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Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Bruxelles Laïque Echos est membre de l'Association des Revues Scientifiques et Culturelles - A.R.S.C. (http://www.arsc.be/)

Bruxelles Laïque asblAvenue de Stalingrad, 18-20 - 1000 BruxellesTél. : 02/289 69 00 • Fax : 02/502 98 73E-mail : [email protected] • http://www.bxllaique.be/

Editorial (Ariane HASSID)............................................................................................................................................................................................................................................................................................................. 3

INTERVIEW : Lazarus un rationaliste proactif ! (Cedric TOLLEY)........................................................................................................................................................................................................ 4

L'optique du pouvoir (Mathieu BIETLOT) .................................................................................................................................................................................................................................................................... 8

Action Critique Médias (Cedric TOLLEY).................................................................................................................................................................................................................................................................. 12

Les chiens de garde... de quoi ? (Pauline FORGES) ...................................................................................................................................................................................................................................... 15

Haro sur les grévistes, vive la charité ! (Irène KAUFFER)......................................................................................................................................................................................................................... 19

En Communauté française, l'info gomme une femme sur deux (Laurence MUNDSCHAU) .................................................................................................................................. 22

En ligne directe. Une autre voix contre le (b)uzzinage des subjectivités (Jean BLAIRON et Jacqueline FASTRÈS) ..................................................................... 26

Luttes informationnelles en ligne : militer à l’ère d’Internet (Yana BREINDL) ...................................................................................................................................................................... 30

Révolte égyptienne, avec ou sans twitter (Navid HASSANPOUR)................................................................................................................................................................................................... 34

Du macro au micro (Philippe DELCHAMBRE)..................................................................................................................................................................................................................................................... 38

LIVRE EXAMEN : Un peu de littérature dans un monde d’abrutissement ((Mathieu BIETLOT).......................................................................................................................... 41

PORTAIL (Mario FRISO) ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................. 43

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Dans le sens le plus courant, média désigne les médias de masse. Etymologiquement, le terme renvoie à medium en latin,c’est-à-dire le médiateur, l’intermédiaire, le moyen de transmission. A priori, le moyen nous importe peu. Ce qui nous préoc-cupe, c’est “qui transmet quoi à qui ?”.

Et force est de constater que, dans les médias de masse, le qui a tendance à se diluer. Il y a des choses qui se communiquent maison ne sait plus qui parle. Il n’y a plus de différences significatives entre les grands journaux et les grandes chaînes de radio ou detélévision. Il n’y a plus de presse d’opinion revendiquée en tant que telle. Les grands médias semblent tous se positionner et bai-gner dans le même “milieu”, qui est un des sens originel de medium. Le quoi prétend être le reflet du monde. Notre monde est alorsbien désolant, entre paillettes et paranoïa… Le à qui prend des proportions vertigineuses quand on mesure l’invasion des médiasde masse dans notre quotidien, nos consommations, voire nos quotients intellectuels. Les à qui seraient-ils conquis ?

Du coup, il n’est pas si négligeable de s’intéresser de près au moyen de transmission. Et l’on se rend vite compte que ce médium,ses conditions de fonctionnement et de financement, déterminent foncièrement ce qui est communiqué et ceux qui communiquent.L’ensemble des médias de masse fonctionne comme une impressionnante machine de conditionnement. Mais celui-ci n’est pas forcément intentionnel dès lors que ses protagonistes sont souvent eux-mêmes conditionnés et ne font que donner une ampleurinfinie, une résonnance déraisonnée, un écho en boucle (un “larsen”) au conditionnement initial qui ne fera que se confirmer. Et, dela sorte, ils peuvent se faire médium, au sens de visionnaire prémonitoire et de diseur de bonne aventure…

Face aux conditionnements de tous bords, nous opposons inlassablement la critique libre-exaministe et c’est bien entendu à elleque nous avons ouvert les pages de ce numéro. Promoteurs de débats, nous avons proposé un droit de réponse à l’un ou l’autregrand média mais nous n’avons pas réussi à obtenir des réponses.

Il ne suffit pas de critiquer, encore faut-il agir. “Don’t hate the media, become the media”, disait le chanteur Jello Biafra. Indymediaen a fait son slogan et nous en avons, plus modestement, fait un débat du Festival des Libertés en 2010. Il n’existe, en effet, pasque les médias de masse. L’accessibilité des nouveaux moyens techniques, liés à l’Internet et aux caméras numériques, facilitegrandement la création de médias autonomes. Ceux-ci suscitent énormément d’engouement mais doivent également être quelquepeu relativisés par une approche libre-exaministe. Ces évolutions technologiques et sociologiques obligent, du reste, les médias demasse à se repositionner, à les intégrer, voire à les récupérer…

Sur les autoroutes de l’information, comme sur toutes les autoroutes de conduite ou de pensée, nous vous invitons à prendre la sor-tie, la tangente, que vous aurez tracée par vous-même en connaissance de cause, d’itinéraire et de paysage.

Bon voyage.

Ariane HASSIDPrésidente

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Interview par Cedric TOLLEY*

*Bruxelles Laïque Echos

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Lazarusun rationaliste proactif ! Depuis quelques temps, Lazarus fait irruption sur

Internet. Il apparait dans les réseaux sociaux, il

interpelle les internautes, leur propose des

expériences. Mais qui est ce type mystérieux qui

nous parle de scepticisme et de zététique ?

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Lazarus, une courte biographie survotre site commence par “Qu’importequi je suis, nous sommes des millions” ;les Anonymous concluent leurs com-muniqués par “We are Anonymous. Weare Legion. We do not forgive. We donot forget. Expect us.”. Et, par ailleurs,vous portez un masque qui semble êtrele négatif du masque que portent lesAnonymous qui, eux, font explicitementréférence au film “V for Vendetta”.Comment vous inscrivez-vous par rap-port aux Anonymous ? Y a-t-il un lienentre eux et vous ? L’iconographie quevous avez choisie doit-elle faire redou-ter une volonté révolutionnaire de votreaction ?

Une portée révolutionnaire, oui. Rassurez-vous, il ne s’agit pas de barricades et decanons. Je suis convaincu qu’une révolu-tion commence toujours par soi-même.Regarder le monde par le prisme du ratio-nalisme est toujours révolutionnaire mêmesi certains l’ont pratiqué il y a plusieurs siè-cles. Mon action consiste à proposer cetexercice avec son caractère jouissif. Jepense en effet que se libérer de dogmes,de stéréotypes peut avoir quelque chosede très plaisant. Il s’agit d’une libération.

Dans mon cas, rationalisme s’articule avechumanisme, progrès social, justice, équité,pacifisme, féminisme, etc.

Je ne propose évidemment aucun prêt- à-penser, aucune vérité, seulementquelques outils, une grille d’analyse quipermet de regarder le monde, et soi-même, autrement qu’avec ce que pro-pose la pensée dominante. C’est donc trèspolitique et personnel à la fois.

J’ai évidemment beaucoup de sympathiepour les Anonymous dans leur lutte contrela scientologie, leur défense de la libertéd’expression, leur utopie de démocratieréelle. Je partage totalement leurs valeurs.Mon masque vient de la commedia dell’arte. Si vous trouvez qu’il ressemble àcelui de V, c’est qu’il y a peut-être une sty-lisation commune. Enfin, notre désird’anonymat, notre idée de combat collec-tif (les 99%, nous sommes des millions, weare legion) ne sont pas des coïncidences.C’est notre époque qui nous indique cechemin.

Quelle est votre attente à l’égard desmédias ? Avez-vous une même attenteenvers le service public et les chaînesprivées ?

J’aime votre question faussement naïve !(rires) Je n’ai aucune attente en directiondes médias. Faut-il rappeler que le butpremier de la presse n’est pas d’informermais d’être rentable pour payer descharges, des salaires et des investis-seurs ? Surtout à une époque de grandeconcurrence comme aujourd’hui, le soucipremier de tout patron de presse est deconserver ou de gagner des parts de mar-ché et donc des lecteurs, des auditeurs,des téléspectateurs.

On peut penser que j’exagère ou que j’aimauvais esprit. Prenons alors un grandmédia de service public et comptons com-bien de fois un télé-journal va s’ouvrir surun fait divers ou un résultat sportif. Parfoispendant de longues minutes, alors que denombreux sujets sociaux, politiques, inter-nationaux n’ont pas droit de cité. Est-ce del’information ? Pour les raisons que je viens

d’évoquer, la concurrence a gommé unegrande partie de ce qui devait séparer lesmédias publics et privés.

Mais passé le constat, il faut se demanderpourquoi cela fonctionne de cette manièreet pourquoi cela dure alors que le problèmeest très visible et que nous avons touteliberté de le dénoncer. On pourrait regarderdu côté des patrons, propriétaires et res-ponsables des titres en question. On pour-rait penser qu’ils poussent leurs équipes àdéfendre des idées qui leur sont chères. Etc’est sans doute partiellement vrai, neserait-ce qu’inconsciemment (parfois trèsconsciemment).

En ce qui me concerne, j’ai tendance à meméfier de ce type d’explication “complo-tiste” qui ne fonctionne qu’à la marge. Jepréfère me dire qu’il y a un système trèscohérent qui répond à une cohérencesociale. Les journalistes ne représententpas toutes les classes sociales, ils formentun corps qui se “reproduit”, notammentdans les écoles de journalisme où la pen-sée critique est rarement au cœur deschoses. Les idées évaluées comme margi-nales, les remises en question systémiquesseront exclues d’un corpus de penséesmajoritaires qui dominera jusqu’à excluretoute contestation sans jamais utiliser deméthode autoritaire. On pourrait dire quec’est le système qui se “défend”.

Ajoutez à cela les amitiés et renvois d’ascenseurs prévisibles dans toute acti-vité humaine et vous aurez un paysageassez clair de la situation. Pour reprendreune phrase célèbre, ce n’est donc pas lebruit des bottes mais celui assourdissantdes pantoufles.

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Adressez-vous quelque reproche auxjournalistes et aux autres acteurs dumonde médiatique ? Si oui, lesquels ?

Je n’ai pas de reproche à leur faire. Je nesuis pas un donneur de leçon. Chacun faitce qu’il a à faire et il faut admettre, entenant compte de ma réponse précé-dente, que la fonction fait l’homme (ou lafemme).

A votre avis, quelle serait une réponseadéquate de la part de ceux qui reçoi-vent les messages produits par lesmédias ?

De nous tous, vous voulez dire ? Voilà unequestion beaucoup plus complexe…

En effet, notre époque se caractérise,entre autres choses, par la mise à disposi-tion d’une infinité d’informations pour cha-cun d’entre nous. Pensez qu’avant l’in-vention de l’imprimerie, les plus grandsérudits n’avaient à leur disposition quedes manuscrits dans de rares biblio-thèques éloignées. Notre problème n’estdonc plus d’obtenir de l’information maisde la trier. Or, pour ce faire, il y a bien desméthodes que vous connaissez et qui ontsouvent trait à la critique des sources.Mais elles sont impuissantes face à uneavalanche d’informations. Penser quechaque citoyen puisse analyser de façonsceptique toute information de son journaltélévisé est une pure utopie.

D’autre part, il est un devoir moral pourtout citoyen de se tenir informé selon sesressources (financières, intellectuelles,etc.). Il faut accepter l’idée que cela prenddu temps, de l’énergie. Il ne peut s’agir

d’une activité passive. Néanmoins, laquantité d’information à traiter nous obligeà un minimum de confiance envers ceuxqui nous informent. Il faut donc choisir noscanaux d’information avec soin. Et parconséquent en bannir certains. Le premiergeste consiste à fermer les robinets d’eautrop polluée : l’information de télévision,celle de la plupart des radios, de la plupartdes grands hebdomadaires.

Puis douter des informations, dans le senspositif du terme, et tenter de les mettre enperspective via différentes origines (cer-tains débats l’organisent pour nous).Préférer ainsi la parole d’un scientifiquequi a passé trente ans de sa vie à étudierun phénomène à celle d’un journalistedont le temps de travail est segmentéentre différentes tâches, pour le dire poli-ment.

Et surtout, il existe un exercice auquel onne pense que rarement : suspendre la rai-son. Nous ne sommes pas obligés d’avoirune opinion sur tout. On peut décider dene pas décider. Ou de décider plus tard.Affirmer que l’on ne sait pas, que l’on apas de données suffisantes pour trancherest bien plus honorable que d’affirmer unevérité à laquelle on a consacré quinzesecondes.

Vous désignez certains acteurs dumonde social, notamment “les porte-parole des luttes, les catégories popu-laires, les ouvriers, les employés et leschômeurs”. Quel conseil pourriez-vousleur donner afin que leurs réalitéssociales, leurs intérêts et leurs revendi-cations puissent être relayés médiati-quement ?

Ayez confiance en vous ! Vous portezaussi une expertise. Sur votre propre vie,sur vos conditions de travail, sur l’organi-sation sociale. Vous en savez souventbeaucoup plus que ceux qui parlent devous.

La différence réside dans le fait qu’ils pos-sèdent souvent mieux que vous les codespour s’exprimer médiatiquement. Doncapprenez ces codes et exprimez-vous,sans relâche, jusqu’à être entendus. Vousreprésentez une force dont vous n’avezsouvent pas conscience.

Dans vos écrits, vous présentez ladémarche scientifique et la raisoncomme des moyens d’émancipationpour le peuple sinon en proie à l’obscu-rantisme et au fatalisme. Convenez-vous qu’actuellement, même le dis-cours scientifique est parfois utilisé àdes fins dogmatiques ? Comment seprémunir contre cette sorte d’impos-ture lorsque nous n’avons pas les com-pétences pour analyser et contredire cetype de discours (tout le monde n’estpas formé aux méthodes scienti-fiques) ?

Méthode scientifique et dogme sont enparfaite opposition. L’esprit même de lascience interdit tout dogme.

Il peut évidemment y avoir des utilisationsmalhonnêtes de ce qui pourrait ressemblerà un discours scientifique. Vous connaissez“l’effet tablier” qui consiste à faire parler uncomédien en tablier blanc dans une publi-cité pour lui donner l’air d’un médecin.C’est un peu le même principe quant unchercheur financé par une industrie tente

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de nous convaincre qu’il porte une parolescientifique. Le danger est donc grandquand la loi n’oblige pas suffisamment à latransparence en ce domaine.

D’où l’importance de généraliser une cul-ture scientifique et la pensée sceptiquedans l’enseignement. Etre cultivé corres-pond normativement à un certain nombrede valeurs (musique, littérature, art) dont lascience est malheureusement exclue. Onne trouve d’ailleurs pas de terme qui fassele consensus pour parler d’analphabétismeen science. Un phénomène pourtantrépandu parmi les intellectuels.

D’autre part, il est possible de scinder cer-taines questions en différentes sous ques-tions. Par exemple, en ce qui concerne lesOGM ou le nucléaire. Nous ne sommes pastous biologistes ou physiciens pour avoirune opinion sur des sujets aussi com-plexes. Mais, en revanche, il nous est peut-être possible de bâtir un avis sur les ques-tions sociales sous-tendues. Par exemple,si la physique nous démontre qu’il est pos-sible de construire une centrale nucléaire,on peut croire les physiciens qui nous l’en-seignent. Il n’en est pas moins vrai que,dans notre société, la construction, la ges-tion et l’entretien de cette même centraleseront peut-être confiés à des sociétés pri-vées qui auront tendance à faire porter deséconomies sur la sécurité (emploi de sous-traitants, etc.). D’où un véritable dangerpour les populations car l’histoire récentenous enseigne qu’entre les financiers et lesscientifiques, ce sont souvent les premiersqui ont la main…

Est-ce que n’importe quel sujet peutêtre traité et débattu ? Y a-t-il des

réalités ou des vérités incontestables,universelles et dont la remise en ques-tion est dangereuse pour notre bien-être en société (droits humains, Shoah,laïcité…) ? N’est-il pas nécessaire de verrouiller certains débats ou de lesverrouiller momentanément, par craintede quelque retour en arrière ?

Je ne peux vous répondre que par deuxquestions.

Tout d’abord, pouvez-vous me démontrerque le “verrouillage” d’une questionempêche réellement toute régression surun sujet donné ? Et, deuxièmement, s’ilfallait interdire certains débats, qui déci-derait de la liste de ceux-ci et de la duréede l’embargo ?

Une position rationnelle, sceptique nepeut être que l’ouverture à tout débat.Prenons le plus clivant : la Shoah. Pensez-vous vraiment que le débat soit clos ?Mais des historiens continuent de travail-ler tous les jours sur le sujet… Des thèsescontinuent à être publiées. C’est unematière toujours en recherche, en travail.Rien n’est clos.

Evidemment, si vous pensez à ceux quipensent que la Shoah n’a pas existé etn’est qu’un complot judéo-maçonnique…Je vous dirai que c’est un bien mauvaisdébat. Tout d’abord, on ne se met pas àthéoriser à partir de quelques illuminés quipensent que la terre est plate. Les hôpi-taux psychiatriques en sont remplis. Laquestion est plutôt de savoir pourquoi lesmédias leur ont parfois fait une telle place,on y revient…

Une vérité scientifique, par principe, n’estjamais considérée comme définitivemême si dans certains cas, comme laShoah ou la gravitation, il y peu dechances que l’on puisse les remettre enquestion… Il faut laisser le débat toujoursouvert, il sert de toute façon à faire de lapédagogie.

Ceci dit, je comprends que celles et ceuxqui ont perdu des proches n’aient aucuneenvie de s’entendre dire que leur souf-france n’est qu’une fable. C’est malheu-reusement l’audimat qui est à ce prix.

Finalement, quel est l’objectif deLazarus ?

Un objectif bien modeste. Participer, telleune goutte d’eau, à vulgariser la penséesceptique, le rationalisme, à une époqueoù croyances et manipulations tiennenttoujours le haut du pavé. J’aimeraisconvaincre quelques citoyens du plaisirqu’ils ou elles peuvent prendre à ce jeu.Se libérer. Sans avoir peur…

Un site où sont relatées lesexpérienceshttp://lazarus-mirages.net/Un blog où elles sont interrogées et oùla pensée critique est discutéehttp://lazarus.owni.fr/

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On connaît la généralisation politique que Michel Foucault a proposée du Panoptique, ce

dispositif de surveillance des prisons inventé par le philosophe utilitariste Jeremy

Bentham. Son principe repose avant tout sur l’architecture. Celle-ci se compose d’un

anneau périphérique où se trouvent les cellules et d’une tour centrale d’où les gardiens

peuvent voir sans être vus les faits et gestes de chacun des prisonniers. C’est là l’effet

majeur du Panoptique : les détenus se sentent vus, surveillés en permanence, sans qu’il

y ait forcément quelqu’un au poste de contrôle. N’étant jamais certain d’être à l’abri du

regard, le prisonnier finit par se surveiller lui-même et adopter le comportement qu’on

attend de lui.

Par Mathieu BIETLOT*

*Bruxelles Laïque Echos

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Foucault a vu dans ce dispositif lefonctionnement même du pou-voir moderne qu’il nomme pou-voir disciplinaire par oppositionau pouvoir souverain de l’Ancien

Régime. En tant que pratique consistant àsurveiller discrètement, à recueillir desdonnées sur les individus et à induire desconduites, la logique disciplinaire seretrouve à l’œuvre dans nombre d’institu-tions (école, caserne, monastère, asile,usine…) et de manière diffuse dans la viesociale à l’air libre. Alors que ce nouveaupouvoir anonyme observe et individualisela population, le pouvoir souverain se per-sonnalisait à outrance et s’affirmait par lespectacle de ses rituels et les fastes descérémonies où tous n’avaient d’yeux quepour le prince. En bref, ce n’est plus lepeuple qui regarde le pouvoir mais le pou-voir qui regarde le peuple1.

Thomas Mathiesen, nettement moinsconnu, conteste cette caractérisation dupassage à la modernité par l’inversion dela visibilité. Si la logique panoptique s’estbel et bien propagée de manière décisiveau tournant du XIXe siècle, Foucault s’esttrompé en pensant qu’elle allait mener àl’extinction progressive de toute manifes-tation spectaculaire du pouvoir et que lesprocédés disciplinaires allaient rendre lepouvoir toujours plus discret voire invisi-ble. C’était sans compter sur les médiasde masse qui se sont, eux aussi, dévelop-pés de manière exponentielle avec lamodernité. S’il est exact qu’à maintségards nous vivons dans une société oùune minorité observe discrètement lamajorité, il n’en est pas moins vrai que sesont diffusées des structures permettant àune majorité toujours plus élargie de

contempler une minorité d’élite. Pourdénommer ces structures, Mathiesenutilise la même étymologie grecque queBentham. Optique désigne la vision, pansignifie “tout”, et syn, “avec”, “ensemble”ou “en même temps”. Dans lePanoptique, tous sont visibles (par uneminorité) ; dans le Synoptique, la mêmechose est vue ensemble et en mêmetemps (par une majorité)2. Panoptique etSynoptique se complètent, se renforcentet définissent notre société comme une“viewer society”, une société de voyeursaussi bien dans un sens que dans l’autre3.Tous deux progressent grâce aux innova-tions technologiques propres à notretemps, de la vidéosurveillance aux bou-quets de chaînes satellitaires. A l’instar duPanoptique, le Synoptique, autrement ditles médias de masses, constituent un dis-positif de pouvoir, de contrôle des popula-tions et d’inductions des attitudes atten-dues.

Spectacle de la réalité

Contrairement à ce que prévoyaitFoucault, le pouvoir se donne encore enspectacle. Moins à travers les reportagescouvrant les déboires de la famille royaleou la vie intime de Sarkozy et Carla quesous les nouveaux visages du pouvoir. Lepouvoir ne s’individualise plus dans la figure du prince, il ne se concentre plusdans les institutions de l’Etat mais il appa-raît désormais autrement et de manièrebien plus insidieuse. Toni Negri et MichaelHardt affirment que la fin de la sou-veraineté étatique ne signifie nullement lafin de toute souveraineté politique, aucontraire, elle cède la place à une sou-veraineté impériale peu aisée à identifier

en ce qu’elle n’a plus de lieu4. Le non-lieuou lieu virtuel du pouvoir postmoderne sesitue, selon ces auteurs, principalementdans le spectacle, tel que l’a théorisé GuyDebord dans son célèbre manifeste situa-tionniste. La société du spectacle décritune phase de l’histoire où l’aliénation et ladomination sont à ce point répandues etassimilées que le pouvoir et les rapportssociaux sont devenus images et que l’onvit dans une fiction5. L’omniprésence etl’omnipotence des médias en sont une fla-grante manifestation.

Mathiesen souligne le pouvoir consi-dérable des journalistes, présentateurs,animateurs et autres vedettes du petitécran : ils filtrent, mettent en place, forma-tent l’information et fixent l’agenda del’actualité. Ils deviennent par là de vérita-bles leaders d’opinion, dépassant souventdans les sondages de popularité lesgrandes personnalités politiques. Evi-demment, derrière eux, trône toute uneindustrie de la fabrication de l’information.Une production qui répond davantage àdes finalités de rentabilité et de divertisse-ment qu’à une recherche de la vérité.Même les chercheurs, les scientifiques,les analystes politiques, les historiensdoivent se soumettre aux critères duspectacle s’ils veulent être entendus. Pourcontribuer à la production du savoir et à ladiffusion de la connaissance, ils se voientcontraints d’en passer par des doses tou-jours plus imposantes de médiatisationtélévisuelle, cinématographique ou lit-téraire. D’ailleurs, la dernière tendancehollywoodienne semble prétendre que lesfilms, tout en restant des fictions, disent la“vraie” réalité des faits. Création et docu-mentation, fictions et faits réels se mêlent

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de plus en plus pour former ce qu’AntonyBeevor et Pierangelo Di Vittorio nommentdes factions et qu’illustre parfaitement lereality show, littéralement le “spectacle dela réalité”. Outre fiction et réalité, s’accou-plent ici vie ordinaire et existence specta-culaire, banalité et éclat médiatique, quo-tidienneté morose et évasion onirique,populisme et popularité. “Le reality showserait-il la condition technique générale dela vérité aujourd’hui ? La vérité seréduirait-elle au charisme de la réalité, au“charme” de la proximité, de la banalité,de la médiocrité, de la normalité ?”6

Cette dimension hybride de la téléréalité,créatrice de “stars” à partir d’anonymes,nuance ou complète l’analyse deMathiesen qui, à la suite de nombreusesétudes, rappelait que seule une certaineélite – riche, masculine, blanche, occupantcertaines fonctions – reçoit la parole dansles médias de masse. Certes, l’accès à lacélébrité, même pour les candidats à“question pour un champion”, “qui veutgagner des millions” ou “the voice”, esttellement balisé et façonné que le proposgénéral sur le spectacle du pouvoir nes’en voit pas déforcé. Selon un processusde boule de neige, plus ces personnalitéssont diffusées par les médias plus ellesdeviennent célèbres et acquièrent du pou-voir et plus elles sont célèbres et puis-santes, plus on les médiatise… ZygmuntBauman les désignent comme les “mondi-aux” que la majorité contemple coincéedans sa localité. L’autorité des mondiauxprovient avant tout de leur éloignementd’avec les “locaux”, de leur appartenanceà un autre monde inaccessible même s’ilssont issus du bas-monde.

Contrôle des désirs

Les dispositifs synoptiques ne se con-tentent pas d’imposer le spectacle et dedéfinir la vérité, ils exercent un pouvoir desurveillance et de commandement despopulations. Ils s’immiscent dans les pro-fondeurs intimes des individus là où le pou-voir disciplinaire n’induisait que des con-duites extérieures. Se sachant toujoursplus surveillé, un militant d’extrêmegauche, par exemple, adaptera ses com-portements pour ne pas s’attirer lesfoudres de la répression mais n’en garderapas moins ses convictions. Les dispositifssynoptiques relaient et épaulent alors leurscollègues panoptiques en se chargeant ducontrôle des attitudes ou des intérioritésdes individus. Tout comme les disciplinesavaient “machinisé” les corps, les médias“industrialisent” la conscience, c’est-à-direl’investissent et la façonnent de telle sortequ’elle rentre parfaitement dans le mouledes sociétés industrielles avancées. GillesDeleuze – qui a, lui aussi, prolongé l’analysefoucaldienne des sociétés de discipline àtravers les sociétés de contrôle – soulignaitla fonction télévisuelle de surveillance : parle petit écran les nouveaux pouvoirs decontrôle deviennent directs et immédiats7.Dans le champ littéraire, c’est moinsd’Orwell que de William Burroughs ques’inspire Deleuze pour conceptualiser lecontrôle : “Le prolongement logique de larecherche encéphalographique est le bio-contrôle, c’est-à-dire la domination desmouvements physiques, des processusmentaux, des réactions émotionnelles etdes impressions sensorielles apparentes aumoyen de signaux bioélectriques diffusésdans le système nerveux du sujet”8.

Plutôt que des changements précis d’atti-tude ou de comportement, le pouvoir syn-optique provoque une véritable accultu-ration de ses spectateurs en leurinculquant tout un sens commun et unevision du monde, en attisant des désirs deconsommation et de conformisme. Sansdevoir recourir à la moindre coercition, leSynoptique conditionne les conscienceset modifie les attitudes par la seule séduc-tion. Le monde qu’il donne à voir serésume plus ou moins au mode de vie descélébrités qui n’ont d’ailleurs, en général,pas d’autre message à communiquer queleur célébrité, leur mondanité et leur“mondialité” : “Quelle que soit leur origine,les célébrités ont pour rôle de manifesterleur univers, dont le caractère essentielconsiste précisément à être regardé, àêtre regardé par beaucoup de gens,partout dans le monde : les célébrités sont“mondiales” dans la mesure même oùelles sont regardées. Quel que soit le sujetdont elles parlent, elles transmettent unmessage, celui d’une certaine façon devivre. Leur vie, leur mode de vie.”9

Le paradigme, la vision du monde trans-mise par le Synoptique (ses célébrités, sesactualités, ses jeux, ses feuilletons, sesréclames…) insiste avant tout sur le diver-tissement individuel (par le rire ou le fris-son, le rêve ou le voyeurisme) qui permetaux spectateurs de s’évader de leur quotidien et de la misère du monde ou deleur vie. Satisfaction d’un besoin réel d’évasion qui explique en grande partiel’efficacité de ce dispositif. Ce sont lesindividus qu’il contrôle qui le réclament,en redemandent toujours plus et dévelop-pent une réelle accoutumance. En cela, le

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Synoptique s’apparente à la religion,pourvoyeuse d’illusions à bas prix pourrendre supportable la misère terrestre.Cela fait longtemps que les critiques ontdécelé dans la télévision un nouvel “opiumdu peuple” et Debord n’a pas manqué desouligner les vertus hypnotiques du spec-tacle. Avec le Synoptique, les gens, les“locaux”, peuvent rêver des “mondiaux”,voyager virtuellement ou par procurationet les rejoindre au cours d’émissions quotidiennes retransmises depuis le para-dis. Leur mode de vie et leurs aspirationss’en trouvent considérablement condition-nés. Le spectacle et l’image du mondequ’il impose finissent par se substituer aumonde réel, à recouvrir son bruit et safureur, à appauvrir jusqu’à nier la vraie vie,à remplacer les rapports sociaux. Commele dit Deleuze, ce n’est plus le cinéma quiimite le monde, c’est le monde qui s’estmis à faire du cinéma et, citant SergeDaney, “il n’arrive plus rien aux humains,c’est à l’image que tout arrive”. Debord,encore une fois, confirme : “Le spectaclen'est pas un ensemble d'images, mais un rapport social entre des personnes,médiatisé par des images” (thèse n°4). Un“fait hallucinatoire social” organise systé-matiquement la défaillance de la facultéde rencontre. Car le Synoptique constitueégalement un dispositif d’atomisationsociale. Quelle meilleure garantie contrel’émergence d’une conscience collectiveet d’une organisation de la contestationqu’un poste de télévision dans chaquefoyer et le confort de la consommationlivrée à domicile ? “Le systèmeéconomique fondé sur l'isolement est uneproduction circulaire de l'isolement.L'isolement fonde la technique, et le

processus technique isole en retour. Del'automobile à la télévision, tous les bienssélectionnés par le système spectaculairesont aussi ses armes pour le renforcementconstant des conditions d'isolement des“foules solitaires”. Le spectacle retrouvetoujours plus concrètement ses propresprésuppositions.” (thèse 28)

Enfin, la dernière fonction sociale et poli-tique du Synoptique n’est autre que deservir de couverture aux dispositifs panop-tiques. Les crimes, cambriolages ou éva-sions font partie des nouvelles les plusprisées par les médias de masse. Enexhibant de la sorte ces faits divers, lesplus violents et les plus exceptionnels, quigravitent autour des vieilles institutionspanoptiques que sont les prisons, leSynoptique répand une terreur sur la villequi, soit détourne l’attention des nouvellesmesures de surveillance, soit les justifie etles légitime. Tout en reposant apparem-ment sur le désir et le plaisir, le fonction-nement du spectacle recèle un puissantmécanisme de communication de la peurou, plus précisément, de création deformes de désir et de plaisir intimement liésà la peur. Et l’on sait, depuis Hobbes, quela peur est le meilleur instrument de contrôle et de domination des populations.

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1 Michel Foucault, Surveiller et punir, éd. Gallimard, 1975.2Mathiesen Thomas, “The viewer society : Michel Foucault’sPanopticon revisited”, Theoretical Criminology, mai 1997,vol 1, n°2, pp. 215-234.3 La figure fictive de cette fusion entre Panoptique etSynoptique se trouve dans 1984 d’Orwell lorsque, par lemême écran de télévision trônant dans la salle de séjour detous les foyers, les citoyens peuvent (doivent) contempler etécouter Big Brother et celui-ci peut surveiller ceux-là. Faut-il préciser que nous n’en sommes plus très loin (webcam,smartphone, tablette, GPS)... 4Michael Hardt et Antonio Negri, Empire, trad. de l’américainpar D.-A. Canal, Exils, 2000.5Guy Debord, La société du spectacle, Gallimard (“folio”),1992 (1967).6Pierangelo Di Vittorio, “Charismes du réel. L’œuvre d’art àl’époque du marketing et du spectacle” à paraître dans larevue Multitudes, n°48, printemps 2012.7Gilles Deleuze, Pourparlers, éd. de Minuit, 1990. pp. 106-1088William Burroughs, Le festin nu, trad. de l’anglais par E.Kahane, Gallimard (“L’imaginaire”), 1964 (1959), p.176.9Zygmunt Bauman, Le coût humain de la mondialisation,Hachette Littérature, 1999 (1998), p.85.

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critique radicale (parce qu’elle prend les choses à la racine…) et intran-

sigeante (parce qu’elle ne se laisse pas intimider).”

ActionCritiqueMédias

Par Cedric TOLLEY*

*Bruxelles Laïque Echos

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Ac t i o n - C r i t i q u e -M é d i a s(Acrimed) est née en 1996suite au constat du traite-ment médiatique biaisé ettendancieux des événe-

ments liés au mouvement social denovembre et décembre 1995 en France.Des journalistes, des militants, deschercheurs universitaires et des usagersdes médias se sont donc réunis dansl’idée de fonder un observatoire critiquedes médias. Leur objectif étant de donner à chacun les outils critiques pourdécrypter l’information médiatique et pour lire cette information à l’aune du contexte sociopolitique de sa pro-duction.

Ainsi, Acrimed met en question lamarchandisation de l’information, de laculture et du divertissement médiatique. Ils’agit, pour l’observatoire, de dénoncer lasujétion du journalisme aux pouvoirs poli-tique et financier.

“C’est dans cet esprit que nous essayonsde soumettre à notre critique et notre vigi-lance l’ensemble des médias, mais aussiles conditions d’exercice des métiers dujournalisme, les pratiques les plus contes-tables au sein de cette profession, lesdérives multiples de sa “couverture” del’actualité dans tous les domaines.”(Acrimed)

L’un des symptômes les plus criants,selon Acrimed, est le fait que les médias,assujettis de la sorte, livrent une visionunique et une grille d’analyse unique desquestions d’actualité. Cette vision estcelle de la société libérale de marché.

L’action d’Acrimed est multiple. L’asso-ciation prend l’initiative ou soutient desinterpellations publiques pour défendre larestauration d’un service public desmédias et de l’audiovisuel, affranchi del’emprise des sociétés privées et de lapublicité. Dans ce sens, elle a notammentsoutenu les employés de France Cultureet a vertement critiqué l’entrée en boursedu journal Le Monde.

Acrimed voudrait également fonder unréseau entre les protagonistes de l’actiondémocratique pour promouvoir une actionen vue d’obtenir l’exercice d’une démo-cratie pluraliste et égalitaire, affranchie dela tutelle des pouvoirs et des discoursdominants. Pour cela, des actions sontmenées en direction des pouvoirs publicset médiatiques, au moyen de la mobilisa-tion des citoyens dont les droits, notam-ment en matière médiatique, sontbafoués. Une action aussi au sein mêmedu monde médiatique afin de promouvoirune information démocratique. Une actionenfin en direction des professionnels pourrenforcer la portée démocratique de leuraction syndicale.

Dans cette optique, Acrimed en appelle àune réflexion qui prend appui non seule-ment sur l’expérience scientifique maisaussi sur celle des professionnels et de lacontestation citoyenne. Une façon dedécloisonner les secteurs et de sortir desespaces réservés et élitistes. Son actionse fonde sur une recherche approfondiedestinée à saisir comment fonctionnentles médias en lien avec les pouvoirs. Cetteréflexion devrait, selon Acrimed, permettrede critiquer les effets des médias sur

l’exercice de la démocratie pour la raviveret, du même geste, opérer une critiquedémocratique des médias afin de les rendre plus démocratiques. Autrement dit,remettre les médias au service du plusgrand nombre et d’une gestion démocra-tique de notre société.

Pour ce faire, Acrimed utilise plusieursmédias dont un site Internet, une liste dediffusion, des documents publiés surfonds propres et, désormais, un trimestrielMédiacritique(s).

Peu de temps après sa création, Acrimeda édité un “petit manuel de l’observateurcritique des médias” : Informer sur l’infor-mation. A travers ce manuel, il entendaittransmettre des outils méthodologiquesafin que toute personne puisse s’appro-prier le travail effectif de critique desmédias. Le détail de la méthode préco-nisée va de la description de l’outillage àcelle de l’exercice intellectuel de la cri-tique. Il s’agit, pour le critique, de se livrerà un exercice d’observation attentive d’unmédia, une observation par laquelle ilpourra déceler les symptômes (“rendrevisible ce qui est… visible”) d’un travailjournalistique aux ordres d’un pouvoir ouparcellaire ou tendancieux, etc.

Pour cela, Acrimed invite, dans un pre-mier temps, à se forger une bonne con-naissance du monde journalistique. Et,notamment, à étudier les filiationséconomiques entre les journalistes, lespatrons de presse, les sociétés depresse, les sociétés audiovisuelles et lesmondes de la finance, de la politique etde l’entreprise privée. Ensuite, à se livrer

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à une observation organisée, par média,par sujet, par éditeur, par présentateur,par journaliste…

De cette manière, des récurrences peu-vent apparaître qui sont souvent significa-tives.

B.A.-ba du travail journalistique, Acrimedréhabilite aussi le recoupement des don-nées afin que le lecteur, l’auditeur ou letéléspectateur attentif puisse, par lui-même, vérifier l’information et la mettre enperspective.

Ensuite, outre une lecture critique dequelques régularités médiatiques dans lafaçon de présenter les informations,Acrimed propose une méthode systéma-tique qui relève presque de l’interaction-nisme symbolique dans la manière d’ob-server les faits médiatiques. Relever latournure des propos, la forme des ques-tions posées aux personnes interrogées(experts, témoins, artistes…), relever aussijusqu’aux échanges de regards, auxsilences… Relever enfin les sujets qui nesont pas traités et qui pourraient, par contre, représenter un intérêt particulier

pour le bien commun. Ces élémentsstrictement annotés feront émerger destendances, des “angles de vue” dont lemanuel propose un échantillon issu du travail d’Acrimed : la domination, ladépolitisation, la dépossession, lesamnésies…

Plusieurs exemples d’éléments d’analysescritiques des médias sont proposés parPauline Forges dans l’article qui suit…

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Par Pauline FORGES*

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Les chiens de garde...

Les rapports entre médias et mouvements sociaux ont toujours été ambigus. D’un

côté, les médias représentent une chance de faire passer un message, des

revendications. De l’autre, ils représentent le risque que ce message soit

dénaturé, récupéré, étouffé. Dans les faits, lorsqu’ils parlent des mouvements

sociaux, la voix des grands médias est facilement reconnaissable : c’est celle du

patronat.

de quoi ?

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7heures du matin, l’heure de sepréparer pour le boulot. De lasalle de bain, la radio laisseentendre la voix d’une journa-liste. Sur un ton confidentiel,

comme s’il s’agissait d’un scoop, celle-ciprésente le patron d’une entreprise etannonce qu’il trouve que “la grève n’estpas opportune”. Il développe : il peutcomprendre ce que peuvent ressentir lestravailleurs, mais ce n’est pas le moment,il faut se montrer responsable ! C’est véri-tablement un scoop : il existerait donc des“moments” pour faire des grèves “oppor-tunes”, qui ne dérangeraient pas lespatrons ?

A l’approche de la grève générale du 30janvier dernier, les attaques se multiplientà la télé, à la radio ou dans la presse. Lemessage est clair : “la crise institutionnellea mis le pays au bord de la mort, et qui saitce qu'il en serait alors advenu du dialoguesocial. Certes, les mesures sont lourdes,structurelles, mais elles répondent aubesoin de réforme de notre modèle socialet certaines sont amendables via le dia-logue social en cours. Après la grève, lesenjeux ne changeront pas et il faudra y tra-vailler ensemble”, peut-on ainsi lire dansl’édito du journal Le Soir. La situation estdramatique, nous n’avons donc pas lechoix. “There is no alternative”. Tous lesmoyens sont bons pour décourager lestravailleurs de faire grève : les sondages(“Un Belge sur deux est opposé à lagrève”), les menaces des patrons, lestémoignages d’usagers mécontents, lapromesse que cela ne servira à rien...

Cette approche médiatique de la grève estmalheureusement monnaie courante. Et le

constat ne s’arrête pas là : c’est lamême chose pour les manifestations ouautres actions... Mais pour pouvoiranalyser la manière dont les médias traitent les mouvements sociaux, il fautdéjà qu’ils daignent en parler. En effet, ilsse limitent généralement à leurs aspects“spectaculaires” (les “prises d’otages”,par exemple), estimant que seuls ceux-ciintéressent la population et donc attirentl’audience. Ainsi, on ne peut parler dessans-papiers tous les jours, sous peine de“lasser les téléspectateurs”. Il faut doncdes événements spectaculaires tels qu’unsuicide ou des grèves de la faim pourqu’on en parle...

La place réservée aux mouvements sociaux dans les médias est souventindiquée par leur position dans ceux-ci : àla Une ou en deuxième, troisième page,voire dans les pages suivantes. En 2008,une grève était ainsi traitée en sixième pagede la Libre Belgique et en dixième page duSoir. Ce qui faisait la Une des deux princi-paux quotidiens ? Les problèmes de Fortis.Dans les deux cas, il n’y avait pas de lienclairement établi entre la crise économiqueet financière et la grève pour le pouvoird’achat, ce qui dénote un manqued’analyse (volontaire ?). Dans les deux casaussi, de gros titres reflétaient la penséepatronale : “On ne peut pas se le permet-tre” dans La Libre1, “La grève n’apporterarien” dans Le Soir2. Dans ce dernier exem-ple, un semblant d’objectivité était observéen opposant à la citation d’Alain, chef d’entreprise, celle de Gilberte, nettoyeuse :“Une laitue à 1,20 euros, c’est cher”. Maisdonner la moitié de l’espace à une “techni-cienne de surface”3 et l’autre moitié audirigeant d’une grande surface, sans doute

universitaire, masque le fait qu’ils ne s’ex-priment pas dans le même langage et nedisposent pas des mêmes ressources pourargumenter. C’est ce déséquilibre quiengendre une cassure entre les médias etle peuple. Des grévistes ont ainsi déclarédes médias, en 1995 : “C'est fini, ils sontcomme les hommes politiques, loin denous ; et leur journal, c'est pas la réalité.Nous, on ne se fait jamais entendre à la télé.Si, ce sera trente secondes, un des nôtresqui n'a pas l'habitude de parler devant unecaméra”4.

D'une part, les journalistes distribuent sou-vent le temps de parole de manière inégaleet, d'autre part, les représentants du mou-vement social ne sont pas habitués à pren-dre la parole comme les experts qui sontgénéralement en face d'eux. On est claire-ment en face de “dominants” et de “dominés”, et de ce que Bourdieu appelleune “violence symbolique”5. La languelégitime, qui rend crédible à la télévision,est reconnue de tous mais seule la classedominante, bénéficiant d'un capital socio-culturel élevé, la maîtrise. D'où une inéga-lité criante lors de ces émissions censéesdonner la parole à tous. Le sociologue, faceà cette problématique, livre une ébauchede solution : “Pour rétablir un tout petit peud'égalité, il faudrait que le présentateur soitinégal, c'est-à-dire qu'il assiste les plusdému-nis relativement. Quand on veut quequelqu'un qui n'est pas un professionnel dela parole parvienne à dire des choses (etsouvent il dit alors des choses tout à faitextraordinaires que les gens qui ont laparole à longueur de temps ne sauraientmême pas penser), il faut faire un travaild'assistance à la parole.”6

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Outre la place des mouvements sociauxdans les médias, il faut aussi observer levocabulaire qui leur est souvent réservé :combien de fois ne parle-t-on pas de la“grogne” des travailleurs, ou encore desmesures qui les “cabrent”, les compa-rant de cette manière à des chiens ou àd’autres bêtes ? Dans la presse aussi, la main-d’œuvre est donc considéréecomme du bétail.

Le paternalisme est aussi très présentlorsque les médias abordent la grève. Oncompare par exemple le travailleur à unconducteur en excès de vitesse (il seraitdonc responsable de ce qui lui arrive ?) :“C’est un peu comme quand on se faitflasher sur l’autoroute. On râle sur l’instant, puis on oublie. Mais quand vientla facture, l’irritation est à son comble.C’est exactement ce qui se passe avec laréforme des pensions”7, pouvait-on lirerécemment dans un article du Soir. Lagrève, quant à elle, a déjà été comparéeau “coup de gueule d’une personnecolérique”8 (“On râle un peu quand elleéclate, mais on sait que la soupe au lait seraplatira le lendemain”) ou encore à unemaladie (“Cette grève est l'infection dedeux blessures négligées” ; il y a un “dan-ger de contamination”).

Comment expliquer le fossé qui séparela vision du “peuple” et celle desmédias ?

Alors qu'un étudiant américain demandaità Chomsky comment l'élite contrôlait lesmédias, il lui répondit : “Comment con-trôle-t-elle General Motors ? La questionne se pose pas. L'élite n'a pas à contrôlerGeneral Motors. Ca lui appartient.”9 Pour

Henri Maler, l'un des fondateurs et princi-paux représentants de l’observatoire demédias Acrimed, c’est la convergence dedivers facteurs – dont une logique derentabilité, ainsi que l'origine, la formationet la position sociale des journalistes – quioriente le discours médiatique.

Il rejoint ainsi l'analyse de Bourdieu10, quiexplique que “le fait que les journalistesqui, au demeurant, ont beaucoup de pro-priétés communes, de condition, maisaussi d'origine et de formation, se lisentles uns les autres, se voient les uns lesautres, se rencontrent constamment lesuns les autres dans des débats où l'onrevoit toujours les mêmes, a des effets defermeture et, il ne faut pas hésiter à le dire,de censure aussi efficaces – plus effi-caces, même parce que le principe en estplus invisible – que ceux d'une bureau-cratie centrale, d'une intervention poli-tique expresse.”11

En a-t-il toujours été ainsi ?

Historiquement, quels liens existent-ilsentre médias et mouvements sociaux ?Les médias se sont véritablementdéveloppés au XIXe siècle, avec l’indus-trialisation et les débuts de la démocratielibérale. Leur premier but est la “propaga-tion des idées”. Le discours libéral distingue la publicité d’opinions et la publicité commerciale. Au départ, c’est lapremière qui est au centre des médias.Puis on voit apparaître un nouveau phé-nomène : “le jeu de la bascule”. Il consisteà offrir des abonnements à bas prix, contre une exploitation maximale de lapublicité commerciale. En Belgique, vers1860, les deux tendances coexistent :

d’une part, des groupes politiques tenantsdu journalisme d’opinion, d’autre part, desanimateurs de publications qui privilégientun type d’exploitation commerciale12. Le“jeu de la bascule” voit son apogée à lanaissance du Soir, en 1887, qui est gratuit pendant une dizaine d’années puistrès bon marché. Son rédacteur en chef(d’Arsac) explique alors son fonction-nement : il s’agit de “faire payer la gratuitéde l’abonnement par les annonces”.Rossel, créateur du Soir, avait auparavantcréé un quotidien appelé le... “Passe-Temps”, ainsi qu’une agence publicitaire àson nom. Dès le départ, le Soir se veutproche du peuple et “neutre” du point devue politique. Cette attitude énerve cer-tains, qui estiment qu’elle démontresurtout la primauté accordée auxannonces et aux réclames au détriment dela publicité des idées, dont l’expressionpartisane restreint le lectorat potentiel, et donc le nombre d’annonceurs et... l’argent.

Aujourd’hui, les quotidiens de gauchecomme Le Peuple, Le Matin ou LaWallonie ont disparu. La ligne éditoriale duSoir est restée fidèle à ses origines : sacharte actuelle revendique un journal“populaire”, qui ne soit “ni de gauche, nide droite”. Malgré des sensibilités qui lesdistinguent, les grands médias actuels ontrejoint cette conception du Soir, nouvelleà l’époque : une “neutralité objective”, quis’explique par la volonté de dissuader lemoins grand nombre possible de ceux quise présentent sur le marché. Un aligne-ment dû à une concurrence féroce : pourune même population, le nombre demédias a fortement augmenté ces 20-30dernières années. Pour s’en sortir et

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augmenter les profits, les médias s’effor-cent de réduire leurs coûts... et donc leurrédaction. Ce qui entraîne une concentra-tion des médias, et une perte de leursspécificités. Quant aux conditions de travail des journalistes, elles sont déplo-rables : beaucoup sont pigistes et très malpayés. Difficile de faire un travail correctdans ces conditions précaires...

Que faire ?

Première chose : lorsqu’on est au cœurd’un mouvement social, il faut se méfierdes médias et ne pas tomber dans lepiège en organisant des actions purementmédiatiques et souvent vides de sens.D’autre part, une série de revendicationspeuvent être avancées pour changer leschoses. Acrimed propose, par exemple,

de revendiquer un secteur public libéré detoute publicité, qui serait financé par unetaxe sur l’impôt indirect constitué par lapublicité commerciale ; la redéfinition del’aide à la presse ; le renforcement dessociétés de rédacteurs indépendantes et,plus généralement, du contrôle de tous lessalariés des médias sur leur entreprise ; lelibre accès des journalistes, profession-nels ou non, au cœur du système d’ex-ploitation (ouverture des livres decomptes, fin du secret bancaire...) ; unestricte séparation des pouvoirs éco-nomique, politique et médiatique (telle quela revendiquait déjà le Conseil National dela Résistance au sortir de la guerre) ; ouencore l’autogestion des entreprisespubliques médiatiques par des conseilsmixtes regroupant producteurs et usagersresponsables.

En attendant, il pourrait paraître vaind’analyser mot à mot les articles con-sacrés aux luttes sociales. Il n’en est pour-tant rien : les médias dominants ont unepuissance qu’il ne faut pas sous-estimer.Ils forgent l’opinion publique à coups demots, en employant ceux de la classedirigeante. Face à ce travail de désinfor-mation, il nous incombe de nous battre enemployant la même arme : il s’agit de seréapproprier les mots du peuple, les motsdes travailleurs, et de produire tant quepossible une autre information, qui reflètenotre réalité. L’étape suivante est de sefaire entendre, ce qui n’est guère facileface aux grands médias. Mais pas impos-sible pour autant...

1 http://www.lalibre.be/actu/belgique/article/450581/on-ne-peut-pas-se-le-permettre.html 2 http://www.lesoir.be/actualite/belgique/alain-chef-d-entreprise-la-2008-10-06-646186.shtml 3Terme politiquement correct qui remplace “nettoyeuse” ou “femme de ménage”, que l’on peut rattacher à ce qu’Éric Hazan nomme la “LQR”, pour Lingua Quintae Republicae : “une armepostmoderne, bien adaptée aux conditions “démocratiques” où il ne s’agit plus de l’emporter dans la guerre civile mais d’escamoter le conflit, de le rendre invisible et inaudible” (Eric Hazan,LQR, La propagande du quotidien, Ed. Raisons d’agir, 2006, p.11 et 27).

4Un gréviste de la RATP, cité par Dominique Leguilledoux, “Paroles de grévistes”, Le Monde, 5 déc. 1995, in http://www.acrimed.org/article339.html 5Pierre Bourdieu, Langage et pouvoir symbolique, éd. du Seuil, Paris, 2001, p.161.6Pierre Bourdieu, Sur la télévision, éd. Raisons d'agir, Paris, 1996.7 in Le Soir du mardi 20 décembre 2011.8 http://www.lesoir.be/forum/editos/une-apathie-longue-comme-un-2008-05-19-599198.shtml9Citation in Serge Halimi, Les nouveaux chiens de garde, Raisons d'agir, Paris, 2005, p.51.10Pierre Bourdieu, Sur la télévision, éd. Raisons d'agir, Paris, 1996, p.18, 20 et 23.11 Idem, p.26.12 in S. Jaumain et K. Bertrams (dir.), Patrons, gens d’affaire et banquiers, Le livre Timperman, 2004.

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Par Irène KAUFFER*

*Journaliste, féministe et syndicaliste

Haro sur les grévistes,vive la charité !

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Aquelques jours d'intervalle, laBelgique a vécu une grèvegénérale et une offensive dugrand froid. Dans le premiercas, les médias n'ont pas eu

de mots assez durs pour condamner cesirresponsables de grévistes, incapablesde comprendre la nécessité des “sacri-fices” qui vont pourtant précariser etappauvrir ceux et (surtout) celles qui sontdéjà au bord du gouffre. Les mêmes que,à peine quelques jours plus tard, lesmédias ont exposés, à grands coups dereportages lacrymogènes, pour appeler lapopulation à les aider à remplir (partiel-lement) une cuve à mazout, trouver un toit(temporaire) ou simplement se nourrir(momentanément)...

“Bande d'énergumènes”

L'offensive contre la grève du 30 janvier aété lancée bien à l'avance. Complai-samment étalés, des sondages annon-çaient qu'une large majorité de Belgesavaient un avis négatif sur la grève1.Surtout... les indépendants et les non syn-diqués, précisait l'article. Personne n'atrouvé utile d'interroger plus particulière-ment les travailleurs, avec ou sans emploi,ou de demander à l'ensemble de la popu-lation si elle avait “un avis négatif” sur lesmesures gouvernementales.

Côté flamand, l'offensive était encore plusradicale, avec la bénédiction du sp.a dontle Président, Bruno Tobback, dénonçaitl'utilisation de la “bombe atomique de lagrève générale”, sans que les journalistesne pointent ne serait-ce qu'un soupçond’exagération. Le syndicat ABVV (FGTB)avait eu l'idée de lancer sur Twitter le fil

“#30J, je fais la grève” ; il a été rapidementsubmergé de messages hostiles qui ontpermis aux médias néerlandophones, VRTen tête, de conclure que les Flamands, etnotamment les jeunes, étaient farouche-ment opposés aux actions à venir. Médiaalternatif, le site DeWereldMorgen2 a eu lacuriosité de sonder l'identité sociale deces “anti-grèves” pour conclure ironique-ment : “Si la Flandre est majoritairementpeuplée de managers, de personnes tra-vaillant dans le secteur des nouvelles tech-nologies, d'entrepreneurs et des faiseursd'opinion, alors oui, les Twitteurs de #30Jforment un échantillon représentatif de lapopulation...”

Pourtant, le matin du 30 janvier, La LibreBelgique était bien obligée de titrer : “LaBelgique à l'arrêt”. “La Belgique bloquéepar la grève générale”, confirmait Le Soir.Ce même jour, le quotidien De Standaardtitrait sur l'arrêt de la production dans denombreuses entreprises anversoises (lefief de Bart De Wever !) et gantoises. “Lavie publique est déréglée”, semblait s'étonner De Morgen. Il fallait trouver uneexplication à cette apparente contradic-tion entre l'hostilité supposée des Belgesaux arrêts de travail et la paralysie dupays : les méchants piquets de grève etautres blocages sur les routes furent doncpointés du doigt (alors même que ce jour-là, il y a eu bien moins d'embouteillagesqu'un lundi normal).

Dans un éditorial particulièrement violent,Francis Van de Woestijne écrivait le lende-main : “Il a donc fallu supporter les com-muniqués triomphants des organisationssyndicales se félicitant d’avoir paralysé lepays – chacun place sa gloire où il peut –

pendant 24 heures”, dénonçant dans lafoulée les “bandes d'énergumènes” quiont “obligé les braves indépendants àbaisser leurs volets”3.

Mais la palme revient peut-être à ce jour-naliste de la RTBF déclarant4 : “On estnombreux à avoir souffert, à cause de laneige ou des grévistes” avant d'interrogerceux qui “sont bien placés pour juger de laréussite de la grève... l'Union wallonne desEntreprises”. Autant interroger les dindessur les réjouissances de Noël.

Le site critique des médias Acrimed avaitdéjà dénoncé la même délégitimationpour la grève du 22 décembre 20115.

De la protection sociale à la charité

Mais voilà que, ce même 30 janvier,comme l'a si finement remarqué le jour-naliste “souffrant” de la RTBF, après undébut d'hiver particulièrement doux, lespremières neiges annoncent une vague defroid qui va frapper la Belgique durantdeux semaines. Et que ces mêmesmédias découvrent soudain (ou font minede découvrir) qu'en Belgique, il y a desgens qui n'ont pas les moyens de se chauf-fer ou même de se nourrir correctement.Pas seulement les demandeurs d'asile,pas seulement les sans-abris : c'est touteune misère cachée que le froid semblerévéler. Pourtant, cela fait longtemps queles Restos du Coeur débordent et que lesCPAS alertent sur l'augmentation desdemandes d'aide... Dans quel mondevivent donc les journalistes pour s'enétonner ? Où est leur capacité d'analysepour ne pas voir que cette précarité, cettepauvreté galopantes ne peuvent que

1La Libre Belg 2 Voir www.de 3La Libre Belg 4 30/1/2012, L 5Acrimed , 3/1 6La Libre Belg 7Le Soir, 16/2 8Le Soir, 18/0 sont des rapa 9La Libre Belg

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s'aggraver du fait des mesures gouverne-mentales, celles-là, précisément, contrelesquelles s'insurgeaient les grévistes du30 janvier ?

Lorsque la RTBF lance son opération“Hiver 2012” – un numéro d'appel mêmepas gratuit, destiné à centraliser l'offre etla demande d'aide – ces commentateurssi sévères pour la solidarité, quand il s'agit de grève, oublient toute fonction critique. Sinon à la marge, pour déplorerune “belle idée un brin gâchée”6, pas pourl'opération elle-même, mais pour le misérabilisme de certains reportages. Plus sévère, la Carte blanche d’AnneHerscovici dans Le Soir7 s'insurge contreune hypocrisie qui consiste à s'apitoyersur les pauvres tout en refusant de mon-trer les mécanismes qui fabriquentcette pauvreté. Mais globalement, guèred'ana-lyses sur cette façon pourtant saisissante dont la protection socialeglisse vers la charité.

“Adhésion à l'ordre social”

Reste à savoir d'où vient cet aveuglement.Complot ? Même pas. Tous pourris ? Non :tous, ou la grande majorité, sont tout sim-plement imbibés jusqu'à la moëlle d'uneidéologie libérale inébranlable, selonlaquelle il n'y a qu'un seul monde, uneseule vérité, un seul chemin possible. Oucomme l'exprimait Geoffrey Geuens,chargé de cours en communication àl'Université de Liège : “Les professionnelsde la presse, les grands noms, les édito-rialistes, ceux qui insufflent les lignes sontdes gens, sans pour autant remettre encause leur éthique personnelle, qui sontdisposés à tenir sur le monde un discoursqui globalement va dans le sens de lareproduction du système. Ils ont donnédes gages de leur adhésion, même incon-sciente, à l’ordre social ou économique(...) Ces derniers temps, le discours médiatique sur l’austérité ou sur les grèvesvont dans ce sens. La presse se présente

comme un contre-pouvoir, mais elle joueplutôt le rôle d’attaché de communicationdu gouvernement en cette période decrise. Ce n’est pas un complot, c’est uneproximité idéologique”8.

Ajoutons que les journalistes eux-mêmes,devant la menace de la suppression d'uncomplément de pension, sont soudainbeaucoup moins enclins à ces sacrifices sivivement recommandés aux autres tra-vailleurs. Et devant leurs protestations,l'inflexible ministre Van Quickenbornepromet un nouveau système aussi avan-tageux que le précédent9. Il y a des pro-fessions qu'il vaut mieux avoir avec soique contre soi...

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1La Libre Belgique, 25/1/2012 : “Plus de 50 % de Belges ont un avis négatif sur la grève”. 2 Voir www.dewereldmorgen.be 3La Libre Belgique, 31/1/2012.4 30/1/2012, La Une, Journal Télévisé de 19h.5Acrimed , 3/1/2012 : “Haro sur les grévistes et les syndicats” et 8/2/2012 : “Nouveau tir à vue éditorial contre les grévistes en Belgique”.6La Libre Belgique, 9/2/2012, l'Humeur de J.C. Matgen.7Le Soir, 16/2/2012, “Une couverture sociale c'est mieux qu'une couverture en laine”.8Le Soir, 18/02/2012, dans sa série sur les “tabous”. Où l'on retrouve des platitudes comme “les chômeurs sont des profiteurs” ou “les syndicats freinent le progrès” mais pas “les patronssont des rapaces” ou “les actionnaires sont des parasites”, pour rester dans le ton.9La Libre Belgique, 18/2/2012.

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Seulement 28% des personnes vues ou interrogéesdans les médias de la Communauté française sontdes femmes. C’est moitié trop peu, affirment desanalystes des médias belges francophones qui,pour la première fois, participent à l’enquête internationale GMMP (Global Media MonitoringProject).

Par Laurence MUNDSCHAU*

*coordinatrice du rapport GMMP, “Quel genre d’infos ?”

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Miss Israël est une Barbie decombat”, “La policière estaussi l’épouse du chef d’en-quête”, le journaliste qui ren-contre Mélanie Laurent “a de

la chance de rencontrer une femme sibelle”. Ces quelques phrases sortent toutdroit des quotidiens, journaux parlés ettélévisés belges francophones datés du 10novembre 2009. Ce jour-là a, en effet, servide “témoin” pour une recherche scientifiqueinternationale soucieuse de déterminer laplace et les rôles qu’occupent les hommeset les femmes dans les médias d’informa-tion.

Baptisée Global Media Monitoring Project(GMMP)1, la recherche conclut à un impor-tant déficit mondial dans la représentationdes femmes dans les quotidiens, les jour-naux parlés et télévisés, tant quantita-tivement que qualitativement. Ainsi, seule-ment 24% des personnes qui figurent dansl’actualité mondiale sont des femmes. Or, laproportion des femmes dans la sociétédépasse les 50%. Le monde tel que le reflè-tent les médias est donc un monde où unefemme sur deux est gommée.

Cette faible présence féminine ne se constate pas seulement en moyenne dansles 108 pays participants à la recherche.Elle apparaît également en Communautéfrançaise de Belgique, comme on le lira ci-après.

Une première !

L’enquête GMMP existe depuis 1995. Tousles cinq ans, elle dresse un tableau mondialassez fouillé de la représentation deshommes et des femmes dans les médias

d’information. Jusqu’en 2005, la Belgiqueétait présente, mais pour la seule partienéerlandophone du pays.

Cette année, pour la première fois enCommunauté française, une équipe dedouze spécialistes des médias (universi-taires, union professionnelle de journa-listes, association féministe d’éducationpermanente, etc.) a décidé de participer au projet, avec le soutien de la Direction de l’égalité des chances du Ministère de laCommunauté française de Belgique.

De façon générale, les médias de laCommunauté française de Belgique

sous-représentent les femmes :

28% des personnes qui y sont interrogées,vues ou lues sont des femmes, avec unepetite pointe à 34% en télévision. C’est troppeu, même si c’est 5% de plus que lamoyenne néerlandophone, 4% de plus quela moyenne mondiale 2010, et 11% de plusque la moyenne mondiale de 1995.

La plupart des constats belges francophones s’inscrivent dans les ten-dances observées mondialement :

Dans les médias analysés en Com-

munauté française, les thématiques phares(les hard news que sont la politique ou l’économie) sont celles où l’on donne lemoins à voir les femmes (politique : 26% defemmes médiatisées ; économie : 20%). Lavisibilité des femmes est surtout importantedans les thématiques sociales (42%), lesaffaires criminelles (38%) et la santé (38%).Ainsi, même dans les matières où lesfemmes sont pourtant largement plusactives que les hommes (social, santé,famille), leur médiatisation est toujoursinférieure à la parité.

En Belgique francophone, comme dans lemonde, les femmes figurent rarementdans l’actualité en tant que “personnefaisant autorité en la matière”. On les can-tonne dans le rôle de la vox populi (de 57à 70%), là où les hommes sont porte-parole (82%) ou experts (73%).

Dans les médias étudiés en Communautéfrançaise de Belgique, les femmes ontdeux fois plus de “chance” que leshommes d’être identifiées en fonction deleur situation familiale. En effet, 19 % defemmes présentes dans les informationssont décrites en tant qu’épouse, fille,mère. Cette pratique n’a cours que pour8% des hommes.

Pourcentage de femmes médiatisées dans l’actualité (par région, par année et par support)

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Parmi les 83 items du corpus belge fran-cophone où des femmes apparaissentcomme principales protagonistes de l’actualité, seuls 15 articles et/ou billetsleur donnent une place véritablement cen-trale. Cela ne fait même pas un item surcinq (18%), ce qui est à peine mieux quela moyenne mondiale (13%). Sanscompter que le choix de ces “rôles princi-paux féminins” n’est pas anodin : people,victimes ou responsables de l’éducationd’enfants. Pourtant, le 10 novembre 2009,jour du codage, était la veille de la Journéenationale des femmes en Belgique. Cetévénement aurait pu renforcer le contenuféminin de l’actualité, il n’en a rien été.

Trop peu de femmes journalistes

Les médias belges francophones sontlargement en deçà de leurs confrères dumonde dans la proportion d’informationstransmises par les femmes journalistes. Le10 novembre 2009, la moyenne belge(29%) des signatures de journalistes etprésentatrices se situe en deçà de lamoyenne mondiale 2010 (37%). EnCommunauté française de Belgique, lesarticles et billets rédigés et/ou présentéspar des femmes ne dépassent pas 35%.C’est surtout vrai en presse écrite (26%) eten radio (29%) ; et si l’on gagne peu à peula parité de “signatures” en télévision(43%), c’est surtout dû au fait qu’il y amajoritairement des femmes présenta-trices de JT (57%). La situation est pireencore en Belgique néerlandophone oùseulement 23% de nouvelles sont présen-tées ou rédigées par des journalistesféminines. Pourquoi un si faible taux designature féminine ? En toute hypothèse,le faible niveau de féminisation de la

profession de journaliste en Belgiquepourrait être une des principales explica-tions3.

Enfin, l’on se demande fréquemment si lesfemmes journalistes ont tendance à inter-roger davantage des femmes que deshommes. L’enquête GMMP apporte undébut de réponse.

Au niveau mondial, le GMMP souligne qu’ily a davantage de femmes “sources princi-pales de l’information” dans les articles, bil-lets et reportages des femmes journalistesque dans les documents produits par deshommes journalistes. Le rapport mondialfait en effet état de 28% de reportagessignés par des femmes journalistes où les femmes sont la principale source d’information, pour seulement 22% dereportages signés par des hommes.

Ce constat n’est pas valable pour laCommunauté française de Belgique. Lesfemmes médiatisées comme sourcesd’information le sont même un tout petitpeu moins par les journalistes fémininesque par les journalistes masculins. Eneffet, le rapport belge francophone faitétat de 24% de reportages signés pardes femmes journalistes où les femmes

sont la principale source d’information,pour 25% de reportages signés par deshommes.

Les femmes journalistes de Belgiquefrancophone recherchent donc moinsactivement une source féminine que ne lefont leurs consœurs du monde.

Ce relatif “détachement” des journalistesbelges francophones pour les sources etsujets féminins s’observe également dansles articles et billets où les femmes jouentun rôle important, notamment en tant queprincipale protagoniste de l’actualité.Dans ce cas, seuls 28% des 83 items ducorpus belge francophone sont rédigéspar des journalistes féminines.

Le fait divers et le people

Situer proportionnellement la place deshommes et des femmes dans les médiasne dit cependant rien sur la manière dontsont traités ces protagonistes de l’infor-mation. L’analyse quantitative a donc étécomplétée d’une courte analyse qualita-tive, afin de donner de la chair auxchiffres. Ce parcours interprétatif déter-mine non pas combien, mais comment les

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hommes et les femmes sont représentésdans les nouvelles.

L’analyse qualitative a été menée sur 25articles et billets de médias belges fran-cophones sélectionnés parce qu’étant lesplus typés du corpus : soit qu’ils ren-forçaient, soit qu’ils dénonçaient lesstéréotypes sexués.

De l’analyse de ces cas exemplaires, ilressort que deux hypothèses méritentd’être creusées à travers un corpus plusétendu et donc forcément moins “typé”.

L’analyse qualitative recommande d’êtreparticulièrement attentif au traitementstéréotypé de l’information dans deux thé-matiques : le fait divers (surtout criminel) etla culture people.

L’analyse qualitative montre qu’il est perti-nent de se poser la question de l’impact du sexe du journaliste sur le discours médiatique. En Communauté française deBelgique, les journalistes féminines observent une distance prudente par

rapport aux sujets féminins. Mais ce constat ne vaut ni en Flandre, ni dans lemonde. Il mériterait donc d’être creusé.

Par ailleurs, il serait tout aussi intéressantde travailler en aval sur la réception descontenus médiatiques auprès des lecteurset lectrices.

A ce niveau, l’analyse qualitative invite às’interroger sur la mise en exergue defemmes ou d’hommes d’exception, sor-tant du rôle auquel les stéréotypes lesassignent traditionnellement. Cette exposi-tion médiatique peut en effet avoir un effetpositif sur les récepteurs et réceptrices, paridentification. Mais l’exposition médiatiquepeut également avoir pour effet contrepro-ductif de renforcer les stéréotypes sexués,par effet de miroir.

“Quel genre d’infos ?”

L’enquête GMMP n’est pas une fin en soi.Ce qui importe, ce ne sont pas tellementles résultats, mais bien les réflexions et lesactions qu’ils vont susciter chez les journa-

listes, les communicateurs (porte-parole,attaché-e-s de presse), les enseignant-e-squi les forment et les instances politiques etde régulation des médias.

Une terrible réponse au déséquilibre constaté serait de considérer que “lasociété est comme ça” – inégalitaire –, quele média en est le “simple” miroir, et quedonner plus de place aux femmes dansl’information serait tronquer la réalité.

Certes, tout journaliste a un devoir devérité. Inutile d’interviewer à tout prix unhomme ou une femme là où il n’y en a pas.Mais tout journaliste est également acteur,actrice d’évolution sociale. Pourquoi dèslors ne pas être attentif à l’égalité entrehommes et femmes ? Cette questiontouche à la fois à la qualité de l’informationet à l’amélioration du fonctionnement de lasociété… C’est à cette sensibilisation queveut répondre le projet “ Quel genre d’infos ?” mené par l’Association desjournalistes professionnels.

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Entretien avec Laurence Mundschau (Propos recueillis par Paola HIDALGO, Bruxelles Laïque Echos)

Deux ans après cette photographie des médias francophones belges sous le prisme de la place des femmes dans les médias, d’autres initia-tives de ce genre ont été menées au sein d’organismes comme le Conseil supérieur de l’Audiovisuel ou l’Association des journalistes profes-sionnels (pour la presse) et on arrive souvent au même constat : “sans qu’il y ait une volonté consciente d’occultation des femmes et de ren-forcement des stéréotypes, par habitude, par manque de temps ou de moyens on va au plus vite, c’est-à-dire l’homme blanc de trente-cinqans qui travaille”.“En général, dans les médias nationaux, la tendance à reproduire les stéréotypes est encore bien présente : on interrogera une femme voiléeexclusivement sur des sujets relatifs à l’immigration, tandis qu’on interrogera un homme blanc sur des sujets plus généraux, comme la mobi-lité.” Cette tendance au renforcement des stéréotypes est moins présente dans les médias locaux, lorsque les journalistes sont plus prochesdu terrain. Le “filtre de la diversité” est moins omniprésent au niveau local et ce type de bonnes pratiques gagnerait à être divulgué. Néanmoins, on peut affirmer que tous les médias sont désormais sensibilisés par rapport à l’égalité et à la diversité grâce à ces initiatives.

1www.whomakesthenews.org2Le corpus sélectionné et analysé était composé de : 3 supports : presse écrite, radio, télévision ; 9 médias (Le Soir, La Dernière Heure, Vers l’Avenir Namur, La Première, Bel RTL, FunRadio, La Une, RTL-TVi, Télésambre) ; 148 articles ou billets audiovisuels (59 en TV, 43 en radio, 46 en PE) ramenés à 142 items dans la base de données ; 331 personnes évoquées ouinterviewées (94 femmes et 237 hommes) par 195 journalistes et présentateurs ou présentatrices (70 femmes et 125 hommes). 3En 2010, sur les 5175 journalistes professionnels agréés et journalistes stagiaires actifs en Belgique, on compte 1577 femmes, soit 30% (chiffres de l’Association des journalistes profes-sionnels, arrêtés au 30/03/2010) ; ce qui constitue un sérieux différentiel avec la moyenne européenne (qui s’élève à 47 % de femmes dans la profession).

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Le 3 mars 2011, le Délégué Général aux Droits de l'Enfant, en association avec RTA asbl(Réalisation Téléformation Animation), lance “En ligne directe”, une banque d'images, de sonset de textes sur l'enfance et la jeunesse en Communauté française, disponible sur l'Internet, àdestination des professionnels des différents secteurs et des institutions qui se préoccupentdes jeunes, mais aussi à destination des médias. L'objectif est, dit Bernard De Vos, de faireentendre “une autre voix dans le débat citoyen et politique à propos des enfants et de lajeunesse” : la voix des jeunes eux-mêmes, mais aussi de tous les services concernés par cesbénéficiaires.

En ligne directePar Jean BLAIRON* et Jacqueline FASTRÈS** (Article initialement paru dans Intermag, mars 2011)

*Philosophe **Historienne

Une autre voix contre le (b)uzzinage* des subjectivités

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“Une réelle urgence”

Il y a une “réelle urgence”, dit Bernard DeVos, “à porter sur ces acteurs un regardplus profond et plus complexe que l'imagesuperficielle souvent colportée par lesmédias”. Ainsi, les orientations des sec-teurs qui s'occupent des jeunes sontméconnues (par manque de visibilité desactions, souvent très discrètes, qui les ren-dent possibles) ou incomprises, notam-ment à cause de la difficulté des médias àen rendre compte de manière appropriée.

On pointe notamment la tendance à privi-légier le sensationnalisme et la victimi-sation, qui conduit de plus en plus souventà prendre l'exception pour la règle : ledécès d'un enfant qui affecte un service del'aide à la jeunesse, une décision de justiceprotectionnelle prise à l'égard d'un mineurpeuvent considérablement biaiser la perception de la légitimité d'actions defond quotidiennement mises en œuvreavec succès.

Nous savons évidemment que la tendanceà privilégier l'information à court terme etl'émotion plutôt que la compréhension defond n'est pas nécessairement imputableaux journalistes et qu'il faut la considérercomme l'effet de contraintes propres auchamp médiatique.

Il reste que ce fonctionnement n'est passans effets : stigmatisation de la jeunesseou de groupes précarisés, productiond'une vision de la société peu solidaire,demande irraisonnée d'une “sécurité”totale, dont on oublie qu'elle ne peutqu'être la conséquence d'une sécuritéd'existence pour tous, etc.

Plus profondément encore, il faut pointerdeux manques complémentaires :

– un manque d'accessibilité et de participation de certains publics à l'espace médiatique : il conviendraitici de retrouver, mutatis mutandis, l'esprit des “radios libres” luttant pourla démocratie culturelle ;

– un manque de documents (produitsde manière participative, dans lerespect du rythme et des positionsdes groupes concernés) rendant raison des orientations évoquéesdans toute leur complexité.

Des enjeux et des défis oubliés, voirereniés, par trop de médias

Félix Guattari a nommé “révolutionmoléculaire” le surgissement d'une “multi-plicité de désirs et d'actions sécrétantleurs propres systèmes de repérage et derégulation”1. C’est bien de ce cadre que seréclame “En ligne directe”. En s’associantétroitement à ce projet, RTA reste dans ladroite ligne de ses missions. RTA a eneffet été créée en 1973 par les mouve-ments ouvriers namurois, la FGTB et leMOC, avec la visée de permettre au public populaire de développer ses propres ressources culturelles et de luidonner l’occasion de les faire connaître.Soit une visée de démocratie culturelle, sicompromise aujourd’hui, dans le cadred’un mouvement moléculaire (“les radioslibres”) et d’une logique collective (les TVqui se voulaient communautaires).

Il est intéressant de se reconnecter à cettehistoire et de rappeler ses deux défis,

dans la mesure où ils permettent de met-tre en perspective le projet “En lignedirecte”.

Le premier défi consistait à se faire uneplace dans un paysage médiatique sur-contrôlé : le mouvement des radios libres,par exemple, contestait à la fois le mono-pole des médias publics, accusés d’être“la voix de l’Etat” (avec une composantede censure et de répres sion) et la dérivedes médias commerciaux, accusés de dif-fuser une culture de masse qui manipulaitles besoins et formatait les désirs. “Sefaire une place” a consisté à l’époque àdiffuser illégalement, à prendre le risquede poursuites judiciaires, à bricoler dessolutions techniques.

Le deuxième défi consistait à se dis-tinguer des productions qui étaient critiquées. Ce défi comportait unedimension de contenu et une dimensionde forme étroitement connectées. Ils’agissait en effet de manière indisso-ciable de faire exister la réalité de nou-veaux possibles dans une sociétécorsetée et de rendre tangibles de nouvelles manières de médiatiser la réa lité. L’expérience de Radio Vertracontée par Guattari est emblématiquede cette attitude : “Ce qui importe dansles radios libres, ce qui est efficace, c’estque la première fois que les gens captentune radio libre, et entendent beaucoupde bruit, une pagaille incroyable, lemicrophone qui tombe, tout le mondequi parle en même temps, les gens sedisent : “Ah ! Alors la radio ça peut êtreça...” Et c’est ça qui soudain ouvre ceque je nomme un univers de possiblestotalement différent.”2

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Qu’en est-il de cette visée et de ses deuxdéfis aujourd’hui ?

Le constat est qu’ils restent à la fois terri-blement d’actualité et qu’ils doivent êtreentièrement revus, compte tenu des évolutions de l’environnement.

Se faire une place, où et comment ?

Le groupe populaire a été éclaté du faitdes stratégies développées par le mana-gement moderniste. Les stratégies d’indi-vidualisation de la réalisation salariale aunom d’une soi-disant reconnaissance dumérite, la perte des droits inconditionnelset individualisés, la précarisation produitepar un mouvement permanent, sans senset sans fin, ont permis de rendre accep -tables la concurrence entre les dominés,d’une part, et l’abandon à son sort d’unepart impor tante de la société (rendueresponsable de sa situation par lessophismes de l’Etat social actif). Dans cecontexte, la jeunesse est de plus en plusprésentée comme une classe dangereuse,ce qui permet de justifier l’injustifiable : lefait que la part la moins favorisée de celle-ci soit promise à un destin de “sur-numéraire”, d’“inutile au monde”, que l’ons’efforcera de stig matiser pour faire oublierla domination dont elle est victime.

Quant à la marchandisation culturelle etau développement des industries dumême nom, nous assistons de fait à sonextension : nous en sommes arrivés à lamarchandisation de l’émotion volup-tueuse, surtout quand elle est tueuse : ledécès accidentel d’enfants constituantproba blement le fonds de commerce leplus prometteur.

Le premier défi est donc d’offrir un canalpermettant de lutter contre l’image néga-tive et contre la marchandisation culturelle.

Dans une analyse antérieure3, nous avonspointé l’importance du rôle des médiasdans ce que W.C. Mills désigne commel’établissement d’une question publique, àsavoir le cheminement par étapes de cequi est au départ une épreuve personnellede milieu vers une mise à l’agenda poli-tique, qui transforme l’épreuve person-nelle en priorisant pour toute la société lasubstance qu’elle porte. Pour que cecheminement puisse se faire, il est indis-pensable qu’à un moment donné, une“traduction” s’opère, soit une montée engénéralité, une analyse, un recul cri tique,une reformulation des enjeux dépouillésde l’excès d’émotion suscité par l’épreuveelle-même. Ce travail de traduction se faitnotamment par les associations, et lesmédias devraient permettre une chambred’amplification en se faisant les inter-médiaires des divers points de vue, permettant en cela une structuration etune indispensable visibilité du débat. Lerôle qui leur incombe par essence est celuid’intermédiaire, au sens où l’entendent lessociologues de l’innovation Callon et con-sorts : eux qui sont “entre”, qui permettentle lien, la connexion, entre des élémentspeu connectés.

Il est évident cependant que les médiastiennent une place de plus en plus essen-tielle dans la traduction elle-même, qu’ilsorientent plus qu’ils ne la structurent, etcontribuent ainsi à entretenir la décon-nexion. Mais, de plus, si nous sommesapparemment bien loin d’une situa tion oùles médias constituaient la “Voix de

l’Etat”, nous avons plutôt affaire aujourd’huià une conquête, par les médias, desprérogatives régaliennes de l’Etat : lesmédias, particu lièrement télévisés, s’ar-rogent de plus en plus des fonctions dejustice, voire de maintien de l’ordre. Letitre de nombreuses émissions revient àauto-proclamer un rôle de justicier (Com -plément d’enquête, Enquêtes, Affairesnon classées, Devoir d’enquête, À vousde juger, Au nom de la loi...), qui conduittrop souvent les agents médiatiques àdevenir des juges statuant sans procès.

Les médias ont donc tendance à court-circuiter les deux extrémités de la chaînedans la consti tution des questions publi-ques qui concernent les jeunes (entreautres), en précipitant la tra duction et enstatuant sur la teneur de la mise à l’agendapolitique en lieu et place des acteurslégitimes pour ce faire.

Dans ce contexte, il est essentiel d’agirpour la jeunesse, pour la défense de sesdroits cultu rels et sociaux ; il importe de lefaire avec les médias qui souhaitent résis-ter à l’alignement que leur impose uneconcurrence exacerbée ; il importe ausside le faire en travaillant sur les effets decet alignement, notamment en exerçantune critique des dérives médiatiques lesplus inacceptables ; on se souvient à cesujet que Pierre Bourdieu en appelait àactiver l’arme du ridicule.4

Se distinguer de ce que l’on critiqueimplique aussi aller à contre-courant dece qui se produit dans le champ média-tique, c’est-à-dire l’accélération de lavitesse. Paul Virilio met en garde contrece phénomène. “Dans l’accélération de

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l’information, il y a une perte. Quand onvous dit : “En deux minutes, dites-moi”, àla télé ou ailleurs, ou “En 90 secondes,dites-moi, racontez-moi” ce que vousavez écrit pendant 20 ans, c’est une crisede la liberté d’expres sion, non pas formelle mais temporelle. C’est-à-direque vous n’avez pas le temps de le dire.C’est pareil pour la crise des journauxpapier par rapport à la télé ou par rapportà Internet. Là encore, le temps réel estune tyrannie. L’immédiateté, l’ubiquité,l’instantanéité, c’est une tyrannie. On est

renvoyé de la réflexion au réflexe, c’est-à-dire à une perte de la liberté de commu-niquer, liée simplement au temps, autempo.”5

Le champ médiatique est marqué parcette tyrannie du temps, parce qu’il fautaller plus vite que les concurrents. Letempo s’accélère avec les NTIC. C’estpourquoi il importe de reprendre le tempsde donner la parole aux acteurs à qui onne la donne que trop peu et de manièretrop sommaire. Et il importe de le faire via

ces NTIC justement, à qui il faut redonnerun rôle d’intermédiaire au lieu de se con-tenter de les fustiger. En prenant ce tempsau service de l’in termédiation, “En ligneDirecte” peut permettre aux médias qui lesouhaitent de récupérer le temps non pasperdu, mais jamais trouvé.

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* Le mot valise proposé par les auteurs combine “usinage” (un thème de Guattari), “buzz” (un thème de Virilio) et «“buziness” (un thème de Bourdieu). Il désigne la perte d’autonomie et lefaçonnage des subjectivités par l’esprit commercial et par les excitations médiatiques artificielles. .

1 Felix Guattari, La révolution moléculaire, Paris, U.G.E., 1977, p. 41. 2 Felix Guattari et Suely Rolnik, Micropolitiques, Paris, Seuil, 2007, p. 372.3Voir Jacqueline Fastrès, Le rôle des médias dans la question publique : l’oeuf ou la poule, in Intermag.4Voir dans Intermag les analyses produite dans la section “champ médiatique”.5Voir l’interview de Paul Virilio sur France Culture, le 9 janvier 2009, http://www.fabriquedesens.net/D-autres-regards-sur-la-crise-avec,211.

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Critiquant les médias traditionnels comme trop favorables aux pouvoirs établis, les mouve-ments sociaux ont de tout temps cherché à créer des supports médiatiques alternatifs. Les militants se sentent souvent ignorés ou considèrent que leur message est déformé par les journalistes. Il n’est donc pas étonnant qu'ils aient un besoin vital d'établir des canaux de com-munication propres et indépendants. L’objectif est de contester le pouvoir en place – nous pen-sons notamment à la presse révolutionnaire – ou de produire l’information sur des basesdémocratiques. Le mouvement des médias communautaires des années 1960-70 cherchaitainsi à donner la parole aux exclus et marginalisés en créant des radios ou télévisions quiappartiendraient à la communauté, qu’elle soit géographique ou d’intérêts partagés.1

Luttes informationnelles en ligne :Par Yana BREINDL*

*Oxford Internet Institute - Université d'Oxford

militer à l’ère d’Internet

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Internet est prisé pour donner accès àd'énormes quantités d'informations,suscitant l'espoir d'une société plusinformée et plus participative. L'inter-activité du “réseau des réseaux”

rendrait superflus les intermédiaires, que cesoit l’État ou les médias de masse, et per-mettrait aux citoyens d'être davantageinformés sur la politique à moindre coût etde manière plus efficace. En outre, la rapi-dité de diffusion et la facilité d'utilisationd'internet permettraient à des acteurs marginalisés dans le processus politique dediffuser leurs propres messages à uneaudience potentiellement globale.

Reste à définir la notion d'information.L'information est souvent présentéecomme une donnée factuelle et objectivedont découlerait en toute logique lameilleure prise de décision possible. Enréalité, l'information est toujours “en forma-tion”,2 c'est-à-dire qu'elle est modifiée etaltérée, formatée au service des stratégiesde persuasion des acteurs politiques quis'en servent. Il en est de même sur Internet.

La bataille des brevets logiciels

Prenons un exemple : le cas de la cam-pagne pan-européenne contre l'introduc-tion de brevets logiciels en Europe qui s'estdéroulée de 1998 à 2005. Malgré sonimpact potentiellement énorme sur l'éco-nomie et la société, l’extension de labrevetabilité aux programmes informa-tiques a été débattue, au sein d'institutionscritiquées pour leur manque de légiti-mité démocratique, sans réelle couverture médiatique.

En l'absence de débat public sur la ques-tion, la Commission européenne consulta

les acteurs concernés pour finalementdécider d'ignorer la majorité des réponsesà la consultation et de ne retenir que lesavis exprimés par des grandes entreprisesinformatiques. En 2002, elle propose unedirective qui est ensuite discutée auParlement européen et au Conseil del’Union européenne. Sensibilisés par leseffets néfastes des brevets sur les logicielspour les petites et moyennes entreprisesinformatiques aux Etats-Unis, des infor-maticiens européens, pour beaucoup affi-liés au mouvement des logiciels libres etopen source, organisent la résistance enligne. En tirant profit de leurs compétencestechniques, ils créent des wikis, listes dediscussion, pages Web et affiches poursensibiliser le plus grand nombre auxenjeux de la directive. Rapidement, le sitede l’Association pour une infrastructureinformationnelle libre (FFII) devient laressource principale pour les opposantsaux brevets logiciels, attirant petit à petit unintérêt médiatique d’une certaine enver-gure. Toutefois, les médias ne sont que lestémoins d'un débat qui les dépasse déjàdepuis longtemps. La bataille est gagnéedans les institutions quand le Parlementeuropéen rejette la directive en juillet 2005,une décision historique à l’échelle euro-péenne.

Sans Internet, la campagne n’aurait jamaisconnu une telle ampleur. L'exemple n'estpas isolé. Une foule d'autres mouvementsemploient internet pour faire entendre leursrevendications. L'utilisation d'Internet parles Zapatistas du Mexique pour attirer dessoutiens et sympathies mondiales à leurlutte d'indépendance est bien documentée.Le mouvement altermondialiste est égale-ment un habitué du réseau, coordonnanten ligne ses manifestations contre l’ordre

établi de par le monde. La campagne con-tre les brevets logiciels est exemplaire carelle nous renseigne sur trois aspects impor-tants des luttes informationnelles contem-poraines : la veille informationnelle, la réap-propriation de l'information et la diffusiond'un contre-message.

Veille informationnelle

Si l'accès à des informations diversifiéesétait réservé à une élite au début de l'essorindustriel, nous nous trouvons désormaisdans ce qui est fréquemment appelé la“société de l'information” ou “société dusavoir”. L'information est devenue la com-modité clef du capitalisme avancé.3 Aprésent, c'est l'abondance d'informationsdans nos sociétés hyper-médiatisées quiest devenu un enjeu aussi bien pour lescitoyens que pour les politiques. Ceux quisavent sélectionner, recadrer et présenterl’information de manière convaincante gagnent en pouvoir.

Les technologies de l'information et de lacommunication offrent une panoplied'outils pour chercher, collecter et repro-duire n'importe quel contenu numérique.Dans le cas de la bataille des brevets logi-ciels, on assista à une véritable veille collective. Les opposants cherchaient,collectionnaient et organisaient sur le wikidu FFII toutes les informations disponiblessur les brevets logiciels, appliquant uneinterprétation littérale de la transparenceen ligne.

Leurs efforts profitaient de la transforma-tion profonde de l’accès à l’informationpolitique. Au niveau européen, les docu-ments officiels étaient encore vendus pardes lobbyistes au début des années 1990,

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une pratique qui a disparu avec l'introduc-tion de la plateforme Europa qui centralisetoutes les informations produites par lesinstitutions européennes et les met à dis-position de tous les internautes, générale-ment traduites dans les langues officiellesde l’UE. La navigation entre ces pagesWeb n'est pas nécessairement facile pourceux qui ignorent le fonctionnement desinstitutions européennes. Toutefois, il suf-fit d'une personne pour extraire les docu-ments et les reproduire ailleurs pour qued’autres puissent s’en servir.

L'accès à l'information devint un enjeu dès2001 quand des activistes des logicielslibres se plaignaient de la lenteur des insti-tutions européennes pour mettre à jour leursite Web. Toutes les informations ne sontpas disponibles immédiatement surInternet. De plus en plus, on assiste égale-ment aux “fuites” de documents internes,voire secrets, tels que proposés par le siteWikileaks entre autres. Ces documentssont des ressources primordiales pour desactivistes déterminés à se faire entendre.Pour intervenir efficacement, il faut d’abordsavoir ce qui se dit dans les discussionspolitiques.

Réappropriation de l'information

L’étape suivante pour les activistes con-sistait à se réapproprier ces informationssouvent techniques, écrites pour un pub-lic de juristes et de politiciens, afin de lesrendre intelligibles, sinon au commun desmortels du moins aux personnesintéressées par ces enjeux. Il s'agissaitdonc de recadrer le débat pour un publicd'informaticiens pour la plupart non poli-tisés. Les groupes de travail du FFII se

chargeaient de rédiger les analyses contreles brevets logiciels. L'objectif était dedéconstruire l'argumentaire des suppor-teurs de la directive, clamant qu'il s'agis-sait non pas d'étendre le domaine desbrevets aux programmes informatiquesmais plutôt à des “inventions mises enœuvre par ordinateur”. La distinction entreles deux fut au centre de tous les débats.

Les informations étaient débattues,analysées et réappropriées par desbénévoles dans un processus de collabo-ration ouvert. Ce procédé est similaire àce qui a été observé dans d'autres “com-munautés virtuelles” dont le but est la pro-duction d’un bien public. C'est le cas del'encyclopédie en ligne Wikipedia ou dessites de production de logiciels libres etopen source, voire de plateformes pro-priétaires tels que des sites de partage dephotos ou de vidéos connus. La participa-tion est ouverte à tous, publique et décen-tralisée. Un individu peut choisir de s'en-gager de manière multiple et autonome.Le paradoxe d'Olson, qui consiste en latendance de membres d'un groupe à nepas contribuer ou à contribuer le moinspossible à une action collective tout envoulant bénéficier du bien produit parl'ensemble des participants, n'est plusforcément un problème pour les commu-nautés en ligne. Celles-ci peuvent effica-cement agréer de petites contributions enbénéficiant de la coopération entre despersonnes qui ne se connaissent pas oupeu, tout en capitalisant sur les effetsd'activation d'une communication person-nalisée et directe, comme ce fut le cas ausein des groupes de travail de la FFII. De petits groupes locaux ou des groupesde travail en ligne se chargèrent de décon-

struire de petits bouts d'argumentaires, decréer des tracts ou affiches en bénéficiantdes informations collectées en ligne pourfinalement mettre à disposition à leur tourle résultat de leur travail afin qu'il puisseêtre utilisé, traduit et diffusé par d'autres.

Diffusion d'un contre-message

L'Internet est le média alternatif par excel-lence. Au moins depuis l’apparition d’ap-plications Web faciles à créer et à éditertels les blogs ou les wikis au début desannées 2000, même des utilisateurs auxconnaissances techniques limitées peu-vent se lancer dans la publication en ligne.De plus, la “vieille” technologie de l’e-mailreste un canal de diffusion de choix quipermet de cibler une ou plusieurs milliersde personnes en fonction de l’objectifpoursuivi. Le rythme de transmission estégalement accéléré avec les possibilitésde diffusion quasi instantanée offertes pardes sites de micro-messages tels queTwitter ou identi.ca. Tout mouvement poli-tique qui se respecte est présent surInternet pour communiquer directementavec ses supporteurs.

Quand il s'agit de convaincre les déci-deurs politiques, la diffusion en ligne resteinsuffisante. Dans le cas de la bataille deslogiciels libres, la production collaborativeservait de base à des démarches de lob-bying et de protestation ciblant lesdécideurs politiques européens et natio-naux. Le but était d'augmenter la pressionpublique sur les décideurs politiques enattirant l'attention sur les enjeux duprocessus politique. Pour ce faire, lesopposants mobilisaient citoyens et entre-prises pour témoigner de leur opposition

1Dominique C 2Nicholas Ga 3 Jean-Franco 4Matthew Hin

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aux députés. Les appels téléphoniques etcourriels de citoyens ou d'entrepreneursinquiets, les manifestations dans la rueainsi que la présence d'activistes au seindu Parlement européen donnaient unecrédibilité à la campagne dans une institu-tion peu habituée aux interventionsdirectes des citoyens. Grâce à des sou-tiens internes à l'institution, les opposantsorganisaient des conférences et sémi-naires pour transmettre leur message etdistribuer leurs analyses aux députés.

La presse nationale de qualité, lue par lesdécideurs politiques, était une cible dechoix pour les opposants mais difficile àpénétrer. Il était plus aisé de trouver unécho dans des médias spécialisés enligne, consacrés à l'informatique. Lesmédias traditionnels restent omniprésentssur internet et attirent le plus de lecteurs4,et les mécanismes de sélection de l'infor-mation des grands médias perdurent. Enconséquence, les militants organisaientdes évènements visuels, tels des manifes-

tations en uniforme de prison, ourecadraient des débats déjà abordés dansles médias pour obtenir une certaine visibilité. En parallèle, les opposants distribuaient leurs communiqués depresse directement aux députés afin degarantir une réception de leur messagesans déformation. Le combat descitoyens et des petites et moyennes entre-prises contre des géants de l’informa-tique, souvent américains, présentait uneallure de David contre Goliath auxquels lesmédias et députés étaient également sensibles.

Une fois la directive rejetée, le mouvements’essouffla rapidement notamment par ledéclin de sa principale structure organisa-tionnelle, la FFII. Toutefois, les ressourcesgénérées pendant la campagne sont tou-jours présentes en ligne, telle une archivedu passé qui peut être redéployée pourd’autres missions. Un petit nombre de militants se sont tournés vers d'autrescombats avec de nouveaux alliés,

amenant avec eux l'héritage et l'expé-rience de cette campagne. Beaucoupd’entre eux sont aujourd'hui en premièreligne quand il s'agit de dénoncer d'autresenjeux de nos sociétés de l'informationtels le traité ACTA, la rétention de donnéesprivées ou la défense de la liberté d'expression, notamment en condamnanttoutes les formes de filtrage d'Internet.

La campagne des brevets logiciels estexceptionnelle dans sa portée et le succèsqu’elle remporta. La plupart des cam-pagnes en ligne n’y parviennent pas.Internet n’est pas un outil miracle qui per-mettrait de gagner toutes les batailles. Le“réseau des réseaux” comporte de nom-breuses potentialités mais tout dépend del’utilisation qui en est faite et du contexte.Pour les activistes, c’est une ressourceutile tant que sa structure reste ouverte etdénuée de contrôle étatique ou commer-cial. C’est loin d’être le cas à l’heureactuelle.

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1Dominique Cardon & Fabien Granjon, Médiactivistes, Paris, Contester, Presses de Sciences Po, 2010, vol. 9. 2Nicholas Gane & David Beer, New Media: The Key Concepts, Oxford, Berg Publishers, 2008.3 Jean-Francois Lyotard, La Condition postmoderne : rapport sur le savoir, Paris, Critique, Editions de Minuit, 1979.4Matthew Hindman, The Myth of Digital Democracy, Princeton University Press, 2008.

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Par Navid HASSANPOUR

*Doctorant en science politique à l’université de Yale (New Haven, Etats-Unis).Article initialement paru en mars 2012 dans Le Monde diplomatique dont nous remercions la rédaction pour l’autorisation de reproduction.

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Au matin du 28 janvier 2011, lesautorités du pays décidentl’interruption totale des com-munications Internet et desréseaux de téléphonie mobile.

C’est à partir de ce moment précis que lamobilisation populaire décolle véritable-ment. La place Tahrir demeure noire demonde, mais d’autres villes, commeAlexandrie et Suez, connaissent à leurtour une intensification des manifesta-tions. Au Caire, notre analyse des lieux derassemblement distincts durant les dix-huit jours du soulèvement met en évi-dence un accroissement prononcé etsoudain de leur dispersion spatiale2 : d’unlieu unique, les 25, 26 et 27 janvier 2011 (laplace Tahrir), on passe à huit le 28 janvier.A la tombée de la nuit, ce jour-là, la multi-plication des foyers de protestation rendla tâche des forces de l’ordre plus difficile3.Vers 19 heures, l’armée est appelée enrenfort, mais elle refuse d’intervenir.Quelques jours plus tard, le régime deM. Moubarak, vieux de trente ans, s’effon-dre.

L’argument selon lequel les réseaux sociaux jouent un rôle d’incitation à larébellion repose en général sur un présup-posé : les mobilisations dépendent de ladisponibilité d’informations révélant unevérité jusque-là dissimulée. Les médias enligne participeraient donc à une prise deconscience de la population. Dans le caségyptien, ils auraient mis au jour l’étenduede l’oppression, amenant des personnesnouvellement informées à passer à l’action. Toutefois, les communicationsvéritablement séditieuses demeurent leplus souvent invisibles. Lorsque ce n’estpas le cas, l’élite au pouvoir les repère et

les interdit en général immédiatement. Parailleurs, l’information « révolutionnaire »n’est pas toujours fiable. Ce sont parexemple de fausses rumeurs quant à lamort brutale d’un étudiant de 19 ans quiont mis le feu aux poudres lors de la“révolution de velours” à Prague4. De lamême façon, la chute du mur de Berlin estdue – du moins en partie – à une déclara-tion trompeuse lors d’une conférence depresse qui, diffusée sur les ondes de latélévision est-allemande, incita la popula-tion à passer vers Berlin-Ouest5.

En période d’agitation, l’exagération et lemanque d’information peuvent doncs’avérer plus efficaces que le compterendu minutieux des exactions du pouvoir.Si les médias sociaux favorisent la mobili-sation politique, ce n’est donc pas parcequ’ils participent à l’émergence de lavérité. La propagande centralisée d’Etatest parfois considérée comme un “opiumdu peuple”. Plus subtilement, les nou-veaux médias sociaux peuvent égalementdécourager la prise de risque collective.La visibilité du contrôle et de la surveil-lance que le pouvoir exerce sur les indi-vidus participe au maintien de l’ordre.Ainsi, le statu quo ne découle pas néces-sairement d’une coercition effective, maisde la certitude qu’elle a lieu. Lorsque cesavoir commun disparaît, la population esten mesure de se forger une conception durisque indépendante de l’Etat.

A l’intérieur d’un groupe composé d’unemajorité opposée à la prise de risque etd’une minorité radicale, un plus grandéchange d’informations – même non cen-surées – au sein de la majorité n’intensifiedonc pas nécessairement la mobilisation.

En revanche, l’interruption des moyens decommunication habituels fissure l’unitédes groupes de citoyens opposés à laprise de risque. De nouveaux liens se for-ment, qui donnent plus de poids aux radi-caux, leur offrant de nouvelles possibilitésd’organiser les personnes mobilisées etde décentraliser les manifestations, ce quicomplique le travail des forces de l’ordre.

Ce 28 janvier, au Caire, le blocage desmoyens de communication par le régime aforcé les Egyptiens à trouver de nouvellesfaçons de propager, de recueillir et peut-être même de produire l’information. Unexemple : les personnes qui s’inquiétaientau sujet de leurs proches n’eurent d’autrechoix que de sortir pour tenter d’obtenirdes nouvelles. Ce faisant, elles grossis-saient les rangs de la foule dans les rues.Lors des affrontements qui firent ragedans la ville, de nombreux centres locaux– places publiques, immeubles straté-giques, mosquées – se transformèrent enautant de points de rencontre.

Le 28 janvier 2011, le blog The Lede,hébergé par le site du quotidien améri-cain The New York Times, rapportait : “Ilest clair que le déploiement policier enEgypte n’est plus en mesure de contrôlerces foules. “Il y a trop de manifestations àtrop d’endroits différents”, dit PeterBouckaert, le directeur des urgences deHuman Rights Watch, qui observait labataille dans les rues d’Alexandrie ce ven-dredi.” Les jours suivants, malgré l’affai-blissement du régime et l’accroissementde la foule sur la place Tahrir, le rétablis-sement des réseaux de communication neconduisit pas à une nouvelle extensiondes manifestations. On peut donc estimer

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Réserv

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que leur interruption participe à l’explica-tion de ce phénomène : le gouvernementégyptien s’était privé d’un moyen d’intimi-dation efficace, la possibilité de suggérerqu’une répression musclée répondrait à lamobilisation. Les informations concernantla possibilité d’une telle répression nepouvaient pas proliférer sur les réseauxsociaux et dissuader les manifestants.

La perturbation des communicationsInternet et de la téléphonie mobile le28 janvier aurait donc exacerbé l’agitationpopulaire de trois façons distinctes. Elleaurait permis la mobilisation de citoyensqui, jusque-là, ne suivaient pas particu-lièrement les événements ou ne s’en souciaient pas outre mesure. Elle auraitrenforcé les contacts “en chair et en os”, à

la faveur de l’investissement de l’espacepublic. Enfin, elle aurait conduit à ladécentralisation des lieux de rébellion, parle biais de tactiques communicationnelleshybrides, produisant une situation bienplus difficile à contrôler que ne l’était leseul rassemblement de la place Tahrir.

Un processus semblable semble avoir étéà l’œuvre à Damas le 3 juin 2011. Aprèsplusieurs semaines de répression violente,le gouvernement syrien a décidé d’utiliserla même tactique que le régime deM. Moubarak. Le vendredi 3 juin, Interneta été coupé dans tout le pays pendantvingt-quatre heures, dans le but d’em-pêcher une mobilisation de masse. “Lesmanifestations de vendredi semblent êtreles plus importantes des dix semaines du

soulèvement, notait un correspondant del’agence Associated Press (qui se trouvaità Beyrouth, au Liban). Des gens seregroupent en grand nombre dans desvilles et des villages qui auparavantn’avaient pas connu une telle participa-tion. Des manifestants se sont aussirassemblés dans plusieurs banlieues deDamas en plus du quartier central du Midan6, où des manifestations se sont tenues ces dernières semai-nes7.” Prolifération des rassemblements ethausse de leur dispersion spatiale : lemême scénario que dans le cas égyptien.

Faut-il en conclure que la censure deTwitter serait plus révolutionnaire queTwitter ?

1 Interview sur CNN, 11 février 2011. 2 “Media disruption exacerbates revolutionary unrest : Evidence from Mubarak’s natural experiment” présenté lors de la rencontre de l’Association américaine de science politique (APSA),en 2011.

3 The Lede, 11 février 2011.4The New York Times, 18 novembre 2009.5The Washington Post, 1er novembre 2009.6Midan signifie “place” en arabe.7 “Syria troops kill 34 during massive protest”, Associated Press, 3 juin 2011.

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Réservez dès aujourd'hui

l'AtlasDepuis une décennie, nous assistons àl’émergence de nouveaux centres de pro-duction, de nouveaux lieux de pouvoir, denouvelles routes de communication. C’esttoute la géographie politique, économiqueet culturelle de la planète qui bascule sousnos yeux, parfois sans que nous le remar-quions.

Qui aurait pu imaginer que l’ordre capita-liste serait ébranlé par la plus grave crisedepuis les années 1930 ? Qui pourraitpenser que, d’ici quelques années, lescompagnies aériennes du Golfe seront lespremières du monde ? Que de nouvellesvoies maritimes s’ouvriront à travers leGrand Nord ?

Comme les précédentes versions, cetteédition de L’Atlas du Monde diplomatiquevise à mettre en lumière les transforma-tions en cours, à dégager les grandeslignes de force derrière les évolutionsstratégiques, à montrer que le bouillon-nement actuel n’est aléatoire qu’enapparence. Il s’appuie sur une vision“longue durée” historique, en revenant surd’autres périodes similaires, quand lescentres de pouvoir migraient de l’Orientvers l’Occident, au début du XIXe siècle,ou au sein même de l’Occident, avec l’af-firmation des Etats-Unis durant le XXe siè-cle.

L’Atlas du Monde diplomatique articule lepassé, le présent et l’avenir, tout en gar-dant le côté pédagogique qui a fait le succès des précédentes éditions.

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Du macroPar Philippe DELCHAMBRE*

*Président du C.A. de l’asbl Télé Bruxelles

au microLe modèle IP (Internet Protocol) conditionne l’essor de deux télévisions

dominantes à l’échelle mondiale. Pour conserver leurs parts de marché,

les télévisions historiques innovent sur le modèle de la

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Pour qui cherche une informa-tion, la recoupe, l’écoute ouvisionne un programme en baladodiffusion, la conclusions’impose : Internet est incon-

tournable. Les tablettes, les smartphoneset demain les téléviseurs hybrides permet-tent à la fois de regarder une chaîne detélévision et de surfer sur Internet. Cesnouveaux équipements modifient noshabitudes de consommation et l’usageque nous avons des médias.

Dans cette imposante révolution virtuelle,Apple TV et Google TV ont anticipé leschangements et les spéculations vont bontrain : beaucoup pensent que ces deuxtélévisions se positionnent désormaiscomme le modèle dominant, au faîted’une magistrale pyramide virtuelle. Ellesbénéficient de moyens financiers large-ment supérieurs à ceux des grandestélévisions historiques avec un marchépublicitaire qu’elles peuvent désormaiscapter. Apple TV et Google TV pro-poseront à la demande des quantitésgigantesques de programmes, selon unprincipe proche de la vidéo à la demande– VOD –. De là à anticiper, il n’y a qu’unpas pour avancer qu’elles diffuseront prioritairement des événements majeursde la planète. Le centre de gravité dumarché publicitaire s’est déplacé et lesconditions d’accès à ce marché pour les“petites” télévisions deviennent précaires.Une illustration locale, voire piquante ?Certains tarifs publicitaires de la RTBFrivalisent désormais avec ceux des télévi-sions locales.

Quelque part entre le faîte et la base del’immense pyramide, les télévisions

régionales comme les trois chaînes de la RTBF ou les grandes télévisions historiques françaises, allemandes… ouanglaises pérenniseront vraisembla-blement leurs missions de service publicaux côtés des opérateurs commerciaux.Désormais, c’est toute l’industrie de latélévision qui est ébranlée.

Quelque part sur la base de l’immensepyramide virtuelle se trouvent les 12télévisions locales de la FédérationWallonie-Bruxelles. Elles affrontent desévolutions technologiques sans cesseplus coûteuses. Si le législateur a accordéune attention particulière en réformant leurfinancement, il appelle à une réflexion surl’avenir du paysage audiovisuel public quientre en débat sur les bancs del’Assemblée parlementaire Wallonie-Bruxelles.

Les télévisions historiques ont développéun modèle traditionnellement linéaire,c’est-à-dire un enchaînement continu deleurs émissions. Depuis quelques années,les télévisions rendent leurs programmesaccessibles à la demande et augmententainsi leur attractivité en développant uneseconde fenêtre virtuelle sur leur siteInternet. Désormais, plus besoin d’être àl’heure pile pour regarder le JT de sarégion ou suivre sa rediffusion à chaqueheure dans la grille des programmes, onpeut désormais le suivre sur une tablette,un ordinateur, un téléphone portable ouune télévision hybride. A Télé Bruxelles,ces nouveaux modes de consommationdes émissions sont pris en considération,raison pour laquelle aucun moyen tech-nique n’est écarté pour diffuser ses propres programmes et donner une

seconde vie aux émissions-maison :câble, télévision numérique terrestre (TNT,voir encadré), vision différée ou en directdepuis le site Internet.

Télé-Bruxelles, 26 ans de proximité déjà

Télé Bruxelles est une chaîne qui relève duservice public. Le cœur de la mission deTélé Bruxelles réside dans la couverturede l’information régionale bruxelloise, etc’est à ce titre qu’elle reçoit son finance-ment de la COCOF sur base des missionsqui lui sont assignées dans un contrat degestion.

La couverture de l’information signifie queTélé Bruxelles ne fait pas beaucoup deconcessions aux modes et aux humeurs,mais qu’elle s’applique à centrer sonactivité sur la couverture de l’actualitérégionale, avec le souci – non de plaire aupublic à tout prix – de donner les clés del’information, de lui permettre de com-prendre les enjeux avec sérieux et rigueur. C’est un programme ambitieux, et biensouvent à contre-courant. Car TéléBruxelles, que d’aucuns dépeignentcomme une chaîne institutionnelle, est enréalité une chaîne alternative, complémen-taire, régionale.

Télé Bruxelles se voit également imposerun pourcentage de production propre. Letemps cumulé des deux éditions quoti-diennes du journal télévisé en semaine,des émissions de débat et les magazinesarrivent à respecter ce quota. Chaquesoirée du dimanche est, par exemple,occupée par un programme – sur lesdocs – qui aborde une thématique desociété à travers une sélection de films

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documentaires du Centre Vidéo deBruxelles et des ateliers de production etécoles de cinéma...

Il paraît dès lors difficile en l’état de pro-poser une fenêtre à des web TV telles ZinTV ou Corsaire TV qui sont réalisées enRégion bruxelloise par un public jeune.Les initiatives du monde de l’éducationpermanente devraient pourtant trouverdes passerelles naturelles avec la télévi-sion de service public de leur région, àtout le moins, il conviendrait de garantirl’adéquation des émergences vidéo-graphiques du monde de l’éducation per-

manente avec le milieu des professionnelsde la télévision.

Un autre élément explique en partie le peude moyens dont dispose Télé Bruxellespour sortir des studios. Hormis unecamionnette qui permet en certains pointsde Bruxelles d’établir une liaison en direct,les captations en extérieur impliquentgénéralement de louer du matériel dontTélé Bruxelles ne dispose pas : caméras,structures portantes, éclairages, régiemobile… Les télévisions wallonnes dis-posent – pour les plus importantes d’entreelles – d’un, voire de deux, cars de capta-

tion et du matériel approprié. L’on croitsouvent que Télé Bruxelles est mieuxdotée que celles-ci, mais c’est ignorer queles chaînes wallonnes ont bénéficié d’uneimportante contribution financière impo-sée par décret aux câblodistributeurs wal-lons. En région de Bruxelles-Capitale, lagestion du câble relève de la compétencefédérale, avec pour effet de priver TéléBruxelles d’une manne financière estiméeà quelque 900.000€, une panacée quiaurait pu stimuler la présence de Télé-Bruxelles dans son voisinage et soulagerl'effort financier de la COCOF.

Le modèle IP (Internet Protocol) établit une liaison de point à point parle support du câble ou de la ligne télé-phonique. Elle identifie l’internauteavec son adresse IP. C’est le modèlede la câblodistribution, contre paie-ment d’un abonnement.

Le modèle broadcast définit une liai-son d’un point d’émission vers demultiples points de réception ano-nymes. En région bruxelloise, oncapte gratuitement via la télévisionnumérique terrestre – TNT – deux programmes de la VRT, trois pro-grammes de la RTBF, Euronews etTélé Bruxelles. Une antenne intérieureposée contre une fenêtre suffit. C’estégalement le principe de la réceptionde programmes télévisés par satellite,par exemple Arte-TV, TV5, gratuitseux aussi.

Une gestion du temps qui fait la part belle au nomadisme

Certains lecteurs se souviendrontpeut-être du programme de la radioscolaire qui démarrait à une heureprécise. Gare à celui ou celle qui lematin arrivait en retard à l’école carl’émission n’était souvent pas redif-fusée et les enregistreurs étaientencore coûteux. C’est une image quirelève de l’archéologie médiatique :celle d’avant les magnétoscopes oumême les magnétophones à bandeou à cassettes.

Télé-Bruxelles

Nombre d’employés équivalenttemps plein : 53Pourcentage imposé de productionpropre : 50% du temps d’antenneen première diffusionDotation COCOF : 2.500.000 eurospar anTélé Bruxelles asbl,32 rue Gabrielle Petit 1080 Bruxelles (Belgique)Tél : 02/421.21.21Fax : 02/[email protected]

Par Mat

Un

*Bruxelles L

Chloé Dela

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Un peu d’autofiction dans uncorps qui ne se destinait àrien. Ainsi nait Chloé Delaume,personnage imaginaire quidécide de s’écrire lui-même :

“Fille d'un nénuphar blanc en autel magienoire, avoir foi dans le Verbe est un boncommencement”. Chloé Delaume, c’estun cri déconcertant et une écrituredéchirée, une plume trentenaire et bouli-mique, révélée notamment par MichelSurya, en 2001, dans le numéro de Lignesqu’il consacra aux nouvelles “littératuresde la cruauté”. Le titre de Surya faisaitréférence au “théâtre de la cruauté”d’Antonin Artaud, tout comme le pseudo-nyme Delaume renvoie à L’Arve et l’Aumedu même auteur. Le prénom Chloé est,quant à lui, issu de L’écume des jours deBoris Vian, l’autre père de substitution del’adolescente orpheline.

A se plonger au cœur de J’habite dans latélévision, on découvre une littérature inci-sive et créative tout en pénétrant dans les

abîmes du fonctionnement de cette télé-vision qui envahit nos vies et colonise nosenvies.

Pour écrire cet ouvrage, Chloé Delaume adécidé de s’enfermer et de se confronterjour et nuit, vingt-deux mois durant, au petitécran afin d’observer, de décrypter, decomprendre comment se fabrique la mise àdisposition du “temps de cerveau”revendiquée par Patrick Le Lay1. Et d’étudier les effets multiples, éphémères ouirréversibles, de cette expérience sur lecobaye, voire la Versuchsperson (sujetd’essai selon les termes du docteurMengele à Auschwitz), qu’elle s’astreint àêtre, au risque de n’en pas revenir. Le texte relève alors – mais ce n’est pas sisimple – du traité scientifique, entre psy-chologie, physiologie et éthologie, voire del’étude entomologique et botanique d’undevenir larve et légume. Et ce n’est pasgâcher le suspens que d’annoncer queChloé finira par disparaître, par se faire absorber, avaler, assimiler à

l’intérieur de la télévision. “Je reste errantede chaîne en chaîne, maillon fébrile gorgéde rouille. Je ne manque de rien, bien sûr,de rien. J’espère diluer mon tétanos.J’avais un nom, avant. Un corps et unamour. J’ai dit car ça je m’en souviens :ainsi je serai la Sentinelle. La préparationdes cerveaux, je m’en ferai l’observatrice.Je ne pouvais accéder à leur laboratoirequ’en jouant à la souris, mais je n’en voulaispas tant. Ça fait longtemps maintenant quele chat me digère.” (p. 152)

L’auteur n’est pas seulement objet d’étude, animal de laboratoire, elle estaussi savant fou poursuivant desrecherches approfondies sur les donnéesde l’expérience et agent secret menantl’enquête sur les traces de cette dispa-rition. Le récit est truffé de comptes- rendus détaillés d’un travail minutieux dedocumentation sur les moyennes journa-lières de temps passé devant les produc-tions d’Endemol France (“leader françaisdes producteurs de flux”), sur les

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Par Mathieu BIETLOT*

Un peu de littératuredans un monde d’abrutissement

*Bruxelles Laïque Echos

Chloé Delaume, J’habite dans la télévision, Gallimard, 2006 (réédité en format poche “J’ai lu”, 2008)

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avancées des neurosciences et du neuro-marketing, sur les suicides subséquents àla participation à une émission de téléréal-ité, sur les ramifications du groupeHachette ou de la multinationale SCAHygiene Products, fer de lance du fémin-isme grâce à ses serviettes vendues auxquatre coins du monde sous des nomsdifférents, sur l’origine des chips qu’oningurgite en même temps que les pro-grammes télévisuels et qui nous remplis-sent pareillement de vide… La narrationse trouve, en outre, étayée par des analy-ses linguistiques et étymologiques du lan-gage de la communication, par desréférences philosophiques bien à propos,d’Aristote à Baudrillard.

Ce que Chloé Delaume nous dit de latélévision n’est pas des plus inédits. Au filde cette exploration, nous croisons nom-bre de sujets sur lesquels on a déjà beau-coup glosé : le temps de cerveau dispo-nible, la Star Academy, la violence et lapornographie… Mais tout cela est mis enphrases et en scène d’une manière inouïe,grinçante et stimulante, effroyable etdrôle, poétique et cynique. Ici, commedans l’ensemble de son œuvre déjà vaste(une vingtaine de livres en une douzained’années), Chloé Delaume triture le texteet malaxe la syntaxe sous les pulsions deses tortures mentales et sursauts d’exis-tence. Elle met la langue comme le sens etles sensations à l’épreuve. Elle trafique etbricole l’ouvrage comme son vécu. Elleécrit pour changer la règle du je, pourrévolutionner les subjectivités et décons-truire les fables qui saturent le réel,qu’elles soient familiales, sociales, poli-tiques ou médiatiques. “Je veux n’être quelaïque, je renonce aux grands livres des

fictions collectives, je refuse d’être écriteje ne crois pas aux fantômes ni aux buis-sons ardents ni aux chevaux qui volent.”(p. 88)

J’habite dans la télévision appartient à ungenre hybride, c’est une hydre à plusieurstêtes, à plusieurs corps du texte. Entre lejournal de bord et le recueil poétique. Niroman ni essai, ni récit intime ni pamphletpolitique, ni fictif ni autobiographique. Outout cela entrelacé ludiquement etlubriquement, magnifiquement et mons-trueusement. Nous ne sommes pas obli-gés de savoir si Chloé Delaume s’estréellement installée devant ou dans latélévision, si elle s’est vraiment faitesouris, si toutes ses sources sontvéridiques, si elle s’est finalement enfouiedans le poste. La forme épousant sonobjet sans fond, il s’agit peut-être d’unefiction-réalité.

D’aucuns diront que cela ne ressemble àrien. On peut l’entendre positivement. Onpeut aussi ouïr bruire les nombreusesréférences et savourer les révérences plusou moins implicites qui parsèment lesinventions de cette femme avec personnededans (titre de son dernier opus). Dumiroir de Madame Bovary au portrait deDorian Gray, de l’actualisation télévisuellede l’apocalypse de Saint-Jean à cette let-tre adressée à Gilles Deleuze, les réson-nances font rhizome. Et puis Duras etResnais : “Qui ne fut pas au VideodromeTM

ne peut susurrer j’ai tout vu, car ici estHiroshima” (p. 153).

D’aucuns diront que l’on s’y perd. Et telleest bien la conclusion de l’enquête, le chefd’inculpation de la télévision, le délit de

fuite qu’elle nous impose. “Je fus la sen-tinelle. J’ai derrière moi un corps laissé àun état tel qu’il souhaitait le trouver enentrant. Je ne consigne plus, je suis l’infil-tration. J’habite dans l’aquarium des hyp-noses cathartiques, dans les viscèrescouleuvres de la grande narration. Je logedans un organe malade, l’ovaire de laMarie Vision. L’Ogre, comme tout proxé-nète, redoute les coups à l’estomac et atrès peur des dictionnaires. Je vous auraiprévenus, tentez de vous en souvenir. Çapeut vous être utile pour prendre la tan-gente sur certaines autoroutes.” (p. 156)

Sur tous les plans de coupe, ce livrehachuré est une expérience.

1On se souviendra qu’en 2004 Patrick Le Lay, à l’époqueprésident-directeur général de TF1, avait affirmé : “pourqu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveaudu téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pourvocation de le rendre disponible : c'est-à-dire de le divertir,de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ceque nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveauhumain disponible.”

POPar Mar

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PORTAILPar Mario FRISO*

“La liberté de la presse ne s’use que quand on ne s’en sertpas.” Le Canard Enchaîné.

D’une confusion entre journalisme et médias, nous vient cettefaçon de supposer qu’a priori, seuls les organes de presseécrite, radiodiffusée ou télévisuelle sont pourvoyeurs d’uneinformation valide que l’on peut consulter avec une certaineconfiance. Et ce, quel que soit le média qui lui sert de véhicule.Ainsi, par exemple, des organes de presse connus et recon-nus s’emparent du média Internet et tirent de leur estampilleune crédibilité particulière. Celle que revendiquent les jour-nalistes, corps de métier pourvu d’une éthique, de pratiqueset d’une légitimité particulière.Le journalisme, c’est une activité humaine qui consiste (ou qui devrait consister) à collecter, vérifier, relater et commenter des faits d’actualité.Nous voyons, ça et là, dans le présent numéro deBruxelles Laïque Echos, que cette façon devoir les choses reste à nuancer.Ici quelques liens qui proposent des alterna-tives médiatiques ou un regard critique surles médias d’information.

*Bruxelles Laïque Echos

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MéthInterac de mise

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http://www.indymedia.org/Le Centre de Médias Indépendant (indy-media) voit le jour à l’occasion de la protes-tation de la World Trade Organization àSeattle en 1999. Il s’agit de couvrir l’événe-ment de manière indépendante des médiasqui sont entre les mains des Etats et desentreprises privées critiquées à l’occasionde cette protestation. Indymedia est unréseau organisé de journalistes qui travailleà relayer fidèlement la vérité. Ce réseau aété créé pour inspirer ceux qui œuvrent à unmonde meilleur, malgré la désinformationdes médias classiques et pour couvrirmédiatiquement les efforts pour libérer l’humanité.

http://www.bellaciao.org“Bellaciao”, pour indiquer la volonté de s’inspirer en pratique des valeurs de larésistance : l’antifascisme, la démocratiedirecte, le droit à l’indépendance des peuples dans le respect de l’égalité entreethnies, religions ou cultures diverses.Bellaciao se situe sur le terrain de l’expé-rimentation politique et se dote d’un outil dediffusion de son regard critique de l’actua-lité : www.bellaciao.org

http://www.radioairlibre.be/Radio air libre fût créée en 1980, à l’époqueou la bande FM était strictement réservée àla radio d’Etat. Elle a été une des chevillesouvrière de la lutte pour la libération desondes qui a abouti, après de nombreusesannées, à une réglementation de l’utilisationdes ondes. Comme souvent, des pionniersouvrent la voie dans une perspective d’affranchissement et d’autonomisationpopulaire, et les commerciaux s’engouffrenten masse dans la brèche pour occuper leterrain. Ainsi, Radio air libre demeure àBruxelles, une des trois dernières radios

associatives locales qui bataillent pourpréserver un morceau de la bande FM desréseaux commerciaux et des régies publi-citaires. Depuis quelques années, ellefréquente aussi la toile sur laquelle desinformations dissidentes sont réunies(http://www.radioairlibre.be/infos.html) etsur laquelle ses émissions sont écoutablesaux quatre coins du monde.

http://www.lejim.infoLe Journal Indépendant et Militant est unwebjournal dont l’objectif est de proposerune lecture engagée et rigoureuse de l’actu-alité. C’est un journal à vocation populairedont les écrits sont l’œuvre de journalistesnon professionnels ou de témoins de l’actu-alité, notamment sociale et politique.

http://www.cqfd-journal.org/CQFD (ce qu’il faut dire, détruire, dévelop-per) est un mensuel critique et d’expérimen-tation sociale. Ce mensuel aborde dessujets liés à la pauvreté, aux mouvementssociaux et à la critique du capitalisme et desmédias. Originaire de Marseille, composéd’un comité de rédaction hétéroclite et nonprofessionnel, CQFD fait maintenant partieintégrante du paysage français de la presseindépendante.

http://www.quelgenredinfos.be/(voir l’article à ce propos)L’info gomme une femme sur deux !Le Global Media Monitoring Project est uneimportante initiative internationale derecherche sur la représentation deshommes et des femmes dans les médias,plus particulièrement dans l’information.Cette recherche relève de ce que l’onappelle les “études de genre” (ou Genderstudies). Le mot “genre” est apparu dansles années 1980 aux États-Unis et dans les

années 1990 en Europe. Il se définit comme“le genre est ce qui différencie les hommeset les femmes dans leurs relations sociales”.On parle de “sexe social” ou de "rapportssociaux de sexe".Objectifs, rapport, synthèses, discussions,propositions… tout est sur le site. Cette ini-tiative est aussi relayée par l’associationdes journalistes professionnels :www.ajp.be/diversiteSur des sujets connexes, le site du CSAregroupe de nombreuses informations :http://www.csa.be/diversite

http://www.aljazeera.com/Une autre manière de regarder l’informationdifféremment est de s’intéresser, non seule-ment à des médias indépendants, maisaussi à des médias inféodés par des pou-voirs qui ne sont pas les nôtres. Ainsi, il estutile et intéressant de confronter l’informa-tion que nous recevons par les grandeschaines nationales ou internationales quinous sont habituelles à celle diffusée pardes chaînes qui nous sont étrangères. Parexemple, la chaîne qatarie internationale AlJazeera, qui tient la dragée haute à France24 avec ses quarante millions de téléspec-tateurs quotidiens, est considérée commela voix de l’Islam par ses détracteurs occi-dentaux, mais elle se présente comme lachaîne internationale qui veut donner accèsaux médias à toutes les sensibilités arabes.Ses détracteurs orientaux, au contraire, laconsidèrent parfois comme une chaine pro-américaine. Le fait est que les informationsne sont ni traitées ni sourcées de la mêmefaçon sur Al Jazeera que sur les chaînes quinous sont habituelles. Un bel exercice cri-tique est de s’intéresser aux deux.

Dév

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Contexte et intentionLe conflit fait partie de la vie, il ne passe pas obligatoirement par la violence. Le fait d'aborder le conflit comme naturel, quotidien,présent dans tous les instants de notre pensée, dans nos relations aux autres nous permet de relativiser et d'avoir une vision plusconstructive et épanouie de celui-ci.Les conflits résultent de la confrontation des besoins, des intérêts et des valeurs des uns des autres, celles-ci évoluent et font l'objet d'ajustements constants et de négociations. Un conflit est utile lorsqu'il permet de créer des coopérations plus efficaces,de développer une culture du consensus et de la négociation. Il n'est pas question ici de supprimer un phénomène, mais de tenter de le comprendre et de le transformer en vécu positif comme vecteur de changement. Dans ce sens, il est une source d'évo-lution des êtres, des organisations, des sociétés.La recherche de comportement non violent dépend de notre capacité à satisfaire nos propres besoins, notre autonomie. Savoirécouter, partager ses sentiments, entendre l'autre, apprendre à négocier, sont des capacités que chacun peut acquérir.Cette formation à la communication non violente ou consciente propose une manière de communiquer simple et concrète qui favo-rise la qualité de la relation.

Objectifs

Repérer ce qui, dans notre manière de penser et de communiquer, bloque et génère la violence ou, au contraire, facilite la communication et désamorce les conflits. Développer nos capacités à clarifier ce que nous vivons et à exprimer des demandes claires.Apprendre à "décoder" l'agressivité de manière à rétablir ou instaurer un dialogue où chacun se sent reconnu.

MéthodeInteractive. Les participants découvriront les bases théoriques de la communication non violente par le biais d'exercices concrets,de mises en situation, de partages et d'échanges d'expériences personnelles et professionnelles.

PublicOuvert à tous

Renseignements pratiquesDates : 24.03.2012 et 28.04.2012Groupe : 15 personnesDurée : 2 journées de 9h30 à 16h30Lieu : 18-20 avenue de Stalingrad 1000 BruxellesPrix : 50 € lunch compris - gratuit pour les membres - N° de compte : 068 - 226 94 86 - 04Pour toute information, prendre contact avec Bruxelles Laïque asbl 18-20 avenue de Stalingrad - 1000 Bruxelles Tél.: 02/289 69 00 • Email : [email protected] le soutien de la Fédération Wallonie - Bruxelles.

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Carlo CALDARINIAnne DEGOUISJean-Antoine DE MUYLDERIsabelle EMMERYBernadette FEIJTAriane HASSIDMonique LOUISChristine MIRONCZYKMichel PETTIAUXThierry PLASCHJohannes ROBYNAnne-Françoise TACKCédric VANDERVORSTMyriam VERMEULEN

Fabrice VAN REYMENANT

Juliette BÉGHINMathieu BIETLOTMario FRISOPaola HIDALGOSophie LEONARDAlexis MARTINETAbabacar N’DAWCedric TOLLEY

Conseild’Administration

Direction

Comitéde rédaction

GRAPHISMECédric BENTZ & Jérôme BAUDET

EDITEUR RESPONSABLEAriane HASSID

18-20 Av. de Stalingrad - 1000 BruxellesABONNEMENTS

La revue est envoyée gratuitement aux membres de Bruxelles Laïque. Bruxelles Laïque vous propose une formule d’abonnement de soutien pour unmontant minimum de 7€ par an à verser au compte : 068-2258764-49.

Les articles signés engagent la seule responsabilité de leurs auteurs.

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