challenge 313 - le duopole du marché du miel

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40 Du 7 au 13 janvier 2011 BUSINESS P âtisseries et gâteaux jonchent les tables d’exposition de toutes les pâtisseries et nombre d’autres vendeurs occasion- nels, pendant toute l’année et le mois de Ramadan. Point commun entre ces préparations diverses : un ingrédient in- dispensable, le miel, naturel ou supposé tel (miel de sucre). Produit naturel des abeilles, le Royaume compte quelques 30.000 apiculteurs et la production os- cille entre 3 et 4.000 tonnes par an, soit une variation de taille. Signe des temps, le prix du miel produit a connu une augmentation substantielle. “C’est la loi de l’offre et de la demande, explique un responsable de coopérative. La production est moins bonne depuis deux ans, du coup le prix monte.” À l’échelle internationale, la crise que traversent les apiculteurs est sur toutes les lèvres. L’Ecosse aurait perdu 80% de ses abeilles. Le phénomène semble géné- ral et touche la plupart des pays produc- teurs, depuis l’Europe aux Amériques. Le Maroc victime de la crise mondiale des abeilles ? Crise majeure que celle provoquée par la disparition d’abeilles s’il en est, puisque ce sont ces dernières qui, en butinant, as- surent la pollinisation, la communication du produit des glandes reproductives entre fleurs, et donc par là-même, la re- production des fleurs et arbres fruitiers. Une part importante de la production fruitière au moins serait tributaire de l’action des abeilles, selon plusieurs spé- cialistes français qui sonnent l’alarme. Pour M. Zakaria, responsable d’un grou- pement d’une dizaine d’apiculteurs, le Maroc est loin d’être touché : “La produc- tion est mauvaise en raison du froid qu’a subi le pays. Les abeilles ne sont pas sorties de leurs ruches pour ne pas affronter les mauvaises conditions climatiques.” Selon certains ingénieurs agronomes, cela dure depuis deux ans, certes, mais la production globale reste supérieure aux années de sécheresse qu’a connues le Maroc. “La situation n’est pas catas- trophique, les régions sont relativement protégées. Fait paradoxal, les pesticides n’ont pas l’impact redouté, vu leur faible utilisation par l’agriculteur marocain.” Le miel est l’ingrédient essentiel aux préparations de gâteaux marocains. Généralement importé, le Royaume compte tout de même une industrie locale dominée par l’apiculture traditionnelle. En nombre seulement; pour ce qui est des volumes produits, les domaines royaux et le groupe Zemzami s’adjugent chacun 1/3 de la production marocaine. Petit round-up de la fabrication du miel. PAR NORÉDINE ABBASSI Apiculture Le duopôle du marché du miel En bref En signant récemment un mémorandum d’entente visant à renforcer la coopération en matière de lutte contre la fraude et la contrefaçon, l’Administration des Douanes et Impôts Indirects (ADII) et le groupe Unilever consolident leurs relations et envoient un signal fort au milieu des affaires. Ce mémorandum a pour objectif de permettre à Unilever et aux services douaniers de mieux appliquer les mesures relatives à la protection de la propriété industrielle et de réduire l’impact négatif de la fraude et de la contrefaçon. Unilever s’engage, notamment, à partager son expertise internationale en matière de lutte contre ces fléaux en dispen- sant des actions de formations au profit des agents douaniers. Inwi, troisième opérateur global de télécommunica- tions au Maroc, vient de déployer avec succès une nouvelle technologie, dite SDR (Software Defined Ra- dio), à travers le site-pilote de Dakhla. Ce déploiement devra permettre à l’opérateur d’optimiser ses perfor- mances techniques pour le bénéfice de ses 3,5 millions de clients. «La technologie SDR permet à Inwi de faire évoluer son réseau de manière souple, économique et évolutive», explique Hasnaâ Youlal, directeur Pôle Réseaux d’Inwi. Unilever et la Douane, la main dans la main Inwi déploie la technologie SDR

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Challenge 313 - Le duopole du marché du miel

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Page 1: Challenge 313 - Le duopole du marché du miel

40 Du 7 au 13 janvier 2011

BUSINESS

Pâtisseries et gâteaux jonchent les tables d’exposition de toutes les pâtisseries et nombre d’autres vendeurs occasion-

nels, pendant toute l’année et le mois de Ramadan. Point commun entre ces préparations diverses : un ingrédient in-dispensable, le miel, naturel ou supposé tel (miel de sucre). Produit naturel des abeilles, le Royaume compte quelques 30.000 apiculteurs et la production os-cille entre 3 et 4.000 tonnes par an, soit une variation de taille. Signe des temps, le prix du miel produit a connu une augmentation substantielle. “C’est la loi de l’offre et de la demande, explique un responsable de coopérative. La production est moins bonne depuis deux ans, du coup le prix monte.”À l’échelle internationale, la crise que traversent les apiculteurs est sur toutes

les lèvres. L’Ecosse aurait perdu 80% de ses abeilles. Le phénomène semble géné-ral et touche la plupart des pays produc-teurs, depuis l’Europe aux Amériques.

Le Maroc victime de la crise mondiale des abeilles ?Crise majeure que celle provoquée par la disparition d’abeilles s’il en est, puisque ce sont ces dernières qui, en butinant, as-surent la pollinisation, la communication du produit des glandes reproductives entre fl eurs, et donc par là-même, la re-production des fl eurs et arbres fruitiers. Une part importante de la production fruitière au moins serait tributaire de l’action des abeilles, selon plusieurs spé-cialistes français qui sonnent l’alarme.Pour M. Zakaria, responsable d’un grou-pement d’une dizaine d’apiculteurs, le Maroc est loin d’être touché : “La produc-

tion est mauvaise en raison du froid qu’a subi le pays. Les abeilles ne sont pas sorties de leurs ruches pour ne pas affronter les mauvaises conditions climatiques.”Selon certains ingénieurs agronomes, cela dure depuis deux ans, certes, mais la production globale reste supérieure aux années de sécheresse qu’a connues le Maroc. “La situation n’est pas catas-trophique, les régions sont relativement protégées. Fait paradoxal, les pesticides n’ont pas l’impact redouté, vu leur faible utilisation par l’agriculteur marocain.”

Le miel est l’ingrédient essentiel aux préparations de gâteaux marocains. Généralement importé, le Royaume compte tout de même une industrie locale dominée par l’apiculture traditionnelle. En nombre seulement; pour ce qui est des volumes produits, les domaines royaux et le groupe Zemzami s’adjugent chacun 1/3 de la production marocaine. Petit round-up de la fabrication du miel. PAR NORÉDINE ABBASSI

Apiculture

Le duopôle du marché du miel

En bref

En signant récemment un mémorandum d’entente visant à renforcer la coopération en matière de lutte contre la fraude et la contrefaçon, l’Administration des Douanes et Impôts Indirects (ADII) et le groupe Unilever consolident leurs relations et envoient un signal fort au milieu des affaires. Ce mémorandum a pour objectif de permettre à Unilever et aux services douaniers de mieux appliquer les mesures relatives à la protection de la propriété industrielle et de réduire l’impact négatif de la fraude et de la contrefaçon. Unilever s’engage, notamment, à partager son expertise internationale en matière de lutte contre ces fl éaux en dispen-sant des actions de formations au profi t des agents douaniers.

Inwi, troisième opérateur global de télécommunica-tions au Maroc, vient de déployer avec succès une nouvelle technologie, dite SDR (Software Defi ned Ra-dio), à travers le site-pilote de Dakhla. Ce déploiement devra permettre à l’opérateur d’optimiser ses perfor-mances techniques pour le bénéfi ce de ses 3,5 millions de clients. «La technologie SDR permet à Inwi de faire évoluer son réseau de manière souple, économique et évolutive», explique Hasnaâ Youlal, directeur Pôle Réseaux d’Inwi.

Unilever et la Douane, la main dans la main Inwi déploie la technologie SDR

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41Du 7 au 13 janvier 2011

En bref

Frédéric Picard, directeur général de Mazagan Beach Resort, vient de se voir brillamment dis-tinguer. En effet, devant un millier de dirigeants de l’industrie hôtelière nationale et interna-tionale, le patron du complexe touristique a été nominé pour le trophée «Meilleur General Manager». L’événement est de taille sur le calendrier professionnel de l’industrie hôtelière mondiale car il met en compétition plus de 200 chaînes de 27 pays.

Lancée en octobre 2010, la deuxième phase des tra-vaux d’aménagement de Casa-Tramway se poursuit activement. Les travaux se déroulent, en effet, au niveau de plusieurs zones de la ligne du tramway. Cette seconde phase s’étendra jusqu’à la fi n du deuxième trimestre 2012 et porte sur deux axes essentiels : d’une part, l’aménagement de la voirie permettant de redistri-buer l’espace disponible entre trottoirs, pistes cyclables, stationnement, plateformes du tramway, voies de circulation et espaces verts; et d’autre part, les fondations, la mise en place de la structure de béton constituant la plateforme du tramway et la pose des rails.

Distinction pour le DG de Mazagan Beach Resort

Casa-Tramway passe à la vitesse supérieure

Par ailleurs, pour d’autres experts, la baisse de production ne serait pas due uniquement au froid. “La baisse du miel, surtout dans les régions du Souss Massa-Drâa, Tadla, Tiznit, ainsi que Ouarzazate et Tafi lalet, sont peu ou pas touchées par le froid. Néanmoins, là aussi, on constate une baisse de la pro-duction de miel.” Pourtant, les récoltes ont été bonnes et la région profi te d’une agriculture en pleine expansion, à tel point que le marché casablancais a reçu des approvisionnements en pastèques en

provenance de ces provinces lointaines du Sud. Il faut dire que l’agriculture s’est modernisée à une vitesse phénoménale. “C’est le contrecoup de la modernisation, et les pesticides ont un impact sur la santé des abeilles”, explique l’agronome consul-té par Challenge. Propos que tempère immédiatement notre interlocuteur du ministère de l’Agriculture. Pour lui, la production de miel est en croissance constante depuis des années. Il n’y aurait donc pas de problèmes, selon le ministère. D’ailleurs, le secteur serait en cours de modernisation, les producteurs traditionnels disparaissant au profi t des modernes, le secteur ne pourrait que s’améliorer: “Les régions du Gharb et du Loukos restent les premières

zones de forte concentra-tion d’abeilles. Le Gharb est reconnu comme la meilleure zone de par ses bonnes conditions climatiques, ainsi que par la présence d’une fl ore favorable à la production de miel”. ex-plique l’expert. Il faut dire que la région a été

gâtée: les forêts d’euca-lyptus, les plantations d’agrumes et les cultures diverses, offrent une disponi-bilité de pollen tout le long de l’année. De plus, la seule vallée du Loukos, dans la région de Larache, assure à elle seule 10% de la production apicole nationale. Combinées, ces deux zones totalisent 70.000 ruches sur les 390.000 que compte le Maroc. Lorsqu’on sait qu’on dénombre un producteur moderne pour cinq traditionnels, cela a de quoi rassurer les consommateurs ! ■

TROIS QUESTIONS ÀTROIS QUESTIONS À

“Le secteur se porte mal”

Zohair Zemzami, administrateur du groupe Zemzami

Challenge. Comment se porte l’apiculture au Maroc ?Zohair Zemzami. La production du miel est directement liée au climat, aux pluies et à la végétation, dans son sens le plus large. Ce n’est pas une industrie stable, loin de là. Or, le Maroc est un pays qui souffre régulièrement de sécheresse, ce qui se répercute sur l’apiculture.

C. La production est donc en baisse ?ZZ. Oui, pour les raisons invoquées, mais également de certaines maladies qui ont touché les abeilles: “la varoise”, par exemple. Certes, les grands apiculteurs ont pu y faire face et s’en sortir, alors que pour les petits, les problèmes sont bien plus diffi ciles à gérer: manque de ressources fi nancières, diffi culté de s’occuper de plusieurs centaines de ruches, et d’une façon générale, un manque d’organisation.

C. Qu’en est-il de la question des pesticides ? ZZ. Lorsqu’on procède à la transhumance sur les agrumes, la luzerne ou encore sur le tournesol, comme exemples de plantes mellifères de cultures, la santé des abeilles subit forcément les conséquences de l’utilisation de pesticides. La production s’en ressent évidemment.

LE CHIFFRE

390 000 C’est le nombre de

ruches que compte le Maroc.