rapport aux longueurs

    dondes considres.

    2.2.1 Equation de propagation

    Lors du passage de londe ultrasonore, le tenseur des dformations kl , correspondant la

    dformation lastique ultrasonore, scrit en fonction des petits dplacements Uu :

    kl

    k

    l

    l

    k

    u

    x

    u

    x= +

    12

    (2.1)

    Ce tenseur des dformations kl est li au tenseur des contraintes ij par la loi de

    comportement lastique (1.3.1) du milieu de propagation :

    ij ijkl klC= (2.2)

    Cijkl est le tenseur des constantes dlasticit adiabatiques dordre 2 (1.3.1.1).

    Compte tenu des relations 2.1 et 2.2 et des proprits de symtrie du tenseur Cijkl , la loi de

    Hooke peut aussi scrire :

    ij ijkl

    l

    k

    Cu

    x= (2.3)

    Laction de la pesanteur tant nglige, la relation fondamentale de la dynamique,

    applique un petit lment de volume de masse volumique , scrit :

    2

    2

    u

    t xi ij

    j

    = (2.4)

    La substitution de lexpression 2.3 dans la relation fondamentale de la dynamique 2.4

    permet dobtenir lquation de propagation pour les petits dplacements Uu [AULD, 1973] :

    2

    2

    2u

    tC

    u

    x xi

    ijkll

    j k

    = (2.5)

    2.2.2 Solution de lquation de propagation

    Une solution de lquation de propagation 2.5 est recherche sous la forme dune onde

    plane, progressive et monochromatique. Cette onde, de vecteur polarisation 0uU

    , se propage

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    42

    la vitesse de phase V dans la direction Un perpendiculaire au plan donde dquation

    teCxn =UU. [ROYE, 1996] :

    =

    V

    xntFuu ii

    UU.0 (2.6)

    La substitution de lexpression 2.6 dans lquation de propagation 2.5 conduit lquation

    de Christoffel :

    002lkjijkli unnCuV = (2.7)

    En introduisant le tenseur de Christoffel du second ordre :

    il ijkl j kC n n= (2.8)

    lquation 2.7 devient :

    020ilil uVu = (2.9)

    Les vitesses de phase V et les polarisations des ondes planes, qui se propagent dans la

    direction nU

    , sobtiennent alors en calculant respectivement les valeurs propres et les vecteurs

    propres du tenseur de Christoffel il . Les valeurs propres sont les racines de lquation

    suivante :

    il ilV = 2 0 (2.10)

    il est le symbole de Kronecker.

    Le tenseur du second ordre il tant symtrique, lquation de Christoffel admet trois

    valeurs propres relles positives qui correspondent aux trois vitesses de propagation V des

    trois modes susceptibles de se propager dans la direction Un. Les trois vecteurs propres

    orthogonaux associs sont, quant eux, les polarisations 0uU

    des modes correspondants. Ainsi,

    il existe dans le cas gnral trois ondes planes se propageant dans une mme direction avec

    des vitesses diffrentes et de polarisations orthogonales [ROYE, 1996]. Le vecteur

    polarisation nest gnralement pas colinaire ou orthogonal la direction de propagation Un

    et les trois modes gnrs ne sont pas purs . Londe dont le vecteur polarisation est le plus

    proche de la direction de propagation est appele quasi longitudinale. La vitesse de londe

    quasi longitudinale est gnralement suprieure celle des deux autres appeles quasi

    transversales (figure 2.1).

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    43

    Ondequasi longitudinale

    Ondesquasi transversales

    Un

    Plan donde

    x1

    x2

    x3

    Direction de propagation

    0)1(u

    U

    0)2(u

    U

    0)3(u

    U

    FIG. 2.1 Ondes planes susceptibles de se propager dans la direction Un

    Dans le cas gnral o lon sintresse la propagation dune onde ultrasonore dans une

    direction quelconque dun matriau, lquation 2.10 conduit un polynme caractristique du

    3e degr en V 2 .

    2.2.3 Propagation suivant des directions particulires

    Nous nous limitons prsent aux matriaux de symtrie orthotrope (1.3.2). Cette symtrie

    est en effet suffisamment gnrale pour dcrire lensemble des matriaux envisags par la

    suite. Dans lhypothse o les axes principaux sont connus, ltude de la propagation dans des

    directions lies aux lments de symtrie, conduit des expressions analytiques des vitesses

    notablement simplifies [ROYE, 1996].

    2.2.3.1 Propagation dans les directions principales

    La propagation des ondes ultrasonores dans les directions principales met en jeu les

    constantes dlasticit diagonales Cii . Le tenseur de Christoffel il prend une forme simple

    dans chacune des directions principales :

    [ ] [ ] [ ] il il il

    C

    C

    C

    C

    C

    C

    C

    C

    C100

    11

    66

    55

    010

    66

    22

    44

    001

    55

    44

    33

    0 0

    0 0

    0 0

    0 0

    0 0

    0 0

    0 0

    0 0

    0 0

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    44

    On en dduit alors facilement les expressions des vitesses de propagation Vij en fonction

    des constantes dlasticit Cii et de la masse volumique (figure 2.2).

    1

    2

    3

    5513

    6612

    1111

    CV

    CV

    CV

    =

    =

    =

    4423

    6621

    2222

    CV

    CV

    CV

    =

    =

    =

    4432

    5531

    3333

    CV

    CV

    CV

    =

    =

    =

    FIG. 2.2 Expressions des vitesses dans les directions principales dun matriau orthotrope

    Vij dsigne la vitesse de propagation dans la direction principale i de londe polarise selon

    j. Dans le cas de la propagation dans les directions principales, les ondes longitudinales et

    transversales sont pures (2.2.2).

    2.2.3.2 Propagation dans les plans principaux

    Le tenseur de Christoffel prend une forme relativement simple dans chacun des plans

    principaux [BAST, 1990]. Dans le plan principal (001) par exemple, le tenseur il scrit :

    ( )( )

    +++

    ++=

    2244

    2155

    2222

    2166216612

    2166122266

    2111

    )001(00

    0

    0

    nCnC

    nCnCnnCC

    nnCCnCnC

    il

    Dans ce cas, lquation caractristique se rduit un polynme du 3e degr en V 2 :

    ( ) ( ) ( ) 0][ 21222112221122233 =++ VVV (2.11)Lexpression 2.11 permet dobtenir aisment les vitesses de propagation des ondes

    ultrasonores dans le plan (001). La propagation dune onde dans la direction [110] du plan

    (001) donne par exemple, pour la vitesse quasi longitudinale, lexpression suivante :

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    45

    [ ]

    2666612

    2222211

    212

    211662211

    110

    482422

    1CCCCCCCCCCCVQL +++++++=

    (2.12)

    Dans ce cas, la propagation dans une direction non principale met en jeu la fois les

    constantes dlasticit diagonales 11C , 22C , 66C et la constante dlasticit non diagonale 12C .

    Les quations dans les deux autres plans principaux sont obtenues par permutation circulaire

    des indices.

    2.2.4 Rsolution numrique du problme direct

    Au lieu dutiliser une solution analytique pour obtenir les racines relles positives de

    lquation 2.10 [MOUC, 1996], nous employons une mthode numrique dite de Jacobi

    [PRES, 1992] qui permet dobtenir simultanment les vitesses de phase et les polarisations

    associes [DUBU, 1996a]. Dans une direction de propagation nU

    donne, les valeurs propres

    du tenseur de Christoffel (2.2.2) sont obtenues en diagonalisant il par approximations

    successives. Lalgorithme construit simultanment la matrice de changement de repre,

    constitue par les trois vecteurs propres associs [CIAR, 1988].

    A titre dexemple, nous avons calcul numriquement les surfaces des vitesses de lacide

    -iodique 3HIO (figure 2.3), matriau pizolectrique de symtrie orthotrope, dont nous

    avons relev la masse volumique ( 3/4640 mKg= ) et la matrice des constantes dlasticit

    du second ordre dans la littrature [ROYE, 1996] :

    =

    8,15

    06,20.

    009,16

    0009,42

    0000,80,58

    0001,111,161,30

    )(

    Sym

    GPaCij

    Les surfaces des vitesses (figure 2.3) sont les lieux gomtriques des extrmits des

    vecteurs vitesses de phase, reprsents dans un huitime despace. Ces surfaces peuvent tre

    compltes par symtrie dans le reste de lespace. La plus grande surface correspond aux

    vitesses quasi longitudinales et les deux autres aux vitesses quasi transversales. Lcart de ces

    surfaces la sphricit traduit lanisotropie de ce matriau vis vis de la propagation

    ultrasonore.

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    46

    FIG. 2.3 Acide -iodique Surfaces des vitesses (m/s)

    La figure 2.4 donne une reprsentation polaire de lvolution des vitesses quasi

    longitudinales et quasi transversales dans les trois plans principaux de lacide -iodique.

    1x

    2x

    plan (001)

    3x

    1x

    plan (010)

    3x

    2x

    plan (100)

    1000

    2000

    3000

    4000

    1000 2000 3000 4000

    1000

    2000

    3000

    4000

    1000

    2000

    3000

    4000

    1000 2000 3000 40001000 2000 3000 4000

    FIG. 2.4 Acide -iodique Vitesses dans les plans (001), (010) et (100)

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    47

    2.3 Dtermination des constantes dlasticit : rsolution du

    problme inverse

    Nous prsentons maintenant la rsolution du problme inverse, qui consiste dterminer

    les constantes dlasticit dun matriau donn partir de vitesses de propagation dondes

    ultrasonores mesures. Dans un premier temps, on peut simplifier le problme en effectuant

    ces mesures de vitesses selon des directions de propagation particulires, lies aux lments

    de symtrie du matriau. Cependant, cette mthode na pas t envisage car elle ncessite

    plusieurs coupes orientes de lchantillon. Lutilisation dune procdure doptimisation,

    prsente dans un deuxime temps, permet quant elle de caractriser lensemble des

    constantes dlasticit des matriaux orthotropes, sur une seule prouvette labore sous

    forme de plaque mince. Enfin, un calcul statistique des incertitudes par mthode Monte-Carlo

    permet de rendre compte des incertitudes exprimentales.

    2.3.1 Dtermination par mesure de vitesses particulires

    Une manire simple de dterminer les constantes dlasticit dun matriau, consiste

    considrer des directions particulires, pour lesquelles les expressions des vitesses ne font

    intervenir quun nombre limit de constantes dlasticit [PAPA, 1991]. Comme nous lavons

    montr lors de la rsolution du problme direct (2.2.3.1), six mesures de vitesses dans les

    trois directions principales suffisent pour dterminer les six constantes dlasticit diagonales

    Cii (figure 2.5).

    1

    2

    3

    23155

    23333

    VC

    VC

    =

    =

    22344

    22222

    VC

    VC

    =

    =

    21266

    21111

    VC

    VC

    =

    =

    3

    1

    2[110]

    [ ]( )12C,,,, 662211

    110

    CCCfVQL =

    FIG. 2.5 Dtermination des constantes dlasticit dun matriau orthotrope par mesure devitesses dans des directions particulires

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    48

    La dtermination des constantes non diagonales 12C , 13C et 23C peut se faire partir de la

    mesure de vitesse quasi longitudinale selon les trois directions respectives [110], [101] et

    [011] appartenant aux plans principaux [BASTE, 1990]. Dans le plan principal (001) par

    exemple, la constante 12C est obtenue partir de la mesure de vitesse quasi longitudinale dans

    la direction [110] (figure 2.5). Connaissant les constantes diagonales 11C , 22C et 66C

    dtermines prcdemment, la constante 12C est alors dduite de lquation 2.12. Il suffit

    donc thoriquement de neuf mesures de vitesses dans six directions particulires (tableau 2.1),

    pour valuer lensemble des neuf constantes indpendantes de la matrice dlasticit dun

    matriau orthotrope.

    TAB. 2.1 Dtermination des constantes dlasticit dun matriau orthotrope par mesure devitesses dans des directions particulires

    Echantillon Direction de propagation Polarisation Vitesse Constante d'lasticit

    [100] [100] V11 C11[010] V12 C66

    1 [010] [010] V22 C22[001] V23 C44

    [001] [001] V33 C33[100] V31 C55

    2 [110] [110] VQL C12 [110]

    3 [011] [011] VQL C23 [011]

    4 [101] [101] VQL C13 [101]

    2.3.1.1 Mthode de mesure au contact

    Ces mesures de vitesses particulires peuvent tre envisages par lutilisation dune

    mthode au contact [PAPA, 1991]. Cependant, les problmes lis aux conditions de couplage

    entre le palpeur ultrasonore et lchantillon tudi, rendent cette mthode peu prcise et

    difficilement reproductible [VINC, 1987]. De plus, la dtermination de lensemble des

    constantes dlasticit ncessite de tailler quatre prouvettes dorientation diffrente (tableau

    2.1), ce qui exclut tout suivi des proprits dlasticit sur le mme chantillon. Enfin, dans le

    cas dun chantillon de faible paisseur (figure 2.6), comme les matriaux composites

    labors sous forme de plaque mince qui nous intresserons par la suite, seules deux faces

    opposes de lprouvette sont accessibles la mesure.

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    49

    21266

    21355

    21111

    VC

    VC

    VC

    =

    =

    =1

    2

    3

    FIG. 2.6 Matriaux orthotropes de faible paisseur : dtermination partielle des constantesdlasticit par mesure au contact

    Cette gomtrie ne permet plus alors denvisager la taille dprouvettes selon des

    orientations particulires, ce qui rduit notablement le nombre de constantes identifiables par

    cette mthode. Ainsi, cette technique est habituellement rserve pour la caractrisation des

    matriaux anisotropes dpaisseur importante (e>>1cm) [PAPA, 1991].

    2.3.1.2 Mthode de mesure en immersion

    Lutilisation dune mthode de mesure des vitesses de propagation en immersion rsout le

    problme du couplage des mthodes au contact et permet dacqurir un grand nombre de

    vitesses en incidence variable au sein de matriaux de faible paisseur [MARK, 1970].

    Cependant, les conditions aux limites linterface liquide de couplage/matriau [ROYE,

    1996], ne permettent pas de dterminer les constantes dlasticit dune manire aussi directe

    que lon pouvait lenvisager par une mthode au contact. Tout dabord, les ondes quasi

    transversales polarises perpendiculairement au plan dincidence ne sont pas gnres dans

    les plans principaux. De plus, lors du balayage angulaire dun plan, le coefficient de

    transmission de chaque mode dpend de lincidence de londe. Certains modes sont alors

    gnrs sur des plages angulaires de faible ouverture et il arrive que deux modes se mlangent

    [AUDO, 1990], [CAST, 1989a]. Enfin, il est difficile de choisir une direction de propagation

    par avance, car cette dernire dpend justement de la vitesse que lon cherche mesurer.

    Aussi, nous avons vu quil suffirait thoriquement de neuf mesures de vitesses pour

    caractriser compltement un matriau orthotrope (tableau 2.1), mais ces diffrentes

    limitations rendent cette mthode difficilement exploitable.

    Pour rsoudre ce problme, nous avons adopt une mthode initialement dveloppe par

    Hosten et Castagnde [HOST, 1983a]. Cette mthode, qui tient compte de lensemble des

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    50

    vitesses exprimentales mesures en immersion, effectue une optimisation sur les constantes

    dlasticits plutt que de considrer des directions de propagation particulires.

    2.3.2 Dtermination par optimisation

    2.3.2.1 Principe de la procdure doptimisation

    Le principe de la dtermination ultrasonore des constantes dlasticit par optimisation

    [HOST, 1983a] consiste considrer un grand nombre N de vitesses exprimentales expmV

    dans les directions expmnU

    . Pour une direction expmnU

    , la vitesse expmV correspondante est solution

    de lquation de Christoffel 2.7 lorsque le tenseur dlasticit ijklC correspond effectivement

    celui du matriau considr. Ainsi, la fonctionnelle )( ijklCf , pour plusieurs directions de

    propagation expmnU

    pour lesquelles les vitesses expmV ont t mesures, scrit :

    =

    =N

    milmkjijklijkl VnnCCf

    1

    2expexpexp )()( (2.13)

    Lvaluation des constantes dlasticit peut alors se faire en recherchant les zros de la

    fonctionnelle )( ijklCf par approximation successive des ijklC en utilisant par exemple une

    mthode numrique de type Newton-Raphson [PRES, 1992].

    Dans cette premire approche, lquation de Christoffel sannule pour chacune des trois

    vitesses possibles (quasi longitudinale, quasi transversale lente et rapide) dans une direction

    donne. La polarisation de chaque mode est alors perdue car elle na pas lieu dtre spcifie

    dans la relation 2.13. Ainsi, la fonctionnelle )( ijklCf admet un grand nombre de minima

    locaux et la convergence est alors plus sensible aux valeurs dinitialisation 0ijklC fournies

    lalgorithme [BAST, 1989a].

    En ce qui nous concerne, nous avons choisi une autre approche [ROKH, 1992] qui consiste

    minimiser lcart quadratique entre les vitesses exprimentales expmV et thoriques thV

    laide dun algorithme de calcul numrique. Pour estimer laccord entre les vitesses thoriques

    thV donnes par la rsolution du problme direct (2.2.4) et les vitesses exprimentales

    mesures expmV , nous utilisons le test du 2 en supposant que les vitesses exprimentales

    suivent une loi normale, centre sur la vitesse thorique :

    ( )

    =

    =

    N

    m m

    mijklith VCnV

    12

    2exp2

    ),,(

    (2.14)

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    51

    ),,( ijklith CnV est la vitesse thorique calcule partir du tenseur des constantes dlasticit

    ijklC et de la masse volumique , dans la em direction de propagation mn

    U considre. m est

    lincertitude associe la em mesure de vitesse expmV [DUBU, 1996a]. La procdure

    doptimisation des constantes dlasticit consiste alors minimiser lcart entre les vitesses

    exprimentales expmV et thoriques thV pris au sens des moindres carrs (figure 2.7). Pour

    rsoudre ce problme nous utilisons lalgorithme de Levenberg-Marquart [PRES, 1992]

    parfaitement adapt au cas des fonctions non linaires et multidimensionnelles.

    Oui

    Non

    Vitesses exprimentales

    mmV ,exp Nouveau tenseur

    ijklC

    Initialisation0ijklC

    Constantes dlasticit optimisesijklC

    Calcul des vitesses thoriques),,( ijkli

    th CnV

    Test du2

    Ecart minimum?

    Calcul de lcart des vitesses

    FIG. 2.7 Principe de la procdure doptimisation

    Le tenseur dinitialisation 0ijklC est construit partir de donnes ralistes puis affin afin

    dobtenir des temps de calcul raisonnables. Par ailleurs, il a t montr que des valeurs mme

    assez lointaines convenaient [DUBU, 1996a]. La convergence de lalgorithme de

    minimisation dpend alors principalement du choix des vitesses exprimentales.

    2.3.2.2 Optimisation plan par plan et optimisation globale

    Un moyen de simplifier ltape doptimisation est de considrer la propagation dans les

    trois plans principaux pour lesquels les expressions des vitesses ne font intervenir quun

    nombre limit de constantes dlasticit (2.2.3.2). Cependant, dans le cas dun chantillon de

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    52

    faible paisseur, comme les matriaux composites labors sous forme de plaque mince, la

    propagation dans une direction appartenant au plan de la plaque nest pas possible en onde de

    volume. Aussi, il faut envisager des mesures de vitesses de propagation dans un plan

    supplmentaire non principal [BAST, 1990]. La figure 2.8 indique les plans de propagation

    considrs pour obtenir les neuf constantes dlasticit indpendantes dun matriau

    orthotrope, avec laxe 3 pris comme normale lpaisseur de lchantillon.

    1

    2

    3

    P13

    P45 P23

    45

    33C

    55133311 ,,, CCCC

    Plan (1,3)

    44233322 ,,, CCCC

    Plan (2,3)

    6612 CC ,,, 2211 CC

    Plan (1,2)

    FIG. 2.8 Evaluation des constantes dlasticit dun matriau orthotrope par optimisation.Dfinition des plans de propagation considrs et des constantes dlasticit associes

    Optimisation plan par p lan

    Dans un premier temps, il est possible deffectuer des optimisations successives plan par

    plan . Ceci permet dvaluer un nombre rduit de constantes dlasticit dans chacun des

    plans considrs. La mesure de la vitesse longitudinale dans la direction principale 3, permet

    tout dabord dobtenir directement la constante 33C . Deux optimisations utilisant les vitesses

    de propagation dans les plans principaux (1,3) et (2,3) permettent ensuite dobtenir

    respectivement 11C , 13C , 55C et 22C , 23C , 44C [HOST, 1987], [CHU, 1994a]. Enfin, le plan

    (1,2) ntant pas accessible la mesure, les constantes 12C et 66C sont obtenues partir des

    contantes dj identifies et dune dernire optimisation exploitant les vitesses de propagation

    dans un plan non principal situ 45 des plans (1,3) et (2,3) [BAST, 1990], [HOST, 1991],

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    53

    [ROKH, 1992], [CHU, 1994b]. Cette optimisation plan par plan permet donc dvaluer en

    plusieurs tapes lensemble des constantes dlasticit dun matriau orthotrope. Cependant,

    lincertitude associe aux constantes obtenues dans les premires tapes, se rpercute lorsque

    ces dernires interviennent dans loptimisation des constantes suivantes. Lvaluation des

    constantes 12C et 66C , notamment, tient compte de lensemble des incertitudes associes aux

    six autres constantes prcdemment optimises. Enfin, lvaluation indpendante de 33C ,

    attribue de ce fait un poids nul aux autres vitesses mesures, faisant intervenir 33C dans les

    plans (1,3) et (2,3) pour la dtermination de cette constante.

    Optimisation globale

    Nous utiliserons par la suite une mthode doptimisation globale qui tient compte de

    lensemble des vitesses exprimentales en une seule fois [CAST, 1990], [CAST, 1992]. De

    plus, dans lexpression du 2 (quation 2.14), chaque vitesse exprimentale expmV est

    pondre par le carr de lincertitude 2m qui lui est associ. Ainsi, les vitesses pour lesquelles

    lincertitude de mesure est plus importante, ont moins de poids que les autres dans le calcul du

    2 [DUBU, 1996a].

    Choix des vitesses expr i mentales

    Diffrents auteurs ont tudi le problme du choix des vitesses exprimentales (direction

    de propagation, mode, nombre de points de mesure, ouverture angulaire) soit de faon

    numrique [CAST, 1989b], [CAST, 1992], [ROKH, 1992] soit de manire analytique [CHU,

    1994a], [CHU, 1994b], [EVER, 1992]. Ces auteurs ont mis en vidence les vitesses de

    propagation (polarisation et direction de propagation) les plus sensibles la variation dune

    constante dlasticit donne. Il apparat que dans les deux types doptimisation ( plan par

    plan ou globale ) et quel que soit lalgorithme numrique utilis, le nombre de mesures

    de vitesse doit tre dautant plus important que la dispersion sur ces mesures est grande.

    Enfin, une large ouverture angulaire de la zone explore permet un meilleur ajustement entre

    les vitesses recalcules partir des constantes optimises et les mesures exprimentales.

    2.3.3 Calcul des incertitudes par la mthode de Monte-Carlo

    La dtermination ultrasonore des constantes dlasticit par optimisation, est base sur la

    mesure dun grand nombre N de vitesses de propagation expV qui, comme toutes mesures,

    comporte une part derreur. Notre premier objectif tant de disposer dune mthode fiable de

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    54

    mesure de ces constantes, il apparat primordial dvaluer aussi les incertitudes associes

    chacune des constantes dlasticit obtenues par optimisation. Cependant, le caractre itratif

    de loptimisation ne permet pas un calcul classique derreurs sur les constantes dlasticit

    partir des erreurs sur les vitesses exprimentales.

    Une premire approche consiste tudier la distribution statistique de vitesses

    exprimentales bruites autour des vitesses ( )0V , recalcules partir des constantes optimises

    ( )0ijklC [AUDO, 1991a]. Ces mthodes utilisent gnralement un bruitage arbitraire des vitesses

    mesures. Nous utiliserons par la suite une mthode Monte-Carlo qui permet de simuler un

    ensemble dexpriences, par bruitage raliste des vitesses expV . Ce bruitage raliste est obtenu

    partir des rsultats dune tude dtaille des diffrentes sources dincertitudes

    exprimentales, susceptibles de perturber les mesures de vitesses [DUBU, 1996a]. Une

    analyse statistique du rsultat de ces simulations permet alors dattribuer une incertitude( )0ijklC

    chacune des constantes dlasticit ( )0ijklC .

    Avant de prsenter le principe de la simulation Monte-Carlo, nous allons dfinir la notion

    dincertitude associe au processus de mesure des constantes dlasticit qui comporte une

    tape doptimisation (2.3.2).

    2.3.3.1 Incertitude associe au p rocessus de mesure par optimisation

    Pour un matriau rel donn, il existe un jeu de constantes dlasticit relles )(rijklC et un jeu

    de vitesses relles )(rV associ, auxquels nous navons pas accs (figure 2.9). Nous obtenons

    exprimentalement un jeu de vitesses mesures )0(V qui comporte une part derreur et qui

    nous permet par optimisation de dterminer un jeu de constantes dlasticit )0(ijklC . Le jeu de

    vitesses exprimentales )0(V comprenant une composante alatoire, il existe une infinit de

    jeux de vitesses ),...,( )()1( nVV qui auraient permis de dterminer par optimisation des jeux de

    constantes diffrents ),...,( )()1( nijklijkl CC obissant une certaine loi de distribution. Les

    incertitudes ( )0ijklC sur le jeu de constantes dlasticit )0(

    ijklC , dcoulent de la distribution des

    jeux de constantes mesurables )(nijklC autour du jeu de constantes dlasticit relles )(r

    ijklC . Notre

    but est donc de dterminer la distribution des carts )()( rijkln

    ijkl CC sans connatre le jeu de

    constantes relles )(rijklC et sans pouvoir effectuer un nombre infini de mesures de jeux de

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    55

    vitesses )(nijklC . Ces deux limitations ont motiv la mise en uvre dun calcul des incertitudes

    par mthode Monte-Carlo.

    Exprienceralise

    ...

    ...Jeu de vitessesmesures )0(V

    Optimisation

    ( )0ijklC

    1er jeu de vitesses)1(V

    Optimisation

    ( )1ijklC

    ne jeu de vitesses)(nV

    Optimisation

    ( )nijklC

    .

    Distribution statistique des ijklC

    Matriau rel

    inconnues

    ( ) )(rrijkl VC

    n expriencesralisables

    FIG. 2.9 Notion dincertitude associe la dtermination des constantes dlasticit par uneprocdure doptimisation

    2.3.3.2 Principe du calcul des incertitudes par mthode Monte-Carlo

    Lhypothse de base de la simulation de Monte-Carlo est que le jeu de constantes

    dtermin exprimentalement ( )0ijklC est proche du jeu rel )(r

    ijklC et donc que la distribution des

    carts )0()( ijkln

    ijkl CC est peu diffrente de celle des carts )()( r

    ijkln

    ijkl CC .

    )()0( rijklijkl CC (2.15)

    )0()()()(ijkl

    nijkl

    rijkl

    nijkl CCCC (2.16)

    A partir de cette hypothse, il est possible de calculer la distribution des carts )0()( ijkln

    ijkl CC

    en simulant un grand nombre de jeux de vitesses synthtiques ( )( )nsV les plus proches possibles

    de ceux qui auraient pu tre obtenus exprimentalement )(nV [PRES, 1992].

    La figure 2.10 prsente les diffrentes tapes de la mthode Monte-Carlo. La rsolution du

    problme direct permet tout dabord de recalculer le jeu de vitesses ( )0V associes aux

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    56

    constantes dlasticit optimises ( )0ijklC . A partir de ce jeu de vitesses ( )0V , plusieurs tirages

    Monte-Carlo permettent de gnrer un ensemble de jeux de vitesses simules ( )( )nsV . Les jeux

    de vitesses simules ( )( )nsV sont en fait obtenus par bruitage raliste, selon une distribution

    normale du jeu de vitesses ( )0V ; cest dire en utilisant le rsultat dune tude dtaille des

    diffrentes sources dincertitudes exprimentales (temprature du liquide de couplage, temps

    de vol, angle dincidence) susceptibles de perturber les mesures de vitesses [CHU, 1994c],

    [DUBU, 1996a].

    Simulation dexpriences(Monte-Carlo)

    Incertitudes ( )0ijklC

    Analyse statistique

    ...

    ... 1er jeu de vitesses

    simules ( )( )1sV

    Optimisation

    ( )( )sijklC

    1

    2e jeu de vitessessimules ( )

    ( )2sV

    Optimisation

    ( )( )sijklC

    2

    ne jeu de vitessessimules ( )

    ( )nsV

    Optimisation

    ( )( )s

    nijklC

    .

    Constantes dlasticitoptimises ( )0ijklC

    Jeu de vitessesassocies ( )0V

    FIG. 2.10 Calcul des incertitudes associes aux constantes dlasticit optimises. Principedu tirage Monte-Carlo

    Chaque jeu de vitesses ( )( )nsV permet par optimisation de calculer un jeu de constantes

    simules ( ))(s

    nijklC . Aprs un nombre de simulation statistiquement suffisant (1000 dans notre

    cas), ltape finale consiste calculer les carts-types des distributions normales pour chacune

    des constantes qui correspondent alors aux incertitudes( )0ijklC .

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    57

    2.4 Dispositif exprimental

    La dtermination ultrasonore des constantes dlasticit dun matriau donn, repose avant

    tout sur la qualit des mesures de vitesses de propagation. Nous prsentons prsent le

    principe de la mesure des vitesses de propagation des ondes ultrasonores en incidence oblique

    et lappareillage dont nous disposons pour raliser ces mesures.

    2.4.1 Principe de la mesure de vitesses ultrasonores en incidence oblique

    2.4.1.1 Mthode de mesure en s imple transmission

    La technique exprimentale, utilise pour la mesure des vitesses de propagation des ondes

    ultrasonores de volume en incidence oblique, est une technique impulsionnelle en immersion.

    La premire mise en uvre de cette mthode ralise par Markham [MARK, 1970] a t,

    depuis, largement utilise et amliore par diffrentes quipes [HOST, 1983b], [ROUX,

    1985], [HOST, 1987], [HOST, 1989], [ROKH, 1989], [ROKH, 1992], [CHU, 1992], [DUBU,

    1996a].

    Lprouvette, sous forme de lame faces parallles de surfaces rgulires et dpaisseur e,

    est place dans un liquide de couplage (dans notre cas de leau) entre un metteur E et un

    rcepteur R dont les faces sont planes et parallles. Cette configuration permet de faire varier

    langle dincidence i de londe plane gnre par lmetteur E , par rapport la normale la

    face de lchantillon. Dans le cas le plus gnral, trois ondes de volume peuvent tre gnres

    au sein du matriau par conversion de mode linterface eau/matriau : une onde quasi

    longitudinale et deux ondes quasi transversales [ROYE, 1996]. La figure 2.11 prsente les

    diffrents parcours ultrasonores considrs par la suite.

    Signal de rfrence Signaux de mesure

    E Rrt

    E

    R

    e

    mt

    ri

    B

    D

    C

    'R

    FIG. 2.11 Principe de la mesure de vitesses en incidence oblique

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    58

    La mesure de vitesses commence par lacquisition dun signal dit de rfrence qui

    correspond au trajet ( )ER dune impulsion ultrasonore entre lmetteur E et le rcepteur Rdans leau. Une fois lprouvette place entre lmetteur E et le rcepteur R , le signal dit de

    mesure, correspondant au trajet ( )'EBDR dune impulsion ultrasonore, est son tourenregistr. La vitesse de propagation, correspondant au trajet ( )BD dans lprouvette, estalors dduite de lcart rm tt =1 des temps de propagation des signaux de mesure et de

    rfrence :

    eaueaueaurm V

    BC

    V

    BD

    V

    ER

    V

    BD

    V

    DREBtt =

    ++== '1 (2.17)

    V et eauV sont respectivement la vitesse recherche au sein du matriau et la vitesse dans

    leau. A partir de considrations gomtriques simples lexpression de 1 devient :

    rV

    ire

    rV

    e

    eau cos

    )cos(

    cos1= (2.18)

    Langle de rfraction r est dduit de la loi de Snell-Descartes linterface

    eau/chantillon :

    = i

    V

    Vr

    eau

    sinarcsin (2.19)

    La substitution de lexpression 2.19 dans lquation 2.18 conduit aprs simplification la

    vitesse de propagation V de londe ultrasonore dans le matriau :

    iVeVe

    eVV

    eaueau

    eau

    cos2 122

    12 ++

    = (2.20)

    Ainsi, la mesure de vitesse de propagation V dune onde ultrasonore en incidence variable

    dans un matriau donn, fait intervenir la vitesse de propagation dans leau eauV , lpaisseur

    e de lprouvette, langle dincidence i du faisceau ultrasonore et la diffrence de temps de

    vol 1 obtenue, dans notre cas, par intercorrlation des signaux de mesure et de rfrence.

    A partir de diffrents temps de vol (figure 2.12) et de la vitesse des ultrasons dans leau

    eauV , il est possible de dterminer simultanment lpaisseur e et la vitesse longitudinale en

    incidence normale V [HSU, 1992] :

    +

    = )(2

    )(mr

    avareau tt

    ttVe (2.21)

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    59

    += )(

    )(21

    avar

    mreau tt

    ttVV (2.22)

    La vitesse de propagation des ultrasons dans leau est dduite dune mesure de

    temprature, laide dune relation empirique qui donne la vitesse eauV en fonction de la

    temprature [DEL G, 1972].

    rtE R E R

    e

    mtRE/ M

    e

    avt

    art

    FIG. 2.12 Mesure de lpaisseur e et de la vitesse longitudinale en incidence normale V

    Dans le cas dchantillons trs attnuants, le contenu spectral des signaux de mesure mt et

    du signal de rfrence dans leau rt devient trs diffrent. Il est alors prfrable de considrer

    le trajet en incidence normale mt comme signal de rfrence [CHU, 1992], [CHU, 1994c],

    [CHU, 1994d].

    2.4.1.2 Mthode de mesure en double transmission

    Lors dune mesure en double transmission le rcepteur ultrasonore R (figure 2.11) est

    remplac par un miroir M (figure 2.13) [HOST, 1989], [ROKH, 1992]. Aprs un premier

    trajet au sein du matriau, londe ultrasonore se rflchit sur le miroir M et effectue le trajet

    inverse pour revenir sur lmetteur qui joue alors galement le rle de rcepteur (RE / ).

    Lquation 2.20 reste donc valable lpaisseur e prs qui doit tre multiplie par deux.

    RE /

    M

    e

    FIG. 2.13 Principe de la mesure de vitesses en double transmission

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    60

    Lorsque lpaisseur de lchantillon est voisine de la longueur donde utilise, cet

    allongement du trajet de londe ultrasonore au sein du matriau est mis profit pour mieux

    sparer les signaux des diffrents modes [HOST, 1989]. Ce mme allongement de trajet

    devient un inconvnient lorsquil sagit de matriaux attnuants dpaisseur plus importante

    [EL GU, 1992a]. Il est alors prfrable dutiliser la mthode de mesure en simple transmission

    qui limite, de plus, le nombre dinterfaces franchir. Lorsque lpaisseur de lchantillon est

    infrieure la longueur donde utilise, la dtermination des proprits dlasticit fait

    intervenir des ondes guides [ROKH, 1993].

    Enfin, lutilisation de la mthode en double transmission permet, par rapport la mthode

    en simple transmission, le retour du faisceau ultrasonore sur la zone dmission du capteur

    metteur. Dans le cas de la mthode en simple transmission, il est possible de rattraper le

    dcalage induit par la rfraction au sein du matriau, en utilisant par exemple un capteur de

    grandes dimensions [CAWL, 1997] ou en translatant le rcepteur [HOST, 1987], [HOST,

    1991], [ROKH, 1992].

    2.4.2 Banc ultrasonore en immersion

    Pour effectuer des mesures ultrasonores en incidence oblique, lincidence i du faisceau

    ultrasonore est obtenue par la composition de deux rotations et daxes orthogonaux

    (figure 2.14). En incidence normale, le plan form par ces deux axes de rotation est parallle

    aux faces de lchantillon, qui se prsente sous la forme dune lame faces parallles. Cette

    prouvette, monte sur un mors fixe, est place entre un metteur et un rcepteur ultrasonores,

    supports par un trier porte-transducteurs. Cet trier est reli un plateau tournant, fix sur

    un ct de la cuve, qui permet une rotation daxe horizontal. La cuve contenant le liquide

    de couplage est solidaire dun deuxime plateau tournant qui permet une rotation daxe

    vertical. Finalement, langle dincidence i du faisceau ultrasonore par rapport la normale

    la face de lchantillon, prise pour origine des angles, est donn par :

    )cosarccos(cos =i (2.23)

    Lensemble du dispositif est pilot par un micro-ordinateur qui gre la rotation des

    plateaux tournants entrans par des moteurs pas pas, lacquisition de la temprature du

    liquide de couplage, lacquisition et le stockage des signaux chantillonns par un

    oscilloscope [DUBU, 1996a]. La stabilit de la temprature du liquide de couplage est assure

    par une rgulation de type proportionnel-intgral-driv (PID).

  • CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE

    61

    Gnrateurdimpulsions

    Oscilloscope

    Rgulation de temprature

    Eprouvette

    Etrier portetransducteur

    Pilotage desrotationsi = f(,)

    Pilotage StockageTraitement

    FIG. 2.14 Vue clate du montage exprimental

    Ce banc ultrasonore en immersion peut sadapter sur une machine de traction

    conventionnelle pour effectuer des mesures ultrasonores sous charge en incidence oblique

    [AUDO, 1991b], [DUBU, 1996a]. Une autre approche consiste immerger une machine de

    traction miniaturise dans un bac quip dun systme de mesures ultrasonores en incidence

    oblique [EL GU, 1989a]. Ces diffrentes versions permettent notamment de dterminer les

    constantes dlasticit du troisime ordre [EL GU, 1989a], [DUBU, 1996a], en considrant les

    interactions entre les ondes ultrasonores et la dformation lastique statique [EL GU, 1992b].

    Ces constantes traduisent le comportement lastique non linaire de certains matriaux

    [DUBU, 1996b]. La mesure ultrasonore de lendommagement sous charge, envisage dans un

    premier temps par une mesure au contact des vitesses ultrasonores selon certaines directions

    de propagation [GERA, 1982], [BERT, 1983], [BERT, 1988], peut stendre, grce ces

    dispositifs, la mesure de lendommagement anisotrope de matriaux sous charge [BAST,

    1989b], [AUDO, 1991b], [BAST, 1992], [EL GU, 1992c], [EL GU, 1992d], [EL BO, 1994].

    2.5 Conclusion

    Aprs avoir dcrit la rsolution du problme direct de la propagation des ondes

    ultrasonores de volume dans un milieu anisotrope, nous avons prsent la mthode de

    dtermination des constantes dlasticit par optimisation. Le calcul statistique des

    incertitudes par mthode Monte-Carlo a t dcrit. Enfin, nous avons dtaill le principe de la

    mesure de vitesses ultrasonores en immersion en incidence oblique, ainsi que le montage

    exprimental correspondant.

    Pont d'embarquementPage de titreAvant-proposSommaireIntroduction gnraleChapitre 1 - Matriaux composites : lasticit et endommagementChapitre 2 - Dtermination ultrasonore des constantes d'lasticitChapitre 3 - Modlisation du comportement lastique des matriaux compositesChapitre 4 - Etude du comportement lastique anisotrope de composites matrice mtalliqueChapitre 5 - Comportement lastique et vieillissement hygrothermique de composites verre-poxyConclusion gnraleRfrences bibliographiquesFolio administratif