ce 1er itinéraire vécu comme un voyage aller...

Ce 1er itinéraire vécu comme un voyage aller-retour de l’Europe vers l’Orient suit les traces des grands voyageurs et les perceptions de l’Orient véhiculées du XVème au début du XXème siècle.

Contenu :

- Compagnies des Indes : l’Orient des navigateurs,- Regards européens sur l’Orient : entre pittoresque et stéréotypes,- Pistes pédagogiques à partir de plusieurs ateliers.

Programmes concernés :

- En 2nde pro, « Voyages et Découvertes » en Histoire- En 2nde pro, « Des goûts et des couleurs » et « Parcours de

personnages » en Français,- En 1ère pro, « Du côté de l’imaginaire »,- En Terminale pro, « Identité et diversité ».

Traces d’Orient.Du voyage au récit.

Compagnies des Indes : l’Orient des navigateurs.Conférence donnée le 14 octobre 2011 par J.Y. Béquignon, R. Estienne, M. Filliozat Restif, A. Morgat, M. Veyssière.

Evolution de la cartographie par M. Filliozat Restif et A. Morgat.

La longue tendance sur trois siècles montre un changement de prééminence : l’Espagne suivie des Pays-Bas, puis la France et enfin l’Angleterre dominent successivement les mers.

L’évolution concerne aussi le matériel : le portulan est progressivement remplacé par la carte.

Compte-rendu des Rendez-vous de l’Histoire, 2011,Arnaud Fiault.

Les portulans n’ont d’intérêt que pour le tracée des côtes. Fin XIIIème siècle, ils sont d’origine italienne et centrés sur la Méditerranée. Au XIVème siècle, ce sont les Catalans puis les Portugais engagés sur les mers qui représentent des parties du monde (ex : 1519, représentation de l’Océan Indien). Au XVIème siècle, des préoccupations politiques apparaissent et la cartographie est utilisée à ces fins (ex : la représentation du voyage de Magellan par Batista Agnese en 1513 sert de référence à la division des terres découvertes entre Espagnols et Portugais).

Plus près de nous, une école normande de cartographie se développe autour de Dieppe (ex : Cosmographie de Guillaume Le Testu, l’école du Conquet).

Fin XVème-début XVIème siècle, la carte manuscrite est peu à peu remplacée par la carte imprimée. Parallèlement, la représentation cartographique subit l’influence de Ptolémée redécouvert (ex : les cartes de Waldseemüller). L’atlas moderne s’impose à partir d’Ortélius et son Theatrum Orbis Terrarum de 1570.

Les atlas nautiques se perfectionnent (ex : Lucas Wagner, Miroir nautique de 1584) et sont à l’origine de « routiers », de format plus simple que la carte scientifique et procurant les informations nécessaires aux capitaines comme l’accès aux ports… (ex : Le petit Flambeau de la mer).

Ainsi, si les puissants du monde reçoivent de beaux atlas aquarellés, les marins se contentent de quelques feuillets plus simples et reliés sommairement.

Quels documents trouve-t-on à bord des navires de la Compagnie Française des Indes Orientales ?

Dès le XVIIème siècle, Colbert fait appel à des pilotes hollandais pour former des pilotes français : savoirs et expériences se transmettent.

Les atlas sont à des prix inabordables, on réalise donc des copies en confrontant des cartes hollandaises et anglaises (ex : The english Pilote de 1701 réalisé à partir des archives de la Compagnie anglaise des Indes orientales). Le coût de l’atlas est à cette époque retenu sur les rétributions des officiers.

En 1619, la Compagnie hollandaise des Indes orientales avait créé son propre atelier de cartographie. Il produit, par exemple, une carte du Siam


qui sera reprise à l’identique par J.B. d’Après de Mannevillette au XVIIIème siècle.

Quand une partie du monde n’intéresse pas le pouvoir, il ne connaît que peu de progrès cartographiques. A l’inverse, par exemple, les cartes concernant la région entre Madagascar et l’Inde connaissent de gros progrès car la Compagnie française des Indes orientales s’y implante. On y envoie des navires pour trouver les routes les plus courtes et les plus rapides possibles car les possibilités d’améliorations techniques des navires sont très limitées au XVIIIème siècle.

Ainsi, de gros progrès sont réalisés en cartographie par les observations des marins et l’analyse des livres de bord. A cette époque, on peut dire qu’il existe une collaboration internationale, à l’instar du Français Mannevillette et du Britannique Alexandre Dalrymple.

Un exemple de cartographie au XVIIIème siècle : Le Neptune oriental de Jean-Baptiste d’Après de Mannevillette.

J.B. d’Après de Mannevillette est né au Havre en 1707. Il suit des études au collège de Rouen puis s’embarque à 12 ans. En 1720, il est à Pondichéry. Plus tard, il naviguera vers Saint-Domingue et sur l’Océan Indien de l’île Bourbon jusqu’à la Chine.

Dès 1736, il utilise l’octant qui avait été présenté en 1732 à la Royal Society. Ainsi, il se montre à la pointe du progrès scientifique de son époque.

Le Neptune oriental est publié en 1745 : cette 1ère édition comporte 28 cartes. C’est un routier et un atlas pour la navigation dans l’Océan Indien et en mer de Chine. En 1765, paraît une 2nde édition dotée de plus de cinquante cartes.

Voyage vers la Chine.

Intervention de M. Veyssière,

Au début du XVIIIème siècle, il existe deux routes :

- Via le Cap de Bonne Espérance,


- Via Cap Horn (surtout entre 1706 et 1714 puis abandon de cette route après la guerre de Succession d’Espagne pour ne pas froisser les Espagnols).

La maîtrise du régime des vents conditionne le passage d’une zone de vent à l’autre. les alizés soufflent de Lorient jusqu’à l’Equateur où le navigateur rencontre une zone de tempête ou de calme absolu (le fameux poteau noir). Puis il se dirige vers le Brésil où d’autres vents le porteront vers le Cap de Bonne Espérance. Ensuite trois routes se dessinent :

- La grande route du sud passant par les îles Saint-Paul, Amsterdam puis le détroit de la Sonde et la Chine,

- La route « intérieure » via le canal du Mozambique, le sud de l’Inde, le détroit de Malacca puis la Chine,

- La route « extérieure » vers les colonies des Mascareignes, îles de France et Bourbon, puis le sud de l’Inde, le détroit de Malacca et la Chine : la route préférée des navigateurs français pouvant faire escale dans les colonies de la couronne dans l’Océan Indien.

De Lorient à Canton : routes maritimes françaises au XVIIIème siècle.


Les capitaines calculent donc la date de leur départ de Lorient en tenant compte du régime de la mousson : du 15 avril au 15 octobre souffle la mousson d’été.

Le départ se place en novembre ou en décembre (avant 1750) puis en février (après 1750) et même en mars (après 1770). A la fin du XVIIIème siècle, le retour en France se fait avant juillet. Le raccourcissement de la durée du voyage n’est pas sensible au fil des décennies car les relâches peuvent être plus ou moins longues.

De 1698 à 1792, 164 expéditions françaises vont en Chine (Canton).

Trois progrès sont notables à cette époque :

1° la spécialisation des vaisseaux :

A partir de 1730, la politique de construction navale prend un tournant. Désormais, les vaisseaux sont construits en fonction de leur destination et des marchandises transportées. Vers la Chine, les navires sont très résistants et à faible tirant d’eau car les risques sont grands au passage des détroits de la Sonde.En 1733, la compagnie française des Indes orientales détermine deux classes de navigation :

- 400/500 tonneaux à destination de la Chine et du Bengale, puis ces navires connaissent une augmentation du tonnage jusqu’à 1300 tonneaux en 1774/75.

- 200 tonneaux pour les routes de la traite négrière.

Vers 1760, les vaisseaux sont véritablement spécialisés pour le voyage de Chine, à l’exemple du Beaumont de 900 tonneaux, construit en 1762, qui fit quatre voyages vers Canton pour le compte de la Compagnie française des Indes orientales.

2° les progrès de la cartographie et de l’hydrographie.

On met au point des cartes et des plans des mers du sud. Par exemple, un hydrographe travaille sur le vaisseau L’Amphitrite.

3° la formation des équipages.

Celle-ci se développe. Cependant, cela reste une formation des officiers par la pratique : ils sont embarqués jeunes comme pilotins sur le navire de


quelque personne de la famille. Ex : Alain Dordelin (ou Joseph Mosneron étudié par O. Pétré Grenouilleau).

Conclusion.

Les marins des compagnies des Indes étaient de très grands marins car les voyages étaient très aléatoires. Sur les 534 navires de la compagnie française des Indes orientales, seuls 69 firent naufrage.


Outils et méthodes de navigation au XVIIIème siècle, par le capitaine de vaisseau J.Y. Béquignon.

- La sonde à main apparue au VIème siècle,- Le compas depuis le XIIème siècle,- La carte dès le XIIIème siècle,- Le sablier (de 30 minutes et de 30 secondes) depuis le XIIIème siècle,- Les tables de déclinaison dès le XIIIème siècle,- Le loch à bateau,- Le bâton de Jacob apparu au XVIème siècle,- Le quadrant au XVIIIème siècle,- L’octant à partir de 1731.

On navigue à la sonde, à l’estime (détermination d’un cap plus ou moins 10° d’erreur et une vitesse plus ou moins fausse de 10% : au bout d’une heure, le bateau est dans un cercle d’estime d’un mille nautique d’où l’obligation de recaler sa position), grâce à la latitude déterminée.

Regards européens sur l’Orient :

entre pittoresque et stéréotypes.

Conférence donnée le 14 octobre 2011 par Véronique Grandpierre IA-IPR, Danielle Cotinat IA-IPR et Claude Robinot.

Introduction.

Au XIXème siècle, l’Europe redécouvre l’Orient.

Mais quelles sont les limites géographiques de cet Orient ? Selon V. Grandpierre, pour les hommes du début du XIXème siècle, l’Orient est avant tout inscrit dans les frontières de l’Empire ottoman : du Maroc aux confins de l’ancienne Perse.

Quelles connaissances a-t-on de l’Orient au XIXème siècle ?

- Celles de l’Antiquité, des Grecs et des Romains, connues par une élite formées aux Humanités,Ex : Hérodote livre une perception grecque des Perses qui est dévalorisante.Diodore de Sicile donne la vision d’un Orient fascinant et cruel à travers les descriptions de Sardanapale ou des Jardins de Babylone,.

- Celles héritées du christianisme, religion d’origine orientale,- Celles liées aux grandes redécouvertes telles que la tombe

de Toutankhamon, la porte d’Ishtar à Babylone, les représentations de génies bénisseurs comme les « caribum » (chérubins) ou des taureaux androcéphales.

Ces connaissances exercent une influence sur les Arts en Europe :

- La peinture orientaliste,Ex : G.A. Rochegrosse, La Fin de Babylone vers 1890.

- L’opéra,


Ex : l’opéra de Rossini, Sémiramis créé en 1827 et dont les costumes pour les représentations en 1860 sont fortement influencés par cet Orient redécouvert.Le personnage de Sémiramis est inspiré par la reine Sammuramat, « aimée du ciel » « mon nom est haut », ayant régné vers 810 BC.

Comment rêve–t-on l’Orient ?

La presse rapporte les grandes découvertes archéologiques de l’époque ce qui suscite de rêves :

- De désert, d’oasis, de jardins antiques près de palais,- De lieux magiques, inspirés par les horoscopes babyloniens,

les « magum » perses (à l’origine du mot magie),- De pays de richesses : les tombes de Toutankhamon, les

tombes royales d’Ur,- De monde sauvage dominé par un roi chasseur et guerrier

présent sur les bas-reliefs des monuments égyptiens (l’épigraphie est une science nouvelle). Il en ressort une impression de cruauté des rois assyriens et néo babyloniens : c’est l’image de Sardanapale présente chez Delacroix. La Bible joue son rôle dans la construction de cette image : c’est Babylone, la mère des prostituées et des abominations,

- Des femmes de pouvoir à la personnalité envoutante(ex : Sémiramis, Cléopâtre, femmes de pouvoir) : les plaques retrouvées lors de campagnes archéologiques montrent des femmes nues ce qui est en total contradiction avec les mœurs européennes de l’époque (une image de la luxure mais aussi de la transgression d’un interdit moral qui séduit certains).

L’Orient est ainsi perçu comme le négatif de l’Occident au XIXème siècle.

Images d’Orient, par D. Cotinat et Claude Robinot.


L’Orient traverse courants artistiques et picturaux du néoclassicisme, avec Ingres, jusqu’aux avant-gardes comme l’impressionnisme. Mais leurs apports et leurs utilisations sont différents.

Au XIXème siècle, une première vision nous est livrée par Victor Hugo dès 1828, dans la préface des Orientales.

D’autres images sont véhiculées par les tableaux d’Eugène Delacroix,

- La Barque de Dante, 1822,- La Grèce sur les ruines de Missolonghi, 1826,- La mort de Sardanapale, 1827, inspirée par Byron,- L’Entrée des croisés à Jérusalem, 1841,- La Lutte de Jacob et de l’Ange, 1861.

Eugène Delacroix entame un voyage en Orient en janvier 1832 (jusqu’en juin de la même année). Il se rend au Maroc et trois jours à Alger dans le cadre d’une mission du duc de Mornay. Il en rapporte des carnets contenant des croquis et ses impressions. C’est pour lui « la nature primitive ».

Ce faisant, il s’inscrit dans une habitude nouvelle : le voyage en Orient qui tend à remplacer le voyage en Italie ou le « Tour » des Anglais.

Cette influence de l’Orient se rencontre aussi lors de la visite des musées ou encore, dans le prêt d’objets entre connaissances, objets rapportés de voyages (ex : vêtements sur le modèle des tableaux) : les photographies prises de l’intérieur de la demeure de Pierre Loti sont pour cela révélatrices. Notons au passage les ouvrages de Pierre Loti, Le Désert, Jérusalem, La Galilée.

Chez les peintres, l’utilisation des couleurs est importante pour rendre l’Orient s’y ajoute une idée du raffinement dans les vêtements orientaux chez Delacroix notamment, à l’instar de Les Femmes d’Alger dans leur appartement.

Les stéréotypes continuent avec le courant pictural des Pompiers : J. Léon Gérôme peint l’Orient mais il installe ses scènes dans des décors modernisés.

Ex : Femmes de Fellah allant puiser de l’eau à Médine el Fayoum, d’après une photographie du beau-frère du peintre, vers 1868.Compte-rendu des Rendez-vous de l’Histoire, 2011,Arnaud Fiault.

L’image de l’Orient véhiculée est aussi celle d’artistes orientaux,

- Osman Hamdi Bey, Marchands de tapis persans dans la rue, 1888, peintre ottoman, élève à Paris de L.J.Gérôme,

- Le prince Abdulmecid, Beethoven au Harem, 1900.

Une Société des peintres orientalistes français est fondée en 1893 puis captée par la Société coloniale des artistes français fondée en 1908.

Enfin, le XXème siècle nous offre une image de l’Orient toujours aussi pittoresque ou stéréotypée :

- Matisse, Vue sur la baie de Tanger, 1911 ; La Palme, 1912 ; Odalisque,

- Kandinsky, après un voyage de trois années, offre une image de Tanger avec Improvisation III,

- Klee, Ville arabe, 1922, après un voyage en 1914,- Picasso, Femme d’Alger, 1954.


Pour une définition de l’Orientalisme, par Claude Robinot.

« Le voyage, c’est l’atelier de l’orientaliste », Christine Peltre.

Gustave Flaubert, Salammbô, et Ph. Druillet, Salammbô (B.D.).


Orientalisme des représentations.

Un Orient visité, étudié, décrit. Un Orient imaginé et reconstruit.Diplomates

Militaires

Voyageurs

Religieux

…Orient créé et dominé par

l’Occident

Thèse d’Edward Saïd

Orient ouvert

Orient combattu Orient colonisé

Orient sous influence

Début XIXe siècle

Catalogue de l’exposition, L’Orientalisme en Europe de Delacroix à Kandinsky, exposition à Paris en 2010,

Sur le site de la B.N.F., Le Voyage en Orient,

Edward W. Saïd, L’Orientalisme,

A venir, une exposition au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme intitulée Les Juifs dans la peinture orientaliste (fin 2011 ou début 2012).

Pistes pédagogiques.

Je livre à votre réflexion quelques propositions pédagogiques tirées de trois conférences et regroupées après ces exposés plus universitaires afin que le propos reste clair.

Nota Bene : Certaines ont été détournées de leur application première afin de correspondre aux programmes d’enseignement des lycées professionnels. C’est le cas de cette 1ère proposition pédagogique présentée dans le cadre du programme d’Histoire de 6ème (au choix un monument de l’Egypte ancienne dans le sujet L’Orient ancien) et qui devient une piste possible de séquence d’enseignement en Histoire des Arts en 3ème DP6.

Les Pyramides de Guizèh par Claude Robinot.

1° un monument démystifié de nos jours :

Avec comme supports : des photographies actuelles tirées de manuels scolaire de géographie,

2° une intégration des pyramides à l’imaginaire européen :

L.J.Gérôme,

Luc Olivier Merson, Le repos pendant la fuite en Egypte, 1880.

3° le temps des touristes (dans l’acception du « Grand Tour ») avant le percement du canal de Suez :

Photographie de J.B. Greene, Le Sphinx de Guizèh, 1854.

Les lettres de Maxime du Camp ou celles de Flaubert (qui relève un graffiti sur la grande pyramide !)


4° le temps des égyptologues :

Œuvre de Prisse d’Avesnnes,

5° l’acte fondateur : l’expédition napoléonienne :

Tableau d’A. Jean Gros.

L’Orient et leurs récits.

Atelier-conférence par F. Barrié IEN Lettres-Histoire-Géographie de l’académie de Limoges et M. Couronnet PLP Lettres-Histoire-Géographie de l’académie d’Orléans-Tours.

Orient rêvé, Orient observé.

2 objectifs pédagogiques :

- Une présentation de regards croisés : la problématique de la rencontre avec l’Orient. Des récits multiples.

- Des pistes pédagogiques autour de séquences

Plan en trois parties :

- Un cadrage des programmes,- Des axes de travail,- Des séquences/séances de 2nde pro et 1ère pro.

Les programmes.

- En 2nde pro, « Voyages et Découvertes » en Histoire- En 2nde pro, « Des goûts et des couleurs » et « Parcours de

personnages » en Français,- En 1ère pro, « Du côté de l’imaginaire »,- En Terminale pro, « Identité et diversité ».

Axes et pistes de travail.

4 horizons d’attente historiques et littéraires du proche au lointain :

- Le Levant méditerranéen sous domination turque,Compte-rendu des Rendez-vous de l’Histoire, 2011,Arnaud Fiault.

- Le Proche-Orient et le Moyen-Orient (croissant fertile),- Les Indes orientales et les Moluques,- L’Extrême-Orient, Cathay et Cipango.

Ainsi, il existe des Orients qui ne correspondent pas à l’Orient cardinal.

3 motivations de voyage :

- Explorer (cartographie, sciences naturelles…)- Exploiter (s’enrichir, échanger, contrôler…)- S’engager (militants, écrivains voyageurs comme Blaise

Cendrars ou André Malraux ; missionnaires ; journalistes reporters comme Tintin ou Joseph Kessel ; diplomates comme Paul Claudel, Victor Segalen ou Saint-John Perse).Ex : J. Kessel écrit un livre sur l’Afghanistan et un autre en 1957 sur Macao et les trafics d’opium.

5 variations de récits :

- Relations de voyage terrestres ou maritime au temps des découvertes de 1498 (concordance entre la chute de l’empire mongol donc la baisse de trafic sur les routes terrestres et l’arrivée de Vasco de Gama à Calicut) et 1616 (passage du Nord-ouest trouvé par Baffin).

- Les disciplines scientifiques depuis le temps des Lumières de Cook à Amundsen : journaux et mémoires,Ex : l’Ecossais Colin Mackenzie cartographie certains territoires en Inde (en ligne sur le web),

- Les œuvres littéraires suscitées par les voyages de découverte,Ex : les poèmes épiques comme les Lusiades, les narrations fabuleuses, le modèle éducatif (Voltaire, Montesquieu), les récits philosophiques (Montesquieu).

- L’Orientalisme du XIXème siècle : de l’expédition napoléonienne de 1798 jusqu’au percement du canal de Suez en 1869, en passant par le philhellénisme né de la libération de la Grèce en 1830. Ce sont les sources romantiques de l’ailleurs ; par exemple, la découverte de la Perse védique, le déchiffrement de fragments de tablettes… font naître la quête initiatique d’un ressourcement intérieur, des désirs de transgression des valeurs occidentales, des fantasmes de volupté et de cruauté (Les Mille et Une Nuits traduites par Antoine Galland au XVIIIème siècle, le bain turc…),


- Les interprétations artistiques : l’Orient peint de A. Gros à Matisse ou l’Orient musical de Mozart (L’Enlèvement au sérail, la Marche turque) à Messiaen en passant par Rimski Korsakov (Shéhérazade).

2 croisements pédagogiques :

- Histoire et Histoire des Arts : Arts, mémoire, témoignages et engagements ; les programmes de CAP et de Bac pro.

- Littérature et Histoire des Arts : Arts, réalité et imaginaire ; Arts, société et culture ; programmes de CAP et de Bac pro.

Conclusion.

La confrontation avec l’Orient met en valeur l’évolution d’une chimère vers un discours rationaliste qui aboutit au multiculturalisme du XXIème siècle.

Avec l’Orient vécu, observé et imaginé : assiste-t-on à une fascination culturelle, une vogue esthétique ou un travail d’acculturation entre l’Orient et l’Occident dans le cadre désormais de la mondialisation ?

Pistes pédagogiques proposées par M. Couronnet.

1) En 2nde pro, une figure de grand voyageur est choisie : Fernand de Magellan.

Supports :

- La Relation de voyage de Magellan par Pigafetta, édition Chandeigne, 2010 et d’autres témoignages,

- Extraits des 1ères cartes des Moluques de Xavier de Castro,- Carte réalisée à partir des informations rapportées par

Magellan,- Tableau bilan de l’expédition de Magellan, extrait d’un

manuel d’Histoire-Géographie de 2nde pro.


C’est la figure du navigateur aventurier, figure archétypale qui peut être utilisée en Français dans le cadre du programme « Parcours de personnages ».

2) En Terminale, un travail croisant le programme de Français « Identité et Diversité » et celui d’Histoire des Arts est proposé.

Notons que les textes retenus sont du XIXème siècle tandis que les programmes préconisent une utilisation de textes du XXème siècle comme supports.

Exemple de structure de la séquence :

I- La recherche d’un ailleurs souvent idéalisé

Supports :

- E. Delacroix, Le Turc fumant, 1828 ; Femmes d’Alger dans leur intérieur,

- Victor Hugo, Les Orientales, 1829, la préface et « Clair de lune ».

Pour un travail sur le lexique, on s’appuiera sur :

- Paul Claudel, Connaissance de l’Est, « le Cocotier »,- Charles Baudelaire, « l’Invitation au voyage ».

On peut aussi utiliser des extraits du Dictionnaire des Idées reçues de Flaubert en parallèle d’une étude du tableau de Ingres intitulé La grande Odalisque, 1814.

II- La recherche du renouvellement de soi.

Support :

- Les Mots voyageurs de Marie Treps in Nathan Technique, Terminale pro.

III- Une aventure humaine et réflexive sur soi.


Supports :

- Journal de voyage d’Alexandra David-Neel,- Photographie de Pierre Loti chez lui à Rochefort,- Chronique japonaise de Nicolas Bouvier (extrait sur le sentô,

le bain public),- Poisson-scorpion de N. Bouvier pour montrer l’usure du

voyage,- Ecrivains et Artistes romantiques, de Théophile Gautier,

extrait en miroir de tableaux de Delacroix, La Mort de Sardanapale (1827) par exemple.

L’Orient craint, fantasmé, oublié ?

Atelier-conférence de Nicole Lucas et Vincent Marie.

L’histoire culturelle des représentations forme le contexte historiographique de cet atelier.

L’Egypte, un Orient fantasmé par Vincent Marie.

Le conférencier traite de la nécessité d’étudier et d’enseigner la fabrique d’un imaginaire de l’Egypte aux XXème-XXIème siècles. Le niveau d’enseignement privilégié est le collège. Bien entendu, rien n’interdit de s’inspirer de sa démarche et de ses supports pour d’autres niveaux d’enseignement au lycée professionnel.

La démarche retenue est une enquête à travers la bande dessinée à l’instar de la méthode historique d’Hérodote.

Support principal : Papyrus de Lucien Gieter, 31 albums, en particulier les volumes 7 à 24 faisant référence à des lieux de mémoire.

Que reste-t-il de l’Egypte ancienne dans les mentalités collectives en particulier celles des élèves ?

Une image portée par l’égyptologie, l’égyptomanie et l’archéologie.

Cette image relève d’une forme de mythologie contemporaine, mythologie écrite à la Roland Barthes (Mythologies).


L’histoire portée par la bande dessinée est « une histoire faite d’anomalies » (T. Groensteen). Mais elle est vecteur et/ou moteur de la construction d’une mémoire culturelle.

La démarche proposée est pluridisciplinaire : c’est un itinéraire culturel qui peut être envisagé tout au long de l’année :

- Il doit être contextualiser,- Il doit subir une mise à distance critique,- Il participe d’une approche esthétique : une relation

sensible avec la bande dessinée.

Cette fabrique de l’imaginaire s’appuie sur des sources héritées de :

- L’Egypte ancienne,- L’égyptomanie,- La liberté créatrice de l’auteur.

Ex : Une des couvertures d’album de Papyrus est une variante de l’affiche du film Cléopâtre de Robert Mankiewicz ; autre ex : Référence à Aïda de G. Verdi.

Est-on confronté à :

- Une histoire de l’Orient,- Une mémoire de l’Histoire,- Une réception de la mémoire de l’Histoire ?

Selon Vincent Marie, c’est avant tout une réception de l’Histoire dans une Histoire des Arts : l’Histoire des Arts a construit cette image/Histoire et l’a inscrit dans une dynamique temporelle empreinte de fascination.

Les aventures de Papyrus doivent être perçues comme « une histoire connectée à celle de l’Egypte ».

Ce type de démarche envisagé pour des classes de Bac professionnel peut s’appuyer sur d’autres supports de bande dessinée car Papyrus est à réserver pour un jeune public (11/12 ans) :

- Alix de Jacques Martin, notamment 3 albums en Egypte : Le Fleuve de Jade, Le Prince du Nil et Le Sphinx d’or. Les deux premiers volumes cités plus particulièrement.


- La Trilogie Nikopol d’Enki Bilal, permet d’ouvrir aussi sur le monde de demain et donc sur le programme de Français de 1ère Bac pro,

- Tintin de George Rémy (Hergé) en particulier Les Cigares du Pharaon. A noter, la parution récente d’une mise en perspective des aventures de Tintin reporter dans un numéro hors-série édité par Le Point et Historia : « Les personnages de Tintin dans l’Histoire. Les événements de 1930 à 1944 qui ont inspiré l’œuvre d’Hergé ». Il peut être source d’inspiration pour les programmes de Français de 2nde et de Terminale bac pro.

Et bien d’autres encore…

Venise et l’Orient, par Nicole Lucas.

Cette intervention croise les programmes d’Histoire de 5ème et ceux d’Histoire des Arts. En lycée professionnel nous ne garderons que cette 2ème entrée qui peut être mise en relation avec l’enseignement du Français à travers des œuvres telles que :

- Voyage à Venise de F. R. de Chateaubriand (1831), un extrait décrivant la place Saint-Marc par exemple,

- Venise de Paul Morand,- Les aquarelles de W. Turner…

Venise est un pont entre l’Orient et l’Occident : les palais vénitiens, en particulier les Palais des Doges, reflètent l’influence de l’art musulman dans leurs motifs architecturaux. C’est une approche de l’histoire européenne et orientale connectée (concept d’Histoire connectée et non plus celui d’Histoire comparée). Les influences et les interactions se multiplient et dépassent le simple « récit national ».

La démarche peut prendre comme point de départ les quatre chevaux qui ornaient Constantinople au IVème siècle et qui furent rapportés en 1204 (expédition de la IVème Croisade). De même, l’influence orientale se retrouve dans le Trésor de Saint-Marc, en particulier un reliquaire ; ou bien encore, dans les liens existant entre des pièces de verrerie de Damas et de Murano (fin XIIIème-début XIVème siècle).


En sens inverse, G. Bellini, lors de son séjour à Constantinople en 1479/80, réalise un portrait du sultan qui avait été commandé par ce dernier. Cette piste pédagogique peut être prolongée par l’étude d’extraits du livre de Mathias Enard, Parles leur de batailles, de rois et d’éléphants.

Conclusion.

Ainsi, à travers l’appréhension de deux aires culturelles, Venise et Constantinople, hauts lieux de contacts et de métissages, on peut mettre en valeur les liens, les influences, les apports réciproques de mondes qui n’ont cessé pendant des siècles d’entretenir des relations complexes.


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