basile valentin-le dernier testament-livres i v

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 BASILE VALENTIN LE DERNIER TESTAMENT 1 L ED ER N IERTES T AMEN T L iv r es I, II, III, I V e t V D UTES TAMEN TD EB AS I LEV ALENTI N d a n s l eq u el s on t mo n t rées l es m i n es , l ' ori g i n e d ' i cel l es , l eu rs n a t u res et p rop ri ét és .

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LE DERNIER TESTAMENT

Basile ValentinLe dernier Testament1

LE DERNIER TESTAMENT

Livres I, II, III, IV et V

DU TESTAMENT DE BASILE VALENTIN

dans lequel sont montres les mines, l'origine d'icelles,

leurs natures et proprits.

Table des Chapitres

PREMIERE PARTIE

5

CHAPITRE I : DE LIQUORE METALLORUM AETHEREO OU DU FERCH OU FERTILIT DU MTAL

HYPERLINK \l "A002"

CHAPITRE II: DE SEMINE METALLORUM OU DE LA SEMENCE DES MTAUX

CHAPITRE II : DE SEMINE METALLORUM OU DE LA SEMENCE DES MTAUXCHAPITRE IV : DE OFFICINA METALLORUM OU DE LA BOUTIQUE ET PLACE TABLIES POUR LE TRAVAIL DES MTAUX DANS LES MINESCHAPITRE V : DE EGRESSIONE ET INGRESSIONE METALLORUM OU DE L'ISSUE ET ENTRE DES MTAUX

HYPERLINK \l "A006"

CHAPITRE VI : DE RESOLUTIONE ET REDUCTIONE METALLORUM OU DE LA RSOLUTION OU FLUX ET RDUCTION DES MTAUX

CHAPITRE VII : DE ASCENSIONE ET DESCENSIONE METALLORUM OU DU CROISSANT ET DCOURS DES MTAUXCHAPITRE VIII : DE METALLO RESPIRANTE OU DU MTAL VIVANTCHAPITRE IX : DE METALLO EXPIRANTE OU DU MTAL MORT

HYPERLINK \l "A010"

CHAPITRE X : DE METALLO PURO OU DU MTAL FIN

CHAPITRE XI : DE METALLO IMPURO OU DU MTAL IMPUR

HYPERLINK \l "Ref12"

CHAPITRE XII : DE METALLO PERFECTO OU DU MTAL ACCOMPLI

CHAPITRE XIII : DE METALLO IMPERFECTO OU DU MTAL NON PERFECTIONN

HYPERLINK \l "Ref14"

CHAPITRE XIV : DE METALLO VREDINUM OU DU METAL SAVON

CHAPITRE XV : DE INHALATIONE OU DE LA WITTERUNG EN DEDANSCHAPITRE XVI : DE EXHALATIONE OU DE L'ARDEUR ARIENNE EXTRAYANTECHAPITRE XVII : DE CORUSCATIONE OU DE L'ARDEUR ARIENNE ASSISTANTE

HYPERLINK \l "Ref18"

CHAPITRE XVIII : DE FOLIO ET SPOLIO OU DE LA BLUETTE ET TINCELLE

CHAPITRE XIX : DE FULIGINE ET CINERE OU DE LA SUIE ET CENDRECHAPITRE XX : DE SCOBE ET AQUA METALLICA OU DU SCHLICH C'EST--DIRE DU REJET DE LA TERRE ET DE LA LESSIVE OU EAU MTALLIQUE

HYPERLINK \l "Ref21"

CHAPITRE XXI : DE SCORIA ET EXUVIO SPERMATIS OU DU SINTER ET DU SCHWADEN

CHAPITRE XXII : DE LUCENTE VIRGULA OU DE LA VERGE CLAIRANTECHAPITRE XXIII : DE VIRGULA CANDENTE OU DE LA VERGE BRULANTE

HYPERLINK \l "Ref24"

CHAPITRE XXIV : DE SALIA VIRGULA OU DE LA VERGE SAILLANTE

CHAPITRE XXV : DE FURCILLA OU DE LA VERGE TRANSCENDANTECHAPITRE XXVI : DE VIRGULA TREPIDANTE OU DE LA VERGE TREMBLOTANTECHAPITRE XXVII : DE VIRGULA CADENTE OU DE LA VERGE TOMBANTECHAPITRE XXVIII : DE OBVIA VIRGULA OU DE LA VERGE SUPRIEURE

HYPERLINK \l "Ref29"

CHAPITRE XXIX : DE VAPORIBUS QUIESCENTIBUS OU DE LA VAPEUR POSE

CHAPITRE XXX : DE HALITU MELUSO OU DU SEL TEMPORAIN

HYPERLINK \l "Ref31"

CHAPITRE XXXI : DE COTE METALLICO OU DU SEL PIERRIER

CHAPITRE XXXII : DE STAGNIS SUBTERRANEIS OU DU PRIL DE L'EAUCHAPITRE XXXIII : DE AURO METALLICO OU DE LA COUCHE DE LA MINECHAPITRE XXXIV : DE FLUORIBUS METALLICIS OU DES COULEMENTS OU FLUX MTALLIQUESCHAPITRE XXXV : DE CRETA OU DE LA FARINE PIERRIRECHAPITRE XXXVI : DE SPIRONE OU DE LA VESSIECHAPITRE XXXVII : DE PULFA OU DE L'INSTRUMENT A ROMPRECHAPITRE XXXVIII : DE CRATERE OU DU FEU LUISANTCHAPITRE XXXIX : DE GLUTINE OU DE LA POIX DES MINESCHAPITRE XL : DE TRUTE OU DE L'INSTRUMENT POSCHAPITRE XLI : DE TRAHA OU DE L'INSTRUMENT LEVERCHAPITRE XLII : DE FRIGORE OU DU FROID DE LA MINECHAPITRE XLIII : DE IGNE INFLAMMANTE OU DU FEU FLAMBOYANTCHAPITRE XLIV : DE IGNE TORRENTE OU DU FEU DE GRILLECHAPITRE XLV : DE IGNE CORRODENTE OU DU FEU ARDENT D' ERZ OU VHMENTCHAPITRE XLVI : DE IGNE CANDENTE OU DU FEU GLUANTCHAPITRE XLVII : DE IGNE INCUBANTE OU DU FEU DE LAMPECHAPITRE XLVIII : DE IGNE FRIGIDO OU DU FEU FROIDCHAPITRE XLIX : DE IGNE CALIDO OU DU FEU CHAUDSECONDE PARTIE

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CHAPITRE I : DE L'ENSEIGNEMENT DES LIEUX MONTAGNEUX, DES MONTAGNES ET DES ANTRES ; SEMBLABLEMENT DES MONTAGNES QU'ON SURNOMME MOYENNES ET DU RESTE DES LIEUX MONTAGNEUXCHAPITRE II : DES OPRATIONS GNRALES DES MTAUX SPARS OU DISTINGUSCHAPITRE III : DE L'OR, DE SA MASSE DE PIERRE, DE SON OPRATION ET ESPCE, ET DES PASSAGES O IL HANTE ET FRQUENTECHAPITRE IV : DE LA MINE D ARGENT, DE SES MONTAGNES, OPRATIONS, ESPECES ET SENTIERS ORDINAIRESCHAPITRE V : DU METAL D AIRAIN OU MINE DE CUIVRE, DE SA PIERRE, DE SON OPRATION ET DES PASSAGES QU'IL FRQUENTECHAPITRE VI : DE LA MINE DE FER, DE SA MONTAGNE, DE SON OPRATION, [SES] BTONS, FLOTS OU PONTS ET PERTUIS OU PASSAGESCHAPITRE VII : DE LA MINE DE PLOMB, DE SA MONTAGNE, DE SON ESPECE ET SENTIERS O IL SE TRANECHAPITRE VIII : DE L TAIN, DE SES MONTAGNES, EFFETS, OPRATIONS, VERTUS, CHICOTS OU BOIS RESTANT EN TERRE, FLOTS, ATTRAPES, VNEMENTS OU PEAUX ET FINALEMENT DE SES PASSAGES, SILLONS QU'IL FRQUENTE OU FRLE

HYPERLINK \l "Ref59"

CHAPITRE IX : DE LA MINE DE VIF-ARGENT ET DE SES VEINES, SILLONS, PASSAGES OU LIEUX QU'IL FRQUENTE

CHAPITRE X : DU BISMUTH, VERRE-LANCIER, SOUFRE, SALPTRE ET SUIFCHAPITRE XI : DE LA COMPARAISON DE LA GLOIRE DE DIEU AVEC LES ESPECES ET NATURE DES MINESCHAPITRE XII : COMMENT LES PIERRERIES SE FORMENT ET QUELS BNFICES DIEU CONCEDE CEUX QUI TRAVAILLENT DANS LES MINESCHAPITRE XIII : DE L ESSENCE DE L OR QUI SE RENCONTRE NON SEULEMENT DANS LE MTAL, MAIS AUSSI DANS UN MINRAL SUPER ABONDAMMENT, AUSSI BIEN QUE DE DEUX MTAUX, ET QUI SE MONTRE EN PROPRITS ET VERTUS EXCELLENT ET OPRATIF SUR TOUTES LES NATURES, COMME AUSSI UN BREF APPENDICE OU CONCLUSION DE MA PREMIRE ET DEUXIME PARTIE DES CHOSES CONCERNANT LES MINES, MTAUX ET MINRAUX

TROISIME LIVRE

92

QuatrIME LIVRE

119

CHAPITRE I : DE L'OR OU SOUFRE DE L'OR POUR EN TEINDRE L'ARGENT ET LE TRANSMUER EN TRES BON ORCHAPITRE II : DE LA LUNE ET DE L'EXTRACTION DE SON SOUFRE ET DE SON SEL

HYPERLINK \l "Ref68"

CHAPITRE III : DU MARS ET DE L EXTRACTION DE SON SOUFRE ET DE SON SEL

CHAPITRE IV : DE VENUS ET DE L EXTRACTION DE SON SOUFRE ET DE SON SELCHAPITRE V : DE SATURNE ET DE L EXTRACTION DE SON AME ET DE SON SELCHAPITRE VI : DE JUPITER ET DE L EXTRACTION DE SON ME ET DE SON SELCHAPITRE VII : DE L'ARGENT-VIF ET DE L EXTRACTION DE SON SOUFRE ET DE SON SELCHAPITRE VIII : COMMENT SE FONT L'HUILE ET LE SEL DU MERCURECHAPITRE IX : DE L'ANTIMOINE ET DE L'EXTRACTION DE SON SOUFRE ET DE SON SELCHAPITRE X : MTHODE POUR BRIVEMENT EXTRAIRE LE SOUFRE ET LE SEL DE L'ANTIMOINECINQUIME LIVRE

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AVANT-PROPOSOr potableAutre or potableAutre demi-or potable

HYPERLINK \l "Ref81"

Lune potable

Description de l'esprit ign du vinSuit le sel de tartreEsprit de chaux vivePREMIRE PARTIE

CHAPITRE I

DE LIQUORE METALLORUM AETHEREO OU DU FERCH OU FERTILIT DU MTAL

A

ttendu que le mtal a t cr de Dieu dans la profondeur de la terre aussi bien que d'aucunes cratures dessus icelle, il lui a t, aussi bien qu'aux autres cratures, tabli et implant en sa semence le moyen et la vertu de pouvoir porter fruit, sans lequel autrement la semence ne pourrait pas crotre ni augmenter. Car on trouve souvent des semences qui ne sont pas fructifiantes parce qu'elles sont prives de la vertu de pouvoir porter fruit. C'est pourquoi il s'ensuit que ces deux choses, savoir est semence et vertu, sont diffrentes en gard la production; mais si l'on veut rechercher cette vertu ou fertilit bien soigneusement et savoir ce qu'elle peut bien tre, ce sera le plus certain et meilleur expdient de confronter et faire une collation ou rapport des diffrences qui se trouvent entre la vie et la mort de toutes les cratures de l'univers. Car la mort n'est point fertile, ains la vie, laquelle seule vit puisqu'elle se meut et remue. Or l'on exprimente, en toute sorte de travail qu'on entreprend es mtaux, qu'il n'y a rien et qu'il ne saurait rien avoir de volatil que le mtal, ni aussi rien de plus subtil ni qui se remue ou meuve davantage. Mais ce que c'est que mouvement et remuement, c'est ce que je veux ici nommer le Ferch des mtaux, cause que le Ferch mtallique a une action et mouvement continuel et perptuel. Mais pour ce que cela n'est pas visible es mtaux et qu'icelui mouvement s'engendre de deux faons, ]e me contenterai de lui laisser le double nom ancien et, pour cette cause, je nommerai le remuement ou mouvement du nom de lubricum, et le volatil du nom de Ferch; et je ne changerai point de termes ces deux mouvements, par la force et vertu desquels le mtal accomplit toute sa perfection, puret et constance, autant qu'il la peut et doit avoir dans son travail, ouvrage et opration naturelle de soi-mme.

Or en ce que le Ferch est une chose toujours vivante et mourante, quelques-uns uns pourraient bien s'tonner de la rencontre ou effet qu'il a avec le mtal qui se travaille, emploie et trouve devant nos yeux et par nos mains. Mais je dis que le Ferch est dur et coagul, ft-il vivant ou mme mort. On me peut aussi demander s'il est possible de tuer la vie ou Ferch dans un mtal ce qui ne se peut et comment cela irait. Sur quoi ma rponse est fort simple, savoir est qu'un mtal peut tre aussi bien vivant quand il repose comme quand il crot ou se remue.

Et il y a encore une diffrence faire entre la mort des mtaux et entre leur repos, car la mort ne touche que les corps mtalliques lorsqu'il en descend ou dgnre un tout fait et qu'il prit, parce que c'est la chose mme vivante qui vient mourir. Mais le repos ou Ferch du mtal ne peut pas abmer ni aller fond ou s'anantir. Et partant quand un corps mtallique est prsent, il est visible de deux sortes ou manires. L'une est in liquido c'est--dire en forme liquide , car ce corps mtallique se remue et coule de et del; et quand il est agit par une ardeur ou chaleur trangre et dommageable, il devient volatil, s'enfuit et s'vapore. L'autre sorte, c'est quand le corps mtallique est prsent in coagulato c'est--dire en forme coagule , car alors il repose l-dedans tant qu'il soit remis en forme liquide. Et ce corps coagul demeure en cet tat aussi longtemps qu'il dure; mais quand un corps quitte et est chang et mont en un plus noble ou moins noble corps, aussi est le Ferch ou la vie retire et amene avec lui.

Si donc tu veux avoir et garder un corps, prends bien garde au Ferch, parce que si tu le pousses et chasses sans jugement, cela fera faire un notable dchet au corps dans lequel il habite. Car jamais il ne sort et ne s'en va vide; mais ce Ferch, en s'en allant, en dtourne et entrane toujours un autre, l'un aprs l'autre, et l'amne quant et soi jusqu' ce que finalement il n'y en ait plus dans le corps du mtal. Mais il faut prendre garde, avec un grand soin et attention particulire, en quelle sorte cela se passe quant au mouvement et repos du Ferch et comment la nature l'amne au repos. Car cette connaissance soigneuse et diligente nous apprend que la semence et le corps du Ferch sont deux choses diffrentes, parce que de la semence tu en fais ce que tu veux et elle ne deviendra point volatile, ce qui serait contre son espce ou nature, semblablement aussi du corps du Ferch. Mais quant au Ferch, si tu le prviens et entretiens par sa viande, tu fortifies tout l'ouvrage. Car ni plus ni moins qu'une mre fortifie son enfant, lequel elle repat et abreuve bien, et qu'il en repose mieux, il en arrive de mme au Ferch. Ce qui fait que plusieurs qui ne s'arrtent qu' la semence ou au corps du Ferch et ne savent rien de bien fond et assur touchant le Ferch, perdent le corps, pour autant qu'ils ne savent pas la procdure et l'ordre que la nature enseigne, et prennent le devant pour le derrire. Or ce repos et sommeil du Ferch est aussi utile ceci, c'est savoir afin qu'un corps ne soit consomm lorsqu'il est arriv en sa perfection; car quand le Ferch veille ou est en action, tant plus il se consomme. Mais quand il repose, il se tient serr et est de dure. Et lorsque justement il n'a plus de viande aucune se conserver et se nourrir, il s'attaque son propre corps, jusqu' ce qu'il le consomme entirement; et finalement il s'lve, s'en va et se rend en un autre endroit. A cause de quoi les trsors des paens ou les espces de mtal monnayes, quand ils sont enterrs, enfin ils s'lvent en croissance, consomment leurs propres corps et les rduisent en poussire, en sorte qu'il ne reste rien d'iceux qu'une pierre toute nue ou une substance fluide, ainsi qu'il se peut voir en beaucoup d'endroits.

CHAPITRE II

DE SEMINE METALLORUM OU DE LA SEMENCE DES MTAUX

T

ous ceux qui ont crit de la semence des mtaux sont d'accord en ce qu'ils disent que la semence masculine du mtal est le soufre, et la fminine le mercure. Ce qui se doit toutefois entendre selon son sens, et non pas en telle sorte qu'on croie que les philosophes aient entendu les communs soufre et mercure. Car le mercure visible et palpable des mtaux est un corps particulier pris et tir d'iceux corps mtalliques; et pourtant il ne saurait tre une semence, parce qu'il est froid et que la froideur ne peut pas aussi tre une semence. Semblablement, le soufre est la viande du mtal. Comment donc pourrait-il tre une semence, puisque mme la semence consomme le soufre? Comment donc une semence en consommerait-elle une autre? Et quel corps en viendrait? Et pour ce, il y a du mal entendu en cela selon le jugement commun. Car si le mercure des corps mtalliques est dans iceux et y a pris sa nourriture, il sera vrai de dire qu'il y a six mercures mtalliques, l'un desquels serait capable de produire quelques corps. Mais l'on pourra douter lequel de ces six mercures il faut choisir d'entre ceux qui sont en croissant ou en dcours.

Mais d'autant qu'il y a sept de ces mercures, il arrive que si la semence de Vnus et de Mars a l'avantage, elle amnera un corps masculin du soleil; que si aussi la semence de Saturne et de Jupiter a le dessus, elle produira un corps fminin qui s'appelle Lune; quant au mercure, il est des deux cts.

Ainsi est-il des autres corps, lesquels sont aussi toujours en chaque ouvrage l'un avec l'autre, car ils ne se laissent sparer ni diviser, comme aussi cela est raisonnable. H, quel corps en viendrait-il ? Mais la nature a des corps parfaits, nonobstant qu'il faille qu'ils se dissolvent en eux-mmes, ce qui nanmoins ne les empche pas d'tre parfaits en leur temps. Car quelle semence serait celle-l, si quelque chose venait lui manquer en quelque membre ?

Et partant, chaque corps a une semence tout entire; et de l vient que la transmutation a son fondement, son cours et son dcours des mtaux; autrement elle ne se pourrait pas faire s'ils n'taient allis l'un l'autre dans la semence. Car de ce que quelqu'un dit : L'argent n'est pas de l'or , c'est ce qu'un paysan croit bien aussi. Mais il n'y a aucune bonne instruction, au regard de la semence, comment c'est qu'il faut que son corps elle entre en un autre corps, car elle ne serait pas fertile autrement. Elle ne peut pas aussi tre sans avoir un corps o elle puisse se reposer. Or quel est le corps informe des mtaux avant qu'il soit form et prpar pour leur viande? De l dpendent trois diffrents sujets. Premirement une terre, deuximement une pierre, et troisimement une cendre de terre. J'ajoute quatrimement des flux ou coulants de terre, et cinquimement le verre miel de terre et siximement la couleur de la terre et enfin septimement la suie de la terre. Toutes ces choses sont les matires du corps mtallique, la mme faon que la terre est la matire du corps de l'homme, de laquelle Dieu l'a fait et en laquelle il faut qu'il retourne; et ainsi finalement tous corps y retourneront. J'estime pour un bon ouvrier et pour un vrai et expert mineur celui qui, travaillant aux mines, sait la raison de ces choses. Car il y en a peu qui puissent donner et rendre des raisons de ce qu'ils entreprennent dans les mines, encore qu'ils y entrent et travaillent journellement. Et quoiqu'on voult dire qu'ils s'y entendent, ce n'est pas toutefois dire la vrit, encore qu'ils en puissent user comme il faut. Ce qui est cause qu'ils donnent des noms de travers et ne savent aucune raison de leurs ouvrages, quoiqu'ils en fournissent et apportent beaucoup sur la halle. Ces gens-l, toutefois, deviennent meilleurs et plus savants mineurs tant plus ils deviennent vieux. A quoi chacun doit bien penser et ne point se montrer ingrat et ennemi envers cette instruction et cet avis. L'on peut bien excuser ici les philosophes comme s'ils eussent su quelque chose. Mais o est-il crit qu'on puisse chercher et trouver le mercure d'un corps qui soit tri de la suie, de la pierre et verre de la terre? A cause de quoi aussi l'preuve subtile qui s'en fait en la science en a t encendre et infuligine ou souille. Et partant, la semence des mtaux est aussi bien parfaite que le Ferch est invisible. Mais o s'amusent ceux-l qui veulent travailler selon la nature et qui ne connaissent aucun corps o soit le vritable mercure ou semence? Et puis, il faut que la science en ptisse et soit dcrie comme fausse, et faux tous ceux qui s'en mlent. Mais qu'est-ce que ne fait point le manque de jugement? Aussi est-ce une chose impossible de recouvrer un corps vivant sans semence, aussi peu qu'une semence sans fertilit. Pourtant, regarde avec soin de tous cts l'entour de toi si tu ne l'apercevras point dans sa rsolution, et il adviendra que tu trouveras le corps dans la rduction. C'est pourquoi, cela tant ainsi, travaille diligemment.

Mais ce n'est pas l le moindre travail comme quelques-uns des anciens philosophes ont dit. Lesquels l'ont nomm un double travail; car voici comment ils en parlent : il faut que le mtal ait pass auparavant par la main du fondeur et ensuite il faut qu'il passe par la main de l'alchimiste, si l'on veut apprendre puis aprs connatre la semence avec le travail subtil de l'Art. Que veut dire cela? Sinon que la rsolution est de deux sortes. L'une lorsque le fondeur expert amne et rduit la ductilit ou mallabilit un corps frangible par union et coadunation naturelle, et par un ordre assur qui runit toutes les parties ductibles. L'autre est lorsque l'alchimiste prend ce corps ductile et qu'il l'amne par rtrogradation en cendre, chaux, terre, verre, couleur ou suie telle qu'il l'tait sous ou dans sa demeure terrestre; et alors l-dedans, savoir dans ce corps rduit en cendre, la semence des mtaux et le Ferch se remuent et se laissent lors trouver facilement en un tat plus fructueux, plus plantureux et plus fertile en corps ou corporellement; et peut ce corps tre rduit aisment en eau spirituelle ou en premire matire selon l'espce et proprit du corps mtallique, voire il se laisse sparer et diviser tout fait artistement en ses principes naturels, selon l'usage et la science des alchimistes. De quoi sera parl ci-aprs en son lieu plus amplement et clairement lorsque je traiterai des minraux.

CHAPITRE III

DE NUTRIMENTO METALLORUM OU DE LA NOURRITURE ET VIANDE DES MTAUX

E

ncore que jusqu'ici l'on n'ait point ou parler de la manire comment les minraux ou fossiles se font et engendrent sous la terre, nanmoins la nature ne laisse pas de les faire et travailler par le moyen des liqueurs moites de la terre et des plantes des mines; lesquelles substances servent de nourriture et de viande aux mtaux, et non celles qui sont cuites ici, dessus la terre. C'est pourquoi si dans le travail que tu imites et entreprends ici-haut es mtaux, tu voulais y joindre de ces substances-l qui sont cuites et non dissoutes en leur forme corporelle, tu travaillerais inutilement, Il se trouve de ces fossiles et aussi des mines si ce n'est toutes proches, au moins elles ne sont pas bien loignes qui te donneront de bonnes marques de leur valeur et bont. Comme dans la Hongrie les plus belles et meilleures mines sont celles de vitriol, d'alun et de soufre, ainsi autour du Harz sont celles de la rsine, du sel et du vitriol, comme autour de Goslar, Mansfeld, Zellerfeld; aussi pareillement aux environs de Schwyz dans le pays d'Etschland; Halle, il y a de belles mines de sel, lequel s'y trouve grandement beau. Mais il ne faut pas que tu penses que les ouvriers dpchent grossirement l'ouvrage et perfection de ces minraux, ains ils les prparent auparavant. Et alors c'est un beau travail de pouvoir faire venir un minral si haut en ses fleurs qui sont moiti mtal; et surtout lorsque par le mtal pris et rduit par rtrogradation, on en fait un minral, et puis quand d'icelui minral les fleurs viennent tre extraites et prpares. En cela tu vois comment la nature se laisse mener devant soi et puis derechef derrire soi reculons jusqu' sa premire eau, jusqu' son soufre et jusqu' son sel.

Il y a beaucoup de personnes qui font aussi de ces fleurs-l; mais ils les font sans mtal, ce qui n'approche de ces premiers mtalliques que de bien loin en bont. Car l'huile qui a t faite et distille d'un vitriol naturel de cuivre est beaucoup meilleure, plus vertueuse et de plus grande efficace mille fois en son opration que celle qui se fait du vitriol commun et ordinaire, lequel n'a point encore t exalt par la nature. Et combien que le vitriol de Hongrie soit de maintes et diverses sortes en ses vertus, forces et oprations, il s'y en trouve toutefois un qui est trs puissant, merveilleux et fort exquis, raison que la nature l'a plus lev et l'a rendu d'une plus grande scheresse que tous les autres ci-devant nomms, celui-ci les surpassant tous de beaucoup et de trs loin. Et par ce choix de vitriol comme par sa prparation, les philosophes peuvent jouir de l'effet des minraux, les fortifier et augmenter selon leur envie et dsir.

Quand on veut faire quelque chose qui soit propre, bon et valable aux mtaux, il faut que cela se fasse des mtaux avec mtaux et par mtaux. Car vritablement le vrai et unique tour de main par lequel se fait la rduction et acquisition des fleurs minrales, c'est que tu en prennes et amasses toujours de ton minral sans y rien ajouter. C'est l'affaire qui cause de grandes contemplations, penses et prvoyances.

Ainsi, apprends travailler, car ces fleurs se rencontrent parfois et souvent toutes sches et arides, sans qu'elles soient reconnues d'aucun mineur, surtout dans la Hongrie et dans la Valachie, l o toutefois on en trouve aussi de si belles qu'on puisse jamais dsirer, en faon d'airain ou mtal rouge, tincelant comme feu et comme un cristal rouge transparent. Ces fleurs sont bon or ou argent selon qu'elles sont colores et teintes; toutefois elles dchoient un peu. Et c'est l une des principales connaissances et une science et [un] sujet de mditation et ratiocination secrte pour rendre le verre fort et dur. De l vient originairement que ces verres de dessous terre disposent et agencent le mtal et le rendent en sa forme convenable.

On peut aussi, des mtaux mmes, faire une extraction et prparation de fleurs qui sont grandement profitables en la mdecine. Voire, si l'on en peut retrancher et sparer toute la puanteur et excrment ou matire superflue de la digestion, cette boue ou fange et [ces] ordures ne sont autre chose que les fces des minraux, lesquelles ne servent de rien pour les mtaux. Car ces effondrilles malignes apportent et causent grand dommage aux mtaux.

Or la msintelligence et ignorance que l'on a des minraux est cause de grands inconvnients, car les minraux qu'on fait bouillir sont un poison [et] dommage; et mme il s'en fait une eau qui ronge les mtaux, ainsi que les artistes exprimentent lorsque tant hors de leurs minires ils en font de l'eau forte. Ce qui cause donc la vertu corrosive aux minraux est une substance fangeuse qui empoigne et agrippe le mtal, le dtache, dchire et divise, ainsi que les autres matires de si belle apparence qui sont attaches aux mtaux et qui sont pourtant les pires poisons d'iceux; car aussitt que ces matires-l s'engendrent, elles excitent et allument la substance fangeuse ou vilaine lie et c'est en vain qu'elles paraissent en belles formes. Car comme un homme envenim parat nanmoins encore en forme d'homme, toutefois un tel homme ainsi empoisonn ne laisse pas d'en infecter beaucoup d'autres. Et pos qu'on rduist un mtal infect en un corps, il ne laisserait pas d'tre vide et [il] n'y aurait rien qui vaille dans lui.

Or cette remarque, ainsi tout fait exacte, est et se montre du tout ncessaire dans le travail de ceux qui gnralement se mlent des mines et y travaillent. Car en ce qu'ils n'y prennent pas bien garde, ils ne font pas tort l'ouvrage seul, mais semblablement eux-mmes, parce que non seulement le mtal devient volatil si on lui laisse ou ajoute cette fiente ou fange, mais aussi ce qui reste devient grandement ferme et n'est pas si souple ni maniable, et souffre continuellement du dchet tant qu'on le frappe du marteau. Car la semence devient comme du Schliessig dans les corps. Et c'est quoi il faut que les ouvriers prennent bien garde quand ils attaquent les minraux avec le feu, afin qu'ils sachent quel salaire ils auront par la recherche des mines qui sont dans le flux de la montagne, o l'on voit comment c'est que le poison s'attache au haut dans les ruptures et fentes des fourneaux qu'on y btit exprs dans des cabanes; ce que l'on aperoit par les fumes qui en proviennent, lesquelles ne portent partout que du dommage, comme l'exprience nous l'apprend que trop souvent.

CHAPITRE IV

DE OFFICINA METALLORUM

OU

DE LA BOUTIQUE ET PLACE TABLIES POUR LE TRAVAIL DES MTAUX DANS LES MINES

T

ous [les] ouvrages naturels ont leurs lieux particuliers ou places commodes, squels ils travaillent ou s'engendrent. Et s'il y a quelque lieu o se produisent des matires magntiques et prcieuses, et mme si la nature a quelque outil admirable et digne d'tonnement comme tant de substance inconnue, c'est en ces lieux de travail que tout cela se trouve. Mais pour te dcrire un lieu de travail selon la louange qu'il mrite, je te dis qu'il est semblable une glise ou en faon d'une belle grotte vote, et c'est l-dedans que la semence et le Ferch sont maris avec le corps mtallique; l ils mangent, se nourrissent, se reposent et travaillent ; l s'y porte et amasse tout ce qu'il y a de plus beau et de plus plaisant dans la terre, de quoi ils s'habillent et se revtent. C'est comme un autre feu, une autre eau, un autre air et une autre terre. Car tout ce qui s'arrte et perfectionne l-dedans, on ne le peut dfaire ici-dessus l'un de l'autre, sinon grande peine et par l'aide de l'air infrieur, ou si autrement on ne s'tudie de le sparer par la voie du mercure des mtaux. De plus, tout ce que ces sorciers ou esprits souterrains font, on ne le peut point facilement diviser, comme cela se voit en l'or qui est si constant dans le feu. Et ce qui est cause de tout cela, ce sont la chaleur et la froidure de la boutique ou officine souterraine, qui se dpartissent et s'insinuent dans les mtaux et s'y affermissent. Car la chaleur et la froidure sont le fondement pierreux, constant, solide et ferme de la terre, qui donne au mtal sa vertu pierreuse; et laquelle, se trouvant souventes fois creuse et pleine de fossettes, elle les remplit successivement de mtal la mme faon que les abeilles emplissent leurs ruches de miel, tant qu'en fin la terre se divise ou se fend peu peu et se trane ou s'boule dans la fange. Car la pierre ferme de terre ne se consume pas dans la terre, parce qu'elle est une base ou plutt une lie solide, pose et assise, qui ne permet point que rien n'y entre ou sorte. Ce qui fait qu'il y a diffrence entre la pierre de terre et entre la pierre de terre ferme : celle-ci est un des fondements stables et constants des mtaux, mais l'autre est leur mort et perdition la plus dommageable; ce qui est un arrt, des tourbier et empchement des mines. Qui que ce soit ne dirait jamais ni ne s'imaginerait que les pierres mtalliques dussent avoir en soi une telle chaleur ou ardeur et une telle froideur toutes la fois, desquelles la nature manifeste et fait paratre maintenant l'une et tantt l'autre. Car quand icelle nature forme et parfait les souverains mtaux, lors elle cache la chaleur ou ardeur ; mais quand elle produit les moindres, elle cache la froideur. Et elle se comporte ainsi afin qu'elle puisse aider partout, car ce sont l les outils ou instruments, savoir l'ardeur ou chaleur et la froideur. Et c'est par le feu intrieur de la pierre que les substances disperses sont ramasses, cuites et parfaites, tant premirement rduites en un corps coagul et uni par le froid.

Les alchimistes d'aujourd'hui, ignorants et dpourvus d'entendement, n'ayant point gard la nature ni ne la reconnaissant point, ont des outils et instruments tout fait tranges, avec lesquels ils font des vases de toutes sortes, selon qu'ils se le persuadent par leur imagination particulire; mais ils n'y entendent rien selon l'ordre de la nature, car elle n'a point d'gard la diffrence ou distinction de la forme individuelle, mais elle choisit et prend un instrument bon, valable et de dfense, qui la maintient dans l'ouvrage et le travail qu'elle entreprend. Car quant la forme individuelle, elle viendra bien en son temps selon sa semence ordonne et convenable.

Et si les alchimistes ne russissent point en leurs entreprises, c'est qu'ils travaillent avec ignorance et par consquent inutilement, parce qu'ils ne croient pas qu'il soit ncessaire d'avoir une connaissance pour toutes les choses qui dpendent des mines. Or toute la vraie connaissance que l'on devrait possder pour toutes choses, c'est de bien connatre cet instrument que la nature emploie en ses oprations. J'en devrais bien faire ici mention, mais je la veux faire en un autre endroit o l'on pourra avoir recours si l'on veut. Ceux qui s'imaginent tre les plus entendus estiment et crivent que c'est en vain qu'on prend garde aux toiles suprieures selon l'ordre ou instruction des mathmaticiens, afin de travailler selon les temps, les jours et les heures les plus propres. Il en est bien quelque chose, mais qui n'est pas beaucoup considrable ni fermement fond. Or ce qui est assurment bien vrai, c'est que si tu travailles en tes oprations selon ta tte et autrement que nous avons accoutum, tu travailleras en vain.

Toutefois, c'est une affaire de grande consquence de bien distinguer et reconnatre quelle diffrence il y a entre les toiles suprieures et les toiles de mtal, et comment celles-ci luisent et ont leur influence dans leurs propres corps. Car pour les toiles d'en haut, elles ont une influence particulire par leur lumire et mouvement. Mais quant aux mtaux infrieurs ou de dessous terre, ils ont tous sparment leur influence qui provient de leurs toiles. Et ainsi chaque ciel a son cours et ses instruments particuliers, squels on peut comprendre, entendre et concevoir le propre lieu des toiles. Tu peux ici t'imaginer deux opinions particulires : l'une que les mtaux reoivent l'influence d'un ciel entier opaque toile, et l'autre d'un ciel lucide ou transparent. Mais ne te dplais point de la peine et du travail si tu veux exprimenter quelque chose. Et si je parle peu, ne t'en tonne point, car il me faudrait un livre tout entier et fort gros s'il me fallait dcrire tout le circuit des mines de dessous terre; encore ne suffirait-il pas, car outre qu'il m'y faudrait nommer toutes les mines, il faudrait aussi que j'entreprisse de prouver que toutes les proprits que je leur attribuerais sont certaines, vraies et assures; ce qui contiendrait un trs long et prolixe discours, pour imprimer cette connaissance dans le cerveau de chaque ignorant abus et l'en rendre suffisamment capable, sans y comprendre les matires auxquelles peine je pourrais donner un nom bien convenable, lesquelles nanmoins je connais toutes; car il ne se peut trouver aucun homme qui dans cette cole infrieure et souterraine ait parfaitement appris jusqu'au bout tout ce qu'on y peut apprendre.

Il faut que je te dise ici particulirement touchant cette science et doctrine qu'il ne se peut crire aucun livre au monde dans lequel tous et chacun des tours de main, leurs tenants et aboutissants, puissent tre dcrits et rapports avec la mme raret et circonstances merveilleuses que bien souvent les ouvriers dsireraient. C'est pourquoi il faut que l'artiste ou l'ingnieur sache lui-mme, aprs tant et tant de dmonstrations, comment il faut qu'il se comporte par une solide prvoyance qui lui serve d'adresse et de fort appui en son travail, lequel il doit apprendre de lui-mme afin qu'il puisse jouir d'un trs heureux succs. Voici donc maintenant que je montre et enseigne qui que ce soit de quelle sorte il faut qu'il opre et s'exerce quand il sera descendu dans la fosse de la mine pour y entreprendre un travail naturel ; tant en tel lieu, qu'il se fasse instruire et qu'il cherche quel est l'instrument le plus propre et convenable pour bien russir en son travail, et que celui qui l'instruira soit quelque honnte expert ouvrier travaillant effectivement aux mines, homme de bien et non point un bavard ignorant. Tout le monde, aujourd'hui, voudrait volontiers tre bien riche, mais il n'est pas toutefois possible de le devenir comme l'on voudrait. Et quand mme je serais le meilleur peintre, je ne pourrais pas aisment dpeindre quelqu'un l'instrument qui lui est convenable son travail. Mais il faut qu'il le connaisse, qu'il le voie et qu'il le possde entre ses mains, et qu'alors il se mette travailler.

Je sais ce qu'il faut mettre par crit dans un livre; c'est ce que j'ai fait et fidlement excut.

CHAPITRE V

DE EGRESSIONE ET INGRESSIONE METALLORUM OU DE L'ISSUE ET ENTRE DES MTAUX

L

'ouvrage des mtaux tmoigne un largissement et resserrement des mtaux. Or, non seulement il faut entendre par l'largissement ou desserrement l'extraction ou l'extrait de l'ouvrage entier, si bien qu'en un endroit une minire ira fond entirement quand elle n'a plus de quoi consommer ou se nourrir, car alors elle avale et engloutit ses propres corps en se consommant et dtruisant elle-mme. Mais l'largissement s'entend aussi pour un extrait partiel, car alors une partie chasse l'autre incessamment et la suit de trs prs, comme tu vois au mercure mtallique quand tu le secoues et jettes dehors, de sorte qu'tant vers, il se divise en centaines de plusieurs petits grains vivants qui toutefois recoulent tous ensemble en un corps. Ainsi dans la mine fait le volatil ou lubrique, comme le Ferch se retire aussi de la mme sorte par pices et portions, jusqu' ce qu'il vienne un lieu seul, comme une masse ou monceau, autant que sa quantit lui permet, car il ne fournit point davantage de substance que ce qu'il en peut donner de lui-mme.

L'autre, savoir le resserrement des mtaux, est quand le surplus de la substance minrale bourdonne et bruit vers une autre boutique ou tabli de la mine. Ce divisement donne alors sujet diverses sortes de mines de se parfaire suivant qu'est l'tendue de la place o est le travail, ouvrage et nourriture disposs, et suivant aussi la bonne disposition de la mine. A cause de quoi, dans ce resserrement, le Ferch et la semence s'en vont droit comme avec des ailes dans la partie volatile, laquelle est si mince et dlie qu'on ne la peut pas mme bien apercevoir; toutefois elle est feuillue comme un fantme et comme un tas d'atomes et aussi s'envole la faon de la poussire trs subtile.

Et ainsi il faut que le Ferch ait toujours sa semence, la semence son corps, et icelui ses pointes et atomes dlis et subtils. Mais mon opinion n'est pas que cette partie volatile traverse l'paisseur de la terre, ni qu'elle se retire en l'air pour y voler en poudre a et l, et aprs rentrer en terre, ce qui ne s'accorderait pas. Car il n'y a rien de sa nature parfaire dans cet air, sinon que par notre moyen cette substance volatile, fut retire hors de l, et lors elle aurait une autre forme; de laquelle extraction je n'entends pas ici parler, car il arrive rarement que cette partie ou substance volatile se retire de la sorte dedans l'air, mais il est bien plus propos de croire qu'elle va et pntre la terre qui est attache ferme dans le fourneau minral, non comme nous le prenons et voyons, mais par des autres et certains passages seulement. Car la terre est ouverte cette retraite et au dpart, comme l'eau l'est aux poissons et l'air aux oiseaux, tant que cette substance volatile vienne dans son fond pierreux de mtal. Lequel fond pierreux est autre chose que la pierre de la terre, car quand cette substance volatile rencontre celle-ci, elle tourne l'entour comme l'eau autour d'une pierre, sans couler et passer travers, tant qu'elle trouve derechef son sentier pour passer dans sa pierre, o elle demeure et reoit d'icelle la vie et la force, par le moyen de quoi elle se fait corps. Car dans cette retraite et resserrement, elle reoit une fermet de mtal par la fermet pierreuse qui la suce et la fait pntrer d'outre en outre dans les endroits les plus loigns, et prend en soi une nature coulante ou lubrique, comme quand un oiseau retire ses pieds lui en volant; et quand cette substance lubrique vient se pousser trop fort, elle perd quelque chose de son corps. Ainsi cette substance volatile, devenue coulante et lubrique, tant dans sa retraite ou resserrement, se laisse perfectionner en sa vertu et son opration. Car alors qu'elle est l, avec la semence mtallique, toutes deux ensemble font crotre le mtal. Et icelui attire soi d'une faon merveillable sa viande et nourriture dont il s'entretient derechef. Or c'est une chose digne d'tonnement qu'en ce resserrement, lorsque la substance volatile lubrique approche et vient de plus en plus en son lieu de traverse, elle s'accrot et fortifie derechef subitement, tant qu'enfin le mtal se perfectionne de nouveau et s'accroisse dans le lieu de travail naturel.

Or on ne peut signifier ni enseigner du tout une meilleure manire que celle-l, par laquelle on puisse bien connatre quel est le renforcement dont je parle. Car c'est par icelui que le mercure devient mtal, parce que le mercure dans sa nature liquide se glisse et se soumet dans ce lieu de travail, l o tant log, il se coagule et congle, suivant que les semences corporelles mtalliques sont masculines ou fminines, jusqu' tant qu' la parfin il soit rang et rduit sous un corps fixe solide, soit ou d'or ou d'argent. Ce resserrement, ou ingression, rend le lieu de la terre tout noble et tout fertile. Et lorsqu'il y a de l'airain croissant en uvre, c'est lorsqu'il y a un air sain tout fait en cet endroit-l; et si au haut de telles mines on n'infecte point l'air ambiant par des fontes et fumes venimeuses, il fait bon y habiter. On doit aussi en ce lieu comprendre tout le travail d'imitation, comment c'est que l'on doit commencer tout l'ouvrage entier, afin que l'airain demeure et ne s'vente point, mais se maintienne en son accroissement et demeure toujours prs de son corps propre, d'o il ne se dpart pas volontiers quand il y est une fois bien entr et qu'il s'est introduit dans le travail. Car il ne repose point dans son lieu, comme non plus en toute sa marche, ains travaille toujours. Et se fait voir doucement que c'est du Schliessig ou du Flssig dans lequel icelui airain s'en va rendre en un corps coulant, ou sel de terre, lequel sel y remue et roule si souvent et longtemps, voire se tourmente et agite jusqu' tant qu'il reoive et recouvre un corps liquide, et en aprs un corps de terre; lequel devient toujours dur de plus en plus. Et cela s'appelle dissoudre et coaguler ou congeler, liqufier et figer, comme il convient de faire au mercure, lequel par ce moyen produit quelque chose de bon.

CHAPITRE VI

DE RESOLUTIONE ET REDUCTIONE METALLORUM OU DE LA RSOLUTION OU FLUX ET RDUCTION DES MTAUX

I

l se trouve que la chaleur naturelle est la cause de toute la mollesse des mtaux, lesquels en deviennent coulants. Or de ce que la semence des mtaux est ardente entirement en elle-mme, c'est certainement la chaleur qui en est la cause; aussi cela provient du remuement et mouvement et du lubricum ardent, ou flux chaud et ign, d'autant mme qu'il y a de l'huile dans la semence mtallique, laquelle a un flux beaucoup plus ardent quand elle arrive en son lieu de travail. Car d'autant que cette semence est chaude, aussi son flux s'en fortifie encore davantage et devient ardent et brlant dans son ouvrage. Il en a mme bon besoin, car il ne pourrait point faire entrer la semence dans son corps, ou masse mtallique, si cette semence n'tait coulante et molle, laquelle n'y peut pntrer ni entrer, si ce n'est par la chaleur qui lui cause la facilit de couler. Car rien de coulant ne peut s'approcher du mtal, ni y tre reu et introduit, que par le moyen de la chaleur prcdente dudit flux ign porteur de la semence. De plus, pour la purification des mtaux, le flux est ncessaire, utile et de service, afin qu'ils parviennent par l'entreprise de cette voie et ouvrage jusqu' la fin et intention dernire de leur but. Or ce flux est diffrent de l'autre, celui-ci tant artificiel par lequel on fait couler ou fluer le corps mtallique seul ou autrement. Car on le fond comme fait le fondeur quand par la fonte il en spare les excrments. Mais la nature ne fond pas en cette sorte-l dans la terre, ains elle fait comme la semence ou graine vgtable qui crot ici, laissant l le grain et la paille ensemble. Et ainsi il y a une grande diffrence entre le flux de la nature et entre notre manire de fondre, et si nous nous tudions bien observer les diffrences des flux et fontes, nous apercevrons beaucoup moins de perte, et de dchet en nos oprations. Il me faut aussi faire ici mention de ce qu'on est grandement occup aprs l'or potable, et comment c'est qu'on pourrait le produire et faire venir bonne fin. Il se trouve un tas de matres qui veulent prendre ce qui n'est pas encore spar de son mtal, ce qui a aussi encore en soi la cendre des excrments et mme quelque chose de pire. Et pour ce, ils prennent de l'eau corrosive ou aigre, de l'eau de vie ou semblable liqueur. Mais dis-moi, je te prie, que prend la nature quand elle veut rendre coulant une eau gele? Elle ne va pas prendre des eaux comme sont celles-l, ains seulement elle y emploie une chaleur ou ardeur pour toute chose. C'est pourquoi imite-la, toi qui es philosophe, et fais de mme. Et quand tu veux prendre le corps mtallique, ainsi qu'il a t perfectionn par la nature et nous a t donn au jour par fonte et affinage, et que tu veux le rendre et ramener en sa premire matire, rveille le Ferch, et tu auras chaque corps mtallique potable. Quand donc le mtal a t fait et rendu pur, net et plus fin, il n'a plus alors aucun excrment. Partant, laisse-moi l l'addition des choses ou liqueurs corrosives, car le flux de telles matires endurcit les mtaux. Il ne faut pas l'entendre extrieurement pour ceux de dessous la terre, comme aux ntres ci-dessus. Car quand un corps mtallique doit devenir dur, on le durcit par dehors. Mais la nature ne fait cela, car elle durcit la semence mtallique, et alors le flux d'icelle s'abat et s'arrte, dont il provient une telle duret de laquelle la manire de fondre ci-dessus ne peut rien ter. Lorsqu'une eau se congle par le froid, il lui arrive de frmir et se resserrer un peu et toujours de plus en plus tant qu'elle se fige et congle tout fait jusqu'au centre. Mais ici, en la semence mtallique, l'endurcissement se fait de dedans en dehors. Et c'est de l qu'on apprend excuter le beau et glorieux fondement et projet qui rduit le mercure des corps en un degr naturel excellent sur tout degr, savoir stratum supra stratum, c'est--dire en le perfectionnant lit sur lit. Car c'est de cette sorte qu'ont t assembls les mtaux.

Et ainsi il faut ensuite se comporter dans l'ouvrage artificiel. Et de l aussi vient le fondement d'abattre et d'estropier le mercure des mtaux pour prendre, enfermer et enserrer la substance lubrique ou coulante. Mais il ne faut s'imaginer qu'un tel endurcissement se fasse la mme faon comme on endurcit un fer en le rduisant en acier, et puis en le rendant mol comme [de l']tain, car cela ne s'appelle qu'une duret serre. Mais l'endurcissement du mercure, ou semence mtallique, est toujours ferme et tient son corps souple et maniable et dur galement. De sorte que le feu de ci-dessus ne lui peut porter aucun dommage, car tous les endurcissements et durets artificiels d'ici-haut se peuvent relcher dans le feu, [mais] non pas celles-l qui sont naturelles, car elles soutiennent ici-haut tous les essais et preuves du feu. Et comme toutes les durets ou endurcissements qui se font ici-haut durcissent les corps mtalliques et que ces corps se durcissent dans l'eau, tout au contraire dans les mines, il faut tirer hors des corps mtalliques toute l'eau ou la superfluit flegmatique qui y est enferme, et ainsi ils deviennent durs l'air. Car l'air qui est dans la terre durcit la terre ce qu'elle demeure terre et ne se change point en pierre. Aussi la terre durcit l'eau ce qu'elle ne puisse couler tout en un monceau et ne se change en pierre ou ne devienne en perles ou pierres prcieuses, ainsi qu'elles en peuvent tre faites.

Or la manire par laquelle on doit ter le feu intrieur qui est dans les mtaux, c'est l tout le plus haut point ou mystre de cette science, mais facile concevoir, et [qui] se retrouvera en son lieu quand j'crirai plus amplement de semblables choses. Mais je nomme cela en cet endroit comme il appartient gens qui sont ouvriers es mines, par les paroles desquelles je me sers aussi maintenant le repos, qu'un tel feu qui gt dans le sujet mtallique possde tandis qu'il y sjourne, lequel feu tant tir entirement dehors son repos et corps mtallique ne laisse rien de reste aprs soi qui soit valable ou bon. C'est--dire que ce feu-l est justement le lubricum, ou la substance lubrique ou coulante, et la volatile joints ensemble ou tout justement l'un prs de l'autre; il faut donc enlever une telle chose et la produire en vue avec puret et nettet.

On voit que dans le Schiefer, ou matire d'ardoise de Mansfeld, la substance volatile et le lubricum, ou substance coulante, n'y paraissent point. Car l'impuret et ordure est l parmi le sujet ou corps mtallique, lequel n'est point un ouvrage qui soit aucunement beau ni pur, mais ce n'est qu'un mlange et un ramas.

CHAPITRE VII

DE ASCENSIONE ET DESCENSIONE METALLORUM OU DU CROISSANT ET DCOURS DES MTAUX

C

ette nouvelle faon de procder et d'crire du mtal prend son fondement et sujet de l'exprience. Car la premire entre du Ferch continuelle augmente et fortifie d'abord dans le lieu du travail, ou matrice mtallique, le mercure des corps ou masses mtalliques, tant qu'il parvienne dans sa pleine force et vigueur. Puis, quand il est devenu puissant et fort en soi, il commence peu peu se vtir d'un corps, et, pour le premier, il se sert de tous le plus chtif. Lequel aussi il quitte bientt, comme tant par trop abject, car, entre tous les corps mtalliques, il ne s'en peut point trouver un moindre et plus vil que le Saturne, qui est si mince qu'on le voit comme l'on voit un beau corps travers une fine toile de lin bien claire. Et travers icelui corps de Saturne la spiritualit, ou corps spirituel, qui y est, est le mtal de mercure ou, pour parler plus proprement et le nommer plus justement, c'est le singulier et propre corps mercuriel et simple d'icelui mercure : lequel, en ce travail naturel, montre et fait voir aussi quantit d'autres beaux ouvrages. Car de sa terre la plus subtile il en fait un habit Saturne; aprs cela, ce mercure fait monter Saturne plus haut en lui donnant un habit plus dur et meilleur qui ne lui est pas si lger ou facile que celui dudit Saturne, mais lequel toutefois il peut quitter avec aussi peu de peine. Ce qui provient du travail du mercure des corps mtalliques. Car un tel mercure est tout le plus ardent et actif, cause de sa fluidit subtile, comme il le tmoigne en Saturne lorsqu'il vient en son croissant, ou croissance, car, de la terre qui est son corps, il en fait un corps cendreux ou terrestre Saturne. Ce qui est cause que Saturne est grandement impur et cendreux et n'a qu'un commencement de son, cause qu'il est [un] mtal qui n'est pas ferme. Et toutefois il doit tre incorpor au plus proche, qui est le fer, car il sonne un peu plus obscurment et sourdement, et est aussi quelque peu plus loign d'icelui fer et tant plus prs Mercure cause de l'ardeur ou fluidit.

Prends garde maintenant ce mtal de fer, lequel, en croissant, est gisant et attenant auprs les cendres ou impurets minrales, l o il est purifi par l'eau de Saturne; mais il ne sera pas ici-haut un verre tir des cendres et du sel de l'eau de terre ou de l'eau de Saturne, et du sable ou pierre. Mais qu'est-ce que le verre souterrain? C'est ce qui ne se casse et ne se brise point et sonne toutes fois comme fait le fer. Or la nature a renvers ceci bas si on le frle et sonne, mais icelui fer est grandement serr quand il est pur et net; c'est pourquoi il est grandement ferme et, pour ce, il est ici dans la mine entour de pierre ou sable, lequel en ce travail se mle avec la cendre et eau de sel, et ainsi ce mtal de fer est un verre de la terre ou un ferme fer de verre sombre. Aprs cela, dis-moi, si l'on donne ici-haut un tel mtal entier et parfait la couleur de terre, si cette couleur ne sera pas celle du cuivre? Oui-da, en vrit. C'est pourquoi nous voyons journellement que du fer on en fait un autre mtal, comme cela arrive naturellement lorsque, laissant infuser le fer dans une lessive minrale, ainsi qu'il se pratique en Hongrie et ailleurs, il se charge d'une couleur mtallique, et enfin est converti en fort bon cuivre.

Toutefois ce fer retient encore de la qualit de verre de terre, combien qu'il ait t touch et press un peu de sa couleur par les mercures des corps qui ennoblissent de plus en plus le flux du fer en souplesse, constance et stabilit. Et, pour ce sujet, aie ici ta pense attache sur cet instrument de couleur, lequel tu trouves et rencontres tout apprt prs d'un tel corps mtallique dans l'officine souterraine qui te donne maintenant l'expdient et [le] moyen de changer ce mtal de fer en cuivre, avec un grand gain et accroissement de richesses.

Laisse maintenant cette couleur en arrire et contemple comment le mercure des corps passe encore par tant de corps blancs qu'enfin il parvient incessamment une belle suie blanche, la plus stable et la plus excellente en beaut, de laquelle il se revt et se fait ou se transmue finalement en un corps d'argent excellent et pur. Et ainsi il devient si dur dans ce corps lunaire qu'on ne l'en saurait faire sortir par l'ardeur du feu ; car il a pass sept fois par toute la plus grande chaleur infrieure, laquelle dtruit d'ailleurs les corps qui sont capables d'tre rduits et ruins s'ils ne sont et ne viennent tre troitement incorpors au mercure des corps.

De plus, n'ayant point l'occasion pour te faire rcrer maintenant sur le feu de l'lment suprieur et infrieur, ni ne t'en pouvant mme donner le moyen, contemple donc comment et en quelle manire c'est que la nature travaille, monte et s'avance si gentiment, car elle calcine en chaux par son progrs et travail naturel le corps entier de l'argent. Et cette chaux n'est autre chose qu'un corps d'or qui reoit sa teinture et couleur rouge de la perfection et hautesse que le feu a en soi et qu'il lui peut octroyer. Et il faut que l'on garde cette mme couleur jusqu' ce que derechef elle en sorte et descende, car le feu mme la peut forcer et contraindre en l'anantissant. Mais pour ce qui touche cette descente, contemple bien l'ascension et sache que la diffrence de celui-ci, savoir de l'or, c'est qu'en son montant la teinture lui est pralablement prsente et [qu'il] la prend avant le corps; mais il la peut prendre bientt. A cause de quoi ces airains ou mtaux dvalant ainsi sont plus parfaits et perfectionns que les montants.

CHAPITRE VIII

DE METALLO RESPIRANTE OU DU MTAL VIVANT

D

'autant que c'est faire une grande irruption ou un grand effort contre la nature que de s'appliquer au travail des mines, aussi permet-elle qu'on recouvre dans ces mines diversit de mtaux. Et pour cette cause il a fallu faire une distinction entre iceux, afin qu'on n'et que faire de souffrir de la perte et du dchet dans le travail, car chaque sorte de mtal a son nom et sa proprit particulire et se laisse aussi reconnatre avec la verge. Et encore que ce soit une bonne connaissance que de savoir discerner et distinguer le mtal par les couleurs, comme est la [couleur] aure-rouge, la couleur verre, celle de vert de mine et celle de noir de mine, nanmoins on ne sait encore par l si entirement quel est le fond du travail afin qu'il ne se fasse point de dchet en fondant. Je dirai ici tout ce que j'en puis connatre afin que je montre et enseigne comment il faut savoir la proprit d'une mine, d'un mtal ou d'un airain, avant que le mtal en soit abattu et tir dehors, savoir coups de marteau, tandis qu'il est encore sous la terre prs de sa Witterung, c'est--dire prs se perfectionner. Ce mot de Witterung signifie ce qui se fait au-dessus de l'air, dans l'espace du temps qu'il y tonne et tempte et, en bref, lorsque les furies ou orages tempestueux y dominent : ce qu'il faudrait exprimer en un seul mot l'advenant de l'lment; je dis en un seul mot au fminin comme coction, perfection, accrtion, etc. De plus, il faut en voir l'explication qui en a t faite sur la table des matires de ce livre o le vrai mot est employ Car nul airain ou mtal ne se wittert ou perfectionne seulement que sous la terre, car nonobstant qu'il se wittert ou perfectionne en haut, ce n'est toutefois qu'une faible Witterung ou perfection qui ne s'loigne pas du corps mtallique. Nanmoins, la verge ne laisse pas de frapper ou s'incliner sur ces mtaux suprieurs, ou d'en haut, et c'est l le plus grand signe et avantage qu'ils tiennent de la bont mtallique; car ces mtaux-l se wittern ou perfectionnent par le feu clair et ardent. Mais il arrive que quelquefois les sieurs fossoyeurs ou mineurs n'amnent rien autre chose que Flug et Schliess, ce qu'on tche de purifier sur les grils par le feu, o l'on peut subir trois sortes de dommage. Car premirement, de quelques-unes de ces matires mtalliques il s'envole ds lors quantit de mtal; et mme le demeurant rtient aussi tant de volatil qu'en le fondant ensuite on en perd souventes fois beaucoup. Secondement, le demeurant susdit cesse aussi d'tre si maniable et si souple, et l'on ne peut l'aider recevoir souplesse que fort ma]'aisment. Tiercement, quant ces minraux ou mtaux qui sont levs ou en haut, si on les brle presss et serrs seuls il y a grand dchet; lesquels autrement donneraient un grand profit et avantage pour le travail d'imitation ou de la suite, et mme pour la mdecine, car on la prpare aussi par la nature minrale et mtallique. Il y a aussi des ouvriers qui travaillent d'autres minraux inutilement et sans fruit de leur peine.

Du vitriol fossile qui se trouve Goslar, prs ou attenant duquel crot de l'argent ou de l'tain dans la mme mine, tant l diligemment prpar, l'on en peut sans aucune addition faire du cuivre; duquel cuivre l'ont peut ensuite faire du vitriol et par aprs une huile qui gurit la lpre, la podagre et toutes autres sortes de gouttes. Si donc on brlait ce vitriol ainsi ngligemment avec l'argent, ce serait sans doute un grand dommage. C'est pourquoi d'entre divers mtaux j'en prends un qui wittert ou perfectionne en soi et achve de wittern ou perfectionner en digrant. Nonobstant que la Witterung ou la perfection tire hors de lui soit plus forte, c'est l un mtal vif quant la proprit de la vie qu'il contient, car ce qui participe du souffle est vivant. Or la Witterung ou perfection est comparer la vie. Et un tel mtal, ainsi que l'haleine, s'augmente et fortifie aussitt. Et ainsi qu'un jeune enfant, de dix ans en dix ans se perfectionne, de mme ce mtal s'avance et monte tant qu'il parvient la fin dans l'tat d'un corps souverain. Et alors il reoit un autre nom, tellement que l'on peut concevoir que comme il y a une grande diffrence entre un mort et un vivant, ainsi se trouve[-t-]elle en ce mtal entre son premier tat et entre ce sien dernier. Ce qui est ici bien peser et considrer, car une telle diffrence apporte et cause un beau travail et net. Et ceci appartiennent tous les airains qui, tant mlangs, ne viennent point tre diviss plutt que lorsqu'on en fait la sparation selon l'usage ordinaire; comme, par exemple, il se rencontre dans toutes les mines de la Hongrie de l'argent aur, c'est--dire dans lequel il y a de l'or qui en sa couleur est pur et net, sans aucune diminution du plus haut titre. Et si cet argent aur demeurait toujours dans le travail naturel, sans qu'on en et extrait et spar l'or hors de saison, cet argent serait finalement devenu tout or. Et mme l'on peut fort aisment et facilement lui aider son lvation et perfection, et ce par la cimentation. Et alors c'est le meilleur pour employer l'usage de la monnaie.

Semblablement, en la province de Mansfeld, il se trouve plusieurs sortes de cuivres, entre lesquels les uns sont meilleurs que les autres dans le travail, car ce n'est que par un petit dfaut qu'ils n'ont pas t d'argent tout fait. Mais les meilleurs cuivres sont ceux qui ont des couleurs fort remplies et pleines et qui ne les ont pas perdues comme l'Electre. Ainsi en est-il des autres mtaux. Et ceci est bien remarquable que ces cuivres aient cette proprit que le corps principal, et de plus de valeur pour notre intention, cache le moindre tout net lorsqu'ils sont fondus, celui-l ne s'apercevant point ni ne se distinguant point que par la sparation, par le moyen de laquelle ce corps principal s'aperoit. Et on ne le peut ainsi possder tel que quand il est encore dans [la] terre. Car si c'est un airain qui wittert ou se perfectionne, il est certain que c'en est un qui est mlang de la sorte comme je l'ai maintenant dcrit. Tu te peux fier cela sans preuve, encore bien que le gteau en masse d'airain ait une couleur tout argentine ou tout fait une couleur de cuivre. D'o l'on voit et connat maintenant tout apparemment comme la nature augmente un corps, le faisant monter et avancer toujours de plus bas en plus haut, ce qui est infrieur devenant suprieur. Mais entends ceci emblmatiquement ou d'une manire emblmatique. Car les corps qui sont dfunts ou dtruits y apportent du leur en y ajoutant de leur substance de plus en plus, et ainsi se rendent plus pesants dans le mercure. A ceci coopr aussi beaucoup pour la perfection et avancement du corps mtallique sa propre viande, ou nourriture, laquelle n'est autre chose que les minraux prpars naturellement. Lesquels causent la teinture aux dits corps mtalliques, ni plus ni moins qu'une excellente viande fait le bon sang au corps humain. Et c'est de l aussi que viennent et sont produites les fleurs des minraux.

Or quiconque ne peut pas connatre ni apprendre en cette manire tout ce que je viens de dire, il ne l'apprendra jamais d'autre faon. Car c'est ainsi qu'arrive au corps mtallique la vritable teinture ou couleur, non une couleur tirant sur le gris pommel ni sur un blanc ou rouge trompeur. Aussi lorsque les degrs lucides et transparents d'un tel airain riche en beaut, mlang et haut lev, viennent se rompre et se perdre, on le pourrait bien encore faire passer pour un lectre, mais improprement. Car les couleurs ainsi mles l'une parmi l'autre dans cet airain lui donnent une apparence et un clat si beau et si magnifique qu'il parat comme une chrysolite ou comme de l'ambre excellent qui est diaphane et transparent.

CHAPITRE IX

DE METALLO EXPIRANTE OU DU MTAL MORT

I

l est des mtaux comme de toute autre crature vivante sur terre, qui est de dchoir et s'amortir dans leur temps et heure ordonns en l'tre de leurs corps qui leur avait t semblablement ordonn. Car quand la nature mtallique, ou le corps d'un mtal, est parvenu jusqu' l'or, il arrive qu'il en redvale lorsqu'il a faute de nourriture; et, cause de la faim, il recouvre ou reoit une Witterung ou perfection plus forte ; de cette Witterung ou perfection renforce vient une Witterung ou perfection dpendante, et une Witterung ou perfection de feu, comme aussi une Witterung ou perfection d'air. Or quand la Witterung ou perfection dpendante devient plus forte un corps mtallique que la Witterung ou perfection de renfort, alors ce corps mtallique dvale et dchet tout bellement. Et c'est ce que l'on nomme lors un airain mort ou un mtal mort, car il lui meurt incessamment un corps extrieur, l'un aprs l'autre, jusqu' ce qu'enfin il se retire entirement en quelque endroit de la mine avec son Ferch et sa semence.

Or on reconnat que le corps des mtaux a une belle Witterung ou perfection par la verge particulire de chacun d'iceux. Et ceci a pareillement son lieu et son travail sparment, car en tous deux, en celui-ci et au vivant, se trouve un grand gain. Et remarque et prends bien garde justement que quand un mtal meurt derechef par le dclin de sa perfection entrant en un autre corps, c'est de mme qu'un homme qui perd sa couleur corporelle, ensuite aussi son corps, c'est--dire la pesanteur. Et ainsi l'or ne devient point en argent aur, ains en un lectre, c'est--dire en un or qui a perdu sa couleur. C'est l un grand point d'preuve, que l'on puisse reconnatre un semblable argent aur en le discernant et distinguant d'un vrai argent. Car l'on trouve qu'il est plus lourd que d'autre argent tout pur, pour ce qu'il a le corps de l'or et n'en a perdu que la couleur seulement. Mais c'est encore un joli tour de main, qu'on lui puisse rendre et rtablir fixement la couleur qui tait morte en lui. Bref, dans la sparation il retient toutes les qualits de l'or en soi. Ainsi en est-il de l'argent rouge qui a perdu sa couleur, et de cette sorte s'est accord et engag avec le cuivre, tellement qu'il meurt en son corps. Mais pour ter maintenant cet argent hors du cuivre et lui donner derechef sa propre et singulire couleur, c'est une grande science que les fondeurs ne savent pas et qui dpend de l'art chimique et de l'industrie du travail. Or je vous laisse penser combien il peut y avoir de personnes qui maintenant se trouveront avoir achet de ces lectres ci-dessus remarqus et qui ne les auront pris que pour de l'argent et du cuivre. Mais quel gain et quel extrme profit n'en auraient point faits ceux qui s'y connaissent bien? Et ce que je dis des lectres de ces deux, il en est de mme de ceux des autres mtaux, comme par exemple tout le fer qui se tire de la Hongrie est sprd ou ml. Et en voici la raison : c'est que le cuivre dont il est fourni et plein naturellement n'en est pas dehors. Car quand il en est dehors, comme en effet on l'en peut tirer aisment et subtilement, n'en provient-il pas du pur fer et de l'acier d'une telle qualit que sa duret n'a point d'gal, car on en fait des sabres et cuirasses qui ne peuvent tre entames, perces ni traverses par aucune sorte d'armes ou par aucune pice d'artillerie, et ne laissent pas d'tre fort lgres. Remarque aussi que le lubricum ou le coulant du mercure et celui de ces lectres ont lieu dans un dclin, car il est plus ais et plus promptement fait de chasser ou extraire quelque substance d'une matire qui est glissante que d'une qui est dure; voire il en demeure toujours quelque chose en arrire. Aussi ces dits lectres font-ils l'gard des corps tingents et coulants, lesquels ils quittent toujours quand ils s'lvent et s'ennoblissent et qu'ils joignent soi ensemblement leur corps simple et leur partie volatile en croissant. Et sache que quand tu as un de ces instruments ou lectres en main, si tu veux en faire ensuite un travail d'imitation, il faut que tu t'attaches au lubrique ou au volatil, car ce sont deux mains de secours desquelles tu ne te peux passer et esquelles il faut que tu apprtes l'instrument si tu veux qu'un corps mtallique vienne en haut ou en bas. Prend aussi garde au flux en ce mtal, car il est plus ouvert que les durs quand les couleurs commencent chapper, desquelles nanmoins c'est le propre de fortifier. L'instrument aussi devient coulant et se ramasse plus qu'es mtaux qui sont vivants.

CHAPITRE X

DE METALLO PURO OU DU MTAL FIN

L

orsque le mtal en croissant ou en dcours est dans ses sept systmes ou conditions, il se supporte et entretient tant qu'enfin il se rend dans un autre corps. Si donc quelqu'un vient rencontrer un pareil mtal ou airain, ou une telle mine, il se peut bien assurer que c'est l le plus pur mtal qu'il puisse recouvrer et avoir en tout le monde. Vrai est aussi qu'un tel mtal est nomm ici-haut par nos fondeurs un mtal trs fin. Mais notre superficie mtallique qui n'a t encore mise en usage est une chose impure auprs de ce mtal, auquel s'il manquait un seul petit grain dans les preuves, il ne serait pas encore comme il faut. Or un tel mtal est ainsi qu'on le peut croire grandement bon et maniable et bon la forge. Et [ain]si il ne perd rien dans quelque sorte de travail que ce soit o on l'emploie. Et encore que tous les mtaux puissent tre rduits au trs fin, toutefois pas un ne deviendra plus fin que l'or, auquel pas un lment ne touche plus pour lui pouvoir retrancher quelque chose et le rendre en un spolium autrement nul et vain.

L'argent qu'on trouve Markirchen en Lorraine est trs fin, et ainsi des autres mtaux, lesquels sont dits et appels trs fins lorsqu'ils sont purs et privs de l'excrment. Toutefois, s'ils en sont entachs, on le peut bien dtourner, sparer et retrancher, en sorte qu'icelui excrment ne leur porte aucun dommage quant au trs fin qu'ils contiennent.

Il se trouve souvent dans des mines d'argent du cuivre pur et fin que l'preuve fait connatre y avoir t naturellement engendr. Lequel cuivre l'on peut rompre ou sparer bientt de l'argent, quoiqu'il le faille refondre cause de son spolium, ou cause de ses couleurs et fleurs trangres qu'il a. Ce qui se fait toutefois fort aisment. Donc on peut concevoir une belle instruction comment on doit faire venir les couleurs des mines, comme l'azur et le vert de montagne ou de mine, fussent-elles mme dans le verre de mine. Car telles couleurs se tiennent volontiers prs de cet airain pur ou de ce mtal pur, nonobstant que d'abord elles ne paraissent point la vue. Or dans le midi, comme le susdit o un tel mtal y est tout fait pur, aussi de tant plus abonde[-t-]il en un mercure corporel qu'il produit de lui-mme naturellement, soit en croissant ou dcours. Mais icelui mercure prend un autre corps soi. Et c'est pourquoi il est maintenant vident comment par le travail artificiel imit l'on peut avoir et extraire ce mercure d'un ou d'autre corps mtallique, et comment on doit prparer le corps dans lequel est le mercure et d'o il doit venir. Mais il faut que le corps mtallique soit pur et trs fin. L'or des mines d'Italie, et particulirement de la Valachie, l o il est plus pur, montre que le mercure mtallique dvt et quitte son corps et qu'il l'envoie dans un corps fort serr dont s'en fait un or fin. Aussi voit-on dans des terres glaises que le mercure y prend si fort et si ferme, et ne s'en faut gure qu'il ne rapporte lui seul au spolium ce qui l'empche ainsi. Car autrement icelui mercure se transforme et s'lve lorsqu'on vient rveiller avec lui un autre corps mtallique, parce qu'un corps veillant et un autre dormant n'expdient rien; mais il faut qu'ils veillent tous d'eux. Or quand dans l'engendrement ou naissance d'un mtal, comme de l'or, il n'y aurait qu'une petite ordure, c'est--dire un corps tranger, ses parties pures ne pourraient pas s'assembler, ainsi que tu vois dans la dorure. Et pour ce il te faut bien ici remarquer et apprendre connatre quel est le premier corps des mtaux et savoir que quand les mtaux ont quelque obstacle qui les empche de s'lever, s'augmenter et conjoindre, une seule sorte de mtal les peut amener ensemble et les perfectionner; ce que ne feront pas d'autres sortes de corps mtalliques que je nomme ici du nom de corps, parlant en gnral. Tu vois dans le corps des mtaux combien le mercure est dur et resserr en son flux, en sorte qu'on ne l'y peut point prendre cause de sa propre puret. Car il n'y a en lui, proprement parler, aucun mtal. Car aussitt qu'un corps mtallique se joint lui, le voil incontinent discord et rendu dsuni. De l on voit comment on peut mettre les mtaux en repos de leur travail, savoir quand auparavant ils sont purs. Car dans un instrument pur on y peut faire entrer tout ce qu'on y doit faire entrer. Car [tu] t'aperois de cela au mercure des mtaux, lequel tu ne peux voir cause de sa puret, sinon dans son flux ou rduction. Or le mercure des mtaux est le flux des corps mercuriels mtalliques, c'est--dire si l'eau s'y joint, ou le mercure des corps des mtaux qui est entr dans l'eau au lieu de l'air. Lors pense quelle grande science c'est l, mais qui toutefois peut tre aussi facile faire que de pouvoir attirer et amener le vent ou l'air hors d'une eau et y mettre un autre mercure. Si tu amnes l'air qui est dans la terre hors de la terre et y mets au lieu d'icelle le mercure des corps des mtaux, tu as un mercure en un coagul. De l regarde comment tu le pourras toi-mme coaguler, mais d'une autre manire et faon qui n'est pas tout fait ni commune ni connue.

Apporte donc incessamment un autre mercure des corps en la place de l'eau, et tu as une belle perle. Prends ce mme mercure des corps et l'apporte dans une terre qui est pure au lieu de l'air, et tu as une pure pierre prcieuse comme tu la dois avoir et selon l'espce du pays et comme la terre participe en couleur; ou bille-lui la couleur, car cela n'est pas non plus difficile faire. Ces petites pierres et semblables viennent toutes dans la puret et sont tires d'icelle, mais le travail naturel fournit seulement tout un tel fond. Les personnes qui discourent tout fait mal des philosophes ne valent pas grand-chose au sujet de leurs inventions magnifiques des trois principes desquels tout cela provient. Essaye-le et tu diras qu'il est vrai.

CHAPITRE XI

DE METALLO IMPURO OU DU MTAL IMPUR

O

n trouve bien quantit de mtal minral, mais il s'en trouve peu de pur. Car il y en a trs peu qui ne perce ou qui ne soit mlang l'un avec l'autre, dont il faut aussi faire la sparation. C'est pourquoi j'en veux ici discourir sparment. Mais quant aux grands frais qu'il convient [de] faire pour sparer particulirement les mtaux hors de leur mine grossire, c'est de quoi je laisse parler les fondeurs et ouvriers. Or par la manire que l'on a invente pour sparer le mtal de la mine, une partie qui est la plus fixe demeure par le travail et l'autre s'envole et s'enfuit. Mais les preuves qui sont adroitement bien conduites ne donnent pas peu de profit. Toutefois les minires qui vont en croissant ne se peuvent traiter ni prouver qu'avec de forts grands frais et des dpenses. Et pour trouver les lectres et les attirer dehors leurs mines par la sparation, cela est bien plus difficile, tant pour la fonte que pour les expriences qu'il en faut trs industrieusement faire. Aussi les ouvriers russ et subtils peuvent fort facilement faire accroire que du fer et du cuivre ils en feront de l'argent. Oui bien, s'il y en a premirement comme par exemple dans la Sude, l'Osemund a toujours de l'argent quand et soi : ils n'ont qu' l'en tirer en chassant et brlant le fer, et ainsi ils trompent le monde. Mais feront-ils la mme chose au fer de la province de Meyer? Je les en dfie. Et, partant, garde-toi de ces trompeurs-l.

Sache et observe ceci que la nature demeure volontiers dans l'ordre proche de son ouvrage, en ce que dans son croissant et dcours elle a toujours deux minires, mme parfois trois, l'une quant et l'autre, par lesquelles elle donne entendre le travail d'imitation. Et cependant l'on veut ici-haut s'imaginer d'autres manires de travail; aussi on ne trouve rien. Or prends garde presque toutes les mines qui sont dans l'Europe, et tu trouveras quantit de minires impures.

C'est--dire que plusieurs d'entre elles sont prs l'une de l'autre, ou mles en une masse ou en un tas, car ainsi la nature les a voulu engendrer en nos quartiers, autant que nous le pouvons apercevoir par les mines qui y sont dcouvertes et prouves. Et si tu m'en montres d'autres, je changerai mon opinion et croirai ce que tu m'en as appris. Aussi est-ce ici le second fondement, que les mtaux montent et descendent et qu'ils vont et viennent l'un dans l'autre pour leur perfection. Car si chacun avait un travail et instrument tout particulier, l'on n'aurait besoin de tant de travaux et de peines les fondre, comme il est requis pour bien faire la sparation l'un de l'autre. Car de la pierre et du bois sont malaiss ajouter ensemble, car ils ne s'accordent pas et sont des instruments diffrents. Mais ceux-ci, c'est--dire iceux mtaux mls, conviennent et s'approprient assez aisment ensemble. Il faut aussi nanmoins de la peine et du travail pour les tirer sparment. C'est pourquoi considre toujours soigneusement les corps de deux sortes de manires, et tu n'as pas une des moindres instructions. Premirement, comme et avec quelle sorte de feu tu dois sparer les cendres d'avec la suie, et [tu] as dj appris sparer deux sortes de mtaux; puis la terre d'avec la couleur, et tu as derechef appris la sparation par une deuxime sorte. Et ainsi des autres. Secondement, prends garde au flux que tu fais; et pour le bien faire, agite-le par le feu froid avec le chaud, et par le feu chaud avec le froid, et tu pourras sparer les corps d'avec le mercure. Et ainsi tu as dj spar les mtaux sans perte et sans dchet.

Sois soigneux de t'accoutumer avec diligence retenir les noms de toutes les mines et de leur appartenance, except les noms que les mineurs et Ouvriers donnent eux-mmes aux choses, car les noms qu'ils donnent aux minires sont faussement donns aux corps. Car telles gens qui btissent, bchent et travaillent aux autres cavernes et passages, ont l'instrument ou outil des corps selon les lieux des mines et y font une distinction ou diffrence comme l'on observe en la chanson du Bimsen, et ce, inutilement. Mais quant toi, donne les noms selon la proprit et manire des sept corps et apprends bien prparer l'instrument de chaque corps afin que tu en fasses davantage de profit. On emploie de grands frais faire et composer les eaux fortes, aigus ou dissolvantes, afin de dtacher et extraire les substances les plus fines et sublimes l'une d'avec l'autre. On fait aussi quelques eaux qu'on emploie dans le lavoir et qui ont leur nom particulier. Elles ne sont pas estimer, non plus que les eaux fortes, car elles apportent toutes un grand venin au travail. C'est mieux fait de se servir de lessives fortes et pntrantes, lesquelles ne sont pas si dangereuses que les eaux fortes. Qu'on apprenne donc faire de bonnes lessives au lieu de ces eaux fortes.

Il se trouve aussi une autre sorte de minire impure, dont j'ai fait mention a et l, prs de laquelle sont les fanges ou cumes des mines comme on peut voir dans le Sinter. Mais il y a [une] diffrence entre le Sinter et les fanges ou cumes, car les fanges ou cumes sont quelques peu plus grenues; toutefois elles deviennent quelquefois le Sinter mme. Le feu froid est cause de cette fange, comme le feu chaud est cause du Sinter, ou les vredines metallorum. Or cette fange fluide est fort difficile retrancher du mtal, car elle vient du feu froid coulant ou provenant de l'exhalation du mercure. Car comme le Sinter procde des corps, ainsi ces fanges, lies ou cumes viennent du mercure. Or il faut remarquer, quand on veut avoir les fanges avec un autre instrument que celui qui ne lui appartient pas, qu'on recueille le mercure des corps, ce qui n'est en ce travail autre chose que le Schliess et flux. Car quand tu peux entraner commodment les fanges, tu peux parfaire et finir quelque chose avec Mercure en l'expdiant avec son feu, parce que de te servir du feu froid, cela n'est pas tant en usage ni si artificiel. Quelques-uns d'entre les ouvriers qui travaillent dans les mines appellent ce mercure des corps mispickel ou nodum aeris, c'est--dire le nud de l'airain, et l'appellent ordinairement de ce nom latin. Car vrai est qu'il est bien fort nou et bien dur, tellement qu'on a de la peine de le dtacher et arracher de la mine pour l'avoir et en jouir.

Le Spiessglass ou antimoine est aussi fort malais dtacher entre tous les mtaux, except l'or, sans qu'on y souffre du dommage. Toutefois, tu y auras beaucoup de profit et d'avantage si tu t'y comportes bien gnreusement en suivant seulement la proprit de l'antimoine, laquelle il t'est ncessaire de bien connatre et tout ce qui en dpend, comme aussi il faut que tu saches la proprit et nature qui se trouvent es autres mtaux et minraux, comme en l'tain, au plomb, au bismuth, la magnsie, et que tu puisses reconnatre la diffrence qui est entre l'tain et le fer et le nodum aeris, c'est--dire le nud d'airain, et entre le fer et le cuivre. Cette instruction t'est bonne et avantageuse. Et je sais qu'elle suffit une personne qui se sait bien acquitter de la fonte.

CHAPITRE XII

DE METALLO PERFECTO OU DU MTAL ACCOMPLI

Q

ui est-ce qui voudrait se vanter de savoir ce que l'or et l'argent de la mine contiennent, si ce n'est lorsqu'on les reconnat dans leur perfection? Car on les aperoit en leur bont quand ils sont parfaits et qu'ils ont leur couleur, leurs poids, leur souplesse, leur flux et leur duret. La nature a produit ce premier mtal parfait qui est l'or, lequel aussi est sec tout fait. Mais il se trouve dans la Hongrie et Gwarts blanc un or de cette beaut, perfection, puret et valeur, qu'on peut bientt et facilement rompre, arracher et cueillir, aussi bien que l'argent et le cuivre. Et voici la diffrence entre ceux qui sont parfaits et purs d'avec les autres : c'est que les mtaux ne sont point parfaits avant que d'tre nettoys. Et, partant, il peut bien y avoir quelque mtal qui ne soit pas pur et net, ainsi que ce dfaut se trouve fort souvent en plusieurs de nos mtaux, lesquels toutefois nous rencontrons quelques fois dans leur perfection aussi promptement que beaucoup d'autres nations; mais je ne dis pas qu'ils soient si gnralement purs et nets, qu'il n'y ait parfois quelque dfaut. Maintenant, il faut observer qu'il faut qu'un corps mtallique soit auparavant parfait ou amen sa perfection avant qu'on puisse dire qu'il soit fixe. Et il importe beaucoup ici qu'on connaisse bien ce que c'est qu'tre fixe.

Lorsqu'un corps mtallique a sa teinture, son poids et sa graduation comme il [lui] appartient, il ne laisse pas pourtant de lui demeurer encore parfois beaucoup d'empchements, d'impurets et immondices. Mais, aprs cela, le travail continue, en sorte que la nature vient conjoindre ces deux teintures et graduation, et ainsi rend et amne le mtal une grande purification. Cette purification est la fixation, car ce qui est pur est fixe. Et sachez ceci, que le fondement du premier est le corps. Mais voici un secret : il faut que la teinture et graduation entrent dans icelui corps. Et si j'te l'or sa teinture, comme cela se peut bien faire, alors c'est un lectre; c'est l une eau, car il demeure en une eau ou en un corps aqueux. Ensuite de cela, je lui prends ou te sa pesanteur ou poids, et le rduis et amne en une huile ou en un soufre. Et nanmoins le corps demeure. Car en croissant, Mercure pose l le corps, d'abord en semblance comme d'un jeune enfant; puis vient alors la pesanteur qui le rend, par manire de dire, beau; et si le lubricum ou la substance coulante y survient, et puis aprs que la substance volatile et la teinture s'y joignent, tout le reste du corps s'accomplit et se perfectionne tout autant qu'il en a besoin pour sa perfection. Et qui est-ce qui aurait raison de se railler ici de telle chose, en mprisant les routes, les maximes et le procd de la nature, et ne prenant garde rien? Car voici que la nature apporte et cause la couleur sur le cuivre d'une faon trange et si tonnante, et en fait du laiton ou cuivre jaune, mais qui n'est pas fixe. Car ce n'est en cela sa fin ni son intention, d'autant qu'elle n'y procde pas par une droite voie. Et ce n'est qu'une couleur imbcile, faible et volatile, que d'ailleurs d'autres mtaux reoivent volontiers, mais qui n'est pas fixe. Et mme on la chasse toute, aisment, au feu de bois ou de charbon. C'est pourquoi il importe beaucoup que l'on apprenne reconnatre les corps. Car dans leur rsolution l'on apprend joliment la proprit d'un mtal pur et quelle est sa teinture, son corps, son sel et son poids; et surtout lorsque avec soin l'on rumine et pse bien la division de tous les corps la manire des chimistes, comme fort bien et adroitement nous les divisons. Or nous nommons et appelons l'esprit avorton un esprit de mercure; la teinture acheve et perfectionne, un soufre ou une me; et la pesanteur ou le poids, un sel ou un corps. Car en suite de cela, le travail d'imitation tmoigne que par une constante fixation l'on a un corps parfait et non seulement fixe au feu, mais aussi toutes les eaux fortes, surtout celle de Saturne, laquelle n'est point de si peu d'estime et de poids comme les autres eaux fortes, mais meilleure pour tre maniable et molle ou propre la forge, sans Schliess ou, comme on le nomme, un quart. Ce mtal parfait fixe, ou or, rsiste aussi au ciment, parce qu'il est plus fort.

Il y a de quoi s'tonner que fort souvent on parle si trangement des ouvrages de la nature et qu'il n'y ait personne qui puisse donner aucune raison assure, comment et par quelle manire elle produit et engendre les corps mtalliques. Mais la cause de cette ignorance est que l'un coute l'autre qui est grossier en tout ce qu'il dit, tellement qu'il ne demeure pas plus savant que son compagnon. Or s'il arrive que les ouvrages de la nature minrale ou mtallique viennent s'altrer ou se changer tant soit peu, voil ces ignorants hors de leur ordinaire connaissance, et [ils] sont bien empchs se conseiller eux-mmes comment ils doivent procder et remdier cet accident. Lorsqu'on fait dessein d'entreprendre quelque remde qui soit constant et durable en la mdecine, ce mtal parfait y est des meilleurs. C'est comme une herbe ou racine quand elle est mre en sa saison : on la choisit entre toutes celles qui sont non mres, lesquelles on rejette volontiers. Et si tu ne tiens pas ce progrs et que tu veuilles te servir de quelque substance spirituelle et volatile en la dcorporifiant, tu te tromperas. Car comment peut-on ter le corps une chose qui n'en a point ou qui n'en contient point en soi, beaucoup moins la teinture, avant qu'elle soit venue dans le corps? aprs quoi on recouvre bien sa teinture, mais non pas toutes les couleurs des teintures. C'est cela qu'il te faut bien prendre garde, car c'est o consiste la plus grande science.

Il y a une certaine chose dont il faut que je fasse ici mention afin que ceux qui aspirent tant aprs l'or et l'argent aperoivent de toutes parts commodment et leur aise les mystres de Dieu, si l'on examine bien cette chose dans l'criture. Car ainsi ils auront une instruction spirituelle en une chose du monde ou en un mtal admirable. Car quand on l'a tir hors de terre ou hors de son officine, il jouit d'une autre vie ici-haut, et y prend corps et y vit sans aucun aliment, car il n'est pas mort, mais vivant; ou bien s'il ne travaille point, il ne fait que se reposer; aussi il peut fort proprement tre rveill. Ainsi nous esprons qu'en l'autre vie ternelle o il y a perptuel sabbat, la mme chose nous arrivera et [que nous] serons rendus plus heureux. Et encore bien que Dieu se servira de nous sa louange, il ne nous usera ni consumera pourtant pas, mais il nous honorera beaucoup plus hautement que nous ici-bas les mtaux.

CHAPITRE XIII

DE METALLO IMPERFECTO OU DU MTAL NON PERFECTIONNL

e mtal imparfait est entre tous les mtaux le plus sauvage, car l'impuret y est encore toute attache, comme y sont aussi plusieurs mlanges, l'un dans l'autre d'une trange faon. Aussi est-ce la coutume en semblables rencontres de rapporter souvent plusieurs pices mlanges en un ouvrage, de sorte qu'on n'en peut pas bien connatre la forme, ne sachant pas encore ce que c'est. Tu trouves dans un tel ouvrage un mlange des instruments prpars et d'autres qui ne le sont pas, et les uns et les autres sont ple-mle et de plusieurs corps. Or si tu veux porter un instrument de cette qualit-l et nettoyer le mtal, il te faut premirement laver haut et bas cet instrument-l qui n'est pas prpar et [il] ne faut pas l'achever de rtir. Il te faut aussi avoir un feu particulier pour tels instruments qui ne sont pas prpars. Et il ne te faut pas regarder en ceci si fort ter le corps l'instrument que tu ne regardes et examines surtout soigneusement le mtal qui est encore si jeune et dlicat. Or la perfection de tout ceci consiste en neuf divers points qu'il te faut premirement peser et examiner diligemment chacun d'iceux part. Et si tu te comportes en cela comme il appartient, le mtal ou la mine, Erz, ne recevra aucun dommage.

Premirement regarde bien si le mtal ou En est en croissant ou en dcours. Et alors tu lui pourras aider en sa couleur et en son corps entier. Car il faut que ce soit au folium du mtal que tu soutiennes ou fasses avoir de l'aide ce mtal-l qui est en croissant. Mais celui qui est en dcours, il faut que ce soit en son spolium que tu fasses le semblable, autrement il s'envolera l'cart, car il n'a pas encore t achev en son vrai lieu et dans son officine, et un tel mtal est de forme gale. Ainsi [il] faut qu'une personne s'essaye un peu au travail imit et qu'elle s'y emploie et comporte courageusement, tant par ce moyen d'autant plus assure d'y bien faire et russir.

Secondement, il te faut prendre garde la viande des mtaux qui n'est pas encore bien digre, comme je te le peux dire. C'est pourquoi il faut que tu lui prtes secours pour l'aider achever sa digestion ; autrement les excrments n'en peuvent pas bien venir ni tre spars, ce qui causerait lors trop de fermet, [de la] non-mollesse et de la rsistance qui n'y doivent point tre.

Tiercement, il faut que tu aies gard au flux, ce que tu le frayes et disposes comme en un rocher qui est encore coulant au mme lieu. Car si l'on ouvre deux flux tout fait, on ne pourra point puis aprs les ramener ou rejoindre ensemble, sinon fort malaisment. Car il n'y a point d'apparence de dlier ou ouvrir un nouveau coulant, vu que les mercures des corps sont dj coulants sans cela, tant, dis-je, des Rotte et Gestbe.

Quatrimement, souviens-toi de la rduction du mtal, mais n'oublie pas en mme temps en quel degr du croissant ou du dcours tu la dois trouver, afin qu'au lavement tu puisses donner un feu convenable au corps mtallique. Car un feu sert aux cendres, un autre aux suies et un autre calciner. Et ainsi tu peux devenir savant et expert de plus en plus si tu sais bien la disposition et le gouvernement des corps mtalliques; sinon tu ne seras pas comme il faut, car ils deviendront sprd et se gteront au travail.

Cinquimement, il te faut observer bien faire la diffrence entre les deux imperfections du corps mtallique, car c'est de l que le mtal prend et reoit son nom. Car l'une de ces imperfections est du corps et l'autre est de l'instrument. Or prends premirement l'instrument et remarque qu'il faut que tu lui aides par la prparation. Mais quant au corps, prviens-le par le secours que tu lui dois donner, en l'empchant qu'il ne s'coule, s'insinue ou se mle dans un autre, chassant pareillement la dpouille ou les superfluits. Et lors sa semence s'en va avec le Ferch sans peine ni rsistance.

Siximement, aie l'il sur le feu que la nature possde en soi, et te garde de t'approcher trop prs de celui qui est dans les corps mtalliques, car dresse tout ton travail principalement dans les uredines et rgle du tout ton feu dans l'instrument du corps.

Septimement, tu as apprendre une chose au regard des couleurs des lectres, qui est que tu ne prennes pas l'or au lieu de l'argent par ignorance au sujet des couleurs dormantes que tu dois recueillir dans le dcours ou quand, dans le croissant, tu les dois fortifier et garder. Les peintres ont un fond qu'ils appellent relever et ombrager. C'est ce qu'il te faut entendre ici dans les corps quand ils sont parfaits. C'est pourquoi dsunis et divise les corps.

Huitimement, comme tu vois que les peintres mlent et broient leurs couleurs avec de l'eau ou de l'huile, ainsi apprends bien apprter l'eau dont tu dtrempes les couleurs. C'est une eau de mtal avec laquelle tu peux entamer et dissoudre les corps mtalliques sans la ruine ou perte de leurs couleurs telles que tu dsires [les] avoir.

Si tu viens te servir de quelque autre eau que de celle qui est mtallique, tout ton travail sera inutile; mais rafrachis-le avec l'huile, et il demeurera pur et net, et [tu aur]as grandement fortifi le folium.

Neuvimement et finalement, remarque et prends garde soigneusement de bien aiguiser les mtaux, en sorte qu'ils ne se soucient plus ou n'aient point besoin de leur viande ordinaire. Tout ce qui appartient cet ouvrage, tu le trouves abondamment dans cet instrument, ou pas bien loin de l, o tu peux l'y conduire facilement et amener bonne fin. Car puisque ton corps mtallique est imparfait, c'est la raison pourquoi tu lui dois aider, puisque mme la nature a dj contribu la moiti du travail ton avantage. On se lasse souvent de voir qu'une si grande quantit d'un si noble et prcieux instrument ait t souvent misrablement brle avec tant de ngligence et de lgret, au lieu qu'on l'aurait pu employer beaucoup de choses fort utiles.

Or ce mtal appartiennent presque tous les autres, car il se trouve rarement un mtal si parfait qu'il ne faille encore lui donner du secours par d'autres voies. Or quiconque sait tant soit peu ce qu'il faut faire, il y russit avec un grand avantage d'utilit et de profit. Et pour ce, il faut tout premirement savoir par quel moyen l'on doit introduire la perfection da