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Le Mémorial de Caen, 30 ans pour la Paix et la Mémoire

Joël BRUneAU Maire de caen

Président du MéMorial2

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En bientôt 30 ans d’existence le Mémorial est devenu l’une des plus importantes cités

de l’histoire contemporaine en Europe. Son savoir-faire comme son exigence culturelle,

pédagogique ou scientifique sont aujourd’hui internationalement reconnus.

L’idée initiale de Jean-Marie Girault d’expliquer la fragilité de la paix par l’histoire est

restée le socle de son développement. Dénoncer les guerres en expliquant leurs

mécanismes et leur brutalité est devenu, grâce à de très nombreuses collaborations

dans le monde et l’apport permanent des historiens, notre exigeante « marque de

fabrique ». La Ville de Caen soutient naturellement le Mémorial et accompagne son

développement. Tous les étés, elle accueille au sein de l’Hôtel de Ville des expositions

d’une grande qualité, organisées en partenariat avec le Musée. Ainsi, Tony Vaccaro nous

a propulsés au lendemain du Débarquement, aux côtés notamment de la 83e division

d’infanterie. Patrick Chauvel, lui, nous a apporté un nouvel éclairage sur la terrible

Guerre du Vietnam. Cette année, dans le cadre des 30 ans du Mémorial, nous avons

souhaité « ouvrir » les réserves du Musée au grand public et présenter des objets du

quotidien de la Seconde guerre mondiale : 30 objets hétéroclites, 30 objets chargés

d’histoire et d’émotion qui séduiront aussi bien les passionnés que les néophytes.

Cette exposition inédite est l’occasion pour la Ville de Caen d’affirmer son rôle de passeur

de mémoire et de Culture. Après son passage à l’Hôtel de ville, elle aura vocation à rayonner

dans toute la Normandie, préfigurant les prochaines célébrations du 75e anniversaire

du Débarquement et de la Libération.

30 oBJets inédits 30 Histoires eXcePtionnelles

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Le Mémorial a 30 ans. Déjà 30 ans !

stéphAne GRiMAlDi directeur général du MéMorial

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Écrire l’histoire pour nos musées, parcours ou expositions temporaires, passe par l’objet

et le document. L’objet rare et recherché est celui qui raconte une histoire ou celui qui

la complète. C’est l’objet qui permet à l’historien de donner une vérité à son propos.

C’est le document qui éclaire et qui apporte un autre regard sur l’histoire.

Car l’histoire n’est jamais définitivement écrite. L’autre regard ou tout simplement la

découverte d’une source ou d’un fait occulté ou oublié permet d’avancer, c’est-à-

dire de comprendre. Le Mémorial s’est donné cette mission. Permettre à ses visiteurs

d’apprendre et donc de comprendre. Donnez les clefs d’une histoire complexe à celles

et ceux qui veulent savoir. Savoir d’où nous venons et qui nous sommes. Savoir ce qu’est

l’humanité en guerre et ce qu’est le prix de la paix. Savoir regarder un objet en sachant

imaginer son importance. Savoir lire un document en le plaçant dans son contexte.

Cette exposition est donc un clin d’œil à l’histoire du Mémorial et à ses 30 ans.

La sélection des objets et documents présentés parmi une collection sans cesse

enrichie de plus de 10 000 objets et plus de 35 000 documents fut assez simple.

Là encore nous avons voulu raconter une histoire. Notre histoire.

Celle de la Normandie occupée et en guerre. Celle d’une bataille terrible qui a marqué

cette terre et ses habitants.

30 oBJets inédits 30 Histoires eXcePtionnelles

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Le 10 mai 1940, la Wehrmacht attaque simultanément les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. Le 13, les panzers de Guderian franchissent la Meuse dans la région de Sedan, traversent les Ardennes puis remontent vers la mer, prenant les armées alliées au piège. Le front établi le long de la Somme et de l’Aisne craque le 5 juin. Après avoir marqué un temps d’arrêt au sud de Chartres, le comman-dement allemand envoie des divisions blindées vers l’Ouest pour s’emparer des ports de Cherbourg et de Brest.

Les premiers éléments de la Wehrmacht arrivent dans le sud du Calvados le 17 juin. Le commandement français reconstitue une ligne d’arrêt passant par Caen, Vire et Avranches pour protéger la péninsule du Cotentin et son port militaire. Mais la 7e Panzer Division du général Rommel contourne le fragile dispositif et fonce vers Cherbourg, qui tombe deux jours plus tard.

LA DIVISION FANTÔME PREND CHERBOURGBloUson cRoisé De tAnkiste AlleMAnDcollection MéMorial de caen

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14 juin 1940. Les Allemands entrent dans Paris. Le spectre du désastre militaire se profilant à l’horizon plonge le gouverne-ment français dans un profond désarroi. Cependant, le maréchal Pétain, l’homme fort du moment, veut mettre un terme aux combats et éviter une capitulation pour sauver l’honneur de l’armée française. Le président du Conseil, Paul Reynaud, favo-rable à la poursuite de la lutte aux côtés de la Grande-Bretagne, est contraint à la démission. Pétain lui succède deux jours plus tard. Le 17, il s’adresse à la nation par radio pour annoncer que des pour parlers d’armistice sont engagés. Il ordonne aux troupes françaises de cesser le combat.

Dans l’après-midi du 21 juin, la délé-gation française menée par le général Huntziger se rend dans la clairière de Rethondes, dans le wagon même où le

maréchal Foch a reçu les émissaires allemands le 8 novembre 1918. Le lieu a été imposé par A. Hitler pour laver l’humiliation. Il remet un exemplaire des « conditions allemandes » et se retire. Les autorités françaises tentent d’as-souplir les clauses, mais les Allemands sont inflexibles. Le 22 juin à 18h50, la convention d’armistice est signée.

UN MÊME WAGON POUR DEUX ÉPILOGUESVAReUse De GénéRAl De DiVision De l’ARMée fRAnçAise et JoURnAl De RoUen AnnonçAnt l’ARMisticecollection MéMorial de caen

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Pendant l’entre-deux-guerres, Pétain, le vainqueur de Verdun, incarne la Victoire et devient une légende vivante. En déclarant faire « don de sa personne à la France pour atténuer son malheur », l’homme de 84 ans devient pour l’im-mense majorité des Français leur ultime recours, le sauveur capable de protéger le pays des méfaits de l’occupation.

Son entourage proche organise un véritable culte autour de sa personne à grand renfort de propagande. Dès lors, l’image du Maréchal magnifié pénètre dans les foyers sous les formes les plus diverses. À côté des bustes et des médailles, son effigie et les attributs de son pouvoir sont reproduits sur une multitude d’objets. Ses préceptes et ses

discours sont repris dans la presse, sur les affiches, dans les ouvrages et jusque sur les cahiers d’écoliers.

Dans les livres, Pétain est glorifié et devient l’un des personnages majeurs de l’histoire de France. Des jeux et des abécédaires permettent de propager les idées et les valeurs de la « Révolution nationale » auprès de la jeunesse. Lors de ses voyages officiels, les artisans confec-tionnent des objets à son effigie dans des matériaux nobles, comme ce portrait sur soie confectionné en 1941 à l’initiative de la chambre syndicale des tissus et matières textiles de Saint-Etienne.

LE CULTE DU MARÉCHALpoRtRAit sUR soie DU MARéchAl pétAin Assiette en poRcelAine De liMoGestheRMoMètRe à l’effiGie DU MARéchAlcollection MéMorial de caen

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L’évidence de l’occupation ne tarde pas à s’imposer aux Françaises et aux Français. Les premières directives de l’administra-tion militaire allemande sont rapidement mises en œuvre. Les casernes, les hôpi-taux, les bâtiments publics et les hôtels sont occupés. Des chambres sont réquisitionnées pour loger les officiers et les soldats. Les rues se hérissent de panneaux routiers en allemand et les lieux de divertissement comme les cinémas sont réservés à la troupe. Les Kommandanturs, lieux de pouvoir des forces d’occupation, s’installent sur toute l’étendue du territoire occupé.

Une grande partie des forces militaires allemandes est cantonnée en France en vue de l’invasion de l’Angleterre. L’ouverture de nouveaux fronts en 1941 entraîne le départ d’un grand nombre de divisions. Elles sont remplacées par des

unités de réserve et de police. À partir du printemps 1942, des divisions éprouvées par les combats menés sur le front de l’Est sont envoyées en France pour se reposer et reconstituer leurs effectifs. En 1944, de nouvelles divisions sont envoyées en Normandie pour renforcer le dispositif défensif et s’opposer à un éventuel débarquement.

Le tableau présenté est la toute première pièce mise à l’inventaire des collections du musée en 1979. L’œuvre représente l’attaque d’un navire allié par une vedette lance-torpille allemande. Son auteur, l’Obergefreiter Lorenz, était artilleur au sein de la 323e division d’infanterie qui stationna dans la région de Caen entre avril 1941 et mars 1942.

LES DIFFÉRENTS TEMPS DE L’OCCUPATIONAlBUMs photo De solDAts AlleMAnDs stAtionnés DAns le cotentintABleAU peint pAR Un MARin De lA kRieGsMARinecollection MéMorial de caen

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À partir de l’automne 1940, plus d’un million et demi de prisonniers français, de tous grades, tous milieux et toutes professions, sont transférés en Allemagne. Ces hommes découvrent une existence que bien peu d’entre eux s’attendaient à vivre un jour.

Années d’exil forcé et de contraintes, ces années de captivité sont vécues diffé-remment selon les individus, les lieux

et les périodes. À défaut de s’installer dans la captivité, les prisonniers tentent de s’en accommoder. Ils réservent une place de tout premier ordre aux activités artistiques, culturelles et manuelles pour combattre le désarroi moral qui s’empare des camps. Chacun apporte à la collecti-vité son savoir-faire et son ingéniosité.

On ignore l’identité du prisonnier proprié-taire de ce banjo et de son lieu de détention, mais sa boîte de rangement fabriquée en 1943 dans son stalag en dit long sur le mal-être de son propriétaire et de ses compagnons d’infortune.

VAINCRE L’ENNUIBAnJo De pRisonnieR De GUeRRe et sA Boîte De tRAnspoRt collection MéMorial de caen

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Les Françaises et les Français subis-sent à une échelle sans précédent les restrictions. Le rationnement instauré pendant la « Drôle de guerre » s’aggrave pendant l’Occupation et place le niveau alimentaire au-dessous du minimum nécessaire. Les réquisitions allemandes renforcent la pénurie, qui règne dans tous les domaines (vêtements, chauf-fage, essence, médicaments…). Se nourrir reste la préoccupation principale des populations, surtout en ville.

Chacun déploie des trésors d’ingéniosité pour tenter de résoudre les problèmes de ravitaillement. Si le système D ne suffit pas, les produits de substitution – les « Ersatz » - permettent d’améliorer le quotidien. Bien qu’interdit par la loi, le marché noir devient un complément

indispensable. Largement pratiqué entre les villes et les campagnes, il reste cependant le privilège des plus aisés, tant les prix sont élevés. Les civils recourent également au troc et à l’échange solidaire moins coûteux et moins dangereux.

VIVRE ET SURVIVREBARAtte à BeURRe confectionnée DAns Une Boîte De conseRVeeRsAtz De chAMBRe à AiR De VélochAUssURes De feMMe collection MéMorial de caen

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Originaire de Caen, Henri Brunet est affecté au 6e régiment du Train en septembre 1939. Rendu à la vie civile pour raison de maladie, il s’installe à Caen comme graveur-imprimeur. Dès les débuts de l’Occupation, les Allemands font appel à lui pour tirer des plans mili-taires. Brunet, qui a intégré le groupe de résistance « Vengeance », tire un double des documents. Grâce à son action, les services de renseignement de la France libre possèdent ainsi les plans détaillés des défenses des côtes normandes au début de l’année 1942.

Mais, les Allemands resserrent progres-sivement leur surveillance. En février 1942, Brunet est arrêté avant d’être relâché faute de preuves. Le réseau est infiltré les mois suivants. Il est arrêté avec plusieurs autres membres en novembre et condamné à mort. Son épouse tente

en vain d’obtenir sa grâce. Le 20 septembre au matin, Henri Brunet est fusillé au fort d’Ivry. Il laisse une lettre d’adieu, recom-mandant à ses enfants de « ne jamais transiger avec le devoir, l’honneur et la pureté. » Déclaré « Mort pour la France », il sera fait chevalier de la Légion d’Honneur et recevra la Médaille de la Résistance. Son uniforme, conservé par son fils, a rejoint les collections du Mémorial de Caen en 2016.

LA MORT D’UN PATRIOTE VAReUse et képi DU RésistAnt cAennAis henRi BRUnet collection MéMorial de caen

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Élève de Seconde au lycée Malherbe de Caen, Jacques Sabine s’engage dans la Résistance sans en parler à sa famille. Membre des FTP (Francs-tireurs et Partisans), il note les mouvements des navires dans le port de Cherbourg, parti-cipe à des actions de sabotage, dérobe de l’essence et des munitions dans des entrepôts.

Arrêté le 23 février 1943 avec plusieurs camarades de classe, il est emprisonné à la maison d’arrêt de Caen, puis à Paris. Le jeune étudiant tombe sous le coup de la directive Nacht und Nebel (nuit et brouillard). Il est déporté au camp de concentration d’Hinzert près de Trêves le 13 mai 1943. Après une tentative d’éva-sion, il est incarcéré à la prison d’Oels puis transféré à l’infirmerie de Breslau où il décède le 18 août 1944 des suites de mauvais traitements. Sa famille apprendra sa mort le 4 mai 1945. Il sera

décoré à titre posthume de la Médaille militaire, la Croix de guerre 1939-1945 et la Médaille de la Résistance.

Comme la plupart des résistants arrêtés dans le Calvados, Jacques Sabine redoute les hommes du Sipo SD installés à Caen dans la maison du Dr Pecker (médecin juif résistant déporté), 44, rue des Jacobins. Ce nerf de bœuf a été retrouvé à la libéra-tion dans les ruines de l’habitation.

NUIT ET BROUILLARD poRtRAit, citAtion et DécoRAtions De JAcqUes sABineneRf De BœUfcollection MéMorial de caen

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Le réseau de résistance « Zéro France », issu d’un réseau belge, s’est étendu progressi-vement dans le Nord de la France puis en région parisienne. La branche normande opère dans le secteur de Dives-sur-Mer.

Sous la direction du pharmacien Aimable Lepeu, la marchande de cycles Louise Cardelec et une cinquantaine d’agents mènent des actions de renseignement, aident les réfractaires du STO (Service du Travail Obligatoire) et organisent l’exfil-tration d’aviateurs alliés.

En mars 1944, 24 membres du groupe sont arrêtés par le Sipo-SD. Louise est internée à la maison d’arrêt de Caen avant d’être transférée au Fort de Romainville. Elle est envoyée au camp de concen-tration de Ravensbrück. Libérée en mai 1945, elle revient à Dives-sur-Mer avec ses effets de déportée.

Louise a donné de son vivant au Mémorial de Caen une veste de déportée en 1982. Trente-deux ans plus tard, sa petite-fille achevait sans le savoir l’œuvre de trans-mission de la mémoire de sa grand-mère en donnant au musée ses deux autres tenues de déportée.

MATRICULE 4213tenUe De DépoRtée De loUise cARDeleccollection MéMorial de caen don l. cardelec / c. Peulvey

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Ces opérateurs et opératrices radio clandestins sont chargés de délivrer les informations venues de Londres et d’Alger et de transmettre aux centrales de renseignements (SOE, OSS, BCRA) des renseignements d’ordre militaire ainsi que les demandes logistiques via des messages codés. Ces agents sont formés en Grande-Bretagne. Par sécurité,

les « pianistes » sont isolés autant que possible des réseaux. Ils doivent respecter des règles de sécurité très strictes : respect des horaires de transmission, séparation et limitation de la durée des vacations radio, changement des fréquences, des indica-tifs et des lieux d’émission.

Ils sont équipés de postes radio émetteurs-récepteurs fabriqués en Grande-Bretagne et parachutés en France. Il s’agit ici d’un poste 3 MkII ou B2. Entré en service en 1943 ; il pèse 15 kg et peut être séparé en trois éléments, ce qui facilite sa dissimu-lation et son transport.

Maillons essentiels de la Résistance, ces spécialistes sont traqués par les forces de Vichy et les Allemands. Une seule émis-sion peut permettre à l’ennemi de les repérer grâce aux procédés de triangula-tion et de radiogoniométrie. En 1944, cinq minutes sont suffisantes pour localiser un lieu d’émission. Si 25 % des opéra-teurs radio sont arrêtés, le trafic radio progresse de manière fulgurante. Les 135 stations clandestines opérant dans l’hexagone jouent un rôle déterminant dans les préparatifs du Débarquement.

LES PIANISTESposte éMetteUR-RécepteUR clAnDestin 3 Mkiicollection MéMorial de caen

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Conçu par des ingénieurs militaires britanniques sous la direction du major général Hobart, le char Sherman Duplex Drive (DD) a pour mission de fournir un appui rapide et efficace à l’infanterie pendant les opérations amphibies. Une jupe en toile et deux hélices permettent à un blindé de 30 tonnes de flotter et d’évo-luer en pleine mer… par temps calme.

Le 6 juin au matin, des chars de ce type sont déployés sur les différents secteurs de plages. Sur Omaha, l’état de la mer et le courant sont fatals à 27 chars amphibies qui coulent à pic avec leurs équipages. Les rescapés subissent les canons allemands. Sur Gold, les chars DD sont débarqués directement sur la plage sans encombre et participent à la réduction des positions fortifiées. Sur les

plages de Juno et d’Utah, la mise à l’eau est réussie, mais les chars arrivent après la première vague d’infanterie.

Une fois à terre, les chars amphibies accompagnent l’infanterie à l’intérieur des terres. Dès que cela leur est possible, les équipages démontent les jupes et les hélices propulsives désormais inutiles. Cette hélice en bronze retrouvée dans un champ non loin de Douvres-la-Délivrande est un vestige du passage d’un char canadien du Fort Garry Horse.

UN VESTIGE INCONGRUhélice De chAR AMphiBie sheRMAn DD RetRoUVée DAns les teRRes DAns le secteUR De swoRD BeAchcollection MéMorial de caen

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La Life Preserver Belt est mise au point par l’armée américaine en 1926 pour permettre aux combattants de se maintenir à la surface de l’eau. Elle peut être gonflée automatiquement en vidant deux petites bouteilles de dioxyde de carbone, ou par gonflage manuel via des embouts. Elle équipe tous les soldats américains débar-quant sur Utah et Omaha le 6 juin 1944.

Portée normalement autour de la taille, cette ceinture peut se révéler mortelle quand le poids du matériel est concentré au niveau des épaules comme en témoigne un maître d’équipage de l’US Navy à Omaha : « J’ai vu des corps de soldats dont les fesses sortaient de l’eau parce que leur ceinture de sauvetage se trouvait autour de leur taille et non autour de leur poitrine, ce qui les a empêchés de remonter à la surface lorsqu’ils sont rentrés dans l’eau profonde et qui, par conséquent, se sont noyés ». Pour pallier ce risque, les GI’s expérimentés fixent leur ceinture avec des cordelettes pour la maintenir sous les aisselles.

Une Ceinture de sauvetage... mortelleceintURe De sAUVetAGe AMéRicAine M-1926 (life pReseRVeR Belt)collection MéMorial de caen

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Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, des aumôniers militaires armés uniquement de leur foi sautent sur la Normandie avec les troupes aéroportées tandis que d’autres s’apprêtent à débarquer avec l’infanterie d’assaut sur cinq plages normandes. Sur Gold, un Chaplain britannique décide de célébrer une messe pour réconforter les soldats. Il demande à un artilleur, un pianiste confirmé, de prendre place derrière son harmonium et d’interpréter Abide with me, un hymne chrétien, écrit en 1847 par l’anglican Henri Francis Lyte, connu de chaque sujet de Sa Gracieuse Majesté.

Dans nos combats, au sein de la détresse, Si l’ennemi nous accable de coups Que ta puissance arme notre faiblesse : Reste avec nous, Seigneur, reste avec nous !

LES HOMMES DE DIEU EN PREMIÈRE LIGNEhARMoniUM poRtAtif BRitAnniqUecollection MéMorial de caen

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Dans la nuit du 3 au 4 mai 1944, un bombardier Lancaster du Squadron 207 de la RAF est abattu par la DCA alle-mande du côté d’Egreville. Cinq membres de l’équipage sont tués dans le crash de l’avion. Le pilote et le mitrailleur Ronald T. Emeny, gravement brulé au visage, sont pris en charge par un groupe de résistants auquel appartient Lucien Tripot. Ils sont transportés à la ferme des parents de Lucien où ils restent une dizaine de jours.

Le sergent Emeny est soigné par un médecin de Château-Renard, avant d’être rapatrié. L’aviateur britannique reste caché un mois au domicile du docteur le temps de sa convalescence. Il est conduit à Paris et mis en contact avec le Réseau Comète qui l’aide à gagner l’Espagne.

Emeny rendra visite à son sauveur, après la guerre. Lucien veut lui redonner sa voilure de parachute, mais Emeny lui demande de la conserver en souvenir. Paulette, sa fiancée, va s’en servir pour confectionner sa robe de mariée. La cérémonie a lieu le

24 septembre 1947. Les deux hommes se sont revus chaque année jusqu’à la mort de Ronald en 2002. En septembre 2007, pour leurs noces de diamant, les époux Tripot ont retrouvé la robe exposée à la mairie de Villemandeur (Loiret). Lucien est décédé en 2012.

Dans nos combats, au sein de la détresse, Si l’ennemi nous accable de coups Que ta puissance arme notre faiblesse : Reste avec nous, Seigneur, reste avec nous !

UNE LONGUE AMITIÉRoBe De MARiée en toile De pARAchUtecollection MéMorial de caen

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Les bombardements et les combats contraignent des milliers de Normands à quitter leurs foyers. Ils se jettent sur les routes à pied, en vélo, en voiture à cheval, et poussant des brouettes ou des landaus surchargés.

Si la majorité des départs se font spon-tanément, d’autres font suite à un ordre des autorités allemandes. Les colonnes de réfugiés suivent des itinéraires fixés par les autorités administratives de Vichy via les préfectures. Des structures d’ac-cueil et de ravitaillement sont mises en place le long des itinéraires, tandis que la Croix-Rouge, le Secours national, les municipalités et certains habitants tentent de soulager les souffrances des popula-tions. Les réfugiés poussent toujours plus au sud et atteignent la Vendée, le Massif central, voire le Lot ou le Tarn.

Les premiers retours commencent en août. Ils se prolongeront jusqu’en juin 1945. Ces départs, spontanés ou organisés, vont concerner près de 150 000 personnes.

Le 7 juin 1944, les bombes alliées écra-sent le centre-ville de Lisieux. Une habitante met son enfant dans une pous-sette et part se réfugier à la campagne. La poussette reprendra du service après la guerre puis elle sera pieusement conservée en souvenir de cet exode.

1944, UN NOUVEL EXODEpoUssette D’enfAntcollection MéMorial de caen

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En quelques semaines, la population normande voit arriver des milliers de soldats de différentes nationalités. Des camps, des dépôts, des parcs de véhicules, des aérodromes sortent de terre. La popu-lation doit apprendre à cohabiter avec ces hommes et ces femmes venus d’ailleurs, avec leurs modes de vie et de pensée, mais aussi leur organisation militaire très différente de celle des Allemands.

Si les unités combattantes ne font souvent que passer, les « unités de soutien » vont

rester plusieurs semaines, voire des mois entiers autour des ports, des plages et des axes de communication. Si des liens d’amitié sincères se tissent entre les individus, la présence des armées alliées perturbe fortement la vie de la popula-tion. Les comportements inappropriés, le marché noir, la barrière de la langue et le choc des cultures vont générer des tensions que le temps finira par effacer.

L’album photo présenté a appartenu à un homme du 518 th US Military Police Battalion qui a opéré sur Omaha et dans le secteur de Saint-Lô. Il a récupéré l’album d’un soldat allemand pour y placer les photographies de sa propre campagne. L’histoire du vainqueur a chassé celle du vaincu.

ÉTÉ 1944, DE NOUVEAUX ARRIVANTSAlBUM photo, cAsqUe, BRAssARD et sifflet D’Un Mpcollection MéMorial de caen

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Du 6 juin à la libération du Havre en septembre 1944, plus de trois millions de combattants alliés et allemands se sont affrontés en Normandie, cent jours durant. Les armées ont laissé de nombreuses traces matérielles de leur présence et de leur affrontement, qu’il s’agisse des ouvrages de béton et d’acier du Mur de l’Atlantique, des cicatrices laissées par les bombardements et les combats sur les bâtiments et autres monuments, ou encore des vestiges du port artificiel d’Arromanches. Des milliers d’objets aban-donnés ou perdus par les combattants dorment encore au fond des greniers, des caves et des granges. Certaines reliques guerrières sont pieusement conservées par les familles en souvenir d’un évène-ment tragique ou heureux.

Le sous-sol livre peu à peu ses secrets sous les coups de truelle et de pinceau des archéologues. Les anciens camps, les trous d’homme, les lieux de crash et les sépultures sont exhumés avec précaution, faisant progresser notre connaissance de la Bataille de Normandie.

Mais, plus surprenants encore sont les objets de guerre remontant des fonds marins, au gré des grandes marées et des tempêtes, plus de 70 ans après les évènements, comme ces émouvants objets recouverts de concrétions.

TRACES DE GUERREcAsqUe Mkii et MAsqUe à GAz BRitAnniqUecARcAsse De pAnzeRschRekcollection MéMorial de caen

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Les armées alliées possèdent des corps d’aumôniers issus du clergé, chargés de représenter les cultes catholique, protes-tant, anglican et juif. Surnommés « Padres », ces hommes répondent aux besoins spiri-tuels et religieux des combattants.

Ils procèdent aux célébrations religieuses, réconfortent les malades et les blessés, donnent les derniers sacrements aux mourants. Ils ont également la lourde charge de veiller à l’inhumation des corps. Ils disposent de valises contenant le nécessaire liturgique et d’orgues portatifs leur permettant de célébrer des messes en toute circonstance.

Cette valise a appartenu à un Chaplain canadien.

POUR LA PAIX DES ÂMESVAlise-chApelle D’AUMônieR MilitAiRecollection MéMorial de caen

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Au mois de juin, la progression des troupes alliées se réduit à peu de chose. Le bocage du Cotentin est une terrible surprise pour les soldats américains peu ou pas entraînés pour progresser dans un tel labyrinthe de champs clos, de chemins creux, de talus et de haies impénétrables propices à la guérilla et aux embuscades.

Privés du soutien de leur artillerie, de leurs chars et de leur aviation, incapables de repérer l’ennemi, les GI’s doivent s’en-terrer, respectant à la lettre ce principe de

précaution : Dig or Die (Creuse ou crève). Les soldats anglo-canadiens subissent pareille déconvenue devant Caen.

Les fantassins alliés doivent donc user de la pelle et de la pioche pour creuser les cavités au pied des talus afin de se protéger des obus et des snipers. Ils apprennent à creuser à genoux et en silence pour ne pas éveiller l’attention de l’ennemi. L’opération peut se répéter plusieurs fois par jour. Des jours durant, les hommes vivent recroquevillés sur eux-mêmes dans ces trous étroits (foxholes). Ils y mangent et s’y reposent en attendant de repartir en avant. En Normandie, la pelle est aussi importante que le fusil.

« DIG OR DIE ! » (CREUSE OU CRÈVE !)pelle pliAnte AMéRicAine et pelle-Bêche inDiViDUelle BRitAnniqUecAsqUe AMéRicAin tRAnspeRcécollection MéMorial de caen

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Le 21 août 1944, jour de la fermeture de la proche de Falaise, plus de 250 000 soldats allemands ont été capturés par les Alliés. La grande majorité est envoyée en Grande-Bretagne, mais les capacités de détention étant rapidement dépassées, les prisonniers de guerre allemands restent en France pour servir de réservoir de main-d’œuvre. Ils sont cantonnés dans des conditions précaires dans de grands camps comme celui de la Glacerie qui abrite 28 000 prisonniers en mai 1945. Ils sont principalement affectés au déchargement des navires dans le port de Cherbourg, à la remise en état des voies de communication et au démi-nage. L’administration française obtient qu’une partie des « PG » allemands soit mise à sa disposition pour participer à la reconstruction du pays. Le camp de

travail de la Glacerie est fermé en octobre 1946. Les cabanes sont alors brûlées, les matériels récupérés ou vendus et les terrains nivelés au bulldozer.

Les objets présentés ont été récupérés lors de la fouille archéologique du camp menée en 2009. Ils permettent d’appré-hender les conditions de vie misérables des prisonniers. Le carnet de dessin d’un de ces prisonniers a été acheté en 2016.

L’OCCUPANT AU SERVICE DE L’OCCUPÉeffets RetRoUVés sUR le site DU p.w.l.e. 112 (pRisoneR of wAR lABoUR enclosURe) De lA GlAceRiecARnet De Dessin D’Un pRisonnieR AlleMAnD DU cAMp De lA GlAceRiedéPôt inraP / MéMorial de caen

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Pendant la bataille, les armées mettent en place des chaînes de traitement sani-taire pour prendre en charge les malades et les blessés. Les Alliés installent des hôpitaux provisoires en rase campagne.

Les blessés graves sont transférés en Angleterre par voie de mer ou par avion. Les antibiotiques révolutionnaires comme la pénicilline et la streptomycine permettent de lutter efficacement contre les infections. La transfusion sanguine et le plasma sauvent de nombreuses vies.

La situation sanitaire des Allemands est beaucoup plus précaire. Ils souffrent d’une grave pénurie en médicaments. Le manque d’antiseptiques, de médicaments et les mauvaises conditions d’hygiène favorisent la propagation des infections. L’évacuation des blessés est rendue dangereuse à cause de l’aviation alliée.

Mais, d’un côté comme de l’autre, les chirurgiens sont à la hauteur de leur tâche et de leur serment. Ils réduisent des heures durant les fractures, réparent les corps et les visages, soignent les blessures gastriques ou thoraciques avec l’espoir de sauver la vie de leurs camarades.

Cette caisse médicale contient tous les instruments nécessaires pour prati-quer les actes de chirurgie de guerre, y compris les amputations.

RÉPARER L’IRRÉPARABLEcAisse De chiRURGie AlleMAnDe MoDèle 1939collection MéMorial de caen

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Les Normands comme tous les Français attendent le Débarquement avec impatience. Aussi, lorsque les troupes alliées font leur apparition, la population normande réserve en général un accueil chaleureux à ses libérateurs.

Les rues des villes et des villages se parent de drapeaux, de banderoles et de messages de remerciement. Ce petit tablier confectionné avec de la toile de coton teinte et un morceau de drapeau américain traduit l’enthousiasme de la population cherbourgeoise à l’arrivée des troupes américaines le 26 juin 1944. Les Normands expriment leur sincère gratitude envers ces hommes prêts à perdre la vie.

Toutefois, face à l’ampleur des destruc-tions, des deuils que les combats et les bombardements ont engendrés, la tristesse et la souffrance ont eu souvent raison de cette joie et laissé place à une amertume que même les soldats alliés ont comprise et acceptée. La destruction de la ville du Havre en septembre en est l’exemple le plus significatif.

Entre joie et tristesseliVRes Reliés tRAnspeRcés/cAentABlieR pAtRiotiqUe D’enfAnt/cheRBoURGcARnet De MADAMe pflisteR/le hAVRecollection MéMorial de caen

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En 1942, la société Steinway & Sons doit stopper la fabrication de pianos pour fabriquer des pièces de planeur CG4-A WACO qui seront notamment utilisées en Normandie pour acheminer les troupes et le matériel lourd des divisions aéroportées.

En 1943, l’usine Steinway de New York reçoit une commande miraculeuse de l’armée. Elle crée un nouveau modèle de piano droit de 250 kg appelé le « Victory Vertical Piano » ou « GI Piano ». C’est un instrument compact et facilement trans-portable. Le châssis renforcé, l’utilisation de bois exotique et de plastique (pour le clavier) lui permettent de résister aux chocs, à l’humidité et aux fortes chaleurs. Les caisses sont peintes en kaki pour l’US Army et en gris pour l’US Navy.

Au total, 2 436 pianos « Victory » vont être fabriqués et envoyés sur tous les théâ-tres d’opérations en avion ou par bateau pour divertir les soldats américains. On retrouve tout naturellement le Steinway en Normandie où il accompagne diffé-rents spectacles organisés pour les GI’s. L’exemplaire présenté a été récupéré sur l’ancienne base américaine d’Evreux et restauré avec le concours du Fonds Régional d’Acquisition des Musées.

LE VICTORY PIANOpiAno DRoit De l’ARMée AMéRicAinecollection MéMorial de caen

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L’armée allemande a adopté dès 1939 le Wehrmachtskanister pour ravitailler ses unités en carburant et en eau. Les Britanniques puis les Américains ont copié l’ingénieux récipient en l’améliorant et lui ont donné le nom de « jerrycan », le bidon de Jerry.

A l’automne 1944, les Alliés se trou-vent devant une pénurie de jerrycans. Beaucoup ont été abandonnés le long des routes et dans les champs ; d’autres ont été récupérés par les civils qui les ont troqués ou achetés, vides ou pleins, aux soldats. Des estimations évoquent 15 millions de jerrycans disparus sur les 17 envoyés en Normandie depuis le 6 juin. Cette pénurie nuit gravement au ravitaille-ment des unités motorisées.

Des appels, sous forme d’affiches et par la presse, sont alors adressés à la popula-tion : « On recherche jerrycan » ou encore

« Avis important : Avez-vous un bidon d’essence ? ». Les élèves des écoles sont sollicités pour en récupérer. Des diplômes, avec la photo d’Eisenhower, sont remis à ceux qui en collectent le plus grand nombre. De son côté, le SHAEF rédige un communiqué : « Civils, remettez immé-diatement soit à votre mairie, soit aux enfants chargés de les ramasser, TOUS LES BIDONS «JERRYCANS » que vous pourrez trouver. Surtout ne les donnez pas directement aux soldats, vous entra-veriez la marche des convois ».

« ON RECHERCHE JERRYCAN »Affiche « l’ARMée AMéRicAine fAit Appel AUx JeUnes fRAnçAis »JeRRycAn De fABRicAtion AMéRicAinecollection MéMorial de caen

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Au sortir de la bataille, les Normands qui ont pour beaucoup tout perdu doivent faire preuve d’ingéniosité et de débrouillardise pour commencer à reprendre le cours normal de leur vie.

Tout manque, mais les armées ont laissé traîner derrière elles des monceaux

d’équipements. Les civils les récupèrent et les détournent habilement de leur usage guerrier.

Les centaines de voilures de parachute de 70 à 90 m² abandonnées sur les zones de parachutage sont une véritable aubaine. Des mains agiles et expertes donnent de nouvelles formes à la toile de nylon : robe de baptême, de communion ou encore de mariage. Les pièces d’uni-formes et d’équipement robustes et bien conçues sont également transformées. Le tissu de cette cape provient d’un poncho camouflé allemand (Zeltbahn) tandis que ce sac à main a été fabriqué à partir d’un sac à dos de fantassin de la même armée (Tornister) dont le dessus était en poil de vache.

RIEN NE SE PERD, TOUT SE RECYCLEcApe De plUie, RoBe D’enfAnt et sAc à MAin collection MéMorial de caen

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Le dimanche 9 juillet 1944, un drapeau bleu blanc rouge flanqué d’une croix de Lorraine est hissé place Monseigneur des Hameaux à Caen pour fêter la libération de la rive gauche de la ville. L’étendard est malheureusement subtilisé quelques heures après la levée des couleurs. La Caennaise Janine Hardy s’empresse de confectionner un nouveau drapeau qui est réinstallé dès le lendemain.

Pendant de nombreuses années, il est hissé tous les 9 juillet avant d’être confié à la mairie par l’association « Ceux de la Bataille de Caen». Mais, le temps passant, on perd sa trace. Il demeure introuvable en dépit des recherches menées. Les

commémorations du 50e et 60e anni-versaire de la libération de Caen sont orphelines. Il est finalement retrouvé en fin 2014. Le vénérable drapeau avait été versé dans les collections du Mémorial de Caen au début des années 1990.

Jean-Marie Girault, Janine Hardy, André Heintz et le fils de René Duchez ont ainsi pu revoir flotter avec beaucoup d’émo-tion le drapeau tricolore à l’occasion des cérémonies du jeudi 9 juillet 2015.

LE PÉRIPLE DU DRAPEAU DE LA LIBÉRATIONDRApeAU tRicoloRe à cRoix De loRRAine, 1944collection MéMorial de caen

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exposition

infoRMAtions PratiquesLes objets sont à retrouver à L’Hôtel de Ville de Caen, dans la salle du scriptorium du 3 juin au 22 septembre 2018

Tarifs : 4 € Gratuit pour les Caennais sur présentation d’un justificatif

hoRAiResJusqu’au 30 juin Lundi à jeudi de 8h à 18h - Vendredi de 8h à 17hWeek-ends et jours fériés de 9h30 à 13h et de 14h à 18h

Du 1er juillet au 31 aoûtLundi à vendredi de 8h à 18h30Week-ends et jours fériés de 9h30 à 18h30

Visites GUiDéesTout publicMercredi 6 juin à 18h et lundi 9 juillet à 15hDurée : 1h30Sur réservation, dans la limite des places disponibles au

02 31 30 42 81

www.caen.frwww.memorial-caen.fr