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1 BEAUPORT : de l’origine à sa fermeture 1°) L’empire SOUQUES Quatre noms ont marqué Beauport, celui de Pierre Guillaume RUILLIERT-BEAUPORT, descendant de la famille Ruillier qui achète en 1813 une habitation de 96 ha avec 70 esclaves à laquelle il donnera son nom : Beauport. celui d’Aman SOUQUES (1801-1877), fondateur de l’usine-centrale. Entrepreneur, il essaya de faire évoluer le système agricole sucrier vers une véritable industrie, et tenta, avec quelques autres, d'apporter des solutions concrètes aux multiples crises qui frappèrent l’industrie sucrière au XIX e siècle, Collection Claude TILLIET LE DENTU celui d’Ernest SOUQUES (1831-1908), son fils cadet. Il fut un des plus grands industriels guadeloupéens de la fin du siècle dernier, mais aussi homme politique et président du conseil général de Guadeloupe. Sa personnalité très controversée a déjà fait couler beaucoup d'encre, et il ne semble pas vraiment pouvoir bénéficier de la même réputation de "bienveillance" qu'avait son père. Cet euphémisme étant aussi bien valable dans le public que dans sa propre famille! Image hebergement.ac-poitiers.fr celui de Jean-François CAIL, constructeur mécanicien installé sur les rives de la Seine à Paris et associé de la famille Souques. Quelques dates ont marqué l’histoire de Beauport : Vers 1826 : Arrivée à Port-Louis d’Aman SOUQUES 1 Originaire de Saint-Gaudens (Haute-Garonne), Aman Souques (1801-1877) arrive à la Guadeloupe vers 1826, grâce à deux de ses oncles maternels Audibert et Sylvain Montalègre, le premier propriétaire de l’habitation « Montalègre », le deuxième de l’habitation « Sylvain » sur la commune de Port-Louis. Il a 26 ans et achète sa première habitation, "Casse Moustache". Fort de l'expérience de ses oncles, il adopte une politique "matrimoniale" et , en 1828, épouse une fille de propriétaire terrien, Zoë Guerry. Ils eurent 11 enfants dont 3 moururent en bas âge. Les cinq premiers, Auguste (1829), Amantine (1830), Ernest (1831), Uranie (1832) et Léontine (1834), naquirent en l'habitation de leur grand-père Guerry. Les trois derniers, Amédée (1836), Clémence (1837) et Lydie (1841), virent le jour sur l'habitation de leur père, à Beauport. 1 d’après Extrait de Généalogie et Histoire de la Caraïbe N° 62 juillet-août 1994 pages 1116-1117 Aman SOUQUES ou Un gascon à la conquête du sucre antillais au XIXe siècle Nicolas Javary

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BEAUPORT : de l’origine à sa fermeture

1°) L’empire SOUQUES

Quatre noms ont marqué Beauport, • celui de Pierre Guillaume RUILLIERT-BEAUPORT, descendant de la famille Ruillier qui

achète en 1813 une habitation de 96 ha avec 70 esclaves à laquelle il donnera son nom : Beauport.

• celui d’Aman SOUQUES (1801-1877), fondateur de l’usine-centrale. Entrepreneur, il essaya de faire évoluer le système agricole sucrier vers une véritable industrie, et tenta, avec quelques autres, d'apporter des solutions concrètes aux multiples crises qui frappèrent l’industrie sucrière au XIXe siècle,

• celui d’Ernest SOUQUES (1831-1908), son fils cadet. Il fut un

des plus grands industriels guadeloupéens de la fin du siècle dernier, mais aussi homme politique et président du conseil général de Guadeloupe. Sa personnalité très controversée a déjà fait couler beaucoup d'encre, et il ne semble pas vraiment pouvoir bénéficier de la même réputation de "bienveillance" qu'avait son père. Cet euphémisme étant aussi bien valable dans le public que dans sa propre famille!

• celui de Jean-François CAIL, constructeur mécanicien installé sur rives de la Seine à Paris et associé de la famille Souques.

Quelques dates ont marqué l’histoire de Beauport :

Vers 1826 : Arrivée à Port-Louis d’Aman SOUQUES1 Originaire de Saint-Gaudens (Haute-Garonne), Aman Souques (1801-1877) arri1826, grâce à deux de ses oncles maternels Audibert et Sylvain Montalègre, de l’habitation « Montalègre », le deuxième de l’habitation « Sylvain » sur la coma 26 ans et achète sa première habitation, "Casse Moustache". Fort doncles, il adopte une politique "matrimoniale" et , en 1828, épouse une fille dZoë Guerry. Ils eurent 11 enfants dont 3 moururent en bas âge. Les cinq preAmantine (1830), Ernest (1831), Uranie (1832) et Léontine (1834), naquirentgrand-père Guerry. Les trois derniers, Amédée (1836), Clémence (1837) et Lydsur l'habitation de leur père, à Beauport.

1 d’après Extrait de Généalogie et Histoire de la Caraïbe N° 62 juillet-août 1994 pages 11ou Un gascon à la conquête du sucre antillais au XIXe siècle Nicolas Javary

Collection Claude TILLIET LE DENTU

Image hebergement.ac-poitiers.fr

les

ve à la Guadeloupe vers le premier propriétaire mune de Port-Louis. Il e l'expérience de ses e propriétaire terrien, miers, Auguste (1829), en l'habitation de leur ie (1841), virent le jour

16-1117 Aman SOUQUES

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En 1836, Aman Souques achète l’habitation Beauport, au Port-Louis. Elle était auparavant, depuis 1813, la propriété de Pierre-Guillaume Ruillier-Beauport qui la tenait lui-même de sa mère, Anne-Marthe Titéca-Beauport. Quelques années plus tard, il achète l'habitation Lalanne, située également au Port-Louis. Il y fera construire un caveau pour sa fille Léontine qui, de santé délicate, mourut jeune. Ce caveau existe toujours, ceint d'une grille rouge et regardant au loin la mer. En 1843 : 65% des habitations sucrières subissent des dommages graves causés par un violent tremblement de terre en Guadeloupe. Les producteurs affolés se tournent vers la France en pleine révolution industrielle, et décident de s’unir afin de mettre ensemble les capitaux nécessaires pour appliquer les techniques nouvelles de fabrication du sucre. Décidé à faire entrer l'industrie chez lui, Aman Souque fait installer dès 1843 à Beauport, l'un des premiers moulins à vapeur de Guadeloupe. En 1845, il acheta l'usine "La Trinité", toujours au Port-Louis. Puis il fait construire sur son habitation Beauport, un "petit château à la française", selon l'expression restée dans la famille. Il n'existe plus de nos jours. Ses conquêtes industrielles ne lui firent pas oublier la médecine et, docteur, il sut prendre soin de la population locale et s'attirer l'estime des habitants, comme la tradition l'a rapporté. Il devint ainsi maire du Port-Louis vers 1845 et le resta environ 20 ans. Il sera conseiller général de Guadeloupe et chevalier de la Légion d'honneur. A la libération de l'esclavage, en 1848, il fit figure de planteur "modèle", comme l'écrit Alain Garnier en 1990 : "Par son autorité et un salaire, même minimum, mais effectivement payé, il était capable de maintenir sa récolte (...). Alors que la plupart des colons (...) prédisaient la pire apocalypse." A cette époque, il était donc propriétaire des habitations Beauport, Lalanne, Casse-Moustache et de l'usine La Trinité. Il avait reçu de sa femme l'habitation Guerry et par les Montalègre, l'habitation Sarragot. Son domaine s'étendait sur 700 à 800 hectares. En 1860, Beauport est la 8ème habitation de l'île par l'importance de sa production, qui s'élève à 175 tonnes, pour une moyenne habituelle de 76 tonnes. En 1861, Aman Souques décida de sauter un nouveau pas vers l'industrialisation et, sous l'impulsion de son fils Ernest, créa une nouvelle usine qui sera une des premières "usine centrale" de Guadeloupe. Il le fit grâce au concours de la Société "Jean-François Cail & Cie" de Paris, qui fournirent l'outillage nécessaire. Toutes ces modernisations supposèrent d'énormes investissements qui furent payés bien souvent par emprunts auprès du Crédit Colonial demandant lui-même des hypothèques. Ce fort endettement se révélera critique quelques années plus tard lorsque la crise sucrière s'aggravera. Mais Beauport devient un véritable centre sucrier et absorbe les habitations voisines en les reliant par chemin de fer. 1863 : 1ère campagne sucrière de Beauport. 1864 : des besoins de plus en plus importants en matière d’investissements amènent Souques à vendre le 30 décembre 1864 les 9/15ème de l’usine en paiement du matériel fourni. Sous le nom de « Sucrerie Beauport », puis de « Société sucrière de Port-Louis » en 1876, la société SOUQUES JF CAIL et CIE gère l’entreprise. 1871 : mort de JF CAIL.

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1877 : mort d’Aman Souques Aman Souques s'éteint à 77 ans, le 29 octobre 1877, chez son fils Auguste, à Saint-Claude-Matouba. Il fut inhumé dans un caveau situé sur un morne un peu à l'écart de l'habitation Beauport qui, semble-t-il, n’existe plus aujourd'hui. 1889 : La Société Sucrière de Port-Louis est dissoute. Une nouvelle société, la « société des sucreries de Port-Louis est formée en avril 1890 et absorbe la centrale de Bellevue et celle de Clugny en 1901. 1901 : A la requête du Crédit Foncier Colonial, l’usine et les centres qui en dépendent, sont adjugés à un martiniquais, Fernand Clerc qui s’endette lourdement auprès de son commissionnaire à Bordeaux, Edmond Besse.. 2°) Les négociants bordelais dans le Nord Grande Terre 1908 :Edmond Besse reprend l’usine et en fait apport (l’usine et les propriétés (47 habitations, l’usine de Beauport et ses annexes, 4 lignes de voies ferrées, un appontement, un port, un remorqueur, savanes, forêts…) à la SAUB, Société Anonyme des Usines Beauport. Le très fort endettement et l'aggravation de la crise sucrière, forcèrent la famille Souques à se séparer de ce qu'Aman Souques avait créé. Ils eurent ainsi raison d'une des plus fortes volontés d'industrialisation de Guadeloupe au 19ème siècle. Dès lors ceux que l’on appelle les « négociants bordelais » se retrouvent à la tête d’un vaste domaine comme les chiffres l’attestent : en 1732 l’habitation-sucrerie couvrait 90 hectares, en 1901 le domaine de Beauport couvrait 8000 hectares. La société de gestion du domaine est désormais la SAUB qui se retrouve aux commandes d’un vaste domaine dont les évolutions allaient marquer de façon durable à la fois la vie économique, sociale et culturelle de la région Nord Grande Terre mais aussi la région Guadeloupe dans son ensemble. 3°) Beauport à la recherche d’un impossible équilibre (1945 /1981)

- L’expérience sylvicole C’est sans doute l’opération la plus originale qui s’intègre dans le cadre d’une nouvelle politique foncière de la SAUB : le reboisement de la partie sèche du domaine. On assiste à plusieurs opérations comme l’implantation de contre-vents (haies vives), de cocotiers avec prévision à long terme d’essences comme les mahoganies, les poiriers en vue du développement d’une industrie du bois. Un partenariat avec le service local des Eaux et Forêts permet la conduite de l’opération. Le bilan est cependant très mitigé et deux facteurs expliquent les échecs : le non-suivi de l’expérience et le pâturage incessant des animaux qui nuit aux jeunes pousses.

- La période 1957-1969 Elle marque un nouveau tournant avec un autre type d’opérations foncières. Il s’agira cette fois de mettre en vente des parcelles localisées dans la périphérie du domaine, l’objectif étant de recueillir des capitaux. Par exemple, 615 hectares sont vendus au groupe martiniquais SIMONET –HAYOT. De nombreux lots furent achetés par les colons de la région grâce aux prêts accordés par le Crédit Agricole.

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Pendant cette même période, en 1963, une industrie laitière associée au développement de l’élevage bovin voit le jour. Cette industrie est la SEGT ( lait, yaourt, crèmes) qui connaît un essor très fulgurant dans les années 1960. En 1969 est crée une deuxième filiale, la Société de Panneaux et Agglomérés Guadeloupéens (SPAG) qui utilise la bagasse. Mais la diversification entamée disperse les moyens de la société mère ce qui accroît les difficultés et provoque la première mise en redressement judiciaire de la SAUB en 1969. En 1972, la SAUB est contrainte de trouver des partenaires. Une société multinationale : la SOMDIAA prend une participation de blocage dans le capital de la SAUB et la gestion de Beauport.

- 1976-1990 : la fin d’un grand espoir1

La société SAUB rentre entièrement sous le contrôle de cette multinationale, la SOMDIAA, qui multiplie les efforts de finance et les contrôles de gestion : il faut équilibrer le bilan de la SAUB. Par jugement du 5 octobre 1981 du Tribunal de Commerce de Bordeaux, la SAUB est déclarée en règlement judiciaire. Le groupe Despointes forme la société Beauport SA pour assurer la campagne de 1982. En 1983, la société sucrière de Marie-Galante, la SOCUMAG, devient le premier actionnaire d’une société d’économie mixte à laquelle le Conseil général confie l’exploitation de Beauport. A la fin de 1985, la SOSUMAG, confrontée à une impasse financière, abandonne l'exploitation de la sucrerie de Beauport. En 1986, le Département et la Région se portent acquéreurs en indivision de l’ensemble industriel et agricole de Beauport. L’outil industriel est confié à la Société Coopérative de Production (SCOP). En 1989, le cyclone Hugo cause des dégâts et la liquidation judiciaire de la SCOP intervient le 13 juillet 1990. Quand la Grande -Terre a appris qu'après Blanchet, l'usine de Beauport allait fermer, il y a eu comme un choc. C'était la fin d'une époque. En exécution d’une ordonnance rendue le 15 avril 1992 par le Tribunal de Commerce de Pointe à Pitre, l’ensemble des actifs mobiliers et immobiliers de la SCOP ont été cédés au Département de la Guadeloupe.

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1 d’après document SAFER : « Stratégie foncière et agricole du Conseil Général de la Guadeloupe »

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De la canne au sucre1

La durée et la période de la campagne sucrière varient selon les pays. En Guadeloupe, elle commence en février et se termine en juin. La production sucrière des DOM s’arrête au stade de sucre roux. Transport et réception des cannes La réception des cannes se fait : soit directement à la balance de l’usine soit dans les centres de transfert

Les véhicules transportant la canne sont pesés à l’entrée de l’usine. Un échantillon est alors prélevé pour être analysé. Broyé, sa teneur en sucre ( richesse) est mesurée dans un laboratoire d’analyse. Elle détermine le prix de la canne payé par l’usine au planteur. Les véhicules sont ensuite dirigés vers des tables basculantes ou vers des grues. Les cannes sont soient stockées dans la cour à cannes pour faire fonctionner l’usine le soir et la nuit, soient envoyées directement à l’usine. Du haut d’une cabine de commande, un pontier conduit un pont roulant. Il assure le chargement régulier des tables d’alimentation introduisant les cannes dans la sucrerie. La préparation Le conducteur (convoyeur) de cannes appelé « chaîne à canne » est le tablier roulant par lequel les cannes sont introduites dans l’usine et qui régule l’alimentation en canne des moulins.

Cette chaîne comporte plusieurs appareils : les égaliseurs qui nivèlent le chargement de la canne, les tronçonneuses à l’intérieur du convoyeur, un schredder qui défibre les cannes, Un séparateur magnétique retient les éventuels morceaux de fer.

Le broyage Une batterie de cinq moulins effectue le broyage progressif des cannes. Chaque moulin est formé de trois cylindres, les rollls. La canne est d’abord broyée entre le cylindre d’entrée et le cylindre supérieur, puis entre ce dernier et le cylindre de sortie. La pression augmente de moulin en moulin. L’extraction du sucre est améliorée par imbibition : la canne passant dans les derniers moulins est imbibée 1 D’après : « la sucrerie de cannes » de E. Hugot aux éditions Techniques & Documentation-Lavoisier

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d’eau ou de jus dilué pour faciliter l’épuisement. Le jus extrait est recueilli en dessous des moulins. Le jus est envoyé par des pompes vers un tamis2 (épulpeur) qui retient surtout les parties ligneuses. Les moulins permettent d’extraire 92 à 96% du saccharose contenu dans les cannes. Il faut manier avec soin le jus pour éviter l’inversion du saccharose, c’est à dire sa transformation en glucose et fructose et qui empêcherait la cristallisation. La bagasse, résidu ligneux, tombe sur la « chaîne à bagasse » et est conduite jusqu’au foyer de l’usine où elle est utilisée comme combustible pour produire de la vapeur d’eau et de l’électricité. Le chaulage Le jus contient beaucoup d’impuretés solubles, minérales ou organiques :

- sucres autre que le saccharose ( glucose et fructose) - matières albuminoïdes - acides organiques - matières colorantes (chlorophylle, tanin) - des corps gras (cire) - des sels minéraux

Ces impuretés sont éliminées en majeures partie grâce à l’ajout de lait de chaux. La chaux transforme les acides organiques ( acides oxalique, tartrique) en sels (carboxylates) insolubles et qui précipitent. Les matières albuminoïdes sont coagulées. Une partie des matières pectiques et des matières colorantes est détruite ou précipitée. Il se forme un précipité dû surtout aux matières coagulées. Ce précipité enrobe les impuretés physiques et les entraîne avec lui. La méthode la plus souvent utilisée est le chaulage à froid. On ajoute du lait de chaux obtenu en délayant de la chaux vive CaO ( oxyde de calcium) dans l’eau. Le jus (vesou) venant des moulins est en général à un pH voisin de 5,5. On le chaule jusqu'à pH = 7,2 à 8,3, le plus souvent aux environs de 7,8. On l'envoie alors aux réchauffeurs où il est porté à ébullition. Par sécurité, on cherche toujours à atteindre 103 ou 105 °C. A la sortie du réchauffeur, le jus passe dans un séparateur de vapeur dans lequel il reprend sa température d'ébullition correspondant à la pression atmosphérique, soit 101 °C, en libérant de la vapeur. Il va aussitôt après aux clarificateurs. La décantation sépare les jus traités en deux parties :

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- le jus clair, qui surnage

- les boues, qui se déposent au fond et qui sont évacuées par des pompes.

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La décantation est complète au bout 1 h à 2 h pour les jus de cannes ordinaires. Le jus clair va en fabrication c'est-à-dire, en général, directement à l'évaporation. Les boues doivent auparavant être filtrées, afin de séparer du jus le précipité qu'il contient. L'acidité (ou l'alcalinité) finale du jus allant à l'évaporation n'est pas indifférente. Lorsqu'on veut obtenir du sucre blanc, on doit chercher un jus déféqué acide, et maintenir son pH entre 6,4 et 6,6. Lorsqu'on se contente d'un joli sucre roux, on peut laisser le jus déféqué légèrement basique, avec un pH entre 7,1 et 7,5. De la sorte, on évite tout risque de perte par inversion, qui reste possible dans le cas du jus de pH 6,9. Par contre, le travail en milieu basique augmente considérablement le temps de cuite, la cristallisation étant alors moins facile. Le pH des boues est également suivi. S'il est inférieur de plus de 0,2 au pH du jus clair, il y a lieu de penser qu'il se produit de l'inversion. Il faut alors abaisser le niveau des boues dans le clarificateur. La filtration Les jus clairs sont envoyés vers les évaporateurs. Les boues de décantation sont mélangées avec de la folle bagasse. Elles sont lavées et filtrées dans des filtres rotatifs sous vide. Le jus obtenu est renvoyé au chaulage. Le résidu boueux et noirâtre (tourteau ou écume) est utilisé comme engrais. L’évaporation Le jus épuré contient environ 13% de saccharose. Il faut concentrer cette solution en éliminant l’eau par évaporation. Elle est réalisée sous vide dans un ensemble de plusieurs évaporateurs chauffés à la vapeur. Un évaporateur est constitué par un faisceau tubulaire servant d’échangeur de température. La vapeur de chauffage baigne les tubes par l’extérieur le jus se trouvant à l’intérieur. La chaufferie de l’usine alimente le premier, la vapeur produite par le jus alimente le deuxième et ainsi de suite (évaporation à multiples effets. Le dernier corps est relié à un condenseur muni d’une pompe à vide, ce qui permet d’abaisser la pression de caisse en caisse, la dernière étant sous vide. L’ébullition se fait donc à des températures de plus en plus basses. Le jus a ainsi perdu 75% de son eau s’est transformé en un sirop teinte chocolat.

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Evaporateur de Beauport Evaporateur de Gardel

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La cristallisation Mais, au fur et à mesure que l’on extrait l'eau du jus, la concentration en sucre de la solution augmente jusqu’à l’état de sursaturation. La viscosité du jus augmente rapidement. Lorsque la concentration, mesurée en Brix, atteint 78 à 80, les grains commencent à apparaître et le caractère de la masse transforme: elle passe progressivement de l'état liquide à un état mi-solide. Elle devient la « masse cuite »2. On pousse la concentration à la cuite aussi loin qu'on puisse. Avec des appareils modernes et dans une sucrerie bien contrôlée, on peut atteindre un brix de 98° . Dans les usines moins bien installées, on ne dépasse guère 96° dans les cuites les plus serrées. e

Lorsque la sursaturation a atteint la valeur voulue, on procède au gsoit par attente, soit par choc, c'est-à-dire par l'introduction brusIl ne se fait plus aujourd'hui que par ensemencement. Le bon momede 80. Le cuiseur reconnaissait ce moment par la viscosité du sirop, mprélevait au moyen de la sonde un échantillon de sirop, en prenait ules séparait brusquement : le bon moment correspond à un filet seTrop tôt, le filet se brise dès qu'on sépare les doigts ; trop tard,attend que les instruments (ou la preuve au filet) indiquent la bonne pâte de sucre moulu. Le grain introduit, on ferme la vapeur pour semence ne se dissolvent en passant dans le voisinage de la surfacminutes, puis on continue à concentrer doucement de façon à grossiintroductions de sirop que 2 minutes environ après l'ensemencement

Appareil à cuire de Beauport Appareil Accroissement du grain Après introduction de la pâte dans l'appareil, la sursaturation conminutes. Sitôt ce laps de temps écoulé, il faut commencer à introdu

2Photos C. Bistoquet et C. Daanen

Masse cuit

rainage. Il s'opérait anciennement que d'une «gorgée» de sirop froid. nt correspond à un brix de l'ordre ais aussi par «la preuve au filet. Il

n peu entre le pouce et l'index, et brisant à 2 ou 3 cm de longueur.

il ne se brise plus. Maintenant, on concentration. On introduit alors la éviter que les grains très fins de e de chauffe. On attend quelques r les cristaux. On ne reprendra les

à cuire en continu de Gardel

tinue à augmenter pendant 3 à 5 ire de l'eau de circulation, afin de

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maintenir un taux d'évaporation élevé et une circulation parfaite. On continuera cette introduction pendant 15 à 20 minutes jusqu'à ce que les cristaux deviennent visibles à l’œil nu : on empêche ainsi une augmentation de la sursaturation qui entraînerait la formation de grain secondaire. Dès que le grain est assez gros pour qu'on puisse l'observer sur la plaque, le cuiseur expérimenté peut savoir s'il en a formé trop ou pas assez. S'il y en a trop, il dissoudra une partie par l’introduction massive de grosses charges de sirop. S'il n'y en a pas assez, il n'y a pas de remède : il sera obligé de faire du gros grain, ce qui n'est pas un grand inconvénient pour les sucres de 1er jet, mais ce qui conduit à un moins bon épuisement dans le dernier jet. Pour ne pas avoir un grain irrégulier, il faut éviter soigneusement de refaire du grain : on obtiendrait des cristaux de deux grosseurs différentes, ce qui nuirait beaucoup au turbinage. Tout le reste de la cuite consiste surtout à développer les grains existants sans former de faux-grains (c'est-à-dire de nouveaux grains qui formeraient, soit des grains de grosseur différente rendant le turbinage très difficile, soit une «poussière» susceptible de passer à travers les toiles de turbines et d'enrichir l'égout ou la mélasse. Contrôle des pertes par inversion

Le moyen généralement employé en sucrerie de cannes pour déceler les pertes par inversion au cours de l'évaporation consiste à suivre la concentration en sucres réducteurs du jus. Au laboratoire de l’usine, on vérifie tout au long de la fabrication la concentration des différents sucres par dosage et à l’aide d’un réfractomètre et d’un polarimètre. Le turbinage Les turbines ou centrifugeuses séparent les cristaux de sucre du liquide qui les enrobe pour obtenir des sucres de 1er jet lavés à la vapeur puis des sucres de 2ème et de 3ème jet. Les turbines tournent à 2000 tours par minute. Le séchage et l’ensachage Le sucre cristallisé roux est séché à l’air chaud dans des séchoirs rotatifs, refroidi, séché puis stocké ou conditionné. Le stockage se fait en vrac dans des trémies (430 tonnes) puis le sucre est chargé dans des camions. Enfin, il est achemeiné par bateaux vers les raffineries européennes. La consommation locale s’élève à environ 10 00O tonnes par an. Une tonne de canne à permis de produire environ 115 kg de sucre.

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Panneau récapitulatif

Document FAFSEA

Bliographie La sucrerie de canne de E. Hugot aux éditions Techniques & documentation_Lavoisier La fabrication du sucre de canne – l’usine Gardel outils pédagogiques édité par le Fafseaa

Merci Au personnel de l’usine de Gardel

Photo

C. Bistoquet et C. Daanen

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LA CANNE1

L’origine génétique de la canne à sucre est encore hypothétique. Cependant on s’accorde pour distinguer aujourd’hui six espèces qui évoluent rapidement grâce au principe de sélection variétale. Les cannes se répartissent historiquement en deux groupes :

- Les espèces continentales avec S.spontaneum et S.sinense originaires de Chine et S.barberi d’Inde. Cette dernière a été introduite par les Arabes jusqu’au Maroc et par Christophe Colomb dans les Antilles.

- Les espèces insulaires avec comme base la Nouvelle-Guinée représentée par S.robustum. Actuellement les cannes cultivées sont toutes des variétés hybrides issues de croisement d’espèces riches en sucre, cannes « nobles » (S. officinarum) et d’espèces vigoureuses et résistantes aux maladies, principalement S. spontaneum.

Le cycle végétatif

La canne à sucre se multiplie par bouturage à partir d’une partie de la tige. Son cycle de développement comporte six phases s’étalant en Guadeloupe sur 11 à 18 mois. Sa « durée de vie » totale est de 4 à 10 ans. Plantation et levée : de l’œil aux racines Les boutures avec des bourgeons (yeux) sont posées au fond d’un sillon puis recouvertes de terre. Les bourgeons germent pour donner des tiges tandis que des radicelles puis des racines se forment. Tallage : compter sur ses propres tiges Certains bourgeons des tiges enterrées donnent eux-mêmes de nouvelles tiges dites secondaires qui sont dotées de leurs propres racines. Ces tiges se multiplieront pour aboutir à des touffes de 5 à 20 cannes. Croissance : voir grand Le bourgeon terminal de chaque tige donne naissance à une suite de nœuds (avec bourgeons) et d’entre nœuds. Les tiges, les feuilles et les racines se développent, atteignant de 2 à 5 mètres de haut et de 2 à 5 cm de diamètre Floraison : s’épanouir avec parcimonie Lorsque les jours diminuent , le bourgeon se transforme, selon le climat et la variété, en hampe fleurie (inflorescence). Maturation : fabriquer du sucre Sous l’influence combinée du froid (même relatif) et du manque d’eau le saccharose s’accumule dans les tiges tandis qu’y diminuent la quantité de glucose, l’acidité et la teneur en eau. 1 Textes du dédale

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Récolte et repousse : repartir vers une nouvelle vie La tige entière est coupée au ras du sol. La souche restant en terre développera de nouvelles tiges et racines. Un nouveau cycle de récolte démarre. Remarque : le rendement agricole :40 à 210 tonnes /hectare

La culture La culture de la canne à sucre en Guadeloupe s’inscrit dans un cycle long, sur plusieurs années : la canne coupée repousse puis est à nouveau coupée. L’agriculteur doit être vigilant à chaque étape de son cycle végétatif car c’est en effet sa qualité qui déterminera sa teneur en saccharose ( sucre) et donc le prix payé par l’usine. Avant de planter les nouvelles cannes, la préparation du sol permet une bonne aération en profondeur :les racines s’enfoncent mieux, se nourrissent facilement et donc se développent bien. L’agriculteur choisit la variété de canne à planter en fonction du type de sol, de la pluviométrie et de la conduite de la culture. Il met les boutures en terre (7 à 8 tonnes par hectare) placées en files dans des sillons de 15 à 20 cm de profondeur et espacés d’environ 1m60.

La création variétale On croyait auparavant la canne stérile mais en 1888 on découvre que sa graine peut germer. Il est désormais possible de croiser artificiellement des cannes aux caractères complémentaires afin de créer des nouvelles variétés : la sélection variétale peut se développer.

La sélection variétale a pour objectif de créer des variétés toujours plus performantes en termes de rendement, de résistance aux maladies, de richesse en sucre mais aussi mieux adaptées aux conditions de culture propres à chaque pays. Les cannes d’aujourd’hui ne seront pas celles de demain ! En Guadeloupe, le CIRAD Centre de Coopération Internationale de Recherche Agronomique pour le Développement) crée chaque année environ 20 000 clones différents de cannes à sucre à partir de 150 à 190 croisements contrôlés. CIRAD (Le processus de création variétale s’organise en deux principales étapes successives : l’hybridation et la sélection L’hybridation consiste à croiser deux à deux des fleurs de variétés mâles et femelles possédant des qualités complémentaires que l’on cherche à combiner. Par exemple, une variété riche en sucre avec une variété à fort rendement mais sensible à une certaine maladie. Au terme de la maturation, des graines sont récoltées, mises à germer puis semées. Le principe de la sélection consiste à éliminer, parmi les dizaines de milliers de variétés obtenues grâce aux hybridations, toutes celles qui s’avèrent inférieures à des variétés déjà existantes. Celui-ci repose sur un travail d’investigation scientifique méticuleux et d’expérimentation dans les champs qui s’échelonnent sur 12 à 15 ans. Sur 10.000 graines semées en année 1 les chercheurs retiendront au final, en année 12, 8 nouvelles variétés.

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La présence en Guadeloupe de maladies graves transmissibles par les boutures a conduit la profession sucrière à adopter un système de pépinières issues de végétaux sains obtenus par culture in vitro, hors de tout foyer de contagion. Chaque année, 20 000 vitroplants de variétés performantes et assainies sont ainsi mis à la disposition de la filière.

L’influence du climat La canne à sucre exige pour son développement des conditions climatiques associant chaleur et humidité mais selon un calendrier bien spécifique. Pendant la saison chaude et humide, la canne assure sa croissance en utilisant l’eau conservée dans le sol afin d’y puiser les éléments minéraux nécessaires ( 1500mm d’eau/ha nécessaires pour obtenir 80 à 100 tonnes de cannes). Cette eau est ensuite éliminée par évaporation et par la transpiration des feuilles. Pendant la saison sèche, la canne commence sa phase de maturation lorsque la différence de température jour- nuit est la plus importante. L’absorption et l’évaporation de l’eau diminuent progressivement sous l’influence combinée de la fraîcheur relative des nuits, du manque d’eau et de la diminution de la durée du jour. La croissance s’arrête, la teneur en eau des tiges diminue tandis que le saccharose s’y accumule. Dans le Nord Grande-Terre, les techniques de culture et les chiffres de la production cannière sont tributaires de conditions climatiques très particulières : carême (saison sèche) très accusé de février à mai, fortes pluies d’août à novembre et variation des précipitations du simple au double d’une année sur l’autre.

Les sols de Beauport La composition très particulière des sols du bassin cannier de Beauport peut selon les conditions climatiques s ‘avérer un handicap ou un atout pour la culture de la canne. Le relief du Nord Grande-Terre est caractérisé par un vaste plateau calcaire entrecoupé de larges vallées argileuses. Les sols des champs de cannes de Beauport constituent un terroir très particulier : les argiles noires collantes qui les composent rendent la terre très fertile. Le problème est de la rendre moins lourde afin d’éviter la formation de plaques d’argile dures et étanches retenant l’eau. A terme, celle-ci noie les racines et fait donc dépérir les cannes. En cas de fortes pluies, un drainage doit être méthodiquement organisé et les cannes cultivées sur des petits monticules ( bions) très accentués et séparés par de profonds canaux. Par contre, ces sols appelés vertisols peuvent s’avérer très utiles, notamment en période de sécheresse. L’eau retenue par ces argiles constitue pour les cannes des réserves dans lesquelles elles puisent afin de poursuivre leur croissance dans de bonnes conditions. Cela évite d’avoir recours à des systèmes d’irrigation relativement onéreux.

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Les ennemis de la canne La chenille d’un petit papillon nocturne appelé borer est un des ennemis jurés de la canne : elle creuse les cannes, provoque leur casse, abaisse leur richesse en saccharose et donc le prix payé à l’agriculteur par l’usine. Les papillons pondent des œufs qui donneront des chenilles. Elles entrent dans la tige et creusent des galeries où elles forment des chrysalides qui se transforment en papillons. Le borer est responsable d’une perte de 10 % dans la production mondiale de canne à sucre. Les scientifiques utilisent les prédateurs du borer afin de l’éliminer. Ils lâchent dans les plantations des guêpes d’Asie, des mouches de Cuba et des mouches d’Amazonie. Ces insectes pondent des œufs dans la chenille du borer et les larves se nourrissent des tissus de la chenille qui meurt. L’infestation des champs de cannes est ainsi limitée à 5 %. Des champignons (charbon, mildiou, rouille, pourriture rouge), des bactéries (échaudement, rabougrissement), et des virus (mosaïque, maladie de Fidji) peuvent attaquer la canne. Des traitements appropriés mais surtout la sélection variétale permettent de combattre efficacement ces maladies. En Guadeloupe, comme dans tous les pays producteurs, le rat est actuellement le ravageur le plus nuisible de la canne à sucre. Les rats consomment les tiges des cannes au niveau des entrenœuds situés à leur hauteur. Leurs attaques entraînent la casse, le dessèchement et la pourriture des tiges. D’autres parasites s’installent dans la canne à partir de leurs morsures entraînant des pertes de 5 à 10 % de la production et une baisse de la teneur en saccharose. Les agriculteurs doivent réaliser une campagne de dératisation dans les six mois qui suivent la plantation ou la coupe. Les chenilles phytophages Elles s’attaquent aux plantations mal désherbées . Leur développement est en effet lié à celui de certaines mauvaises herbes à feuilles larges. La saccharosydnéa saccharivora Cet insecte de type piqueur/suceur dépose sur la canne une substance qui favorise le développement d’un champignon : la fumagine. Il apparaît sur les pousses de jeunes cannes sous la forme d’épaisses croûtes ayant l’aspect de moisissures noires.