c-2 les enjeux par famille - accueil - les services de l

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P armi les espaces non urbanisĂ©s du dĂ©partement, les paysages forestiers sont certainement les plus stables depuis la grande pĂ©riode d’arrachage des bois en Champagne Berrichonne. Les bois et forĂȘts qui ont Ă©tĂ© maintenus sont gĂ©nĂ©ralement bien gĂ©rĂ©s par une sylviculture active ; des actions en faveur de la filiĂšre bois, ainsi que la prĂ©sence d’unitĂ©s de sciage et de traitement, confortent ces massifs. Le dynamisme de cette Ă©conomie sylvicole peut cependant comporter des "risques paysagers" : le critĂšre productif et le souci de trouver une rentabilitĂ© rapide conduisent Ă  modifier la composition des peuplements au profit des essences Ă  rĂ©volution courte. La question de la pĂ©riphĂ©rie des forĂȘts se pose frĂ©quemment : l’état des lisiĂšres, l’impact du bĂąti de bordure, l’évolution de l’usage des sols en frange de la forĂȘt peuvent correspondre Ă  de rĂ©els enjeux paysagers. Enfin, l’usage de la forĂȘt en ce dĂ©but de siĂšcle qui voit se poursuivre un mouvement de transformation radicale du rapport de l’homme Ă  son territoire reprĂ©sente dans le Cher, comme en beaucoup de pays ruraux, une problĂ©matique nouvelle et des enjeux conflictuels qui mĂ©riteraient une large rĂ©flexion. L es familles de paysages se dĂ©composent en deux sous- ensembles : les paysages Ă  une dominante et les paysages mixtes. Dans le premier cas, le prĂ©sent chapitre expose globalement les enjeux qui ont Ă©tĂ© relevĂ©s dans le cadre de la description de chaque unitĂ© (chapitre 2), analyse des pistes possibles d’actions de mise en valeur et rappelle leur localisation gĂ©nĂ©rale. Dans le cas des paysages mixtes, les enjeux sont pour l’essentiel ceux des phases paysagĂšres qui les composent et l’évolution de leur rĂ©partition rĂ©ciproque. Une relative stabilitĂ© LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 554 L’évolution des lisiĂšres, flou et banalisation L a lisiĂšre est la partie la plus visible de la forĂȘt, le moment de son dialogue avec l’environnement, elle est un point fort de son identitĂ©, aussi est-elle essentielle pour l’image de ses paysages. On peut observer une tendance gĂ©nĂ©rale Ă  la simplification : leur dessin, leur dĂ©coupage, l’imbrication entre l’espace ouvert et l’espace fermĂ© tend Ă  s’effacer progressivement. Ceci est particuliĂšrement vrai sur les situations de pieds de versants oĂč de petites parcelles pĂąturĂ©es se voient rĂ©guliĂšrement reboisĂ©es, transformant un jeu complexe d’ombres et de lumiĂšres en une masse compacte et univoque. Le recul de la prairie et la diminution du cheptel au prĂ© supprime les lisiĂšres bien nettes, rĂ©guliĂšrement broutĂ©es par la dent des bovins ; la pĂ©riphĂ©rie du bois s’épaissit et perd sa nettetĂ© tandis que l’envahit la ronce (unitĂ©s 1-1 et 1-2 notamment). Le mĂȘme phĂ©nomĂšne s’observe pour les lisiĂšres internes des clairiĂšres dans lesquelles l’effet de contraste tend Ă  s’attĂ©nuer (unitĂ© 1-7). La diversitĂ© floristique d’une lisiĂšre est enfin garante de sa qualitĂ© paysagĂšre : elle est Ă  la fois tĂ©moignage des conditions C-2 LES ENJEUX PAR FAMILLE GÉNÉRALITÉS 2-1 PAYSAGES FORESTIERS

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Page 1: C-2 LES ENJEUX PAR FAMILLE - Accueil - Les services de l

Parmi les espaces nonurbanisés du département,

les paysages forestiers sontcertainement les plus stablesdepuis la grande pĂ©rioded’arrachage des bois enChampagne Berrichonne. Lesbois et forĂȘts qui ont Ă©tĂ©maintenus sont gĂ©nĂ©ralementbien gĂ©rĂ©s par une sylvicultureactive ; des actions en faveurde la filiĂšre bois, ainsi que laprĂ©sence d’unitĂ©s de sciage etde traitement, confortent ces

massifs. Le dynamisme de cetteĂ©conomie sylvicole peutcependant comporter des"risques paysagers" : le critĂšreproductif et le souci de trouverune rentabilitĂ© rapideconduisent Ă  modifier lacomposition des peuplements auprofit des essences Ă  rĂ©volutioncourte. La question de lapĂ©riphĂ©rie des forĂȘts se posefrĂ©quemment : l’état deslisiĂšres, l’impact du bĂąti debordure, l’évolution de l’usage

des sols en frange de la forĂȘtpeuvent correspondre Ă  derĂ©els enjeux paysagers. Enfin,l’usage de la forĂȘt en ce dĂ©butde siĂšcle qui voit se poursuivreun mouvement detransformation radicale durapport de l’homme Ă  sonterritoire reprĂ©sente dans leCher, comme en beaucoup depays ruraux, une problĂ©matiquenouvelle et des enjeuxconflictuels qui mĂ©riteraientune large rĂ©flexion.

Les familles de paysages sedécomposent en deux sous-

ensembles : les paysages à unedominante et les paysagesmixtes. Dans le premier cas, leprésent chapitre expose

globalement les enjeux qui ontĂ©tĂ© relevĂ©s dans le cadre de ladescription de chaque unitĂ©(chapitre 2), analyse des pistespossibles d’actions de mise envaleur et rappelle leur

localisation gĂ©nĂ©rale. Dans lecas des paysages mixtes, lesenjeux sont pour l’essentielceux des phases paysagĂšres quiles composent et l’évolution deleur rĂ©partition rĂ©ciproque.

Une relative stabilité

LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 554

L’évolution des lisiĂšres, flou et banalisation

La lisiĂšre est la partie la plusvisible de la forĂȘt, le

moment de son dialogue avecl’environnement, elle est unpoint fort de son identitĂ©, aussiest-elle essentielle pour l’imagede ses paysages. On peutobserver une tendance gĂ©nĂ©raleĂ  la simplification : leur dessin,leur dĂ©coupage, l’imbricationentre l’espace ouvert etl’espace fermĂ© tend Ă  s’effacerprogressivement. Ceci est

particuliĂšrement vrai sur lessituations de pieds de versantsoĂč de petites parcellespĂąturĂ©es se voientrĂ©guliĂšrement reboisĂ©es,transformant un jeu complexed’ombres et de lumiĂšres en unemasse compacte et univoque. Lerecul de la prairie et ladiminution du cheptel au prĂ©supprime les lisiĂšres biennettes, rĂ©guliĂšrement broutĂ©espar la dent des bovins ; la

pĂ©riphĂ©rie du bois s’épaissit etperd sa nettetĂ© tandis quel’envahit la ronce (unitĂ©s 1-1 et1-2 notamment). Le mĂȘmephĂ©nomĂšne s’observe pour leslisiĂšres internes des clairiĂšresdans lesquelles l’effet decontraste tend Ă  s’attĂ©nuer(unitĂ© 1-7). La diversitĂ©floristique d’une lisiĂšre estenfin garante de sa qualitĂ©paysagĂšre : elle est Ă  la foistĂ©moignage des conditions

C-2 LES ENJEUX PAR FAMILLE

GÉNÉRALITÉS

2-1 PAYSAGES FORESTIERS

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LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 555

Ă©cologiques (les sureaux,cornouillers, saules, trembles etfrĂȘnes Ă©voquent l’humiditĂ©, lesĂ©rables champĂȘtres les solscalcaires et secs
) et porteused’un enchaĂźnement d’ambiancesqui racontent les saisons : la

succession des floraisons, ladiversitĂ© des nuances defeuillages juvĂ©niles, les chatonset les teintes changeantes del’automne, les couleurs fortesdes baies et les teintes desĂ©corces lorsque vient l’hiver ne

cessent de moduler le paysage.La tendance Ă  la monoculturerĂ©sineuse sur les franges decertains massifs altĂšreprofondĂ©ment cette richesse enbanalisant l’aspect des margesboisĂ©es.

HomogĂ©nĂ©iser la forĂȘt ou prĂ©server sa diversité 

La forĂȘt comme rĂ©vĂ©lateur du construit

La forĂȘt du Cher esttraditionnellement le

domaine du chĂȘne et la partiesud du dĂ©partement est le payspar excellence des grands boisde feuillus sur riche sous-bois,plantĂ©s d’essences nobles etcomposant de belles futaiesrĂ©guliĂšres. Le chĂątaignier, lehĂȘtre, le frĂȘne relaient le chĂȘnesuivant les conditions de sol etde climat pour crĂ©er un paysagede la diversitĂ© aux multiplesambiances. La forĂȘt solognotefait exception avec ses pinssylvestres, ses bouleaux et salande qui se mĂ©langent auxchĂȘnes, crĂ©ant un paysagesingulier au sous-bois clair. Cesont des forĂȘts de lumiĂšres etd’ombres, chatoyantes etsouvent enrichies de belleszones humides qu’entoure uncortĂšge floristique trĂšs riche ;les allĂ©es forestiĂšres qui les

traversent montrent des jeuxde profondeurs et detransparences oĂč il semble quejamais ne se rĂ©pĂšte la mĂȘmescĂšne.

Les enjeux liés au construitconcernent essentiellement

la pĂ©riphĂ©rie des massifs ;l’effet de fond de tableausombre que produit la masseforestiĂšre rendparticuliĂšrement visibles lesĂ©difices : des teintes tropclaires ou artificielles crĂ©ent unrĂ©el conflit paysager (unitĂ©s 1-1,1-5, 1-6 et 1-7). Cela concerne

les habitations Ă  proximitĂ© desbourgs de lisiĂšre et lesbĂątiments d’élevage dans leszones herbagĂšres. Des Ă©tudesspĂ©cifiques de dĂ©finition decouleurs et de matiĂšres seraientnĂ©cessaires pour offrir auxĂ©difices nouveaux une lĂ©gitimitĂ©minimale.Le rapport au construits’exprime Ă©galement par les

façons de clore les fonds privés.Les grandes propriétéssolognotes, en particulier,comportent quelques exemplesde gestion des limites ou detraitement des entréesgrandiloquentes et fortdisparates qui prennent uneimportance souvent excessive.

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LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 556

2-2 PAYSAGES DE BOCAGE

PĂ©renniser la trame des haies

MaĂźtriser l’évolution

La trame des haies, principalecomposante du bocage est en

recul constant. Dans denombreux cas, la qualitĂ©paysagĂšre se fonde aujourd’huisur l’aspect insolite desilhouettes qui sont des figuresreliquaires : lignes d’arbres,sujets remarquables isolĂ©s aumilieu d’une parcelle, haiesouvertes qui offrent destransparences et uneprofondeur nouvelle au paysage.IsolĂ©es et fines, elles sont par lĂ mĂȘme fragiles. Les haiessupposent un entretien qui biensouvent n’est plus assurĂ© : elless’épaississent ou s’éclaircissent,sont frĂ©quemment remplacĂ©espar des clĂŽtures ou arrachĂ©eslorsque s’agrandit la mailleparcellaire. Les diffĂ©rentstypes de haies sont concernĂ©s

par les processus de rĂ©gression ;les haies composĂ©es Ă©voluentvers une basse strateenvahissante qui n’est plustaillĂ©e, ponctuĂ©e de vieux arbresqui n’ont pas de remplaçantslorsqu’ils disparaissent. Lesarbres Ă©mondĂ©s dĂ©pĂ©rissentaprĂšs quelques annĂ©es sansentretien (le cas des saulestĂȘtards dans les zones humidesest exemplaire), les bouchuresdeviennent intermittentes ou au

contraire " montent " fauted’entretien rĂ©gulier, les lisiĂšress’épaississent quand la densitĂ©de bovins Ă  l’hectare devienttrop faible pour en assurer le"nettoyage". Pour maintenir lescaractĂšres identitaires de cespaysages, il conviendrait demener deux types d’actions : larĂ©gĂ©nĂ©ration de la trameexistante et sa reconstitution lĂ oĂč elle tend Ă  disparaĂźtre.

Les paysages de bocage ontconsidérablement régressé

en surface. Les unitĂ©s classĂ©essous cette rubriquereprĂ©sentent les figures qui ontconservĂ© jusqu’à notre Ă©poqueleurs caractĂšres originaux,c’est-Ă -dire un rythme rĂ©gulierd’enclos, une trame de haiessignificative, un rapport intimeentre le bĂąti dispersĂ© et lerĂ©seau des haies et uneĂ©conomie fondĂ©e sur l’herbe. LessingularitĂ©s se fondent sur lamorphologie et la compositiondes haies (opacitĂ© outransparence, couleurs ettextures), la prĂ©sence ou non durelief (vues courtes ou paysagesen tableau), l’existenced’élĂ©ments singuliers (arbresremarquables, figuresconstruites) et la dimension du

parcellaire. Certains de cescaractĂšres sont Ă  peu prĂšsstables et donc pĂ©rennes(figures bĂąties, taille duparcellaire, composition deshaies) mais nombreux sont ceuxqui Ă©voluent : la densitĂ© durĂ©seau de haies, la prĂ©senced’arbres remarquables, l’état"dissimulĂ©" du construit etc. Laprise en compte de l’évolutiondes pratiques agricoles etnotamment du recul gĂ©nĂ©ral dessuperficies toujours en herbe73

montre que ces paysages vontavoir tendance Ă  Ă©voluer versdes figures mixtes etintĂ©greront Ă  terme les famillesde "plaines et bocage" ou de"plaines et bois", dans lesquellesles figures bocagĂšres n’existentplus qu’à l’état de trace. Laquestion qui se pose est

clairement celle de l’avenir desbocages dans le Cher et soncorollaire : Ă  quelle Ă©conomie cespaysages correspondront-ils auvingt-et-uniĂšme siĂšcle ? Il y a lĂ un rĂ©el enjeu, qui est celui de ladiversitĂ© paysagĂšre dudĂ©partement. Ce n’est passeulement un enjeu esthĂ©tiqueou une nostalgique rĂ©fĂ©rence :un territoire qui perd sesspĂ©cificitĂ©s est un territoire quinie ses identitĂ©s et par lĂ  mĂȘmecelles de ceux qui y vivent. C’estune question culturelle forte quine pourra ĂȘtre Ă©vitĂ©e. Lesprincipaux enjeux sont lapĂ©rennisation de la trame deshaies, le maintien de l’activitĂ©herbagĂšre, la gestion duconstruit et la mise en Ɠuvred‘une rĂ©flexion sur une "nouvelleĂ©conomie du bocage ".

Formes de régression des figures végétales

73 DonnĂ©es statistiques du Recensement GĂ©nĂ©ral de l’Agriculture

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LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 557

Evolution des usages et paysage forestier

La forĂȘt fut longtemps unmilieu hostile, que l’homme ne

frĂ©quentait qu’avec parcimonieou dans une Ă©conomie trĂšsparticuliĂšre. La plus grandepartie des massifs fut, jusqu’auxgrandes pĂ©riodes dedĂ©frichement ou de conversionen forĂȘts de production, unmilieu impĂ©nĂ©trable Ă  l’homme,un espace sans usage. Iln’existait pas alors Ă proprement parler de paysageforestier car cette notionsuppose une interaction entrel’homme et son milieu. Lepaysage nait de cetteinteraction et du regard que lacollectivitĂ© porte sur elle. Ànotre Ă©poque les usages de laforĂȘt se sont multipliĂ©s : lesyliviculteur, le chasseur, lemycologue ou le promeneur sontdevenus des usagers de l’espaceboisĂ© qui participent de deuxfaçons Ă  l’élaboration desfigures paysagĂšres. D’une partparce que ces usages supposentdes amĂ©nagements (les rĂ©seauxd’allĂ©es d’exploitation, lesroutes d’accĂšs, les sentiers derandonnĂ©e, les aires de repos ou

de pique-nique) et, d’autre partĂ  cause de la posture du“regardeur” au sens de ladĂ©finition de Marcel Duchamp,qui postulait qu’une Ɠuvre d’artn’est achevĂ©e que par le regardet la rĂ©appropriation duspectateur. On peut tout Ă  faitĂ©tendre cette notion au paysage.Il devient alors clair que sansusage, le paysage “se dĂ©fait”.

On peut également constaterune extension des phénomÚnesde fermeture des milieuxforestiers, soit quand la gestionest moins réguliÚre et que lemilieu devient impénétrable, soitquand le massif est enclos pourse réserver à un usage unique(en général, la chasse privée).Un exemple simple illustre biencette régression paysagÚre : uneparcelle ouverte, traitée enfutaie montre le long des routesle spectacle des hautes colonnesde ses troncs, les jeux delumiÚres dans ses frondaisons etla richesse de son sous-bois ; aucontraire, une parcelle encloseest le plus souvent ceinturée parune lisiÚre épaissie qui constitue

un mur de verdureinfranchissable et cache le cƓurforestier. La vision desprofondeurs de l'espace boisĂ©et la comprĂ©hension de sadiversitĂ© ont fait place Ă  uneuniformitĂ© opaque. Le paysagerĂ©gresse jusqu'Ă  disparaĂźtre. Iln'y a plus d'usage possible, laforĂȘt, isolĂ©e de l'espace publicpar une clĂŽture doublĂ©e d'unelisiĂšre Ă©paissie, ne constitueplus un paysage mais plutĂŽt unmonde clos, isolĂ© de soncontexte. Ainsi peut-onaffirmer que la spĂ©cialisationexcessive des usages se traduitbien par un enjeu paysager, quise double de surcroĂźt d’un enjeutouristique et Ă©conomique car laforĂȘt demeure l’un des attraitsessentiels du dĂ©partement.

Le dĂ©veloppement desenrĂ©sinements affecte parfoisfortement cette diversitĂ© eninstallant de vastes parcelles demonoculture d’épicĂ©as ou dedouglas, gĂ©nĂ©ralementdĂ©pourvues de sous-bois quigĂ©nĂšrent un paysage boisĂ©monotone. LisiĂšres et borduresdes allĂ©es semblent alorsd’univoques murs de verdurederriĂšre lesquels l’obscuritĂ© etla pauvretĂ© du sous-boisn’inspirent aucun dĂ©sir aupromeneur. Ces bois sonttraitĂ©s en futaies trĂšs densesqui donnent un couvert opaque.L’absence de lumiĂšre etl’appauvrissement des sols dus Ă 

la mauvaise dĂ©composition desaiguilles crĂ©ent un milieu quasistĂ©rile : rĂ©gression paysagĂšreet Ă©cologique s’installentrapidement. La description desunitĂ©s a montrĂ© que cetteĂ©volution, lorsqu’elle concernedes massifs que le relief rendvisibles (unitĂ©s 1-2 et 1-5) oudes bordures de voies trĂšsfrĂ©quentĂ©es (Sologne), produitune altĂ©ration globale dupaysage sur laquelle il convientde s’interroger. Le maintiend’une diversitĂ© de peuplement,d’une mixitĂ© entre rĂ©sineux etfeuillus, mĂȘme dans les terrainsqui semblent plus propices auxpremiers, est indispensable. Il

conviendrait de dĂ©finir unepalette d’essences par unitĂ© (oupar groupes d’unitĂ©scorrespondant aux mĂȘmesconditions de milieu) qui tint Ă  lafois compte des impĂ©ratifsculturaux et Ă©conomiques etd’une exigence de maintien de ladiversitĂ© paysagĂšre.

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LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 558

La régression des figuresbocagÚres est

essentiellement liĂ©e Ă  un reculgĂ©nĂ©ralisĂ© des prairies pĂąturĂ©eset des prairies de fauche.L’agrandissement de la mailleparcellaire et la progression dulabour remettent en cause larĂ©partition des enclos et lerythme qui caractĂ©rise cesformes de paysage. À terme, lamise en culture se traduira parla disparition totale des haiesqui mobilisent du terrain etportent ombre sur les cultures.Le maintien des caractĂšresoriginaux de certaines partiestrĂšs Ă©voluĂ©es du bocage passeimpĂ©rativement par un soutiende l’activitĂ© herbagĂšre. UnerĂ©flexion gĂ©nĂ©rale, Ă  l’échelle dudĂ©partement, sur l’avenir des

productions agricoles etnotamment les filiĂšres animalesserait la seule garantie de voirperdurer certains paysagesfragilisĂ©s. Si le cƓur duBoischaut, le bocaged’embouche, la vallĂ©e deGermigny ou le Pays Fortsemblent assurĂ©s d’une relativepĂ©rennitĂ©, nombreux sont lessites qui sont en ce dĂ©but desiĂšcle Ă  la croisĂ©e des chemins.La promotion d’un label dequalitĂ© (bƓufs, moutons etchĂšvres du Berry parexemple
), Ă  partir d’unecampagne de sensibilisation,d’aides spĂ©cifiques (fondseuropĂ©ens, mesures agri-environnementales, lagĂ©nĂ©ralisation des contratsterritoriaux d’exploitation) et

l’organisation de filiĂšrescommerciales spĂ©cifiques,permettrait sans aucun doute demaintenir un relatif Ă©quilibreentre herbe et labour, conditionde la survie des paysages debocage. C’est Ă©galement pour ledĂ©partement un enjeuĂ©conomique Ă  deux titres : lagĂ©nĂ©ralisation d’un modĂšleunique de production setraduirait inĂ©luctablement parune saturation des marchĂ©s quipĂątirait en premier lieu auxterroirs les moins adaptĂ©s Ă  laculture et, par ailleurs, la qualitĂ©paysagĂšre –qui se fonde sur ladiversitĂ©- a Ă©galement unevaleur Ă©conomique, qui est celledu potentiel touristique et del’attractivitĂ© des sites.

Maintenir un Ă©quilibre entre l’herbe et le labour

Fermeture, ouverture et effet de flou

Les mutations se traduisentpar deux mouvements

apparemment contradictoires

d’ouverture et de fermetureexcessives des sites et par unegĂ©nĂ©ralisation de " l’effet de

flou " dans les parties les plusévolutives des bocages.

Un paradoxe qui n’est qu’apparent

La régression des surfaces enherbe provoque un double

mouvement assez gĂ©nĂ©ral surl’ensemble des figuresbocagĂšres : les terresdĂ©sertĂ©es par les animaux selivrent Ă  l’emblavement lorsquele parcellaire est vaste et lesconditions agrologiquesfavorables ; le paysage s’ouvre,s’invente de nouvellesprofondeurs et une Ă©chellebeaucoup plus ample. À l’inverse,si le parcellaire est exigu ou les

sols peu fertiles, c’est la frichepuis le boisement spontanĂ© ou lereboisement qui tendent Ă occuper le terrain, le paysage seferme, se coupe du monde etdevient impĂ©nĂ©trable. Tout sepasse comme si Ă  terme nedevaient exister que deux typesde paysages, la plaine ouverte oule bois inextricable. Ce tropismevers un "paysage binaire" rendbien plus prĂ©cieuses les figuresbocagĂšres qui savent encorenous dire que c’est dans la

complexitĂ© et la diversitĂ© que selit la beautĂ© de la relation entreune communautĂ© humaine etl’espace qui l’accueille.

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LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 559

Le flou comme icĂŽne de la mutation paysagĂšre

Un paysage de bocage biengéré et pleinement utilisé

montre des contours nets : leshaies sont rĂ©guliĂšrementtaillĂ©es, l’herbe est tondue parla dent des animaux, les lisiĂšresportent une marque rectilignequi correspond Ă  la partierĂ©guliĂšrement broutĂ©e sous les

frondaisons, le construits’inscrit clairement dans latrame plantĂ©e. Les premierssignes d’un dĂ©sĂ©quilibre entre ladensitĂ© de l’élevage et lasurface disponible semanifestent par une attĂ©nuationde la nettetĂ© des contours. Leshaies s’épaississent faute

d’entretien, les lisiĂšress’empĂątent lorsque les animauxne sont plus aussi nombreux surla parcelle, les pelouses segarnissent de ligneux et deronces, le rapport entre le bĂątiet le paysage perd sa clartĂ©, enun mot, le paysage devient flou.

Les deux termes de l’alternative : fermeture ououverture ?

Effet de flou et perte de sens du paysage

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LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 560

C’est le premier terme lisibled’une mutation qui se poursuivrajusqu’à la fermeture complĂštedu site. On peut extrapolercette notion de flou Ă  l’évolutiondes silhouettes villageoises :lorsqu’un bourg s’entoure de

pavillons et de lotissements,c’est une forme de nettetĂ© de lasilhouette qui rĂ©gresse. Cetteapparition du flou est un signed’alerte ; le territoire est entrain de changer parce qu’iln’existe plus de cohĂ©rence entre

sa forme et son usage. Laquestion du devenir est alorsposĂ©e : faut-il prĂ©server cemotif ou bien imaginer –etencadrer- la venue d’un nouveaupaysage ?

Le rapport au construit est unenjeu essentiel pour les

paysages de bocage. Ils sontissus de figures bocagĂšres quifurent mises en place entre leseiziĂšme et le dix-huitiĂšmesiĂšcle. Le construit s’y estinstallĂ©, comme l’a montrĂ©l’analyse des unitĂ©s, dans unelogique gĂ©nĂ©rale de dispersionen petits noyaux nichĂ©s dans latrame des haies. LedĂ©membrement de cette tramemet Ă  nu des constructions quisemblent souvent " flotter "dans le paysage, et rĂ©vĂšle defaçon beaucoup plus claire lesbourgs et chefs-lieux quimontrent dĂ©sormais leurssilhouettes, jadis beaucoup plusdiscrĂštes. Le bĂąti, qu’il soit Ă usage d’habitation ou

d’exploitation, devient de plusen plus visible Ă  mesure ques’ouvre le bocage, ce qui supposeque son aspect et ses modalitĂ©sd’organisation fassent l’objet desoins particuliers. Plus unterritoire bocager est ouvert,plus grande devra ĂȘtre lavigilance. Cette vigilance devras'appliquer Ă  deux domainesdiffĂ©rents : la planification del’urbanisme et l'attention Ă porter Ă  l’aspect desconstructions. Pour ce quiconcerne la planification, larĂ©alisation d’études paysagĂšreset urbanistiques menĂ©es Ă l’échelle de l’unitĂ© de paysagepermettrait de fixer des rĂšglesde dĂ©veloppement cohĂ©rent quitiennent compte du site et del’aspect des silhouettes de

bourgs. Le construit dans lesĂ©carts (bĂątiments agricoles etrĂ©novation ou construction delogements neufs) devrait fairel’objet d’un accompagnementqualitatif, dans le cadre desprocĂ©dures d’instruction despermis de construire, qui sefonderait sur lescaractĂ©ristiques du bĂąti dechaque unitĂ©74 et sur un certainnombre de rĂšgles (implantation,adaptation au terrain, palettesde couleur, de matĂ©riaux et devĂ©gĂ©taux). Ces Ă©lĂ©mentspourraient ĂȘtre mis Ă  dispositiondes concepteurs afin d'enrichirles volets paysagers des permisde construire pour en faire devĂ©ritables outils de projet etnon de simples actesadministratifs .

GĂ©rer le construit

Quelle Ă©conomie pour le bocage ?

Il semble Ă©vident que lesoutien de l’élevage extensif,

pour indispensable qu’il soit, nerĂ©soudra pas le problĂšme desmutations en cours et de leursconsĂ©quences. Le mouvementd’extension du labour, lafermeture de certains milieuxet le recul du linĂ©aire de haiesse poursuivra avec son cortĂšgede consĂ©quences : perte decomplexitĂ©, attĂ©nuation descaractĂšres originaux,homogĂ©nĂ©isation du territoirerural, banalisation des figurespaysagĂšres. Les portions de

bocages qui ne sont plus gĂ©rĂ©esse ferment et la question de larĂ©intĂ©gration de milieuxsauvages dans l’espace ruralrisque Ă  terme de se poser. Ilconvient de rĂ©flĂ©chir Ă  denouveaux modĂšles Ă©conomiquespour les bocages de demain. Lesparties les plus emblĂ©matiquesreprĂ©sentent un potentiel de"ruralitĂ© rĂ©crĂ©ative" nonnĂ©gligeable. Le tourisme vert,les conversions de fermes enrĂ©sidences secondaires ou enlieux de loisirs collectifs, la miseen place d’itinĂ©raires de

dĂ©couverte sont desalternatives qui peuventjustifier un entretien et desrestaurations partielles par lescollectivitĂ©s des motifs dubocage. Enfin il existe desproductions susceptiblesd’occuper les parcellaires exiguset les formes bocagĂšres commeles cultures de petits fruits, lescultures Ă  gibier et les formesbiologiques de l’agriculture, quipĂ©rennisent l’usage extensif dela terre, consubstantiel dusystĂšme bocager. Lacohabitation entre formes

74 voir en particulier les plaquettes “Restaurer en Pays Fort et en Sancerrois” et “L’architecture rurale de la Marche et du Boischaut” (C.A.U.E. du Cher)

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LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 561

bocagĂšres et cultures spĂ©cialesest possible, comme le montrel’exemple de la rĂ©gion deChĂąteaumeillant qui a suincorporer son vignoble dans unetrame de bocage. Lareconstitution de trames plantĂ©esdoit aussi poser la question de leurfinalitĂ©. Les haies linĂ©aires fines,qui produisaient du bois dechauffage ou du fourrage, n’ontplus Ă  jouer ce rĂŽle. Il faut sansdoute leur prĂ©fĂ©rer des bandesboisĂ©es composĂ©es d’essencesnobles adaptĂ©es aux conditions demilieu (chĂȘne, merisier, noyer,alisier, etc.) susceptibles defournir du bois d’Ɠuvre.

2-3 PAYSAGES DE VALLÉE

Des sites en devenir

Les paysages de vallĂ©es se distinguent par un effet de contraste avec leur entour, c’est de la gĂ©ographiequ’elles tiennent leur typicitĂ©, qui est par lĂ  mĂȘme assurĂ©e d’une grande stabilitĂ©. Leur double fonction

ancienne d’axes de communication et de systĂšme d’installation linĂ©aire du construit sont Ă©galement inscritspour longtemps dans le territoire. Cependant, l’apparition de nouvelles formes d’organisation autour desgrandes infrastructures routiĂšres et les mutations radicales du dĂ©veloppement de l’urbanisation les priventdu rĂŽle prĂ©pondĂ©rant qui fut le leur pendant les siĂšcles passĂ©s. Si le rapport Ă  l’extĂ©rieur des paysages devallĂ©e est relativement stable, leur structure interne subit de profondes modifications qui en font des sitesen devenir, Ă  la recherche d’un nouvel Ă©quilibre.

Gestion des fonds de valléeet fermeture du milieu

La fermeture des berges

Les mutations rĂ©centes de l’occupation des fonds devallĂ©es ont des consĂ©quences lourdes sur le

paysage : le recul gĂ©nĂ©ralisĂ© des pĂąturages dans leszones humides laisse la place Ă  des peupleraies ou Ă des boisements spontanĂ©s qui ont pour effet defermer les sites et de rĂ©duire considĂ©rablement lavisibilitĂ© des cours d’eau. Les vallĂ©es se montrentessentiellement par leurs galeries boisĂ©es et cesmilieux perdent une grande partie de leur diversitĂ©.Les accĂšs aux riviĂšres se rarĂ©fient et l’entretien desberges est de moins en moins assurĂ©.

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LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 562

La pratique des riviĂšres par lespĂȘcheurs ou les promeneursdevient de plus en plus malaisĂ©e.Il conviendrait de conduire unedouble rĂ©flexion visant Ă dĂ©senclaver les cours d’eau et Ă 

rĂ©tablir un rapport Ă©quilibrĂ©entre les pleins et les vides :soit imaginer une gestioncollective des accĂšs et desberges par les communes, lessociĂ©tĂ©s de pĂȘche ou les

associations naturalistes, soitexaminer les possibilités deréimplanter des parcourspùturés, en concertation entreles collectivités locales et laprofession agricole.

Les nombreux creusements desabliĂšres, en particulier dans

les vallĂ©es du Cher et de l’YĂšvre,transformĂ©es aprĂšs exploitationen bases de loisirs ou en plansd’eau de pĂȘche gĂ©nĂšre unĂ©vident problĂšme de seuil : leursystĂ©matisation est un facteurde banalisation du paysage. LeSchĂ©ma DĂ©partemental descarriĂšres a Ă©tĂ© approuvĂ© le 7mars 2000, il a comme objectif

de mettre un terme Ă  cesextensions. NĂ©anmoins, laquestion de l’usage de ces plansd’eau en fin d’exploitationdemeure posĂ©e car lamultiplication des bases deloisirs ne peut ĂȘtre dans tous lescas une rĂ©ponse pertinente. UneĂ©tude gĂ©nĂ©rale d’affectation deces sites devrait ĂȘtre menĂ©e,qui poserait la question demaniĂšre transversale dans une

logique d’amĂ©nagement duterritoire et de dĂ©veloppementdurable, et dĂ©boucherait sur derĂ©els projets de paysageprenant en compte le rapport ausite de ces plans d’eau, qui tropsouvent apparaissent comme desanecdotes paysagĂšres malmaĂźtrisĂ©es.

Sabliùres et plans d’eau

Pratiques culturales et protection des biotopes

Risques et fragilités

Les vallées les plus amples, quiont constitué une vaste

plaine alluviale (val de Loire) ouqui s’installent dans une vastedĂ©pression sans rupture francheavec le terroir environnant(basse vallĂ©e de l’Arnon,certaines partie du val d’Auron,l’essentiel de l’éventail deBourges) voient le lit mineur dufleuve ou de la riviĂšre misdirectement en relation avecdes secteurs livrĂ©s Ă  la grandeculture. C’est le cas pour laLoire, dont le lit majeur s’estrĂ©cemment converti au labour etpour les autres riviĂšresmentionnĂ©es dans les zones deChampagne Berrichonne qu’ellesbaignent. Les pratiques

culturales intensives setraduisent par l’utilisationmassive d’intrants, dont on a pumesurer les effets sur lebiotope de la Loire : progressiondes herbus, rĂ©gression desbancs de sable, modification dela composition des verdiaux auprofit des espĂšces neutrophiles,apparition de phĂ©nomĂšnes dedominances qui dĂ©sĂ©quilibrentles cortĂšges floristiques7 5.Cette altĂ©ration est cependantattĂ©nuĂ©e en Loire par la relativeĂ©paisseur de la ripisylve quiĂ©vite tout contact direct entreles champs cultivĂ©s et le coursd’eau ; en revanche, dans le casde la basse vallĂ©e de l’Arnon oude la vallĂ©e de l’Auron, la

confrontation est parfoisbeaucoup plus directe, mettantparfois les rampes detraitement en contact directavec la riviĂšre. Il seraitsouhaitable d’examiner lapossibilitĂ© de neutraliser unebande de terrain autour descours d’eau les plus sensibles quiserait traitĂ©e en prairie (defauche ou pĂąturĂ©e) et recoupĂ©ede bandes boisĂ©es afin deralentir la course des eaux deruissellement chargĂ©es depolluants vers les riviĂšres.

75 voir unité 3-6, page 213

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LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 563

Le débordement du construitsur les versants est un

phĂ©nomĂšne rĂ©cent qui a Ă©tĂ©observĂ© dans plusieurs cas(vallĂ©e du Cher, vallĂ©e del’YĂšvre, vallĂ©e de l’Auron dans larĂ©gion de Dun, versants del’Aubois au droit des bourgs) ;l’activitĂ© industrielle s’estdepuis longtemps installĂ©e dansces sites (vallĂ©e du Cher). LesvallĂ©es connaissent donc desmutations en terme dedĂ©veloppement qui nĂ©cessitent

un accompagnement spĂ©cifique.La vallĂ©e prĂ©sente l’avantaged’ĂȘtre un axe fĂ©dĂ©rateur, unerĂ©elle entitĂ© paysagĂšre quipermet de valider desstratĂ©gies intercommunales derĂ©flexion et d’action. DesĂ©tudes conduites Ă  l’échelle dechaque vallĂ©e permettraient dedisposer d’un volet paysager desdiffĂ©rents documentsd’urbanisme opĂ©rationnel descommunes riveraines ainsi qued’un cadre de lecture du paysage

pour alimenter les procĂ©duresd’instruction des permis deconstruire. On pourrait ainsifixer un certain nombre derĂšgles simples : respecter leslignes de forces du site, Ă©viterles implantations en tĂȘte deversant, Ă©tablir des lignesplantĂ©es qui Ă©vitent les effetsde mitage, inventer dessystĂšmes de continuitĂ© avec lesnoyaux existants, proscrire lesĂ©difices volumineux sur lespentes, etc


Vallées et urbanisation

Si l’occupation agricoletraditionnelle tend à

reculer, les paysages de vallĂ©ene sont pas sans avenir. Nousavons vu que leur situationprivilĂ©giĂ©e dans la gĂ©ographiedĂ©partementale en faisait desinstruments de dĂ©couverte etde comprĂ©hension du territoire :la vallĂ©e de l’Arnon raconte lagĂ©ographie physique, la vallĂ©e duCher parle de l’histoire et de lagĂ©ographie humaine, la vallĂ©e del’Auron fait Ă©vĂ©nement dans la

plaine de Champagne
 Ă  samaniĂšre, chacune de ces unitĂ©sde paysage tient son rĂŽle decharniĂšre et de rĂ©vĂ©lateur despaysages qu’elle traverse. Il y alĂ  un vĂ©ritable enjeu et unechance Ă  saisir : ce sont sansdoute les vallĂ©es qui seraient lesmeilleurs supports possibles descircuits de dĂ©couvertepermettant de revitaliser leszones bocagĂšres en dĂ©shĂ©rence.Les tronçons de vallĂ©e, quitraversent les paysages souvent

ressentis comme monotones desplaines de culture, doiventprofiter de leur statut de"contrepoint vert" pouraccueillir des usages centrĂ©s surl’idĂ©e de nature. Dans undĂ©partement qui s’orientenettement vers les diversesformes du tourisme vert, lespaysages de vallĂ©e offrent Ă  lafois un outil de connaissance etun support inĂ©galable.

Un rÎle à jouer dans les paysages départementaux

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Une sensibilitĂ© liĂ©e Ă  l’extrĂȘme visibilitĂ©

Les plaines livrées à la grandeculture sont globalement

stables puisqu’elles ontpratiquement atteint le stadeultime de leur Ă©volutionpaysagĂšre. Elles sont d’abordlues comme une marqueterieample de parcelles aux textureset aux couleurs changeantesavec les saisons oĂč la vue semblese perdre en d’inaccessibleslointains. Ces paysages secaractĂ©risent par leur extrĂȘmevisibilitĂ© : tout objet (bĂątiment,bosquet, arbre isolĂ©, pylĂŽne ouchĂąteau d’eau
), prend ici une

importance singuliĂšre. Nousavons vu que les nuances quicaractĂ©risent et individualisentles diffĂ©rents paysages deplaine se fondent sur de subtilesdiffĂ©rences de relief, sur laprofondeur des horizons ou lerapport aux limites. C’estĂ©galement la prĂ©sence defigures vĂ©gĂ©tales ou construitesqui donne une mesure Ă l’immensitĂ© et une personnalitĂ© Ă chaque unitĂ© : l’une secaractĂ©rise par la prĂ©sence denoyers de plein vent, une autrepar la qualitĂ© du bĂąti de ses

fermes ou de ses villages, unetroisiĂšme parce qu’elle comportedes reliques de figuresbocagĂšres qui composent undessin singulier sur l’étenduedes terres labourĂ©es. Ce sontdonc des paysages qui sontautant dĂ©terminĂ©s par un rĂ©seaud’objets que par leur structurespatiale proprement dite.L’aspect de ces objets, leurpĂ©rennitĂ© ou leur fragilitĂ©figureront les principaux enjeuxdes plaines.

LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 564

2-4 PAYSAGES DE PLAINE

Toutes les unités de cetensemble comportent des

figures végétales plus ou moinsévanescentes, qui vont du bois à

l’arbre isolĂ© en passant par deshaies reliques, de petitsalignements d’arbres, desbandes boisĂ©es et des vergers

aux abords des villages et desfermes.

Le fragile enjeu des figures végétales

L’importance d’un arbre solitaire


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LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 565

Il existe un paradoxe entre lerĂŽle paysager de ces figures etleur fragilitĂ©. Dans la plupartdes cas, elles ne correspondentplus Ă  un usage dans le territoirequ’elles habitent et sont doncd’une Ă©vidente fragilitĂ©, etcependant elles le qualifientd’une indicible maniĂšre. Latendance naturelle d’évolutionest une disparition progressivede l’ensemble de ces scĂšnesreliquaires, c’est-Ă -dire unebanalisation de ces paysages qui

Ă  terme finiront par tous seressembler. Les champagnes, quisont dĂ©jĂ  perçues par beaucoupcomme des " non-paysages " yperdront les seuls Ă©lĂ©mentssusceptibles de leur apporterdiversitĂ© et lisibilitĂ©. Il estimportant de prendre desmesures de sauvegarde de cesstrates arborĂ©es, voire de lesrenforcer. Un relevĂ© prĂ©cis etune inscription au titre desespaces boisĂ©s classĂ©s dans lesdocuments d’urbanisme seraient

ici indispensable. Cependanttoutes ces figures n’ont pas lamĂȘme importance, un inventaireraisonnĂ©, conduit dans le cadred’une Ă©tude paysagĂšre desplaines permettrait unenĂ©cessaire hiĂ©rarchisation. Ilserait possible d’envisager, dansdes secteurs oĂč cela estcompatible avec les contraintesd’exploitation, de reconstituertout ou partie de cette trameverte.

LisibilitĂ© et arbres d’alignement

S’il semble difficile d’imaginerque l’on puisse envisager de

reconstituer ou mĂȘme depĂ©renniser un systĂšme de haiesau beau milieu des champs decĂ©rĂ©ales, il est possibled’envisager une intervention en

limite du domaine public, c’est-Ă -dire le long des routes. Laphotographie ci-dessous montrel’importance que prend un simplealignement de noyers le longd’une allĂ©e ; pourquoi ne pasrestaurer une partie des grands

alignements qui existĂšrentjusqu’au milieu du siĂšcle dernieret permettaient, enhiĂ©rarchisant le rĂ©seau viaire,de comprendre le territoire etde s’y repĂ©rer.

Une allée plantée de noyers : un événement dans la plaine

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Il existe des moyens techniquespour rĂ©pondre Ă  un besoin desĂ©curitĂ© tout en reconstituantun paysage lisible et cohĂ©rent.Les croquis ci-dessous montrentdes dispositions susceptibles derendre compatibles lesimpĂ©ratifs de sĂ©curisation de laroute et la plantation d’arbresd’alignement. Ces croquis ont

Ă©tĂ© Ă©tablis en tenant comptedes normes actuelles desĂ©curitĂ©, Ă©dictĂ©es par laDirection des Routes auMinistĂšre de l'Equipement.On peut Ă©galement imaginerd’accompagner certains axesroutiers par des haies en plein,composĂ©es d’une basse stratedense et d’une strate arborĂ©e,

qui ne constitueraient pas unobstacle frontal pour unvéhicule en sortie de route.

LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 566

Planter
 malgré tout


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LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 567

La ferme en son Ă©crin

Le construit, une histoire de silhouettes, une question de qualité

Le principe de la visibilitéporteuse de sensibilité

paysagĂšre s’applique, bienentendu, aux objets construits.Les fermes anciennes ou lesvillages Ă©taient entourĂ©s d’unsocle plantĂ© qui les ancrait dans

le paysage en accompagnant leurrapport avec le sol. L’échelle desbĂątiments, les textures et lescouleurs, filles de matĂ©riauxtirĂ©s du sous-sol, installaient undialogue d’une grande cohĂ©renceentre les Ă©difices et le site. Les

modalitĂ©s de groupement desmaisons d’habitation et lesbĂątiments d’exploitationparachevaient une idĂ©ed’harmonie et d’équilibre.

Les figures d’urbanisationnouvelle qui se dĂ©veloppent surtoute la partie des paysages deplaine jouxtant l’agglomĂ©rationde Bourges (unitĂ©s 4-1 et 4-5)et sur les pĂ©riphĂ©ries desbourgs qui Ă©maillent les routesprincipales sont perçues Ă grande distance, et la façondont se lit leurs silhouettes estun enjeu important. Il estindispensable d’introduire iciune dimension de projet globalqui pourrait prendre sa placedans les volets paysagers desdocuments d’urbanisme (schĂ©made cohĂ©rence territorial de

Bourges, plans locauxd’urbanisme, etc
). Une Ă©tudegĂ©nĂ©rale sur le thĂšme " habiterles paysages de plaine ", quifixerait quelques principessimples (prĂ©voir des modes degroupements cohĂ©rents avecl’existant, composer lessilhouettes en harmonie avec leslignes de force du paysage,exprimer clairement les limitesĂ  partir de structures plantĂ©es,Ă©laborer des palettes decouleurs, de matĂ©riaux et devĂ©gĂ©taux adaptĂ©s au milieu enĂ©vitant les conifĂšres et autresessences exotiques etc
), serait

sans doute la rĂ©ponse la mieuxadaptĂ©e. Concernant le construitse pose Ă©galement la questiondes bĂątiments agricoles, souventde grand volume (silos et autresbĂątiments de stockage), pourlesquels des principes devolumĂ©trie et de colorationdevraient ĂȘtre dĂ©finis. Enfin, lespaysages de plaine sontsoulignĂ©s par le passage desdeux couloirs de lignes EDF quipourraient susciter une politiquede plantations compensatoiresdes abords de certaines routes(voir unitĂ©s 4-1 et 4-5).

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LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 568

2-5 PAYSAGES DE RELIEF

Les paysages de relief ont pardéfinition une structure

gĂ©nĂ©rale stable car leurprincipal dĂ©terminant est lagĂ©omorphologie, dont l’évolutionse rĂ©fĂšre Ă  une Ă©chelle detemps qui dĂ©passe largementcelle de l’homme. Cependantl’une des caractĂ©ristiquesprincipales de ces sites est laprĂ©sence constante de paysagesen tableau : les versantsmontrent l’occupation du solcomme un dessin projetĂ© surune paroi. La richesse ou la

pauvretĂ© du tableau conditionnela force ou la faiblesse del’enchaĂźnement des motifs quepropose le paysage. Une figured’évolution rĂ©gressive se voittrĂšs clairement, sans doutebeaucoup plus que dans unbocage Ă  plat dans lequel lesprofondeurs des vues sontfaibles et n’offrent pas devision d’ensemble. Les paysagesde relief proposent aussi unegrande diversitĂ© de postures duregard : on change trĂšsrapidement d’ambiance selon

que l’on se dĂ©place sur unecrĂȘte, un versant ou un fond devallon. DiversitĂ© et complexitĂ©caractĂ©risent ces sites quiproposent en particulier unpassage constant entre deszones fermĂ©es et ouvertes biendiffĂ©renciĂ©es. Enfin, ladisposition en tableau met biensouvent en Ă©vidence leconstruit. Les enjeux paysagersse fondent sur cette sensibilitĂ©particuliĂšre.

PrĂ©server l’intĂ©gritĂ© des tableaux et la diversitĂ©

L’impact de la dĂ©prise agricole sur un paysage en tableau : dĂ©but d'enfrichement

La simplification des tableaux paysagers

Les paysages de reliefcomportent deux phases : la

premiĂšre est forestiĂšre etrenvoie aux enjeux de ces typesde paysage ; la stabilitĂ© globalen’est pas remise en cause, unetendance Ă  la monoculturerĂ©sineuse peut apparaĂźtrecomme un appauvrissement danscertains secteurs ponctuels desMonts de la Marche ou du cƓurdu Pays Fort. La seconde phase,agricole, est gĂ©nĂ©ralement detradition herbagĂšre etbocagĂšre, elle subit de pleinfouet les consĂ©quences del’évolution rĂ©gressive de cespratiques dans le dĂ©partement.La mise en Ă©vidence par ladisposition en tableau rendbeaucoup plus sensiblequ’ailleurs cette Ă©volution : lacomplexitĂ© des scĂšnes et enparticulier le dĂ©coupage deslisiĂšres qui semble dĂ©rouler Ă l’infini la transition entre lessĂ©quences forestiĂšre etbocagĂšre se dĂ©lite peu Ă  peu. La

perte de complexitĂ© du paysagedevient extrĂȘmement visibledans les paysages de relief. Lespaysages en tableau sont depuissants rĂ©vĂ©lateurs desprocessus d’évolution. Lepremier signe de la dĂ©prise

agricole sur une parcelle enherbage est l’apparition desronces, qui sur un versantmarquĂ© se distinguentimmĂ©diatement et laissent uneimpression d’abandon.

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De la mĂȘme façon, la progressiondu labour et l’arrachage deshaies, la rĂ©gression des lisiĂšreset la conquĂȘte des bois par lesfutaies rĂ©sineuses, ensimplifiant les tableaux,altĂšrent les qualitĂ©s despaysages de relief. Il existe unesensibilitĂ© particuliĂšre desversants les plus en vue, qui setraduit Ă©galement par le rĂŽleque jouent les objets construits,mis en Ă©vidence par les reliefs.Les pentes les plus exposĂ©es

(versant de la cuesta du PaysFort, de la cĂŽte de Saint Amand,flancs de la Motte d’Humbligny,etc.) doivent faire l’objet d’unsuivi rigoureux de leur Ă©volution.Ce sont des sites prioritaires quimĂ©ritent des mesures deprotection et d’accompagnement(aides au maintien d’une activitĂ©agricole diversifiĂ©e, chartequalitative des bĂątimentsagricoles, maĂźtrise dudĂ©veloppement du construit)d’autant plus indispensables que

ce sont le plus souvent des sitesreconnus et porteurs del’attractivitĂ© de la rĂ©gion qu’ilsoccupent. Les potentialitĂ©stouristiques et naturelles dudĂ©partement sont fortementdĂ©terminĂ©es par des sites quiappartiennent Ă  cet ensemble (lePays Fort, les gorges de l’Arnon,les Monts de la Marche enparticulier).

Le risque de fermeture des fonds de vallons et dépressions

Il existe une deuxiĂšmemaniĂšre de connaĂźtre et

d’apprĂ©cier les paysages derelief, qui est celle de la relationintime : lorsque l’on pĂ©nĂštredans le cƓur de ces paysages,les fonds de vallons, gorges etdĂ©pressions offrent des scĂšnesdĂ©licates de petites poches deprairies, de clairiĂšres ou deruisseaux entourĂ©s de fraĂźchesprairies piquetĂ©es de vieux

saules et recelant parfois devĂ©ritables joyauxarchitecturaux. La rĂ©gressiongĂ©nĂ©rale du pĂąturage quioccupait la plupart de ces sitesles conduit Ă  se fermer parboisement spontanĂ© ou parreplantation. C’est toute unedimension du paysage qui peu Ă peu s’efface et une Ă©chelle delecture qui disparaĂźt.À l’instar de ce qui a Ă©tĂ© proposĂ©

pour les paysages de vallĂ©e, ilconviendrait de procĂ©der Ă  unĂ©tat des lieux qui permettraitde recenser les scĂšnes encoreintactes et les moyens d’éviterqu’elles ne s’altĂšrent (parcourspĂąturĂ©s, entretien des bords deriviĂšre, rĂ©flexion sur lesmodalitĂ©s d’une gestionspĂ©cifique, etc.).

La fermeture des fonds et la perte de compréhension du paysage

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LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 570

Les paysages viticoles et legrand verger de la région de

Saint Martin d'Auxignyconstituent un ensemble depaysages qui peuvent Ă  termedevenir des victimes de leurpropre rĂ©ussite, bien Ă©loignĂ©s encela des secteurs de bocage quirisquent de disparaĂźtre. Ce qui aĂ©tĂ© observĂ© en premier lieu surle vignoble du Sancerrois mĂ©riteune rĂ©flexion gĂ©nĂ©rale. Le soucide rentabilitĂ© conduit lesexploitants de ces culturesspĂ©ciales devenues hautementtechnologiques Ă  utiliser despratiques oublieuses du tempsqui patiemment façonne lespaysages. Nous sommes entrĂ©sdans une Ăšre oĂč les alĂ©as sont demoins en moins tolĂ©rĂ©s. Lespratiques culturales intensiveset l’abandon des techniques desauvegarde des sols,incompatibles, semble-t’il avecla mĂ©canisation, conduisent Ă mettre en pĂ©ril la qualitĂ© decertains sols Ă  long terme tout

en simplifiant Ă  l’excĂšs lesfigures paysagĂšres. De la mĂȘmefaçon, le fait que les critĂšresd’aspect priment sur ceux dugoĂ»t a conduit Ă  privilĂ©gier lesvariĂ©tĂ©s amĂ©ricaines en bassestiges, au dĂ©triment de ladiversitĂ© variĂ©tale ancienne. CephĂ©nomĂšne a entraĂźnĂ© le grandverger vers la quasimonoculture, qui prĂ©sente unrisque d’appauvrissement dumilieu Ă  plus ou moins brĂšveĂ©chĂ©ance et unehomogĂ©nĂ©isation banalisante dupaysage.Enfin sur les terroirs les plusprestigieux, la "rançon dusuccĂšs" se lit dans les figuresbĂąties souvent quelque peuostentatoires et dont lavolumĂ©trie nĂ©cessitĂ©e par lesnormes techniques contreditbien souvent l’harmonie du sited’accueil.Une remise en question decertains de ces signes duprogrĂšs et de la modernitĂ© sera

certainement indispensable pourmaintenir un Ă©quilibre entre labeautĂ© des sites et la qualitĂ©des produits, car l’économie dela rĂ©gion s’appuie sur ces deuxfondements complĂ©mentaires.

2-6 PAYSAGES DE VIGNES ET VERGERS

2-7 PAYSAGES URBANISÉS

Ecrire les limites d’agglomĂ©ration

La clarté du rapport entre lesvilles et le paysage rural doit

se fonder sur une redéfinitiondes limites ; à partir des imagesà terme que définiront lesdocuments de planification, ilfaudrait définir une typologieurbaine des quartierspériphériques qui évite leseffets de mitage

(dĂ©veloppements de Vierzon etde Saint Amand sur le coteauoriental) et mettre en place unsystĂšme de limites Ă©crites :fronts urbains clairs et formespaysagĂšres d’accompagnement,(en particulier dans le cas deBourges et de ses extensionsfutures vers le sud).

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LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 571

Les zones comprises entre lesgrandes infrastructures

routiĂšres et les limites actuellesd’agglomĂ©ration sont desterritoires d’enjeux. Prochesdes Ă©changeurs de l’autoroute A71, elle reprĂ©sentent des zonespotentielles de dĂ©veloppementmĂȘme si, dans le cas de celui deSaint Amand il n’y a pas Ă  ce jourde mutation visible. Ilconviendrait de mettre en placesur ces secteurs (en particulierl’espace compris entre le sud deBourges et la rocade de

contournement) une stratĂ©gievolontaire qui organise ledĂ©veloppement et maintiennedes espaces paysagers detransition entre les zones bĂątieset les rocades. Cette question sepose pour Vierzon au nord (A 71)et Ă  l’ouest (A 20), sur desterrains qui se trouventenclavĂ©s entre ville et route. Icise posera Ă  terme la question dela fin de la ville : doit-elle ou nontransgresser ces nouveauxremparts que lui a offertl’époque contemporaine?

L’image de l’agglomĂ©ration sefondera sur sa façon d’établir unrapport paysager avec ces axes.Dans les deux cas (Bourges etVierzon), les enjeux nĂ©cessitentune rĂ©flexion du type plan depaysage sur la thĂ©matique "faut-il ici finir la ville"? Dans le cas del’agglomĂ©ration de Saint Amand,la mise en place d’une procĂ©dured’encadrement dudĂ©veloppement de la zone del’échangeur et de la partieoccidentale d’Orval s’impose.

Maintenir les coupures vertes

Accompagner les approches externes

GĂ©rer les interstices

Le paysage interne desagglomérations se fonde

souvent sur un subtil Ă©quilibreentre zones bĂąties et zonesvertes : c’est tout le principe dela forme radiale de Bourges , durapport entre Vierzon et sariviĂšre et de l’importance desversants et collines boisĂ©es dansl’agglomĂ©ration SaintAmandoise. Ces coupures vertessont Ă  protĂ©ger et Ă  valoriser et

ce type de disposition doitprĂ©valoir dans la dĂ©finition desfuturs quartiers endĂ©veloppement. Un plan decomposition paysagĂšre desfutures extensions, nourri parune analyse des trames vertesexistantes serait l’instrumentde cette indispensableprĂ©caution. On peut remarquer Ă ce propos que la procĂ©dure desSchĂ©mas de CohĂ©rence

Territoriale, qui permet laconstitution de coupures vertesest une réelle occasion demettre en place ces paysagesd'équilibre entre urbanisationet trame végétale.

La façon dont les villes sontperçues et comprises depuis

l’extĂ©rieur est fondatrice deleur identitĂ©. Nous avons vu queBourges exprimait largement sasilhouette sur son entour. Lesvues trĂšs dĂ©gagĂ©es la mettentdirectement en contact avecl’immensitĂ© de la plaine d’unemaniĂšre parfois ambiguĂ«. Lamise en place de plantations

d’alignement, qui fut Ă©voquĂ©edans le chapitre des plaines,permettrait de recrĂ©er unehiĂ©rarchie des rapports entre lacapitale et son arriĂšre-pays,pour retrouver les fondementsdu territoire : les routes royalesque fait apparaĂźtre la carte deC a s s i n i7 6 Ă©taient toutesplantĂ©es d’un double alignementd’arbres.

76 voir chapitre 1, carte page 30

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LES ENJEUX PAYSAGERS DU DÉPARTEMENT page 572

2-8 PAYSAGES DE BOCAGES BOISÉS

2-9 PAYSAGES DE FORETS HUMIDES

Ces trois unitĂ©s composentd’une part un ensemble

particulier des paysagesforestiers solognots, qui ne s’en

distinguent que par la prĂ©sencedes milieux humides et lecortĂšge vĂ©gĂ©tal qui s’y rattacheet d’autre part par un milieu

tout Ă  fait exceptionnel enBerry, les marais de Contres.

Ce sont soit des paysages danslesquels des figures de

bocages s’intercalent avec desbois dont la taille estcomparable Ă  celle des parcellesen herbe, comme le sud duBoischaut (unitĂ© 8-1), soit desfigures bocagĂšres installĂ©esautour de masses boisĂ©es plusimportantes (unitĂ©s 8-2 et 8-3).Dans les trois cas, la phaseboisĂ©e est relativement stableet prĂ©sente les caractĂ©ristiqueset les enjeux des paysagesforestiers. La phase bocagĂšreproprement dite est assez

stable dans l’unitĂ© 8-1 grĂące Ă  lataille gĂ©nĂ©reuse des parcelles etau dynamisme de l’élevage desbĂȘtes Ă  viande en embouchedans le Boischaut ; en revanchedans les deux autres unitĂ©s, leparcellaire est de taille plusrĂ©duite et les signes d’abandonde gestion sont nombreux,surtout dans l’unitĂ© 8-2 quiappartient aux terroirs pointĂ©ssur la carte des dĂ©prises de lapage 497. La marqueterie debois et d’herbages n’est pasfavorable Ă  une conversion versle labour, c’est donc le processus

de rĂ©gression par fermeture dubocage qui s’exprime ici. Cesdeux unitĂ©s subissent uneĂ©volution vers le boisement sansrĂ©elle gestion. L’utilisation Ă  desfins cynĂ©gĂ©tiques est possibleen ce qui concerne les margessolognotes et une mise Ă  l’étudede nouvelles modalitĂ©s degestion et d’entretien s’imposedans le cas de " l’ancien bocage "de ChĂąteauneuf, qui pourraitbĂ©nĂ©ficier du potentieltouristique liĂ© Ă  la vallĂ©e du Cheret Ă  la petite citĂ© couronnĂ©e parson chĂąteau.

Aux marges de la Sologne

Le principal enjeu des deuxunitĂ©s qui composent cetensemble se fonde sur unecertaine tendance Ă  lafermeture, voire mĂȘme Ă l’enfermement : les clairiĂšres dubassin de la Sauldre rĂ©gressentet la station de Nançay sembleavoir bien du mal Ă  gĂ©rer sarelation avec le monde

extĂ©rieur. Dans les deux cas, ils’agit de paysages attractifs quisemblent ne pas oser utiliserleur potentiel
 faut-il y voir uneffet de l’ambiance solognotequi tend Ă  privatiser le paysage?Il semble que Nançay ait unebelle carte touristique Ă  jouer.Une mise en valeur des pratiquesde promenade, de randonnĂ©e, de

pĂȘche et de contemplation d’unmilieu naturel extrĂȘmementriche devrait pouvoir ĂȘtreenvisagĂ©e sur l’ensemble de laSologne y compris sur lesparties de la rĂ©gion situĂ©es dansles dĂ©partements voisins. LesunitĂ©s 9-1 et 9-2 pourraientĂȘtre des supports de cetterestructuration qui devrait

Les forĂȘts humides solognotessont des milieux moins

favorables aux essencessylvicoles que les stationssĂšches, et apparaissent plutĂŽtcomme des marges favorisĂ©espar une grande richessebiologique. La flore y estdiversifiĂ©e et ce sont de trĂšsriches refuges pour la faune ettout particuliĂšrement pour lesoiseaux. Les milieux humides et l’avifaune

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2-10 PAYSAGES DE PLAINES BOISÉES

La troisiÚme unité de cetensemble, les marais de

Contres, est un milieuexceptionnel et fragile, qui

constitue l'un des rarespaysages du département pourlesquels il conviendrait deproposer une protection totale.

Ces paysages sont composéscomme des mosaïques

binaires, qui combinent lestermes ultimes de l’évolution despaysages ruraux dudĂ©partement, la plaine cultivĂ©eet le bois. Ils sont donc faits dedeux phases dont nous avons vuqu’elles Ă©taient les figures lesplus stables que l’on puisserencontrer dans le Cher. Ce sontdonc des paysages dont lagĂ©omĂ©trie varie peu mais quinĂ©anmoins subissent pourcertains d’entre eux de trĂšsfortes Ă©volutions. Une seule deces unitĂ©s, la campagne de Dun(unitĂ© 10-1) connaĂźt desmodifications radicales de larĂ©partition entre plaine et bois :la premiĂšre progresseconsidĂ©rablement au dĂ©trimentdes seconds. Dans les six autrescas, la rĂ©partition entre lespleins et les vides ne se modifiepas ou trĂšs peu, il s’agit de taillisde production ou de bois dechasse qui ont toutes chances deperdurer grĂące Ă  leurs

dimensions ou du fait desconditions pĂ©dologiques, mais laphysionomie gĂ©nĂ©rale du paysageĂ©volue fortement pour deuxraisons essentielles. La premiĂšrede ces raisons est la grandeouverture visuelle de ces unitĂ©spaysagĂšres, qui donne uneimportance particuliĂšre au bĂąti.La campagne de Dun (unitĂ© 10-1),l’interfluve Cher-Arnon (unitĂ©10-2), et surtout le piĂ©mont duPays Fort (unitĂ© 10-4) en raisonde la mise en Ă©vidence par lerelief, sont fortement affectĂ©spar de nouvelles constructionstrĂšs visibles. Il y a lieu, commedans les paysages de plaineouverte soumis Ă  cette pression,de conduire des Ă©tudes visant Ă encadrer les volets paysagersdes documents d’urbanisme etdes permis de construire endĂ©finissant de maniĂšre prĂ©ciseles modalitĂ©s de groupement etd’implantation, les effets desilhouette et les palettes dematĂ©riaux ou de vĂ©gĂ©tauxd’accompagnement. La seconde

figure d’évolution est ladĂ©gradation des figuresvĂ©gĂ©tales ; il s’agit de tracesbocagĂšres dans le cas de laplaine ponctuĂ©e (unitĂ© 10-3) etde la plaine de Dun (unitĂ© 10-1)et d’un processus d’altĂ©rationdes lisiĂšres, souvent dĂ» auxexcĂšs des enrĂ©sinements (unitĂ©10-2). Une protection desreliques bocagĂšres dans lesdocuments d’urbanisme sembleici s’imposer. Enfin il fautsouligner que malgrĂ© la stabilitĂ©relative du " rapport plein vide ",deux des unitĂ©s de cetensemble, la mosaĂŻque de Graçayet la plaine d’entre Cher etArnon (unitĂ©s 10-4 et 10-7), fontpartie des rĂ©gions en dĂ©prise etmontrent les seuls exemples d’unrecul des figures de plaine auprofit de boisements spontanĂ©snon gĂ©rĂ©s, qui sont nĂ©s del’enfrichement. La question de lagestion de ces terroirs vacommencer Ă  se poser avecacuitĂ©.

Le sanctuaire des marais

susciter une large concertationentre tous les acteurs de cespaysages. Pourquoi ne pasimaginer la mise en place d’unitinĂ©raire de dĂ©couverte du

milieu naturel, dĂ©clinĂ© enparcours, qui permettrait deconnaĂźtre et de contemplerl’avifaune ? N’y aurait-il pas lĂ  unheureux contrepoint Ă©cologique

Ă  l’observatoire, mĂȘlant ainsi lesdeux termes d’un regard globalsur la nature ?

Un milieu fragile à protéger

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Les deux paysages paradoxauxet insolites qui réunissent les

contraires et s’installent pourl’un comme un Ă©vĂ©nement (lesbuttes dans la plaine, unitĂ© 12-2)et pour l’autre comme le gardiendu sanctuaire sancerrois (unitĂ©12-1), ont des personnalitĂ©ssuffisamment fortes pourĂ©voluer sans disparaĂźtre. Ils ne

sont pas stables dans le dĂ©tail(le narthex n’a pas fini des’ouvrir et de se simplifier et lesbuttes sont soumises Ă  lapression de dĂ©veloppement duconstruit) mais le sontassurĂ©ment dans ce qui fondeleurs caractĂšres originaux. Ilconvient cependant, comptetenu de la grande visibilitĂ© que

leur confĂšrent le relief et unetotale ouverture, de prendredes mesures de contrĂŽle vis-Ă -vis de la qualitĂ© desconstructions qui les habitent etde prĂ©voir un accompagnementplantĂ© adaptĂ©, composĂ© Ă  partird’essences indigĂšnes, quipermette de reconstituer dessilhouettes cohĂ©rentes.

2-12 PAYSAGES DE CONTRASTE PLAINE RELIEF

2-11 PAYSAGES DE PLAINES ET BOCAGES MÊLÉS

Ces trois unités sont lesfigures presque finales de

l’évolution rĂ©gressive desbocages, le dernier stade avantque ne s’installe dĂ©finitivementl’openfield. Elles sontconstituĂ©es par des lambeauxbocagers perdus dans la plaine.Si l’on souhaite que ces unitĂ©sconservent un minimum detypicitĂ©, il est indispensable deprendre des mesuresconservatoires en deux temps :protection des figuresrelictuelles et Ă©laboration d’unestratĂ©gie de renouvellement.Celle-ci devra s’appuyer sur uneĂ©tude paysagĂšre qui dĂ©finira latrame Ă  mettre en place, sadensitĂ©, le type d’essences Ă 

utiliser et la localisation desinterventions. Une dĂ©marche dutype plan de paysage, quiinclurait Ă©galement unerĂ©flexion sur le construit et ledĂ©veloppement, semble adaptĂ©eĂ  cette problĂ©matique dans lecas des unitĂ©s 11-1 et 11-2 etaux schĂ©mas qui figurent enannexe de l'atlas. On peutimaginer deux systĂšmescomplĂ©mentaires : une trame quiparle du passĂ© et s’appuie sur lesreliques existantes et une tramequi s’installe sur les bords dechemins, dans l’esprit de ce qui aĂ©tĂ© proposĂ© pour certainspaysages de plaine. Ainsi aurait-on trouvĂ© lĂ  un moyend’exprimer la substance de ces

paysages singuliers, qui vont aubout d’une Ă©volution vers laplaine mais n’en continuent pasmoins par quelques signes tĂ©nus,Ă  parler de leur histoire passĂ©e.Pour ce qui concerne l’est duPays Fort, l’analyse de l’unitĂ© 11-3 a montrĂ© qu’il Ă©tait questiond’un choix radical : faut-ilaccepter et accompagner lamutation vers une image deplaine qui regarde vers la Loireet le Sancerrois ou faut-ilprĂ©server, sauvegarder,remplacer ce qui peut l’ĂȘtre ?