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CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE
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Chapitre 2
Dtermination ultrasonore des constantes
dlasticit
2.1 Introduction ......................................................................................................................39
2.2 Ondes ultrasonores dans un milieu anisotrope..............................................................41
2.2.1 Equation de propagation..............................................................................................41
2.2.2 Solution de lquation de propagation.........................................................................41
2.2.3 Propagation suivant des directions particulires..........................................................43
2.2.4 Rsolution numrique du problme direct...................................................................45
2.3 Dtermination des constantes dlasticit : rsolution du problme inverse ..............47
2.3.1 Dtermination par mesure de vitesses particulires.....................................................47
2.3.2 Dtermination par optimisation ...................................................................................50
2.3.3 Calcul des incertitudes par la mthode de Monte-Carlo..............................................53
2.4 Dispositif exprimental.....................................................................................................57
2.4.1 Principe de la mesure de vitesses ultrasonores en incidence oblique..........................57
2.4.2 Banc ultrasonore en immersion ...................................................................................60
2.5 Conclusion .........................................................................................................................61
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2.1 Introduction
En science des matriaux, les constantes dlasticit des solides anisotropes sont des
grandeurs physiques trs importantes. Dans le cadre de la mtallurgie physique, elles
dcrivent le potentiel interatomique et lanharmonicit de ce dernier. Elles peuvent
reprsenter une source dinformations considrables sur la plupart des processus
mtallurgiques ayant lieu au sein dun matriau (transitions de phase, prcipitation). Pour le
mcanicien, la connaissance des constantes dlasticit est indispensable pour le
dimensionnement et le calcul des structures, ainsi que pour la validation des modles
prdictifs. Enfin, la mesure de ces constantes peut constituer un moyen non destructif
performant de caractrisation des matriaux, notamment de leur endommagement anisotrope.
Les constantes dlasticit peuvent tre mesures par des mthodes mcaniques classiques
bases, par exemple, sur des mesures dextensomtrie. Dans le cas des matriaux anisotropes
labors sous forme de plaques minces, ce qui est gnralement le cas des matriaux
composites [DUCR, 2000a], ces mthodes destructives donnent des rsultats imprcis et
incomplets. Parmi les diffrentes mthodes de mesure des constantes dlasticit dveloppes
ce jour [EVER, 1994], [ACHE, 2000], la mtrologie non destructive ultrasonore de ces
proprits permet de saffranchir de ces inconvnients. Les ondes lastiques utilises en
caractrisation des matriaux sont des ondes ultrasonores de faible amplitude et de frquence
leve (f >200kHz). Les contraintes locales engendres lors du passage de londe ultrasonore
sont bien infrieures la limite dlasticit du milieu de propagation. Ainsi, ltude de la
propagation des ondes ultrasonores montre que la vitesse de propagation est directement lie
aux proprits dlasticit du matriau tudi [AULD, 1973], [ROYE, 1996]. Lide de base,
commune tous les dispositifs, consiste gnrer une onde ultrasonore de structure spatiale
connue et mesurer sa vitesse de propagation pour dterminer les constantes dlasticit.
Pour les matriaux faiblement dispersifs, la mesure des vitesses de propagation seffectue
soit en contact direct [PAPA, 1991], soit en immersion [MARK, 1970], [HOST, 1983b],
[ROUX, 1985], [HOST, 1987], [HOST, 1989], [ROKH, 1989], [ROKH, 1992], [CHU, 1992],
[DUBU, 1996a]. Les mthodes ultrasonores contact direct ncessitent, pour la
caractrisation des matriaux anisotropes, plusieurs prouvettes dcoupes dans diffrentes
directions [PAPA, 1991]. Ceci est en contradiction avec laspect non destructif recherch et
limite lutilisation de ces mthodes lorsque le but est de suivre les proprits dlasticit lors
dun endommagement. Les mthodes en immersion, bases sur ltude de la transmission
ultrasonore au travers dune lame faces parallles immerge dans de leau [MARK, 1970],
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prsentent lavantage majeur de permettre de nombreuses mesures de vitesses pour un nombre
rduit de coupes orientes (une seule pour les matriaux orthotropes). En effet, linterface
liquide-solide permet en incidence variable la gnration dau moins deux modes de
propagation [AULD, 1973], [ROYE, 1996] et autorise un grand nombre de mesures de
vitesses. Cette configuration convient particulirement aux matriaux anisotropes et permet
par exemple la caractrisation sous charge [BAST, 1989b], [EL GU, 1989a], [AUDO, 1991b],
[BAST, 1992], [EL GU, 1992c], [EL GU, 1992d], [EL BO, 1994], et le suivi en temprature
[BAUD, 1997] des proprits dlasticit.
Depuis les travaux de Markham [MARK, 1970], les mthodes en immersion connaissent
un dveloppement soutenu tant au niveau mtrologique, en terme de mesure de vitesses, quau
niveau de la rsolution du problme inverse. En immersion, le nombre de vitesses de phase
des ondes ultrasonores mesures dans diffrents plans, est gnralement suprieur au nombre
de constantes dlasticit dterminer. Ce problme surdtermin, est gnralement rsolu
par optimisation. La premire procdure doptimisation, dveloppe par Hosten et Castagnde
pour les matriaux isotropes transverses [HOST, 1983a], puis tendue successivement par
Baste et Hosten [BAST, 1990] et Aristgui et Baste [ARIS, 1997a], [ARIS, 1997b], [ARIS,
1997c] ltude des matriaux orthotropes et de symtrie moins leve, consiste dterminer
les constantes dlasticit en minimisant la somme des carrs de lquation de Christoffel.
Une autre approche, utilise notamment par Rokhlin et Wang [ROKH, 1989], [ROKH, 1992]
et Dubuget [DUBU, 1996a], minimise la somme des carrs des carts entre les vitesses
thoriques et exprimentales. Enfin, la mesure de la vitesse et de lattnuation de modes
htrognes dans les milieux anisotropes viscolastiques, propose par Hosten et al. dans le
cas des matriaux isotropes transverses [HOST, 1987], puis tendue lorthotropie par
Hosten [HOST, 1991], [HOST, 1998] permet de dterminer les constantes dlasticit
viscolastiques et de suivre leur volution avec la temprature [BAUD, 1997].
Lobjectif de ce chapitre est de prsenter la mthode de mesure ultrasonore des constantes
dlasticit des matriaux, dveloppe initialement au laboratoire par Mouchtachi [MOUC,
1996] et Dubuget [DUBU, 1996a]. Le problme direct, abord dans un premier temps,
consiste calculer les vitesses de propagation des ondes ultrasonores, les constantes
dlasticit du milieu tant connues. Dans un deuxime temps, nous prsentons la mthode de
rsolution du problme inverse qui consiste dterminer les constantes dlasticit partir de
mesures de vitesses. Enfin, nous prsentons le dispositif de mesure des vitesses de
propagation.
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2.2 Ondes ultrasonores dans un milieu anisotrope
Ltude de la propagation des ondes ultrasonores dans les solides ncessite la connaissance
de la structure de londe et des proprits du milieu de propagation [AULD, 1973], [ROYE,
1996]. Dans la suite de cette tude, londe suppose plane, progressive et monochromatique,
se propage dans un milieu lastique, anisotrope et homogne par rapport aux longueurs
dondes considres.
2.2.1 Equation de propagation
Lors du passage de londe ultrasonore, le tenseur des dformations kl , correspondant la
dformation lastique ultrasonore, scrit en fonction des petits dplacements Uu :
kl
k
l
l
k
u
x
u
x= +
12
(2.1)
Ce tenseur des dformations kl est li au tenseur des contraintes ij par la loi de
comportement lastique (1.3.1) du milieu de propagation :
ij ijkl klC= (2.2)
Cijkl est le tenseur des constantes dlasticit adiabatiques dordre 2 (1.3.1.1).
Compte tenu des relations 2.1 et 2.2 et des proprits de symtrie du tenseur Cijkl , la loi de
Hooke peut aussi scrire :
ij ijkl
l
k
Cu
x= (2.3)
Laction de la pesanteur tant nglige, la relation fondamentale de la dynamique,
applique un petit lment de volume de masse volumique , scrit :
2
2
u
t xi ij
j
= (2.4)
La substitution de lexpression 2.3 dans la relation fondamentale de la dynamique 2.4
permet dobtenir lquation de propagation pour les petits dplacements Uu [AULD, 1973] :
2
2
2u
tC
u
x xi
ijkll
j k
= (2.5)
2.2.2 Solution de lquation de propagation
Une solution de lquation de propagation 2.5 est recherche sous la forme dune onde
plane, progressive et monochromatique. Cette onde, de vecteur polarisation 0uU
, se propage
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la vitesse de phase V dans la direction Un perpendiculaire au plan donde dquation
teCxn =UU. [ROYE, 1996] :
=
V
xntFuu ii
UU.0 (2.6)
La substitution de lexpression 2.6 dans lquation de propagation 2.5 conduit lquation
de Christoffel :
002lkjijkli unnCuV = (2.7)
En introduisant le tenseur de Christoffel du second ordre :
il ijkl j kC n n= (2.8)
lquation 2.7 devient :
020ilil uVu = (2.9)
Les vitesses de phase V et les polarisations des ondes planes, qui se propagent dans la
direction nU
, sobtiennent alors en calculant respectivement les valeurs propres et les vecteurs
propres du tenseur de Christoffel il . Les valeurs propres sont les racines de lquation
suivante :
il ilV = 2 0 (2.10)
il est le symbole de Kronecker.
Le tenseur du second ordre il tant symtrique, lquation de Christoffel admet trois
valeurs propres relles positives qui correspondent aux trois vitesses de propagation V des
trois modes susceptibles de se propager dans la direction Un. Les trois vecteurs propres
orthogonaux associs sont, quant eux, les polarisations 0uU
des modes correspondants. Ainsi,
il existe dans le cas gnral trois ondes planes se propageant dans une mme direction avec
des vitesses diffrentes et de polarisations orthogonales [ROYE, 1996]. Le vecteur
polarisation nest gnralement pas colinaire ou orthogonal la direction de propagation Un
et les trois modes gnrs ne sont pas purs . Londe dont le vecteur polarisation est le plus
proche de la direction de propagation est appele quasi longitudinale. La vitesse de londe
quasi longitudinale est gnralement suprieure celle des deux autres appeles quasi
transversales (figure 2.1).
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Ondequasi longitudinale
Ondesquasi transversales
Un
Plan donde
x1
x2
x3
Direction de propagation
0)1(u
U
0)2(u
U
0)3(u
U
FIG. 2.1 Ondes planes susceptibles de se propager dans la direction Un
Dans le cas gnral o lon sintresse la propagation dune onde ultrasonore dans une
direction quelconque dun matriau, lquation 2.10 conduit un polynme caractristique du
3e degr en V 2 .
2.2.3 Propagation suivant des directions particulires
Nous nous limitons prsent aux matriaux de symtrie orthotrope (1.3.2). Cette symtrie
est en effet suffisamment gnrale pour dcrire lensemble des matriaux envisags par la
suite. Dans lhypothse o les axes principaux sont connus, ltude de la propagation dans des
directions lies aux lments de symtrie, conduit des expressions analytiques des vitesses
notablement simplifies [ROYE, 1996].
2.2.3.1 Propagation dans les directions principales
La propagation des ondes ultrasonores dans les directions principales met en jeu les
constantes dlasticit diagonales Cii . Le tenseur de Christoffel il prend une forme simple
dans chacune des directions principales :
[ ] [ ] [ ] il il il
C
C
C
C
C
C
C
C
C100
11
66
55
010
66
22
44
001
55
44
33
0 0
0 0
0 0
0 0
0 0
0 0
0 0
0 0
0 0
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On en dduit alors facilement les expressions des vitesses de propagation Vij en fonction
des constantes dlasticit Cii et de la masse volumique (figure 2.2).
1
2
3
5513
6612
1111
CV
CV
CV
=
=
=
4423
6621
2222
CV
CV
CV
=
=
=
4432
5531
3333
CV
CV
CV
=
=
=
FIG. 2.2 Expressions des vitesses dans les directions principales dun matriau orthotrope
Vij dsigne la vitesse de propagation dans la direction principale i de londe polarise selon
j. Dans le cas de la propagation dans les directions principales, les ondes longitudinales et
transversales sont pures (2.2.2).
2.2.3.2 Propagation dans les plans principaux
Le tenseur de Christoffel prend une forme relativement simple dans chacun des plans
principaux [BAST, 1990]. Dans le plan principal (001) par exemple, le tenseur il scrit :
( )( )
+++
++=
2244
2155
2222
2166216612
2166122266
2111
)001(00
0
0
nCnC
nCnCnnCC
nnCCnCnC
il
Dans ce cas, lquation caractristique se rduit un polynme du 3e degr en V 2 :
( ) ( ) ( ) 0][ 21222112221122233 =++ VVV (2.11)Lexpression 2.11 permet dobtenir aisment les vitesses de propagation des ondes
ultrasonores dans le plan (001). La propagation dune onde dans la direction [110] du plan
(001) donne par exemple, pour la vitesse quasi longitudinale, lexpression suivante :
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[ ]
2666612
2222211
212
211662211
110
482422
1CCCCCCCCCCCVQL +++++++=
(2.12)
Dans ce cas, la propagation dans une direction non principale met en jeu la fois les
constantes dlasticit diagonales 11C , 22C , 66C et la constante dlasticit non diagonale 12C .
Les quations dans les deux autres plans principaux sont obtenues par permutation circulaire
des indices.
2.2.4 Rsolution numrique du problme direct
Au lieu dutiliser une solution analytique pour obtenir les racines relles positives de
lquation 2.10 [MOUC, 1996], nous employons une mthode numrique dite de Jacobi
[PRES, 1992] qui permet dobtenir simultanment les vitesses de phase et les polarisations
associes [DUBU, 1996a]. Dans une direction de propagation nU
donne, les valeurs propres
du tenseur de Christoffel (2.2.2) sont obtenues en diagonalisant il par approximations
successives. Lalgorithme construit simultanment la matrice de changement de repre,
constitue par les trois vecteurs propres associs [CIAR, 1988].
A titre dexemple, nous avons calcul numriquement les surfaces des vitesses de lacide
-iodique 3HIO (figure 2.3), matriau pizolectrique de symtrie orthotrope, dont nous
avons relev la masse volumique ( 3/4640 mKg= ) et la matrice des constantes dlasticit
du second ordre dans la littrature [ROYE, 1996] :
=
8,15
06,20.
009,16
0009,42
0000,80,58
0001,111,161,30
)(
Sym
GPaCij
Les surfaces des vitesses (figure 2.3) sont les lieux gomtriques des extrmits des
vecteurs vitesses de phase, reprsents dans un huitime despace. Ces surfaces peuvent tre
compltes par symtrie dans le reste de lespace. La plus grande surface correspond aux
vitesses quasi longitudinales et les deux autres aux vitesses quasi transversales. Lcart de ces
surfaces la sphricit traduit lanisotropie de ce matriau vis vis de la propagation
ultrasonore.
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FIG. 2.3 Acide -iodique Surfaces des vitesses (m/s)
La figure 2.4 donne une reprsentation polaire de lvolution des vitesses quasi
longitudinales et quasi transversales dans les trois plans principaux de lacide -iodique.
1x
2x
plan (001)
3x
1x
plan (010)
3x
2x
plan (100)
1000
2000
3000
4000
1000 2000 3000 4000
1000
2000
3000
4000
1000
2000
3000
4000
1000 2000 3000 40001000 2000 3000 4000
FIG. 2.4 Acide -iodique Vitesses dans les plans (001), (010) et (100)
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2.3 Dtermination des constantes dlasticit : rsolution du
problme inverse
Nous prsentons maintenant la rsolution du problme inverse, qui consiste dterminer
les constantes dlasticit dun matriau donn partir de vitesses de propagation dondes
ultrasonores mesures. Dans un premier temps, on peut simplifier le problme en effectuant
ces mesures de vitesses selon des directions de propagation particulires, lies aux lments
de symtrie du matriau. Cependant, cette mthode na pas t envisage car elle ncessite
plusieurs coupes orientes de lchantillon. Lutilisation dune procdure doptimisation,
prsente dans un deuxime temps, permet quant elle de caractriser lensemble des
constantes dlasticit des matriaux orthotropes, sur une seule prouvette labore sous
forme de plaque mince. Enfin, un calcul statistique des incertitudes par mthode Monte-Carlo
permet de rendre compte des incertitudes exprimentales.
2.3.1 Dtermination par mesure de vitesses particulires
Une manire simple de dterminer les constantes dlasticit dun matriau, consiste
considrer des directions particulires, pour lesquelles les expressions des vitesses ne font
intervenir quun nombre limit de constantes dlasticit [PAPA, 1991]. Comme nous lavons
montr lors de la rsolution du problme direct (2.2.3.1), six mesures de vitesses dans les
trois directions principales suffisent pour dterminer les six constantes dlasticit diagonales
Cii (figure 2.5).
1
2
3
23155
23333
VC
VC
=
=
22344
22222
VC
VC
=
=
21266
21111
VC
VC
=
=
3
1
2[110]
[ ]( )12C,,,, 662211
110
CCCfVQL =
FIG. 2.5 Dtermination des constantes dlasticit dun matriau orthotrope par mesure devitesses dans des directions particulires
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La dtermination des constantes non diagonales 12C , 13C et 23C peut se faire partir de la
mesure de vitesse quasi longitudinale selon les trois directions respectives [110], [101] et
[011] appartenant aux plans principaux [BASTE, 1990]. Dans le plan principal (001) par
exemple, la constante 12C est obtenue partir de la mesure de vitesse quasi longitudinale dans
la direction [110] (figure 2.5). Connaissant les constantes diagonales 11C , 22C et 66C
dtermines prcdemment, la constante 12C est alors dduite de lquation 2.12. Il suffit
donc thoriquement de neuf mesures de vitesses dans six directions particulires (tableau 2.1),
pour valuer lensemble des neuf constantes indpendantes de la matrice dlasticit dun
matriau orthotrope.
TAB. 2.1 Dtermination des constantes dlasticit dun matriau orthotrope par mesure devitesses dans des directions particulires
Echantillon Direction de propagation Polarisation Vitesse Constante d'lasticit
[100] [100] V11 C11[010] V12 C66
1 [010] [010] V22 C22[001] V23 C44
[001] [001] V33 C33[100] V31 C55
2 [110] [110] VQL C12 [110]
3 [011] [011] VQL C23 [011]
4 [101] [101] VQL C13 [101]
2.3.1.1 Mthode de mesure au contact
Ces mesures de vitesses particulires peuvent tre envisages par lutilisation dune
mthode au contact [PAPA, 1991]. Cependant, les problmes lis aux conditions de couplage
entre le palpeur ultrasonore et lchantillon tudi, rendent cette mthode peu prcise et
difficilement reproductible [VINC, 1987]. De plus, la dtermination de lensemble des
constantes dlasticit ncessite de tailler quatre prouvettes dorientation diffrente (tableau
2.1), ce qui exclut tout suivi des proprits dlasticit sur le mme chantillon. Enfin, dans le
cas dun chantillon de faible paisseur (figure 2.6), comme les matriaux composites
labors sous forme de plaque mince qui nous intresserons par la suite, seules deux faces
opposes de lprouvette sont accessibles la mesure.
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21266
21355
21111
VC
VC
VC
=
=
=1
2
3
FIG. 2.6 Matriaux orthotropes de faible paisseur : dtermination partielle des constantesdlasticit par mesure au contact
Cette gomtrie ne permet plus alors denvisager la taille dprouvettes selon des
orientations particulires, ce qui rduit notablement le nombre de constantes identifiables par
cette mthode. Ainsi, cette technique est habituellement rserve pour la caractrisation des
matriaux anisotropes dpaisseur importante (e>>1cm) [PAPA, 1991].
2.3.1.2 Mthode de mesure en immersion
Lutilisation dune mthode de mesure des vitesses de propagation en immersion rsout le
problme du couplage des mthodes au contact et permet dacqurir un grand nombre de
vitesses en incidence variable au sein de matriaux de faible paisseur [MARK, 1970].
Cependant, les conditions aux limites linterface liquide de couplage/matriau [ROYE,
1996], ne permettent pas de dterminer les constantes dlasticit dune manire aussi directe
que lon pouvait lenvisager par une mthode au contact. Tout dabord, les ondes quasi
transversales polarises perpendiculairement au plan dincidence ne sont pas gnres dans
les plans principaux. De plus, lors du balayage angulaire dun plan, le coefficient de
transmission de chaque mode dpend de lincidence de londe. Certains modes sont alors
gnrs sur des plages angulaires de faible ouverture et il arrive que deux modes se mlangent
[AUDO, 1990], [CAST, 1989a]. Enfin, il est difficile de choisir une direction de propagation
par avance, car cette dernire dpend justement de la vitesse que lon cherche mesurer.
Aussi, nous avons vu quil suffirait thoriquement de neuf mesures de vitesses pour
caractriser compltement un matriau orthotrope (tableau 2.1), mais ces diffrentes
limitations rendent cette mthode difficilement exploitable.
Pour rsoudre ce problme, nous avons adopt une mthode initialement dveloppe par
Hosten et Castagnde [HOST, 1983a]. Cette mthode, qui tient compte de lensemble des
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vitesses exprimentales mesures en immersion, effectue une optimisation sur les constantes
dlasticits plutt que de considrer des directions de propagation particulires.
2.3.2 Dtermination par optimisation
2.3.2.1 Principe de la procdure doptimisation
Le principe de la dtermination ultrasonore des constantes dlasticit par optimisation
[HOST, 1983a] consiste considrer un grand nombre N de vitesses exprimentales expmV
dans les directions expmnU
. Pour une direction expmnU
, la vitesse expmV correspondante est solution
de lquation de Christoffel 2.7 lorsque le tenseur dlasticit ijklC correspond effectivement
celui du matriau considr. Ainsi, la fonctionnelle )( ijklCf , pour plusieurs directions de
propagation expmnU
pour lesquelles les vitesses expmV ont t mesures, scrit :
=
=N
milmkjijklijkl VnnCCf
1
2expexpexp )()( (2.13)
Lvaluation des constantes dlasticit peut alors se faire en recherchant les zros de la
fonctionnelle )( ijklCf par approximation successive des ijklC en utilisant par exemple une
mthode numrique de type Newton-Raphson [PRES, 1992].
Dans cette premire approche, lquation de Christoffel sannule pour chacune des trois
vitesses possibles (quasi longitudinale, quasi transversale lente et rapide) dans une direction
donne. La polarisation de chaque mode est alors perdue car elle na pas lieu dtre spcifie
dans la relation 2.13. Ainsi, la fonctionnelle )( ijklCf admet un grand nombre de minima
locaux et la convergence est alors plus sensible aux valeurs dinitialisation 0ijklC fournies
lalgorithme [BAST, 1989a].
En ce qui nous concerne, nous avons choisi une autre approche [ROKH, 1992] qui consiste
minimiser lcart quadratique entre les vitesses exprimentales expmV et thoriques thV
laide dun algorithme de calcul numrique. Pour estimer laccord entre les vitesses thoriques
thV donnes par la rsolution du problme direct (2.2.4) et les vitesses exprimentales
mesures expmV , nous utilisons le test du 2 en supposant que les vitesses exprimentales
suivent une loi normale, centre sur la vitesse thorique :
( )
=
=
N
m m
mijklith VCnV
12
2exp2
),,(
(2.14)
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),,( ijklith CnV est la vitesse thorique calcule partir du tenseur des constantes dlasticit
ijklC et de la masse volumique , dans la em direction de propagation mn
U considre. m est
lincertitude associe la em mesure de vitesse expmV [DUBU, 1996a]. La procdure
doptimisation des constantes dlasticit consiste alors minimiser lcart entre les vitesses
exprimentales expmV et thoriques thV pris au sens des moindres carrs (figure 2.7). Pour
rsoudre ce problme nous utilisons lalgorithme de Levenberg-Marquart [PRES, 1992]
parfaitement adapt au cas des fonctions non linaires et multidimensionnelles.
Oui
Non
Vitesses exprimentales
mmV ,exp Nouveau tenseur
ijklC
Initialisation0ijklC
Constantes dlasticit optimisesijklC
Calcul des vitesses thoriques),,( ijkli
th CnV
Test du2
Ecart minimum?
Calcul de lcart des vitesses
FIG. 2.7 Principe de la procdure doptimisation
Le tenseur dinitialisation 0ijklC est construit partir de donnes ralistes puis affin afin
dobtenir des temps de calcul raisonnables. Par ailleurs, il a t montr que des valeurs mme
assez lointaines convenaient [DUBU, 1996a]. La convergence de lalgorithme de
minimisation dpend alors principalement du choix des vitesses exprimentales.
2.3.2.2 Optimisation plan par plan et optimisation globale
Un moyen de simplifier ltape doptimisation est de considrer la propagation dans les
trois plans principaux pour lesquels les expressions des vitesses ne font intervenir quun
nombre limit de constantes dlasticit (2.2.3.2). Cependant, dans le cas dun chantillon de
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faible paisseur, comme les matriaux composites labors sous forme de plaque mince, la
propagation dans une direction appartenant au plan de la plaque nest pas possible en onde de
volume. Aussi, il faut envisager des mesures de vitesses de propagation dans un plan
supplmentaire non principal [BAST, 1990]. La figure 2.8 indique les plans de propagation
considrs pour obtenir les neuf constantes dlasticit indpendantes dun matriau
orthotrope, avec laxe 3 pris comme normale lpaisseur de lchantillon.
1
2
3
P13
P45 P23
45
33C
55133311 ,,, CCCC
Plan (1,3)
44233322 ,,, CCCC
Plan (2,3)
6612 CC ,,, 2211 CC
Plan (1,2)
FIG. 2.8 Evaluation des constantes dlasticit dun matriau orthotrope par optimisation.Dfinition des plans de propagation considrs et des constantes dlasticit associes
Optimisation plan par p lan
Dans un premier temps, il est possible deffectuer des optimisations successives plan par
plan . Ceci permet dvaluer un nombre rduit de constantes dlasticit dans chacun des
plans considrs. La mesure de la vitesse longitudinale dans la direction principale 3, permet
tout dabord dobtenir directement la constante 33C . Deux optimisations utilisant les vitesses
de propagation dans les plans principaux (1,3) et (2,3) permettent ensuite dobtenir
respectivement 11C , 13C , 55C et 22C , 23C , 44C [HOST, 1987], [CHU, 1994a]. Enfin, le plan
(1,2) ntant pas accessible la mesure, les constantes 12C et 66C sont obtenues partir des
contantes dj identifies et dune dernire optimisation exploitant les vitesses de propagation
dans un plan non principal situ 45 des plans (1,3) et (2,3) [BAST, 1990], [HOST, 1991],
-
CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE
53
[ROKH, 1992], [CHU, 1994b]. Cette optimisation plan par plan permet donc dvaluer en
plusieurs tapes lensemble des constantes dlasticit dun matriau orthotrope. Cependant,
lincertitude associe aux constantes obtenues dans les premires tapes, se rpercute lorsque
ces dernires interviennent dans loptimisation des constantes suivantes. Lvaluation des
constantes 12C et 66C , notamment, tient compte de lensemble des incertitudes associes aux
six autres constantes prcdemment optimises. Enfin, lvaluation indpendante de 33C ,
attribue de ce fait un poids nul aux autres vitesses mesures, faisant intervenir 33C dans les
plans (1,3) et (2,3) pour la dtermination de cette constante.
Optimisation globale
Nous utiliserons par la suite une mthode doptimisation globale qui tient compte de
lensemble des vitesses exprimentales en une seule fois [CAST, 1990], [CAST, 1992]. De
plus, dans lexpression du 2 (quation 2.14), chaque vitesse exprimentale expmV est
pondre par le carr de lincertitude 2m qui lui est associ. Ainsi, les vitesses pour lesquelles
lincertitude de mesure est plus importante, ont moins de poids que les autres dans le calcul du
2 [DUBU, 1996a].
Choix des vitesses expr i mentales
Diffrents auteurs ont tudi le problme du choix des vitesses exprimentales (direction
de propagation, mode, nombre de points de mesure, ouverture angulaire) soit de faon
numrique [CAST, 1989b], [CAST, 1992], [ROKH, 1992] soit de manire analytique [CHU,
1994a], [CHU, 1994b], [EVER, 1992]. Ces auteurs ont mis en vidence les vitesses de
propagation (polarisation et direction de propagation) les plus sensibles la variation dune
constante dlasticit donne. Il apparat que dans les deux types doptimisation ( plan par
plan ou globale ) et quel que soit lalgorithme numrique utilis, le nombre de mesures
de vitesse doit tre dautant plus important que la dispersion sur ces mesures est grande.
Enfin, une large ouverture angulaire de la zone explore permet un meilleur ajustement entre
les vitesses recalcules partir des constantes optimises et les mesures exprimentales.
2.3.3 Calcul des incertitudes par la mthode de Monte-Carlo
La dtermination ultrasonore des constantes dlasticit par optimisation, est base sur la
mesure dun grand nombre N de vitesses de propagation expV qui, comme toutes mesures,
comporte une part derreur. Notre premier objectif tant de disposer dune mthode fiable de
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CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE
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mesure de ces constantes, il apparat primordial dvaluer aussi les incertitudes associes
chacune des constantes dlasticit obtenues par optimisation. Cependant, le caractre itratif
de loptimisation ne permet pas un calcul classique derreurs sur les constantes dlasticit
partir des erreurs sur les vitesses exprimentales.
Une premire approche consiste tudier la distribution statistique de vitesses
exprimentales bruites autour des vitesses ( )0V , recalcules partir des constantes optimises
( )0ijklC [AUDO, 1991a]. Ces mthodes utilisent gnralement un bruitage arbitraire des vitesses
mesures. Nous utiliserons par la suite une mthode Monte-Carlo qui permet de simuler un
ensemble dexpriences, par bruitage raliste des vitesses expV . Ce bruitage raliste est obtenu
partir des rsultats dune tude dtaille des diffrentes sources dincertitudes
exprimentales, susceptibles de perturber les mesures de vitesses [DUBU, 1996a]. Une
analyse statistique du rsultat de ces simulations permet alors dattribuer une incertitude( )0ijklC
chacune des constantes dlasticit ( )0ijklC .
Avant de prsenter le principe de la simulation Monte-Carlo, nous allons dfinir la notion
dincertitude associe au processus de mesure des constantes dlasticit qui comporte une
tape doptimisation (2.3.2).
2.3.3.1 Incertitude associe au p rocessus de mesure par optimisation
Pour un matriau rel donn, il existe un jeu de constantes dlasticit relles )(rijklC et un jeu
de vitesses relles )(rV associ, auxquels nous navons pas accs (figure 2.9). Nous obtenons
exprimentalement un jeu de vitesses mesures )0(V qui comporte une part derreur et qui
nous permet par optimisation de dterminer un jeu de constantes dlasticit )0(ijklC . Le jeu de
vitesses exprimentales )0(V comprenant une composante alatoire, il existe une infinit de
jeux de vitesses ),...,( )()1( nVV qui auraient permis de dterminer par optimisation des jeux de
constantes diffrents ),...,( )()1( nijklijkl CC obissant une certaine loi de distribution. Les
incertitudes ( )0ijklC sur le jeu de constantes dlasticit )0(
ijklC , dcoulent de la distribution des
jeux de constantes mesurables )(nijklC autour du jeu de constantes dlasticit relles )(r
ijklC . Notre
but est donc de dterminer la distribution des carts )()( rijkln
ijkl CC sans connatre le jeu de
constantes relles )(rijklC et sans pouvoir effectuer un nombre infini de mesures de jeux de
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CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE
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vitesses )(nijklC . Ces deux limitations ont motiv la mise en uvre dun calcul des incertitudes
par mthode Monte-Carlo.
Exprienceralise
...
...Jeu de vitessesmesures )0(V
Optimisation
( )0ijklC
1er jeu de vitesses)1(V
Optimisation
( )1ijklC
ne jeu de vitesses)(nV
Optimisation
( )nijklC
.
Distribution statistique des ijklC
Matriau rel
inconnues
( ) )(rrijkl VC
n expriencesralisables
FIG. 2.9 Notion dincertitude associe la dtermination des constantes dlasticit par uneprocdure doptimisation
2.3.3.2 Principe du calcul des incertitudes par mthode Monte-Carlo
Lhypothse de base de la simulation de Monte-Carlo est que le jeu de constantes
dtermin exprimentalement ( )0ijklC est proche du jeu rel )(r
ijklC et donc que la distribution des
carts )0()( ijkln
ijkl CC est peu diffrente de celle des carts )()( r
ijkln
ijkl CC .
)()0( rijklijkl CC (2.15)
)0()()()(ijkl
nijkl
rijkl
nijkl CCCC (2.16)
A partir de cette hypothse, il est possible de calculer la distribution des carts )0()( ijkln
ijkl CC
en simulant un grand nombre de jeux de vitesses synthtiques ( )( )nsV les plus proches possibles
de ceux qui auraient pu tre obtenus exprimentalement )(nV [PRES, 1992].
La figure 2.10 prsente les diffrentes tapes de la mthode Monte-Carlo. La rsolution du
problme direct permet tout dabord de recalculer le jeu de vitesses ( )0V associes aux
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CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE
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constantes dlasticit optimises ( )0ijklC . A partir de ce jeu de vitesses ( )0V , plusieurs tirages
Monte-Carlo permettent de gnrer un ensemble de jeux de vitesses simules ( )( )nsV . Les jeux
de vitesses simules ( )( )nsV sont en fait obtenus par bruitage raliste, selon une distribution
normale du jeu de vitesses ( )0V ; cest dire en utilisant le rsultat dune tude dtaille des
diffrentes sources dincertitudes exprimentales (temprature du liquide de couplage, temps
de vol, angle dincidence) susceptibles de perturber les mesures de vitesses [CHU, 1994c],
[DUBU, 1996a].
Simulation dexpriences(Monte-Carlo)
Incertitudes ( )0ijklC
Analyse statistique
...
... 1er jeu de vitesses
simules ( )( )1sV
Optimisation
( )( )sijklC
1
2e jeu de vitessessimules ( )
( )2sV
Optimisation
( )( )sijklC
2
ne jeu de vitessessimules ( )
( )nsV
Optimisation
( )( )s
nijklC
.
Constantes dlasticitoptimises ( )0ijklC
Jeu de vitessesassocies ( )0V
FIG. 2.10 Calcul des incertitudes associes aux constantes dlasticit optimises. Principedu tirage Monte-Carlo
Chaque jeu de vitesses ( )( )nsV permet par optimisation de calculer un jeu de constantes
simules ( ))(s
nijklC . Aprs un nombre de simulation statistiquement suffisant (1000 dans notre
cas), ltape finale consiste calculer les carts-types des distributions normales pour chacune
des constantes qui correspondent alors aux incertitudes( )0ijklC .
-
CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE
57
2.4 Dispositif exprimental
La dtermination ultrasonore des constantes dlasticit dun matriau donn, repose avant
tout sur la qualit des mesures de vitesses de propagation. Nous prsentons prsent le
principe de la mesure des vitesses de propagation des ondes ultrasonores en incidence oblique
et lappareillage dont nous disposons pour raliser ces mesures.
2.4.1 Principe de la mesure de vitesses ultrasonores en incidence oblique
2.4.1.1 Mthode de mesure en s imple transmission
La technique exprimentale, utilise pour la mesure des vitesses de propagation des ondes
ultrasonores de volume en incidence oblique, est une technique impulsionnelle en immersion.
La premire mise en uvre de cette mthode ralise par Markham [MARK, 1970] a t,
depuis, largement utilise et amliore par diffrentes quipes [HOST, 1983b], [ROUX,
1985], [HOST, 1987], [HOST, 1989], [ROKH, 1989], [ROKH, 1992], [CHU, 1992], [DUBU,
1996a].
Lprouvette, sous forme de lame faces parallles de surfaces rgulires et dpaisseur e,
est place dans un liquide de couplage (dans notre cas de leau) entre un metteur E et un
rcepteur R dont les faces sont planes et parallles. Cette configuration permet de faire varier
langle dincidence i de londe plane gnre par lmetteur E , par rapport la normale la
face de lchantillon. Dans le cas le plus gnral, trois ondes de volume peuvent tre gnres
au sein du matriau par conversion de mode linterface eau/matriau : une onde quasi
longitudinale et deux ondes quasi transversales [ROYE, 1996]. La figure 2.11 prsente les
diffrents parcours ultrasonores considrs par la suite.
Signal de rfrence Signaux de mesure
E Rrt
E
R
e
mt
ri
B
D
C
'R
FIG. 2.11 Principe de la mesure de vitesses en incidence oblique
-
CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE
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La mesure de vitesses commence par lacquisition dun signal dit de rfrence qui
correspond au trajet ( )ER dune impulsion ultrasonore entre lmetteur E et le rcepteur Rdans leau. Une fois lprouvette place entre lmetteur E et le rcepteur R , le signal dit de
mesure, correspondant au trajet ( )'EBDR dune impulsion ultrasonore, est son tourenregistr. La vitesse de propagation, correspondant au trajet ( )BD dans lprouvette, estalors dduite de lcart rm tt =1 des temps de propagation des signaux de mesure et de
rfrence :
eaueaueaurm V
BC
V
BD
V
ER
V
BD
V
DREBtt =
++== '1 (2.17)
V et eauV sont respectivement la vitesse recherche au sein du matriau et la vitesse dans
leau. A partir de considrations gomtriques simples lexpression de 1 devient :
rV
ire
rV
e
eau cos
)cos(
cos1= (2.18)
Langle de rfraction r est dduit de la loi de Snell-Descartes linterface
eau/chantillon :
= i
V
Vr
eau
sinarcsin (2.19)
La substitution de lexpression 2.19 dans lquation 2.18 conduit aprs simplification la
vitesse de propagation V de londe ultrasonore dans le matriau :
iVeVe
eVV
eaueau
eau
cos2 122
12 ++
= (2.20)
Ainsi, la mesure de vitesse de propagation V dune onde ultrasonore en incidence variable
dans un matriau donn, fait intervenir la vitesse de propagation dans leau eauV , lpaisseur
e de lprouvette, langle dincidence i du faisceau ultrasonore et la diffrence de temps de
vol 1 obtenue, dans notre cas, par intercorrlation des signaux de mesure et de rfrence.
A partir de diffrents temps de vol (figure 2.12) et de la vitesse des ultrasons dans leau
eauV , il est possible de dterminer simultanment lpaisseur e et la vitesse longitudinale en
incidence normale V [HSU, 1992] :
+
= )(2
)(mr
avareau tt
ttVe (2.21)
-
CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE
59
+= )(
)(21
avar
mreau tt
ttVV (2.22)
La vitesse de propagation des ultrasons dans leau est dduite dune mesure de
temprature, laide dune relation empirique qui donne la vitesse eauV en fonction de la
temprature [DEL G, 1972].
rtE R E R
e
mtRE/ M
e
avt
art
FIG. 2.12 Mesure de lpaisseur e et de la vitesse longitudinale en incidence normale V
Dans le cas dchantillons trs attnuants, le contenu spectral des signaux de mesure mt et
du signal de rfrence dans leau rt devient trs diffrent. Il est alors prfrable de considrer
le trajet en incidence normale mt comme signal de rfrence [CHU, 1992], [CHU, 1994c],
[CHU, 1994d].
2.4.1.2 Mthode de mesure en double transmission
Lors dune mesure en double transmission le rcepteur ultrasonore R (figure 2.11) est
remplac par un miroir M (figure 2.13) [HOST, 1989], [ROKH, 1992]. Aprs un premier
trajet au sein du matriau, londe ultrasonore se rflchit sur le miroir M et effectue le trajet
inverse pour revenir sur lmetteur qui joue alors galement le rle de rcepteur (RE / ).
Lquation 2.20 reste donc valable lpaisseur e prs qui doit tre multiplie par deux.
RE /
M
e
FIG. 2.13 Principe de la mesure de vitesses en double transmission
-
CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE
60
Lorsque lpaisseur de lchantillon est voisine de la longueur donde utilise, cet
allongement du trajet de londe ultrasonore au sein du matriau est mis profit pour mieux
sparer les signaux des diffrents modes [HOST, 1989]. Ce mme allongement de trajet
devient un inconvnient lorsquil sagit de matriaux attnuants dpaisseur plus importante
[EL GU, 1992a]. Il est alors prfrable dutiliser la mthode de mesure en simple transmission
qui limite, de plus, le nombre dinterfaces franchir. Lorsque lpaisseur de lchantillon est
infrieure la longueur donde utilise, la dtermination des proprits dlasticit fait
intervenir des ondes guides [ROKH, 1993].
Enfin, lutilisation de la mthode en double transmission permet, par rapport la mthode
en simple transmission, le retour du faisceau ultrasonore sur la zone dmission du capteur
metteur. Dans le cas de la mthode en simple transmission, il est possible de rattraper le
dcalage induit par la rfraction au sein du matriau, en utilisant par exemple un capteur de
grandes dimensions [CAWL, 1997] ou en translatant le rcepteur [HOST, 1987], [HOST,
1991], [ROKH, 1992].
2.4.2 Banc ultrasonore en immersion
Pour effectuer des mesures ultrasonores en incidence oblique, lincidence i du faisceau
ultrasonore est obtenue par la composition de deux rotations et daxes orthogonaux
(figure 2.14). En incidence normale, le plan form par ces deux axes de rotation est parallle
aux faces de lchantillon, qui se prsente sous la forme dune lame faces parallles. Cette
prouvette, monte sur un mors fixe, est place entre un metteur et un rcepteur ultrasonores,
supports par un trier porte-transducteurs. Cet trier est reli un plateau tournant, fix sur
un ct de la cuve, qui permet une rotation daxe horizontal. La cuve contenant le liquide
de couplage est solidaire dun deuxime plateau tournant qui permet une rotation daxe
vertical. Finalement, langle dincidence i du faisceau ultrasonore par rapport la normale
la face de lchantillon, prise pour origine des angles, est donn par :
)cosarccos(cos =i (2.23)
Lensemble du dispositif est pilot par un micro-ordinateur qui gre la rotation des
plateaux tournants entrans par des moteurs pas pas, lacquisition de la temprature du
liquide de couplage, lacquisition et le stockage des signaux chantillonns par un
oscilloscope [DUBU, 1996a]. La stabilit de la temprature du liquide de couplage est assure
par une rgulation de type proportionnel-intgral-driv (PID).
-
CHAPITRE 2. DETERMINATION ULTRASONORE DES CONSTANTES DELASTICITE
61
Gnrateurdimpulsions
Oscilloscope
Rgulation de temprature
Eprouvette
Etrier portetransducteur
Pilotage desrotationsi = f(,)
Pilotage StockageTraitement
FIG. 2.14 Vue clate du montage exprimental
Ce banc ultrasonore en immersion peut sadapter sur une machine de traction
conventionnelle pour effectuer des mesures ultrasonores sous charge en incidence oblique
[AUDO, 1991b], [DUBU, 1996a]. Une autre approche consiste immerger une machine de
traction miniaturise dans un bac quip dun systme de mesures ultrasonores en incidence
oblique [EL GU, 1989a]. Ces diffrentes versions permettent notamment de dterminer les
constantes dlasticit du troisime ordre [EL GU, 1989a], [DUBU, 1996a], en considrant les
interactions entre les ondes ultrasonores et la dformation lastique statique [EL GU, 1992b].
Ces constantes traduisent le comportement lastique non linaire de certains matriaux
[DUBU, 1996b]. La mesure ultrasonore de lendommagement sous charge, envisage dans un
premier temps par une mesure au contact des vitesses ultrasonores selon certaines directions
de propagation [GERA, 1982], [BERT, 1983], [BERT, 1988], peut stendre, grce ces
dispositifs, la mesure de lendommagement anisotrope de matriaux sous charge [BAST,
1989b], [AUDO, 1991b], [BAST, 1992], [EL GU, 1992c], [EL GU, 1992d], [EL BO, 1994].
2.5 Conclusion
Aprs avoir dcrit la rsolution du problme direct de la propagation des ondes
ultrasonores de volume dans un milieu anisotrope, nous avons prsent la mthode de
dtermination des constantes dlasticit par optimisation. Le calcul statistique des
incertitudes par mthode Monte-Carlo a t dcrit. Enfin, nous avons dtaill le principe de la
mesure de vitesses ultrasonores en immersion en incidence oblique, ainsi que le montage
exprimental correspondant.
Pont d'embarquementPage de titreAvant-proposSommaireIntroduction gnraleChapitre 1 - Matriaux composites : lasticit et endommagementChapitre 2 - Dtermination ultrasonore des constantes d'lasticitChapitre 3 - Modlisation du comportement lastique des matriaux compositesChapitre 4 - Etude du comportement lastique anisotrope de composites matrice mtalliqueChapitre 5 - Comportement lastique et vieillissement hygrothermique de composites verre-poxyConclusion gnraleRfrences bibliographiquesFolio administratif