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Bienvenue sur la Lettre#14 du Réseau 2 ! Avant toute chose, une excellente année à tous ! Pour débuter cette année sur ce qui a fait notre objet de travail durant les deux ans qui viennent de s'écouler, sachez que les textes des interventions de la plénière de la dernière journée d'étude sont désormais disponibles sur le site internet. Ils sont également téléchargeables ci- après. Quant à la prochaine journée d'étude, le thème vous sera communiqué sous peu, de même que l'argument. Pour l'heure, et parce que l'actualité du Réseau 2 c'est aussi l'actualité des institutions, la Lettre de ce début janvier 2017 est consacrée à la récente loi relative aux professions de soins et à son incidence sur l'institution et sur les praticiens qui y interviennent. _____ Les textes de la plénière du 22/09/16 sont désormais accessibles sur le site du Réseau 2 ! Thème de la journée d’étude : Emotions, affects, passions, qu'en dire, qu'en faire ? Le Réseau 2, qu'en dire, qu'en faire ? par Céline Danloy Transformations de l'affect, par Jean-Louis Aucremanne Amour, haine et intime altérité, par Thierry Van de Wijngaert _____

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Bienvenue  sur  la Lettre#14 du Réseau 2 ! Avant toute chose, une excellente année à tous ! Pour débuter cette année sur ce qui a fait notre objet de travail durant les deux ans qui viennent de s'écouler, sachez que les textes des interventions de la plénière de la dernière journée d'étude sont désormais disponibles sur le site internet. Ils sont également téléchargeables ci-après.

Quant à la prochaine journée d'étude, le thème vous sera communiqué sous peu, de même que l'argument. Pour l'heure, et parce que l'actualité du Réseau 2 c'est aussi l'actualité des institutions, la Lettre de ce début janvier 2017 est consacrée à la récente loi relative aux professions de soins et à son incidence sur l'institution et sur les praticiens qui y interviennent.

_____  Les textes de la plénière du 22/09/16 sont désormais accessibles sur le site du Réseau 2 ! Thème de la journée d’étude : Emotions, affects, passions, qu'en dire, qu'en faire ? Le Réseau 2, qu'en dire, qu'en faire ? par Céline Danloy Transformations de l'affect, par Jean-Louis Aucremanne Amour, haine et intime altérité, par Thierry Van de Wijngaert _____

         

 

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 Oeuvre  de  Rob  Gonsalves

La Loi De Block, pas sans effets sur l’institution. Entre recours, pétition et affiliation : les moyens de l’action contre la loi.

par Nadine Page et Céline Danloy

La loi De Block, qui fait entrer la profession « psy » dans le champ médical, la dénature de facto. D’abord parce que, pensée à partir du seul postulat de l’Evidence-based-medicine, elle évacue une dimension centrale pour beaucoup de praticiens, celle de la subjectivité, de la singularité du symptôme ; ensuite parce que de cette logique médicale découle inévitablement une organisation des soins qui n’est pas sans impact sur la pratique elle-même (prescriptions et remboursements, « psychologues-conseil », catégorisation des symptômes, etc.)

Comme vous le savez sans doute, la loi relative aux professions de soins en santé mentale votée le 10 juillet 2016 était d’application depuis le 1er septembre 2016. L’article 11 de cette loi portée par la Ministre de la santé Maggie De Block vient d’être suspendu par la Cour constitutionnelle, qui donne ainsi raison aux 150 requérants rassemblés par Alter-psy[1], en sanctionnant « l’absence de régime transitoire permettant aux psychothérapeutes exerçant avant l’entrée en vigueur de la nouvelle loi de continuer à exercer »[2]. Alter-Psy ayant également introduit un recours en annulation de la loi, la suspension court jusqu’au moment de la décision de la Cour constitutionnelle quant à ce recours en annulation.

D’autres recours en annulation vont par ailleurs être introduits. L’un d’eux est porté par différentes fédérations de services ambulatoires et coordonné par la Ligue bruxelloise francophone pour la santé mentale. Ce recours concerne tout particulièrement les institutions et les professionnels travaillant en institution. C’est le flou qui accompagne la loi, de même que ses conséquences institutionnelles, qui sont dénoncés à travers ce recours.

Et pour cause. Si cette loi devait être maintenue, les conséquences seront lourdes pour le travail en institution ; d’autant plus lourdes qu’elles sont incalculables vu l'imprécision qui caractérise de nombreux termes de la loi.

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Pour ne citer que les plus importants :

•   La définition du « traitement psychothérapeutique » est à ce point vague qu'elle concerne toute pratique d'écoute qui comporte des effets thérapeutiques. Or, l'autorisation d'appliquer un traitement psychothérapeutique est réservée aux seuls psychologues cliniciens, médecins et orthopédagogues cliniciens pouvant démontrer 70 crédits de formation à la psychothérapie dans une université ou une haute école reconnues. Tout praticien ne relevant pas de ces conditions et dont l'intervention comporte l'écoute d'un usager (et donc de possibles effets thérapeutiques) est dès lors susceptible d'être poursuivi pour exercice illégal de la médecine.

•   La surveillance de certains collègues « non-autonomes »[3] par d’autres labellisés « autonomes », ne peut être sans effets sur le travail clinique et pose question : le praticien « surveillant » se voit-il endosser dans le même temps la responsabilité des traitements de ses collègues ? La loi le stipule. Sans pour autant préciser les modalités de ladite « surveillance ». Les commentaires de la ministre à ce propos n'aident pas à la clarification.

A partir de là, quelles conséquences sur l'organisation du travail en institution ? Elles apparaissent à l'évidence. Exit la responsabilité partagée qui caractérise bon nombre d'interventions en institution et qui passe, entre autres, par un travail en équipe pluridisciplinaire centré sur la clinique, c'est-à-dire sur le réel de la souffrance de chaque patient. Exit l'expérience et la richesse cliniques accumulées dans nos institutions, s'orientant des divers courants reconnus de la psychothérapie.

A la découpe de la prise de parole des intervenants répondra celle des usagers de nos institutions ; et la responsabilité la plus élémentaire, mais aussi la plus essentielle, celle d'une parole qui s'engage, ne trouvera plus sa place. Aussi, le mouvement en marche nous concerne tous. Ne serait-ce que par ricochet : le rythme, le ton, la méthode que promeuvent la loi De Block nous donnent une lecture univoque de ce qu’est l’humain et sa santé mentale. Les institutions n’y seront pas éternellement hermétiques. C’est le propre des effets de discours : cela finit toujours par s’infiltrer voire par susciter l'adhésion, en se présentant comme une "évidence". Pour contrer ce mouvement, au-delà des recours, d’autres actions ont été lancées.

Une pétition exigeant le retrait complet de la loi, initiée par le Collectif des Praticiens de la parole[4], a récolté à ce jour près de 3.600 signatures. Elle est disponible sur ce lien : https://www.change.org/p/pour-la-liberté-de-choix-contre-la-bureaucratisation-en-santé-mentale?recruiter=17117511&utm_source=share_petition&utm_medium=copylink La signer, la diffuser, est une manière de s’associer au combat actuel, de faire connaître plus largement ce que cette loi tente de faire taire.

Diffuser, sensibiliser, est une des visées du Collectif des Praticiens de la parole, qui y œuvre tout particulièrement en alertant sur les enjeux de la loi à travers une diffusion importante de textes, d’analyses de la loi et de ce qu’elle véhicule comme idéologie. La récente Lettre ouverte[5] à la Commission des psychologues du Collectif s’inscrit dans le même mouvement,

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dénonçant notamment le manque de représentativité de la Compsy à l’égard de la diversité des pratiques psys. Pour les psychologues inscrits à la Compsy désireux de signer cette Lettre, ne tardez pas[6] !

Ce parti pris de la Compsy, pourtant censée représenter l’ensemble de ses membres, est également dénoncé dans une autre Lettre ouverte[7], émanant cette fois de l'initiative spontanée de quelques psychologues d'associations diverses.

Une autre action, urgente, consiste à se faire représenter valablement au sein du Conseil fédéral des professions des soins de santé mentale. En effet, parce qu’il appliquera les directives de la nouvelle loi, et aura pour fonction d'orienter la politique en santé mentale en remettant des avis au ministre, ce Conseil pèsera sensiblement sur nos pratiques.

C’est dans le but d’y représenter une voix supplémentaire, une voix qui fait valoir la parole du patient comme premier levier du traitement, que l'Association professionnelle des Psychologues cliniciens de la Parole et du Langage, APPELpsy[8], a récemment été créée. Les candidatures des associations doivent être rentrées pour le 30 janvier 2017. Aussi, si à ce jour, APPELpsy remplit tous les critères pour être candidat, le nombre de ses membres pèsera sans nul doute sur son accès au Conseil, raison pour laquelle une affiliation[9] en ce début d’année portera d’autant plus.

Au-delà de la politique en santé mentale, c’est bien la manière dont est prise en compte la dimension spécifiquement humaine, toujours « symptômatique », échappant à tout protocole, qui est ici en jeu.

[1] Alter-Psy (www.alter-psy.org) est un collectif de près de 200 professionnels de la psychothérapie et de la relation d’aide en santé mentale de toutes orientations. [2] http://www.alter-psy.org/Reponse-de-Me-Letellier-au-communique-de-presse-de-la-FBP.html [3] Le titre de "praticien autonome" est réservé aux intervenants LEPSS, à savoir à ceux dont les professions de santé sont reprises dans la loi (du bandagiste au technicien en imagerie médicale) et qui pourraient démontrer une formation à la psychothérapie. Tous les autres, assistants sociaux, assistants en psycho, éducateurs, criminologues, sociologues, philosophes, etc. en sont exclus. Et ce, malgré les nombreuses années de formation en psychothérapie dans des instituts reconnus depuis bien longtemps que certains d'entre eux peuvent démontrer. [4] COBES-COPEL est un collectif qui œuvre contre la récente loi sur les professions des soins de Santé Mentale ainsi que contre ses applications. Les informations et détails de l’action du COBES-COPEL sont disponibles sur la page Facebook du Collectif, reprise sous le nom « Collectif des Praticiens de la parole ». Il est également possible de s’inscrire sur la liste du COBES-COPEL à l’adresse [email protected], inscription qui donne accès à l’ensemble des textes et analyses du Collectif. [5] La Lettre est disponible sur la page Facebook du Collectif des Praticiens de la parole ou via la liste du COBES-COPEL. [6] Pour ce faire, envoyez un mail à l’adresse [email protected]. Indiquez dans l’objet du mail votre prénom, nom et ajoutez la mention « psychologue ». [7] La Lettre ouverte lancée par Alter-Psy est disponible sur la page Facebook et sur le site internet d’Alter-Psy (http://www.alter-psy.org) [8] www.appelpsy.be [9] http://www.appelpsy.be/index.php/fr/adhesion/