bruxelles_laique_echos_2005_01

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Le trimestre dernier, nous avions donné écho à l'exposition “Passeurs de frontières”, mise sur pied par Bruxelles Laïque asbl lors du dernier Festival des Libertés, et actuellement “en tournée” dans toute la Belgique. Au vu de l'intérêt suscité par cette création inédite, Bruxelles Laïque a réalisé une publication à partir des textes et affiches de l'exposition. “Passeurs de frontières” est un recueil de témoignages graphiques et typographiques sur l'u- niversalité et la diversité des combats démocratiques menés par des femmes et des hommes, ici et ailleurs, pour ouvrir à leurs contemporains des territoires de droits et de libertés à conquérir. Ce catalogue est un exposé illustré du parcours politique de certains d'entre eux, des plus emblématiques à ceux injustement méconnus, provenant de tous les continents, de tous les peuples, de toutes les cultures et de toutes les couleurs, au-delà de toutes les frontières. Nous les avons classés en quatre galeries de portraits : les universalistes pour leur pensée ou leur comportement exemplaire, les acteurs solidaires pour leurs actions et leur détermination, les hérauts pour leur humanisme, leur engagement au nom des autres, les irrévérencieux pour leur anticonformisme, leur esprit libertaire. Nous avons voulu, à travers cette publication, nous inscrire dans cette vision de convergences de situations, de causes et d'aspirations communes à toutes les femmes et à tous les hommes du monde, afin de rappeler ce que l'un d'entre eux a dit un jour “Vous devez être le changement que vous voulez voir en ce monde !” Agir sur le monde est l'unique façon de le changer. Chaque fois que vous tournerez une page, vous aurez franchi une frontière qui, nous l'espérons, vous aura un peu plus rapproché des autres. Disponible sur demande dès le 1 er mars 05. Prix : 20 Renseignements : Bruxelles Laïque asbl 18-20, avenue de Stalingrad 1000 Bruxelles Tél : 02/289 69 00 e-mail : [email protected] passeurs de frontières

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Disponible sur demande dès le 1 er mars 05. Prix : 20 “Passeurs de frontières” est un recueil de témoignages graphiques et typographiques sur l'u- niversalité et la diversité des combats démocratiques menés par des femmes et des hommes, ici et ailleurs, pour ouvrir à leurs contemporains des territoires de droits et de libertés à conquérir.

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Le trimestre dernier, nous avions donné écho à l'exposition “Passeurs de frontières”, mise surpied par Bruxelles Laïque asbl lors du dernier Festival des Libertés, et actuellement “entournée” dans toute la Belgique. Au vu de l'intérêt suscité par cette création inédite, BruxellesLaïque a réalisé une publication à partir des textes et affiches de l'exposition.

“Passeurs de frontières” est un recueil de témoignages graphiques et typographiques sur l'u-niversalité et la diversité des combats démocratiques menés par des femmes et deshommes, ici et ailleurs, pour ouvrir à leurs contemporains des territoires de droits et de libertés à conquérir.

Ce catalogue est un exposé illustré du parcours politique de certains d'entre eux, des plusemblématiques à ceux injustement méconnus, provenant de tous les continents, de tous lespeuples, de toutes les cultures et de toutes les couleurs, au-delà de toutes les frontières. Nousles avons classés en quatre galeries de portraits : les universalistes pour leur pensée ou leurcomportement exemplaire, les acteurs solidaires pour leurs actions et leur détermination, leshérauts pour leur humanisme, leur engagement au nom des autres, les irrévérencieux pourleur anticonformisme, leur esprit libertaire.Nous avons voulu, à travers cette publication, nous inscrire dans cette vision de convergencesde situations, de causes et d'aspirations communes à toutes les femmes et à tous leshommes du monde, afin de rappeler ce que l'un d'entre eux a dit un jour “Vous devez êtrele changement que vous voulez voir en ce monde !” Agir sur le monde est l'unique façon dele changer.Chaque fois que vous tournerez une page, vous aurez franchi une frontière qui, nous l'espérons, vous aura un peu plus rapproché des autres.

Disponible sur demande dès le 1er mars 05.Prix : 20 €

Renseignements :Bruxelles Laïque asbl18-20, avenue de Stalingrad1000 Bruxelles Tél : 02/289 69 00e-mail : [email protected]

p a s s e u r s d e f r o n t i è r e s

EDITO p. 3

Sans cesse remettre sur le métier... p. 5

Une assistance morale non confessionnelle... une laïcité à vocation universelle... p. 8

Le cauchemar de Darwin p. 11

Plaidoyer pour une Europe plus démocratique p. 15

A CONTRE-COURANT Le libre examen n’est pas tuer Dieu p.19

DANS NOS ARCHIVESLe libre-examen difficile p.21

DOSSIER PEDAGOGIQUESensibiliser à la laïcité à l'école p.24

A LIRELa démocratie des autres p.27

PORTAILEnjeux globaux et humanisme international p.28

ECHOS LAÏQUES DE VOS ACTIVITES BRUXELLOISES p.30

Bruxelles Laïque est reconnue comme association d’éducation permanente etbénéficie du soutien du Ministère de la Communauté française, Direction Généralede la Culture et de la Communication, Service de l’Education permanente.

Bruxelles Laïque asblAvenue de Stalingrad, 18-20 - 1000 BruxellesTél.: 02/289 69 00Fax: 02/502 98 73E-mail: [email protected]

SommaireQu'implique pour Bruxelles Laïque de mener des campagnes de sensibilisation, d'organiserdes conférences publiques, de faire des animations dans des écoles, de mettre sur piedchaque année un festival des libertés, de créer un site Internet et de publier un périodique ?

Au-delà de donner une forme effective à notre engagement en tant qu'institution laïque,l'ensemble de ces activités contribue à construire un sens politique à notre action sociale, àcréer des liens et, symboliquement, à communiquer l'image d'une organisation soucieuse dese faire reconnaître comme membre à part entière de la communauté démocratique.

Dans ce cas, quelles en seraient les implications et les obligations ? En substance et pourl'essentiel, elles consisteraient à assumer un rôle politique et culturel d'animation de lasociété civile qui suppose :

- l'inscription dans un projet collectif de défense et de promotion d'une société d'émancipa-tion, d'information, de progrès social et scientifique.

- l'engagement sur des thèmes d'actualité : démocratie, école, service public, extrême droite,identité européenne, interculturalité, dialogue inter-communautaire et inter-religieux,développement durable, mondialisation, etc.

- l'affirmation de notre solidarité avec les femmes et les hommes d'ici et d'ailleurs, qui lut-tent pacifiquement pour défendre leur dignité, leur droit à la vie, au bonheur, à l'é-panouissement et au respect de leurs identités et de leurs opinions.

La revendication d'une telle appartenance impose donc des challenges et des responsabilitésqui dépassent les enjeux simples d'éducation permanente et d'insertion sociale, pour nousinscrire dans une vision universelle de combats démocratiques pour la libération totale de lapersonne humaine, la sauvegarde de son environnement et de sa qualité de vie.

Et c'est bien là, le sens que confère une telle adhésion, qui nous place au cœur des préoccu-pations actuelles de notre monde et nous inscrit dans un front de résistances planétaires aunom du droit, de la liberté et de l'égalité pour tous.

Ariane HASSID, Présidente

Editorial

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Le sens d'une appartenance

Les illustrations de cette édition sont extraites de l’exposition “Passeurs de frontières” et del’album du Festival des Libertés 2004.

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Est-ce l'anniversaire de la loi française de1905, dite de séparation de l'Église et del'État, ou le tintamarre continu entretenudans les cénacles du Vatican, ou sansdoute aussi les difficiles négociationsconcernant la place des Églises dans lesInstitutions de l'Union européenne, tou-jours est-il que, de tous côtés, on parle delaïcité. Et, chose curieuse, tout le mondeparait y trouver son compte et seprésente en faveur de la laïcité. La laïcitéde la société (laïcité politique) devientparée de toutes les vertus. Finies lesluttes du passé pour la liberté de con-science, - la liberté de religion y a étéassociée, - le serment en justice n'in-voque plus la divinité et une cérémoniepublique remplace le Te Deum officiel du15 novembre. Il parait comme convenuque ces actions font partie du passé etsont, volontairement ou non, rayées dela mémoire collective.

À y regarder de plus près, d'importantesdivergences subsistent entre les partisansde la laïcité de la société et ceux qui, aucontraire entendent utiliser à leur profitles libertés chèrement conquises, mais àleur manière par le biais d'une laïcité“bien comprise”. Il faut voir les chosesclairement car il s'agit bien de la remiseen cause par certaines hiérarchiesreligieuses des acquis de la laïcité et deleur volonté d'intervenir dans les prisesde décisions politiques des États maiségalement de l'Union européenne.

La laïcité bafouée

C'est principalement au niveau de l'Unioneuropéenne et de certains nouveauxÉtats membres que les agissements decertaines Églises se font sentir. Certeselles opèrent rarement à découvert etcertains se laissent séduire par un belemballage quand l'affaire devientpublique.

Qui donc s'offusquerait qu'un “dialogueouvert et transparent”(1) s'ouvre entre

des institutions. Il faut connaître lesrevendications des Églises pour compren-dre la portée de ce prétendu dialogue quin'a d'autre objet que celui de fairepénétrer dans les lois de l'Union les motsd'ordre du Vatican.

Un cas récent et particulièrement flagrantnous vient de Slovaquie, pays récemmentadmis dans l'Union, qui a signé en 2004un Concordat avec le St Siège.

Une annexe à ce concordat qui a valeurde traité international a été élaborée envue de son adoption par le parlementslovaque. Son objet se rapporte au “droitde l'exercice de l'objection de con-science” : L'objection de conscience estbasée sur le principe de liberté de con-science autorisant quiconque à refuserd'agir dans un sens ...contraire au corpsde doctrine de l'Église catholique.

Après cette mainmise de l'Églisecatholique sur la loi slovaque, que reste-t-il de la liberté de conscience des fidèlesd'autres religions et des non-croyants,athées ou agnostiques ?Remarquons que la Slovaquie, au con-traire du St Siège, a ratifié la Conventioneuropéenne des droits de l'homme quispécifie que “toute personne a droit à laliberté de pensée, de conscience et dereligion...”

La récupération par l'Église d'un droit fon-damental pour tous (liberté de con-science), largement empreint des valeursde la laïcité, est évidente car la liberté deconscience est détournée à l'avantagedes seuls fidèles d'une Église. Pourtantdans plusieurs déclarations, des ecclési-astiques de haut rang ainsi que le papese sont déclarés attachés à la laïcité.

Les enjeux ont évolué

Face à une telle reconquête de l'espacepublic, il est indispensable tout d'abordde bien distinguer les enjeux pour

remettre sur le métier...

Raoul Vaneigem 1934-

Anarchiste situationniste soixante-huitard, l'un des leaders avec Guy Debord de l'Internationale situa-tionniste, il participe activement à Mai 68 dont il est une des figures emblématiques. Son ouvrage fon-damental Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations (1967) pose quelques-uns des grandsprincipes du mouvement situationniste : refus radical de la société de consommation, dénonciation deses contraintes sociales, de sa tendance à l'uniformisation. Résolument subversif et dissident par plaisird'être soi et de ne jamais vouloir y renoncer, Vaneigem incarne à merveille cette pensée insurrection-nelle faite d'aversion à toute forme d'aliénation quelle qu'elle soit.

Sans cesse

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s'investir dans des actions de terrain cor-respondant aux réalités de notre temps,qu'elles soient de nature sociale,écologique, éthique, voire politique, envue d'y maintenir et, si nécessaire, d'yintroduire pour chacun et chacune la liberté de choisir en conscience la solu-tion la plus appropriée. Si la laïcité, rap-pelons le, n'est pas une lutte contre lareligion, elle ne se limite pas à seule-ment faire inscrire dans un documentpolitique la séparation des Églises et del'État.

La laïcité publique est née de laDéclaration des droits de l'homme et ducitoyen de 1789 qui introduit “la libertépublique de conscience pour tous et pourchacun”. L'espace de la liberté de con-science s'est élargi depuis cette déclara-tion et cette liberté se comprend aujour-d'hui pour les laïques au sens large d'uneliberté pour tous qui concerne tous lesdomaines de l'existence.

Il convient également, pour mener àbien l'action, de distinguer clairement lesadversaires de la liberté de consciencemais aussi de connaître ses alliés. Delarges groupements de catholiques

défendent publiquement la laïcité dansl'Union européenne, la laïcité de lasociété, que l'on dit aussi laïcité politiquecar elle concerne les institutions. LaFédération humaniste européenne a déjàeu l'occasion de promouvoir avec cer-tains d'entre eux des actions en faveurde la laïcité.

Ne restons pas figés par les luttes dupassé et sachons œuvrer honnêtementavec eux, comme ce fut le cas à proposde l'interruption de grossesse et d'autresquestions de société ainsi que, toutrécemment, du projet de Traité constitu-tionnel.

Malgré les opposants irréductibles, lalaïcité est devenue une valeur partagéebeaucoup plus largement qu'auparavantet l'Union européenne constitue uneopportunité d'en faire mieux connaîtreles atouts.

Remettre la laïcité sur le métier pour tra-vailler avec d'autres partenaires maiségalement élargir ses champs d'activités,c'est donner à la laïcité un nouvel élan.

(1) Article 52 du projet de Traité constitutionnel(2) Fédération humaniste européenne, [email protected], www.humanism.be

Georges LIÉNARDPast président du CAL

Secrétaire général de la FHE(2)

Multatuli 1820-1887

Multatuli est le pseudonyme de Eduard Douwes Dekker, écrivain néerlandais du XIXè siècle. Dès l'âgede 18 ans, il part comme fonctionnaire à Java, colonie hollandaise. Il y découvre l'exploitation des populations locales, les mauvais traitements infligés aux colonisés et, écoeuré, démissionne de sonposte. De retour en Europe, il publie en 1860 le roman Max Havelaar, dont le héros, humaniste pas-sionné, se révolte contre l'exploitation des cultivateurs de café par les colonisateurs. Ce roman, qui s'at-taque à l'esclavagisme et au colonialisme, connaît un vif succès. Il a donné son nom au label du com-merce équitable créé en 1988. Aujourd'hui, Max Havelaar est présent dans 17 pays et délivre ce labelà différents produits de consommation courante.

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La Communauté française a défini, dansun passé récent, la neutralité de l'en-seignement organisé par les pouvoirspublics (décrets des 31 mars 1994 et 17décembre 2003). Elle met ainsi un termeà une situation aberrante qui autorisaitl'existence légale d'un enseignementpublic, destiné à tous, et cependant decaractère confessionnel. Ces textes ontfait l'objet d'un très large consensus. Ilsne bénéficient toutefois pas d'une publicité suffisante. Ils la mériteraientcependant car ils reprennent des con-sidérations fondamentales pour l'orienta-tion du travail des enseignants, desélèves, des étudiants et de l'école autourde trois thèmes essentiels : l'objectivité,la tolérance et la citoyenneté respon-sable.

En rencontrant clairement un des buts duCAL qui vise à exiger l'impartialité desservices publics et la séparation del'Eglise et de l'Etat, ces mesures relancentégalement le débat sur les tensionsinternes qui peuvent naître au sein dumouvement entre la revendication deneutralité et le combat pour la recon-naissance du droit à une assistancemorale non confessionnelle. Les deuxobjectifs ne sont certes pas incompati-bles. Ils sont historiquement liés l'un àl'autre. Il reste cependant à les articulerharmonieusement. Au cours de l'au-tomne dernier, le Conseil d'administra-tion du CAL a consacré un week-end àdébattre du sujet.

Ce double objectif ( espace neutre -assistance morale non confessionnelle)semble s'adresser, à première vue, à despublics distincts. Entre la population plu-raliste d'une école publique qui doitprendre en compte la diversité des con-victions et la clientèle habituelle d'unemaison de la laïcité, il existe d'impor-tantes différences qu'il serait imprudentd'ignorer. Il y aurait danger, en effet, àréduire l'action laïque dans la société à laseule recherche d'un champ de diffusiondes thèses athées ou agnostiques à

l'image des institutions créées jadis aunom de la religion catholique pour assu-rer à la fois une action sociale indispen-sable et une évangélisation efficace. Cesdernières s'évertuent d'ailleurs aujour-d'hui à escamoter la signification duqualificatif dont elles sont affublées, lais-sant croire parfois que, dans un pays oùle multiculturalisme se développe, unservice public peut parfaitement être decaractère confessionnel. Cette stratégiene cesse d'être suspecte car il est trèsmalaisé d'y séparer l'opportunisme dusouci réel de modernisme. Il serait parti-culièrement maladroit pour la laïcité delaisser supposer, par des manœuvresimprudentes, que la modernisation deces discours relève d'une évolution nor-male de la pensée religieuse avant qued'être fondamentalement une conces-sion à ce que fut toujours notre combatpour l'autonomie de la pensée et ladéfense de la liberté d'examen.

Simultanément, le désintérêt des jeunespour toutes les formes de militantismesidéologiques devient notoire. Leurengagement va plutôt vers les grandescauses humanitaires où les clivages surbase des convictions particulières des indi-vidus n'occupent plus la place principale.La pensée occidentale s'est progressive-ment inspirée, n'en déplaise à certains, duprincipe de la liberté de conscience.

Le libre examen n'est cependant pas unconcept simple que l'on peut aisémentbrandir comme une bannière. Il nécessiteà la fois une grande indépendance d'esprit et une réelle faculté d'examen.En l'absence d'une de ces deux com-posantes, le concept perd son contenu etdébouche, comme partout ailleurs, surles préjugés et la pensée dogmatique. Lalaïcité ne peut en aucun cas être assi-milée à ces valeurs qu'elle combat pré-cisément depuis toujours. La tolérancevigilante doit impérativement rester larègle essentielle de notre conduite.

Par ailleurs, on le sait, un concept peut

revêtir bien des acceptions différentes. Ilen va ainsi de la tolérance dont Voltairedisait volontiers qu'elle est l'apanage del'humanité. Nous n'avons plus aujour-d'hui que le monopole d'une certainetolérance. Ce n'est pas celle qui se can-tonne trop fréquemment dans cette défi-nition qu'en donne Littre en parlant de“condescendance, indulgence à l'égardde ce qu'on ne peut ou ne veut éviter”.C'est-là la tolérance de ceux qui possè-dent la vérité définitive et qui décidentd'écouter autrui sans pour autant l'enten-dre. La tolérance représente pour lelaïque bien autre chose. Elle est synonyme d'ouverture sur l'autre, derespect de sa personne et même de sapensée dans la mesure où elle constitueune invitation à tenter de comprendre lesraisons qui poussent autrui à penser etagir autrement que nous. Elle nous offreainsi la possibilité de progresser vers l'u-niversel. C'est par l'échange, la discussion,la controverse, le dialogue qu'elle s'exerce.Il est très aisé de pratiquer la toléranceau sein d'un groupe dont on partage lesidées. Il est bien plus difficile de le resterdans une société pluraliste.

On peut comprendre dès lors combien ilest important pour le laïque de se plier àla discipline sévère qui le conduit de l'examen à l'échange avant de se forgerune opinion conforme à sa propreéchelle de valeurs et de la défendre.Combien il doit se construire une convic-tion personnelle sur la base d'une infor-mation suffisante et d'une réflexion per-sonnelle. C'est l'une des raisons, sansdoute, pour lesquelles le libre examen secantonne trop fréquemment dans lasphère intellectuelle. C'est l'une descauses également de notre inquiétudeface aux piètres résultats de nos jeunesdans les enquêtes internationales évalu-ant les acquis scolaires et la progressionparallèle (et peut-être pas indépendante)de la recrudescence des mouvementssectaires et des manifestations d'un nou-vel obscurantisme.

Si nous voulons faire progresser nosidéaux d'ouverture et de neutralité del'espace public, il faudra nous habituer àfaire un bout de chemin avec ceux qui,sans partager l'ensemble de nos convic-tions, situent leur foi dans l'homme au-dessus de celle qu'ils placent en dieu.Ceux-là ont généralement renoncé aurespect inconditionnel des règles

imposées au profit du libre exercice deleur intelligence et de leur sensibilité. Lacollaboration avec eux est envisageableet justifiée dans la mesure ou personnene tente d'instrumentaliser son actiondans un quelconque but de prosélytisme.

Il revient aux laïques de définir la laïcité.Elle ne peut en aucun cas se limiter à laseule défense des intérêts moraux deceux qui ne se revendiquent pas de dieu.Si ces derniers constituent effectivementl'essentiel de nos troupes, la laïcité sedoit également de rester ce mouvementd'aspiration vers un universalisme derespect de la dignité humaine dans sadiversité et sa pluralité. C'est enplongeant dans ce pluralisme, sans s'yfondre, que le laïque peut échanger etconvaincre.

Ce discours n'a rien perdu de son actualité.

130 ans plus tard, la laïcité répond tou-jours à la mission ambitieuse de s'ouvrirà l'universel.

Guy VLAEMINCKPrésident de la Ligue de l'Enseignementet de l'Education Permanente, membre

du C.A. du Centre d'Action Laïque.

une laïcité à vocation universelle...non confessionnelle...

Une assistance morale

Le bâtiment qui abrite actuellement ledépartement pédagogique de la HauteEcole Francisco Ferrer au 110 duBoulevard Maurice Lemonnier fut érigéau XIXème siècle par la Ligue de l'en-seignement sur un terrain offert par laVille de Bruxelles. Il porte encore à sonfronton le titre d'“ECOLE MODELE” qui futsa première dénomination. Dans le Halld'entrée figure une plaque commé-morative qui dit “Cette école laïque con-sacrée au perfectionnement de l'instruc-tion primaire a été inaugurée le 17 octo-bre 1875”. Le terme “laïque” devait êtreclarifié dans le discours du Président dela Ligue, Gustave JOTTRAND qui pré-cisa :“Préparatoire aux devoirs de la viecivile, l'école doit être avant tout pré-paratoire à la tolérance ; dans sonenceinte ne doivent retentir que desparoles qui unissent, celles qui divisentdoivent rester au dehors, …”

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Déjà primé dans de nombreux festivalsinternationaux(1), Le Cauchemar deDarwin, réalisé par Hubert Sauper, inter-pelle les consciences à travers une fableaccablante sur les délires d'une époqueentraînée dans les abîmes de l'inhuma-nité par l'idéologie du profit. Loin d'unfilm à thèse, la force de ce documentaireest de donner une image concrète auxeffets pervers de la mondialisationnéolibérale. A travers une histoired'êtres humains et de poissons, HubertSauper met des visages et des prénomssur une réalité dont nous avons plus oumoins tous conscience, mais qu'il nousest difficile de représenter ou plus faciled'occulter… En nous forçant à interrogernos propres responsabilités et à faire dece cauchemar le nôtre, ce film constitueen réalité un véritable plaidoyer pourl'éveil d'une nouvelle consciencecitoyenne mondiale et solidaire.

Quelque part en Afrique… Sur les rivesdu Lac Victoria… Berceau de l'humanité…Des avions-cargos décollent sans discon-tinuer. Leurs cales sont pleines de filetsde Perche du Nil, poisson miraculeux per-mettant de nourrir chaque jour deux mil-lions d'Européens. La Perche du Nil, unredoutable prédateur, a été introduitedans les eaux du lac au cours des années'60 à la suite d'une expérience scien-tifique. Quarante ans plus tard, sa pro-lifération a décimé 95 % des autresespèces de poissons et déstabilisé toutl'écosystème du plus grand lac tropicaldu monde. A la fin des années '80 et aucours des années '90, la Perche du Nil avu sa production passer de 100 000tonnes à 500 000 tonnes(2) et au coursdes deux dernières décennies, des ate-liers de transformation ont fleuri sur lesrives du lac. Mais, alors que les capturesont été multipliées par cinq, ce n'est plussur les étals locaux que finit le poisson,désormais exporté quotidiennement versl'Europe(3) après avoir été soigneuse-ment fileté dans les usines de condition-nement subventionnées par l'UnionEuropéenne et la Banque Mondiale.

La population locale qui ne peut s'offrir lepoisson ainsi traité partage les restes descarcasses décharnées avec les asticots.D'immenses décharges pleines desquelettes de poissons qui sèchentfleurissent. Et alors que l'on suit l'envoldes Perches pour l'Europe, la presse parlede famine en Tanzanie et des pro-grammes d'aide alimentaire mis en placepar les Nations Unies. Cauchemar d'un continent pillé de sesressources naturelles…

Quelque part en Afrique… Sur les rivesdu Lac Victoria… Berceau de l'humanité… Le cauchemar se précise… Sans devoir faire appel aux nombreuxrapports(4) qui convergent à démontrerque l'exploitation de la Perche du Nilconstitue un véritable désastre pour lapopulation locale, Hubert Sauper nousmontre l'exode des hommes forcés dequitter terres, femmes et enfants pourdevenir pêcheurs sur les rives du lacparce que le poisson qui valait des mil-liards et les politiques européennes ontenglouti toutes les autres activités de larégion. Il décrit les colonies de travail oùs'entassent les pêcheurs qui y meurentsouvent dans la plus grande indifférence.Il dépeint la prostitution et le SIDA qui sepropagent. Il montre les enfants, de plusen plus nombreux à vivre seuls dans larue, qui tentent d'oublier l'horreur ensniffant les emballages de poisson.Cauchemar d'une mondialisation indif-férente aux êtres humains…

Quelque part en Afrique… Sur les rivesdu Lac Victoria… Berceau de l'humanité…L'histoire ne s'arrête pas là…Les avions-cargos - souvent russes parceque moins chers - très légalement affrétéspar des compagnies européennes pourramener la Perche en Europe, ne se con-tentent pas d'acheminer l'aide alimen-taire, mais déchargent jour après jour descaisses de munitions et d'armes, alimen-tant les conflits et guerres civiles quiensanglantent la région des Grands Lacsdepuis de nombreuses années.Cauchemar d'un continent assassiné dansla plus grande indifférence…

Aimé Cesaire 1913 -

Poète et homme politique, député-maire de Fort de France en Martinique, Aimé Césaire est co-fonda-teur avec Léopold Sédar Senghor et Léon Gontran Damas du mouvement de la “négritude” pour ladéfense et la réhabilitation des valeurs de la culture noire. Sa poésie militante se veut un appel uni-versel à la dignité humaine. Partisan du métissage et de la rencontre des cultures, Aimé Césaire sedéfinit lui-même comme “un homme carrefour”, ouvert sur le monde et à la croisée des chemins.Convaincu que les despotes, les dictateurs et ceux qu'on appelle les néocolonialistes détournent leshommes de leurs rêves et de leur espérance d'émancipation, Aimé Césaire, l'homme politique, n'ajamais cessé de mettre en garde des chefs africains de “mouvements de libération” ou de mouvementsrévolutionnaires tels que celui de Fidel Castro.

de DarwinLe cauchemar

Ou de l'effondrement de quelques valeurs universelles…

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Nous montrant à voir l'une des multiplesréalités écœurantes du nouvel ordremondial, Le Cauchemar de Darwin nousimpose avec urgence d'interroger le senset les enjeux actuels de l'engagementhumaniste et démocratique. L'analysedes réalités dénoncées par le Cauchemarde Darwin au prisme des valeurs de lib-erté, d'égalité, de justice, de solidarité,…nous amène inévitablement à question-ner le sens et la portée réelle de cesvaleurs aujourd'hui.

Qu'en est-il du combat pour la liberté ?Au-delà des combats - malheureusementtoujours actuels - pour la liberté d'ex-pression, de conscience, de manifesta-tion, de révolte… menés durant des siè-cles contre les pouvoirs autoritaires etfascistes, la conquête pour la liberté doitaujourd'hui plus que jamais s'envisagerpar rapport à une nouvelle forme d'abso-lutisme : la dictature des marchés finan-ciers, des banques et des multinationales- permise notamment par le désengage-ment progressif des Etats - qui imposentleurs intérêts particuliers à l'ensemble dela planète, une dictature qui se cachederrière d'anonymes et aveugles “lois dumarché” et s'impose avec l'aide d'institu-tions comme le FMI(6), la BanqueMondiale et l'OMC(7), dont de nom-breuses analyses(8) dénoncent le carac-tère antidémocratique. Le Cauchemar deDarwin illustre bien à cet égard commentles politiques d'ajustement structurelpeuvent bafouer la dignité humaine etautoriser le pillage des ressourcesnaturelles de notre planète.

Qu'en est-il du combat pour l'égalité ? Lecombat pour l'égalité dépasse aujour-d'hui le seul combat d'égalité devant laloi porté par les premières constitutionsrévolutionnaires. Même s'il reste néces-saire et qu'il est encore loin d'être uneréalité dans le monde contemporain, ilest aujourd'hui très insuffisant face aufossé monstrueux qui s'est creusé entrele Nord et le Sud de la planète, et à l'in-térieur de chaque société, entre une élitequi monopolise le pouvoir économiqueet les moyens de production, et la grandemasse de la population qui vit de sa forcede travail - quand elle n'est pas au chô-mage et exclue de la vie sociale.

Qu'en est-il du combat pour la justicesociale ? Les inégalités politiques etéconomiques sont loin d'être les seulesformes d'injustice. Partout, la dignité desêtres humains est bafouée par leracisme, les discriminations, l'oppres-sion… Qu'en est-il de l'humanisme et durespect prioritaire de l'être humain ?

Qu'en est-il de la solidarité ? Face auxguerres, aux conflits ethniques et tri-baux, aux expansionnismes belliqueux,aux intégrismes religieux intolérants, auxxénophobies, face à toutes les paniquesinduites par la globalisation impériale, lasolidarité s'inscrit résolument aujourd'huidans une perspective universelle, mondi-ale et internationale, au-delà des limitesdu clan, de la famille, de la communautéou de la nation. Qu'en est-il de la solida-rité encore envers les générations futuresquand la mondialisation capitaliste est

responsable d'une destruction et d'unempoisonnement accéléré de l'environ-nement ? Une civilisation de solidarité nepeut être qu'une civilisation de solidaritéavec la nature, car l'espèce humaine nepourra survivre si l'équilibre écologiquede la planète est rompu.

Qu'en est-il du respect de la diversité ?Face à l'homogénéisation mercantile dumonde, face à la pensée unique, au fauxuniversalisme capitaliste, il est plus quejamais important de réaffirmer larichesse que représente la diversité cul-turelle et la contribution unique et irrem-plaçable de chaque peuple, de chaqueculture, de chaque individu.

Qu'en est-il du combat démocratique ?Son grand défi aujourd'hui est de dépas-ser la sphère politique pour toucher lasphère économique et sociale et d'ame-ner à ce que les grands choix socio-économiques, les priorités en matièred'investissement, les orientations fonda-mentales de la production et de la distri-bution soient démocratiquement

débattues et non plus laissées aux soi-disant “lois du marché” et à une élited'exploiteurs.

La nécessité de construction d'une nou-velle culture démocratique, universelleet solidaire s'impose à tous. Elle dépen-dra de notre capacité à dénoncer lamatrice principale de toutes les formesd'injustice, à trouver les moyens et lesalternatives pour contrer la trame conti-nuelle de ce cauchemar effrayant mer-veilleusement décrit dans l'allégorie deHubert Sauper sur le nouvel ordre mon-dial.

“Demain commence ici et maintenant,dans les graines de cette nouvelle civili-sation que nous plantons par notre lutteet nos efforts, pour que, de ces valeurssubjectives et éthiques que nous endos-sons dans nos vies militantes, se lèventdes femmes et des hommes nou-veaux.(9)”

Sophie LÉONARD

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Vers une civilisation de la solidarité(5)

Le cauchemar de Darwin Darwin's Nightmare

Un film de Hubert SauperDocumentaire, Belgique-France-Autriche -

2004 - 107'

Sortie en salle le 23 mars Bruxelles - Arenberg ; Liège - Parc Churchill ;

Mons - Palaza Art ; Namur - Forum ; Charleroi - Le Parc.

Autres projections prévuesLe jeudi 17 mars : Le Cinéma d'Attac -

Aremberg (Bruxelles) 21h30Le mardi 22 mars : Festival Arrêt sur Images -

Le Parc (Charleroi) 18h00Le mercredi 23/04 20h00 & jeudi 24/04

22h15 : Opendoek, Turnhout.

(1) Prix du Meilleur Film Documentaire Européen - EFA 2004 ; Prix Europa Cinémas - Festival International du Film de Venise2004 ; Grand Prix Documentaire - Festival du film de l'Environnement de Paris 2004 ; Prix du Public - Festival de Belfort2004 ; Grand Prix du Meilleur Film - Festival de Copenhague 2004 ; Prix du Meilleur Documentaire - Festival de Montréal2004 ; Grand Prix du jury - Festival Premiers Plans d'Angers 2005.(2) Lac Victoria Out of Africa - article de Eirik G. Jansen (Union internationale pour la conservation de la Nature- UICN)(3) mais aussi le Japon, le Moyen-Orient et les Etats-Unis.(4)Voir notamment Pêcheries prospères et pêcheurs pauvres. Observations préliminaires sur les effets des échanges com-merciaux et de l'aide extérieure sur les pêcheries du Lac Victoria, par Eirik G. Jansens.(5) La deuxième partie de cet article est très largement inspirée du texte écrit par Frei Betto, théologien de la libération etMarc Löwi, directeur de recherche au CNRS “Une civilisation de solidarité” pour lancer le débat d'ouverture de la séanceplénière du Forum Social mondial de Porto Alegre en 2002. Texte repris dans son intégralité dans la collection “Dossiers etdocuments” du quotidien Le Monde - Incontournables altermondialistes - septembre 2004.(6) Fonds Monétaire International(7) Organisation Mondiale du Commerce(8) Lire notamment “La grande désillusion” (Globalization and Its Discontents) de Joseph E. Stiglitz, Prix Nobel d'Economie2001, ancien économiste et vice-président de la Banque mondiale, aux éditions Fayard, 2002.“Malheureusement, écrit Stiglitz dans Globalization and its discontents1 (…), nous avons un système qui peut être quali-fié de gouvernance globale sans gouvernement global, dans lequel quelques institutions (la Banque mondiale, le FMI etl'OMC) et quelques acteurs (les ministres des finances, de l'industrie et du commerce, en lien étroit avec certains intérêtscommerciaux) dominent la scène, mais dans lequel beaucoup de ceux qui sont affectés par leurs décisions n'ont quasimentpas droit à la parole.”(9) Conclusion du texte “Une civilisation de la solidarité”, voir note 5.

Pierre Bourdieu 1930 - 2002

En développant des notions-clés telles que l'habitus et la reproduction sociale, ce sociologue français amis en évidence la pression des institutions sur l'individu et la reproduction des inégalités socialesinhérentes à certains systèmes (notamment le système éducatif). Il a accompli un excellent travaild'analyse et de recherche empirique sur la réalité sociale et a pris de courageuses positions surd'épineuses questions (guerre d'Algérie). Mais la France accepta mal qu'une de ses personnalités insti-tutionnelles critique ses politiques et sa machine médiatique. Fustigé par certains journalistes, il con-tinua cependant à manifester publiquement son engagement aux côtés de tous les exclus de notresociété. 15

Cinq décennies après le début de la construction européenne, où en sont nosrêves d'une Europe qui rapproche sespeuples, d'une Europe unie dans la diver-sité ? Où en sont les espoirs de ceux quivoient en l'Union européenne un contre-poids possible à l'hégémonie politico-militaire américaine ? Comment se con-crétise l'Europe dans la vie quotidiennede ses citoyens ? L'Euro dans nos porte-monnaie atteste chaque jour de la construction d'une Europe économique,financière et monétaire… mais pour le reste ? Où est l'Europe politique,sociale et environnementale envisagée ?Comment les dirigeants européens suc-cessifs ont-ils mis en oeuvre l'idéeeuropéenne, au-delà de l'agrandisse-ment progressif d'une zone de libre-échange économique ?

Pour nous, Bruxellois, il est vrai que laconstruction européenne s'est matéria-lisée dans une vision de classe et d'élite.Premier pôle européen, le quartierLéopold-Schuman, est devenu uneenclave dans la ville. Les Eurocrates ontpréféré se construire un bunker de luxe àl'écart du vivier culturel. La vitalité descultures européennes ne transparaîtnullement dans la froideur de ses infra-structures. Les opérateurs culturels récla-ment plus d'implication des instanceseuropéennes dans la vie bruxelloise…Qu'en est-il de la dimension européennede Bruxelles ?

Le manque de considération de la diver-sité européenne se retrouve dans lespolitiques européennes qui uniformisentplus qu'elles n'harmonisent les législa-tions nationales des Etats membres.L'espace européen “de liberté, de sécu-rité et de justice” concocté par les

dirigeants européens se construit à coupde législations sécuritaires restreignantnos libertés fondamentales. Par ailleurs,l'Europe se révèle être la meilleure alliéedes Etats-Unis dans la conquête plané-taire de la déferlante néolibérale ; ledernier exemple en date étant la direc-tive Bolkestein, l'application européennede l'AGCS(1). Cette directive ne vise riende moins que la libéralisation de tous lesservices en Europe, considérant la cul-ture, la santé, l'enseignement et lesressources naturelles comme des pro-duits économiques ordinaires au mêmetitre que le pain ou le shampoing(2).Voulons-nous vraiment que les sortiesculturelles, les soins médicaux, et l'édu-cation ne deviennent accessibles qu'àceux qui pourront se les payer ? Quant auprojet de traité constitutionnel lui-même,il est le meilleur moyen qu'ont trouvénos dirigeants pour “sanctuariser la loi dumarché”(3). Ceux qui osent parler d'a-vancées sociales n'ont sans doute pas lules quatre parties principales du traité(4),où est sans cesse rappelé le primat de laconcurrence et du marché(5). Au momentoù au moins cinq nations s'apprêtent àorganiser un referendum sur le traitéconstitutionnel, combien de citoyensconnaissent réellement son contenu, sesenjeux ?

Sachant que les Etats membresdélèguent de plus en plus de pouvoir auxdirigeants européens, les décisions prisesau niveau européen auront des con-séquences grandissantes sur la vie descitoyens. Dans le même temps, le désin-térêt de ceux-ci ne fait qu'augmenter etla vision qui s'impose est celle d'uneEurope bureaucratique et complexe.

Le désenchantement citoyenune Europe plus démocratique

Plaidoyer pour

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Les dirigeants européens veulent nousconvaincre que la croissance économiqueapporte automatiquement le bien-êtresocial. Beaucoup ne contestent pas parcequ'ils partent du présupposé que l'Unioneuropéenne, berceau des droits del'Homme, est d'emblée un modèle dedémocratie qui fait tout pour rendrel'Europe plus sociale, plus solidaire. Cetteimpression est renforcée lorsque l'Europejoue, quand ça l'arrange, au chasseur dedictateurs dans les pays du sud. La ques-tion qui se pose maintenant n'est pas desavoir si la ligne politique ultralibérale etsécuritaire que suit l'Europe avec uneassiduité remarquable améliore les condi-tions de vie de ses populations, mais si cesorientations émanent réellement de lavolonté générale, d'un choix démocra-tique. Or, quand on prend le temps de sepencher sur le fonctionnement des institu-tions européennes et des processus déci-sionnels, on a de sérieuses raisons d'endouter…

Prenons d'abord la question de lareprésentation. Le Parlement est la seuleinstance européenne élue au suffrage uni-versel direct. Quelle est la représentativitéd'un Parlement qui n'a été élu que par45 % des votants inscrits lors des dernièresélections de 2004(6) ? Par ailleurs, les com-pétences législatives de cette assemblée,qui sont pourtant sa raison d'être, sontextrêmement faibles. Nul n'ignore àBruxelles le poids qu'exercent les lobbieséconomiques sur les décisions du Conseilde l'Union et de la Commissioneuropéenne. Ces organes détiennent levrai pouvoir, cumulant le législatif et l'exé-cutif, sans qu'ils n'aient à s'inquiéter d'uneéventuelle sanction électorale, le tout sousles regards bienveillants des dirigeantsnationaux. “La Commission européenneincarne, jusqu'à la caricature, le triomphede la technocratie sur la démocratie”(7).

De plus, la longueur et le vocabulaire com-plexe des traités internationaux et autreslégislations européennes n'encouragentpas les citoyens à tenter de les décrypter.L'opacité des mécanismes institutionnelsne fait que renforcer ce sentiment quel'Europe se construit par le sommet.

Face à ces constats, ceux dont l'idéal estbien “une société juste, progressiste etfraternelle, dotée d'institutions impar-tiales, garante de la dignité de la person-ne et des droits humains assurant à chacun la liberté de pensée et d'expres-sion(8)” ont le devoir, quelle que soit leurcouleur politique, de défendre l'exercice dedroits démocratiques, qui est la conditionfondamentale pour que cette société devienne réalité. L'enjeu principal n'est niplus ni moins que de rendre la démocratieaux Européens.

Aujourd'hui, des voix s'élèvent de milieuxintellectuels pour tenter d'alerter les opi-nions publiques sur les processus en cours.D'éminents universitaires, conscients de lanécessité d'un travail de décodage, d'inter-prétation et de vulgarisation des textes,négociations et autres décisions, tententde “mettre l'expertise à la portée du plusgrand nombre pour inciter à l'action etpour la nourrir”(9). Il est nécessaire d'ac-compagner ces experts dans leurdémarche, de faire le lien avec le publicen leur offrant des tribunes, tout comme ilest essentiel de mettre les thématiques dudébat européen à la portée des citoyens. Ilest urgent de stimuler le débat public afinque les gens puissent réagir à des déci-sions dont ils ne ressentiront les effetsqu'en bout de chaîne, quand il sera troptard pour s'y opposer. Cela leur permettrade décider, en connaissance de cause, si onpeut privatiser tous les domaines quitouchent à leur existence.

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Des constats déconcertants

Le rôle européen du mouvement laïque

par leurs particularités nationales his-toriques, culturelles, méthodologiques -pour parvenir ensuite à les dépasser et àdéfinir des objectifs et des stratégies com-munes sur le plan européen.

Conscient que la structuration de la laïciténe s'arrête pas aux frontières d'un état, leCentre d'Action Laïque a participé à la créa-tion, en 1991, de la Fédération HumanisteEuropéenne. Etant donné la primauté dudroit européen dans un nombre croissantde domaines, la FHE est amenée à seprononcer sur des questions de plus enplus diverses. Son action est essentielle,mais pas suffisante. Pour pouvoir influerde façon durable sur les politiqueseuropéennes, il faut multiplier ce genred'initiatives, ouvrir nos perspectives,inventer de nouveaux contre-pouvoirs,imaginer de nouveaux moyens d'action.

Dans cette optique, il faut créer des parte-nariats entre des associations locales,régionales et nationales qui souhaitentintervenir sur des questions européennes.Il s'agit aussi de développer des collabora-tions avec des associations se définissantcomme laïques mais aussi vers des mou-vements à qui la notion de laïcité estétrangère(10), mais qui défendent lesdroits de l'Homme, portent les mêmesvaleurs et les mêmes idéaux. Des associa-tions comme la nôtre, qui ont leur siège àBruxelles, doivent réfléchir sérieusementaux avantages que leur confère leur proximité géographique avec les institu-tions européennes. Si les dirigeantseuropéens nous ignorent, nous ne devonspas faire la même erreur.

Olivia WELKE

Ce travail d'information doit être menéparallèlement à des actions permettantd'influer sur les politiques européennes.“La résistance à l'Europe des banquiers, età la restauration conservatrice qu'ils nouspréparent, ne peut être qu'européenne”,déclarait Pierre Bourdieu en 1997. Leregretté sociologue avait bien compris quela globalisation de certains enjeux appelle

une globalisation des mobilisations.Défendre les intérêts des citoyens àl'échelle européenne implique la mise enplace de structures adéquates, de plates-formes, de fédérations capables d'agir auniveau politique. Si les mouvements soci-aux d'Europe veulent influer sur les problé-matiques de l'Union, ils doivent tenircompte de leurs approches différentes - de

(1) Accord Général sur le Commerce des Services concocté par l'Organisation Mondiale du Commerce. Les quelques 22 500pages de cet accord sont consultables sur le site de l'OMC : www.wto.org.(2) Plus d'information sur le site www.stopbolkestein.org (3) Lire “Une Constitution pour sanctuariser la loi du marché”, in : Le Monde diplomatique, janvier 2004. (4) “ Il est vrai que les 324 pages pour ses quatre parties auxquelles s'ajoutent 460 pages pour ses deux annexes, 36 pro-tocoles et 50 déclarations, a d'emblée de quoi rebuter le lecteur ordinaire”, Cassen B., débat truqué sur le traité constitu-tionnel, in : Le Monde Diplomatique, p. 8, février 2005, Paris(5) Dans ces quatre parties, le mot “banque” apparaît 176 fois, “marché” 88 fois, “libéralisation” ou “libéral”, 9 fois, “con-currence” ou “concurrentiel” 29 fois, “capitaux” 23 fois, “commerce” et ses dérivés immédiats 38 fois, “marchandisation”11 fois, “terrorisme” 10 fois, “religion ou religieux” 13 fois. Aucun de ces termes ne figure dans la Constitution françaisel'exception de “commerce” deux fois, et de “religion”, présent une fois, Ibidem. (6) Ce taux de participation est le plus faible jamais enregistré lors des élections européennes, il est en constante diminu-tion.(7) Jennar R-M., Europe, la trahison des élites, p. 18, Fayard, 2004. (8) Extrait de l'article 4 des statuts du Centre d'Action Laïque. (9) Visiter le site de l'Unité de Recherche, de Formation et d'Information sur la Globalisation : www.urfig.org. (voir Portail).(10) Rappelons que la laïcité est une notion intraduisible dans certaines nations du nord de l'Europe, d'où le nom deFédération Humaniste Européenne. .

“A l'Europe que la pensée de banquier veut à toute force nous imposer, il s'agit d'op-poser non, comme certains, un refus nationaliste de l'Europe, mais un refus progres-siste de l'Europe néolibérale des banques et des banquiers. Ceux-ci ont intérêt à fairecroire que tout refus de l'Europe qu'ils nous proposent est un refus de l'Europe toutcourt. Refuser l'Europe des banques, c'est refuser la pensée de banquier qui, souscouvert de néolibéralisme, fait de l'argent la mesure de toutes choses, de la valeurdes hommes et des femmes sur le marché du travail et, de proche en proche, danstoutes les dimensions de l'existence. La résistance à l'Europe des banquiers, et à larestauration conservatrice qu'ils nous préparent, ne peut être qu'européenne”.

Pierre Bourdieu

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Parmi les représentations ancrées dans l'esprit de certains écoliers musulmans oucatholiques sur la laïcité en général et lecours de morale non confessionnelle en par-ticulier, il y a cette idée préconçue que la laïcité est la “religion” des athées et que lapratique du libre examen est incompatibleavec l'exercice d'une foi ou d'une croyance.En d'autres termes, le libre examen : c'esttuer Dieu ! Il est vrai que la pratique du libre examenexclut tout dogme, toute forme de véritérévélée. Mais le libre examen ne nie pas ledivin, il s'en écarte. Il ne le reconnaît pascomme référant. Et ce n'est pas anéantir sonexistence ni rejeter l'idée que pour d'autres,il puisse exister.

Je me rappelle cette réponse que me fit unjour un garçon de 12 ans au cours d'une ani-mation sur le thème des relations entre reli-gions, suite à une question sur sa fréquenta-tion du cours de morale laïque : “Il faut êtreathée pour aller au cours de morale laïque,et moi, je suis musulman ! Et puis, tous mescopains disent que le prof se moque des reli-gions.”

J'ai longtemps pensé à la conviction de cepetit garçon, en la rapprochant d'autres con-victions. Celles que j'ai rencontrées chez desprofesseurs de morale lorsqu'il m'arrivaitd'aborder ces questions avec eux. J'ai sou-vent été frappé par ce que j'appellel'“extrémisme antireligieux” d'une petiteminorité, se définissant elle-même commelaïque pure et dure, forcément athée, convaincue que la religion est une tare etque les croyants ne sont pas loin d'être desmalades mentaux ! Cette arrogance et ce mépris du croyant,beaucoup de ces irréductibles l'affichent dèsqu'il est question de nos rapports avec lesreligions.

“Il ne faut pas arborer le drapeau du dogma-tisme, mais aider les dogmatiques à com-prendre leurs propres thèses”, avait dit, unjour, un grand philosophe.En la circonstance, il n'est pas vain de le rap-peler. Certaines attitudes condescendantesvis-à-vis des croyants ne peuvent en aucunefaçon être légitimées par des principeslaïques. L'esprit laïque s'accommode mal decomportements “fanatisants”» et intolérants.N'en déplaise à ces “gardiens du temple”, onpeut être laïque, sans nécessairement êtreathée et la laïcité ne se réduit pas àl'athéisme. En outre, la laïcité n'a jamais été la négationdes religions ! Bien au contraire, sans vouloirexhumer les vieilles rancunes, ce sont lesreligions qui ont combattu la laïcité, perçuecomme la négation de ce qu'elles sont, etqui, par conséquent, lui ont nié le droit d'exister. Sinon pourquoi aurions-nous fait dela tolérance un principe éthique et

philosophique ? Et si la tolérance, pour finir,n'est rien d'autre que la capacité de se recon-naître un droit tout en étant capable d'ad-mettre ce même droit pour les autres, onpeut considérer ce type de comportementscomme une atteinte à la liberté religieuse.Donc un manquement à des valeurs laïques. Croire n'est pas une insuffisance morale ouintellectuelle, mais un choix, un sens qu'ondonne à sa vie. Et ce choix mérite d'êtrerespecté.

De même que le libre examen n'est pas uneligne de démarcation, une frontière infran-chissable entre croyants et laïques. A l'op-posé, elle peut être un point de jonction. Nuln'ignore aujourd'hui, si l'on prend le cas del'islam par exemple, l'existence organique decourants “laïques” et “libertaires” qui y ontsurvécu et qui y survivent encore, nonob-stant les représentations et les préjugés ordi-naires sur cette religion. Cela signifie quedes communautés d'hommes et de femmes,dans des contextes de civilisations et de cul-tures différents, sous des bannières, desformes et des symboles en apparence anti-nomiques, se sont rencontrées dans despréoccupations similaires, ont mené lemême combat fondé sur les mêmes idéaux.Le reste, c'est une question de lexique et deconception. Et c'est purement accessoire. Cequi importe plus essentiellement, c'est des'accorder sur des valeurs.

Le libre examen est une discipline d'esprit etde vie qui repose avant tout sur le sens dudiscernement, pas de la destruction. C'estaccorder rigoureusement à chaque chose, saplace et sa mesure, pour définir l'étendue,mais aussi les limites de son autonomie. Cequi compte ici ce n'est pas l'immensité duterritoire couvert, ni le drapeau qu'on yplante, ni la beauté des paysages qu'il con-tient, mais le pouvoir, la liberté qu'on s'oc-troie soi-même de poser des limites et ledroit de les déplacer librement, sans con-trainte extérieure.

La pratique du libre examen n'est pas uneforme d'aristocratie intellectuelle unique-ment dévolue aux seuls laïques et à ceux quise réclament comme tels. C'est exercer sonsens du discernement, en étant capable dedistinguer et de séparer les choses en toutecirconstance. C'est exprimer méthodique-ment la souveraineté de son esprit etassumer pleinement les choix qui endécoulent. Et ce n'est pas forcément tuerDieu, mais le considérer dans sa justemesure, circonscrire son rôle et sa place. “Tuas beau invoquer Allah, dit un proverbemusulman, mais tu cultiveras seul tonchamp !”

Ababacar NDAW

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Amadou Hampâté BÂ 1901-1991

Amadou Hampâté Bâ s'est toujours voulu un citoyen du monde, étranger à toute frontière. Humaniste,à la fois historien, écrivain, philosophe, ethnologue, conteur, mais aussi et surtout défenseur convain-cu du dialogue des cultures et des religions, Amadou Hampâté Bâ est parmi ceux qui auront tracé lavoie à suivre. Son oeuvre appartient au patrimoine culturel de l'humanité et témoigne de la participa-tion de l'Afrique à la culture universelle. Il fut un homme ouvert sur le monde, un homme de cultureet de sagesse, un révélateur.

n'est pas tuer DieuLe libre examen

Albert Jacquard 1929 -

Savant de haut niveau, Albert Jacquard est l'auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation scientifiqueet d'essais dans lesquels il cherche à diffuser une pensée humaniste moderne pour faire évoluer la con-science collective. Agnostique et laïque, il attaque avec vigueur les religions et, plus particulièrement,celles fondées sur une révélation génératrice d'intégrisme. Engagé dans tous les combats sociaux (loge-ment, justice sociale, racisme), Albert Jacquard dénonce également les méfaits du capitalisme etsoulève les problèmes de la société moderne, tels que : la pollution, le gaspillage, la précarité et lesinégalités. De par son œuvre et son engagement social, Albert Jacquard jouit d'une considérationimmense à travers le monde. 21

difficileLe libre-examen

Ayons l'humilité d'admettre que toutetentative de définition d'une attitudephilosophique représente un exerciceintellectuellement périlleux. Tant il estvrai que nos jugements restent tribu-taires de nos préjugés et, a fortiori, denotre engagement politique éventuel.Qu'on le veuille ou non, l'objectivitén'appartient réellement qu'aux sciencesexactes.

Et voilà comment, par exemple, lesvaleurs de liberté et de progrès peuventparaître admises par tous : plus personneaujourd'hui n'aurait le mauvais goût dese proclamer ouvertement réactionnaire.

Il en est de même ici : le libre-examenest supposé être un point de ralliementde l'ensemble de notre communautéuniversitaire. Or le malaise survientlorsque des groupes, en son sein, s'op-posent vivement au nom de ce principe.

Ce dernier devient alors l'enjeu d'unelutte entre tendances, d'une polémiquealimentée de procès d'intention : l'adver-saire est toujours présenté, selon sonstyle ou ses méthodes, comme uncynique ou comme un hypocrite quientend confisquer le prestige d'unenoble cause à des fins étroitement parti-sanes.

Mais il est cependant nécessaire etd'ailleurs possible de clarifier le débat. Lacélèbre formule de Poincaré constitue unexcellent point de départ à nos réfle-xions : “La pensée ne doit jamais sesoumettre, ni à un dogme, ni à un parti,ni à une passion, ni à un intérêt, ni à uneidée préconçue, ni à quoi que ce soit, sice n'est aux faits eux-mêmes, parce que,pour elle, se soumettre, ce serait cesserd'être”.

Ce rationalisme sans failles est un idéal siélevé qu'il en est difficilement accessible.Car il implique la possession d'un ensem-ble de rares qualités morales et intel-lectuelles : une réflexion luxueusementdésintéressée, une bonne foi à l'abri detoute passion, un jugement impartial,une entière indépendance d'esprit, unecapacité à remettre ses opinions encause à la lumière de faits nouveaux etune vaste culture permettant de situercorrectement les informations reçuesdans leur contexte. Il implique, en fin decompte, une autocritique permanente etla recherche systématiquement orga-nisée d'une information en principe com-plexe, c'est-à-dire totale… Le libre-examen serait ainsi comme une disci-pline scientifique, voire une activité quasiprofessionnelle.

A partir de ces constatations se pose unequestion fondamentale : cet idéal doit-ilêtre seulement proposé, en chassegardée, à une prétendue “élite” ou, aucontraire, peut-il s'adresser à l'ensemblede l'humanité ?

La première option tend à opposer libre-examen et engagement : l'action poli-tique est considérée commephilosophiquement “vulgaire”. Et, eneffet, l'élégance morale s'identifie volon-tiers à la neutralité : la circonspection estle confort des purs esprits. Quelquesoccasionnelles proclamations deprincipes suffisent, joliment rédigées, às'assurer bonne conscience en tousdomaines. Pour le reste, l'anticlérica-lisme sous sa forme la plus traditionnelleest de rigueur.

Toute cette conception est, malgré lasolidité de ses racines bourgeoises évi-dentes, depuis longtemps battue en

Dans nos archives…En 1975, dans Les Cahiers du Libre Examen , Marc-Henri Janne écrivait ceci…(1)

brèche par les libre-exaministes“engagés”.

Ceux-ci renonçant à l'égoïsme serein desprivilégiés, ne peuvent se résoudre àobserver plus ou moins passivement lesévénements.

A la vérité, ce qu'ils veulent constam-ment pour eux-mêmes, ils le veulentautant pour les autres. Ils se préoccupentdes conditions d'exercice du libre-examen telles qu'elles s'offrent à autruisans distinction de classe, de race, denation ou de religion. Cela signifie qu'ilsse sentent concernés chaque fois que lesdroits de l'homme sont mis en cause :dans leur propre pays aussi bien qu'àPrague ou Madrid. Car la liberté est indi-visible.

Ce qui les différencie le plus des libre-exaministes “classiques”, c'est une ten-dance profonde à s'attacher aux condi-tions sociales objectives de l'exercice dulibre-examen et à examiner sous cetangle telle situation néocolonialiste, telrégime de “protectorat” économique, telsystème de propriété, telle expansion dusous-emploi, telle discriminationlatente…

Ils se rendent encore compte de cequ'une réelle diffusion du libre-examenau-delà des ghettos intellectuelsimplique évidemment un travail delongue haleine : une authentique

démocratisation de la culture et l'exten-sion des libertés démocratiques.

C'est aussi la longue marche de l'espritcritique, seul antidote à la pression conformiste de l'ordre social, à ses tenta-tions et conditionnements. Et seul anti-dote aux manichéismes et démagogiesqui secrètent l'intolérance.

Toutefois, la tolérance ne peut se confon-dre avec la pusillanimité. D'ailleurs, l'anti-fascisme militant a, dans notreMaison, ses lettres de noblesse.Néanmoins, les libre-exaministes doiventse méfier des définitions, élastiquesparce que subjectives, de certains mots.Ils n'oublient pas que la fin ne peut justi-fier tous les moyens : ces derniers peu-vent parfois la corrompre. Exempts desuffisance, ils savent aussi que l'erreurest humaine. Ils croient, en définitive,qu'un homme n'est pas la somme de sesdoutes et de ses intentions mais biencelle de ses actes.

Savoir donc prendre ses responsabilités,telle est la voie difficile du libre-examen.

Marc-Henri JANNEAncien Président du Cercle

du Libre-Examen (1967).

(1) Les Cahiers du libre examen, 25e série, n°3, janvier 1975.

Janusz KORCZAK 1878-1942

Janusz Korczak crée en 1912, la Maison de l'Orphelin et y développe pendant 25 ans un système d'éducation où chaque enfant devient “maître de la maison, travailleur et dirigeant à la fois”. Quand en1940, les nazis transférèrent les enfants dans le ghetto juif de Varsovie, Janusz Korczak prit de grosrisques pour assurer leur survie et y organiser l'enseignement scolaire. Le 4 août 1942, Korczak, les édu-cateurs et deux cents orphelins montèrent dans le train qui les mena au camp d'extermination deTreblinka. Janusz Korczak a laissé à l'humanité, outre une immense leçon de courage, une productionlittéraire abondante sur l'école et le rôle de l'éducateur. Comment aimer un enfant est son oeuvre prin-cipale.22

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à l'écoleSensibiliser à la laïcité

Transmettre la Laïcité à l'école, c'est initi-er à des comportements et à un registrede communication plus en adéquationavec la norme sociale et les multiplesréalités de notre société et du monde.Ce n'est pas forcément discourir sur desvaleurs ou des principes, mais surtout,

apprendre un savoir-être et à un savoirsocial commun. Faire accéder à une culture de l'autonomie, de l'interdépen-dance, de l'égalité, de la considération etdu respect des droits, des libertés et desdifférences.

Initier à une culture

La démarche ne doit pas être fondéesur l'exercice d'un discours moral ouphilosophique, mais sur l'apprentissageet l'acquisition de compétences et d'ha-biletés à communiquer et à interagir positivement avec d'autres.Elle vise à apprendre des comportementsdont les plus essentiels sont :

La pratique du débat

Transmettre la laïcité à l'école, c'estfaciliter un dialogue, une compréhensionmutuelle, un esprit d'ouverture et decoopération entre tous les élèves.Les animations sont des espaces qui seconstruisent autour des échanges et deleurs contenus. Cependant l'importantn'est pas d'arriver à des résultats en ter-mes de discussion, ni même de convain-cre ; mais de créer l'habitude de se par-ler, de s'écouter, de discuter, de confron-ter des points de vue dans une intentionconstructive et d'avoir des règles et unmode de communication.Les débats quel qu'en soit le thème sontavant tout des exercices pour libérer laparole, la conscience critique et le sensdu jugement en permettant la confronta-tion des points de vue.

L' exercice de la responsabilité indi-viduelle et collective

Développer le sens social par la prise deconscience des liens sociaux et des atti-tudes qu'ils imposent vis à vis de soi etdes autres. Dans cet objectif, les partici-

pants sont souvent amenés à s'exprimerindividuellement et collectivement surune situation réelle et à faire des choixqui les engagent aux mêmes titres. Cetapprentissage se fait par des mises ensituation, c'est à dire la confrontationavec des faits et des actes qu'ilsimposent.

L'aptitude à la communication et à lacoopération

Vivre ensemble, c'est pouvoir communi-quer de façon non conflictuelle.Cette compétence se construit par le tra-vail en groupes qui permet les échanges,les confrontations et les constructionscommunes. Dans une classe où lesélèves se parlent rarement en tant quecommunauté, cette méthode de travailfavorise la communication, renforce lescapacités à dépasser les conflits et lesantagonismes, éveille l'intérêt pourautrui.

Le sens critique

C'est la capacité à forger son propre juge-ment mais aussi, à le défendre, à le rela-tiviser, à accepter d'y revenir et de con-cevoir que quelqu'un d'autre puissepenser le contraire et avoir raison. Elle setravaille surtout dans les sous-groupesde discussions où chaque participant estinvité à exprimer un point de vue per-sonnel sur une question et à le justifierpar une argumentation.

Apprendre des comportements

Sensibiliser à la laïcité dans les écoles,c'est faire un travail de déconstruction dementalités et de comportements relatifsà des groupes sociaux (femmes, person-nes handicapées, chômeurs), desminorités (homosexuels, immigrés), descommunautés culturelles, de croyancesou d'idéologies. Il implique le démantèlement d'idéesreçues, de clichés, de représentations, de

stéréotypes et de constructions cul-turelles. C'est un travail qui demandefoncièrement du temps et un suivi. Il nepeut donc que s élaborer sur la durée etsur la base d'un programme. D'où l'exigence de travailler par projetpédagogique élaboré en accord avec ladirection de l'école, l'enseignant etéventuellement la classe.

Travailler par projets pédagogiques

Face aux échecs combinés de l'éducationà la citoyenneté et de l'éducation à l'in-terculturel, être une alternative laïque deconstruction de culture publique com-mune intégrant l'ensemble des dif-férences et pouvant constituer pour cha-cun une garantie pour la protection de

son identité et le respect de ses droits etlibertés. Cette alternative, c'est la culturede la Diversité.

Ababacar NDAW

Représenter une alternative

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Amartya Sen - Editions Payot, Paris, 2005.

“L'apparente modestie occidentale qui prend la forme d'une humble réticence à promouvoir le « con-cept occidental de démocratie » dans le monde non occidental correspond en réalité à l'appropriationimpérieuse d'un héritage global, comme s'il était exclusivement celui de l'Occident. Le doute qui existequant à la « promotion » des idées occidentales auprès des sociétés non occidentales se combine à l'ab-sence totale de doute quant à la conception de la démocratie comme une idée occidentale dans saquintessence, une conception immaculée de l'Occident.”

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des autresLa démocratie

L'acceptation progressive de la démocra-tie en tant que valeur universelle estpour Amartya Sen l'une des évolutionsmajeures de la pensée du XXème siècle.Pour ce Prix Nobel d'économie, la luttepour le modèle démocratique constituele plus grand défi de notre temps. Lesdivers mouvements en sa faveur partoutdans le monde reflètent “la détermina-tion des peuples à se battre pour obtenirle droit à la participation politique et ledroit à faire entendre leur voix demanière effective”. Mais à l'heure où uncertain scepticisme s'exprime quant austatut de la démocratie comme valeuruniverselle et où, à l'instar de SamuelHuntington(3), certains considèrent queses racines se trouvent uniquement dansles signes distinctifs d'une pensée occi-dentale, Amartya Sen revendique unereconnaissance plus complète de l'his-toire des idées sur la démocratie ainsiqu'une vision élargie de ce concept.

Dans une réflexion humaniste etrigoureuse, Amartya Sen rappelle que lesoutien à la cause du pluralisme, à ladiversité et aux libertés fondamentalesse retrouve dans l'histoire de nom-breuses sociétés et que l'idéal du débatpublic n'est pas l'apanage de l'Occident.Des pratiques de consensus du continentafricain, à la longue tradition d'intégra-tion du monde musulman en passant parl'importance de la délibération publique

en Inde, le propos de Sen démontre autravers d'exemples multiples la contribu-tion de l'humanité entière à l'idéaldémocratique. Mettant en garde contreune vision étroite de la démocratie vueen termes de vote et d'élections,Amartya Sen réaffirme la place centraledu débat public, du “gouvernement parla discussion” dans le système démocra-tique. Au-delà de nous pousser à identi-fier les racines historiques profondes desidées démocratiques de par le monde, saréflexion nous invite ainsi à unemeilleure compréhension des exigencesde la démocratie : protection des droitset de la liberté, respect de la légalité,garantie de libre discussion et de circula-tion non censurée de l'information…

A ceux qui proclament, à juste titre, queles pauvres ont avant tout besoin depain, Amartya Sen rappelle l'importancedu rôle protecteur de la démocratie etdéplore que la portée et l'efficacité d'undébat ouvert soient souvent sous-estimées dans l'évaluation des problèmes sociaux et politiques, ainsique dans la définition des “besoins”, ycompris des “besoins économiques”. Laforce de la réflexion d'Amartya Sen estde replacer l'enjeu démocratique aucœur même de la conception dedéveloppement.

Sophie LÉONARD

(1) Democracy as a Universal Value (texte du discours prononcé à la Global Conference on Democracyà New Delhi du 14 au 17 février 1999)(2) Amartya Sen, né au Bengale en 1933, a reçu le Prix Nobel d'économie en 1998. Il est recteur duTrinity College de l'université de Cambridge. (3) Samuel Huntington, Le Choc des civilisations, Odile Jacob, Paris, 2000.

Pourquoi la liberté n'est pas une invention de l'Occident(1)

Amartya Sen(2)

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PORTAILEnjeux globaux et humanisme

international

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http://www.urfig.org Les trois universitaires qui ont mis sur piedl'Unité de Recherche, de Formation etd'Information sur la Globalisation font un tra-vail remarquable de vulgarisation des enjeuxeuropéens et internationaux expliquantclairement les dangers que la mise en œuvredes décisions des instances économiquesinternationales fait courir à l'humanité toutentière.

http://www.gresea.be Le Groupe de Recherche pour une StratégieEconomique Alternative, créé à l'initiative deresponsables d'ONG, de syndicalistes et d'universitaires, analyse les mécanismes del'économie mondiale et leurs impacts sociaux, écologiques et culturels, tant aunord qu'au sud de la planète. Le programme2005 de l'université des alternatives et desmodules de formation de quatre séances surces problématiques seront bientôt consulta-bles en ligne. Les derniers numéros de leurtrimestriel sont intégralement téléchar-geables.

http://www.sudoc.be Créé à l'initiative de plusieurs ONG belgesvoulant regrouper les informations sur lesproblèmes de développement et les problé-matiques Nord/Sud, ce centre de documen-tation virtuel met à votre disposition uneimportante base de données thématiques,regroupant notamment des dossiers péda-gogiques et une foule d'articles de revuesd'associations du nord comme du sud.

http://www.iheu.org/modules/news/(en anglais)L'Union Internationale Humaniste et Ethiqueregroupe plusieurs dizaines d'organisations

laïques du monde entier dont elle fournit lescoordonnées. Elle dispose d'une représenta-tion permanente aux Nations Unies et publiede nombreux articles en provenance des cinqcontinents.

http://www.mlq.qc.caCanada (Quebec) La visite de ce site, membre del'International Humanist and Ethical Unionpermet de se faire une idée de l'histoire, etde l'action du mouvement laïc québécois.

http://www.europe-et-laicite.orgFranceMalgré un graphisme peu attrayant et uncaractère encore très français, le mouvementEurope et Laïcité a le mérite d'avoir proposéune Charte Européenne de la Laïcité. Ilregroupe des informations sur la laïcité dansles différents pays d'Europe occidentale etorientale, mais aussi dans le reste du monde.

http://www.laicite.ch/ - SuisseL'association suisse pour la laïcité a pour but“d'étudier, de faire comprendre et de fairerespecter la laïcité” et a pris position sur laConstitution suisse, la laïcité de l'école,l'Islam, la parité ou encore le mariage deshomosexuels.

http://www.godf.org - FranceLe site du Grand Orient de France, bien conçuet agréable à parcourir, permet de découvrir- ou de redécouvrir- la franc-maçonnerie, àtravers un historique et des explicationsclaires et succinctes. On y trouve aussi uneprésentation de l'Observatoire Internationalde la Laïcité ainsi qu'un livre blanc sur la laïc-ité qui vaut la peine d'être lu.

Olivi@ WELKE

Parce qu'il est essentiel de comprendre les enjeux actuels pour agir efficacement et que ceux-ci ne se posent plus seulement à l'échelle locale, régionale ou nationale, mais aussieuropéenne et mondiale, nous vous proposons quelques adresses prouvant que des problé-matiques complexes sont compréhensibles par tous si elles sont expliquées avec simplicité.Après la réflexion vient le temps de l'action, et nous savons bien dans notre plat pays que l'u-nion fait la force. Puisque les solidarités humanistes appellent des collaborations interna-tionales, nous vous proposons ensuite de partir à la rencontre de fédérations et d'associationslaïques francophones de Suisse, du Canada et de France.

Le Centre laïque d'Ixelles en collaboration avec les AMLd'Auderghem et de Watermael-Boitsfort

Vendredi 15 avril à 20h “La Turquie et l'Europe : avantages et dangers”Lieu : Ecuries de la Maison-Haute, Place Gilson à Watermael-Boitsfort.PPAAFF :: 55 € ((mmeemmbbrreess)) oouu 66,,5500 € ((nnoonn mmeemmbbrreess))RReennsseeiiggnneemmeennttss :: 0022//667733 1133 1122

Le Centre laïque d'Ixelles

Samedi 30 avril à 14h. Fête de la Jeunesse laïque au CERIA d'Anderlecht.Organisation de mariages et de parrainages laïques

Les Amis de la Morale Laïque de Berchem-Sainte-Agathe

Dimanche 20 mars à 10h30Visite guidée de l'exposition “Bêtes, saints, divinités” au Musée international du carnaval etdu masque, rue Saint-Moustier 10 à 7130 Binche. PPAAFF :: 55 € ((mmeemmbbrreess)) oouu 77 € ((nnoonn mmeemmbbrreess)).. RRDDVV àà ll''aaccccuueeiill dduu mmuussééee àà 1100hh ((ccoovvooiittuurraaggeeppoossssiibbllee)).. RReennsseeiiggnneemmeennttss eett iinnssccrriippttiioonnss :: 0022//446655 0099 1144 oouu aammllbbssaa@@cchheelllloo..bbee

L'AML de Schaerbeek en collaboration avec le Collège desBourgmestre et Echevins de Schaerbeek et M. Verzin, Echevinde la culture et du tourisme

Vendredi 15 avril à 18h30 Vernissage de l'exposition de dessins d'enfants sur le thème de “La tolérance”, qui se tien-dra du 16 au 26 avril à l'Hôtel communal, Place Colignon à Schaerbeek. RReennsseeiiggnneemmeennttss :: 0022//442255 1100 6699 ((JJaaccqquueelliinnee CCaauuwweennbbeerrgghh))..

L'AML de Schaerbeek

Samedi 30 avril à 17h. Réception à l'Hôtel communal pour les élèves ayant participé à la 42ème Fête de lajeunesse laïque, Place Colignon à Schaerbeek.RReennsseeiiggnneemmeennttss :: 0022//442255 1100 6699 ((JJaaccqquueelliinnee CCaauuwweennbbeerrgghh))..

L'AML d'Anderlecht

Vendredi 4 mars à 19h30. Conférence “L'euthanasie”, par Jean-Paul Van Vooren, médecin et directeur de l'HôpitalErasme. Lieu : Salle Eugène Baie, rue du Chapelain 7 à Anderlecht.EEnnttrrééee ggrraattuuiittee.. RReennsseeiiggnneemmeennttss :: 0022//552222 2200 5577 oouu aammllaa@@bbeellggaaccoomm..nneett..

La Maison de la Laïcité Lucia de Brouckère

Mardi 8 mars à 19h30. Conférence-débat “Ce que l'aviation a changé dans notre monde... et changera encore”, parM.Jean Rigot, pilote de ligne à la retraite. Rue de la Croix de Fer 60-62 à 1000 Bruxelles(Métro Madou ou Parc).EEnnttrrééee lliibbrree.. RReennsseeiiggnneemmeennttss :: 0022//222233 4466 1133..

Jeudi 24 mars de 15h à 17h. Les soleils de la poésie moderne, Rimbaud et Verlaine. Conférence par Claude Derasse,Journaliste ex-RTBF - Auditoire Guillissen.

Jeudi 14 avril de 15h à 17h. Evolution économique du Vietnam de la fin des années 1980 jusqu'à nos jours. Conférencepar Jacques Nagels, Prof. honoraire de l'ULB, Economiste - Auditoire Guillissen.

Lundi 25 avril de 16h30 à 18h30. Le cubisme ou la naissance du XXe siècle. Conférence par René Dalemans, Directeur hono-raire de l'Académie des Arts de Woluwe-St-Pierre, Historien de l'art - Auditoire Chavanne.

Mardi 3 mai de 14h à 16h. Les religions asiatiques et l'émergence de la laïcité. De Zarathoustra au zen. Conférence parJacques Rifflet, Prof. de Droit, de Politique internationale et d'Analyse des facteurs religieux,Prof. honoraire de l'ISTI et de l'ISA-La Cambre, Chargé d'enseignement à l'UMH - AuditoireGuillissen.

UULLBB -- CCaammppuuss dduu SSoollbboosscchh -- PPrrooggrraammmmee ccoommpplleett eett rreennsseeiiggnneemmeennttss :: 0022 // 665500 2244 2266 oouucceeppuullbb@@uullbb..aacc..bbee -- PPrriixx :: 55 € ppoouurr lleess nnoonn mmeemmbbrreess..

Centre régional du Libre examen

Jeudi 10 mars à 20h. Ciné-débat : “Le blanchiment d'argent ou le crime organisé”. Lieu : Centre d'Action Laïque. Campus de la Plaine ULB - CP 236 - av. A Fraiteur, 1050Bruxelles.

Lundi 18 avril à 20h. Conférence-débat placée sous le signe d' “Une autre voix israélienne”, organisée par l'Uniondes Progressistes Juifs de Belgique et le Centre Régional du Libre examen. Avec la contri-bution de : Oren Medicks, membre de Gush Shalom (Bloc de la Paix),il lutte contre l'occu-pation et contre le Mur de séparation ; Yonatan Shapira, l'un des 27 pilotes qui ont rédigéune lettre ouverte au Ministre de la défense israélienne, exprimant leur refus de participerà des missions de tirs ciblés dans les Territoires occupés ; Elik Elkhanan, un “refuznik” appar-tenant au mouvement des réservistes “Courage to refuse” et à celui du “Forum des Famillesendeuillées israéliennes et palestiniennes”, créé par sa mère Nurit Peled. En présence (nonconfirmée encore) de Madame Pasqualina Napoletano, Députée européenne, Vice-Présidente du Groupe socialiste “Proche-Orient”. Lieu : ULB - Salle Dupréel, avenue Jeanneà 1050 Bruxelles. TTeell :: 0022//553377 8822 4455..

Mercredi 27 avril 2005 de 9h à 18h. Colloque “Des Etats laïques au Moyen-Orient ? Solution d'avenir ?”. Avec la contribution deCharles Conte (chargé de mission de la Ligue de l'enseignement en France), Philippe Grollet(Président du CAL), Roland de Bodt (auteur, co-directeur de la collection “Pierre de taille”chez Luc Pire), Harlem Désir (ancien Président de SOS racisme, Député européen), ArianeHassid (Présidente de Bruxelles Laïque), Patrice Dartevelle (Directeur du magazine “Espacede Libertés”), Mohamed El Battiui (co-auteur du rapport sur “les imams, les mosquées etles professeurs de religion musulmane”), Théo Klein (écrivain, membre du barreau de Pariset du barreau d'Israël, ancien Président du CRIF), Robert Anciaux (Politologue, spécialiste del'histoire des religions au Proche-Orient), Simone Susskind (Présidente de “Actions in theMediterranean”), Pascal Fenaux (Journaliste et sociologue). Lieu : Espace Senghor, Chausséede Wavre 366 (Piétonnier Jourdan) à 1040 Bruxelles.RReennsseeiiggnneemmeennttss eett rréésseerrvvaattiioonnss :: 0022//553355 0066 7788//77 oouu ffssiiddiibbee@@cceennttrreelliibbrreexx..bbee

CPS Ixelles - Planning familial

Tous les jours. consultations gynécologiques, psychologiques, juridiques et sociales. Rue du Vivier 89. TTééll.. :: 0022//664466 4422 7733

Planning Familial d'Auderghem ( CAFRA)

Organisation tous les dimanches de 15h à 17h30. groupe de discussion convivial autour d'un thème choisi par les participants. Lieu : Centrelaïque de Planning Familial d'Auderghem, rue de la Stratégie 45 à 1160 Bruxelles. EE--mmaaiill :: ppllaannnniinngg..aauuddeerrgghheemm@@sskkyynneett..bbee PPaarrttiicciippaattiioonn:: 22 €.. BBaabbyy--ssiittttiinngg ggrraattuuiitt llee 11 eerr

ddiimmaanncchhee ddee cchhaaqquuee mmooiiss..

CEPULB (Conseil de l'Education Permanente de l'ULB)

Sélection de quelques conférences :

Lundi 14 mars de 16h30 à 18h30. Psychologie individuelle et société : les liaisons dangereuses avec l'idéologie fasciste.Conférence par Willy Szafran, Prof. émérite de la VUB, Psychiatre et Psychanalyste -Auditoire Chavanne.

17ème Colloque de la laïcité : “Intégrismes et laïcité”Samedi 12 mars 2005, de 9h30 à 12h30 & de 14h à 17h.Lieu : Château du Karreveld, avenue Jean de la Hoese 3 à 1080 Bruxelles.PAF : 5 € (étudiants : 2 €).Renseignements : 02/476 92 83 ou [email protected] ou www.colloque.faml.laicite.be

Programme

Accueil des participants par Ph. Moureaux - 9h30Introduction générale : Firouzeh Nahavandi (ULB) - 9h451. L'intégrisme catholiqueAnne Morelli (ULB)10h - 10h302. L'intégrisme juifThomas Gergely - 10h30 - 11h

Pause-café - 11h - 11h15

3. L'intégrisme protestantMichel Dandoy - 11h15-11h45 4. Les intégrismes musulmansAlain Grignard - 11h45-12h15

Déjeuner - 12h30 - 14h00

5. Les questions géopolitiquesJacques Rifflet - 14h-14h306. Les fondamentalismes et l'enseignementCharles Susanne (ULB-VUB) - 14h30-15h7. L'intégrisme de l'armée turqueRobert Anciaux (ULB) - 15h-15h30

Pause-café - 15h30-15h45

8. Le pentecotisme et les nouvelles églises africainesJean Musway - 15h45-16h159. Discussion générale présidée par Firouzeh Nahavandi avec la participation dupanel des orateurs - 16h15-17h

Présidente: Ariane HASSIDVice-Présidente: Pascale SCHEERSVice-Président: Michel PETTIAUXSecrétaire: Francis DE COCKTrésorier: Jean-Antoine DE MUYLDER

Philippe BOSSAERTSSara CAPELLUTOCarmen CASTELLANOMichel DUPONCELLEFrancis GODAUXEliane PAULETPaul Henri PHILIPSYvon PONCIN Johannes ROBYN

Fabrice VAN REYMENANT

Sophie LEONARDAbabacar N’DAWOlivia WELKE

Bureau

Administrateurs

Direction

Comitéde rédaction

GRAPHISMECédric BENTZ & Jérôme BAUDETEDITEUR RESPONSABLEAriane HASSID,Présidente de Bruxelles Laïque,18-20 Av. de Stalingrad - 1000 BruxellesABONNEMENTSLa revue est envoyée gratuitement aux membres de Bruxelles Laïque. BruxellesLaïque vous propose une formule d’abonnement de soutien pour un montantminimum de 7€ par an à verser au compte : 068-2258764-49.Les articles signés engagent la seule responsabilité de leurs auteurs.