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Rétine Images en Ophtalmologie Vol. VI n o 4 octobre-novembre-décembre 2012 Vol. VII n o 1 janvier-février 2013 122 Cas clinique Légendes Figure 1. Cellulite orbitaire droite à la phase aiguë. Figure 2. Œdème papillaire ischémique avec une grande hémorragie rétrohyaloïdienne : aspect de nid de pigeon. Figure 3. Tomodensitométries orbitaires : cellulite rétroseptale droite sur pansinusite. Figure 4. Angiographie à la fluorescéine : œdème papillaire avec un effet de masquage lié aux hémorragies. Cellulite • Complication • Acci- dent vasculaire • Cécité. Cellulitis • Complication • Vascular accident • Blindness. Accident vasculaire rétinien grave compliquant une cellulite orbitaire Severe retinal vascular accident complicating orbital cellulitis I. Imdary, N. Benchekroun, C.M. Chefchaouri, A. Abdallah, F. Bencherifa, A. Berraho (Service d’ophtalmologie B, hôpital des spécialités, Rabat, Maroc) U n jeune patient de 17 ans est hospitalisé au service d’ophtalmologie pour une cellulite orbitaire droite compliquée d’un accident vasculaire papillo- rétinien. Examen et évolution Un jeune homme de 17 ans présente depuis 2 semaines des céphalées frontales traitées par aspirine. Il consulte aux urgences ophtalmologiques pour une tuméfaction doulou- reuse de la paupière supérieure droite d’installation très rapide (quelques heures) avec une perte visuelle (figure 1). L’examen ophtalmologique permet d’observer une exophtalmie avec déviation du globe oculaire en bas et en dehors, ainsi qu’une absence de toute perception lumi- neuse. L’examen du segment antérieur retrouve une semi-mydriase aréflectique et une abolition du réflexe photomoteur. Au fond d’œil, il y a un œdème papillaire d’aspect crayeux avec de multiples hémorragies rétiniennes, et une grande hémorragie rétro- hyaloïdienne avec un aspect de nid de pigeon (figure 2). La tomodensitométrie (TDM) orbitaire confirme la cellulite orbitaire rétroseptale droite sur une pansinusite avec la présence d’un abcès intraorbitaire refoulant le globe oculaire en bas et en dehors (figure 3). Le bilan d’hémostase est perturbé avec un taux de prothrombine à 60 %. À l’angiographie à la fluorescéine, on retrouve une grande hémorragie masquant le pôle postérieur et les vaisseaux rétiniens par endroits (figure 4). Une ponction évacuatrice de l’abcès est réalisée en urgence. Le patient est mis sous antibiothérapie parentérale pendant 5 jours avec relais par voie orale pendant 2 semaines. Un bolus de méthylprednisolone est administré 24 heures après l’instauration du traitement antibiotique. L’évolution est marquée par la régression des signes infectieux et de l’exophtalmie (figure 5, p. 125) ainsi que, au fond d’œil, par une résorption de l’hémorragie, une atrophie optique et un remaniement maculaire hémorragique (figure 6, p. 125). Un bilan d’hémostase réalisé 1 mois après faisait état d’un retour à la normale. Discussion L’infection orbitaire rétroseptale est une urgence. Il est important qu’elle soit reconnue précocement et traitée de façon énergique. C’est toujours une cause possible de cécité, voire de mortalité en cas de complications. La cécité est secondaire à une neuropathie optique mécanique par élévation de la pression intraorbitaire et/ou à une origine vas- culaire par ischémie, une occlusion de l’artère centrale de la rétine, une thrombo- phlébite ; elle peut également avoir une origine inflammatoire.

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Rétine

Images en Ophtalmologie • Vol. VI • no 4 • octobre-novembre-décembre 2012 • Vol. VII • no 1 • janvier-février 2013122

Cas clinique

Légendes

Figure 1. Cellulite orbitaire droite à la phase aiguë.

Figure 2. Œdème papillaire ischémique avec une grande hémorragie rétrohyaloïdienne : aspect de nid de pigeon.

Figure 3. Tomodensitométries orbitaires : cellulite rétroseptale droite sur pansinusite.

Figure 4. Angiographie à la fl uorescéine : œdème papillaire avec un eff et de masquage lié aux hémorragies.

Cellulite • Complication • Acci-dent vasculaire • Cécité.

Cellulitis • Complication • Vascular accident • Blindness.

Accident vasculaire rétinien grave compliquant une cellulite orbitaireSevere retinal vascular accident complicating orbital cellulitisI. Imdary, N. Benchekroun, C.M. Chefchaouri, A. Abdallah, F. Bencherifa, A. Berraho (Service d’ophtalmologie B, hôpital des spécialités, Rabat, Maroc)

U n jeune patient de 17 ans est hospitalisé au service d’ophtalmologie pour une cellulite orbitaire droite compliquée d’un accident vasculaire papillo-

rétinien.

Examen et évolution

Un jeune homme de 17 ans présente depuis 2 semaines des céphalées frontales traitées par aspirine. Il consulte aux urgences ophtalmologiques pour une tuméfaction doulou-reuse de la paupière supérieure droite d’installation très rapide (quelques heures) avec une perte visuelle (fi gure 1).

L’examen ophtalmologique permet d’observer une exophtalmie avec déviation du globe oculaire en bas et en dehors, ainsi qu’une absence de toute perception lumi-neuse. L’examen du segment antérieur retrouve une semi-mydriase aréfl ectique et une abolition du réfl exe photomoteur. Au fond d’œil, il y a un œdème papillaire d’aspect crayeux avec de multiples hémorragies rétiniennes, et une grande hémorragie rétro-hyaloïdienne avec un aspect de nid de pigeon (fi gure 2).

La tomodensitométrie (TDM) orbitaire confi rme la cellulite orbitaire rétroseptale droite sur une pansinusite avec la présence d’un abcès intraorbitaire refoulant le globe oculaire en bas et en dehors (fi gure 3). Le bilan d’hémostase est perturbé avec un taux de prothrombine à 60 %. À l’angiographie à la fl uorescéine, on retrouve une grande hémorragie masquant le pôle postérieur et les vaisseaux rétiniens par endroits (fi gure 4). Une ponction évacuatrice de l’abcès est réalisée en urgence. Le patient est mis sous antibiothérapie parentérale pendant 5 jours avec relais par voie orale pendant 2 semaines. Un bolus de méthylprednisolone est administré 24 heures après l’instauration du traitement antibiotique. L’évolution est marquée par la régression des signes infectieux et de l’exophtalmie (fi gure 5, p. 125) ainsi que, au fond d’œil, par une résorption de l’hémorragie, une atrophie optique et un remaniement maculaire hémorragique (fi gure 6, p. 125). Un bilan d’hémostase réalisé 1 mois après faisait état d’un retour à la normale.

Discussion

L’infection orbitaire rétroseptale est une urgence. Il est important qu’elle soit reconnue précocement et traitée de façon énergique. C’est toujours une cause possible de cécité, voire de mortalité en cas de complications. La cécité est secondaire à une neuropathie optique mécanique par élévation de la pression intraorbitaire et/ou à une origine vas-culaire par ischémie, une occlusion de l’artère centrale de la rétine, une thrombo-phlébite ; elle peut également avoir une origine infl ammatoire.

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Images en Ophtalmologie • Vol. VI • no 4 • octobre-novembre-décembre 2012 • Vol. VII • no 1 • janvier-février 2013123

Cas clinique

Rétine

Vol. VI - no 4 - 2012Vol. VII - no 1

- 2013

Société éditrice : EDIMARK SASCPPAP : 0115 T 89245 - ISSN : 1961-3172

Bimestriel Prix du numéro : 27 €

P é r io d ique d e f or ma tion en la ng ue f ra nç a i s e

CornéeCoordonné par le Pr Marc Muraine (Rouen)

Prochain numéro :»

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2013- 2013- 2013013

P é r io d ique d e f or ma tion en la ng ue f ra nç a i s e

Vol. VII - no 2

mars-avril 2013

Société éditrice : EDIMARK SAS

CPPAP : 0115 T 89245 - ISSN : 1961-3172

Bimestriel

Prix du numéro : 27 €

P é r io d ique d e f or ma tion en la ng ue f ra nç a i s e

Cas clinique

Des occlusions vasculaires rétiniennes et/ou choroïdiennes, sources d’une baisse d’acuité visuelle, ont aussi été décrites (1).

Notre observation soulève le problème du mécanisme physiopathologique de cet acci-dent vasculaire rétinien. L’augmentation brutale des pressions intraorbitaire et oculaire secondaires à l’infi ltration des tissus mous périoculaires ont entraîné un étirement et une compression du nerf optique. L’évolution défavorable vers la cécité dans notre cas est expliquée par la composante ischémique surajoutée, comme en témoigne l’aspect du fond d’œil.

L’abondance des hémorragies survenues chez notre patient est en rapport avec la prise d’aspirine ; le bilan d’hémostase était perturbé et s’est normalisé après l’arrêt de l’aspirine.

Les cellulites rétro-orbitaires imposent une hospitalisation avec institution rapide des antibiothérapies par voie intraveineuse. La ponction évacuatrice de l’abcès intra-orbitaire s’avère nécessaire en cas de complications (2).

Les cellulites orbitaires sont graves, mettant en jeu le pronostic visual et même vital. L’évolution est imprévisible et nécessite une prise en charge précoce afi n de minimiser le risque de survenue de ces complications. IIII

Références bibliographiques1. Mouriaux F, Rysanek B, Cattoir V, Babin E. Infections orbitaires. Paris : Elsevier Masson, 2011.2. Mouriaux F, Rysanek B, Babin E et al. Les cellulites orbitaires. J Fr Ophtalmol 2012;35(1):52-7.

Légendes

Figure 5. Nette régression de l’exophtalmie et des signes infl ammatoires après traitement.

Figure 6. Atrophie optique avec un rema-niement maculaire hémorragique. Résorp-tion de l’hémorragie rétrohyaloïdienne avec persistance d’une membrane prérétinienne.

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