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4 décembre 2009 - 7 mars 2010Artothèque du Conseil Général de La Réunion

une exposition de Richard Vildeman

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MounirAllaoui

Né en 1980 à NantesVit et travaille à La Réunion et aux Comores

Diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de La RéunionDNSEP 2005

Réalise sa « PREMIÈRE » exposition àL’Artothèque du Département de La Réunion

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L’Artothèque de La Réunion est heureuse d’accueillir etde vous présenter, pour cette fin d’année 2009, le travailde Richard Vildeman.

Déjà soutenues par le milieu associatif réunionnais, lesœuvres de Richard Vildeman trouveront en ces lieux,dédiés à l’art contemporain, une audience plus large.

Nous sommes convaincus que la force d’expression quise dégage de ces œuvres saura éveiller la curiosité denotre public et trouvera un écho auprès du réseauartistique institutionnel auquel nous contribuons.

La vitalité qui émane du travail de Monsieur Vildeman estpour nous un encouragement. Elle nous apporte lacertitude que les efforts entrepris par chacun d’entrenous pour soutenir la jeune création réunionnaise ne sontpas vains. Nous en étions convaincus, nous en sommesaujourd’hui largement remerciés.

Nassimah DindarPrésidente du Conseil Général

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Lété san fétespréLaba kartié Troi LètNa fonnkézèr fonnkèr i mank pa.

Granfon MaloyaValal nana gran kèrté déboul dan la savaneVi’Zitte koulèr Barbier.

Tousala la pa mantèr,Art Sénik non-va ! la pa la poizon.Dann tan lavé rouv le ron.

Koméla, Vildeman i pinnSon trasé-pinso i done koulèr le mo.Vildeman in fonnkézèr i mani pinso,i ékri listoir nout péiDési tablo-fonnkèr nana le mo.

Louise, Mafate, Phaonce, Marie,Jouan, Kalla, Elie,Somanké gran NON

La pa sorsié.Gran tèt Dimitil i gèt la liberté.

Ascension, dessin préparatoire, 2009

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dé si tablo… fonnkèr !

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Fami Bourbon, navé le kranMazine èm bondiéMalgré Moun-soidizan-pa-demounté gatiré.

Fami La Rénion, n’ankor le korMazine dékor kaz bondiéAkoz Moun-soidizan-demounla mazine pèy zot liberté.

Fami maron, navé le kèrAnkèr èk delo la libertéPorézon viv i ashèt pa,é Mussard baya !

Saspé dawar, somanké, La Rénion n’ankorlesklavaz po éré.I paré lao Silaos, péi maronaz, Tapkal la pakal fonnkèr Vildeman.

Lao, ousa i kit an plass ! Factory té borMarajonk.Le labo té grafine foto, galé téi gingn gro tètMaron té bingn, kaskad la pé.

Oté, banna, si moin té koné mal de tèt, alalapremié lèr moin téi aprési le bien-n’tèt.Ziska Le Jalah la trouv son bon favèr.

Estop in kou !

Fénésans dann la famiPinso i mazine demin midiTablo va trouv in ot fonnkèrLe tré va pran in ot koulèr.

Pinn po pinn, toil par toil, galé kont galé,grann shèz ansablé, sapèr lanspèk lafékondité, roz’oir lèr rozoir, tablo si tablo, moapré mo, fonnkèr kom fon n’kèr, Vildeman ikontinié fagot son linivèr.

E 16 ane i kol pa dérièr …

Oktob 2009Babou B’Jalah

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Mémwar, 2003

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Dimitile, famille marron, 2002

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Couleur, lumière, lignes et grands gestes. Une spontanéité qui nous rapproche de l’essentiel :la liberté. Telle pourrait être la quête de Richard Vildeman, qui depuis une quinzaine d’annéesconcilie dans l’intimité de son atelier, l’héritage assimilé d’une histoire de l’art occidental àl’univers créole réunionnais qui est le sien.

L’artiste est attentif à la vie qui s’écoule autour de lui, aux formes artistiques proches et lointaines, auxcourants de pensées qui structurent notre société. Comme une éponge, il absorbe tout pour enrestituer la quintessence, teintée de son propre jus !

Ainsi, la liberté qui émane des nombreuses scènes de baignade de ses photogravures, libertédu corps dans un premier temps, se propage jusque dans l’esprit de l’artiste, laissant libre coursà tous ses sens sur de grandes toiles aux compositions dynamiques, à la manière desexpressionnistes abstraits.

Du dessin au trait, puis du trait au geste qui petit à petit entre en conflit avec des plans decouleur lumineux, l’artiste finalement trouve sa liberté d’expression dans une œuvre trèsdiversifiée qui se construit pourtant sans ruptures. Il faut dire que l’artiste est prolixe.

quintessence

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L’énergie créatrice de Richard Vildeman est telle que l’accumulation des toiles dans son atelierpose d’emblée la question de la conservation et du devenir d’une œuvre. Comment faire face àla « mort » physique d’une œuvre ou à son altération, avant que celle-ci n’ait pu transmettre toutce qu’elle avait à dire ?L’œuvre achevée est porteuse d’une idée ou d’un dialogue. Avec le temps et la confrontationaux travaux plus récents, elle devient aussi le témoin d’une évolution.

Il en va ainsi des toiles Héva et Tapkal qui à l’origine s’intègrent dans une série de peintures et unensemble de sculptures à la mémoire des esclaves marrons. Présentées en vis-à-vis de toiles plusrécentes, ces œuvres témoignent aujourd’hui du cheminement plastique de Richard, depuis2003. Telle a été l’ambition de cet accrochage : montrer la diversité du travail de Richard Vildemantout en recherchant les passerelles entre gravure et peinture, dessin et couleur.

L’équilibre semble trouvé dans les toutes dernières toiles, où Richard superpose aux espacesdilués par la couleur et la lumière, le rythme frénétique de ses gravures. L’artiste laisse de grandsgestes sur la toile, grave, gratte les couches supérieures pour faire remonter le fond à la surfaceet nous entraîner dans le tourbillon infernal de ses émotions.

Laetitia Espanol

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Intemporel, 2002L’être aimé, sage, 2002Tous ceux qui montent convergent, 2002

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Portrait 1, 2002 L’être aimé, sage, 2002 Intemporel, 2002

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« Voici une ligne qui pense. Une autre accomplit une pensée. Lignes d’enjeu. Ligne de décision. Une ligne

s’élève. Une ligne va voir. Sinueuse, une ligne de mélodie traverse vingt lignes de stratification. Une ligne germe.

Mille autres autour d’elle, porteuses de poussées : gazon. Graminées sur la dune. Une ligne renonce. Une

ligne repose. Halte. Une halte à trois crampons. Un habitat. Une ligne s’enferme. Méditation. Des fils en

partent encore, lentement. Une ligne de partage, là, une ligne de faîte, plus loin la ligne observatoire. Temps,

Temps… Une ligne de conscience s’est reformée. »

Henri Michaux 1

C’est par la ligne qui sinue dans les lieux de son enfance que Richard Vildeman construit sonregard sur le monde. Celle de la côte, celle de la route des Avirons (deuxième parallèle), celle deGrand-Fond Saint-Leu (troisième parallèle), celle de la Chaloupe (quatrième parallèle)… Dès le leverdu soleil, ce sont les lignes du paysage qu’il parcourt du regard ou qu’il arpente tout au long desjours de liberté. Le jeune Richard habite sur le troisième parallèle, et les longues promenades à piedà travers ravines, champs et forêts, entre l’Etang-Salé et l’incontournable Musée Stella Matutinarythment son adolescence au grand air. Dans ce paysage ouvert, dominant l’océan Indien à perte devue, l’horizontale est toujours présente. La campagne cultivée, la forêt, l’espace infini de la mer et ladéambulation permanente à travers les sentiers restent des marqueurs très forts de son imaginaire.

Si Richard Vildeman a appris le dessin publicitaire au Lycée Paul Hermann, c’est surtout larencontre des artistes de la nébuleuse d’Artsenik qui sera déterminante dans sa trajectoire : WilhiamZitte, Georges Tergémina, et surtout Jean-Paul Barbier. Peintre, sculpteur, décorateur de théâtre etde plateaux, poète, artiste hors norme, Jean-Paul Barbier est une figure remarquable du monde del’art local. Il est connu pour la hardiesse de ses harmonies colorées aux accents expressionnistes,ses superpositions, empreintes et collages dans des compositions souvent abstraites marquées dejets de bombe, coulures de peinture et métal fondu. “Tous les sentiers, confie Richard Vildeman,

l’ échappée hors du temps

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(1) Extrait d’“Aventure de lignes”, texte de Henri Michaux sur la peinture de Paul Klee in Passages, Gallimard coll. L’Imaginaire, 1950, 1963, p.113.

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menaient à l’atelier de Jean-Paul Barbier”, à Piton Saint-Leu, dans sa petite case en bois sous tôle.Arsenik est son autre port d’attache, où il dispose d’un atelier gratuit. Il garde de cette période unetrès grande impression de liberté et un rapport à l’espace qui marque très fortement son travail.

Après le bac, il entre à l’école des Beaux-Arts du Port, et obtient son DNAP à l’école desBeaux-Arts de Marseille avec un projet en photographie. Très préoccupé par l’histoire et le patri-moine de l’île, il entreprend, au sortir de ses études, un travail d’enquête photographique sur leslieux de mémoire de l’île (les citernes notamment) puis sur les lieux du marronnage et leurs tracesdans la mémoire des habitants du cirque de Cilaos. Une démarche qui se traduit en peinture parla série de paysages abstraits des Tapkal puis celle des portrait-paysages des grands Marrons, eten sculpture par la réalisation d’une série de totems en bois, formellement proches desaloalos malgaches et qu’il installe dans la forêt du Dimitile.

“ Le bruit et la fureur”

Il y a des peintures que Vildeman qualifie de bruyantes. Osiris et moi et Vanité sont decelles-là. Elles ont eu plusieurs vies : avant d’être ces toiles colorées et expressionnistes quitranspirent de manière un peu grandiloquente l’angoisse et la douleur, elles étaient d’abord descompositions abstraites de paysages. Réalisées dans l’urgence, alors qu’il n’avait ni le temps niles moyens de tendre de nouvelles toiles pour travailler, ces oeuvres sont peintes au doigt, dans unefrénésie de gestes et de couleurs. Elles explosent d’une énergie assourdissante et brutale. Viennentorchestrer cette cacophonie quelques objets et des personnages brossés à gros traits : un soldat“romain” ailé (le bien connu Saint-Expédit des paysages réunionnais) tenant un fouet à la main, unmiroir, un sablier, une couronne d’épine autour d’un cyclone, un masque au regard fixe, des mainsqui s’élèvent vers le ciel… le geste pictural est violent, les couleurs sont criardes et appliquées avecfureur, laissant apparaître ça et là quelques plages tranquilles — réminiscence des paysagesoriginels ?

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Une autre toile bruyante est le grand diptyque intitulé Mentis, représentation de laconfusion du mental, autre figure de l’enfer. On peut y lire le vocabulaire désormais familier del’univers de Vildeman. Flèches, échelles, main tendue vers le ciel, croix, lettres, mots… sont des signesrécurrents dans nombre de ses oeuvres et viennent ici souligner la dualité de la composition (lesforces d’attraction vers le haut et vers le bas), ainsi que l’atmosphère étouffante et l’impressiond’enfermement que renforcent les circonvolutions du trait. La ligne serpente en tous sens, chemineen vase clos, sans trouver la sortie vers le ciel, tellement présent et pourtant inaccessible…

Au commencement, le geste plastique.

Le geste plastique est premier chez Vildeman, qu’il s’agisse de peinture, de gravure ou dedessin… les images viennent ensuite, révélées progressivement par la peinture en chantier et parla ligne exploratrice. “C’est la peinture qui se fait elle-même” 2. La composition est cependantsolidement construite, mais de manière intuitive, progressive, comme une improvisation musicale.Et “lorsque les images apparaissent dans le tableau en train de se faire, c’est toujours un peu unesurprise” confie l’artiste. Vient ensuite le constat de l’adéquation entre ce qui est révélé par lapeinture et ses préoccupations personnelles.

Face au support vierge (toile, papier, bois…), Vildeman procède dans un premier temps parrecouvrement : un premier aplat qu’il laisse sécher, puis des couches successives de couleurs dontla dernière vient structurer l’espace en laissant apparaître par endroits les strates sous-jacentes.Recouvrir, laisser apparaître, révéler certaines parties du fond en les cernant… Il réussit de cettemanière à créer une spatialité particulière rythmée par les va-et-vient du regard entre la surface etle fond du tableau.

Et dans la peinture encore fraîche, la ligne peut dès lors se dérouler comme le fil d’une pelotedéfaite, un sentier dans la montagne ou le tracé au cordeau d’une route qui se perd à l’horizon. C’estla ligne qui guide la main. Elle ne naît pas directement du pinceau ou du crayon. Par le grattage, elle

(2) Richard Vildeman, entretien, oct. 2009.

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émerge des couches successives de peinture encore fraîche, enrichie par les couleurs, porteused’accidents et de rencontres imprévues. Elle s’imprègne des hasards du chemin. Rapiditéd’exécution et sûreté du geste sont de mise. Ses propositions picturales sont truffées de signes, depersonnages, de mots et de chiffres jetés à la volée, comme des graffiti sur un mur, des phrases surun tableau noir.

Dans ses gravures photographiques, procédé qu’il met totalement au service du dessin,on trouve un vocabulaire plastique sensiblement différent. Les séries de visages et de portraits decouple et de famille laissent la ligne dominer la composition, accompagnée parfois de quelquesécrits et de signes épars. Plus loin, des pléiades de baigneuses (clin d’oeil à La récréation desbaigneuses de Maillot-Rosely, rendant lui-même hommage à Cézanne) exposent leurs silhouettesen transparence dans un univers graphique foisonnant d’empreintes de végétaux, de traces, depochoirs. Étendues dans des sites où la nature semble éternelle, elles parviennent à nous tenir horsdu temps, suspendus.

L’univers de Vildeman puise dans une large “encyclopédie d’images”, selon l’expressiond’Umberto Eco, qui va des icônes religieuses classiques à la photographie et la peinture moderneet contemporaine occidentales. De Matisse à Tapiès, Rothko, Basquiat, Depardon, Giacomelli… ila construit minutieusement son univers en s’imprégnant des oeuvres des grands maîtres de l’Histoirede l’art. Mais il sait également, sans renier cette part d’hérédité de son travail, que “l’art n’est pasun chemin balisé, c’est un terrain vierge où tu pars à l’aventure” 3. Et s’il a beaucoup travaillé“à la manière de”, il connaît la nécessité de dépasser les modèles pour ne garder, au final, quel’essentiel : un état d’être, une attitude qui lui permet, au quotidien, de saisir les infinies variationspoétiques du monde qui l’entoure.

Patricia de BollivierNovembre 2009

(3) R. Vildeman, id.

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Réminiscence, somanké, 2009

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La liberté des palmiers, 2009

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