bulletin des amis d’ermeton n° 40 · non, l’oraison nous fait demander à dieu que son fils...

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Bulletin des Amis d’Ermeton n° 40 Décembre 2011 Editeur responsable : Sœur Loyse Morard • Monastère Notre-Dame • Rue du Monastère 1 • B-5644 Ermeton-sur-Biert Bureau de dépôt : Philippeville • Trimestriel octobre-novembre-décembre 2011 • N° Agr. : P201036 Belgique - België P.P. 5600 Philippeville BC 1655

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Bulletin des Amis d’Ermeton n° 40 Décembre 2011

Editeur responsable : Sœur Loyse Morard • Monastère Notre-Dame • Rue du Monastère 1 • B-5644 Ermeton-sur-BiertBureau de dépôt : Philippeville • Trimestriel octobre-novembre-décembre 2011 • N° Agr. : P201036

Belgique - BelgiëP.P.

5600 PhilippevilleBC 1655

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LA JOIE D’ÊTRE AIMÉ

Nous y aspirons tous comme à un bien vital. La seule vraie souffrance est d’en manquer. Que ne ferions-nous pas, consciemment ou non, pour la mériter ? Tout au long du temps qui passe, son désir nous tourmente, nous travaille, au plus profond de nous-mêmes ; toujours inassouvi. Depuis que l’être humain existe, il se cherche un vis-à-vis, semblable à lui, pour en recevoir l’amour et pour le lui donner. L’homme et la femme, créés à l’image de Dieu. C’est qu’en créant le monde, Dieu lui-même s’était cherché un partenaire capable de recevoir son amour et de le lui rendre. Gratuitement, librement, dans une confiance sans limite, comme il le lui offrait. Mais le désir de Dieu s’est heurté à la liberté d’une créature repliée sur elle-même. L’homme veut prendre, posséder l’amour qui lui est donné, en jouir pour lui, se l’assurer. Ce faisant, il le perd ; il se perd. On ne possède jamais l’amour ; on ne peut que le recevoir. Mais Dieu, lui, ne renie pas pour autant sa volonté d’aimer et d’être aimé. Il la relance au contraire. Toute la Bible est une histoire d’amour, l’amour de Dieu qui nous cherche et nous recherche inlassablement. Depuis les origines du monde jusqu’à aujourd’hui.

Chaque nouvelle année liturgique nous réveille la mémoire. Elle commence par fixer notre regard sur l’avenir, sur l’horizon de cette longue histoire : le face à face avec Dieu dans un monde où l’amour sera retrouvé, restauré, donné et enfin reçu. Elle nous rappelle ensuite les prophètes qui ont jalonné le passé : Elie, Isaïe, Jean-Baptiste, tous ceux qui ont appelé les hommes à se convertir, à purifier leur représentation de Dieu, à passer d’un dieu conçu à leur image au vrai Dieu qui échappe à toute prise, qu’il est impossible de nommer, au Dieu Amour qui s’offre et ne demande qu’à être accueilli. Enfin, le temps de l’Avent nous rappelle la Vierge Marie, la femme selon le désir de Dieu, qui a su consentir à l’amour au point qu’il s’est incarné en elle pour donner naissance à Jésus de Nazareth : l’homme à l’image de Dieu par excellence, le Fils de Dieu. En elle, l’amour a été reçu, il a pris chair, il s’est livré. Jésus est né dans une mangeoire, dispo-nible, « comestible ». La vie de Dieu est devenue nôtre. Le projet divin s’est réalisé. Il nous reste à y entrer. En nous laissant aimer et en donnant à Dieu la joie d’être aimé.

Car Dieu aussi désire être aimé. Jésus s’est plu à fréquenter les pécheurs à l’étonne-ment des justes, au scandale des bien-pensants. Il était écouté, apprécié par eux, il a partagé leur table ; il s’est même laissé toucher par la prostituée ; finalement sa mort l’a identifié à eux. Jésus de Nazareth n’a rebuté personne. Tous pouvaient l’approcher. Nous le pouvons aussi. Il nous a montré ainsi le vrai visage de Dieu et nous a révélé sa joie: « Il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion ». En ce début d’année liturgique, cette joie divine nous questionne : Mettons-nous autant d’empressement, autant de soin, à chercher Dieu, comme nous le demande saint Benoît, que Dieu en a mis à vouloir nous rejoindre ? Éprouvons-nous autant de joie à le découvrir dans sa parole ou dans nos proches que lui en met à nous accueillir quand nous revenons vers

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lui après l’avoir un peu oublié ? Bien sûr, nous savons que ce n’est pas possible car il est Dieu et nous ne sommes que nous, mais puissions-nous au moins goûter la joie d’être aimés de lui à ce point. En ce début d’année, que souhaiter de mieux à tous nos amis sinon ce bonheur qui n’est refusé à personne ?

Sœur Loyse

LE TEMPS DE L’ATTENTEBillet liturgique pour le temps de l’Avent

« Accorde-nous, Seigneur, d’attendre sans faiblir la venue de ton Fils, pour qu’au jour où il viendra frapper à notre porte, il nous trouve vigilants dans la prière, heureux de chanter sa louange. » (Oraison du lundi de la première semaine de l’Avent)

Cette oraison dit, en condensé et sous forme assez poétique, ce qu’est le temps de l’Avent. Elle met en lumière trois de ses facettes essentielles : attente, prière, joie.

L’Avent est le temps de l’attente par excellence. Un temps offert pour réveiller notre attente qui devrait être vive tout au long de l’année, de notre vie. N’en parler qu’en Avent conduit à une confusion bien dommage : beaucoup de croyants sincères croient qu’il s’agit d’attendre Noël, d’attendre la naissance de Jésus. Les quatre bougies de la couronne d’Avent viennent renforcer cet aspect. Il faudrait prendre les choses à l’envers. Les bougies de la couronne, avec leur crescendo lumineux, nous font percevoir que le Seigneur approche, Lui, la Lumière du monde.

« Le Verbe était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme. Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu dans son propre bien et les siens ne l’ont pas accueilli. » (Jn 1, 9-11)

Oui, le Seigneur est venu, il est né, s’est fait homme, pour nous sauver. C’est bien ce que nous célébrons à Noël. En ce sens, oui, nous attendons Noël, nous mettons nos pas dans les pas (mais les pas « du cœur ») de ces pauvres que Dieu aime, ce petit reste qui attendait le Messie avec foi. Des « petites gens »: Zacharie, Elisabeth, Marie, Joseph... Mais Noël prend son sens à la lumière de Pâques. Noël, c’est Pâques. Les hispanophones ont une belle expression : « Feliz pascua de Navidad », joyeuse Pâque de Noël.

Noël, c’est plein d’anges : dans les chants, la décoration... N’oublions pas le message des deux « hommes en vêtements blancs » s’adressant aux disciples lors de l’Ascension :

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« Gens de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui vous a été enlevé pour le ciel reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. » (Ac 1, 11)

Jésus doit donc revenir. Nous devons l’attendre mais pas de façon naïve, le nez dans les étoiles. Nous avons bien besoin que le Seigneur nous aide, « qu’il nous donne d’attendre sans faiblir la venue de son Fils », que l’attente de la célébration de la première venue réveille notre attente de son retour dont nous ne connaissons ni le jour ni l’heure.

Cette attente amoureuse, aimante (comme on attend la venue d’un ami, comme on attend un enfant), se manifeste dans la prière et s’en nourrit. C’est là que se marque notre vigilance. Que le Seigneur nous trouve vigilants dans la prière quand il viendra frapper à notre porte. Ici, l’oraison emprunte au livre de l’Apocalypse :

« Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je prendrai la cène avec lui et lui avec moi. » (Ap 3, 20)

Où entend-on la voix du Seigneur sinon dans le silence de la prière, dans la lectio divina, cette lecture quotidienne, assidue, amoureuse, priante, de l’Écriture ? Si nous sommes vigilants, fidèles dans la prière, le Seigneur s’invite à notre table et nous invite à la sienne. Le partage du repas signifie la communion, une rencontre intime. Le terme cène, choisi par les traducteurs de la TOB, invite à penser à l’Eucharistie, le repas du Seigneur. La liturgie est le lieu privilégié de notre attente, de notre vigilance dans la prière. Heureux s’il nous trouve en train de chanter sa louange, en train de célébrer l’office, la Liturgie des Heures.

« Heureux », pas dans le sens restreint de : tant mieux s’il nous trouve à la chapelle. Non, l’oraison nous fait demander à Dieu que son fils puisse nous trouver « heureux de chanter sa louange » quand il viendra frapper à notre porte. Le Seigneur sera heureux s’il nous trouve heureux de le louer, de le prier !

« Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart ! » (Ne 8, 10)C’est la touche particulière de l’Avent : la joie. Elle est plus marquée le troisième dimanche (Gaudete), mais elle est présente dès le début. Comme le dit de manière étonnante Néhémie, la joie du Seigneur est notre force, c’est en elle que s’enracine notre propre joie (voir aussi Sophonie 3, 17, 3e dimanche Avent C). Joie qui s’exprime en louange, joie de le louer, de pouvoir le louer. La célébration des Heures, la liturgie, même la prière personnelle ne sont pas une corvée dont il faudrait bien s’acquitter par ascèse, par obligation. C’est une nécessité d’amour empreinte de joie.

La joie doit traverser notre prière, notre attente. Notre joie grandit avec notre attente. Notre joie se fortifie, s’affine, se libère dans la prière, en nous tenant en présence du Seigneur qui vient.

Heureux Avent !

Sœur Marie-Paule

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AucuNE SÉPARATION chEz DIEu

Nous reproduisons ici l’homélie que le Père Abbé Nicolas a prononcée lors de l’eucharistie qui a rassemblé les Amis d’Ermeton, le 16 octobre dernier. L’évangile (Mt 22,15-21) rapportait la controverse de Jésus avec les pharisiens concernant le tribut à payer à l’empereur.

Toute parole de Jésus est une parole sur Dieu, plus exactement une parole sur sa relation à Dieu, une parole sur la manière dont il s’approche de lui. Toute parole de Jésus nous éclaire donc aussi sur Jésus lui-même, sur la façon dont il réagit, sur la façon dont il se perçoit dans sa relation à Dieu.

Nous croyons que Jésus est le Fils de Dieu, qu’il est Dieu lui-même. Et pourtant, ici, il parle de Dieu comme si c’était quelqu’un d’autre. Il ne dit pas : rendez-moi ce qui est à Dieu, rendez-moi ce qui est à moi. Mais il dit : rendez à Dieu ce qui est à Dieu. Bien sûr, Jésus aura l’occasion de préciser – admirablement d’ailleurs – la qualité de sa relation avec son Père. Mais la façon dont il en parle ici met plutôt l’accent sur une certaine distance. Distance n’est pas le meilleur mot. Je veux dire par là que l’évangile nous met plutôt du côté de Jésus incarné, le Verbe fait chair, un membre à part entière de l’humanité. Ce que saint Paul évoque quand il dit, dans la lettre aux Philippiens, que Jésus s’est vidé de lui-même, qu’il est descendu dans l’humanité jusque dans ses plus intimes profondeurs, justement là où Dieu est quelqu’un d’autre que nous.

Mais qui mieux que Jésus a rendu à Dieu ce qui est à Dieu ? Et qu’avait-il à rendre ? Dans la personne du Christ, c’est toute l’humanité qui a été rendue à cette relation à Dieu qu’elle avait en quelque sorte cassée. Dans la personne du Christ, c’est toute la créa-tion, l’univers entier, qui retrouve sa véritable relation à Dieu, dans son plein équilibre, dans la reconnaissance mutuelle des différences, dans la jouissance aussi de ce qui est semblable. Et, pour reprendre la formule extraordinaire d’un très ancien auteur chrétien, dans la personne du Christ, Dieu « se redonnait le monde par la réconciliation » (Hilaire de Poitiers, La Trinité, VIII, 51).

Rendez à César ce qui est à César. Il y a dans cette parole une estime formidable et un respect extraordinaire de tout ce que nous appelons le temporel. Rendez à Dieu ce qui est à Dieu. Il y a dans cette parole une estime formidable et un respect extraordinaire de ce que j’appellerai l’univers de Dieu, de sa présence, de sa personne.

Les deux paroles sortent d’une même bouche. C’est le même homme qui les prononce. Et nous touchons ici du doigt la grandeur vraiment insondable du mystère de l’incar-nation. Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, ne cesse de ponter, de faire se rejoindre deux univers que nous avons trop tendance à séparer, il ne cesse de réaliser en lui ce que saint Irénée appellera la récapitulation de toutes choses. Non pas la mise aux normes de l’uniformité, mais la mise en place respectueuse de chacun et soucieuse de garder les relations avec l’ensemble.

Cette page de l’Évangile va donc beaucoup plus loin qu’une distinction de deux mondes, de leur identité respective et de l’autonomie qui revient à chacun. Comme je disais en

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commençant, nous avons ici une page sur le Christ lui-même, sur ce qu’il est, sur la force d’unité qu’il porte en lui, sur l’appel qu’il nous adresse à rechercher une manière de vivre capable d’intégration harmonieuse des réalités apparemment les plus éloignées l’une de l’autre.

Je ne prétendrai évidemment pas que ce soit facile, ni même que nous puissions y parvenir vraiment. Tout de même : comment faire un lien entre du pain et le corps du Christ, la chair selon le vocabulaire de saint Jean ? Comment faire un lien entre le vin et le sang du Christ ? Les auditeurs de Jésus ne faisaient pas ce lien facilement. Peut-être que nous le faisons trop facilement. C’est en tout cas la réalité de l’eucharistie pour laquelle nous sommes réunis maintenant. Vivons-la comme des personnes unifiées.

Père Abbé Nicolas Dayez

LE BAS-RELIEF DE L’ANNONcIATION

Pierre de Grauw, sculpteur, continue ici le commentaire de ses œuvres ornant la chapelle du monastère. En Avent, le bas-relief de l’Annonciation nous parle tout spécialement.

Lorsque sœur Loyse m’a demandé, en 1996, de réaliser pour la chapelle de la communauté d’Ermeton, une sculpture sur le thème de l’Annon-ciation, j’ai immédiatement pensé à la peinture italienne, aux tableaux ou aux fresques de Fra Angelico ou de Giotto qui situent presque toujours cette scène de l’Annonciation dans une belle maison ouverte sur un vaste paysage toscan. Ces peintures, pleines de couleur et de lumière, respirent la joie, le bonheur, même si parfois le visage de Marie exprime une surprise anxieuse et l’interrogation : « Com-ment cela se fera-t-il ?... » (Luc I, 34).

Ces peintres ont toujours été frappés, me semble-t-il, par la première phrase de l’évangile de Luc qui évoque d’emblée la joie. En effet, après avoir mentionné la situation matrimo-niale de Marie accordée en mariage à un homme nommé Joseph, l’évangéliste ajoute : « Sois joyeuse, toi qui as la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi. » (Luc I, 28)

J’ai donc tout de suite décidé de modeler un bas-relief en terre cuite représentant Marie dans sa maison, mais pas n’importe quelle maison : une maison ouverte comme une sorte

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de loggia, sous des voûtes agréables et douces. Une maison propice à la visite d’un ange. Une maison où le ciel puisse rencontrer la terre.

La couleur de la terre cuite évoque la campagne, le sol dans lequel toute vie trouve sa croissance et sa plénitude. L’Annonciation a eu lieu sur cette terre : Emmanuel, Dieu avec nous !

Sur mon bas-relief, l’ange entre dans la maison de Marie, léger, comme sur un pas de danse. Il entre dans le quotidien de Marie, ce qui, pour nous, est plein de sens. Il salue d’abord, se penche vers elle, puis il annonce l’inexplicable, l’insaisissable, le mystère. À son mouvement répond celui de Marie : courbés l’un vers l’autre, ils se rencontrent comme la voûte du ciel abrite la terre.

Marie écoute, les yeux fermés, rentrée en elle-même ; ce qui se passe autour d’elle ne la concerne pas, car l’ange n’est que le symbole de l’événement qui se passe à l’intérieur de sa conscience.

Et c’est cela que j’ai voulu dire : par un travail intérieur Marie s’est rendue disponible jusqu’à entrer dans le projet de Dieu. L’Esprit, souffle qui fait respirer et vivre, souffle qui rend l’homme audacieux, l’envahit toute entière.

Toute vie est mystère. Marie a accepté ce mystère. Et cette acceptation s’est confondue avec l’écoute d’une parole. Ainsi a-t-elle donné corps à l’espérance de toute l’humanité.

Comme le dit Marcel Légaut : « Inspirée par son Dieu, Marie conçut dans l’Espérance… Et Jésus nous est né qui est notre chemin. »

Pierre de Grauw22 octobre 2011

LES NOuvELLES DE LA cOMMuNAuTÉ

Août 2011Le 1er, conférence du père Daniel Misonne sur l’abbaye de Florennes. Vêpres et repas partagé.

Du 2 au 8, séjour parmi nous de sœur Marie-Catherine, supérieure générale des soeurs de l’Enfant Jésus de Nivelles.

Les 6 et 7, retraite liturgique pour la Transfiguration, animée par soeur Marie-Paule : « Seigneur de gloire, tu nous conduis sur ta sainte montagne ».

Le 6, l’eucharistie est célébrée à 14h30 en mémoire de l’abbé Jacques Thunus, grand ami du monastère (voir Amandier n° 37). L’abbé André Haquin préside la célébration. Rencontre amicale ensuite avec les amis et paroissiens de Jacques venus se joindre à notre prière.

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Le 7, mère Loyse, soeur Nicole, soeur Marie-Paule et les trois soeurs argentines se rendent à Paris pour une visite de deux jours. Elles y logent chez les bénédictines de Vanves.

Du 11 au 15, soeur Hildegard donne à l’accueil une retraite en néerlandais.

Le 12, excursion communautaire à Reims, avec nos soeurs argen-tines. Douze soeurs prennent la route, ainsi que le père Maurice, de Maredsous, invité à les accompagner. Accueil par Michel et Ber-nadette Demars qui nous offrent leur appartement comme lieu de restauration et de détente entre les visites. Le matin, nous décou-vrons la basilique saint Remi où le père Maurice célèbre l’eucharistie. Un repas au champagne nous attend ensuite, puis, après un temps de repos, nous visitons la cathédrale. Pour les deux visites, nous bénéficions de la compétence de guides expérimentés sollicités par nos hôtes. Encore merci à Bernadette et Michel.

Le 13, soeur Nicole et soeur Marie-Elisabeth accompagnent nos soeurs argentines pour faire la connaissance du monastère et de la communauté de Chevetogne.

Du 16 au 19, session animée par l’abbé Yves-Marie Blanchard : « Lire la Bible avec les Pères ». Deux conférences par jour. L’œuvre immense des Pères de l’Église constitue un dialogue permanent avec l’Écriture. Leurs méthodes peuvent surprendre mais elles ont leur cohérence propre. Elles présentent même des affinités avec les nouvelles approches exé-gétiques. Surtout, elles n’ont jamais cessé de fonctionner dans la liturgie et la prédication.

Le 19, mère Loyse se rend à Maredsous pour l’anniversaire de la dédicace de l’abbatiale. Vêpres et repas.

Le 20, conférence donnée par madame Marie d’Udekem-Gevers (professeur à la faculté d’informatique des Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix à Namur) sur : « Une histoire de l’automatisme, des origines à l’ordinateur ».

Du 22 au 26, session d’hébreu biblique pour débutants, animée par soeur Michèle Debrouwer nds.

Le 23, mère Loyse et soeur Marie-David vont à Liège et emmènent nos soeurs de Buenos Aires pour leur faire visiter l’église Saint-Jacques et la cathédrale Saint-Paul. Au retour, elles admirent la belle église romane de Saint-Séverin.

Les 25 et 26, nos soeurs argentines vont rencontrer la communauté de Béthanie (Loppem). Elles visitent Bruges, accompagnées de mère Loyse, soeur Nicole et soeur Hildegard.

Le 26, nous apprenons le retour à Dieu subit et paisible de soeur Joanna, tandis qu’elle poursuivait à « Sainte-Anne » à Namur un séjour de convalescence de trois mois, après son opération du col du fémur. La veille, elle avait reçu la visite de soeur Marie-François et de soeur Miryam à qui elle

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avait longuement parlé, récité quelques textes de la Bible, remémoré sa famille et exprimé surtout le désir de retrouver sa cellule!... Son corps est ramené au monastère dès la fin de la matinée et repose dans la chapelle.

Le 27, arrivée d’un groupe d’adolescents en préparation à la journée des enfants qui aura lieu le lundi 29. Le thème sera cette année : « Les repas dans la Bible. De table en table, se laisser inviter et partager le repas ». Soeur Marie-Elisabeth prend en charge l’animation générale.

Le 29, réunion de la fraternité Emmaüs. Le soir, veillée de prière autour de soeur Joanna (voir page 14). Ce même jour, nous accueillons un bon groupe d’enfants pour la 9e journée « rencontre vacances », sur le thème « les repas dans la Bible ». C’est l’occa-sion pour chacun, à son niveau, de découvrir les passages de la Bible qui parlent des repas. Des dessins illustrant le thème du jour sont présentés à la chapelle pendant les vêpres qui se terminent

par un chant exécuté par les enfants. Un coup de jeunesse pour toute la communauté !

Le 30, funérailles de soeur Joanna. L’eucharistie est célébrée par le père Nicolas, de Mared-sous, et concélébrée par le père André Cheval sj, ami de la famille, et le père Ambroise, de Chevetogne, qui a bien connu la défunte.Le même soir, un souper d’adieu nous réuni autour de nos trois sœurs d’Argentine au terme de leur séjour à Ermeton.

Le 31, mère Loyse et soeur Nicole accompagnent jusqu’à l’aéroport Charles de Gaulle, à Roissy, nos sœurs qui regagnent leur monastère de Buenos Aires, après trois mois et demi de présence fraternelle, active et joyeuse, au milieu de nous. Nous ne leur dirons jamais assez notre reconnaissance, ainsi qu’à leur abbesse et à leur commu-nauté (voir aussi page 14).

Septembre 2011Le 4, sur la place d’Ermeton, inauguration d’une stèle, érigée par l’association « Mettet Godasses », en hommage à la mémoire d’André Wiame, ancien instituteur d’Ermeton, qui s’est beaucoup investi dans l’animation du village et dans la défense de son environ-nement. L’ASBL « Mettet-Godasses » poursuit son effort en proposant des itinéraires de promenades dans la commune. Mère Loyse et soeur Marie-François y représentent le monastère pour écouter le discours de circonstance et l’aubade exécutée par la fanfare royale d’Ermeton.Le même jour, causerie du père Eckhart Frick sj, ami de sœur Birgitta, professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Munich, qui nous parle de son enseignement du

Aurélien et émeline accuillent les enfants à Cana

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« Spiritual Care ». Auteur d’un livre intitulé : « Se laisser guérir », il a inauguré avec celui-ci une nouvelle collection, aux éditions Lumen Vitae, sur la question « Soins et Spiritualités ».

Le 5, arrivée de Françoise Morard qui passera le mois de septembre avec nous.

Le 6, mère Loyse donne une causerie au groupe chargé de la pastorale scolaire de Namur.

Le 7, soeur Birgitta soutient, à la faculté de théologie de Louvain-la-Neuve, son mémoire pour l’obtention du titre de master en Sciences Bibliques : « De l’adhérence à l’arche vers l’adhésion à YHWH ». Mère Loyse et soeur Marie-Elisabeth accompagnent notre sœur.

Le10, récollection liturgique donnée par soeur Marie-Paule : « Prier avec la liturgie au fil du temps ».Mère Loyse participe à Wavreumont au jubilé de 25 ans de profession du père Pierre.

Le 11, soeur Birgitta partage avec la communauté, bien intéressée, la teneur de son mémoire. Nous prenons ensuite toutes ensemble le verre de l’amitié et poursuivons joyeusement ce temps communautaire. Le soir, un bon nombre de soeurs se rendent à Maredsous pour la veillée de prière autour du frère Denis Feignon, décédé subitement à l’âge de 34 ans. C’est un grand choc pour nos frères et nous partageons leur peine.

Le 12, funérailles du frère Denis. Plusieurs soeurs y participent.Soeur Marie-Elisabeth et soeur Claire animent « L’école de la Parole ».

Du 13 au 17, session pour la communauté, animée par le père Claude Tassin, sur les Targums et leur influence sur les écrits du Nouveau Testament.

Le 13, réunion de la COREB pour mère Loyse.

Le 15, sœur Birgitta participe à Chevetogne à la réunion de la Commission de Pastorale Œcuménique du diocèse de Namur.Le soir, le père Tassin partage notre rencontre communautaire.

Le 17, soeur Birgitta participe, à Bruxelles, à la réunion de la Commission Nationale Catholique pour l’Œcuménisme.

Du 17 au 19, session du père Tassin pour nos hôtes et la communauté : « Au centre de la mission de saint Paul : la croix, vécue et prêchée ». Stéphane Beauboeuf, ancien étudiant et ami du Père Tassin, enseignant à l’Institut Catholique de Paris, assure la conclusion de la session.

Le 20, mère Loyse, soeur Marie-Paule et soeur Birgitta se rendent à Fosses pour une conférence sur l’avenir des paroisses et le chantier paroissial dans notre doyenné.

Le 22, sœurs Marie-André, Claire, Marie-Paule et Birgitta participent à Hurtebise à une rencontre de l’Union des Bénédictines de Belgique (UBB). Sœur Françoise Cassiers rscj donne un enseignement intitulé « Jésus rend la parole aux femmes ».

Le 23, un groupe de « Foi et Lumière » passe la journée à l’accueil.

Le 26, pour la communauté, conférence de Marie-Hélène Lavianne : « Dimension com-munionnelle et communautaire en Église ».

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Le 27, anniversaire de la Dédicace de notre église. Le père Claude, de Maredsous, célèbre l’eucharistie.Le même jour, causerie de Martin Morard, neveu de mère Loyse, chargé de recherches au CNRS (Paris) sur « la Bible de Marco Polo » (fin du 13e siècle).

Arrivée de Monica, nièce de soeur Maria-Guadalupe, et de son mari Roberto, venus du Mexique en Europe pour leur voyage de noces.

Le 29, mère Loyse se rend à Brialmont pour la réunion du comité de l’URC.Le soir, Monica et Roberto participent à notre rencontre communautaire et y chantent leur bonheur de jeunes époux.

octobre 2011Le 1er , journée biblique animée par mère Loyse sur Moïse. De nombreux participants.En fin d’après-midi, soeur Birgitta se rend à Maredsous pour y entendre une conférence de madame Danièle Hervieu-Léger.

Le 2, mère Loyse, soeur Nicole et soeur Maria-Guadalupe, accompagnées de Françoise Morard, partent pour la Suisse et Bose. Françoise regagne Fribourg. Le retour de nos sœurs est prévu le dimanche 9 octobre.Le soir, madame Hervieu-Léger, sociologue, parle à la communauté du livre qu’elle prépare et nous partage sa recherche sur « Le temps des moines ».

Le 5, forum des infirmiers(ères) à Champion. Soeur Miryam et soeur Marie-David y participent. Le thème de la journée : « Tout le monde veut vivre longtemps mais personne ne veut vieillir »!

Le 7, un groupe d’adolescents participant à la journée organisée à Maredsous par le « Coup de Pouce » (pastorale des jeunes du diocèse de Namur) célèbre avec nous l’office de midi. Soeur Marie-Paule et soeur Marie-Elisabeth les rencontrent pour un échange après le repas. Ils reprennent leur route avec comme thème de réflexion la vie de saint François d’Assise.

Le 8, arrivée de mère Marie-Madeleine, prieure du monastère de Vanves et prieure générale de la congrégation de Sainte-Bathilde, pour une dizaine de jours de repos.

Le 10, commencement des travaux d’installation des deux nouvelles chaudières de la seconde cuisine.Accueil pour deux jours d’un groupe de « Veilleurs », animé par un pasteur de l’Église Protestante de Belgique.

Le 15, soeur Birgitta se rend à Scourmont pour parler de la Lectio Divina au groupe des Laïcs Cisterciens.Le matin, dans le cadre de l’opération « Place aux enfants », quatre enfants de la commune de Mettet sont accueillis dans l’atelier de bougies par sœur Marie-Élisabeth, tandis que quatre autres s’initient avec sœur Claire à la confection de cartes de fleurs.

Le 16, journée annuelle des « Amis d ‘Ermeton » et vingtième anniversaire de la ren-contre. Après l’accueil, mère Loyse donne une courte instruction sur la Règle de saint Benoît et en particulier sur le Prologue. Ensuite, les échanges par groupes sont animés

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par les soeurs. L’eucharistie est présidée par le père abbé Nicolas, de Maredsous (lire son homélie p.5). L’après midi, Jean-François Detournay donne un témoignage sur ses engagements en Haïti, au sein de la famille salésienne. Les dias qu’il montre sont très parlantes ; on ne peut que soutenir toutes les actions qui se multiplient pour remonter un pays si durement touché, mais aussi plein d’espérance.

Du 17 au 23, soeur Marie-Benoît, servite de Marie, vit quelques jours de retraite parmi nous.

Le 19, sœur Birgitta se rend à Louvain-la-Neuve pour y recevoir son diplôme de Master en Sciences Bibliques.

Le 21, accueil d’un groupe d’une vingtaine de personnes pour une retraite animée par le père Bernard Poupard, de Clerlande.

Le 22, mère Loyse et soeur Birgitta se rendent à la paroisse de Sainte-Ode (Tillet) pour entourer Marie-Hélène Lavianne qui reçoit en ce jour la consécration des vierges, des mains de notre évêque, Monseigneur Rémy Vancottem.Après-midi, à l’accueil, réunion des « Véroniques » de Florennes.Les enfants de la paroisse de Vitrival qui se préparent à la profession de foi passent l’après-midi au monastère pour une Lectio Divina des Psaumes et célèbrent les vêpres avec la communauté.

Le 23, mère Loyse, soeurs Marie-François, Madeleine, Marie-André, Claire et Marie-Elisabeth participent, à Maredsous, à la célébration du 25e anniversaire de la Rencontre d’Assise. Les représentants des diverses traditions – juive, chrétienne orthodoxe, musul-mane, bouddhiste et hindoue – se succèdent pour offrir un programme de chants et prononcer une prière pour la paix. Le cardinal Danneels ouvre la célébration qui sera clôturée par le Pasteur Guy Liagre, président des Églises Protestantes Unies de Belgique. Les moines accueillent ensuite tous les participants pour une restauration au réfectoire, occasion d’échanges bénéfiques offerte à chacun.

Les 24 et 25, session de chant pour la communauté avec Solange Labbé.

Le 24, réunion de la COREB pour sœur Loyse qui s’y rend avec sœur Marie-Catherine, venue prendre quelques jours de repos parmi nous.

Le 25, l’abbé Polito (Lille), en séjour à l’accueil, assure notre eucharistie quotidienne jusqu’à la Toussaint.

Du 26 au 28, sœur Marie-Paule anime la retraite de cinq élèves du collège Saint-Stanislas de Mons.

Du 28 au 30, session d’hébreu animée par le frère Etienne, de Wavreumont.

Le 29, sœur Birgitta participe à Louvain-la-Neuve à la réunion des exégètes francophones.Le soir, soeur Marie-Elisabeth participe à l’eucharistie dominicale à la paroisse d’Ermeton. Avec sœur Marie-Paule, elle assurera, cette année, la catéchèse de première année de préparation à la profession de foi. La messe de ce dimanche est l’occasion d’une première rencontre avec parents et enfants.

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Le 31, la famille de mère Loyse, venue de Paris, fête à Ermeton les 90 ans de Pierre de Grauw. La communauté est invitée à prendre le verre de l’amitié avant le repas de midi, chacune ayant ainsi l’occasion de souhaiter un bon anniversaire au beau-frère de mère Loyse et de lui réitérer notre merci pour son aide lors de l’aménagement de la chapelle...Le même jour, soeur Marie-François part à l’abbaye de Limon (France) pour participer, le jour de la Toussaint, au jubilé de 25 ans de profession de soeur Anne-Sabine Leleu. Elle s’y rend en voiture avec Aline Van Pel, invitée elle aussi.

Sœur Marie-François

LEçON D’huMILITÉ

Les trois sœurs d’Argentine, venues passer l’été à Ermeton pour partager notre vie et nous aider, sont reparties vers leur monastère le 31 août. Sœur Marie-David réfléchit à cette belle expérience.

Tout le monde se réjouit. C’est bien. C’est même très bien. Il doit en être ainsi. Qui, en effet, ne se réjouirait pas à l’idée de savoir qu’il va être aidé ? Et aidé par des sœurs qui ont vraiment le désir d’aider. Des sœurs qui n’ont pas hésités à apprendre le français le plus intensément possible afin de pouvoir comprendre un maximum de ce que nous allions leur dire, leur demander. Des sœurs venues offrir non seulement leurs capacités et leurs talents mais aussi leur cœur, leur joie d’être « nos sœurs » par-delà la culture, par-delà les frontières : sœurs car « filles » de saint Benoît comme nous.

Et pourtant, si décider d’accepter de les accueillir entraînait bien une grande joie, cela nous demandait aussi une grande part d’humilité. Car n’était-ce pas accepter qu’en cet été, nous n’avions pas la force de faire face à tout ce qui nous attendait ? N’était-ce pas reconnaître qu’à l’accueil et donc à la cuisine le nombre de personnes à recevoir nécessitait une doublure en ces deux secteurs, afin de recevoir nos hôtes comme nous aimons le faire à Ermeton ? N’était-ce pas aussi reconnaître que la gestion d’un site internet demande lui aussi beaucoup de travail ? En plus de ces trois ‘postes’ de travail, mille et un services ont été rendus à la communauté. Mille et une occasions de nous laisser regarder avec nos faiblesses, nos fragilités. Mille et une occasions de découvrir les mêmes réalités de vie monastique quels que soient le nombre de sœurs ou la culture. Cela ne pouvait pas se faire sans confiance, sans le désir fort de vivre en sœurs. Sans l’humilité nécessaire pour tout simplement se laisser aider.

Maintenant, nos sœurs sont reparties. Trois mois avec nous, cela ne s’efface pas d’un coup. Et c’est bien. C’est même très bien. Il doit en être ainsi. Car l’amour vrai laisse toujours des traces indélébiles. Et ces trois mois ont été vécus à Ermeton dans la seule teinte de l’amour vrai. Alors, aujourd’hui, il nous reste à nous réjouir pour ce temps partagé, ce temps donné et reçu. Il nous reste à rendre grâce pour cette leçon d’humilité. Et à continuer joyeusement notre route avec, dans nos cœurs, la prière de « nos » trois sœurs.

Sœur Marie-David

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SŒuR JOANNA

Nous reproduisons ici les paroles prononcées par sœur Loyse lors de la veillée de prière qui a précédé les funérailles de notre sœur. Les textes bibliques suivants avaient été proclamés: 1 Pierre 4,7-13 ; Jean 17,1-6.11.20-24.

« Allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé ». Cette phrase de la Marseillaise est la dernière adressée par sœur Joanna, non sans humour, à deux d’entre nous venues lui rendre visite la veille de son décès. Certes, elle était inspirée par la taquinerie, mais peut-être aussi par une étrange lucidité. Rien alors ne laissait prévoir que la fin de sa longue vie était aussi imminente. Mais peut-on douter qu’à travers cette réminiscence révolutionnaire inattendue, notre sœur n’ait voulu évoquer le moment auquel elle aspirait depuis longtemps et le pressentiment qui l’habitait ? Peu d’heures après, en effet, le véritable jour de Gloire s’est levé définitivement pour elle. Bien visible, sur la table de sa cellule, au monastère, se trouvait, parmi

de nombreux autres billets écrits de sa main, celui où elle avait copié, de sa belle écriture personnelle et régulière, ces mots de la première épître de saint Pierre : « Afin qu’en toute chose Dieu soit glorifié » (1P 4,11). La gloire de Dieu occupait le désir de sœur Joanna, depuis sa décision d’entrer dans la vie monastique, en 1948, à l’âge de 32 ans, jusqu’à sa mort. Elle note, au moment de sa profession trien-nale, qu’elle voulait se donner à Dieu, particulièrement en « collaborant à l’œuvre de l’Union des Églises par la vie monastique selon la Règle de Saint Benoît ». La dernière prière de Jésus pour l’unité des siens a commandé toute sa vie religieuse et l’a accompagnée jusqu’au bout. Oui, le jour de gloire est arrivé maintenant pour notre sœur et nous en rendons grâces.

Elisabeth Van Haesebrouck, future sœur Joanna, est donc entrée au monastère d’Ermeton le 11 juillet 1948, non pas pour devenir bénédictine d’Ermeton mais pour y effectuer le noviciat canonique en vue d’appartenir à la « fondation du Monastère de l’Union ». Celui-ci, sorte de pendant féminin de Chevetogne, venait de s’ouvrir en Suisse italienne, sous l’impulsion du prieur de Chevetogne et de notre sœur Fausta, prêtée par la communauté d’Ermeton en vue de sa réalisation. Elisabeth Van Haesebrouck en était la première postulante. C’est donc pour « la fondation du monastère des bénédictines orientales » qu’elle fit profession temporaire à Ermeton le 6 août 1949, avant de gagner, quelques mois plus tard, le village de Cureglia en Suisse où le nouveau monastère venait de s’établir. Les difficultés n’y manquèrent pas : la stabilité était précaire, tant au sommet qu’à la base : supérieures et candidates se succédèrent au cours des quinze premières années. Sœur Joanna attendit six ans avant de demander à émettre ses vœux perpétuels entre les mains du prieur de Chevetogne, dom Théodore Belpaire. C’était le 15 juillet 1955, en la fête de saint Wladimir de Kiev, premier prince chrétien de Russie. À Cureglia, elle exerça d’emblée de nombreuses charges : conseillère, secrétaire, hôtelière, responsable du vestiaire et de la chasublerie, bientôt maîtresse des novices, sacristine et « ecclé-siarque », c’est-à-dire responsable de la célébration des offices liturgiques byzantins.

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Il faut dire que sœur Joanna était une forte personnalité. Avant d’entrer au monas-tère, elle avait expérimenté pendant douze ans la vie professionnelle, fait relative-ment rare à l’époque. Née en Flandre Occidentale, à Wacken, elle avait fait à Bruges, de 1934 à 1938, des études de régente professionnelle en arts ménagers, puis en dentelle aux fuseaux et confection. Ensuite, tout en enseignant à l’École Normale à Bruges, elle avait suivi pendant trois ans des cours de dessin à l’Académie de cette même ville, puis avait entrepris, à l’Institut Supérieur de Pédagogie et de Philoso-phie (extension de l’université de Gand), une licence qu’elle obtiendra en 1947, un an avant son entrée au monastère. C’est donc bien formée et déjà expérimentée qu’elle se lance dans l’aventure de la vie monastique et, qui plus est, dans celle d’une nouvelle fondation en vue de l’unité des Églises. En 1988, revenant sur son passé, souvent douloureux, sœur Joanna s’interroge: « Pourquoi être venue au monastère ? » Elle répond en citant l’évangile : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; c’est Moi qui vous ai choisis » ; et elle ajoute : « Et pourquoi Dieu nous choisit-il ? C’est Lui qui nous a créés pour Lui. C’est Lui qui a mis la main sur nous, malgré nos réticences. Et alors, on a fait la folie de le suivre à travers tout ». Sœur Joanna a donc fait la folie de suivre le Christ à travers les vicissitudes de la fondation de Cureglia.

Le 25 janvier 1962, elle est nommée prieure par la Congrégation Romaine pour les Églises Orientales dont dépend le monastère ; elle occupera cette charge jusqu’à la suppression de celui-ci par décision de la même Congrégation en 1984. En jan-vier 1962, sœur Marie-Pierre Merten, qui vient de faire profession perpétuelle à Ermeton, est envoyée temporairement lui apporter son aide. Elle fixera sa stabilité à Cureglia quelques années plus tard et y demeurera, elle aussi, jusqu’en 1984. Durant ces vingt-deux ans, outre la responsabilité et les activités propres de sa communauté, sœur Joanna s’adonne à divers travaux de traduction et d’édition de livres liturgiques byzantins slavons. Elle dispense aussi des cours sur des thèmes œcuméniques aux étudiants et étudiantes de la région de Lugano. Pourtant, en dépit de tous les efforts fournis, de tous les sacrifices consentis et d’un rayonnement certain, la communauté de Cureglia ne se développe pas. En 1984, suite au décès prématuré d’un de ses quatre membres, le monastère de l’Union est supprimé et la maison vendue par décision romaine.

Ensemble, sœur Joanna et sœur Marie-Pierre reviennent à Ermeton, le 20 août 1984. Sœur Joanna y fixera sa stabilité deux ans plus tard. On devine aisément le lot de déceptions, de peines, de souffrances qui furent sa part en tout cela. On devine aussi la tentation d’amertume, le détachement nécessaire pour abandonner ainsi ce à quoi elle avait voulu consacrer toute sa vie. Aussi écrit-elle dans la même note de sa main, datée de 1988 : « Pourquoi être encore là après qu’on a tout saccagé ? » La réponse suit : « Parce que c’est Dieu qui nous crée et nous recrée à chaque instant, pour Lui, et son projet de rassembler les Églises… C’est toujours Lui le premier ». On le voit, la vie de sœur Joanna n’a pas été facile. « Qu’en toute chose Dieu soit glorifié » : elle a voulu le vivre et l’a vécu dans la foi. Après son retour à Ermeton, elle a fait tout ce qui était en son pouvoir pour s’intégrer à notre communauté. Le renoncement à l’office byzantin qu’elle aimait a représenté pour elle un cruel sacrifice dont ses notes témoignent encore. Elle a pris soin de ne pas nous le faire

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sentir. Autant qu’elle en a eu la force, elle a assumé la part de travail communautaire qui lui était confiée : le réfectoire, la reliure, le vestiaire, la bibliothèque… Toujours avec gentillesse. Sa surdité croissante l’isolait de plus en plus, mais sans lui ôter pour autant l’intérêt qu’elle portait aux autres ni, dans ses années de grande vieillesse, son souci de ne pas nous occasionner un surcroît de travail. Sœur Joanna savait compatir : la souffrance, les épreuves traversées par les autres ne la laissaient pas indifférente. Sa famille et ses amis de partout étaient l’objet de sa sollicitude fidèle et de son affection.

Peu nombreuses sont, parmi nous, celles qui ont connu de près l’histoire passée de sœur Joanna. Il n’importe guère maintenant. Ce que nous savons, parce que nous en avons été témoins, c’est qu’elle a voulu – au prix d’efforts que Dieu seul connaît – faire passer sa Gloire avant tout, et que, malgré le grand âge et le rythme de vie propre qu’elle avait conservé, elle a contribué à sa façon, durant ses der-nières années et jusqu’à ses tout derniers jours, à l’unité de notre communauté. De cela, chère sœur Joanna, nous vous disons merci. Merci d’avoir été notre sœur pendant plus d’un quart de siècle, solidaire de nos joies et de nos peines par-delà les vôtres. Le Seigneur vous ouvre maintenant son bonheur et sa paix. Rendons-lui grâces ensemble.

Sœur Loyse

I N v I T A T I O N

SEMAINE DE PRIÈRE POuR L’uNITÉ DES chRÉTIENS

Le vendredi 20 janvier 2012,

nous aurons la joie de vivre au monastère

un moment de rencontre œcuméniqueavec des membres de l’Église Réformée d’Écosse (c.O.S.),

invités par la Commission Diocésaine de Pastorale œcuménique.

14h30 accueil 15h partage d’informations et échanges fraternels16h15 prière œcuménique des Vêpres

Tous sont bienvenus.

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LA LAMPE ET LE LAMPADAIRE« On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le lampadaire pour qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison » (Mt 5,15).« La lampe et le lampadaire » informe les Amis d’Ermeton sur les nécessités matérielles attachées au bon fonctionnement de l’accueil pratiqué par le monastère.

Durant les années qu’a duré le chantier de la ferme et en raison des multiples préoccupa-tions qu’il a entraînées, bien des retards se sont accumulés en ce qui concerne l’entretien nécessaire des autres bâtiments et du parc. Maintenant, ces retards se résorbent petit à petit. Les conseils de ceux et celles qui nous entourent sont précieux.

C’est ainsi qu’il a été décidé de confier à une entreprise la remise en état des égouts de la cuisine, vieux de plus d’un siècle et en partie effondrés. Les travaux seront effectués en janvier, à la faveur des jours de fermeture de l’accueil. Le sol dûment recarrelé, la cuisine et ses annexes offriront désormais les garanties nécessaires pour répondre aux normes en vigueur. Le circuit des aliments – la séparation du propre et du sale – pourra être respecté. Il ne restera plus alors qu’à procéder, dès que possible, au remplacement du plafond.

Dans la perspective de l’hiver qui approche, nous regroupons bureaux et ateliers dans les locaux les mieux isolés et les plus faciles à chauffer. Sous le toit de l’aile dite « de l’infirmerie », le grenier sera prochainement garni d’un isolant qui devrait élever quelque peu la température des couloirs et améliorer le confort des chambres. Pour chauffer cette même aile, deux nouvelles chaudières à condensation, plus efficaces et plus éco-nomiques, viennent d’être posées en remplacement des trois anciennes. Le réfectoire y sera raccordé au printemps. L’aile dite « Sainte Gertrude » sera chauffée au minimum et ne sera plus habitée de façon régulière.

La rentabilité des ateliers demande aussi à être vérifiée. L’équipe de la reliure a été renforcée tout récemment par la présence de sœur Birgitta qui en prend désormais la responsabilité, sœur Hildegard se concentrant sur le métier de la dorure, en plus de la responsabilité de l’accueil. L’atelier de reprographie vient d’être doté d’une nouvelle pho-tocopieuse couleur, plus petite mais performante et mieux adaptée à nos besoins que ne l’était l’équipement précédent, désormais dépassé. Sœur Miryam pourra ainsi continuer à assurer la reproduction imprimée des cartes de fleurs originales confectionnées par sœur Claire. Elle pourra également faire face aux commandes ponctuelles qui lui parviendraient encore. La production de l’atelier de bougies se développe bien, pour les besoins du magasin et d’autres clients, notamment ceux de la « boutique de Théophile » (vente par internet). Quant aux petits ateliers de vannerie et de peinture sur soie, ils ont cessé de fonctionner du fait de la santé de leurs deux responsables. L’équipement dont ils étaient dotés – désormais inutilisé – sera cédé prochainement à nos sœurs de Béthanie (Loppem), heureuses de développer chez elles quelque artisanat. Ainsi nos activités économiques se recentrent quelque peu, à la fois pour une meilleure rentabilité et, souhaitons-le, pour un meilleur équilibre des personnes. Elles restent toutefois intenses et indispensables.

Nous n’en sommes que plus reconnaissantes aux aides bénévoles qui nous prêtent main forte, occasionnellement ou régulièrement.

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LE cOuP DE cŒuR DE LA LIBRAIRE

POuR LES FÊTES

François BoespflugDieu et ses images, une histoire de l’éternel dans l’artParis, Bayard , octobre 2011

Ce livre, édité en grand format pour la première fois en 2008, est devenu un incontournable classique de l’histoire de l’art. Voici, à un prix accessible, la version compacte, intégrale et révisée.

L’histoire du Dieu chrétien à travers ses représentations iconographiques (peintures, sculptures, etc.) depuis l’Antiquité, permet d’illustrer la question de la représenta-

tion de Dieu dans l’art. Le Dieu unique, réputé irreprésentable, a inspiré toutes sortes d’images au fil des siècles, certaines éphémères, d’autres durables, les unes considérées comme légitimes, beaucoup d’autres jugées frauduleuses, voire blasphématoires. La question apparaît régulièrement comme un sujet de division entre les différents monothéismes et confessions chrétiennes.Avec ce très grand livre d’art et d’histoire, François Boespflug a écrit la première histoire iconique de Dieu.

523 p - 23 x 18 cm - 39 €

Jean MansirL’Évangile en marche, une nouvelle lecture de l’évangile de MarcNamur, Fidélité, 2011

Invitation à lire l’Évangile de Marc. Au fil du texte original, donné en traduction littérale en fin d’ouvrage, Jean Mansir essaie de rendre l’évangile de Marc plus proche de notre manière actuelle de penser et de parler. Le style, les expressions, le vocabulaire, les images... tout fait l’objet d’un choix minutieux.Situant le deuxième évangile dans l’ensemble de la Bible, voire dans l’histoire de

l’Église naissante, l’auteur en offre un commentaire selon la situation du croyant d’aujourd’hui, à partir de la réflexion théologique et des connaissances humaines contemporaines.Une manière de réécrire cette première version de la Bonne Nouvelle.

286 p - 21 x 15 cm - 18,95 €

Sous la direction de Marie-Hélène de CheriseyL’avenir, c’est nous ! Tous les enjeux de demain pour que l’avenir reste la plus belle des promesses !Préface : Bill DraytonRédacteurs : Emmanuel Brousse, Françoise Claustres, Charlotte Grossetête et al.Illustrations : Florien Thouret, Christine Circosta, Maëlle ChevalParis, Fleurus, 2010Livre enthousiasmant et optimiste pour les jeunes de 8 à 12 ans.

Que pouvons-nous faire pour la planète ? Est-il possible d’agir ? « Réchauffement climatique», «bidon-villes», «mondialisation»... Les hommes sont-ils en train de transformer la terre en désert ?

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« L’avenir c’est nous ! » répond à ces questions sans catastrophisme ni naïveté; et donne envie aux enfants de construire le monde de demain. 70 mots et 5 dossiers thématiques les sensibilisent aux plus grands enjeux de l’avenir. Avec également 70 portraits d’hommes, de femmes et d’enfants qui contribuent par leurs actions à changer le monde.

367 p - 25 x 20 cm - 18,80 €

NOuvEAu : cADEAux DE FIN D’ANNÉE

Bouchons de champagne en chocolat et truffes artisanales de l’abbaye d’Igny

Sous le papier doré, une enveloppe de chocolat noir de qualité supérieure recèle un subtil mélange de gianduja, de marc de champagne et de raisins macérés.

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SommAireLa joie d’être aimé Sœur Loyse p. 2Le temps de l’attente Sœur Marie-Paule p. 3Aucune séparation chez Dieu Père Abbé Nicolas Dayez p. 5Le bas-relief de l’Annonciation Pierre de Grauw p. 6Nouvelles de la communauté Sœur Marie-François p. 7Leçon d’humilité Sœur Marie-David p. 13Sœur Joanna Sœur Loyse p. 14Invitation p. 16La lampe et le lampadaire p. 17Coup de cœur de la libraire p. 18