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PROTECTI':;T DES MINORITES Kl POLOGNE
PETITIONS C0t.-]C5RHA:?T LA SITUATION PS LA THUF 1IE
tiTRAI-lITl;!:? p PO LOGEE .
__Rapport du Représentant du _Japon.
I.
Le Conseil a été saisi de cette question au cours de sa
session du mois de septembre, sur 1 'initiative des Représentents du
Royaume-Uni, de l'Italie et de la Torvô^e, membres du Comité de
?•'.inor i tés qui , conformément à la procédure en vigueur, avait
procédé à l'étude d'un certain nombre de pétitions y relatives,
ainsi que des observations présentées à leur sujet par le Gouver
nement polonais, Dans 1'impossibilité matérielle de présenter
au Conseil une étude de l'affaire avant la fin de la session du
mois de septembre, j'ai dû proposer, et le Conseil a bien voulu
accepter ma proposition, d'en ajourner purement et simplement
11 examen jusqu'à sa session du mois de janvier 1932.
Afin de rendre plus facile la lecture du présent rapport,
j'ai cru devoir annexer une liste des pièces qui forment 11 -'o.ai
ment at ion, que je n ’hésite pas à qualifier de volumineuse, concer
nant cette question, et qui nous a été communiquée par le Secrétaire
général le 15 novembre 1931, rassemblée dans un s^ul document du
Conseil. ^
Je tiens à déclarer de suite que le présent rapport ne
doit pas être considéré comme un résumé complet et détaillé du
contenu de cette documentation. J ’ai voulu simplement présenter
(*) Doc. C.741.1931.1.
I ______________________________
- 2 -
au Conseil, systématiquement groupés, les éléments essentiels qu'il
faudrait, d'après moi, prendre en consideration pour arriver à une
solution de la question difficile et délicate dont nous nous trouvons
saisis, en y ajoutant quelques conclusions.pyttltmlnaj
II.
1. Les événements qui ont eu lieu dans les Vo’ïvodies de Lwow,
Stanislawow et Tarnopol au cours de l'été et de l'automne 1930 cons
tituent l ’objet principal des pétitions de la colonie ukrainienne
de Homécourt, de la pétition du "Conseil national ukrainien" à Prague,
des trois pétitions du Dr. Paneyko à Paris, et de la pétition des
iéputés et sénateurs ukrainiens.
a) Tandis que, dans les premières, ces événements sont
décrits dans des termes plutôt généraux, celle des députés et séna
teurs ukrainiens contient un expose particulièrement détaillé, - avec
indications de lieux, dates et noms propres, - d'un nombre considérable
ie cas dans lesquels la population ukrainienne aurait été l'objet,
e la part des autorités polonaises, d'un traitement contraire aux
tipulations du traité de minorités polonais relatives à la protection
le la vie et de la liberté, et à l'égalité de traitement en droit et
en fait, entre la majorité et la minorité. Les députés et sénateurs
krainiens expliquent que sous prétexte de réprimer certains troubles
ans les villages ukrainiens, le Gouvernement polonais a instauré dans
es trois Voïvodies de Lwow, Stanislawow et Tarnopol un régime de
iolence et d'arbitraire. Rien d'ukrainien, affirment les pétitionnai
re, n'aurait été épargné; qu'un citoyen polonais avouât être ukrainien
et membre d’une institution ukrainienne, cela aurait suffi pour attirer
r lui des punitions et des mauvais traitements. Il se serait agi de
olences commises contre les personnes (emprisonnement, mauvais
aitements, tortures et bastonnades, blessures, et dans certains
-3-
cas, meurtre s (Xyd* attentats contre les Mens (destructions
et démolition de maisons, destruction de mobilier, de stocks
de magasins et de coopératives, de récoltes, etcÿ , d ' atta
ques contre des institutions culturelles ukrainiennes
(fermeture d'écoles, biblic thèques, sociétés diverses,
etc.). Les pétitionnaires relatent avec plus nu moins
de détail, en les groupant par districts, les actes de
violence sur les personnes et sur les biens commis soit
par la police, soit par les détachements militaires, dans
25' villages environ. En outre, on mentionne une cen
taine de cas dans lesquels le s marchandises de magasins
et de coopératives auraient été détruites eu endommagées;
24 cas dans lesquels des marchandises auraient été prises
par force sans paieuent, ou moyennant un paiement-
minime .
L ’exposé contient enfin des références détail
lées av. sujet d'un certain nombre de cas de personnes
(pour la plupart nommées)qui auraient été battues lors
des expéditions punitives.
Les pétitionnaires expliquent que ces différentes
listes contiennent seulement les cas dont ils ont pu rapi
dement avoir connaissance, passant sous silence les actes
de violence commis par des personnes privées p: r suite
des bruits répand--.s par la police sur l'action révo luticn-
(x) La pétition de la colonie ukrainienne de Hornécourt mentionne les cas de deux Ukrainiens, Jules Holowinsky, coopérateur, et Michel Bodnar, collégien de la 7ème classe, qui auraient été tués. La pétition des députés et sénateurs ukrainiens mentionne le cas de Michel Mowczan, tué et de Michel Tiutko, mort à la suite des mauvais traitements dont il aurait été l’objet.
-4-
naire de la pc p u l tien ukrainienne, Toute les démar
che s entreprises par las représentants des partis
politiques ukrainiens en vue d ’éclairer le gouvernement
central et les autorités principales sur les atus de
la police et de 1’armée n’auraient eu aucun résultat.
b) La pétition du Dr. Faneyko du 15 .
novembre 195C se réfère à la fermeture du Gymnase ukrainien
do Rohatyn, entretenu, selon le pétitionnaire, par la
Société ’’Ridna S cola". La pétition reproduit une dé
claration qui aurait été publiée par le Comité de
cette Société, réfutant les accusations formulées centre
le Gymnase d’avoir participé à des actes terroristes et
de sabotage. - Dans sa pétition du 30 novembre, M.
Faneyko mentionne les cas de. quelques personnes qui au
raient été, d ’après lui, emprisonnées pour, la seule
raison qu’elles étaient ukrainiennes et avaient préparé
la documentation relative aux pétitions qui devaient
etre adressées à la Société des Nations. - Finalement,
•dans sa troisième pétition supplémentaire du 30 avril 1931,
M. Faneykr se réfère, notamment, à la perquisition qui
vurait été faite dans la maison de H. Michel palazij,
citoyen polonais de nationalité ukrainienne, à Fodborce
(Lwow), au mois d’avril 1931, et au cours de laquelle
la police aurait, entre autres, déchiré tous les livres
en langue ukrainienne qui se trouv aient dans sa biblio
thèque .
2. Lj Gouvernement polonais a exposé son
point de vue dans sa not^ du 20 janvier 1931, ainsi que dans
le mémorandum y annexé, dans sa note du 6 avril 1931, égale
ment accompagnée d ’un mémorandum et dans une nota du 2 août 1931,
a) Dane sa note du 20 janvier, le Gouvernement polonais, après1
avoir formulé des réserves au sujet de certaines phrases contenues dans
les pétitions de la colonie ukrainienne de Homécourt .et du "Conseil
national ukrainien" de Prague, déclare ne pas pouvoir entrer dans
11 examen du fond des pétitions présentées par M. Paneyko, vu que celui-
ci serait depuis plus d'un an l'agent rétribué par l’Organisation
politique ukrainienne "Undo" pour faire de la propagande à 1'étranger
et pour adresser des pétitions à la Société des Nations. A l'appui de
cette affirmation, le Gouvernement reproduit le texte d'un contrat que
le Secrétariat de 1'"Undo" aurait communiqué à M. Paneyko par une
lettre datée du «39 septembre 1929. - Le Gouvernement se réfère d'autre
part aux deux cas de mort signalés dans la pétition de la colonie
ukrainienne de Homécourt. Les deux victimes auraient fait partie des
organisations territoristes révolutionnaires. Ayant tenté de s'évader
lorsqu'elles étaient transportées au cours des poursuites sous le coup
desquelles elles se trouvaient comme responsables d'actes de terro
risme et de sabotage, la garde qui les escortait, n1ayant pas réussi
à les arrêter malgré ses sommations réitérées, a dû faire usage de
aes armes.
Le Gouvernement explique comme suit, dans le memorandum
annexé à sa note, l'origine de la situation à laquelle il a dû
Caire face, et qui a donné lieu aux événements faisant l'objet
les pétitions. Le rapprochement entre 1'élément polonais et
'élément ukrainien, qui était le résultat de la politique ap
pliquée par le Gouvernement polonais, avait inquiété les orga
nisations ukrainiennes irrédentistes telles que le "U.W.O."
(Organisation militaire ukrainienne) et le "O.U.N." (Organisa
tion de nationalistes ukrainiens) dont les centres dirigeants
ae trouveraient établis à 1 1 étranger. Pour empêcher 11 harmonie
entre ces deux populations, ces organisations irrédentistes ont
engagé une action visant en premier lieu à troubler l'ordre
publio et la sécurité dans les provinces mixtes, et à utiliser
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ensuite cet état de choses en vue d'une propagande
contre la Pologne sur le terrain international.
Ce programme aurait été mis en exécution au début de juillet
1930. Entre juillet et novembre, les autorités polonaises
auraient enregistré 184 cas de sabotage ayant comme but
principal la destruction de récoltes et d 'immeubles appartenant
aux grands et petits propriétaires fonciers polonais. Cette
agitation encouragée par la neutralité bienveillante, et même
par la sympathie mal dissimulée des classes cultivées de
nationalité ukrainienne, a rendu nécessaire une intervention
de la part du Gouvernement. Les autorités se sont contentées
d'abord de prendre des mesures préventives, mais, au bout de
deux mois, elles ont dû intervenir de manière énergique et
simultanée sur tout le territoire en question, ce qui n'etait
pas possible sans la collaboration des éléments militaires.
Les perquisitions opérées au cours des expéditions organisées
dans les différents villages ont abouti à la découverte et à
la saisie d'objets destinés à servir d 1 instruments de destruc
tion, comprenant 1.287 fusils rayés, 292 fusils de chasse,
566 révolvers, 398 baïonnettes, 46 poignards, 47 sabres,
27 casse-têtes, etc... Ces perquisitions ont été opérées dans
16 districts, sur un total de 60 dans les provinces en
question. Le nombre des communes dans lesquelles les perquisi
tions ont eu lieu a été de 450 sur un total de 4.300. On a
arrêté 1.739 personnes, dont 596 ont été remises en liberté et
1.143 traduites devant les tribunaux. L'état exceptionnel
n'étant nulle part proclamé, les accusés seraient jugés selonordinaire/
la procédure judiciaire/ Parmi les responsables se trouvaient
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un nombre considérable d’étudiants, notamment ceux des collèges
de Tarnopol et de Rohatyn, ce qui a obligé les autorités sco
laires à fermer ces deux établissements. Le gouvernement fait,
finalement, remarquer que s’il est vrai que certains abus lors
de la répression n ’ont pas pu otre prévenus, il n ’en reste
pas moins certain que ces abus n ’ont jamais été la conséquence
d’un système, et que les personnes prouvées coupables seront
punies par la justice,
b) Dans sa note du 6 avril 1631, le Gouvernement
polonais déclare qu’à son avis, seuls les signataires de la
pétition du 31 décembre 1630, c’est-à-dire les députés et
sénateurs ukrainiens, doivent être considérés comme morale
ment autorisés à s’adresser au Conseil de la Société dos
Nations au sujet de la minorité ukrainienne en Pologne. A ce
sujet, le Gouvernement formule certaines observations sur les
conditions dans lesquelles le droit de pétition à la Société
des Nations doit être exercé, et rappelle notamment le carac
tère de propagande malveillante vis-à-vis du Gouvernement
polonais qu’ont souvent présenté les pétitions adressées à
le Société des Nations au sujet de la minorité ukrainienne, ce
qui est contraire aux principes consacrés par le Conseil
lui-même.
De l ’avis du Gouvernement, pour bien comprendre et pour
apprécier à leur juste valeur les griefs formulés dans les
pétitions en cause, il est absolument nécessaire d’examiner
l ’ensemble de la question à la lumière de la situation réelle
de la minorité ukrainienne en Pologne. Je me réserve de re
venir plus tard sur cet aspect de la question, qui fait l ’objet
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particulier d’un memorandum spécial annexé à la note polo
naise du 6 avril.
Le Gouvernement revient sur la thèse qu’il a djà
développée dans sa note du mois de janvier, en ce qui
concerne les origines des événements qui ont eu lieu dans
le territoire de la Galicie orientale pendant l fété et
l ’automne 1930. I\Tt ayant pas réussi à empêcher la politique de
rapprochement entre la population polonaise et la population
ukrainienne d’aboutir à des résultats positifs, malgré les
actes de terreur auxquels elles se livraient depuis 1921,
les organisations terroristes, notamment la U.W.O., ont cru
nécessaire d ’organiser une action de plus grande envergure.
Elle consistait à préparer 1 ’opinion publique internationalo
par une intense propagande, et à déclencher ensuite une
action terroriste dans le territoire habité par la population
ukrainienne, dans le but de provoquer, de la part des auto
rités polonaises,une réaction qui serait ensuite présentée
devant 1 ’opinion publique internationale comme preuve de la
politique d ’oppression du gouvernement polonais vis-à-vis
de la population ukrainienne.
Le Gouvernement rappelle l ’action terroriste déclen
chée depuis le mois de juillet 1930, et les mesures de ré
pression que les autorités se sont vu obligées de prendre
afin de rétablir l ’ordre et la tranquillité dans cette partie
de la République. Il fait observer que s’il a fallu faire
appel à la force militaire, cette mesure, qui, du reste
avait déjà été adoptée à deux reprises, en 1923 à Cr^.covie
et en 1925 en Posnanie, a été prise en pleine conformité
avec les lois et règlements en vigueur. Le gouvernement
affirme qu’il n ’aurait pas hésité à agir avec la même fermeté
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si des actes séditieux de pareille envergure s’étalent mani
festés sur n f importe quelle autre partie du territoire de
l ’Etat.
A l ’appui de ces affirmations, le gouvernement a
annexé à sa note le texte français d’une série de coupures
de journaux ukrainiens, parmi lesquelles se trouvent les
instructicns données par les organisations irrédentistes en
vue d’une action terroriste, et une liste, avec indications
détaillées de lieu, date, personne, etc. , de 184 cas de sa
botage et d’attentats contre la propriété privée perpétrés
par l 'organisation militaire ukrainienne (U.Ï7.0. ) entre les
mois de juillet et décembre 1930.
Quant aux mesures qui ont dû être prises contre certai
nes institutions et organisations culturelles ukrainiennes,
le gouvernement explique qu’elles étaient la conséquence iné
vitable et naturel le du fait que âe nombreux élèves faisaient
partie des organisations révolutionnaires, et avaient même
pris part à des actes de terrorisme et de sabotage. Des ex
plications analogues sont fournies en ce qui concerne les
mesures prises vis-à-vis de l ’organisation ukrainienne
d'éclaireurs en Pologne , "Plast”.
Finalement, le Gouvernement polonais déclare que les
derniers événements ne signifient nullement qu’il ait changé
la ligne de politique suivie par lui dans ce domaine et qu’il
est fermement décidé à favoriser, dans 1 ’intérêt de l ’Etat
et conformément à sa tradition politique multiséculaire, la
coexistence pacifique et harmonieuse de la minorité et de
la majorité.
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o) En en qui concerne le cas de M. IVlazij, qui
fait l'objet d? la troisième pétition supplémentaire de
M. Paneyko, le Gouvernement fait remarquer, dans sa note
du 2 août 1931, que M. Palazij ne se trouvant pas à la mais or,
lorsque la perquisition a été faite, il n ’a pu faire l ’objet
d’aucune sorte de vexation de la part des autorités à cette
occasion.
d) Le Gouvernement polonais a envoyé comme annexe
à sa note du 6 avril 1931, un mémoire contenant des informa
tions détaillées sur la vie politique, économique et cultu
relle de la minorité ukrainienne, dont je voudrais mentionner
ici au moins celles qui m ’ont semblé le plus intéressantes.
En ce qui concerne la vie politique, voici quelques
données au sujet de la représentation ukrainienne dans la
Diète et dans les organismes administratifs locaux. A la
suite des élections de 1922, il y avait à la Diète 25
députés et 6 sénateurs ukrainiens. Les élections de 192S
ont fait monter cette représentation à 46 députés et
11 sénateurs. Après les élections de 1530, ces chiffres
sont retombés à 28 députés et 4 sénateurs. Le Gouvernement
déclare que la diminution du nombre des sièges détenus
par les ukrainiens par rapport à celui de l’année 1925
s’explique par la fusion de certaines listes électorales
polonaises qui n ’avaient pas été bloquées en 1928. Les
députés ukrainiens sont groupés dans les trois partis
suivants : le bloc de collaboration avec le gouvernement
(B.B.w.R.), 1 ’Organisation nationale démocratique ukrai
nienne (U.N.D.O.) et le Parti ukrainien socialiste ouvrier
(U.S.R.P.).- Dans 1 ’ensemble des Conseils communaux ruraux,
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dans les trois voïvodies de Lvmw, Stanislawow et Tarnopol, les
DO , de s i;.-and at s seraient détenus par des Ukrainiens et les
00,270 par des Polonais. Pour les Conseils communau;: urbains ces
chiffres seraient 18,9/c et 4£5,5% et pour les Diétines do districts
23,9 et 67,55b. Le Gouvernement rappelle que la population ukrainienne
est essentiellement rurale, tandis que dans les villes les éléments
polonais et juifs sont prépondérants.
A côté de certaines informations sur le développement
économique général des trois voïvodies, la mémoire contient
des renseignements oui m ’ont semblé présenter un intérêt plus par
ticulier relativement au développement du mouvement coopératif parmi
la population ukrainienne avant et après la guerre. Le nombre de
sociétés coopératives faisant partie de 1’"Union des révisions des
sociétés coopératives ukrainiennes" (R.S.U.K,) (qui groupe actuelle
ment le BOfa du total de ces sociétés), aurait augmenté entre 1906
et 1912 de 154 à 557. L ’augmentation entre 1921 et 1929 serait de
578 à 2745. Le nombre des membres de la même organisation (R.S.U.K.)
aurait augmenté dans la proportion suivante : 1906 : 59.548; 1912 :
130.153; 1928: 268,435. Le mouvement coopératif serait proportion
nellement plus développé dans les voïvodies où habite la population
(ukrainienne que dans le reste du territoire de l ’Etat. Il y aurait,
a effet, en 1929, pour tout l ’Etat, 3,6 coopératives pour 10.000
alitants, tandis que sur le territoire de la Petite Pologne la
proportion serait de 7,6 coopératives pour 10.000 habitants. Le
noire cite enfin à ce sujet le cas de la Société économique
*3ilskij Eospodar" dont le siège est à Lwow, et qui travaille dans
un rapport étroit avec les organisations coopératives. Cette
ociété avait en 1928, 74 filiales, 540 associations et 18.000
einbrcs, et en 1929, 85 filiales, 1150 associations et 50.000 mem-
?es. C’est dire qu’au cours d ’une seule année le nombre des
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associations faisant partie du ’’Silski j Hcspodar” a augmenté de
109,2% et le nombre de membres de 02,1$.
Le méiroire e::pli ,ue les raisons pour lesquelles le Gou
vernement polonais a cru nécessaire d ’établir 1 ’école bilingue
pclonn-ukrainienne comme école-type dans un territoire comme celui
dont il s'agit, habité par une population mixte, ayant besoin
d rune connaissance également approfondie du polonais et de 1 'ukrai
nien. Parmi les 4.321 écoles primaires existant au cours de l'année
1929/1930 il y en avait 2223 daks lesquelles l'enseignement était
donné en polonais, 716 en ukrsinicn et 1.794 bilingues. Les écoles
secondaires d'Etat se répartiraient comme suit: 58 polonaises,
6 ukrainiennes et 1 polpno-ukrainienne. En outre, il y aurait1
45 Ijrcées privés polonais et 11 ukrainiens.
Q,uant aux séminaires peur instituteurs d’Etat, voici les
chiffres pour la même année scolaire: 8 polonais, 2 ukrainiens,
13 polono-ukrainiens. Un outre, il y aurait 20 séminaires privés
polonais et 8 ukrainiens. Le mémoire indique 1'existence de 20
écoles professionnelles d'Etat sans spécifier s’il s'agit d'écnles
polonaises, ukrainiennes nu polpno-ukrainiennes. Les écoles profes
sionnelles privées seraient au nombre de 49 polrnaiscs, 2 ukrai
niennes et 1 polono-ukrainienne. En ce qui concerne l’enseignement
supérieur ukrainien, le mémoire mentionne la création, en 1930,
à Varsovie, de 1'"Institut scientifique ukrainien”, chargé de prépa
rer le corps enseignant pour les écoles supérieures.
III.
1. Le traitement dent auraient été l ’objet les anciens
députés ukrainiens lors de leur arrestation dans la prison militaire
àe Brest fait l ’objet notamment des deux pétitions émanant respec
tivement de Mme Rudnicka et de M. Jaworski. Le procès-verbal annexé
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à la première, qui concerne le traitement dont aurait
été l'objet 1’ancien député Wyslrtzkyj, et 1'exposé
contenu dans la pétition de M. Jawcrski relatif à son
propre cas, contiennent des informations particulière
ment détaillées à ce sujet.
2. Le Gouvernement déclare, dans sa note
du 6 avril, qu'il suffit de prendre connaissance du
contenu de ces deux pétitions p^ur constater qu’elles
n ’ont pas pour objet la protection des minorités confor
mément aux traités, et qu’elles tombent par conséquent
sous le coup des prescriptions contenus dans le §1) a.
de la résolution du Conseil du 5 septembre 19 23,1 ;
IV.
a,1) La pétition de 1 ’"Union of lemocratic
Control” se réfère à la diminution du nombre d’écoles
ukrainiennes entre 1S2C et 19 25. r ’après les infor
mations y contenues, en 192C il y aurait eu 3662
écoles ukrainiennes, tandis qu’en 1925 il n ’y aurait
eu que 1055 écoles publiques et 19 écrie s privées,
ce qui signifie une diminution de 26^7 . I. ’ autre
part, la pétition ajoute qu'en décembre 1925 Id .-.or'.bre
total d’écoles élémentaires dans les Voïvodies de Lwnw,
Stanislawow et Tarnopol aurait été de 23.336, parmi
lesquelles 22,966 (64 %) seraient purement polonaises,
2257 (8,3 <fc ) seraient bilingues, tandis que dans
2j83 (7,6 $) 1 ’enseignement serait donné dans
d ’autres langues, Finalement, sur chaque 1QQÇ enfants
(1) § 1) a. de la résolution du 5 septembre 1923 :’’Boivent avoir pour otjet la protection des minorités conformément aux traités".
- 14 -
ukrainiens d ?âge scolaire, 71 fréquenteraient des écoles ukrainien-
es et 931 des écoles polonaises ou bilingues.
2) Le Gouvernement polonais, dans sa note du 20 janvier
931, rappelle en premier lieu qu’en 1927 (la pétition se réfère à
a situation en 1925), le Gouvernement polonais a communiqué aux
embres du Conseil des informations très détaillées concernant
enseignement minoritaire ukrainien en Pologne (l) et que ni
es membres du Comité des minorités qui ont examiné alors la ques-
ion (Représentants de la Chine, Président-du Royaume-Uni et des
ays-Bas), ni aucun autre membre du Conseil, n ’a cru opportun depuis
ors de porter cette question à l ’attention du Conseil. Quant aux
hiffres mentionnés dans la pétition, le Gouvernement fait remarquer
ue celui de 28»366 relatif au nombre total d 'écoles élémentaires
ans les trois Voïvodies en question en 1925, est manifestement
rroné: en effet, la moyenne normale en Pologne étant d? environ
20 enfants par école, ce nombre dfécoles porterait le nombre d’en-
ants d ’âge scolaire à plus de 3 millions, c'est-à-dire aux deux
iers de la population totale de cette région. Le nombre total
'écoles primaires dans les trois Voïvodies serait environ, d’après
e gouvernement, de 4.700. D ’autre part, le mémoire annexé à la
ote du Gouvernement polonais du 6 avril 1931 contient, connue j'ai
éjà indiqué, des renseignements sur la situation scolaire pendant
’année scolaire 1929-1930,
b) 1. La pétition de 11 ’'Union of Democratic Control” se
éfère à 1’exercice du droit électoral par la population ukrainienne
t signale qu’à Lwow on aurait exigé de tous les Ukrainiens de
Doc. C.656.1927.1.
- 15 -
produire des documents d ’identité, parmi lesquels un certificat
de naissance, ce qui aurait eu comme résultat d ’enlever à la popu
lation ukrainienne le droit de vote.
2. Le Gouvernement explique à ce sujet que, d'après les
dispositions de la loi électorale polonaise, seuls les citoyens
polonais auraient le droit de vote et que les électeurs sont par
conséquent tenus de produire devant la Commission électorale tous
les documents nécessaires pour prouver leur citoyenneté. Le Gou
vernement ajoute que ceux qui se considèrent lésés dans leur droit
en quelque occurrence que co soit ont la faculté dten appeler devant
la Commission électorale supérieure, ou, en dernier lieu, devant le
Tribunal suprême. - Finalement, le Gouvernement fait remarquer que
lors des élections de 1923, le chiffre total des voix en faveur
de tovtes les listes ukrainiennes et de la liste du bloc des mino
rités, qui a réuni également les suffrages des électeurs allemands,
a été à Lwow de 9.723, tandis qu'en 1930 la liste ukrainienne à
elle seule (c'est-à-dire sans les voix allemandes) en aurait réuni
10.973. Cela prouverait, d’après le gouvernement, qu'il ne peut pas
être question d ’une action organisée tendant à priver les électeurs
ukrainiens du droit électoral.
c. 1) La même pétition de 1’"Union of Democratic Control”
contient une affirmation selon laquelle dans les trois Voïvodies,
2C0.000 hectares de terre auraient été distribués à des colons po
lonais et une superficie égale dans les voïvodies de Wolhynie et
Polésie. D ’autre part, tandis que les associations agricoles polo
naises reçoivent une subvention de l'Etat de 79 millions de zloty,
rien ne serait accordé aux 3000 associations agricoles ukrainiennes
dans les mêmes districts.
2) Le Gouvernement explique dans sa note du 20 janvier
que le chiffre de 200.000 hectares qui auraient été distribués aux
colons polonais dans les trois voïvodies est inexact,
et que les autorités polonaises n'ont procédé sur ce territoire à
aucune distribution de terres à des colons.
Voici maintenant las conclusions que je en? is pouvoir
soumettro au Conseil:
1. Je prcp'F.er- i au Conseil de -enfirmer et d’adhérer
b la thèse du Gouvurnc^ nt polonais en ce qui concerne le danger
qu'il y aurait à permettre que le système de protection des mi
norités par la Société des 1,'a tiens j' it utiliré dans un but de
prrpeger.de malveillante contre un Eta t, à la faveur d ’ollégations
tendancieusement errer, éei.;. Je prurruis même ajouter qua 1* étude
que j’ai faite de la documentation concernant l’affaire dent
nous sommes saisis me fait croire que tous les documents y rele-
+ ifs ne se trouvent pas à l ’abri d'une telle accusation.
?„ Los informations détaillées, communiquées par le
Gouvernement polonais relativement à la situation générale de la
minorité ukrainienne, et net airmen t celles contenues dans le mémoi
re annexé h sa n*v. du 6 avril 1^71, me semblent de nature k écar
ter 1 ’idée qu'il y a eu de la part du Gouvernement polonais 1 ’in
tention de poursuivre, vis-à-vis de la minorité ukrainienne, une
politique systématique d'oppression ut de vi^lonce. Cette consi
dération me paraît avoir un- importance particulière parce qu'el
le p rrxt d ’appr Icier la portée véritable qu'il faudra attribuer
aux faits concrets qui devront faire l'ctjot, à mon avis, de
l ’uxomen du Conseil.
5. L ’examen dus documents soumis au C^nsuil permet de
constater qu'une action terroriste et révolutionnaire a été dé
clenchée dans le territoire de la Galicie orientale, notamment
pendant l ’été do 173c, par certaines organisations nationalis
tes ukrainiennes et je omis devoir exprimer ici non vif regret
de voir une action du cette nature mol4e à la protection d'une
minorité par la Société des Nations. Le Conseil ne manquera
pas d ’apprécier les graves inconvénients qui peuvent découler
d’une pareille manière d ’agir et ne voudra pas laisser sans une
condamnation explicite et formelle tout essai, quelle que soit
son origine, tendant à garantir le respect des droits d'une po
pulation minoritaire par la violence et la terreur.
4 . Sans entrer ici dans une analyse détaillée de cha
cun des faits nombreux qui font l ’objet des différentes pétitions
soumises au Conseil, il serait impossible du ne pas y reconnaître
le signo d'une situation qui, bien que passagère, n ’a certainement
pas été conforme aux garanties qu’on a voulu assurer vn faveur
dos minorités en instituant 1 3 système de protection par la Socié
té dos Nations. J ’ai déjà exprimé mes sentiments quant aux ori
gines non seulement regrettables, mais condamnables d ’une pareille
situation, irais je voudrais tout de suite ajouter que ces origines
ne sauraient pas justifier, de la part des autorités, une conduite
comme colle qui ressert des informations devant le Conseil. A ce
sujet, je suis heureux d ’informer le Conseil que lu Gouvernent nt
polonais lui-môme, conscient de sa responsabilité et soucieux de
protéger efficacement scs intérêts véritables, n ’a pas manqué
d ’appliquer des sanctions qui, sans doute doivent servir à éviter
le renouvellement d ’événements comme ceux qui coupent le Conseil.
En effet, un officier et plusieurs s^làcts ont été condamnés par
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1 es tribunaux militaires à de s peinus allant de \ h 18 mois
de priscn; 11 officiers de police et une centaine d'agents
ont été condamnés à dus peines disciplinaires diverses; huit
officiers et huit agents nctemmunt ont été destitués. L ’autre
part, je ne peux qu’exprimer le regret que le Gouvernement
polonais n ’ait pas pu trouver possible d'accorder des indemni
tés aux éléments innocents de 1 a population qui r>nt pu être
victimes des abus.
La déclaration faite à la Commission du budget de
la Diète polonaise par le Ministre de l ’Intérieur le 16 jan
vier 1332 ne semble constituer un témoignage favorable de la
politique que le Gouvernement polonais se propese de reprendre
à l'égard du la minorité ukrainienne? Je voudrais formuler
les voeux les plus ardents que le Gouvernement peignais main
tienne avec la ténacité nécessaire cette ligne de conduite,
et pour que la politique du conciliation qu’il envisage ren
contre de la part de le population intéressée et de ses repré
sentants une compréhension inspirée d'un esprit sincère de
loyauté. C'est là une condition indispensable pour que cette
politique puisse porter les fruits que tous nous attendons
d’elle .